To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Conférence de presse de Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Conférence de presse de Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Annonce concernant la situation actuelle au Québec sur les soins de fin de vie

Version finale

Wednesday, April 3, 2019, 12 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Douze heures une minute)

Mme McCann : Merci. Alors, Dr Bureau, mesdames et messieurs, je me réjouis d'être ici aujourd'hui pour vous annoncer le dépôt du rapport sur la situation des soins de fin de vie au Québec. Je suis particulièrement fière de reprendre le flambeau de ce dossier dont l'unanimité collective et parlementaire avait permis l'adoption à l'époque d'une loi historique au Québec.

Les travaux ayant mené à cette loi méritent qu'on se souvienne du travail de consultation remarquable mené par des députés provenant des quatre formations représentées à l'Assemblée nationale dans huit villes du Québec. Ces consultations avaient permis d'entendre des centaines de citoyens, des ordres professionnels, des dizaines d'experts et de très nombreuses associations. Le climat des échanges a démontré que la société québécoise avait atteint une maturité exceptionnelle et une lucidité sereine lorsque vient le temps de débattre de ces enjeux sensibles.

J'en appelle à nouveau à cette sérénité et à cet esprit de collaboration transpartisan pour la suite des travaux. Les Québécoises et les Québécois sont prêts à poursuivre les discussions. En tant que gouvernement, en tant qu'élus de l'Assemblée nationale, nous avons le devoir d'être proactifs et d'aller au-devant des enjeux qui se présentent, et ce, en vue d'offrir aux personnes en fin de vie le meilleur accès possible à ces services, de manière conforme à leurs volontés, dans le respect de la dignité humaine et de leurs valeurs.

Avant de céder la parole à Dr Bureau pour le dévoilement du rapport de la Commission sur les soins de fin de vie, raison pour laquelle nous sommes tous ici aujourd'hui réunis, j'aimerais rappeler que nous attendons avec beaucoup d'intérêt la publication avant l'été du rapport du groupe d'experts sur la question de l'inaptitude et de l'aide médicale à mourir. Notre gouvernement s'est en effet engagé à la tenue de consultations publiques sur l'élargissement possible des soins de fin de vie pour les personnes inaptes sur le plan clinique et juridique, notamment en ce qui a trait aux demandes médicales anticipées.

Nous prendrons toutefois connaissance des conclusions de ce rapport avant de nous pencher sur un éventuel élargissement de l'accès à l'aide médicale à mourir. Je répète que, lorsque viendra le temps de poursuivre notre démarche, nous entendons le faire de la façon la plus inclusive et la plus consensuelle possible. C'est ce que les Québécoises et les Québécois attendent de nous. Et j'ai confiance que mes collègues seront au rendez-vous.

En terminant, je tiens à remercier la commission pour ses efforts d'analyse approfondie et je salue la justesse et la très grande pertinence de leurs observations. Celles-ci seront fort utiles dans nos actions à venir en vue de permettre au plus grand nombre possible de personnes de bénéficier des soins de fin de vie qu'elles souhaitent, dans la sérénité et en présence de leurs proches.

Alors, je cède la parole au Dr Bureau. Merci. Bonne journée.

M. Bureau (Michel A.) : Mme la ministre, distingués invités de la presse, c'est avec grand plaisir que je viens vous présenter un rapport qui fait état des réalisations, et des principaux constats, et des enjeux concernant les soins de fin de vie depuis l'entrée en vigueur de la loi en décembre 2015.

Tout d'abord, je tiens à préciser que mes collègues et moi reconnaissons les efforts mis en place par les équipes du réseau de la santé et des services sociaux. Il faut souligner la mobilisation exemplaire de ces équipes qui a mené à des changements importants qui ont grandement amélioré l'accès aux soins de fin de vie.

Parmi les grands constats, on a pu faire d'abord le constat que l'aide médicale à mourir nouvellement introduite au Québec affiche une forte croissance, beaucoup plus que ce que la commission parlementaire du moment de la loi avait imaginé. On peut s'attendre à ce que cette croissance se poursuive au cours des prochaines années. Il est donc important de s'assurer que le réseau soit en mesure d'y répondre, en particulier les médecins.

