(Douze heures une minute)
Mme McCann : Merci. Alors, Dr
Bureau, mesdames et messieurs, je me réjouis d'être ici aujourd'hui pour vous
annoncer le dépôt du rapport sur la situation des soins de fin de vie au
Québec. Je suis particulièrement fière de reprendre le flambeau de ce dossier
dont l'unanimité collective et parlementaire avait permis l'adoption à l'époque
d'une loi historique au Québec.
Les travaux ayant mené à cette loi méritent
qu'on se souvienne du travail de consultation remarquable mené par des députés
provenant des quatre formations représentées à l'Assemblée nationale dans huit
villes du Québec. Ces consultations avaient permis d'entendre des centaines de
citoyens, des ordres professionnels, des dizaines d'experts et de très
nombreuses associations. Le climat des échanges a démontré que la société
québécoise avait atteint une maturité exceptionnelle et une lucidité sereine
lorsque vient le temps de débattre de ces enjeux sensibles.
J'en appelle à nouveau à cette sérénité et
à cet esprit de collaboration transpartisan pour la suite des travaux. Les
Québécoises et les Québécois sont prêts à poursuivre les discussions. En tant
que gouvernement, en tant qu'élus de l'Assemblée nationale, nous avons le
devoir d'être proactifs et d'aller au-devant des enjeux qui se présentent, et
ce, en vue d'offrir aux personnes en fin de vie le meilleur accès possible à
ces services, de manière conforme à leurs volontés, dans le respect de la
dignité humaine et de leurs valeurs.
Avant de céder la parole à Dr Bureau pour le
dévoilement du rapport de la Commission sur les soins de fin de vie, raison
pour laquelle nous sommes tous ici aujourd'hui réunis, j'aimerais rappeler que
nous attendons avec beaucoup d'intérêt la publication avant l'été du rapport du
groupe d'experts sur la question de l'inaptitude et de l'aide médicale à
mourir. Notre gouvernement s'est en effet engagé à la tenue de consultations
publiques sur l'élargissement possible des soins de fin de vie pour les
personnes inaptes sur le plan clinique et juridique, notamment en ce qui a
trait aux demandes médicales anticipées.
Nous prendrons toutefois connaissance des
conclusions de ce rapport avant de nous pencher sur un éventuel élargissement
de l'accès à l'aide médicale à mourir. Je répète que, lorsque viendra le temps
de poursuivre notre démarche, nous entendons le faire de la façon la plus
inclusive et la plus consensuelle possible. C'est ce que les Québécoises et les
Québécois attendent de nous. Et j'ai confiance que mes collègues seront au
rendez-vous.
En terminant, je tiens à remercier la
commission pour ses efforts d'analyse approfondie et je salue la justesse et la
très grande pertinence de leurs observations. Celles-ci seront fort utiles dans
nos actions à venir en vue de permettre au plus grand nombre possible de
personnes de bénéficier des soins de fin de vie qu'elles souhaitent, dans la
sérénité et en présence de leurs proches.
Alors, je cède la parole au Dr Bureau.
Merci. Bonne journée.
M. Bureau (Michel A.) :
Mme la ministre, distingués invités de la presse, c'est avec grand plaisir que
je viens vous présenter un rapport qui fait état des réalisations, et des
principaux constats, et des enjeux concernant les soins de fin de vie depuis
l'entrée en vigueur de la loi en décembre 2015.
Tout d'abord, je tiens à préciser que mes
collègues et moi reconnaissons les efforts mis en place par les équipes du
réseau de la santé et des services sociaux. Il faut souligner la mobilisation
exemplaire de ces équipes qui a mené à des changements importants qui ont
grandement amélioré l'accès aux soins de fin de vie.
Parmi les grands constats, on a pu faire
d'abord le constat que l'aide médicale à mourir nouvellement introduite au
Québec affiche une forte croissance, beaucoup plus que ce que la commission
parlementaire du moment de la loi avait imaginé. On peut s'attendre à ce que
cette croissance se poursuive au cours des prochaines années. Il est donc
important de s'assurer que le réseau soit en mesure d'y répondre, en particulier
les médecins.
