(Neuf heures une minute)
Le Modérateur
: Donc,
bonjour, bienvenue à ce point de presse qui rassemble la Côte-Nord.
S'adresseront à vous aujourd'hui Mme Lorraine Richard, députée de Duplessis, M.
Réjean Porlier, maire de Sept-Îles, M. Guy Bellefleur, représentant de la communauté
de Pakuashipi — je suis bon — Luc Noël, préfet de la MRC de
Minganie et Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des premières nations du
Québec et du Labrador. Ensuite, il va y avoir une période de questions, on va
vous demander de rester sur le sujet. Donc, Mme Richard, à vous la parole.
Mme Richard : Bonjour. Vous
savez, quand la Côte-Nord se déplace à Québec, toute la Côte-Nord se déplace à
Québec, c'est parce que c'est important.
Ce matin, on a des élus, des maires, nous
avons les chefs autochtones, j'ai mon collègue Martin, député de René-Lévesque,
on est tous unis ensemble derrière un seul projet qui est important. Il y en a
d'autres, il y a le pont du Saguenay, il y a la 389, mais il y a un projet pour
lequel, écoutez, on continue de se battre, de faire valoir nos idées, c'est le
prolongement de la route 138 pour désenclaver la Basse-Côte. La Basse-Côte
n'est pas reliée au Québec, au reste du Québec par un réseau routier.
Nous devions avoir également avec nous les
élus de la Côte-Nord. J'ai une pensée aujourd'hui pour M. Randy Jones, qui,
pour lui, la 138, c'est la bataille de sa vie. Il ne peut malheureusement pas
être avec nous ce matin, M. Jones a dû retourner chez lui à cause de problèmes
de santé. Vous comprendrez aussi que, pour les autres élus de la Basse-Côte,
juste se rendre de Blanc-Sablon à Sept-Îles, ensuite de Sept-Îles à Québec par
avion, c'est des coûts astronomiques, c'est extrêmement cher, le coût du billet
d'avion.
Et, ce matin, on veut lancer un message au
gouvernement qu'il faut qu'il soit derrière nous, avec nous pour continuer à
avoir des sommes, avoir des échéanciers pour qu'on puisse enfin, enfin croire
qu'un jour on aura une route 138 jusqu'à Blanc-Sablon.
Vous voyez une délégation importante des
gens de partout sur la Côte-Nord qui sont avec nous. Et je cède maintenant la
parole à M. Réjean Porlier, maire de Sept-Îles.
M. Porlier (Réjean) : Oui. Bonjour,
tout le monde. D'abord, merci à toute la délégation d'être là. Merci aux représentants
de communautés innues, le grand chef Ghislain Picard, Mike Mckenzie, de la communauté
Uashat-Maliotenam, chez nous, M. Bellefleur qui représente Pakuashipi. Merci
d'être là, tout le monde.
Écoutez, je m'en venais ici, ce matin,
moi, avec l'idée qu'on allait voir si on avait un gouvernement qui allait nous
dire : Oui, on va travailler avec vous pour terminer la route 138,
qui nous est promise, soit dit en passant, depuis au moins 50 ans. Ce que
j'apprends, c'est que, dans le budget, on avait un 200 millions qui était
là, réservé par l'ancien gouvernement, qui n'est plus là. On va peut-être faire
des bouts ou peut-être pas.
J'aimerais remettre en perspective, on l'a
fait par un article ce matin — ceux qui ne l'ont pas vu, allez le
voir dans les trois médias, journal Le Devoir, Journal de Québec
et Le Soleil — on a fait mention du fait que la Côte-Nord
rapporte énormément au Québec, énormément, ne serait-ce que par le biais d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec, on nous annonce... J'étais à
l'Assemblée nationale hier, j'entendais des ministres, on parle d'avoir un
bénéfice net de 5,3 milliards. 40 % de cette énergie-là sort de la
Côte-Nord, ou est produite, ou elle transite par la Côte-Nord. 40 % de
5,3 milliards, là, on est à 2 120 000 000 $. On va
prendre 10 % de ça par année pour... jusqu'à ce qu'on ait complété la route 138,
là, ça représenterait, grosso modo, probablement... Nous, on espérait
200 millions. 200 millions un peu plus par année, dans 10 ans,
on ne parle plus de la route 138.
