(Neuf heures trente-trois minutes)
Le Modérateur
:
Bonjour, tout le monde. Alors, pour ce point de presse, je vais vous donner
l'ordre de parole, et ensuite on va passer à la période de questions. Dans
l'ordre, s'adresseront à vous Mme Véronique Hivon, députée de Joliette,
porte-parole du Parti québécois pour la famille; Mme Jennifer Maccarone,
députée de Westmount—Saint-Louis, porte-parole du Parti libéral en matière de
famille; Mme Christine Labrie, députée de Sherbrooke et porte-parole de Québec
solidaire pour la famille; M. Francine Lessard, directrice générale du Conseil
québécois des services éducatifs à la petite enfance; et Mme Valérie Grenon,
présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec.
Pour la période de questions, je vous
demanderais de rester sur le sujet du jour, s'il vous plaît, par respect pour
nos invités. Merci.
Mme
Hivon
:
Bonjour, tout le monde. Alors, je suis heureuse d'être bien accompagnée
aujourd'hui, en cette journée où nous allons déposer... je vais déposer à
l'Assemblée nationale une pétition importante qui a circulé, comme vous en avez
entendu parler au cours des dernières semaines, partout au Québec.
Une pétition qui recueille 40 000 signataires,
donc, ce n'est pas rien, en l'espace d'à peine quelques semaines pour réitérer
au gouvernement que le projet de déploiement universel de maternelles quatre
ans mur à mur, partout au Québec, n'est pas un projet qui tient la route et
aussi, bien évidemment, qui porte sur l'importance de valoriser les services de
garde éducatifs à la petite enfance, qui sont là, qui répondent à un besoin,
qui ont une expertise en petite enfance et qui permettent, dès le plus jeune
âge, pas juste à quatre ans, de pouvoir dépister, de pouvoir accompagner les
enfants qui présentent des vulnérabilités particulières ou des problèmes
particuliers.
Donc, aujourd'hui, le message que nous
voulons envoyer au gouvernement, c'est l'importance qu'il soit à l'écoute des
milieux directement concernés, évidemment, des milieux de la petite enfance,
qu'il soit à l'écoute des parents du Québec, qui se sont, de toute évidence,
mobilisés, au cours des dernières semaines, tout comme on le voit dans les
sondages d'opinion, qui sont très attachés aux services de garde éducatifs et
qui estiment que c'est là le lieu le plus intéressant pour le développement de
leurs tout-petits.
Et nous réitérons notre demande que nous
avons formulée par motion, et d'ailleurs tous les partis étaient derrière cette
motion, pour que le gouvernement dépose, dans les meilleurs délais et avant que
les auditions et que les travaux commencent sur le projet de loi concernant la
maternelle quatre ans mur à mur, qu'il dépose son plan de match détaillé. On a
vu à quel point il y a des choses sur le terrain qui ne tiennent pas la route,
à quel point tout le monde dit que ce n'est pas quelque chose qui va pouvoir se
concrétiser. Donc, nous demandons une fois de plus le dépôt du plan de match
détaillé pour le déploiement de ce projet-là et de bien, bien exposer la
complémentarité qui va être mise de l'avant avec les services de garde éducatifs
à la petite enfance. Parce que, comme vous le savez, il y a énormément de questions
qui se posent, et c'est la moindre des choses, quand on embarque toute une société
dans un projet qui va solliciter autant d'argent public, autant d'énergie dans
le réseau, de pouvoir détailler son plan, de dire où on s'en va, et c'est
quelque chose de fondamental pour nous, que nous réitérons aujourd'hui.
Alors, sur ce, je vais passer la parole à
ma collègue, Mme Maccarone.
Mme Maccarone : Merci, chère
collègue. C'est un privilège pour moi d'être parmi vous aujourd'hui, une autre
occasion de dire que nous travaillons ensemble, en concertation, pour protéger
un réseau qui nous tient vraiment à cœur, le milieu de la petite enfance.
Quand on parle de la maternelle quatre ans
pour tous, on sait que c'est une mauvaise affaire pour tous. Pourquoi? Parce
qu'on sait que nos chercheurs, on sait que nos parents... Seulement un parent
sur cinq dit qu'il choisirait la maternelle quatre ans. On sait que nos
professionnels de santé, les pédiatres, même le réseau d'éducation, ils ont dit
qu'ils ont une pénurie de main-d'œuvre, ils ont un manque d'infrastructures,
ils ont un manque de places, puis on a un manque de professionnels.
