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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports

Version finale

Wednesday, April 10, 2019, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures cinq minutes)

Le Modérateur : Donc, on va débuter ce point de presse qui concerne le projet de loi sur les taxis. Donc, vont s'adresser à vous aujourd'hui M. Arseneau, Mme Mélanie Pelletier, M. Serge Lebreux, M. Maroun Basbous, M. Claude Guimond, qui vont venir vous parler des impacts collatéraux de ce projet de loi sur le taxi. Donc, je vais laisser la parole à M. Joël Arseneau, porte-parole en matière de transports pour le Parti québécois.

M. Arseneau : Merci beaucoup, Thomas. Alors, bonjour, mesdames et messieurs, bienvenue à ce point de presse. Comme vous le savez, les auditions en commission parlementaire sur le projet de loi n° 17 débutent aujourd'hui, sur le transport rémunéré des personnes par automobile. Depuis le 20 mars, on parle beaucoup de ce dossier. L'industrie du taxi a fait valoir son désespoir devant l'approche du gouvernement et la perspective de sa disparition, ni plus ni moins. La manifestation d'aujourd'hui à l'extérieur des murs de l'Assemblée nationale en est un autre exemple.

Au Parti québécois, nous, aujourd'hui, on veut réaffirmer notre position contre la déréglementation proposée. Alors, on pense que, sous le couvert de la modernisation, le projet de loi du gouvernement de la Coalition avenir Québec va ni plus ni moins anéantir une industrie québécoise, jeter des milliers de gens à la rue. Ce sont, au bas mot, 30 000 familles qui sont touchées par le projet de loi, s'il devait être adopté tel qu'il a été présenté. Ce sont des travailleurs autonomes, ce sont des petites et moyennes entreprises de toute une industrie qui sont touchés.

Alors, au-delà des drames humains dont on a abondamment entendu parler, au cours des dernières semaines, les effets seront aussi palpables tant dans les milieux urbains que dans les milieux ruraux, dont on n'a moins parlé au cours des dernières semaines. On voudrait justement mettre en lumière certains éléments qui ont peut-être été négligés dans la couverture médiatique et dans les propos entendus dans l'espace public.

Le service, donc, dans les régions va certainement être affecté de façon majeure par le projet de loi n° 17. Les services adaptés des personnes handicapées, les personnes aînées, la couverture, donc, en région va certainement être affectée par un projet comme celui-là. Le service à la clientèle, on en a parlé comme étant une amélioration... on a parlé de perspectives d'amélioration, comme quoi le régime serait maintenant plus compétitif, moins coûteux. Et, selon notre analyse de la situation, rien n'est moins sûr parce que, quand on parle de tarification dynamique, on semble oublier que, même si, parfois, la tarification peut être revue à la baisse, en cas de faible achalandage, bien, c'est tout le contraire, lorsqu'on a un fort achalandage à certaines heures de la journée. Et ça, l'effet sur le portefeuille des familles, on estime qu'il a été mal évalué.

La question de formation a été négligée dans le débat jusqu'ici, les questions liées à la sécurité également, on en parlera tout à l'heure. On parle aussi d'ouvrir grandes les portes à de nouvelles personnes, de nouveaux chauffeurs. Est-ce que c'est gage d'un meilleur sort pour ceux qui travaillent dans l'industrie? Nous, on pense que ce sont des voeux pieux du ministre Bonnardel. On pense que l'ubérisation de l'industrie va plutôt entraîner un appauvrissement des gens qui travaillent dans cette industrie. Même la question des revenus de l'État, dans un contexte où une multinationale dominerait le marché, n'a pas été abordée de façon suffisamment approfondie, à notre point de vue.

En fait, l'étude d'impact réglementaire est, au mieux, incomplète. On a l'impression qu'elle a été faite rapidement et plutôt bâclée. C'est la raison pour laquelle l'industrie du taxi revendique une étude sérieuse, et on est en appui à cette demande.

Les résultats des projets pilotes qui ont été menés depuis 2016 ne sont pas connus. Alors, ça, c'est un manque de transparence pour avoir un débat sensé, basé sur des faits. Aucune comparaison avec les expériences vécues à l'étranger ne sont actuellement disponibles. Qu'est-ce qu'il s'est passé dans d'autres juridictions? On fait abstraction des expériences qui pourraient nous être bénéfiques pour prendre une décision adéquate et sensée.

On estime que le gouvernement de la CAQ agit avec précipitation dans ce dossier, sans mesurer les impacts réels de ses décisions. C'est un peu la méthode caquiste, on veut trouver des solutions simples, rapides à des problématiques complexes. On veut anéantir une industrie en se disant qu'elle va, malgré tout, demeurer, qu'elle va créer... il va se créer un équilibre naturellement, que le libre marché va tout régler, que la main invisible va régler les problèmes que le projet de loi n° 17 va créer, et nous, on croit que ce sont des voeux pieux. On déplore cette espèce de pensée magique du gouvernement, qui fait office d'étude d'impact dans le dossier à l'heure actuelle. Les demandes de pause, de trêve, de discussion approfondie de l'industrie ont été, à toutes fins pratiques, rejetées. On ne comprend pas l'urgence du gouvernement à vouloir agir dans ce dossier-là.