Alors, à quelque part, ce qu'on voudrait,
c'est que la population comprenne bien. Parce que toute la population du Québec
profite de la Côte-Nord. Et moi, j'ai reçu l'appui de nos deux fédérations, de
la FQM, de l'UMQ, les collègues ont dit être derrière nous dans ce dossier-là,
alors j'espère qu'ils vont parler à leurs membres puis qu'ils vont dire :
La Côte-Nord, donnez-leur donc leur route. Désenclavez la Côte-Nord.
Et, vous savez, ce n'est pas juste pour
toutes communautés qui sont isolées — parce que ça existe encore,
puis plusieurs sont souvent en mode survie, soit dit en passant — mais
c'est aussi pour ouvrir le corridor avec Terre-Neuve-et-Labrador et avoir des
échanges commerciaux. C'est énormément de retombées pour la Côte-Nord.
Et, vous avez vu, la démographie de la
Côte-Nord, les cinq dernières années, est en diminution, hein, une des deux
seules régions au Québec où c'est le cas. Alors, le premier outil de
développement économique pour une région, c'est bien l'accès à son territoire.
Alors, qu'on nous donne nos outils de développement. Et j'espère que le
gouvernement qui est présent va se mettre en mode action et va déterminer un
échéancier comme M. Bonnardel nous avait dit vouloir le faire lorsqu'il est
venu à Sept-Îles.
On nous a envoyés... le gouvernement
précédent nous a envoyés à Ottawa. On est allés à Ottawa chercher un appui du
ministre Champagne. Le ministre Champagne a dit : Si Québec priorise, on
sera au rendez-vous. Et là on est à Québec et on s'aperçoit que non seulement
on ne nous annonce pas des sommes pour terminer puis un échéancier, mais on est
en train d'attendre après le fédéral pour dire : Ah! le fédéral n'est pas
là.
On a fini de jouer au ping-pong avec les
gens de la Côte-Nord, là. Il est grand temps qu'on ait un échéancier, des
sommes d'avancées, qu'on mette les argents nécessaires et qu'on complète notre
route 138 pour pouvoir se développer comme toutes les autres régions du
Québec. Merci.
Le Modérateur
: M.
Bellefleur.
M. Bellefleur (Guy) :
Bonjour, tout le monde. Moi, je viens de la communauté d'Unamen Shipu, je
travaille pour la communauté de Pakuashipi, je suis leur représentant. Qu'est-ce
qui se passe sur la Basse-Côte? L'absence d'une route. Ce n'est pas le temps
d'être malade, le soir, parce qu'il n'y a pas de route. Comment tu vas te faire
évacuer? Il n'y a pas d'aéroport dans les communautés de la Basse-Côte, O.K.?
On nous annonce des choses
depuis avril 2015. La somme a été 232 millions. Où est-ce qu'il est passé,
cet argent-là? Ce matin, on apprend qu'il va y avoir déboisement. Mais je viens
de la Basse-Côte. Quand je conduis une motoneige durant l'hiver, là, je peux
conduire les yeux fermés parce qu'il n'y a pas de forêt!
Donc, on demande au
gouvernement du Québec, là, de mettre des sommes d'argent nécessaires. Vous
voyez ces gens-là? On est réunis, on est unis pour une cause, puis la cause,
là, c'est désenclaver les communautés de la Basse-Côte. On veut créer de la
richesse, on veut travailler ensemble, on veut que les gens apprennent à
travailler, O.K., qu'on puisse développer les ressources qui sont là.
Les ressources, ils sont
là, on va les mettre en valeur. Pour les mettre en valeur, il faut que les gens
travaillent ensemble. C'est ce qu'on est venus dire au gouvernement. C'est ce
qu'on veut faire. Tout le monde va en profiter. Qu'on arrête de nous profiter, les
barrages hydroélectriques, les mines, des forêts, O.K.? Au nord de Sept-Îles,
là, il y a plein de forêt. Mais qu'est-ce qu'on en profite? Absolument rien.