Un autre constat qui ressort est que 96 % des AMM ont été administrées en conformité avec les exigences de la loi. Ceci est très rassurant.

Quant aux AMM qui n'ont pas été administrées, mais qui avaient été demandées, elles représentent un tiers des demandes. Cela nous étonne. Cela requiert une analyse critique afin de mieux comprendre cette situation et d'y apporter les solutions appropriées.

La commission a également observé une augmentation constante des personnes ayant reçu une sédation palliative continue. Ceci, c'est l'anesthésie profonde quelques jours avant le décès et qui se poursuit jusqu'au décès.

Pour ce qui est des directives médicales anticipées, le rapport soulève qu'elles sont malheureusement très peu connues autant de la part de la population que du personnel de la santé. Un effort d'information doit être fait à grande échelle.

Un des enjeux qui ressort de ce rapport est que, bien que l'offre de service en soins de fin de vie ait pris beaucoup d'expansion depuis quelques années, l'accès demeure inégal pour les clientèles des diverses régions. Il faut donc continuer de travailler pour remédier à cette situation de concert avec l'ensemble des acteurs du réseau.

La commission salue la mise en place par Mme McCann d'un groupe de travail qui doit s'attarder là-dessus. De telles mesures témoignent de l'importance qu'accorde le réseau à la volonté des Québécoises et des Québécois de vivre leurs derniers instants dans la sérénité et dignité, en compagnie de leurs proches, le plus souvent possible à domicile. Ces soins empreints de compassion sont offerts dans le plus grand respect par les professionnels dévoués qui ont à coeur d'accompagner les personnes en fin de vie avec beaucoup d'humanité, et je tiens à les remercier de leur engagement. Merci à Mme McCann de poursuivre les efforts entrepris il y a quelques années afin que les besoins des Québécois et Québécoises en matière de soins de fin de vie soient répondus par une offre de service accessible et de qualité. En tant que société, nous avons le devoir d'accompagner nos personnes en fin de vie avec compassion et dans le respect de leur dignité.

La commission fait une série de recommandations que vous allez trouver dans ce rapport. Elle fait des recommandations sur les quatre domaines : les soins palliatifs, qui est la base de tout le continuum de soins de fin de vie, sur la sédation palliative continue, sur l'AMM et sur les déclarations médicales anticipées. Ces recommandations s'adressent à la ministre, aux établissements et à tout le réseau.

Je vous remercie.

Le Modérateur : Merci, Mme McCann. Merci, M. Bureau. Alors, c'est maintenant le temps de la période des questions. Tommy Chouinard, LaPresse.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour, Mme la ministre. D'abord, considérez-vous qu'il y a un problème d'accès à l'aide médicale à mourir?

Mme McCann : Je vous dirais qu'à la lumière du rapport il y a des choses à améliorer. L'intérêt du rapport, c'est que nous avons un portrait vraiment très intéressant, là. Et il faut, nous, comme gouvernement, nous assurer que la population, à quelque endroit qu'elle soit, ait le même accès à l'aide médicale à mourir, aux soins palliatifs, à la sédation palliative continue. Alors, pour nous, c'est l'objectif. Et le rapport de la commission va nous aider vraiment, à partir d'un portrait vraiment complet, à améliorer l'accès à ces services. Alors, nous, évidemment, on va vouloir que les établissements, le corps médical travaillent de concert pour que l'accès à ces services soit le même à travers le Québec.

M. Chouinard (Tommy) : Maintenant, au-delà des disparités régionales, la commission dit tout de même dans son rapport qu'elle est très préoccupée par le fait que certaines personnes qui satisfont à l'ensemble des critères prévus dans la loi, et qui sont donc en droit de recevoir l'aide médicale à mourir, éprouvent des difficultés à l'obtenir. À qui la faute?

