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Point de presse de Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation

Version finale

Tuesday, April 9, 2019, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente minutes)

Mme Labrie : Bien, bonjour. Je suis très contente d'être ici ce matin en compagnie des... Hein?

Une voix : ...

Mme Labrie : O.K. Très heureuse d'être ici ce matin en compagnie des cofondateurs de Parlons Dysphasie, François Gosselin, Pascale Durocher et Josée Pelletier. Parlons Dysphasie est un organisme qui, depuis cinq ans, fait vraiment un travail remarquable auprès des élus et de la population pour que les enfants atteints du trouble primaire du langage, aussi appelé dysphasie, soient pris en charge adéquatement dans leur milieu scolaire et aient accès aux ressources pour leur permettre de réussir. Depuis cinq ans, ce groupe-là fait des recherches, collige des données, rencontre des élus et des acteurs du milieu, et il multiplie les actions pour que les services spécialisés en milieu scolaire soient accessibles à tous les enfants dysphasiques.

Un des problèmes, c'est qu'il y a environ 80 000 élèves de moins de 18 ans au Québec qui vivent avec la dysphasie, mais il y en a seulement 10 % d'entre eux qui ont accès aux services et qui sont reconnus par le système. Donc, ici aujourd'hui, ce qu'on souhaite, c'est sensibiliser la population et surtout le ministre à l'enjeu de la dysphasie en milieu scolaire parce qu'il faut agir tôt et faire du dépistage, ça, c'est bien, mais ensuite il faut s'assurer que les services suivent. Donc, je laisse Pascale Durocher prendre la parole pour vous en parler.

Durocher (Pascale) : Bonjour. Notre groupe existe depuis cinq ans, et nous faisons la sensibilisation pour le trouble développemental du langage, qui est maintenant le nouveau nom pour la dysphasie. En 2017, nous avions déposé une pétition de plus de 3 000 signatures à l'Assemblée nationale, et M. Jean-François Roberge nous avait appuyés dans nos démarches. Aujourd'hui, nous poursuivons le travail et espérons que des actions concrètes découleront de nos actions.

Dans les médias, on parle beaucoup de santé mentale et de décrochage scolaire, en particulier chez les garçons. Plusieurs de ces troubles découlent des troubles du langage. Selon nous, traiter les troubles du langage serait un moyen concret et efficace pour résoudre plusieurs problématiques. Le trouble développemental du langage, c'est un trouble génétique qui affecte le langage, et ces gens-là ont de la misère soit à parler ou à comprendre. Tous les enfants dysphasiques ont, par définition, des impacts au niveau du fonctionnement quotidien. On ne parle pas ici de trouble de bégaiement ni de trouble moteur de la parole, c'est vraiment différent. Les jeunes qui ont un trouble du langage ont nécessairement aussi des difficultés à l'écrit, donc à l'école. Le trouble développemental du langage n'affecte pas l'intelligence. Il touche principalement les garçons, environ deux, trois garçons pour une fille. C'est le trouble développemental le plus fréquent, même s'il est méconnu. Il est plus fréquent que le TDAH, cinq fois plus fréquent que l'autisme et 50 fois plus fréquent que la déficience auditive.

De plus, tous les dysphasiques ont des troubles associés. Il y en a plusieurs : le TDAH, les troubles moteurs, et il y en a plusieurs autres. Comme donnée principale, il y aurait plus 600 000 Québécois dysphasiques, si on compte tous les âges, et cela affecte toutes les classes de la société. De ce nombre, environ 80 000 étudiants au primaire et au secondaire; 80 000, c'est environ 40 % du nombre total d'élèves EHDAA en troubles d'apprentissage au Québec. D'ailleurs, la recherche a démontré que 80 % des troubles d'apprentissage sont reliés aux troubles du langage oral; c'est énorme. En pédopsychiatrie, 70 % des consultations sont le fait de jeunes qui ont un trouble du langage, c'est incroyable. C'est très élevé.

De plus, les récentes recherches ont démontré que les dysphasiques ont une moins bonne santé physique, et ils ont aussi plus de troubles du... plus de maladies chroniques. La réadaptation n'est pas efficace seulement durant la petite enfance, elle est efficace jusqu'à l'adolescence et même plus. Actuellement, il n'existe aucun organisme gouvernemental, aucun centre de recherche, aucun institut universitaire en trouble développemental du langage au Québec. Les coûts de la réadaptation ne sont pas si élevés que ça, contrairement à ce que certains pensent. C'est environ 4 000 $ par an en centre de réadaptation. Cela se compare aux coûts d'une journée d'hospitalisation ou d'une chirurgie d'un jour. Le collège royal des orthophonistes au Royaume-Uni a fait des recherches, et un dollar investi pour la réadaptation orthophonique des dysphasiques rapporte à long terme 6,45 $ pour la société. C'est très positif.