Quand je dis que les
communautés sont mal prises, quand il y a des problèmes de santé, là, bien
souvent, là, c'est l'armée qui vient évacuer les personnes avec des gros
hélicoptères. C'est ça, la réalité pour les gens de la Basse-Côte. Merci.
Le Modérateur
:
Luc Noël.
M. Noël (Luc) : Bonjour. On
est ici ce matin pour savoir qui s'intéresse à la Côte-Nord. On ne sent pas beaucoup
d'intérêt pour la Côte-Nord, malgré qu'on s'est déplacés, beaucoup de chefs
autochtones, beaucoup d'élus nord-côtiers. On a rencontré ce matin le ministre
Bonnardel, on a rencontré notre ministre de la Côte-Nord, M. Julien. On leur a
demandé un plan de match clair, on veut savoir combien ça coûte de terminer la
138 et quand est-ce qu'on peut la terminer, la 138.
M. le maire de Sept-Îles mentionnait
tantôt que 40 % du budget de 5 milliards d'Hydro-Québec sort de la
Côte-Nord. La Côte-Nord représente aussi 1 % de la population du Québec.
Mais on contribue pour 2,2 % du PIB du Québec. Est-ce qu'on peut l'avoir,
ce 200 millions là par année que l'on demande pour terminer la 138 jusqu'à
Blanc-Sablon et pour ouvrir aussi la voie d'échanges commerciaux avec notre
principal voisin qui est Terre-Neuve?
On veut qu'on occupe le territoire. Mais
on veut l'occuper, le territoire, mais on veut l'occuper aussi de façon
dynamique. On veut que notre gouvernement, qui se dit un gouvernement
économique, nous donne un engagement clair pour notre demande chez nous. Ce
qu'on veut, c'est un investissement pour la Côte-Nord et pour le Québec. On est
en attente d'un plan d'affaires clair pour la Côte-Nord. On a senti, de la part
de nos ministres, ce matin, une volonté, mais ce qu'on veut, c'est un
engagement pour la Côte-Nord.
Le Modérateur
: Merci.
M. Picard.
M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans sa langue) Bien, d'abord, mes remerciements à
Mme Richard de nous recevoir ce matin. Et ça me fait extrêmement plaisir de me
solidariser avec les élus tant Premières Nations que Québécois ce matin. Et
j'aimerais saluer tous les élus qui sont avec nous de la région de la Côte-Nord.
Mon collègue et ami Guy Bellefleur, qui
parlait un peu plus tôt, est originaire, comme il le disait lui-même, d'Unamen
Shipu. Pour ceux d'entre vous qui avez bien réussi en géographie, vous saurez
où c'est. Et c'est à peu près à une trentaine de kilomètres, entre 30 et 40 kilomètres,
là où la route finit à Kegaska. Et Guy disait, il y a à peu près une vingtaine
d'années, il disait : Je commence à être tanné soit d'atterrir ou
d'amerrir, je pense que c'est le temps que je puisse avoir le choix et ne pas
dépendre des horaires qui ne sont pas les miens. Et donc ça fait au moins 20 ans,
sinon plus, qu'on parle de la 138 et de son prolongement.
Il y a plusieurs bonnes raisons qui font
en sorte que les Premières Nations sont étroitement associées à cette démarche.
Et d'abord, on veut très certainement faire la promotion de l'esprit de collaboration
qu'on veut installer entre les municipalités et nos communautés à l'échelle du
Québec, et le prolongement de la 138 est un bel exemple. Mais, en même temps,
comme nous le rappelait Guy, un peu plus tôt, il y a des situations qui sont
extrêmement précaires, dans le domaine de la santé, et il y a les habitudes
aussi de nos communautés qui ont... Je veux dire, quand quelqu'un est malade,
bien, ce n'est pas une ou deux personnes qui voyagent avec la personne, c'est
généralement la famille. Et ça, c'est l'esprit qui est particulier et
spécifique à notre communauté, donc c'est important de prendre ça en
considération.