Puis nous avons déjà un réseau qui nous
tient vraiment à coeur, nous avons un réseau qui... nous devrons investir
là-dedans. On parle de 700 millions de dollars où nous pouvons mettre de
la... privilège puis investir dans les réseaux de garde parce qu'eux ils ont la
capacité, ce sont eux, les spécialistes à la petite enfance.
Quand on parle de dépistage précoce, on
sait que quatre ans, c'est trop tard. Nous devrons agir plus tôt. Nous devrons
envoyer des ressources au sein de notre milieu de garde pour vraiment les supporter
ainsi que dans les réseaux scolaires aussi... si c'est pour cette raison-là. On
sait que nous devons avoir un respect de ce réseau-là. Les parents se sont
prononcés.
Et je félicite vraiment nos partenaires
aujourd'hui pour tout le travail qu'ils ont fait sur le terrain pour porter la
voix de la population. Plus que 40 000 personnes qui ont dit :
Non, ce n'est pas le réseau qui nous tient à coeur; nous, nous voulons que le
gouvernement s'investisse vraiment dans notre réseau et qu'il mette de côté la
maternelle quatre ans pour le moment.
Nous avons besoin d'un réseau... On parle
de la complémentarité. Nous sommes tannés d'avoir de l'improvisation de ce
gouvernement qui dépose des idées par-dessus des idées qui ne sont pas basées
sur des faits, sur une analyse profonde. On a un manque d'études d'impact sur
qu'est-ce qui va arriver à notre réseau qui nous tient vraiment à coeur. Alors,
c'est le temps de prendre du recul puis c'est le temps d'être à l'écoute de la
population. Merci. Mme Labrie.
Mme Labrie : Merci, Mme
Maccarone. Je pense que c'est clair ici qu'on a un consensus, hein, au sein des
partis d'opposition, également auprès de toutes les personnes qui travaillent
en petite enfance, à l'effet qu'on en a un, réseau de centres de la petite
enfance, de milieux familiaux régis, qui répond aux besoins pour mieux préparer
les enfants à l'école. On a ce réseau-là qui est établi depuis des décennies,
qui a fait ses preuves. On a des études pour le démontrer, ça fonctionne.
Ce qu'on peut faire, si on veut améliorer
le dépistage précoce, c'est d'investir des ressources, de les déployer dans les
centres de la petite enfance pour soutenir les éducatrices formées qui le font déjà
depuis des années. C'est des pratiques qui sont déjà en place, et on doit seulement
rendre plus accessibles les spécialistes.
Donc, nous, ce qu'on dit aujourd'hui,
c'est... on porte la voix des parents pour dire : Les parents l'ont fait,
leur choix, le choix des parents, majoritairement, c'est celui du réseau des
centres de la petite enfance, des milieux familiaux régis. Et en ce moment,
quand le gouvernement dit qu'il veut respecter le choix des parents,
malheureusement, il n'offre pas un réel choix parce que ces parents-là n'ont
pas accès aux places qu'ils souhaitent pour leurs enfants. On le voit, il y a
des milliers de noms sur les listes d'attente, le nombre de places qui est créé
ne répond pas à cette demande-là.
Et, quand j'entends le gouvernement dire :
On veut déployer des maternelles quatre ans partout à travers le Québec pour
offrir une place à tous les enfants qui le souhaitent, bien, j'aimerais le voir
faire la même chose pour les places en CPE, pour que ce soit vraiment un choix
puis que les parents puissent décider dans quel milieu ils vont envoyer leurs
enfants.
Donc, ce que je demande au gouvernement,
c'est de reconnaître le droit à un milieu éducatif de qualité, dès la petite
enfance, pour tous les enfants, pas seulement à quatre ans. Parce que ça
commence bien avant, l'intervention auprès des enfants. Merci.
Mme Lessard (Francine)
:
Eh bien, merci. Merci à tout le monde d'être ici ce matin. Je suis vraiment fière
de représenter le réseau des centres de la petite enfance et des bureaux
coordonnateurs de la garde en milieu familial. C'est un honneur pour moi de
parler en leurs noms et de vous confirmer encore ce matin que c'est un réseau
qui travaille jour après jour auprès de nos tout-petits, la petite société du
Québec, mais nos tout-petits 0-5 ans qui sont les adultes de demain.
