To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Lorraine Richard, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de ressources naturelles et de développement nordique, et M. Martin Ouellet, leader parlementaire du troisième groupe d’opposition et porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de finances

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Lorraine Richard, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de ressources naturelles et de développement nordique, et M. Martin Ouellet, leader parlementaire du troisième groupe d’opposition et porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de finances

Version finale

Thursday, March 28, 2019, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures une minute)

Le Modérateur : Donc, bonjour, bienvenue à ce point de presse qui rassemble la Côte-Nord. S'adresseront à vous aujourd'hui Mme Lorraine Richard, députée de Duplessis, M. Réjean Porlier, maire de Sept-Îles, M. Guy Bellefleur, représentant de la communauté de Pakuashipi — je suis bon — Luc Noël, préfet de la MRC de Minganie et Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador. Ensuite, il va y avoir une période de questions, on va vous demander de rester sur le sujet. Donc, Mme Richard, à vous la parole.

Mme Richard : Bonjour. Vous savez, quand la Côte-Nord se déplace à Québec, toute la Côte-Nord se déplace à Québec, c'est parce que c'est important.

Ce matin, on a des élus, des maires, nous avons les chefs autochtones, j'ai mon collègue Martin, député de René-Lévesque, on est tous unis ensemble derrière un seul projet qui est important. Il y en a d'autres, il y a le pont du Saguenay, il y a la 389, mais il y a un projet pour lequel, écoutez, on continue de se battre, de faire valoir nos idées, c'est le prolongement de la route 138 pour désenclaver la Basse-Côte. La Basse-Côte n'est pas reliée au Québec, au reste du Québec par un réseau routier.

Nous devions avoir également avec nous les élus de la Côte-Nord. J'ai une pensée aujourd'hui pour M. Randy Jones, qui, pour lui, la 138, c'est la bataille de sa vie. Il ne peut malheureusement pas être avec nous ce matin, M. Jones a dû retourner chez lui à cause de problèmes de santé. Vous comprendrez aussi que, pour les autres élus de la Basse-Côte, juste se rendre de Blanc-Sablon à Sept-Îles, ensuite de Sept-Îles à Québec par avion, c'est des coûts astronomiques, c'est extrêmement cher, le coût du billet d'avion.

Et, ce matin, on veut lancer un message au gouvernement qu'il faut qu'il soit derrière nous, avec nous pour continuer à avoir des sommes, avoir des échéanciers pour qu'on puisse enfin, enfin croire qu'un jour on aura une route 138 jusqu'à Blanc-Sablon.

Vous voyez une délégation importante des gens de partout sur la Côte-Nord qui sont avec nous. Et je cède maintenant la parole à M. Réjean Porlier, maire de Sept-Îles.

M. Porlier (Réjean) : Oui. Bonjour, tout le monde. D'abord, merci à toute la délégation d'être là. Merci aux représentants de communautés innues, le grand chef Ghislain Picard, Mike Mckenzie, de la communauté Uashat-Maliotenam, chez nous, M. Bellefleur qui représente Pakuashipi. Merci d'être là, tout le monde.

Écoutez, je m'en venais ici, ce matin, moi, avec l'idée qu'on allait voir si on avait un gouvernement qui allait nous dire : Oui, on va travailler avec vous pour terminer la route 138, qui nous est promise, soit dit en passant, depuis au moins 50 ans. Ce que j'apprends, c'est que, dans le budget, on avait un 200 millions qui était là, réservé par l'ancien gouvernement, qui n'est plus là. On va peut-être faire des bouts ou peut-être pas.

J'aimerais remettre en perspective, on l'a fait par un article ce matin — ceux qui ne l'ont pas vu, allez le voir dans les trois médias, journal Le Devoir, Journal de Québec et Le Soleil — on a fait mention du fait que la Côte-Nord rapporte énormément au Québec, énormément, ne serait-ce que par le biais d'Hydro-Québec.