L'autre aspect, c'est qu'on connaît les
lacunes et les difficultés que nos communautés ont, dans le domaine du logement,
et je pense qu'une route, un réseau routier permettrait sans doute de diminuer les
coûts qui sont astronomiques au niveau de de l'habitation, au niveau du
logement dans nos communautés. Donc, il y a ces aspects-là aussi qui méritent
d'être soulignés.
Bien, écoutez, l'année dernière, j'étais
dans la région de la Baie-James. Pour une des rares fois, bien, je l'ai fait
par la route entre Matagami... Je ne me suis pas rendu à Radisson, mais
Matagami‑Radisson, c'est à peu près 600 km, et c'est une route bien asphaltée,
et il y avait à peu près un chantier de réfection du réseau routier, là-bas,
sur à peu près 60 km. Et je ne sais pas si vous connaissez la population
de Radisson, bien, c'est à peu près 450, 500 personnes, donc c'est
beaucoup plus important du côté de la Basse-Côte-Nord. Et je me demande
pourquoi il y a ces chantiers-là en branle dans une région qui n'est quand même
pas aussi populeuse que d'autres régions. Et, faut-il le rappeler, je pense que
la Basse-Côte-Nord est la seule région, à l'exception du Nunavik et de
Schefferville, qui n'est pas reliée par un réseau routier, et ça, je pense que
c'est aussi important.
Et en conclusion, bien, je dirais que nos
communautés sont là, nos communautés ne demandent pas mieux que de participer à
une activité économique à créer. Et je pense que le départ de tout ça, bien,
c'est un réseau routier qui permet à nos communautés également de s'épanouir.
Donc, encore une fois, mes félicitations aux élus tant innus que québécois, là,
pour cette démarche, et évidemment l'Assemblée des premières nations
Québec-Labrador est en appui total, sans réserve, à cette démarche-là. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. On va passer aux questions. Madame Plante.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour. Vous avez mentionné... quelqu'un a mentionné qu'il y a eu des
rencontres avec M. Bonnardel et M. Julien. Qu'est-ce qu'ils vous ont
dit exactement?
M. Porlier (Réjean) : Bien,
ce matin, on les a rencontrés avant le point de presse. En réalité, ce qu'on
demande, depuis le passage du ministre Champagne à Sept-Îles le 23 janvier,
alors que lui nous disait : Il s'agit que Québec priorise, depuis le 23
janvier on demande une rencontre, une bonne mise à niveau avec tout le monde de
la Côte-Nord en même temps. Arrêtons de jouer ça à la pièce avec tout le monde.
On veut tous comprendre le même scénario, qu'est-ce qui manque, combien de
temps ça prend et combien ça coûterait. Ce matin, on nous disait : Bien,
on n'a pas fini d'analyser. Ça fait je ne sais pas combien de décennies qu'on
analyse, là. Ça fait que ça, on l'a assez entendu. Et, bon, mettons que ce
serait 200 millions de plus, mettons. Si on part avec l'idée qu'à tous les
ans on met 200 millions, on le réserve, on le met, on avance, bien, si ça
en prend 200 de plus, ça sera une année de plus, tout simplement.
Les ministres, ce matin, on les a sentis à
l'écoute. Moi, je les sens à l'écoute depuis le début. À toutes les fois qu'il
y a un ministre qui débarque chez nous, et on lui parle de ça, c'est clair
qu'il comprend. Le ministre Champagne a compris tout de suite. Comment
développer une région si on n'a pas accès au territoire? Tout le monde comprend
ça, depuis 50 ans, depuis 100 ans, tout le monde qui a passé. René
Lévesque comprenait ça. D'ailleurs, René Lévesque, à l'époque, avait pris une
jeune fille, puis il lui avait dit : Quand tu vas être grande, ça va être
fait. René Lévesque, quelqu'un qu'on respecte beaucoup. Mais, malédiction, elle
a arrêté de grandir. On nous contait ça. Bien, c'est une réalité. Ils l'ont
tous promis chacun à leur tour. Alors, on dit : Là, c'est assez.