Il y a plusieurs conséquences à la dysphasie. Souvent, les jeunes enfants ont des troubles émotionnels, des troubles de comportement. Chez les adolescents, ils ont tendance à moins parler, à moins discuter. Souvent on pense que, parce que c'est souvent des garçons, c'est qu'ils sont simplement timides ou bavards, ce qui n'est pas nécessairement le cas. Chez les adultes, ça a aussi des conséquences : signer un bail, passer une entrevue d'embauche ou discuter avec des collègues, c'est des défis pour ces gens-là. Donc, il y a plusieurs conséquences : le taux de diplomation est plus faible chez les dysphasiques, ils ont plus de troubles de santé mentale et aussi de santé physique, et ils ont des difficultés au niveau socioéconomique. Et quand ils sont malades, ils ont plus de difficulté à accéder aux services puis ils sont plus sujets à des erreurs médicales.

La réadaptation en santé est offerte chez les enfants jusqu'à l'âge de cinq ans. Ces services-là doivent être intensifs et, normalement, ils devraient être offerts pendant des années, et la fréquence des rendez-vous, c'est très fréquent, c'est un rendez-vous par semaine, ou aux deux semaines, parce qu'il y a beaucoup de choses à travailler.

Comme c'est le seul traitement, les familles se demandent pourquoi on cesse les services à cinq ans. Jamais les parents n'accepteraient que leur enfant qui a un autre problème de santé cesse d'être suivi sous prétexte qu'il a commencé l'école, et les médecins non plus n'accepteraient pas cette situation. Dans le réseau de l'éducation, la transition se fait mal. Les diagnostics de trouble de langage ne sont pas nécessairement considérés valides par le ministère de l'Éducation. La raison est que le ministère utilise des critères administratifs très restrictifs pour identifier les élèves dysphasiques. Le MEES déclare qu'il y aurait 9 000 élèves handicapés dysphasiques, alors que la réalité est qu'il y en aurait environ 80 000 au primaire et au secondaire. La plupart de ces élèves-là sont en difficulté d'apprentissage, mais ne sont pas considérés comme des élèves handicapés.

À l'école, les enseignants peuvent adapter leurs méthodes d'enseignement et offrir des adaptations aux dysphasiques, mais cela ne traite pas le langage. Nous, ce qu'on veut, comme parents, c'est que la source de leurs difficultés, qui est le langage oral, soit traitée. Il arrive, à l'école, qu'il y a des enfants qui ont des troubles de vision, des troubles d'audition. Ces jeunes-là, on les traite, on les opère, s'il y a lieu, on leur fournit des appareils. Pourquoi les enfants dysphasiques n'ont pas les mêmes services de santé pour traiter leur langage? Malheureusement, la rééducation du langage oral, ce n'est pas la mission de l'école, et les services d'orthophonie sont une rareté à partir de la troisième année du primaire. C'est dommage parce que les dysphasiques, ces jeunes-là, c'est des jeunes intelligents, persévérants et qui veulent communiquer, mais qui ont de la difficulté à le faire.

On va passer rapidement sur les programmes sociaux, mais les programmes sociaux sont mal adaptés. Qu'on parle du soutien à la famille offert par les CLSC ou accéder aux prestations pour enfant handicapé, c'est très difficile pour les familles, et les jeunes qui sont rendus à l'âge de 20 ans et qui veulent avoir accès aux prêts et bourses, à l'aide pour l'emploi, c'est difficile aussi.

On applaudit les projets du gouvernement, dont on parle récemment, pour aider les tout-petits. Par contre, la dysphasie, c'est un trouble permanent qui répond, oui, à la réadaptation, mais ces jeunes-là vont avoir besoin des services pas juste en petite enfance. La problématique du manque de service n'est pas récente, c'est pour ça qu'aujourd'hui on implore le gouvernement de nous aider.

En 2001, un groupe de parents s'était présenté à la colline Parlementaire avec une pétition de dizaines de milliers de signatures pour réclamer des services en centre de réadaptation. La situation a peu changé. Jusqu'à aujourd'hui, il y a même des parents qui ont fait des plaintes au Protecteur du citoyen, mais la situation n'a presque pas changé contrairement à d'autres troubles développementaux plus connus. Les familles des dysphasiques sont peu écoutées.