Le travail qui est fait actuellement, dans
les centres de la petite enfance et les bureaux coordonnateurs de la garde en
milieu familial, est un travail de professionnels fait par des éducatrices et
des éducateurs formés — trois ans, quand même, d'études collégiales — pour
pouvoir faire un dépistage précoce, des éducatrices en milieu familial aussi
qui sont formées et qui travaillent jour après jour au rehaussement des
pratiques. Alors, on a vraiment au Québec... on est très chanceux de pouvoir se
vanter d'avoir au Québec un réseau de très grande qualité, un réseau éducatif à
la petite enfance.
Donc, aujourd'hui, effectivement, nous
allons, avec Mme Hivon... en fait, Mme Hivon va déposer une pétition qui
effectivement nous confirme que plus de 40 personnes ont signé cette
pétition-là... 40 000, c'est-à-dire, 40 000 personnes ont signé
cette pétition-là pour justement venir affirmer au ministre Legault que, de la
maternelle quatre ans mur à mur pour tous nos petits enfants, ce n'est pas ce
que la population veut avoir.
Et on désire vraiment que le ministre
mette en place une consultation générale à travers le Québec et qu'il permette
aux familles du Québec de s'exprimer. Et, que ces familles-là soient en
Abitibi, sur la Côte-Nord, en Gaspésie, à Montréal, un peu partout au Québec,
les familles du Québec ont le droit de s'exprimer et de venir dire à M. Legault
que ce qu'on veut, c'est la consolidation d'un réseau qui est déjà fort,
professionnel. On doit le consolider, et c'est à ça que les argents du Québec
doivent servir. Merci.
Mme Grenon (Valérie) : Avant
de débuter, je veux quand même saluer nos membres qui sont ici dans plusieurs
régions. Merci de nous avoir accueillis dans toutes vos régions.
J'ai personnellement, moi-même, fait le
tour des 17 régions pour faire signer les parents et les intervenantes.
Derrière chacun des 40 000 noms, il y a une histoire, il y a une
opinion, puis c'est important qu'on l'entende et qu'on l'écoute. Il faut en
tenir en compte, de l'opinion des 40 000 personnes qui ont signé la
pétition.
La consultation générale que nous
demandons aujourd'hui doit être le plus large possible pour que tous les
parents du Québec puissent s'exprimer. Avant d'investir des milliards dans les
maternelles quatre ans pour tous, on doit être sûrs que les parlementaires
entendent le besoin dans chacune des régions.
En terminant, on fait ce travail pour le
bien de l'enfant de quatre ans. Les éducatrices et les responsables en milieu
familial font bien plus que de la garde. Particulièrement, 75 % de nos
intervenantes en milieu familial accueillent des enfants en besoins
particuliers. En CPE, ils ont l'obligation d'accueillir des enfants avec des
besoins particuliers. Ils le font avec coeur et professionnalisme. Ce sont des
spécialistes 0-5 ans.
M. Legault doit cesser le dénigrement de
notre profession. Il nous a traitées récemment de techniciennes de garde, dans
cette même Assemblée, un terme révolu et blessant pour toutes les intervenantes
que je représente. À une certaine époque, j'aurais peut-être demandé à M.
Legault d'agir en bon père de famille dans le dossier des maternelles quatre
ans. Or, le temps change, heureusement, et je lui demande aujourd'hui d'agir en
bon premier ministre en s'élevant au-dessus de la mêlée et en allant écouter ce
que les parents du Québec ont à dire.
Le Modérateur
: Merci.
On passe maintenant aux questions. M. Dion.
M. Dion (Mathieu) : M. Legault
a déjà dit, M. Roberge aussi, qu'ils ne vont pas céder aux lobbys, qu'ils vont
aller de l'avant coûte que coûte. Commencez-vous à être un peu à court
d'arguments à faire valoir?
Mme
Hivon
:
Écoutez, je pense qu'un bon gouvernement écoute ce que la population a à dire,
un bon gouvernement prend acte de mobilisations. Vous savez, on ne parle pas de
lobbys, on parle de parents, on parle de gens sur le terrain qui trouvent que
c'est essentiel de valoriser les services de garde éducatifs parce qu'ils
souhaitent que leurs petits, leurs petites soient entre bonnes mains, pas juste
à quatre ans, mais à un an, à deux ans, à trois ans. Alors, c'est quelque chose
qui est fondamental, et je pense qu'il n'y a personne ici, si le gouvernement
change de cap, qui va dénoncer ça. Au contraire, on va s'en réjouir qu'il y ait
finalement une prise de conscience de l'importance des services de garde
éducatifs et du fait que le projet actuel ne tient pas la route, autant sur le
fonds des choses, sur l'opportunité même, que sur le déploiement et le réalisme
du déploiement.