Et ce qu'on comprend, ça ne peut pas être
M. Bonnardel, malgré toutes ses bonnes intentions, ça ne peut pas être M.
Julien, malgré toutes ses bonnes intentions, ça doit être le gouvernement. Ça
prend un premier ministre qui se positionne. Moi, j'ai entendu beaucoup
M. Legault parler des régions, pendant la campagne, l'importance des
régions. Là, il a une occasion de dire : Oui, c'est important, la région,
on s'en occupe, on va le faire. Et nous, la région, bien, on dit : On ne léguera
pas à la prochaine génération ce qu'on a vécu puis ce que nos parents puis
grands-parents ont vécu. On va finir ce dossier-là.
Mme Plante (Caroline) :
Pourquoi est-ce que vous pensez que l'argent n'est pas dans le budget?
M. Porlier (Réjean) : Ah!
mais c'est parce qu'on...
Mme Richard : Ce n'est pas
une priorité pour le gouvernement.
M. Porlier (Réjean) : Bien...
Mme Richard.
Mme Richard : Si l'argent
n'est pas dans le budget... Vous savez, quand un nouveau gouvernement arrive et
qu'il fait un budget, il y va par priorités. On avait déjà... on avait fait des
batailles auparavant, certaines revendications auprès du gouvernement
précédent, les libéraux. On avait réussi à obtenir qu'il soit budgété,
décaissé, comme on dit, un 200 millions. Il n'y est plus cette année.
Donc, pour moi, la route 138, le prolongement n'est pas une priorité pour
le gouvernement de la Coalition avenir Québec.
Mme Plante (Caroline) : Il y
a des surplus historiques.
Mme Richard : Il y a des
surplus historiques. Écoutez, vous entendez beaucoup parler de troisième lien,
vous entendez parler de beaucoup de sommes d'argent qui sont dévolues dans
certaines infrastructures. Donc, on pensait, après tout ce temps, toutes ces
décennies, après avoir rencontré le ministre responsable de notre région, le
ministre des Transports, auparavant, que notre message aurait été pas juste
entendu, entendu, écouté et qu'on aurait été en action auprès du gouvernement,
tu sais, celui-ci aurait décaissé des sommes. Malheureusement, les sommes ne
sont pas au rendez-vous.
Mme Plante (Caroline) : Alors,
qu'est-ce que vous attendez pour la suite des choses?
M. Porlier (Réjean) : Ce
qu'on attend, c'est clairement un engagement ferme de terminer cette route-là.
Et tout...
Mme Plante (Caroline) :
De la part de M. Legault lui-même?
M. Porlier (Réjean) :
Oui, bien, absolument, du gouvernement, de dire : Oui, c'est une priorité,
et on va le faire. Mais quand on va le faire? C'est ce qui a toujours manqué
depuis le début, c'est un échéancier. Et, à chaque occasion, à chaque occasion,
les argents ont été redirigés ailleurs. On aurait dit que, quand on allait
chercher une participation d'Ottawa, en même temps, bien, on la prenait, cette participation-là,
puis on la mettait ailleurs. Et là, tout d'un coup, il n'y avait pas plus d'argent,
mais la route ne se complétait jamais.
Mais ce qu'on souhaite... Puis, écoutez,
on y croit, là. Si on n'y croyait pas, on ne serait pas ici à en parler. On y
croit. On pense qu'avec un peu de bonne volonté on va y arriver. Mais surtout,
ce qu'il faut comprendre, c'est que ça va être bon pour tout le Québec. Parce
que, la journée où on va ouvrir ce trafic-là avec Terre-Neuve-et-Labrador, c'est
des échanges commerciaux avec le Québec. Ce n'est pas vrai que les gens vont
rentrer puis vont arrêter à Sept-Îles. Ils vont continuer. Il va avoir des
échanges de biens et de services. On a fait faire une étude là-dessus, avec la
défunte CRE, et c'est clair, il y a des apports économiques importants de ce
côté-là.