Un autre constat qui ressort est que
96 % des AMM ont été administrées en conformité avec les exigences de la
loi. Ceci est très rassurant.
Quant aux AMM qui n'ont pas été
administrées, mais qui avaient été demandées, elles représentent un tiers des
demandes. Cela nous étonne. Cela requiert une analyse critique afin de mieux
comprendre cette situation et d'y apporter les solutions appropriées.
La commission a également observé une
augmentation constante des personnes ayant reçu une sédation palliative continue.
Ceci, c'est l'anesthésie profonde quelques jours avant le décès et qui se
poursuit jusqu'au décès.
Pour ce qui est des directives médicales
anticipées, le rapport soulève qu'elles sont malheureusement très peu connues
autant de la part de la population que du personnel de la santé. Un effort d'information
doit être fait à grande échelle.
Un des enjeux qui ressort de ce rapport
est que, bien que l'offre de service en soins de fin de vie ait pris beaucoup
d'expansion depuis quelques années, l'accès demeure inégal pour les clientèles
des diverses régions. Il faut donc continuer de travailler pour remédier à
cette situation de concert avec l'ensemble des acteurs du réseau.
La commission salue la mise en place par
Mme McCann d'un groupe de travail qui doit s'attarder là-dessus. De telles
mesures témoignent de l'importance qu'accorde le réseau à la volonté des
Québécoises et des Québécois de vivre leurs derniers instants dans la sérénité
et dignité, en compagnie de leurs proches, le plus souvent possible à domicile.
Ces soins empreints de compassion sont offerts dans le plus grand respect par
les professionnels dévoués qui ont à coeur d'accompagner les personnes en fin
de vie avec beaucoup d'humanité, et je tiens à les remercier de leur engagement.
Merci à Mme McCann de poursuivre les efforts entrepris il y a quelques années
afin que les besoins des Québécois et Québécoises en matière de soins de fin de
vie soient répondus par une offre de service accessible et de qualité. En tant
que société, nous avons le devoir d'accompagner nos personnes en fin de vie
avec compassion et dans le respect de leur dignité.
La commission fait une série de
recommandations que vous allez trouver dans ce rapport. Elle fait des
recommandations sur les quatre domaines : les soins palliatifs, qui est la
base de tout le continuum de soins de fin de vie, sur la sédation palliative
continue, sur l'AMM et sur les déclarations médicales anticipées. Ces
recommandations s'adressent à la ministre, aux établissements et à tout le
réseau.
Je vous remercie.
Le Modérateur
: Merci,
Mme McCann. Merci, M. Bureau. Alors, c'est maintenant le temps de la période
des questions. Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour, Mme la ministre. D'abord, considérez-vous qu'il y a un problème
d'accès à l'aide médicale à mourir?
Mme McCann : Je vous dirais
qu'à la lumière du rapport il y a des choses à améliorer. L'intérêt du rapport,
c'est que nous avons un portrait vraiment très intéressant, là. Et il faut,
nous, comme gouvernement, nous assurer que la population, à quelque endroit
qu'elle soit, ait le même accès à l'aide médicale à mourir, aux soins
palliatifs, à la sédation palliative continue. Alors, pour nous, c'est l'objectif.
Et le rapport de la commission va nous aider vraiment, à partir d'un portrait vraiment
complet, à améliorer l'accès à ces services. Alors, nous, évidemment, on va
vouloir que les établissements, le corps médical travaillent de concert pour
que l'accès à ces services soit le même à travers le Québec.
M. Chouinard (Tommy) : Maintenant,
au-delà des disparités régionales, la commission dit tout de même dans son
rapport qu'elle est très préoccupée par le fait que certaines personnes qui
satisfont à l'ensemble des critères prévus dans la loi, et qui sont donc en
droit de recevoir l'aide médicale à mourir, éprouvent des difficultés à
l'obtenir. À qui la faute?
