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Point de presse de M. Enrico Ciccone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sports, de loisirs et de saines habitudes de vie et Mme Hélène David, porte-parole de l’opposition officielle en matière de condition féminine

Version finale

Thursday, February 21, 2019, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-cinq minutes)

Mme David : Alors, bonjour. Merci beaucoup d'être ici. On est ici tous les deux, Enrico Ciccone et moi, pour revenir sur des propos malheureux, vraiment très malheureux, qui ont été tenus à l'endroit de mon collègue Enrico, qui, vraiment, tenait aussi, je pense, à dire comment il se sent suite à ces propos-là, et je parle de la réponse que la ministre déléguée à l'Éducation, Mme Charest, lui a donnée suite à une question qu'il posait sur le projet de loi qu'il veut déposer, Passe-sports. Et donc deux éléments qu'il faut retenir. Et là c'est l'ancienne ministre de la Condition féminine qui vous parle, et c'est la critique actuelle en matière de condition féminine du Parti libéral.

Alors, première des choses. Elle répond : «Je pense qu'il n'est pas habitué à se faire dire non.» Alors, décortiquons cette affirmation et mettons un homme qui aurait répondu ça à une femme députée qui pose quelque question que ce soit : Je pense qu'elle n'est pas habituée à se faire dire non. Ça serait un tollé. Un tollé pour quoi, parce que ça insinue quoi, «je pense qu'il n'est pas habitué à se faire dire non»? Ça insinue ce qu'on dirait en langage courant pour une femme : Elle se prend pour une princesse, elle réagit mal dès qu'elle a un non. Qu'est-ce que c'est que ces propos : Il n'est pas habitué à se faire dire non?

D'abord, elle veut en venir où, première des choses? Mais la teneur même de ces mots mis bout à bout dans une phrase, «je pense qu'il n'est pas habitué à se faire dire non», c'est assez insultant pour quelqu'un qui pose une question, un député qui, en toute bonne foi, veut savoir ce qu'il en est de son projet de loi. Alors, «habitué à se faire dire non», il y a tellement d'insinuations là-dedans qu'il faudrait probablement que la ministre déléguée s'explique. Et, je vous le répète, si c'est un homme qui avait répondu ça à une femme députée, je pense qu'il y aurait vraiment un tollé. Alors, je suis fière, comme femme, comme ex-ministre de la Condition féminine, comme actuelle porte-parole en matière de condition féminine, de dire : On va aussi aller à la défense des hommes qui peuvent se faire dire des propos assez particuliers merci.

Le deuxième, et non le moindre, j'éprouve beaucoup d'empathie pour la situation de M. le député de Marquette, quant à sa situation et aux séquelles avec lesquelles il doit vivre suite à ses commotions cérébrales. Première des choses, est-ce que la ministre déléguée est médecin? Est-ce que la ministre déléguée aurait des renseignements du dossier de M. Ciccone, que lui-même n'aurait pas de toute façon, sur, un, qu'il a fait des commotions cérébrales? Il a pu le dire publiquement qu'il en a eu. C'est un joueur de hockey, comme vous le savez. Il a toute sa brillante carrière derrière lui là-dessus. Mais qu'il a des séquelles suite à sa commotion cérébrale? Or, voilà une ministre déléguée qui a dit justement que le projet de loi déposé de... que M. Ciccone... auquel il a réfléchi, bon, porterait flanc à ce que n'importe qui écrive n'importe quoi dans le passeport santé... le Passe-sports que M. Ciccone veut élaborer, et que ça pourrait être des entraîneurs qui disent : Il y a une commotion, etc. Elle-même fait ce qu'elle déplore, c'est-à-dire de présumer de séquelles que M. Ciccone pourrait avoir maintenant.

Alors, M. Ciccone a des choses à dire là-dessus. Mais moi, je trouve ça épouvantable, en Chambre, qu'on attaque la santé de quelqu'un. La santé, je dis bien, de quelqu'un, en pleine Chambre. Tu es ministre et tu dis que non seulement le député qui te pose la question a eu des commotions cérébrales, mais qu'il aurait des séquelles, donc des séquelles actuelles. Qu'est-ce que ça insinue? Si vous entendez ça dans la vie courante : Tu as des séquelles, ça, ça veut dire : Tu as encore des séquelles. Et donc qu'est-ce qu'on insinue par rapport aux commotions cérébrales? Je vous laisse le soin de penser à ça.

Alors, ces deux déclarations mises bout à bout font en sorte que, vraiment, vraiment, la ministre déléguée n'a pas été à la hauteur, a tenu des propos inacceptables, et je pense qu'il faut le dénoncer. Autant on dénonce quand c'est un homme qui dit des propos inacceptables à l'égard d'une femme, je suis fière aujourd'hui de pouvoir dire et de pouvoir dénoncer des propos parce que, là, c'est un homme qui est attaqué, qui ne se sent vraiment pas très heureux de ce qui s'est passé.

M. Ciccone : Merci beaucoup. C'est le fun de se faire défendre. En 48 ans, c'est la première fois que je me fais défendre de la sorte. Merci beaucoup.