On a beaucoup parlé des chauffeurs, des propriétaires de permis qui sont issus de l'immigration. C'est vrai, ce sont des gens qui vont être touchés de plein fouet. On a d'ailleurs rencontré hier, comme formation politique, le porte-parole de l'industrie à Québec, M. Abdallah Homsy. On a reçu nombre d'appels et de témoignages non seulement des milieux urbains, je le disais tout à l'heure, mais également des régions. Ici, on a des gens qui vont témoigner de la réalité à l'extérieur des grands centres.

Ce qu'on veut, donc, faire aujourd'hui, c'est présenter certains éléments peut-être négligés du débat pour l'instant, également des gens qui n'auront pas la chance de s'exprimer, pendant la commission parlementaire qui commence ses travaux aujourd'hui, mais dont les points de vue nous semblent essentiels à une bonne compréhension du dossier.

Alors, je vais laisser la parole à mes invités. Thomas.

Le Modérateur : Donc, maintenant, Mme Mélanie Pelletier, qui est épouse d'un chauffeur de taxi, qui va nous parler du volet famille et volet région.

Mme Pelletier (Mélanie) : Bonjour, tout le monde. Je m'appelle Mélanie Pelletier, je suis la femme de Danny Gosselin, propriétaire d'un taxi dans la région des Laurentides.

L'achat du permis de taxi, il y a quatre ans, a été pour nous un énorme investissement. Il l'est encore aujourd'hui. Nous avions confiance en ce bout de papier qui assurait un travail sur le long terme à mon mari et, éventuellement, à nos vieux jours, notre fonds de pension. On se payait un avenir en investissant un si gros montant, approuvé et connu du gouvernement, soit dit en passant.

Dans la coop de mon mari, 31 voitures sont hybrides sur les 36. Les taxis ont tous un système informatique et une centrale d'appel reliée aussi en application mobile. Ils sont bien modernes et écologiques, les taxis, au Québec, et ce, depuis longtemps.

Au quotidien, Danny fait beaucoup de transport collectif. Comme sa coop dessert un grand territoire qui n'a pas d'accès aux autobus, chaque matin, une centaine d'étudiants et de travailleurs voulant se rendre en ville prennent le taxibus, et cela, à un coût fixe du prix d'un autobus, peu importe la distance à parcourir.

Une grande partie de son travail consiste aussi à transporter des gens à mobilité réduite ou ayant un handicap. Viennent les voyageurs qui se rendent à l'aéroport à toute heure de la journée, beau temps, mauvais temps. Peu importe le moment de la journée, le client va payer la même chose au taximètre, pas de mauvaise surprise. Il connaît même plusieurs clients par leurs noms, leurs adresses, leurs préférences musicales, même leurs états d'âme. Un lien se crée entre un chauffeur de taxi et ses clients réguliers. C'est un métier privilégié.

Avec la loi n° 17, le cadre sécuritaire et organisé des taxis en région serait en péril. À quoi bon appauvrir un réseau de travailleurs déjà organisé et encadré pour laisser libre champ à une compagnie américaine qui n'est là que pour faire sa propre argent, à ses dirigeants? La route serait utilisée par deux ou trois fois plus de chauffeurs, ce qui multiplierait les voitures, plus de congestion, moins écologique.

Il est reconnu qu'un chauffeur de transport rémunéré gagne en bas du salaire minimum. Pourquoi ne pas garder les emplois déjà enracinés et bien établis, plutôt que de les diluer avec des emplois à faible revenu?

Pour notre famille, ce qui se passe, c'est une incertitude sur notre avenir, un stress financier énorme. Nous avons le sentiment d'avoir été trahis par notre propre gouvernement, en qui nous avions confiance. Nous n'avons que suivi les règles, les normes du gouvernement. Aujourd'hui, on se fait dire que la structure de notre maison n'existera plus du jour au lendemain.

Aujourd'hui, je suis venue vous parler de notre situation personnelle, mais il en existe des milliers comme la nôtre. Tout ce qu'on demande, c'est d'être respectés, entendus. On veut garder notre fierté, notre métier, nos permis. Merci beaucoup.

Le Modérateur : Merci beaucoup, Mme Pelletier. Donc, on va passer à M. Lebreux, Serge Lebreux, qui est propriétaire d'un permis, qui va nous parler des volets couverture de services, soins préhospitaliers, et de sécurité.