Mme McCann : Moi, je vous
dirais que, comme l'a dit Dr Bureau, il y a eu de grandes avancées dans ce
dossier. Nous devons faire certains ajustements. Il y a des recommandations
dans le rapport de la commission qui sont très intéressantes, notamment d'avoir
un guichet dans l'établissement, parce qu'il y a des demandes, probablement,
qui, peut-être, tombent entre deux chaises, qui ne sont pas entendues, et le
rapport nous aide à comprendre le contexte. On doit appuyer nos établissements
dans la mise en place, par exemple, d'un guichet, dans le travail qu'on doit
faire au niveau de l'adhésion médicale. Il y a un leadership à prendre dans l'établissement
par la direction de l'établissement pour aider à ce que cet accès soit
amélioré.
Un autre point qui est fort intéressant,
fort important, c'est le lien entre soins palliatifs et aide médicale à mourir.
Ce que le rapport nous dit, c'est qu'il y a un lien entre le fait qu'il y a des
soins palliatifs accessibles dans une région, dans un établissement, et la possibilité
d'avoir l'aide médicale à mourir. Et on sait qu'il y a des endroits au Québec
où est-ce qu'il y a moins de soins palliatifs accessibles.
D'ailleurs, nous avons un comité actuellement,
un comité national sur l'accès aux soins palliatifs, qui est en travail, qui
travaille avec plusieurs partenaires, près d'une quarantaine de partenaires, à
faire l'état de situation et à nous produire des recommandations là-dessus.
Donc, il y a un ensemble de recommandations que nous devons mettre en place
pour que l'accès s'améliore pour les citoyens du Québec.
M. Chouinard (Tommy) :
M. Bureau nous a expliqué les problèmes d'accès à l'aide médicale à mourir
pour des personnes pourtant admissibles. Pouvez-vous nous détailler quel est le
problème exactement à l'heure actuelle?
M. Bureau (Michel A.) :
Dans toute la chaîne qui conduit à l'administration de l'AMM, il y a des
obstacles.
Le premier, c'est de soutenir le patient
qui réfléchit alors qu'il est en soins palliatifs : Est-ce que c'est une
option qui est possible, nécessaire, souhaitable pour moi? Dans bien des cas,
les soins palliatifs, et dans la plupart des cas, sont suffisants. Pour
certaines personnes, ce n'est pas suffisant. Alors, quand cela arrive, il faut
soutenir cette personne, l'amener à décider elle-même. Et, si elle sent qu'elle
n'est pas entendue... Parce qu'on nous a rapporté des anecdotes nombreuses de
gens où on dit : Ma mère, mon frère l'a demandé, il n'a jamais été écouté,
jamais entendu. C'est là où Mme McCann dit : Il faudrait que, dans
l'établissement, il y ait un téléphone, ou un poste, ou une personne qui est
dédié à répondre à cela. Alors, dès le départ, quand la personne n'a pas encore
arrêté sa décision, il y a déjà un problème, et ceci a comme effet de retarder
cette décision, qui peut devenir formelle, mais elle peut devenir formelle
tardivement, alors que sa maladie a beaucoup évolué.
Quand la demande est faite, il y a encore
des obstacles de délais : trouver un premier médecin, trouver un deuxième
médecin, laisser le temps à la personne de réfléchir pour que sa décision soit
bien formelle et l'administrer. Et l'administrer durant la période de Noël et
du jour de l'An, ou des vacances, ou des week-ends, alors que l'hôpital
fonctionne à niveau réduit, pose des embûches de temps, et, des fois, la
patiente ou le patient est dans des conditions relativement urgentes.
Alors, dans toute cette échelle, ce
cheminement, il y a des obstacles. Il faut les résoudre.
Le Modérateur
: Merci.
Patrick Bellerose, Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Le
rapport dit qu'il y a seulement 350 médecins qui ont administré l'aide médicale
à mourir. Ça représente environ 1,7 % du corps médical. Êtes-vous
satisfaite de cette proportion? Et qu'est-ce qu'on peut faire pour augmenter la
proportion?