Mme McCann : Moi, je vous dirais que, comme l'a dit Dr Bureau, il y a eu de grandes avancées dans ce dossier. Nous devons faire certains ajustements. Il y a des recommandations dans le rapport de la commission qui sont très intéressantes, notamment d'avoir un guichet dans l'établissement, parce qu'il y a des demandes, probablement, qui, peut-être, tombent entre deux chaises, qui ne sont pas entendues, et le rapport nous aide à comprendre le contexte. On doit appuyer nos établissements dans la mise en place, par exemple, d'un guichet, dans le travail qu'on doit faire au niveau de l'adhésion médicale. Il y a un leadership à prendre dans l'établissement par la direction de l'établissement pour aider à ce que cet accès soit amélioré.

Un autre point qui est fort intéressant, fort important, c'est le lien entre soins palliatifs et aide médicale à mourir. Ce que le rapport nous dit, c'est qu'il y a un lien entre le fait qu'il y a des soins palliatifs accessibles dans une région, dans un établissement, et la possibilité d'avoir l'aide médicale à mourir. Et on sait qu'il y a des endroits au Québec où est-ce qu'il y a moins de soins palliatifs accessibles.

D'ailleurs, nous avons un comité actuellement, un comité national sur l'accès aux soins palliatifs, qui est en travail, qui travaille avec plusieurs partenaires, près d'une quarantaine de partenaires, à faire l'état de situation et à nous produire des recommandations là-dessus. Donc, il y a un ensemble de recommandations que nous devons mettre en place pour que l'accès s'améliore pour les citoyens du Québec.

M. Chouinard (Tommy) : M. Bureau nous a expliqué les problèmes d'accès à l'aide médicale à mourir pour des personnes pourtant admissibles. Pouvez-vous nous détailler quel est le problème exactement à l'heure actuelle?

M. Bureau (Michel A.) : Dans toute la chaîne qui conduit à l'administration de l'AMM, il y a des obstacles.

Le premier, c'est de soutenir le patient qui réfléchit alors qu'il est en soins palliatifs : Est-ce que c'est une option qui est possible, nécessaire, souhaitable pour moi? Dans bien des cas, les soins palliatifs, et dans la plupart des cas, sont suffisants. Pour certaines personnes, ce n'est pas suffisant. Alors, quand cela arrive, il faut soutenir cette personne, l'amener à décider elle-même. Et, si elle sent qu'elle n'est pas entendue... Parce qu'on nous a rapporté des anecdotes nombreuses de gens où on dit : Ma mère, mon frère l'a demandé, il n'a jamais été écouté, jamais entendu. C'est là où Mme McCann dit : Il faudrait que, dans l'établissement, il y ait un téléphone, ou un poste, ou une personne qui est dédié à répondre à cela. Alors, dès le départ, quand la personne n'a pas encore arrêté sa décision, il y a déjà un problème, et ceci a comme effet de retarder cette décision, qui peut devenir formelle, mais elle peut devenir formelle tardivement, alors que sa maladie a beaucoup évolué.

Quand la demande est faite, il y a encore des obstacles de délais : trouver un premier médecin, trouver un deuxième médecin, laisser le temps à la personne de réfléchir pour que sa décision soit bien formelle et l'administrer. Et l'administrer durant la période de Noël et du jour de l'An, ou des vacances, ou des week-ends, alors que l'hôpital fonctionne à niveau réduit, pose des embûches de temps, et, des fois, la patiente ou le patient est dans des conditions relativement urgentes.

Alors, dans toute cette échelle, ce cheminement, il y a des obstacles. Il faut les résoudre.

Le Modérateur : Merci. Patrick Bellerose, Journal de Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Le rapport dit qu'il y a seulement 350 médecins qui ont administré l'aide médicale à mourir. Ça représente environ 1,7 % du corps médical. Êtes-vous satisfaite de cette proportion? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour augmenter la proportion?