Hydro-Québec, on nous annonce... J'étais à l'Assemblée nationale hier, j'entendais des ministres, on parle d'avoir un bénéfice net de 5,3 milliards. 40 % de cette énergie-là sort de la Côte-Nord, ou est produite, ou elle transite par la Côte-Nord. 40 % de 5,3 milliards, là, on est à 2 120 000 000 $. On va prendre 10 % de ça par année pour... jusqu'à ce qu'on ait complété la route 138, là, ça représenterait, grosso modo, probablement... Nous, on espérait 200 millions. 200 millions un peu plus par année, dans 10 ans, on ne parle plus de la route 138.

Alors, à quelque part, ce qu'on voudrait, c'est que la population comprenne bien. Parce que toute la population du Québec profite de la Côte-Nord. Et moi, j'ai reçu l'appui de nos deux fédérations, de la FQM, de l'UMQ, les collègues ont dit être derrière nous dans ce dossier-là, alors j'espère qu'ils vont parler à leurs membres puis qu'ils vont dire : La Côte-Nord, donnez-leur donc leur route. Désenclavez la Côte-Nord.

Et, vous savez, ce n'est pas juste pour toutes communautés qui sont isolées — parce que ça existe encore, puis plusieurs sont souvent en mode survie, soit dit en passant — mais c'est aussi pour ouvrir le corridor avec Terre-Neuve-et-Labrador et avoir des échanges commerciaux. C'est énormément de retombées pour la Côte-Nord.

Et, vous avez vu, la démographie de la Côte-Nord, les cinq dernières années, est en diminution, hein, une des deux seules régions au Québec où c'est le cas. Alors, le premier outil de développement économique pour une région, c'est bien l'accès à son territoire. Alors, qu'on nous donne nos outils de développement. Et j'espère que le gouvernement qui est présent va se mettre en mode action et va déterminer un échéancier comme M. Bonnardel nous avait dit vouloir le faire lorsqu'il est venu à Sept-Îles.

On nous a envoyés... le gouvernement précédent nous a envoyés à Ottawa. On est allés à Ottawa chercher un appui du ministre Champagne. Le ministre Champagne a dit : Si Québec priorise, on sera au rendez-vous. Et là on est à Québec et on s'aperçoit que non seulement on ne nous annonce pas des sommes pour terminer puis un échéancier, mais on est en train d'attendre après le fédéral pour dire : Ah! le fédéral n'est pas là.

On a fini de jouer au ping-pong avec les gens de la Côte-Nord, là. Il est grand temps qu'on ait un échéancier, des sommes d'avancées, qu'on mette les argents nécessaires et qu'on complète notre route 138 pour pouvoir se développer comme toutes les autres régions du Québec. Merci.

Le Modérateur : M. Bellefleur.

M. Bellefleur (Guy) : Bonjour, tout le monde. Moi, je viens de la communauté d'Unamen Shipu, je travaille pour la communauté de Pakuashipi, je suis leur représentant. Qu'est-ce qui se passe sur la Basse-Côte? L'absence d'une route. Ce n'est pas le temps d'être malade, le soir, parce qu'il n'y a pas de route. Comment tu vas te faire évacuer? Il n'y a pas d'aéroport dans les communautés de la Basse-Côte, O.K.?

On nous annonce des choses depuis avril 2015. La somme a été 232 millions. Où est-ce qu'il est passé, cet argent-là? Ce matin, on apprend qu'il va y avoir déboisement. Mais je viens de la Basse-Côte. Quand je conduis une motoneige durant l'hiver, là, je peux conduire les yeux fermés parce qu'il n'y a pas de forêt!

Donc, on demande au gouvernement du Québec, là, de mettre des sommes d'argent nécessaires. Vous voyez ces gens-là? On est réunis, on est unis pour une cause, puis la cause, là, c'est désenclaver les communautés de la Basse-Côte. On veut créer de la richesse, on veut travailler ensemble, on veut que les gens apprennent à travailler, O.K., qu'on puisse développer les ressources qui sont là.

