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Point de presse de M. Andrés Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion

Version finale

Thursday, March 28, 2019, 14 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures cinquante-neuf minutes)

M. Fontecilla : Bonjour. C'est une réaction préliminaire au projet de loi du ministre Jolin-Barrette sur la laïcité de l'État. Nous allons étudier le projet de loi plus en détail pendant le processus législatif, mais déjà on peut partager avec vous certaines constatations.

Premièrement, M. Jolin-Barrette a échoué à faire un projet de loi de compromis, un projet qui permettrait de tourner la page sur ce débat de société. Parmi les points qui soulèvent des questionnements, il y a plusieurs catégories de fonctionnaires qui sont visés qui pourront affirmer qu'ils sont victimes de discrimination. En quoi un régisseur de la Régie du bâtiment, de la Régie de l'énergie ou de la Régie des marchés agricoles peut-il être discriminé au nom de la laïcité? Et je vous rappelle que c'est l'État qui est laïque, ce n'est pas les individus.

M. Jolin-Barrette dit s'appuyer sur le rapport Bouchard-Taylor. Pourtant, la Coalition avenir Québec étire abusivement la portée du concept d'autorité coercitive en plus de ne pas l'écrire sur son projet de loi. Et ça, c'est important, là.

Il n'y a pas, dans ce projet de loi, de définition claire du critère justifiant, selon le gouvernement, d'interdire le port de signes religieux à telle ou telle catégorie de fonctionnaires. Le projet de loi ne parle plus d'autorité ou d'autorité coercitive, par exemple, c'est le vide à ce niveau-là. Aussi, soyons clairs. Le rapport Bouchard-Taylor recommandait noir sur blanc d'autoriser le port de signes religieux pour le personnel enseignant et les directeurs d'école.

Autre chose, l'utilisation de la clause dérogatoire ou de sauvegarde doit se justifier par la nécessité de défendre l'intérêt public. Pourtant, il n'y a aucune menace à l'intérêt public présentement. Et M. Jolin-Barrette n'en a pas fait la démonstration, d'ailleurs.

Au-delà de l'aspect technique et juridique de l'actuel projet de loi, je pense à l'impact humain sur les minorités religieuses si ce projet de loi est adopté. Il y aura des gens qui verront leurs perspectives d'emploi sérieusement restreintes sur la simple base qu'ils portent des signes religieux, les enseignantes, en particulier. C'est certainement, selon nous, discriminatoire, et c'est pour cette raison que le ministre utilise la clause de dérogation ou de sauvegarde.

En conclusion, ce n'est pas un projet de loi de compromis, pas un projet de loi d'apaisement, c'est un projet de loi qui va réanimer le débat et pendant longtemps encore. L'attitude de la CAQ va nous amener évidemment à des affrontements stériles.

Le Québec, en ce moment, après tout ce qu'on a connu, après la crise des accommodements raisonnables, après la crise de la charte des valeurs, après un débat qui s'éternise, a besoin d'équilibre et de modération. Sur ces questions, pas de division. Merci.

Mme Prince (Véronique) : M. Fontecilla, si la CAQ inclut, par exemple, les écoles privées subventionnées dans son projet de loi, est-ce que vous seriez prêts à être plus souples sur le reste?

M. Fontecilla : Nous, on pense que, dans le monde de l'enseignement, que ce soit dans le secteur public ou dans le secteur privé, on ne peut pas appliquer ce qui est prévu par le projet de loi de M. Jolin-Barrette. Nous, ce qu'on croit, c'est qu'on droit retirer... une véritable politique de laïcité, au Québec, c'est de retirer le financement public des écoles privées, dont une bonne partie sont des écoles confessionnelles. Là, on commence à parler de, véritablement, une politique de laïcité pour le Québec.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais est-ce que la position de Québec solidaire, ce que vous exprimez aujourd'hui, vous n'avez pas comme un peu les mains liées avec qu'est-ce qui va être décidé en fin de semaine? On a appris qu'à la mi-mars des militants de votre circonscription ont rejeté le compromis Bouchard-Taylor en disant : Il ne faut pas interdire les signes religieux à n'importe quel employé de l'État. Donc, en ce moment, finalement, on doit attendre à en fin de semaine pour voir qu'est-ce que vous allez décider.

M. Fontecilla : En fin de semaine, lors de notre conseil national, on va déterminer un aspect qui est relativement technique, là, mais qui est très important, là, c'est : à qui on devrait ou non interdire le port de signes religieux. La position traditionnelle du parti, vous la connaissez, c'est selon les recommandations du rapport Bouchard-Taylor, donc c'est ça qui va être tranché en fin de semaine. Et je vous demande d'être patient, c'est samedi après-midi, quelque part, qu'on va connaître la décision finale sur ces points-là très spécifiques.

Mme Lévesque (Catherine) : Est-ce que vous craignez une chasse aux sorcières, aussitôt que la loi va être adoptée, à savoir : La prof porte un hijab, et tout, et tout, il faut la dénoncer, elle change d'emploi, tout ça?