Mme McCann : Je pense qu'on peut faire des efforts pour augmenter cette proportion et les faire avec, notamment, le Collège des médecins, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Il y a des efforts notamment au niveau des médecins spécialistes aussi. On s'aperçoit... D'ailleurs, dans certains milieux où il y a davantage d'accès à l'aide médicale à mourir, c'est davantage une équipe de médecins de famille et de médecins spécialistes qui donne l'aide médicale à mourir. Donc, ce n'est pas le cas à travers le Québec. Souvent, dans les différentes régions, les établissements, ce sont davantage des médecins de famille. Alors, il y a peut-être là quelque chose à travailler avec notre corps médical, donc une sensibilisation plus grande, mais aussi créer des conditions qui font en sorte que nos médecins vont davantage donner l'aide médicale à mourir pour les citoyens.

M. Bellerose (Patrick) : Tantôt, M. Bureau, en briefing, nous disait : Les médecins ne sont pas nécessairement formés pour ça. Je ne sais pas si ça a été fait, mais, dans la formation à l'université, est-ce qu'on a commencé à intégrer cette notion-là ou est-ce qu'on devrait le faire?

Mme McCann : Je pense qu'on devrait le faire. Et nous avons discuté de ce point, Dr Bureau et moi-même, mais c'est un point important. Il serait certainement important d'intégrer une formation sur les soins de fin de vie, incluant les différents volets dont on parle aujourd'hui, dans la formation qui est donnée à nos futurs médecins.

M. Bellerose (Patrick) : C'est dans vos plans?

Mme McCann : Pardon?

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que c'est dans vos plans comme gouvernement?

Mme McCann : Certainement, nous aurons des discussions avec le ministre de l'Éducation à cet effet. Je pense que c'est une recommandation qui pourrait nous amener à ce que davantage de médecins donnent l'aide médicale à mourir, mais aussi les différents volets, là, des soins de fin de vie. Donc, il y aura des discussions. Je vais certainement discuter de ce point avec le ministre de l'Éducation.

Le Modérateur : Merci. François Cormier, TVA.

M. Cormier (François) : Bonjour. Concernant le suivi des données qui sont à l'intérieur de ce rapport, qui va s'assurer d'en faire le suivi, à savoir... Par exemple, il y a juste eu 30 demandes d'aide médicale à mourir au CUSM, ce qui m'apparaît étonnant dans un... la grosseur de l'établissement. Dans Lanaudière, il y a 13 % des demandes qui n'ont pas été administrées, qui avaient été faites, ce qui m'apparaît aussi étonnant. 13 %, c'est un gros chiffre. Qui va s'assurer d'aller voir les établissements et de dire : Il y a quelque chose qui ne marche pas chez vous, là, visiblement?

Mme McCann : Bien, je pense que la Commission sur les soins de fin de vie a fait un gros travail, un gros travail de nous faire un portrait exact, de nous faire des recommandations. Et c'est vraiment au ministère de la Santé et des Services sociaux, en lien évidemment avec le corps médical, de procéder à élaborer un plan d'action qui va évidemment être déployé dans les différents établissements. Alors, c'est ce qui nous attend. Pour la prochaine étape, nous allons demander qu'il y ait un plan d'action qui soit élaboré pour mettre en oeuvre les recommandations de la Commission des soins de fin de vie. Et les établissements auront à déployer évidemment des actions dans ce sens, et il y aura des échanges importants avec les dirigeants des différents établissements là-dessus.

M. Cormier (François) : Dr Bureau, vous avez dit tout à l'heure que les gens arrivent tard en soins palliatifs et que c'est souvent en raison du corps médical. Quel message devrait être entendu de la part du corps médical pour qu'ils comprennent que les soins palliatifs, il faudrait que ça soit avant la date où ils envoient finalement les patients?