Les ressources, ils sont là, on va les mettre en valeur. Pour les mettre en valeur, il faut que les gens travaillent ensemble. C'est ce qu'on est venus dire au gouvernement. C'est ce qu'on veut faire. Tout le monde va en profiter. Qu'on arrête de nous profiter, les barrages hydroélectriques, les mines, des forêts, O.K.? Au nord de Sept-Îles, là, il y a plein de forêt. Mais qu'est-ce qu'on en profite? Absolument rien.

Quand je dis que les communautés sont mal prises, quand il y a des problèmes de santé, là, bien souvent, là, c'est l'armée qui vient évacuer les personnes avec des gros hélicoptères. C'est ça, la réalité pour les gens de la Basse-Côte. Merci.

Le Modérateur : Luc Noël.

M. Noël (Luc) : Bonjour. On est ici ce matin pour savoir qui s'intéresse à la Côte-Nord. On ne sent pas beaucoup d'intérêt pour la Côte-Nord, malgré qu'on s'est déplacés, beaucoup de chefs autochtones, beaucoup d'élus nord-côtiers. On a rencontré ce matin le ministre Bonnardel, on a rencontré notre ministre de la Côte-Nord, M. Julien. On leur a demandé un plan de match clair, on veut savoir combien ça coûte de terminer la 138 et quand est-ce qu'on peut la terminer, la 138.

M. le maire de Sept-Îles mentionnait tantôt que 40 % du budget de 5 milliards d'Hydro-Québec sort de la Côte-Nord. La Côte-Nord représente aussi 1 % de la population du Québec. Mais on contribue pour 2,2 % du PIB du Québec. Est-ce qu'on peut l'avoir, ce 200 millions là par année que l'on demande pour terminer la 138 jusqu'à Blanc-Sablon et pour ouvrir aussi la voie d'échanges commerciaux avec notre principal voisin qui est Terre-Neuve?

On veut qu'on occupe le territoire. Mais on veut l'occuper, le territoire, mais on veut l'occuper aussi de façon dynamique. On veut que notre gouvernement, qui se dit un gouvernement économique, nous donne un engagement clair pour notre demande chez nous. Ce qu'on veut, c'est un investissement pour la Côte-Nord et pour le Québec. On est en attente d'un plan d'affaires clair pour la Côte-Nord. On a senti, de la part de nos ministres, ce matin, une volonté, mais ce qu'on veut, c'est un engagement pour la Côte-Nord.

Le Modérateur : Merci. M. Picard.

M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans sa langue) Bien, d'abord, mes remerciements à Mme Richard de nous recevoir ce matin. Et ça me fait extrêmement plaisir de me solidariser avec les élus tant Premières Nations que Québécois ce matin. Et j'aimerais saluer tous les élus qui sont avec nous de la région de la Côte-Nord.

Mon collègue et ami Guy Bellefleur, qui parlait un peu plus tôt, est originaire, comme il le disait lui-même, d'Unamen Shipu. Pour ceux d'entre vous qui avez bien réussi en géographie, vous saurez où c'est. Et c'est à peu près à une trentaine de kilomètres, entre 30 et 40 kilomètres, là où la route finit à Kegaska. Et Guy disait, il y a à peu près une vingtaine d'années, il disait : Je commence à être tanné soit d'atterrir ou d'amerrir, je pense que c'est le temps que je puisse avoir le choix et ne pas dépendre des horaires qui ne sont pas les miens. Et donc ça fait au moins 20 ans, sinon plus, qu'on parle de la 138 et de son prolongement.

Il y a plusieurs bonnes raisons qui font en sorte que les Premières Nations sont étroitement associées à cette démarche. Et d'abord, on veut très certainement faire la promotion de l'esprit de collaboration qu'on veut installer entre les municipalités et nos communautés à l'échelle du Québec, et le prolongement de la 138 est un bel exemple. Mais, en même temps, comme nous le rappelait Guy, un peu plus tôt, il y a des situations qui sont extrêmement précaires, dans le domaine de la santé, et il y a les habitudes aussi de nos communautés qui ont... Je veux dire, quand quelqu'un est malade, bien, ce n'est pas une ou deux personnes qui voyagent avec la personne, c'est généralement la famille. Et ça, c'est l'esprit qui est particulier et spécifique à notre communauté, donc c'est important de prendre ça en considération.