M. Fontecilla : Le ministre a pris soin de prévoir ce qu'on appelle, dans le langage populaire, une clause grand-père pour justement tenter d'éviter les drames qui vont être créés, là, par les congédiements des personnes, des femmes en particulier, des professeurs dans le système scolaire. Mais cela ne règle pas toutes les questions. Est-ce que ces personnes-là, ces femmes en particulier, pourront monter dans la hiérarchie? Évidemment, non, elles ne pourront pas devenir directrices d'école, par exemple. Est-ce qu'elles pourront changer de commission scolaire? On sait que, dans le monde de l'enseignement, c'est une pratique habituelle que les profs se promènent dans différentes écoles, changent de commission scolaire, etc. Est-ce que ça va être permis? Est-ce qu'une commission scolaire va être tentée d'embaucher une femme qui a déjà travaillé dans une commission scolaire mais qui porte le hijab, par exemple? Les clauses prévues dans le projet de loi ne sont pas suffisantes à mon avis.

Mme Lévesque (Catherine) : Quand on a posé la question au ministre, justement, parce qu'il va y avoir ces situations-là, sans aucun doute, il a dit : Ces personnes-là peuvent réaliser leurs rêves si elles enlèvent leurs symboles religieux. Qu'est-ce que vous répondez à ça?

M. Fontecilla : Nous, on est pour l'accès au travail de tout le monde, y compris les minorités religieuses, et, si le législateur se met à imposer des limites, des restrictions sur la base du port de signes religieux, ça nous paraît discriminatoire.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Bouchard-Taylor, c'est ça qu'il proposait, là, puis...

M. Fontecilla : Bien, pas pour les enseignants. Moi, je me réfère aux enseignants en particulier. Bouchard-Taylor se référait au personnel... aux personnes ayant des fonctions d'autorité coercitive. D'ailleurs, dans le projet de loi, il n'y a aucune définition sur ce que c'est, tout d'abord, un signe religieux. Ensuite, le ministre parle publiquement, beaucoup, de personnel en position d'autorité, ne parle jamais en possession d'autorité coercitive. Mais, dans le projet de loi, il n'y a aucune référence à la définition de pourquoi il faut restreindre le port de signes religieux à ces personnes-là. En vertu de quel critère on interdit à une personne, à un enseignant, à une enseignante, de porter un signe religieux? Il n'y a aucun mot. Et pour nous, c'est une faiblesse majeure de ce projet de loi là. Et il n'est pas fondé sur des principes, il est prescriptif, il dit : C'est interdit, point à la ligne. Pourquoi? On ne le sait pas.

Mme Lévesque (Catherine) : ...pour le crucifix, la CAQ a quand même fait volte-face, a changé sa position, ils acceptent de le retirer, finalement, quand le projet de loi va être adopté. Est-ce que c'est un pas vers l'avant? Est-ce que c'est un compromis qui est acceptable pour vous?

M. Fontecilla : C'est un pas dans la bonne direction. Ça fait longtemps que ça fait partie... à cause de l'aspect tellement symbolique du crucifix au salon bleu de l'Assemblée nationale. Nous avons toujours avancé la nécessité d'enlever ce symbole-là. Mais, en même temps, le ministre l'utilise comme un marchandage : si mon projet de loi est adopté, bien, on pourrait l'enlever. Pourquoi ne pas y aller directement, un geste de bonne foi? Nous, pour commencer le débat, hein, avec ce projet de loi, on enlève le crucifix, et voilà, c'est une chose réglée. Mais là on sent une tentative de marchander : Si vous approuvez notre projet de loi, bon, bien, je vais retirer le crucifix. Si vous n'appuyez pas le projet de loi, bien, le crucifix va rester là. Ça nous dérange.

Mme Crête (Mylène) : ...le projet de loi va être adopté de toute façon, la Coalition avenir Québec est majoritaire.

M. Fontecilla : Bien, vous avez vu la motion déposée par le gouvernement aujourd'hui. C'est le gouvernement qui a utilisé ces termes. On enlève le crucifix si le projet de loi n° 21 est adopté.

Journaliste : Pourquoi c'est problématique qu'une femme policière porte un voile, par exemple?

M. Fontecilla : Pourquoi c'est... Écoutez, parce que, selon le rapport Bouchard-Taylor, cette personne-là a une fonction coercitive, une autorité coercitive qui peut jouer avec votre... elle peut vous envoyer en prison, peut jouer avec la liberté.

Journaliste : Mais qu'est-ce que ça change qu'elle porte un voile? Elle ne va pas appliquer la loi comme toute autre personne?

M. Fontecilla : Oui, je suis convaincu qu'une policière ou un policier qui porte un signe religieux ou un juge, peu importe, est en mesure d'appliquer la loi objectivement. Parce qu'encore une fois c'est l'État qui est laïque, pas les individus. Je crois tout à fait à l'objectivité des personnes qui portent le signe religieux. Mais il y a un autre versant de la chose, qui était soulevé par le rapport Bouchard-Taylor, qui est la question de l'apparence de neutralité. Et c'est sur cet aspect-là que le rapport Bouchard-Taylor, encore une fois, recommandait l'interdiction du port du signe religieux. Et c'est cette question-là que nous, on va trancher en fin de semaine.

Le Modérateur : D'autres questions? Merci.

M. Fontecilla : Merci. Bonne journée.

(Fin à 14 h 9)

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