M. Bureau (Michel A.) : Oui, vous avez raison là-dessus. Et vous citiez, dans la période de briefing, un exemple proche de vous qui l'illustre. La première notion que vous avez des soins palliatifs, que vous avez apprise dans votre vie, que moi aussi, j'ai apprise, c'est les dernières semaines de vie, mais ce n'est plus ça aujourd'hui. Les soins palliatifs peuvent permettre d'identifier des gens pour qui la condition physique ne permet pas de guérison. Ils doivent être pris à charge longtemps d'avance, et c'est parfois plusieurs mois. Mais la profession médicale, les soignants, en général, considèrent encore que les soins palliatifs, c'est le dernier mois ou les derniers 15 jours de la vie. Alors, il y a une éducation à faire, médicale. Et ceci est en train d'évoluer, là. On dit aujourd'hui : Ça ne va pas assez vite. C'est ça… sur ce point.

M. Cormier (François) : Est-ce qu'on manque de chambres en soins palliatifs actuellement au Québec? Est-ce qu'on manque de place?

Mme McCann : Bien, en fait, moi, ce que je vous dirais, puis, Dr Bureau, vous allez sûrement vouloir compléter, c'est que les travaux actuels du comité national qu'on a mis en place sur les soins palliatifs, c'est vraiment pour faire cet état de situation. Il y avait des objectifs, hein, dans le plan d'action 2015‑2020. Tous n'ont pas été atteints. Et nous devons faire en sorte que, oui, comme le dit Dr Bureau, les soins palliatifs sont un volet important de l'offre de service en santé et services sociaux et nous allons voir à ce que les écarts soient comblés au niveau de l'offre de service en soins palliatifs. Alors, étant donné le lien important entre la présence de soins, l'accès aux soins palliatifs et l'aide médicale à mourir, encore une fois, d'autant plus qu'il faut ajouter cette offre de service au Québec dans les meilleurs délais.

Le Modérateur : Merci. Patricia Cloutier, Le Soleil.

Mme Cloutier (Patricia) : Bonjour. Tout à l'heure, M. Bureau nous a fait part que les directives médicales anticipées, il y a un registre au Québec, mais qu'il est totalement méconnu, que les gens ne s'inscrivent pas sur ce registre-là. Est-ce que vous avez l'intention de déployer une campagne de sensibilisation? Parce que ça devait être fait, là, selon ce qu'il nous a expliqué, quand la loi a été adoptée il y a quatre ans.

Mme McCann : Je pense qu'il faudrait le faire. C'est une recommandation importante, là, de la commission. Ce que je comprends, c'est 0,5 % de la population qui a inscrit ses demandes médicales, ses directives médicales anticipées. Alors, il faut faire une campagne d'information, de sensibilisation, pour des raisons évidentes, qu'évidemment on est beaucoup plus adaptés aux besoins qui ont été inscrits par des citoyens. Et ça aide beaucoup l'équipe soignante aussi, la famille également, on le sait, dans ces circonstances-là. Alors, nous allons certainement vouloir faire une campagne de sensibilisation aux DMA dans un futur rapproché.

Mme Cloutier (Patricia) : Sur l'élargissement de l'aide médicale à mourir, je sais que vous attendez le dépôt du rapport pour aller plus loin là-dessus, les gens qui sont inaptes et tout, mais expliquez-nous comment ça va fonctionner. Est-ce que ça va être votre gouvernement, la CAQ, qui va décider, de façon... tu sais, où est-ce qu'on s'en va là-dessus, parce que vous avez pris des engagements, ou vous voulez absolument un consensus, l'adhésion de tous les partis d'opposition puis de la société en général, après les consultations, là, pour aller de l'avant dans un élargissement de l'aide médicale à mourir?

Mme McCann : Je pense que nous, on veut continuer dans la même foulée que ça a toujours été, hein, dans ce dossier. D'ailleurs, il faut le dire, qu'au Québec nous sommes vraiment dans une approche, je vous dirais, assez exceptionnelle parce que je pense qu'on ne retrouve pas ce consensus aussi fort. Et la démarche qui a été faite depuis le début, nous devons la poursuivre. Et nous allons le faire de façon, comme je l'ai dit, transpartisane, et nous allons le faire aussi en consultant la population. Donc, il faut qu'il y ait, dans un dossier comme celui-ci, un consensus le plus large possible de la population. Et nous savons à quel point la population veut être impliquée dans l'évolution, les décisions que nous allons prendre pour la suite des choses.