L'autre aspect, c'est qu'on connaît les lacunes et les difficultés que nos communautés ont, dans le domaine du logement, et je pense qu'une route, un réseau routier permettrait sans doute de diminuer les coûts qui sont astronomiques au niveau de de l'habitation, au niveau du logement dans nos communautés. Donc, il y a ces aspects-là aussi qui méritent d'être soulignés.

Bien, écoutez, l'année dernière, j'étais dans la région de la Baie-James. Pour une des rares fois, bien, je l'ai fait par la route entre Matagami... Je ne me suis pas rendu à Radisson, mais Matagami‑Radisson, c'est à peu près 600 km, et c'est une route bien asphaltée, et il y avait à peu près un chantier de réfection du réseau routier, là-bas, sur à peu près 60 km. Et je ne sais pas si vous connaissez la population de Radisson, bien, c'est à peu près 450, 500 personnes, donc c'est beaucoup plus important du côté de la Basse-Côte-Nord. Et je me demande pourquoi il y a ces chantiers-là en branle dans une région qui n'est quand même pas aussi populeuse que d'autres régions. Et, faut-il le rappeler, je pense que la Basse-Côte-Nord est la seule région, à l'exception du Nunavik et de Schefferville, qui n'est pas reliée par un réseau routier, et ça, je pense que c'est aussi important.

Et en conclusion, bien, je dirais que nos communautés sont là, nos communautés ne demandent pas mieux que de participer à une activité économique à créer. Et je pense que le départ de tout ça, bien, c'est un réseau routier qui permet à nos communautés également de s'épanouir. Donc, encore une fois, mes félicitations aux élus tant innus que québécois, là, pour cette démarche, et évidemment l'Assemblée des premières nations Québec-Labrador est en appui total, sans réserve, à cette démarche-là. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup. On va passer aux questions. Madame Plante.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour. Vous avez mentionné... quelqu'un a mentionné qu'il y a eu des rencontres avec M. Bonnardel et M. Julien. Qu'est-ce qu'ils vous ont dit exactement?

M. Porlier (Réjean) : Bien, ce matin, on les a rencontrés avant le point de presse. En réalité, ce qu'on demande, depuis le passage du ministre Champagne à Sept-Îles le 23 janvier, alors que lui nous disait : Il s'agit que Québec priorise, depuis le 23 janvier on demande une rencontre, une bonne mise à niveau avec tout le monde de la Côte-Nord en même temps. Arrêtons de jouer ça à la pièce avec tout le monde. On veut tous comprendre le même scénario, qu'est-ce qui manque, combien de temps ça prend et combien ça coûterait. Ce matin, on nous disait : Bien, on n'a pas fini d'analyser. Ça fait je ne sais pas combien de décennies qu'on analyse, là. Ça fait que ça, on l'a assez entendu. Et, bon, mettons que ce serait 200 millions de plus, mettons. Si on part avec l'idée qu'à tous les ans on met 200 millions, on le réserve, on le met, on avance, bien, si ça en prend 200 de plus, ça sera une année de plus, tout simplement.

Les ministres, ce matin, on les a sentis à l'écoute. Moi, je les sens à l'écoute depuis le début. À toutes les fois qu'il y a un ministre qui débarque chez nous, et on lui parle de ça, c'est clair qu'il comprend. Le ministre Champagne a compris tout de suite. Comment développer une région si on n'a pas accès au territoire? Tout le monde comprend ça, depuis 50 ans, depuis 100 ans, tout le monde qui a passé. René Lévesque comprenait ça. D'ailleurs, René Lévesque, à l'époque, avait pris une jeune fille, puis il lui avait dit : Quand tu vas être grande, ça va être fait. René Lévesque, quelqu'un qu'on respecte beaucoup. Mais, malédiction, elle a arrêté de grandir. On nous contait ça. Bien, c'est une réalité. Ils l'ont tous promis chacun à leur tour. Alors, on dit : Là, c'est assez.