Ce matin, j'ai... Mon rôle de parlementaire, mes démarches sont vraiment sincères. Je viens ici parce que je tente de changer quelque chose. Je veux améliorer le sort des petits bouts de chou, des enfants qu'on a à la maison. Et, de se faire répondre de la sorte, je trouve que c'est un manque de sensibilité. Je comprends qu'on est dans une Chambre pour avoir des débats. C'est ce que je recherche justement, pour essayer d'avoir une ouverture, pour essayer de peaufiner justement un projet de loi qui pourrait être excellent, qui pourrait être bon pour les jeunes pour une longue durée, pour le restant des temps. Moi, je recherche sincèrement la collaboration de la ministre déléguée de l'Éducation. Elle le sait, je lui ai toujours dit. Dès le premier jour de cette législature, on s'était entendus de faire de la politique différemment. On a toujours dit ensemble... Parce que moi, j'ai quand même un petit passé avec l'ancienne championne olympique, je lui ai dit : On est deux athlètes, on va faire des shows, on ne fera pas de politique avec le sport et on peut s'appeler. J'ai communiqué avec elle. J'ai son numéro de téléphone. Et, vraiment, je recherchais cette collaboration-là.

Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui s'est passé. J'ai trouvé ça blessant. Je n'étais pas en colère, mais j'ai trouvé ça blessant... et même décontenancé. Puis loin de moi de vouloir jouer la victime, là, parce que j'ai quand même mangé des coups un peu plus durs que ça dans ma vie, mais c'est juste de parler également de séquelles de commotions cérébrales... Oui, j'ai eu des commotions cérébrales. Oui, je vis avec cette inquiétude-là. Oui, je vis aussi avec un historique d'anciens collègues, anciens coéquipiers, des anciens adversaires qui, à mon âge, ne sont plus de ce monde, des joueurs de hockey, des anciens joueurs de hockey, à 55, 56, 58 ans, qui vivent de la démence, qui vivent de l'Alzheimer, qui veulent mettent fin à leurs jours.

Alors, moi, ça me touche énormément. Et, quand j'entends des propos comme ça, au niveau personnel, qui viennent attaquer au niveau personnel, je trouve que ça n'a pas sa place. Je me suis fait une promesse de ne jamais, mais de ne jamais aller là. Pour ceux qui me connaissent, je suis une personne qui est quand même intense. Je suis une personne qui réagit parfois très vite. Mais je suis conscient justement de ce que je suis. Et c'est important pour moi de faire cette démarche-là pour ouvrir la discussion et le débat. Je réitère encore une fois, avec tout ce que j'ai entendu de la ministre aujourd'hui, je réitère, je demande encore sa collaboration. Je ne suis pas pressé. Je suis prêt à attendre. Le mandat, c'est quatre ans. Je veux encore travailler avec elle sur ce dossier. Je pense qu'il y a quelque chose à faire avec ça. Beaucoup de soutien de plusieurs acteurs justement dans le monde de la santé, de sommités également... Puis je pense sincèrement que... la place aux débats, mais les attaques personnelles dans le salon bleu, je pense que ça n'a pas sa place. Voilà.

M. Cormier (François) : Oui. Vous parlez beaucoup d'insinuations. Est-ce que vous êtes en train d'insinuer qu'elle avait des intentions malveillantes? Est-ce que, vraiment, c'était une attaque? Moi, j'ai réécouté trois fois l'enregistrement, là, mais ce n'est pas à moi de juger. Est-ce que, vraiment, c'est une attaque? Est-ce que ce n'est pas juste maladroit? Est-ce que vous ne lui prêtez pas des intentions, Mme David?

Mme David : Bien, écoutez, ça fait certainement partie de l'équation que c'est certainement maladroit. Quand on dit, dans le langage courant : Je pense qu'il n'est pas habitué à se faire dire non, d'habitude, ce n'est pas tellement sympathique comme façon de parler de quelqu'un.

M. Cormier (François) : Qu'est-ce que ça insinue? Parce que, là, vous insinuez que ça insinue quelque chose sans nous dire c'est quoi. Qu'est-ce que ça insinue?

Mme David : Bien, je vous l'ai dit tout à l'heure, «pas habitué à se faire dire non», quand on dit ça pour une femme, souvent, ça veut dire : Elle n'est pas capable de prendre aucune personne qui refuse ce qu'elle a demandé parce qu'elle se pense tellement bonne qu'elle ne peut jamais accepter un non. Et, pour moi, je n'insinue absolument rien. Je dis comment, dans le langage courant, en français québécois — on est au Québec en plus — quand on dit ça d'une femme : Elle n'est pas capable d'accepter de se faire dire non, ce n'est pas quelque chose qui est positif. C'est quelque chose qui est éminemment péjoratif, éminemment péjoratif.

M. Cormier (François) : Vous n'avez pas l'impression de reprendre cette affaire-là, entre guillemets, à des fins politiques, là, puis de vous en servir? Vous sortez en point de presse, vous faites des entrevues. Vous n'avez pas...