Mme Cloutier (Patricia) : Juste pour préciser. La population pourra s'impliquer probablement à l'automne prochain? Si le rapport est déposé en juin, il y aura des consultations l'automne prochain là-dessus?

Mme McCann : Il y aura des consultations publiques, c'est certain. À quel moment exactement? Je ne veux pas trop m'avancer, là, pour ne pas décevoir. Mais évidemment nous, on veut que ça progresse dans les meilleurs délais. Alors, le rapport est déposé ce printemps, et nous allons procéder dans les meilleurs délais pour une consultation publique.

Le Modérateur : Merci. Il reste 12 minutes à la période des questions. Alors, Véronique Prince, Radio-Canada. Ensuite, Caroline, avais-tu des questions? Oui, Véronique Prince.

Mme Prince (Véronique) : ...seulement 12 minutes?

Le Modérateur : Oui. On va... Oui.

Mme Prince (Véronique) : O.K. Normalement, on prend un petit peu plus de temps pour un rapport aussi important comme ça, là. Je voulais juste vous le spécifier.

Moi, j'ai deux questions. Je vais faire ça vite, d'ailleurs. Première question. Concernant Montréal, je veux revenir sur les disparités régionales. C'est quoi, le problème de Montréal, en fait? Est-ce que c'est un problème de culture là-bas? Les médecins ne veulent pas donner l'aide médicale à mourir? Pourquoi Montréal, spécifiquement, on n'est pas capables de l'obtenir?

Mme McCann : Bien, d'abord, et, je pense, Dr Bureau voudra compléter, c'est inégal, hein, au niveau de Montréal. Il y a des établissements à Montréal... Prenez le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal. L'offre de service en soins de fin de vie, en aide médicale à mourir, elle est au-dessus de la moyenne provinciale. Alors, il y a eu un leadership de l'établissement. Il y a eu une adhésion du corps médical. Il y a des établissements à Montréal qui ont débuté l'exercice un an après que les orientations ont été données pour toutes sortes de raisons. Il y a des établissements où les soins palliatifs sont moins accessibles, sont moins présents. Ça, ça peut jouer aussi. Il demeure qu'à Montréal, comme ailleurs au Québec, nous devrons tous amener le réseau à ce que l'offre de service, l'accès pour les citoyens soient comparables à travers l'ensemble du Québec.

Mme Prince (Véronique) : Dr Bureau, j'avais une question aussi pour vous. Vous avez dit tout à l'heure qu'il peut y avoir plusieurs raisons pourquoi les gens n'obtiennent pas l'aide médicale à mourir. Et, parmi ces raisons, ils peuvent s'être fait dissuader en cours de route. Pouvez-vous élaborer davantage là-dessus? Est-ce que c'est des médecins, du personnel soignant qui leur disent : Écoutez, vous devriez plutôt avoir recours à des soins palliatifs, ou c'est plutôt leur famille? Qui dissuade?

M. Bureau (Michel A.) : La personne qui considère l'aide à mourir comme une option est très insécure et elle a besoin d'en parler. Elle en parle, là, aux proches soignants. Parfois, l'accueil est sympathique. Et la bonne réponse serait : Parlez-en à votre médecin, discutez-en avec lui. Les réponses que nous... Les anecdotes que nous avons, on a demandé aux établissements de scruter ça, et c'est pour ça qu'il y a une proposition d'une ligne directe qui by-passe cette résistance qui pourrait exister dans les hôpitaux. Alors, ça vient de l'équipe soignante, ça peut venir des médecins aussi, ça vient des proches. J'ai entendu une anecdote où on dit : La patiente a dit ça à ses enfants. Ils ont dit : Jamais de la vie. Alors, la loi n° 2, son premier article, c'est de dire que la primauté va à la personne elle-même. Puis, si l'entourage ne la soutient pas, il faut qu'il y ait une place qu'ils peuvent la soutenir, et, dans l'institution, c'est ça que nous recommandons de faire.