Et ce qu'on comprend, ça ne peut pas être M. Bonnardel, malgré toutes ses bonnes intentions, ça ne peut pas être M. Julien, malgré toutes ses bonnes intentions, ça doit être le gouvernement. Ça prend un premier ministre qui se positionne. Moi, j'ai entendu beaucoup M. Legault parler des régions, pendant la campagne, l'importance des régions. Là, il a une occasion de dire : Oui, c'est important, la région, on s'en occupe, on va le faire. Et nous, la région, bien, on dit : On ne léguera pas à la prochaine génération ce qu'on a vécu puis ce que nos parents puis grands-parents ont vécu. On va finir ce dossier-là.

Mme Plante (Caroline) : Pourquoi est-ce que vous pensez que l'argent n'est pas dans le budget?

M. Porlier (Réjean) : Ah! mais c'est parce qu'on...

Mme Richard : Ce n'est pas une priorité pour le gouvernement.

M. Porlier (Réjean) : Bien... Mme Richard.

Mme Richard : Si l'argent n'est pas dans le budget... Vous savez, quand un nouveau gouvernement arrive et qu'il fait un budget, il y va par priorités. On avait déjà... on avait fait des batailles auparavant, certaines revendications auprès du gouvernement précédent, les libéraux. On avait réussi à obtenir qu'il soit budgété, décaissé, comme on dit, un 200 millions. Il n'y est plus cette année. Donc, pour moi, la route 138, le prolongement n'est pas une priorité pour le gouvernement de la Coalition avenir Québec.

Mme Plante (Caroline) : Il y a des surplus historiques.

Mme Richard : Il y a des surplus historiques. Écoutez, vous entendez beaucoup parler de troisième lien, vous entendez parler de beaucoup de sommes d'argent qui sont dévolues dans certaines infrastructures. Donc, on pensait, après tout ce temps, toutes ces décennies, après avoir rencontré le ministre responsable de notre région, le ministre des Transports, auparavant, que notre message aurait été pas juste entendu, entendu, écouté et qu'on aurait été en action auprès du gouvernement, tu sais, celui-ci aurait décaissé des sommes. Malheureusement, les sommes ne sont pas au rendez-vous.

Mme Plante (Caroline) : Alors, qu'est-ce que vous attendez pour la suite des choses?

M. Porlier (Réjean) : Ce qu'on attend, c'est clairement un engagement ferme de terminer cette route-là. Et tout...

Mme Plante (Caroline) : De la part de M. Legault lui-même?

M. Porlier (Réjean) : Oui, bien, absolument, du gouvernement, de dire : Oui, c'est une priorité, et on va le faire. Mais quand on va le faire? C'est ce qui a toujours manqué depuis le début, c'est un échéancier. Et, à chaque occasion, à chaque occasion, les argents ont été redirigés ailleurs. On aurait dit que, quand on allait chercher une participation d'Ottawa, en même temps, bien, on la prenait, cette participation-là, puis on la mettait ailleurs. Et là, tout d'un coup, il n'y avait pas plus d'argent, mais la route ne se complétait jamais.

Mais ce qu'on souhaite... Puis, écoutez, on y croit, là. Si on n'y croyait pas, on ne serait pas ici à en parler. On y croit. On pense qu'avec un peu de bonne volonté on va y arriver. Mais surtout, ce qu'il faut comprendre, c'est que ça va être bon pour tout le Québec. Parce que, la journée où on va ouvrir ce trafic-là avec Terre-Neuve-et-Labrador, c'est des échanges commerciaux avec le Québec. Ce n'est pas vrai que les gens vont rentrer puis vont arrêter à Sept-Îles. Ils vont continuer. Il va avoir des échanges de biens et de services. On a fait faire une étude là-dessus, avec la défunte CRE, et c'est clair, il y a des apports économiques importants de ce côté-là.