On a toujours regardé le prolongement de
la route 138 comme un problème humain, hein, on disait : Ça n'a pas
de bon sens. Puis c'est vrai que ça n'a pas de bon sens. M. Jones, on est
chanceux de l'avoir encore avec nous. Il est rentré pour un problème de coeur,
la semaine passée, et il a eu des problèmes pour avoir un avion pour sortir
pour aller se faire traiter. C'est ça, le quotidien, là. Puis on est chanceux,
il est encore là. On lui dit : Reste chez vous, là, parce qu'on veut
t'avoir pour quand on va couper le ruban. Mais c'est ça, la réalité. Donc, il
est grand temps, là, qu'on dise : Regardons tous les avantages et
avançons.
Et vous savez, moi, quand je suis à l'UMQ,
je représente la Côte-Nord à l'UMQ, au niveau des cités régionales, c'était
unanime, unanime. Il n'y a pas eu de débat, là, tout le monde a dit : On
comprend ça. Eux autres, ils parlent de transport collectif puis de... C'est
ça, leur sujet, les transports collectifs. Nous, on n'a même pas de route.
Imaginez le transport collectif. On est assez loin. Mais ils sont là. Moi, je
comprends que les... FQM, l'UMQ, ils sont là. D'ailleurs, Alexandre Cusson,
lors du conseil d'administration de l'UMQ, a dit à la sortie : Nous, le
désenclavement, ça nous interpelle. Alors, on se dit : Comment ça se fait qu'il
y a un consensus, là, qui semble se dégager un peu partout?
Puis c'est un investissement, un investissement
humain, parce que, oui, il y a l'humain, mais là on a compris, avec le temps,
on va sortir de ça. Parce que c'est beau, l'empathie, mais on a compris qu'on n'y
arrivera jamais, là, tu sais, il n'y a pas suffisamment d'empathie. Mais aujourd'hui,
on parle économie. Économiquement, c'est payant, c'est très payant pour la
Côte-Nord de le faire. On a besoin de ça. Puis c'est bon pour le Québec.
Mme Plante (Caroline) :
J'avais peut-être une… Ah! Vas-y. J'avais une question sur un autre sujet.
M. Cormier (François) :
Bonjour. François Cormier, TVA.
M. Porlier (Réjean) :
Bonjour.
M. Cormier (François) : Vous
parliez de l'étude. Mais, juste avant, les coûts. Est-ce que vous avez une idée
des coûts de la route? Parce que ça semble...
M. Porlier (Réjean) :
Oui. Les montants qu'on avait, là, de préliminaires, on parlait d'environ 1,5 milliard.
C'est pour ça tout à l'heure que je disais : Moi, je pense que, si on
avançait 200 millions par année, là... bon, possiblement que c'est plus, un
peu plus, mais on serait... On ne sautera pas les 2 milliards, là.
M. Cormier (François) : Vous
savez, ces temps-ci, quand M. Legault s'en va faire des annonces dans des entreprises,
par exemple, il nous dit : Mais ça, avec les emplois qu'on va avoir de
plus, l'impôt va le repayer. Est-ce que, selon votre étude, le 1,5 milliard
de dollars que coûterait la route se repaierait finalement?
M. Porlier (Réjean) : Écoutez,
juste avec Hydro-Québec, là, les ressources naturelles qui sortent de chez
nous, là, hein, la Côte-Nord participe...
Une voix
: ...
M. Porlier (Réjean) : Oui, d'accord.
M. Cormier (François) : Est-ce
qu'elle en aurait plus avec la route?
M. Porlier (Réjean) : Oui. On
croit que oui, oui, au niveau des échanges qu'on va avoir avec Terre-Neuve—Labrador.
Juste le tourisme, là, c'est clair que la Côte-Nord, c'est un endroit qui va
être prisé. On le sait, il y a une clientèle pour des endroits comme la
Côte-Nord. Ouvrir les portes va permettre aux touristes de circuler. Puis même
le tourisme international, il n'y a aucun doute que, sur la Côte-Nord... et
ceux qui sont venus puis ceux qui vont venir vont comprendre que, sur la
Côte-Nord, on a de quoi de grandiose à offrir en matière de tout ce qui est
naturel. Ça fait que c'est sûr qu'il va y avoir des retombées.