M. Dion (Mathieu) :
Aujourd'hui, M. Lacombe répond un peu à cette pétition-là en lançant 2 500 places
subventionnées destinées en priorité à des poupons. De dire que, oui, on veut
étendre la maternelle quatre ans mur à mur, soit, mais, en même temps, il y a
quand même les CPE qui se développent à côté, et ça, le gouvernement continue
d'aller de l'avant. Est-ce que vous le reconnaissez, ça?
Mme
Hivon
:
Nous, ce qu'on redemande, pour une ixième fois, c'est de connaître le plan du
gouvernement. C'est quoi, le plan du gouvernement? Le ministre de la Famille
lui-même, quand il a fait l'annonce il y a quelques semaines, puisque la
chaleur a augmenté beaucoup autour de lui, il a dit qu'il y avait des dizaines
de milliers de parents qui étaient en attente d'une place de qualité dans les
services de garde éducatifs. Donc, il est où, le plan pour répondre à ces
besoins-là? Et comment ça va se faire en complémentarité avec ce plan de
déployer mur à mur les maternelles quatre ans? Il y a énormément de questions.
Si tout ça est si clair et si limpide pour le gouvernement, pourquoi il ne nous
dépose pas son plan dans les plus brefs délais et qu'on puisse voir c'est quoi,
où il s'en va, comment ça va se faire puis comment ça va être complémentaire?
M. Dion (Mathieu) : Et, dans
cette annonce, ce matin, de viser les poupons et non les enfants de quatre ans,
à la limite, en CPE, pour les places, est-ce que c'est la bonne chose à faire?
Mme
Hivon
:
Bien, moi, je pense que toute nouvelle place est une bonne chose. Évidemment,
il faut être conscient qu'une grande part de l'annonce sont des places qui
avaient déjà été annoncées. Alors, ce n'est pas tant des nouveaux
investissements. Les places poupons, ça va toujours être bienvenu. Nous, ce
qu'on souhaite, je le redis, c'est que chaque parent qui le souhaite au Québec
puisse avoir une place en service de garde de qualité et que les dizaines de
milliers de parents qui attendent toujours cette place-là puissent l'avoir.
Donc, oui, on en a un, service qui fonctionne, ce serait bien de le compléter,
puis de le renforcer, puis de le consolider.
Le Modérateur
: Oui, M.
Dugas Bourdon.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Bonjour. Est-ce que, Mme Hivon, dans certaines circonstances, les maternelles
quatre ans ont leur place?
Mme
Hivon
: Oui.
D'ailleurs, je trouve toujours ça drôle quand on dit qu'on a une opposition
idéologique et une totale fermeture. Les groupes l'ont dit à chaque occasion, nous-mêmes,
nous avons mis en place, en milieux défavorisés, des maternelles quatre ans
pour toutes sortes de raisons, parce qu'il a des enfants qui ne fréquentaient
aucun service de garde éducatif à la petite enfance. Donc, oui, on l'a dit que
c'était quelque chose qui avait sa place, qui était bien prévu, déjà, dans le
portrait. Mais il ne faut pas généraliser quelque chose qui avait une place,
justement, en complémentarité avec les centres de la petite enfance et les
services de garde en milieu familial régis.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Mais pourquoi ne pas simplement avoir des CPE pour ces enfants-là qui sont
défavorisés?
Mme
Hivon
: Ah!
bien, parce que, si vous retournez à ce qui avait amené cette question-là,
c'était le fait qu'on constatait, à travers des études, que, dans certaines
communautés, les parents ne voyaient pas du même oeil l'idée d'envoyer un
enfant en service de garde éducatif parce qu'il y avait beaucoup de pédagogie à
faire, justement, puis je pense qu'il y en a à faire encore auprès du gouvernement
sur l'aspect éducatif des choses versus la maternelle quatre ans. Donc, il
était ressorti que, pour certains milieux, milieux défavorisés qui ne
fréquentaient pas de service de garde, la maternelle quatre ans pouvait venir
combler un certain besoin pour des enfants qui ne fréquentaient aucun milieu de
garde éducatif.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
...de l'éducation pour dire : Les CPE sont bien pour vos enfants, sont
utiles. À partir de ce moment-là, les maternelles quatre ans ne servent plus à
rien, là.