On a toujours regardé le prolongement de la route 138 comme un problème humain, hein, on disait : Ça n'a pas de bon sens. Puis c'est vrai que ça n'a pas de bon sens. M. Jones, on est chanceux de l'avoir encore avec nous. Il est rentré pour un problème de coeur, la semaine passée, et il a eu des problèmes pour avoir un avion pour sortir pour aller se faire traiter. C'est ça, le quotidien, là. Puis on est chanceux, il est encore là. On lui dit : Reste chez vous, là, parce qu'on veut t'avoir pour quand on va couper le ruban. Mais c'est ça, la réalité. Donc, il est grand temps, là, qu'on dise : Regardons tous les avantages et avançons.

Et vous savez, moi, quand je suis à l'UMQ, je représente la Côte-Nord à l'UMQ, au niveau des cités régionales, c'était unanime, unanime. Il n'y a pas eu de débat, là, tout le monde a dit : On comprend ça. Eux autres, ils parlent de transport collectif puis de... C'est ça, leur sujet, les transports collectifs. Nous, on n'a même pas de route. Imaginez le transport collectif. On est assez loin. Mais ils sont là. Moi, je comprends que les... FQM, l'UMQ, ils sont là. D'ailleurs, Alexandre Cusson, lors du conseil d'administration de l'UMQ, a dit à la sortie : Nous, le désenclavement, ça nous interpelle. Alors, on se dit : Comment ça se fait qu'il y a un consensus, là, qui semble se dégager un peu partout?

Puis c'est un investissement, un investissement humain, parce que, oui, il y a l'humain, mais là on a compris, avec le temps, on va sortir de ça. Parce que c'est beau, l'empathie, mais on a compris qu'on n'y arrivera jamais, là, tu sais, il n'y a pas suffisamment d'empathie. Mais aujourd'hui, on parle économie. Économiquement, c'est payant, c'est très payant pour la Côte-Nord de le faire. On a besoin de ça. Puis c'est bon pour le Québec.

Mme Plante (Caroline) : J'avais peut-être une… Ah! Vas-y. J'avais une question sur un autre sujet.

M. Cormier (François) : Bonjour. François Cormier, TVA.

M. Porlier (Réjean) : Bonjour.

M. Cormier (François) : Vous parliez de l'étude. Mais, juste avant, les coûts. Est-ce que vous avez une idée des coûts de la route? Parce que ça semble...

M. Porlier (Réjean) : Oui. Les montants qu'on avait, là, de préliminaires, on parlait d'environ 1,5 milliard. C'est pour ça tout à l'heure que je disais : Moi, je pense que, si on avançait 200 millions par année, là... bon, possiblement que c'est plus, un peu plus, mais on serait... On ne sautera pas les 2 milliards, là.

M. Cormier (François) : Vous savez, ces temps-ci, quand M. Legault s'en va faire des annonces dans des entreprises, par exemple, il nous dit : Mais ça, avec les emplois qu'on va avoir de plus, l'impôt va le repayer. Est-ce que, selon votre étude, le 1,5 milliard de dollars que coûterait la route se repaierait finalement?

M. Porlier (Réjean) : Écoutez, juste avec Hydro-Québec, là, les ressources naturelles qui sortent de chez nous, là, hein, la Côte-Nord participe...

Une voix : ...

M. Porlier (Réjean) : Oui, d'accord.

M. Cormier (François) : Est-ce qu'elle en aurait plus avec la route?

M. Porlier (Réjean) : Oui. On croit que oui, oui, au niveau des échanges qu'on va avoir avec Terre-Neuve—Labrador. Juste le tourisme, là, c'est clair que la Côte-Nord, c'est un endroit qui va être prisé. On le sait, il y a une clientèle pour des endroits comme la Côte-Nord. Ouvrir les portes va permettre aux touristes de circuler. Puis même le tourisme international, il n'y a aucun doute que, sur la Côte-Nord... et ceux qui sont venus puis ceux qui vont venir vont comprendre que, sur la Côte-Nord, on a de quoi de grandiose à offrir en matière de tout ce qui est naturel. Ça fait que c'est sûr qu'il va y avoir des retombées.