Mme David : Bien, en tout cas, moi, ce n'est pas tous les jours que j'ai... Ça fait quand même la cinquième année, là, où je suis ici. D'entendre quelque chose d'aussi personnel sur l'état de santé de quelqu'un... Non seulement il y a la déclaration, sur se faire dire non, mais sur le fait que non seulement il aurait eu des commotions cérébrales, mais qu'il aurait eu des séquelles. Je ne sais pas, pour vous, combien de fois vous avez entendu ça en Chambre, en période de questions, de la part d'un ministre qui répond à un député. Moi, je n'ai jamais, jamais entendu ça, un truc qui parle de santé.

Mme Lajoie (Geneviève) : Qu'est-ce que ça laisse entendre, qu'on dise que quelqu'un...

Mme David : Aurait des séquelles de commotions cérébrales?

Mme Lajoie (Geneviève) : Des séquelles, oui.

Mme David : Bien, écoutez, demandez aux médecins, demandez à tout ce qui est écrit dans la...

Mme Lajoie (Geneviève) : Je vous le demande à vous. C'est vous qui êtes venue ici, là, pour...

Mme David : Oui. Bien, les séquelles de commotions cérébrales, M. Ciccone vient d'en parler, là : des gens qui font des dépressions, des gens qui ont des pensées suicidaires, des gens qui ont des troubles cognitifs.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, selon vous, elle laisse entendre que M. Ciccone pourrait être, en ce moment, atteint de ces maux-là?

M. Ciccone : Bien, si elle fait référence à une personne qui n'a pas sa place au salon bleu, une personne qui n'est pas capable de raisonner, une personne qui n'est pas capable de penser... Comme je vous dis, ça dépasse la colère, c'est juste... D'entendre des propos comme ça, c'est : Pourquoi ils sont venus? Qu'est-ce qu'elle avait derrière la tête pour dire ça? Est-ce que c'est un manque de... parce que moi aussi, je veux dire, je ne suis pas à une déclaration près de m'enfarger. On est tous... Il y a beaucoup de nouveaux parlementaires ici. Puis je ne lui en veux pas, mais, ceci dit, ça veut dire quoi? Ça veut-u dire que je n'ai pas ma place, que je ne suis pas capable de dialoguer, de penser, d'être assez intelligent pour déposer un projet de loi et bâtir quelque chose? Ça veut dire quoi, ça?

M. Cormier (François) : Attendez une minute, là, ce n'est pas ça qu'elle a dit, là.

M. Ciccone : Non, mais ça veut dire... Non, non, mais je comprends, mais ça...

M. Cormier (François) : Bien non, mais, M. Ciccone, elle n'a pas dit : Vous avez des séquelles. Elle a dit qu'elle était solidaire avec ce que vous avez vécu, qu'elle était super sensible.

M. Ciccone :Non, non, non!

Mme David : Non, non, non! Attention, elle a dit : «Je suis empathique quant à sa situation et aux séquelles avec lesquelles il doit vivre suite à ses commotions cérébrales.» Moi, j'entends : Il doit vivre...

M. Cormier (François) : Oui, mais là ce n'est pas une attaque, là, être empathique, là. Ce n'est pas une attaque, là.

Mme David : Il vit avec des séquelles. C'est ça, la deuxième partie de la phrase. Alors, une séquelle d'une fracture puis qu'on marche avec une canne...

M. Cormier (François) : Vous vous accrochez quand même au bout qui fait votre affaire.

Mme David : Ce n'est pas la même chose. D'avoir une fracture à la cheville puis marcher avec une canne, c'est une séquelle d'une fracture. Avoir des séquelles de commotions cérébrales, ce que les gens lisent, ce dont les gens entendent parler, ce que M. Ciccone justement vient de dire, ce ne sont pas des séquelles qui sont très, très sympathiques et qui peuvent prêter flanc à, justement, des questions sur : Ah! il a-tu des séquelles, il a-tu des pertes de mémoire, il est-u déprimé? C'est des choses qui sont quand même assez sérieuses. Et, de dire ça en Chambre en réponse à une question d'un député, moi, je le dis, c'est vraiment une attaque à la condition médicale de quelqu'un sur des bases où on ne sait pas vraiment où elle prend son diagnostic médical.

M. Cormier (François) : Le bout où elle dit : Je suis empathique, ça, vous ne le mettez pas dans la balance?

Mme David : Je suis empathique à quelqu'un... Vous êtes déprimé, vous êtes angoissé, etc. Est-ce que ce n'est pas... De dire la phrase : Vous êtes déprimé, vous êtes angoissé, mais je suis empathique, c'est comme de dire : Je suis empathique, donc je suis convaincu que tu as des séquelles, et puis je suis bien empathique avec toi, tu fais pitié. Je ne le sais pas. Moi, je trouve que dit de même, là, ce n'est pas bien, bien le fun.

La Modératrice : Merci.

M. Ciccone : Merci.

(Fin à 13 h 47)

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