Mme McCann : Je pense qu'on
peut faire des efforts pour augmenter cette proportion et les faire avec,
notamment, le Collège des médecins, la Fédération des médecins omnipraticiens
du Québec, la Fédération des médecins spécialistes du Québec. Il y a des
efforts notamment au niveau des médecins spécialistes aussi. On s'aperçoit... D'ailleurs,
dans certains milieux où il y a davantage d'accès à l'aide médicale à mourir,
c'est davantage une équipe de médecins de famille et de médecins spécialistes
qui donne l'aide médicale à mourir. Donc, ce n'est pas le cas à travers le
Québec. Souvent, dans les différentes régions, les établissements, ce sont
davantage des médecins de famille. Alors, il y a peut-être là quelque chose à
travailler avec notre corps médical, donc une sensibilisation plus grande, mais
aussi créer des conditions qui font en sorte que nos médecins vont davantage
donner l'aide médicale à mourir pour les citoyens.
M. Bellerose (Patrick) :
Tantôt, M. Bureau, en briefing, nous disait : Les médecins ne sont pas
nécessairement formés pour ça. Je ne sais pas si ça a été fait, mais, dans la formation
à l'université, est-ce qu'on a commencé à intégrer cette notion-là ou est-ce
qu'on devrait le faire?
Mme McCann : Je pense qu'on
devrait le faire. Et nous avons discuté de ce point, Dr Bureau et moi-même,
mais c'est un point important. Il serait certainement important d'intégrer une formation
sur les soins de fin de vie, incluant les différents volets dont on parle aujourd'hui,
dans la formation qui est donnée à nos futurs médecins.
M. Bellerose (Patrick) :
C'est dans vos plans?
Mme McCann : Pardon?
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
que c'est dans vos plans comme gouvernement?
Mme McCann : Certainement, nous
aurons des discussions avec le ministre de l'Éducation à cet effet. Je pense
que c'est une recommandation qui pourrait nous amener à ce que davantage de
médecins donnent l'aide médicale à mourir, mais aussi les différents volets,
là, des soins de fin de vie. Donc, il y aura des discussions. Je vais
certainement discuter de ce point avec le ministre de l'Éducation.
Le Modérateur
: Merci.
François Cormier, TVA.
M. Cormier (François) :
Bonjour. Concernant le suivi des données qui sont à l'intérieur de ce rapport,
qui va s'assurer d'en faire le suivi, à savoir... Par exemple, il y a juste eu
30 demandes d'aide médicale à mourir au CUSM, ce qui m'apparaît étonnant dans
un... la grosseur de l'établissement. Dans Lanaudière, il y a 13 % des
demandes qui n'ont pas été administrées, qui avaient été faites, ce qui
m'apparaît aussi étonnant. 13 %, c'est un gros chiffre. Qui va s'assurer
d'aller voir les établissements et de dire : Il y a quelque chose qui ne
marche pas chez vous, là, visiblement?
Mme McCann : Bien, je pense
que la Commission sur les soins de fin de vie a fait un gros travail, un gros
travail de nous faire un portrait exact, de nous faire des recommandations. Et
c'est vraiment au ministère de la Santé et des Services sociaux, en lien
évidemment avec le corps médical, de procéder à élaborer un plan d'action qui
va évidemment être déployé dans les différents établissements. Alors, c'est ce
qui nous attend. Pour la prochaine étape, nous allons demander qu'il y ait un
plan d'action qui soit élaboré pour mettre en oeuvre les recommandations de la
Commission des soins de fin de vie. Et les établissements auront à déployer
évidemment des actions dans ce sens, et il y aura des échanges importants avec
les dirigeants des différents établissements là-dessus.
M. Cormier (François) : Dr
Bureau, vous avez dit tout à l'heure que les gens arrivent tard en soins palliatifs
et que c'est souvent en raison du corps médical. Quel message devrait être
entendu de la part du corps médical pour qu'ils comprennent que les soins
palliatifs, il faudrait que ça soit avant la date où ils envoient finalement
les patients?
M. Bureau (Michel A.) :
Oui, vous avez raison là-dessus. Et vous citiez, dans la période de briefing,
un exemple proche de vous qui l'illustre. La première notion que vous avez des
soins palliatifs, que vous avez apprise dans votre vie, que moi aussi, j'ai
apprise, c'est les dernières semaines de vie, mais ce n'est plus ça aujourd'hui.