Une chose est certaine, on le fait à la graine, présentement, hein, on s'entend. Pour calmer le jeu, on fait 20 km. Pour calmer le jeu, on en fait 40. Donc, on le fait, là, on le fait à la graine. Un jour, il sera complété. Alors, nous, on dit : Bien, faisons-le là, puis surtout qu'on est en période où est-ce qu'on a des surplus importants.

Ce que je comprends, moi, c'est que les profits d'Hydro-Québec, si j'ai bien compris, ont passé quelque chose de 3 milliards, là... hier, j'ai entendu ça à l'Assemblée nationale, 5,3 milliards. Ça sort de chez nous, tout ça, là, il y en a une grande partie qui sort de chez nous. Donc, on est en très bonne situation économique. Hydro-Québec en donne plus, donc on contribue davantage. Tout ce qui est minier, il se brasse des choses dans le minier, sur la Côte-Nord, il sort encore des ressources naturelles. Là, on dit : Coudon, le retour, nous autres, là, notre retour sur l'investissement, on peut-u l'avoir?

Moi, je vous dis, là : Demain, donnez-nous nos ressources naturelles à gérer, la Côte-Nord, là, donnez-nous nos ressources naturelles, on va vous vendre l'électricité pour le restant du Québec sans problème, on va s'assurer que les communautés innues trouvent leur compte. Vous allez voir que ce ne sera pas long d'avoir une bonne entente avec eux.

M. Cormier (François) : ...

M. Porlier (Réjean) : Je ne le dirai pas. Non, mais, écoutez, ce qu'on veut, là, c'est avancer, là.

M. Cormier (François) : Mme Richard, vous parliez tout à l'heure que ce n'était pas une priotié. Mais, on le sait, là, des priorités, il y en a plein. Est-ce que ce n'est pas parce que ce n'est pas juste une priorité prioritaire, puis il y en a d'autres, investissements, à faire ailleurs avant de faire celui-là?

Mme Richard : Bien, écoutez, si vous pensez comme ça, là, ça veut dire les gens de la Basse-Côte sont des citoyens de second ordre. Moi, je ne pense pas comme ça. Chaque citoyen au Québec, et particulièrement dans mon coin de pays, moi, je dis : Peu importe où on se trouve sur mon territoire, on doit avoir droit à un minimum de services. M. Picard, le chef Picard, a fait référence à la route pour aller jusqu'à Radisson. Moi aussi, je suis déjà allée. Quand j'ai vu cette route-là... Je me dis : Oh! c'est Hydro-Québec, ça paraît. Ça paraît.

M. Cormier (François) : C'est quoi, la différence?

Mme Richard : Il n'y a pas tant de gens que ça, il n'y a pas une population si nombreuse que ça, là. On n'est pas allé au pro rata de la population pour investir dans cette route. Chez nous, à chaque fois que nous avons des problèmes au niveau des infrastructures ou qu'on demande des ajouts au niveau de certains budgets... On ne réussira jamais en termes de population. Et, si on veut habiter le territoire, puis il est déjà habité, en Basse-Côte... Si, demain matin, Hydro-Québec allait de l'avant avec Petit-Mécatina, je peux vous dire que M. Legault ainsi que le gouvernement de la Coalition avenir Québec mettraient tous les efforts, on aurait une route asphaltée en très peu de temps. Mais on est réalistes, sur la Côte-Nord, on est des gens résilients.

Donc, ce que nous demandons, ce que nous demandons au nouveau gouvernement, c'est un échéancier clair avec des sommes qui s'y rattachent. Le coût de la route 138 jusqu'à Blanc-Sablon, aujourd'hui, peut être évalué à 1,5 milliard. Comme on ne demande pas souvent grand-chose au reste du Québec, mais qu'on leur en donne beaucoup, on dit : Est-ce qu'on pourrait avoir un échéancier raisonnable, cinq ans, 10 ans, avec des sommes rattachées au budget à chaque année? C'est aussi simple que ça. C'est aussi simple que ça.