Mme
Hivon
:
Bien, c'est exactement le coeur de ce que l'on fait en ce moment.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : ...dans
les milieux défavorisés.
Mme
Hivon
: Oui.
Bien, nous, on croit qu'il peut y avoir une complémentarité avec les milieux
défavorisés.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Pourquoi cette complémentarité-là est nécessaire? À partir du moment où les CPE
sont bons pour les enfants de 0-4 ans, pourquoi on a besoin de maternelles
quatre ans au Québec?
Mme
Hivon
: Je
vous le répète, parce qu'il y a des parents qui n'envoyaient pas leurs enfants
dans des centres de la petite enfance ou dans des services de garde éducatifs.
Donc, le choix qui a été fait, c'est d'avoir un certain nombre de maternelles
quatre ans en milieu défavorisé pour s'assurer que tous les enfants allaient
avoir une préparation, même si on estime que les centres de la petite enfance,
les milieux de garde éducatifs sont la voie générale qui doit pouvoir
accueillir les enfants au Québec.
Mme Labrie : Juste rappeler également
qu'il n'y a pas de la place pour tout le monde, dans le réseau de CPE, en ce
moment, puis il n'y en avait pas non plus à l'époque où on a créé les maternelles
quatre ans. Ça fait partie des raisons aussi pour lesquelles on avait besoin
d'avoir une alternative dans certaines familles qui n'avaient pas accès aux
CPE. Ce qu'on demande toutes ici, là, c'est que chaque parent qui fait le choix
du CPE pour son enfant y ait accès, comme chaque parent qui fait le choix de
l'école publique pour son enfant, en ce moment, y a accès. Donc, on veut la
même chose pour le réseau de CPE.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Je vais me permettre une dernière question, vu qu'il n'y a pas foule. Le Parti
québécois, vous demandez que soient remboursés les trop-perçus de 1,5 milliard.
Mais est-ce que ça, ça ne ferait pas mal aux services publics à partir du
moment où on revient chercher cet argent-là qui est investi dans le réseau
public?
Mme
Hivon
:
Écoutez, là, vous m'amenez sur quelque chose qui va me faire plaisir de vous
répondre. Le gouvernement a décrié ça, donc, toute la question des trop-perçus.
Donc, on lui demande d'être conforme à cette réalité-là. Mais surtout, ce que
j'ai envie de vous dire, c'est que, si on regarde le milieu de l'éducation
lui-même, ma collègue qui est ici, mon autre collègue, on est en commission
parlementaire sur ces sujets-là, en ce moment, le gouvernement se prive, avec
l'uniformisation de la taxe scolaire, d'entre 800 et 900 millions. Il va
investir au moins 700 millions — parce que les chiffres ne sont
pas encore définitifs — sur la maternelle quatre ans, sans compter
toutes les dépenses d'infrastructures, tout ça, en n'ayant toujours pas un
dollar neuf d'argent pour soutenir les services éducatifs actuels, les
professionnels, les élèves dans les écoles qui ont des besoins pour développer
des places supplémentaires, pour consolider le réseau des centres de la petite
enfance. Donc, je pense qu'il doit regarder dans sa cour, dans ses choix, avant
de dire qu'il n'a pas les fonds pour pouvoir consolider le réseau des centres
de la petite enfance.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
...ce 1,5 milliard là puis on le met dans les services publics, je veux
dire, c'est une bonne nouvelle. Pourquoi vous vous y opposez?
Mme
Hivon
:
Bien, écoutez, ça, c'est un autre enjeu qui est une question générale, globale,
en lien avec tous les revenus de l'État. Nous, ce qu'on demande au
gouvernement, c'est d'être conséquent en matière d'éducation, et de dire que
l'argent en éducation doit aller en priorité où sont les besoins, et ne pas
créer de nouvelles, je dirais, structures ou d'aller de l'avant avec un type
d'idéologie qui fait en sorte de vouloir tasser les services de garde éducatifs
au profit de maternelles quatre ans mur à mur.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 52)