Les soins palliatifs peuvent permettre d'identifier des gens pour qui la
condition physique ne permet pas de guérison. Ils doivent être pris à charge longtemps
d'avance, et c'est parfois plusieurs mois. Mais la profession médicale, les
soignants, en général, considèrent encore que les soins palliatifs, c'est le
dernier mois ou les derniers 15 jours de la vie. Alors, il y a une éducation
à faire, médicale. Et ceci est en train d'évoluer, là. On dit aujourd'hui :
Ça ne va pas assez vite. C'est ça… sur ce point.
M. Cormier (François) : Est-ce
qu'on manque de chambres en soins palliatifs actuellement au Québec? Est-ce
qu'on manque de place?
Mme McCann : Bien, en
fait, moi, ce que je vous dirais, puis, Dr Bureau, vous allez sûrement vouloir
compléter, c'est que les travaux actuels du comité national qu'on a mis en
place sur les soins palliatifs, c'est vraiment pour faire cet état de situation.
Il y avait des objectifs, hein, dans le plan d'action 2015‑2020. Tous n'ont pas
été atteints. Et nous devons faire en sorte que, oui, comme le dit Dr Bureau,
les soins palliatifs sont un volet important de l'offre de service en santé et
services sociaux et nous allons voir à ce que les écarts soient comblés au
niveau de l'offre de service en soins palliatifs. Alors, étant donné le lien
important entre la présence de soins, l'accès aux soins palliatifs et l'aide
médicale à mourir, encore une fois, d'autant plus qu'il faut ajouter cette
offre de service au Québec dans les meilleurs délais.
Le Modérateur
: Merci.
Patricia Cloutier, Le Soleil.
Mme Cloutier (Patricia) :
Bonjour. Tout à l'heure, M. Bureau nous a fait part que les directives
médicales anticipées, il y a un registre au Québec, mais qu'il est totalement
méconnu, que les gens ne s'inscrivent pas sur ce registre-là. Est-ce que vous
avez l'intention de déployer une campagne de sensibilisation? Parce que ça
devait être fait, là, selon ce qu'il nous a expliqué, quand la loi a été
adoptée il y a quatre ans.
Mme McCann : Je pense qu'il
faudrait le faire. C'est une recommandation importante, là, de la commission.
Ce que je comprends, c'est 0,5 % de la population qui a inscrit ses
demandes médicales, ses directives médicales anticipées. Alors, il faut faire
une campagne d'information, de sensibilisation, pour des raisons évidentes, qu'évidemment
on est beaucoup plus adaptés aux besoins qui ont été inscrits par des citoyens.
Et ça aide beaucoup l'équipe soignante aussi, la famille également, on le sait,
dans ces circonstances-là. Alors, nous allons certainement vouloir faire une
campagne de sensibilisation aux DMA dans un futur rapproché.
Mme Cloutier (Patricia) : Sur
l'élargissement de l'aide médicale à mourir, je sais que vous attendez le dépôt
du rapport pour aller plus loin là-dessus, les gens qui sont inaptes et tout,
mais expliquez-nous comment ça va fonctionner. Est-ce que ça va être votre gouvernement,
la CAQ, qui va décider, de façon... tu sais, où est-ce qu'on s'en va là-dessus,
parce que vous avez pris des engagements, ou vous voulez absolument un
consensus, l'adhésion de tous les partis d'opposition puis de la société en
général, après les consultations, là, pour aller de l'avant dans un
élargissement de l'aide médicale à mourir?
Mme McCann : Je pense que
nous, on veut continuer dans la même foulée que ça a toujours été, hein, dans
ce dossier. D'ailleurs, il faut le dire, qu'au Québec nous sommes vraiment dans
une approche, je vous dirais, assez exceptionnelle parce que je pense qu'on ne
retrouve pas ce consensus aussi fort. Et la démarche qui a été faite depuis le
début, nous devons la poursuivre. Et nous allons le faire de façon, comme je
l'ai dit, transpartisane, et nous allons le faire aussi en consultant la
population. Donc, il faut qu'il y ait, dans un dossier comme celui-ci, un
consensus le plus large possible de la population. Et nous savons à quel point
la population veut être impliquée dans l'évolution, les décisions que nous
allons prendre pour la suite des choses.