Et, vous savez, si Terre-Neuve, qui était la province plus pauvre que le Québec, a réussi à faire la 500... Parce que vous pouvez faire le tour, aller jusqu'à Blanc-Sablon. Et pourquoi pas que le Québec investirait pour qu'on puisse faire la boucle, et, nous aussi, cette partie de la Basse-Côte-Nord, développer des liens commerciaux avec les gens de Terre-Neuve, avec le tourisme? Il y a des choses à faire. Et, si ce n'est pas la volonté du gouvernement de la Coalition avenir Québec, bien, ils fermeront les régions. Est-ce que c'était le discours de M.Legault?

La Basse-Côte-Nord, c'est un pays en soi. Si on veut habiter notre territoire, il faut donner les moyens d'habiter notre territoire. Et nous, là, le message qu'on lance aujourd'hui, là, c'est qu'on est un peu pas mal tannés. On est un peu pas mal tannés, là, qu'on vienne piger dans notre garde-manger puis on n'a plus rien après, on n'a plus rien pour notre monde. Ça coûte des fortunes en avion, en frais de transport, pour la santé, en éducation, maintenir des populations en place, là, qui n'ont presque pas de services, puis il y avait des endroits où il n'y avait pas d'eau potable. C'est ça que les gens de la Basse-Côte vivent.

Puis aujourd'hui ils ne sont pas ici, mais vous avez une délégation de gens qui envoient un message au gouvernement puis au reste du Québec : Assez, c'est assez. Il faut qu'il y ait des actions concrètes. Et vous voyez que je suis fâchée, je suis très fâchée. Ça fait 15 ans que je suis en politique, 15 ans qu'on parle de ce dossier-là, et on en avait parlé auparavant. Il n'y a aucune volonté gouvernementale pour les gens. Mais, si la Coalition avenir Québec, qui sont là, ils sont majoritaires, ils veulent gouverner... Ils avaient promis qu'ils s'occuperaient des régions. M. Bonnardel dit : Je sens votre préoccupation, je voudrais, ah!, mais là, là, le ministre des Finances, il ne l'a pas prévu, au Conseil du trésor, ça n'a pas été prévu.

Qui donne les orientations à un gouvernement? Le premier ministre, beaucoup, hein? Bien, moi, je lance un message à François Legault, que je connais assez bien, s'il veut respecter ses promesses puis s'occuper des régions du Québec, j'apprécierais qu'il s'occupe d'une région, particulièrement dans Duplessis, qui s'appelle la Basse-Côte-Nord. Cher premier ministre, il y a des gens aujourd'hui qui vous demandent, qui vous demandent de passer la commande. Investissez chez nous, vous aurez énormément de retours, et le Québec profite déjà, déjà de toute la Côte-Nord. Donc, on a une délégation forte, aidez-nous, s'il vous plaît.

Le Modérateur : Une dernière question, peut-être?

Mme Plante (Caroline) : Alors, peut-être pour M. Picard. Je voulais seulement savoir comment est-ce que vous accueillez le dépôt d'un projet de loi caquiste sur la laïcité.

M. Picard (Ghislain) : Bien, pour nous, c'est très clair que pour tout projet de loi qui émane du gouvernement provincial, dans le cas des projets de loi d'application générale, on est exclus. Donc, c'est nous qui déterminons, et, au-delà de tout ça, bien... c'est nous qui déterminons et qui avons les moyens, plutôt, d'assurer notre propre juridiction et de l'appliquer. Donc, on verra ce que le projet de loi dit et on va comme tout le monde commenter en fonction du libellé qui sera présenté aujourd'hui.

Mme Plante (Caroline) : Sur le principe, est-ce que vous voyez d'un bon oeil l'interdiction du port de signes religieux?

M. Picard (Ghislain) : Bien, écoutez, encore une fois, ça dépend de la définition qu'on y donne. Parce que c'est très clair que, chez nous, il y a des pratiques qui sont autres que ce qui existe ailleurs au Québec. Donc, on devra également tenir ça en considération.

Des voix : Merci.

Le Modérateur : Merci.

(Fin à 9 h 29)

Participants


Document(s) Related