Le Modérateur : Merci. Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Peu importe le contenu du rapport du groupe d'experts, que vous attendez ce printemps, peu importent les conclusions, c'est clair qu'on va de l'avant avec l'élargissement?

Mme McCann : C'est clair que nous allons faire des consultations publiques sur cette question. Alors, on ne peut pas présumer des conclusions de ce rapport. Mais je pense que la population est très sensible actuellement à ces questions, veut qu'on procède, et nous allons procéder avec des consultations publiques.

Mme Plante (Caroline) : Mais c'est un engagement de la CAQ, donc, de procéder à l'élargissement sur cette question?

Mme McCann : Écoutez, c'est, je pense, même au niveau de la société qu'on souhaite qu'on se penche sur cette question. C'est l'ensemble de la société québécoise qui a fait une grande progression dans les dernières années sur cette question, et le public, la société souhaite que nous la consultions sur ces questions fondamentales.

Mme Plante (Caroline) : ...vous dites aujourd'hui, c'est qu'on promet de consulter, ce n'est pas : On promet d'élargir.

Mme McCann : On promet de consulter la population. Encore une fois, on ne peut pas présumer des conclusions du groupe d'experts. Mais ce que nous savons, c'est que la population a vraiment un intérêt important pour cette question. Donc, nous allons faire les consultations publiques.

Mme Plante (Caroline) : Une question sensible. Est-ce qu'il va y avoir, si ça vient à voter en Chambre là-dessus, un vote libre à la CAQ là-dessus?

Mme McCann : Écoutez, nous, on est un gouvernement qui procède par étapes. Et, là-dessus, je pense, c'est un peu trop tôt pour y répondre, mais il demeure que notre démarche va être transpartisane et elle sera aussi en consultation avec l'ensemble de la société.

Le Modérateur : Alors, maintenant, les questions en anglais. Raquel Fletcher, Global News.

Mme Fletcher (Raquel) : Yes. Good afternoon. I was hoping that you could just tell us your reaction, I guess, because you asked for this study, this chapter to be added, to look at, extending the medical aid to die, and what your reaction is on, you know… that has been done by the commission.

Mme McCann : The report that we're receiving today has to do with the work that has been done, the services that are offered, and also some difficulties that we have and that we have to look at to improve the services at the end of life, that are offered at the end of life to our citizens. That's the report that we're having today. And we have work to do to improve those services. That's the first point.

In terms of expanding the criteria of the «aide médicale à mourir» — in English? — ...

M. Bureau (Michel A.) : Medical assistance.

Mme McCann : …medical assistance, we have to also do some work on this. If you look at also the criteria of the Québec law and the criteria of the federal law, there are some differences. On that too, we would like to consult the population. And, of course, we will want to consult the population with the report of the experts that are looking at the question of this inaptitude and the end of life services.

Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Bureau, in the report, you mention some preoccupations that you have with requests that were made orally and not written. Can you just elaborate on what kind of concerns that brings up?

M. Bureau (Michel A.) : For a patient that is under the stress of end of life, considering receiving «l'assistance à mourir» is a big thing, and these persons need support to discuss it with the medical environment. And, in many places, based on historical basis or personal belief, these patients may be discouraged to pursue the discussion. And this is a problem that we heard more on an anecdotal basis, that the system… and we have no access to this population to verify… So, we ask to open a line, a direct line for those demands that are unheard and should have a support that is needed to help them to make their own judgment and their own decision.

Mme Fletcher (Raquel) : Is that why there seems to be a delay sometimes? Is there a link there? It says that, 28% of the time, it's not administered because that person has already passed away. So, what is happening? Can you explain what is happening in those delays? Like, they ask for it, they make a request, but then… It happens too late, I guess?