Une chose est certaine, on le fait à la
graine, présentement, hein, on s'entend. Pour calmer le jeu, on fait
20 km. Pour calmer le jeu, on en fait 40. Donc, on le fait, là, on le fait
à la graine. Un jour, il sera complété. Alors, nous, on dit : Bien,
faisons-le là, puis surtout qu'on est en période où est-ce qu'on a des surplus
importants.
Ce que je comprends, moi, c'est que les
profits d'Hydro-Québec, si j'ai bien compris, ont passé quelque chose de
3 milliards, là... hier, j'ai entendu ça à l'Assemblée nationale,
5,3 milliards. Ça sort de chez nous, tout ça, là, il y en a une grande
partie qui sort de chez nous. Donc, on est en très bonne situation économique.
Hydro-Québec en donne plus, donc on contribue davantage. Tout ce qui est minier,
il se brasse des choses dans le minier, sur la Côte-Nord, il sort encore des
ressources naturelles. Là, on dit : Coudon, le retour, nous autres, là,
notre retour sur l'investissement, on peut-u l'avoir?
Moi, je vous dis, là : Demain,
donnez-nous nos ressources naturelles à gérer, la Côte-Nord, là, donnez-nous
nos ressources naturelles, on va vous vendre l'électricité pour le restant du
Québec sans problème, on va s'assurer que les communautés innues trouvent leur
compte. Vous allez voir que ce ne sera pas long d'avoir une bonne entente avec
eux.
M. Cormier (François) : ...
M. Porlier (Réjean) : Je ne
le dirai pas. Non, mais, écoutez, ce qu'on veut, là, c'est avancer, là.
M. Cormier (François) :
Mme Richard, vous parliez tout à l'heure que ce n'était pas une priotié.
Mais, on le sait, là, des priorités, il y en a plein. Est-ce que ce n'est pas
parce que ce n'est pas juste une priorité prioritaire, puis il y en a d'autres,
investissements, à faire ailleurs avant de faire celui-là?
Mme Richard : Bien, écoutez,
si vous pensez comme ça, là, ça veut dire les gens de la Basse-Côte sont des citoyens
de second ordre. Moi, je ne pense pas comme ça. Chaque citoyen au Québec, et
particulièrement dans mon coin de pays, moi, je dis : Peu importe où on se
trouve sur mon territoire, on doit avoir droit à un minimum de services.
M. Picard, le chef Picard, a fait référence à la route pour aller jusqu'à
Radisson. Moi aussi, je suis déjà allée. Quand j'ai vu cette route-là... Je me
dis : Oh! c'est Hydro-Québec, ça paraît. Ça paraît.
M. Cormier (François) : C'est
quoi, la différence?
Mme Richard : Il n'y a pas
tant de gens que ça, il n'y a pas une population si nombreuse que ça, là. On
n'est pas allé au pro rata de la population pour investir dans cette route.
Chez nous, à chaque fois que nous avons des problèmes au niveau des infrastructures
ou qu'on demande des ajouts au niveau de certains budgets... On ne réussira jamais
en termes de population. Et, si on veut habiter le territoire, puis il est déjà
habité, en Basse-Côte... Si, demain matin, Hydro-Québec allait de l'avant avec
Petit-Mécatina, je peux vous dire que M. Legault ainsi que le gouvernement de
la Coalition avenir Québec mettraient tous les efforts, on aurait une route
asphaltée en très peu de temps. Mais on est réalistes, sur la Côte-Nord, on est
des gens résilients.
Donc, ce que nous demandons, ce que nous
demandons au nouveau gouvernement, c'est un échéancier clair avec des sommes
qui s'y rattachent. Le coût de la route 138 jusqu'à Blanc-Sablon, aujourd'hui,
peut être évalué à 1,5 milliard. Comme on ne demande pas souvent
grand-chose au reste du Québec, mais qu'on leur en donne beaucoup, on dit :
Est-ce qu'on pourrait avoir un échéancier raisonnable, cinq ans, 10 ans,
avec des sommes rattachées au budget à chaque année? C'est aussi simple que ça.
C'est aussi simple que ça.