Mme Cloutier (Patricia) : Juste
pour préciser. La population pourra s'impliquer probablement à l'automne
prochain? Si le rapport est déposé en juin, il y aura des consultations
l'automne prochain là-dessus?
Mme McCann : Il y aura des
consultations publiques, c'est certain. À quel moment exactement? Je ne veux
pas trop m'avancer, là, pour ne pas décevoir. Mais évidemment nous, on veut que
ça progresse dans les meilleurs délais. Alors, le rapport est déposé ce
printemps, et nous allons procéder dans les meilleurs délais pour une
consultation publique.
Le Modérateur
: Merci.
Il reste 12 minutes à la période des questions. Alors, Véronique Prince,
Radio-Canada. Ensuite, Caroline, avais-tu des questions? Oui, Véronique Prince.
Mme Prince (Véronique) :
...seulement 12 minutes?
Le Modérateur
: Oui. On
va... Oui.
Mme Prince (Véronique) : O.K.
Normalement, on prend un petit peu plus de temps pour un rapport aussi
important comme ça, là. Je voulais juste vous le spécifier.
Moi, j'ai deux questions. Je vais faire ça
vite, d'ailleurs. Première question. Concernant Montréal, je veux revenir sur
les disparités régionales. C'est quoi, le problème de Montréal, en fait? Est-ce
que c'est un problème de culture là-bas? Les médecins ne veulent pas donner
l'aide médicale à mourir? Pourquoi Montréal, spécifiquement, on n'est pas
capables de l'obtenir?
Mme McCann : Bien, d'abord, et,
je pense, Dr Bureau voudra compléter, c'est inégal, hein, au niveau de
Montréal. Il y a des établissements à Montréal... Prenez le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal.
L'offre de service en soins de fin de vie, en aide médicale à mourir, elle est
au-dessus de la moyenne provinciale. Alors, il y a eu un leadership de
l'établissement. Il y a eu une adhésion du corps médical. Il y a des
établissements à Montréal qui ont débuté l'exercice un an après que les
orientations ont été données pour toutes sortes de raisons. Il y a des
établissements où les soins palliatifs sont moins accessibles, sont moins
présents. Ça, ça peut jouer aussi. Il demeure qu'à Montréal, comme ailleurs au
Québec, nous devrons tous amener le réseau à ce que l'offre de service, l'accès
pour les citoyens soient comparables à travers l'ensemble du Québec.
Mme Prince (Véronique) : Dr
Bureau, j'avais une question aussi pour vous. Vous avez dit tout à l'heure
qu'il peut y avoir plusieurs raisons pourquoi les gens n'obtiennent pas l'aide
médicale à mourir. Et, parmi ces raisons, ils peuvent s'être fait dissuader en
cours de route. Pouvez-vous élaborer davantage là-dessus? Est-ce que c'est des
médecins, du personnel soignant qui leur disent : Écoutez, vous devriez
plutôt avoir recours à des soins palliatifs, ou c'est plutôt leur famille? Qui
dissuade?
M. Bureau (Michel A.) :
La personne qui considère l'aide à mourir comme une option est très insécure et
elle a besoin d'en parler. Elle en parle, là, aux proches soignants. Parfois,
l'accueil est sympathique. Et la bonne réponse serait : Parlez-en à votre
médecin, discutez-en avec lui. Les réponses que nous... Les anecdotes que nous
avons, on a demandé aux établissements de scruter ça, et c'est pour ça qu'il y
a une proposition d'une ligne directe qui by-passe cette résistance qui pourrait
exister dans les hôpitaux. Alors, ça vient de l'équipe soignante, ça peut venir
des médecins aussi, ça vient des proches. J'ai entendu une anecdote où on
dit : La patiente a dit ça à ses enfants. Ils ont dit : Jamais de la
vie. Alors, la loi n° 2, son premier article, c'est
de dire que la primauté va à la personne elle-même. Puis, si l'entourage ne la
soutient pas, il faut qu'il y ait une place qu'ils peuvent la soutenir, et,
dans l'institution, c'est ça que nous recommandons de faire.