Pour terminer, on veut présenter cinq propositions pour aider à la situation des dysphasiques. Premièrement, on souhaiterait qu'il y ait un comité d'experts qui soit mis sur pied pour étudier la situation des dysphasiques de tous âges au Québec, autant dans le réseau de la santé, dans le réseau des services sociaux, et évidemment dans le de l'éducation. Comme le ministre Legault avait promis en 2001 la création d'un tel comité pour étudier les besoins et les services rendus aux dysphasiques, nous espérons que maintenant la situation changera et que nous serons entendus.

Notre deuxième proposition : faciliter la création d'une chaire de recherche sur le trouble développemental du langage; quels sont les causes, la génétique, les comorbidités et les traitements.

Troisièmement, mettre sur pied un système de surveillance des cas de dysphasie dans la population, au niveau de la prévalence. Il existe de tels systèmes pour l'autisme, par le système national de l'autisme, il existe aussi des données pour le TDAH, récoltées par l'Institut national de santé publique du Québec. Donc, c'est faisable.

Quatrièmement, pour ce qui est du réseau scolaire, on aimerait que le ministère de l'Éducation change la définition du code de déficience langagière pour avoir une définition scientifique et à jour du trouble développemental du langage et que tous les étudiants dysphasiques soient reconnus. On aimerait, par le fait même, avoir des statistiques valides du nombre d'étudiants dysphasiques et de leur parcours scolaire de façon détaillée.

Et enfin, on aimerait qu'il y ait des services de réadaptation individualisés, incluant l'orthophonie, pour tous les dysphasiques, en incluant les dysphasiques de 8 à 18 ans qui, pour l'instant, n'ont aucun service. Et, en attendant que la structure soit mise en place, M. Legault avait déjà parlé d'aider les familles financièrement, qui doivent se tourner vers le privé pour avoir des services de réadaptation, dont l'orthophonie.

Le langage, c'est une faculté humaine unique. C'est un droit fondamental. Il est au centre de toutes nos communications et de toutes les activités. Les dysphasiques ont les mêmes droits que les autres Québécois qui ont un autre trouble de santé. Il est vraiment temps qu'on offre aux dysphasiques des services de santé, parce qu'ils sont capables de s'améliorer au niveau du langage. On vous annonce, par le fait même, que le 18 octobre 2019 sera la journée internationale du trouble développemental du langage. Parlons dysphasie va collaborer à cette campagne de sensibilisation.

Et, pour terminer, on a espoir, étant donné que M. Legault et M. Roberge sont ouverts, et ils connaissent un peu c'est quoi, la problématique de la dysphasie. Ils nous ont aidés, en 2017, puis on espère qu'ils vont nous aider cette fois-ci, mais que des actions concrètes seront posées. Merci beaucoup.

Mme Labrie : Merci, Mme Durocher. Donc, lorsqu'il était dans l'opposition, le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge, avait rencontré les représentants de Parlons dysphasie. Il avait souligné leur initiative de déposer une pétition ici, à l'Assemblée nationale. On a vu que, dans le passé, M. Legault lui-même avait également donné son appui à la cause de la dysphasie. Donc, aujourd'hui, on demande au ministre de l'Éducation et au premier ministre d'être cohérents puis de s'assurer que tous les enfants qui vivent avec la dysphasie reçoivent les services auxquels ils ont droit, peu importe leur âge, et ça, dans notre réseau de services publics.

Nous, à Québec solidaire, on appuie la revendication de Parlons Dysphasie pour que le ministre de l'Éducation reconnaisse tous les enfants dysphasiques et leur assure une prise en charge en milieu scolaire, parce qu'en ce moment il y a seulement un très faible pourcentage d'entre eux qui ont accès aux services et qui sont reconnus. On doit aussi développer rapidement notre offre de services, parce que même ceux qui sont reconnus n'ont pas accès à tous les services dont ils ont besoin en ce moment. Le gouvernement de la CAQ a beaucoup parlé, dans les derniers mois, de l'importance d'agir tôt, de dépister tôt les problèmes développementaux. Bien, c'est bien beau dépister, mais il faut également que les services soient au rendez-vous, une fois qu'un enfant a son diagnostic. Donc, c'est ce qu'on lui demande aujourd'hui. Merci. Est-ce qu'il y a des questions? Merci.

(Fin à 9 h 43)

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