M. Bureau (Michel A.) : Well, in the few large institutions, there is just two or three physicians that declare themselves available to give this service. So, for the DSP or for the CEO of the institution that has to find somebody to administer this end of life service, this causes some delays and… But what I really believe is people wait to the end of life almost to make the request. 79%, when they receive «assistance à mourir», the life expectancy is less than three months, and, many times, it's less than two weeks. So, life is very tenacious. And people wait to the extreme end of life to express themselves and this puts them into a position where the delay of the end of life is so short that they may lose their capacity to decide or they may die before. This is certainly a big reason for this.

Mme Fletcher (Raquel) : You want them to make their request earlier? Is that what you're saying?

M. Bureau (Michel A.) : They should be supported earlier to make their decision, right.

Le Modérateur : Merci. Cathy Senay, CBC News.

Mme Senay (Cathy) : The proportion of doctors that, basically, give medically assisted death is a very small proportion. And you said that it should be included in their own training, their own studies at the university. How come it's not included already since this law is into effect since 2015 and it's a global trend, with people, you know, living, getting older? So, I don't know, how do you see this, the fact that we haven't set down and added this type of training for doctors?

Mme McCann : Well, I think it's a part of the evolution, as we are quite surprised of the number of people who have asked «aide médicale à mourir». When the law was passed, I think that what we envisioned was not as many. So, we see that the society is evolving quite quickly, actually, the thoughts, the vision of the society. And I think it's the same thing in terms of physicians, that we have to adapt, probably enough rapidly, right now to include this in the «cursus».

Mme Senay (Cathy) : You're a manager, you're a doctor. What type of skills do you want to see with doctors dealing with this? Because, sometimes, like, it's like a free-for-all: you have family members, you have factions, you have emotions. What does it take? What kind of skills do you want to see with doctors, young doctors, older doctors, dealing with dying with dignity?

Mme McCann : I think Dr. Bureau...

M. Bureau (Michel A.) : First, one thing comes out of the report that shares an optimistic view. It is not the matter of old and experienced doctors that do... proceed to... Young physicians do as much as the older. This did surprise me. Why is that? Probably they're more open to new approaches to medicine. They did not learn that in medical school. I'm a former dean of medicine, and this was not taught to the students. It takes very long for a medical school to adapt to changes. And the education of physicians takes 10 years, so we're always behind what is the change of the society. We need to work with the dean of medicine. We need to work with the professional association, with the Collège des médecins, that gives continuous education. And, in fact, the Collège des médecins of Québec is having some session to give the formation to the physicians, and they do accept. So, what we've done in three years, from zero to 350 physicians… And, in fact, 520 almost did participate into the… What is the projection for the future? This needs to be doubled to meet the demand of the population, and to be doubled in not too many years. I'm quite optimistic that we'll reach that with no barriers.

Mme Senay (Cathy) : And were you surprised to see the inequalities between regions in Quebec, as a matter of access?

M. Bureau (Michel A.) : The discrepancy between regions? It looks to me that some CEO of «établissements» did act very seriously when the law was discussed in 2014. Others waited a year to pass beyond the «mise en oeuvre» of the law before they started and they lost a year. And, in this report, it looks like a year has been lost in the numbers. But now the concern and the unanimity of the society is making such a pressure to the health system that those «fin de vie» services were lower in the priorities… when they are now. And here again I consider that what has happened in three years is fantastic. It is not enough, but it is on the good way and at a fast speed too.

Mme Senay (Cathy) : But the major report that were expecting, Minister, is the advanced consent report. That's a huge part for Quebec society. That's the next step. How do you see your role?

Mme McCann : Well, I think that the population is expecting that we proceed in the same way that it has been in the past three years, that we assume a leadership, a strong leadership in this process, that the government proceeds in the best delays possible, and especially that we consult the population in this very, very important dossier, very sensitive. So, that's what we'll do. We will certainly want to respond to the wishes of the population. And we will do that consultation as much as possible, in the best way possible, because, again, we have to have a consensus as much as possible.

Le Modérateur : Merci à vous tous. Mme la ministre, M. Bureau, merci.

(Fin à 12 h 40)

Participants


Document(s) Related