Le Modérateur
: Merci.
Caroline Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) : Peu
importe le contenu du rapport du groupe d'experts, que vous attendez ce
printemps, peu importent les conclusions, c'est clair qu'on va de l'avant avec
l'élargissement?
Mme McCann : C'est clair que
nous allons faire des consultations publiques sur cette question. Alors, on ne
peut pas présumer des conclusions de ce rapport. Mais je pense que la
population est très sensible actuellement à ces questions, veut qu'on procède,
et nous allons procéder avec des consultations publiques.
Mme Plante (Caroline) : Mais
c'est un engagement de la CAQ, donc, de procéder à l'élargissement sur cette
question?
Mme McCann : Écoutez, c'est, je
pense, même au niveau de la société qu'on souhaite qu'on se penche sur cette
question. C'est l'ensemble de la société québécoise qui a fait une grande
progression dans les dernières années sur cette question, et le public, la
société souhaite que nous la consultions sur ces questions fondamentales.
Mme Plante (Caroline) : ...vous
dites aujourd'hui, c'est qu'on promet de consulter, ce n'est pas : On
promet d'élargir.
Mme McCann : On promet de
consulter la population. Encore une fois, on ne peut pas présumer des
conclusions du groupe d'experts. Mais ce que nous savons, c'est que la population
a vraiment un intérêt important pour cette question. Donc, nous allons faire
les consultations publiques.
Mme Plante (Caroline) : Une
question sensible. Est-ce qu'il va y avoir, si ça vient à voter en Chambre
là-dessus, un vote libre à la CAQ là-dessus?
Mme McCann : Écoutez, nous, on
est un gouvernement qui procède par étapes. Et, là-dessus, je pense, c'est un
peu trop tôt pour y répondre, mais il demeure que notre démarche va être
transpartisane et elle sera aussi en consultation avec l'ensemble de la
société.
Le Modérateur
: Alors, maintenant,
les questions en anglais. Raquel Fletcher, Global News.
Mme Fletcher (Raquel) : Yes. Good afternoon. I was hoping that you could just tell us your
reaction, I guess, because you asked for this study, this chapter to be added,
to look at, extending the medical aid to die, and what your reaction is on, you know… that has been done by the
commission.
Mme McCann : The report that we're receiving today has to do with the work that
has been done, the services that are offered, and also some difficulties that
we have and that we have to look at to improve the services at the end of life,
that are offered at the end of life to our citizens. That's the report that
we're having today. And we have work to do to improve those services. That's
the first point.
In terms of expanding the
criteria of the «aide médicale à mourir» — in
English? — ...
M. Bureau (Michel A.)
: Medical assistance.
Mme McCann : …medical assistance, we have to also do some work on this. If you
look at also the criteria of the Québec law and the criteria of the federal
law, there are some differences. On that too, we would like to consult the population. And, of course, we will want to
consult the population with the
report of the experts that are looking at the question of this inaptitude and
the end of life services.
Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Bureau, in the report, you mention some preoccupations that you
have with requests that were made orally and not written. Can you just
elaborate on what kind of concerns that brings up?
M. Bureau
(Michel A.) : For a patient that is under
the stress of end of life, considering receiving «l'assistance à mourir» is a
big thing, and these persons need support to discuss it with the medical
environment. And, in many places, based on historical basis or personal belief,
these patients may be discouraged to pursue the discussion. And this is a
problem that we heard more on an anecdotal basis, that the system… and we have
no access to this population to verify… So, we ask to open a line, a direct
line for those demands that are unheard and should have a support that is
needed to help them to make their own judgment and their own decision.
Mme Fletcher (Raquel) : Is that why there seems to be a delay sometimes? Is there a link
there? It says that, 28% of the time, it's not
administered because that person has already passed away. So, what is
happening? Can you explain what is happening in those delays? Like, they ask
for it, they make a request, but then… It happens too late, I guess?