Et, vous savez, si Terre-Neuve, qui était
la province plus pauvre que le Québec, a réussi à faire la 500... Parce que
vous pouvez faire le tour, aller jusqu'à Blanc-Sablon. Et pourquoi pas que le
Québec investirait pour qu'on puisse faire la boucle, et, nous aussi, cette
partie de la Basse-Côte-Nord, développer des liens commerciaux avec les gens de
Terre-Neuve, avec le tourisme? Il y a des choses à faire. Et, si ce n'est pas
la volonté du gouvernement de la Coalition avenir Québec, bien, ils fermeront
les régions. Est-ce que c'était le discours de M.Legault?
La Basse-Côte-Nord, c'est un pays en soi. Si
on veut habiter notre territoire, il faut donner les moyens d'habiter notre
territoire. Et nous, là, le message qu'on lance aujourd'hui, là, c'est qu'on
est un peu pas mal tannés. On est un peu pas mal tannés, là, qu'on vienne piger
dans notre garde-manger puis on n'a plus rien après, on n'a plus rien pour
notre monde. Ça coûte des fortunes en avion, en frais de transport, pour la
santé, en éducation, maintenir des populations en place, là, qui n'ont presque
pas de services, puis il y avait des endroits où il n'y avait pas d'eau
potable. C'est ça que les gens de la Basse-Côte vivent.
Puis aujourd'hui ils ne sont pas ici, mais
vous avez une délégation de gens qui envoient un message au gouvernement puis
au reste du Québec : Assez, c'est assez. Il faut qu'il y ait des actions
concrètes. Et vous voyez que je suis fâchée, je suis très fâchée. Ça fait 15 ans
que je suis en politique, 15 ans qu'on parle de ce dossier-là, et on en
avait parlé auparavant. Il n'y a aucune volonté gouvernementale pour les gens.
Mais, si la Coalition avenir Québec, qui sont là, ils sont majoritaires, ils
veulent gouverner... Ils avaient promis qu'ils s'occuperaient des régions. M.
Bonnardel dit : Je sens votre préoccupation, je voudrais, ah!, mais là,
là, le ministre des Finances, il ne l'a pas prévu, au Conseil du trésor, ça n'a
pas été prévu.
Qui donne les orientations à un gouvernement?
Le premier ministre, beaucoup, hein? Bien, moi, je lance un message à François
Legault, que je connais assez bien, s'il veut respecter ses promesses puis
s'occuper des régions du Québec, j'apprécierais qu'il s'occupe d'une région, particulièrement
dans Duplessis, qui s'appelle la Basse-Côte-Nord. Cher premier ministre, il y a
des gens aujourd'hui qui vous demandent, qui vous demandent de passer la
commande. Investissez chez nous, vous aurez énormément de retours, et le Québec
profite déjà, déjà de toute la Côte-Nord. Donc, on a une délégation forte, aidez-nous,
s'il vous plaît.
Le Modérateur
: Une
dernière question, peut-être?
Mme Plante (Caroline) :
Alors, peut-être pour M. Picard. Je voulais seulement savoir comment est-ce que
vous accueillez le dépôt d'un projet de loi caquiste sur la laïcité.
M. Picard (Ghislain) :
Bien, pour nous, c'est très clair que pour tout projet de loi qui émane du gouvernement
provincial, dans le cas des projets de loi d'application générale, on est
exclus. Donc, c'est nous qui déterminons, et, au-delà de tout ça, bien... c'est
nous qui déterminons et qui avons les moyens, plutôt, d'assurer notre propre
juridiction et de l'appliquer. Donc, on verra ce que le projet de loi dit et on
va comme tout le monde commenter en fonction du libellé qui sera présenté
aujourd'hui.
Mme Plante (Caroline) : Sur
le principe, est-ce que vous voyez d'un bon oeil l'interdiction du port de
signes religieux?
M. Picard (Ghislain) :
Bien, écoutez, encore une fois, ça dépend de la définition qu'on y donne. Parce
que c'est très clair que, chez nous, il y a des pratiques qui sont autres que
ce qui existe ailleurs au Québec. Donc, on devra également tenir ça en
considération.
Des voix
: Merci.
Le Modérateur
: Merci.
(Fin à 9 h 29)