M. Bureau
(Michel A.) : Well, in the few large
institutions, there is just two or three physicians that declare themselves
available to give this service. So, for the DSP or for the CEO of the
institution that has to find somebody to administer this end of life service,
this causes some delays and… But what I really believe is people wait to the
end of life almost to make the request. 79%, when they receive «assistance à
mourir», the life expectancy is less than three months, and, many times, it's
less than two weeks. So, life is very tenacious. And
people wait to the extreme end of life to express themselves and this puts them
into a position where the delay of the end of life is so short that they may
lose their capacity to decide or they may die before. This is certainly a big
reason for this.
Mme Fletcher (Raquel) : You want them to make their request earlier? Is that what you're
saying?
M. Bureau
(Michel A.) : They should be supported
earlier to make their decision, right.
Le Modérateur
:
Merci. Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay
(Cathy) : The proportion of doctors that,
basically, give medically assisted death is a very small proportion. And you
said that it should be included in their own training, their own studies at the
university. How come it's not included already since this law is into effect
since 2015 and it's a global trend, with people, you
know, living, getting older? So, I don't know, how do
you see this, the fact that we haven't set down and added this type of training
for doctors?
Mme McCann : Well, I think it's a part of the evolution, as we are quite
surprised of the number of people who have asked «aide médicale à mourir». When
the law was passed, I think that what we envisioned was not as many. So, we see
that the society is evolving quite quickly, actually, the thoughts, the vision
of the society. And I think it's the same thing in terms of physicians, that we
have to adapt, probably enough rapidly, right now to include this in the
«cursus».
Mme Senay (Cathy) : You're a manager, you're a doctor. What type of skills do you want
to see with doctors dealing with this? Because, sometimes, like, it's like a
free-for-all: you have family members, you have factions, you have emotions.
What does it take? What kind of skills do you want to see with doctors, young
doctors, older doctors, dealing with dying with dignity?
Mme McCann : I think Dr. Bureau...
M. Bureau
(Michel A.) : First, one thing comes out
of the report that shares an optimistic view. It is not the matter of old and
experienced doctors that do... proceed to... Young physicians do as much as the
older. This did surprise me. Why is that? Probably they're more open to new
approaches to medicine. They did not learn that in medical school. I'm a former
dean of medicine, and this was not taught to the students. It takes very long
for a medical school to adapt to changes. And the education of physicians takes
10 years, so we're always behind what is the change of the society. We need to
work with the dean of medicine. We need to work with the professional
association, with the Collège des médecins, that gives continuous education. And, in fact, the Collège des médecins of Québec is having
some session to give the formation to the physicians, and they do accept. So, what
we've done in three years, from zero to 350 physicians… And, in fact, 520
almost did participate into the… What is the projection for the future? This
needs to be doubled to meet the demand of the population, and to be doubled in
not too many years. I'm quite optimistic that we'll reach that with no
barriers.
Mme Senay (Cathy) : And were you surprised to see the inequalities between regions in
Quebec, as a matter of access?
M. Bureau
(Michel A.) : The discrepancy between
regions? It looks to me that some CEO of «établissements» did act very
seriously when the law was discussed in 2014. Others waited a year to pass
beyond the «mise en oeuvre» of the law before they started and they lost a
year. And, in this report, it looks like a year has been lost in the numbers. But
now the concern and the unanimity of the society is making such a pressure to
the health system that those «fin de vie» services were lower in the priorities…
when they are now. And here again I consider that what has happened in three
years is fantastic. It is not enough, but it is on the good way and at a fast
speed too.
Mme Senay (Cathy) : But the major report that were expecting, Minister, is the advanced
consent report. That's a huge part for Quebec society. That's the next step.
How do you see your role?
Mme McCann : Well, I think that the population is expecting that we proceed in
the same way that it has been in the past three years, that we assume a
leadership, a strong leadership in this process, that the government proceeds in the best delays
possible, and especially that we consult the population in this very, very
important dossier, very sensitive. So, that's what we'll do. We will certainly
want to respond to the wishes of the population. And we will do that
consultation as much as possible, in the best way possible, because, again, we
have to have a consensus as much as possible.
Le Modérateur
:
Merci à vous tous. Mme la ministre, M. Bureau, merci.
(Fin à 12 h 40)