M. Lebreux (Serge) : Oui. Bonjour. Le système de contingentement des permis est un système qui fait partie du tissu social québécois. C'est un système qui assure la sécurité des usagers envers leurs chauffeurs et assure que les gens qui conduisent des taxis actuellement n'ont pas de maladie chronique, n'ont pas d'antécédent criminel, s'assure que les voitures sont inspectées de façon rigoureuse et puis s'assure aussi de l'universalité des primes... pas des primes, mais du coût de la course, uniformément, à l'échelle de la province.

Le fait de vouloir radier ce système-là va exposer la population à un danger potentiel, et ça va occasionner un surplus de chauffeurs qui va venir altérer l'offre de service, ce qui va faire en sorte qu'il y a des services en région qui ne pourront plus se donner, comme le transport adapté, entre autres, ce qui va venir impudemment créer une pression sur le réseau préhospitalier, qui n'en mène pas trop large dans ce temps-ci.

Ça fait que, pour toutes ces raisons-là, je dénonce l'attitude du gouvernement de vouloir nous imposer la loi n° 17 pour des raisons de sécurité, comme vous pouvez le constater.

Le Modérateur : Merci beaucoup, M. Lebreux. Donc, maintenant, on va passer à M. Maroun Basbous qui est directeur général de Fraxion, une compagnie de technologie de répartition.

M. Basbous (Maroun) : Mesdames, messieurs. Nous, Fraxion communication, nous sommes un pilier pour le développement technologique de l'industrie du taxi.

Nous aimerions clarifier que nous desservons plus de 5 000 véhicules, en plus des sociétés de transport en commun des grandes, moyennes et petites villes à travers la province. Ils utilisent nos technologies de répartition informatisée, comme le transport adapté, le transport collectif, les réservations par le Web, les applications cellulaires, le paiement électronique. Et nous optimisons quotidiennement nos technologies pour mieux servir la population dans les quatre coins de la province.

Nous sommes surpris des déclarations du gouvernement que l'industrie du taxi n'est pas modernisée, sachant qu'elle est appuyée par des compagnies de développement informatique 100 % québécoises, et nous sommes sollicités tous par d'autres provinces canadiennes et par d'autres pays.

En l'an 2000, Uber, Lyft, Eva n'existaient pas. Fraxion existait avec les compagnies de taxi. L'industrie du taxi a déjà investi des millions de dollars de leur poche sans aucune subvention du gouvernement. Donc, il faut arrêter de dire que l'industrie du taxi n'est pas technologique ou moderne, à savoir que, depuis 2008, lorsque la loi l'a autorisé, l'industrie du taxi s'est équipée des tablettes électroniques, des voitures hybrides, des voitures électriques et toutes les technologies qui sont existantes sur le marché. Donc, on peut dire que l'industrie du taxi est de plus en plus verte.

Nous aimerions que le projet de loi inclue la modernisation du taximètre physique, qui est un dinosaure dans notre industrie, afin de permettre une transition aux chauffeurs accrédités pour un taximètre virtuel.

Finalement, nous avons commencé à nous préparer pour les changements prévus dans le projet de la loi n° 17. Mais nous éprouvons beaucoup de difficulté à comprendre les nouveaux paramètres, qui ne sont pas assez clairs et définis.

Merci pour le temps que vous nous avez accordé. Et nous sommes toujours prêts à répondre à tout renseignement... à toute information nécessaire, surtout dans une commission parlementaire, si, évidemment, on est invités. Jusqu'à maintenant, on n'a pas été invités, le plus gros développeur de l'industrie du taxi au Québec. Merci.

Le Modérateur : Donc, on va passer à M. Claude Guimond, directeur général de la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec.

M. Guimond (Claude) : Bonjour, tout le monde. La Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec, nous représentons une cinquantaine de groupes de personnes handicapées de différentes limitations, partout au territoire.

Dans le projet de loi, qui fait quelque 275 articles, il y a quatre fois les mots «personne handicapée», aucune mention du transport adapté. Donc, c'est très préoccupant, d'autant plus que nous n'avons pas été consultés pour l'étude d'impact auparavant. Donc, les personnes que l'on représente présentement sont inquiètes, se sentent oubliées et se sentent prises en otage dans ce débat qui entoure le projet de loi n° 17.

Depuis le lancement du projet de loi, le 20 ou le 21 mars, nous avons hélé M. Bonnardel; ça n'a pas fonctionné. Nous avons essayé avec une application, mais l'application n'était pas accessible, donc on n'a pas eu de réponse. On a essayé de parler à M. Bonnardel avec le téléphone; ça n'a pas répondu. Et même chose pour le courriel.

Donc, notre message aujourd'hui, c'est que, les personnes que l'on représente, on veut rencontrer M. Bonnardel. Normalement, on est très assidus, comme groupe, aux commissions parlementaires. On n'a pas été invités, donc on veut être invités. On a des choses à dire, on est inquiets puis on veut faire partie de la solution pour la clientèle que l'on représente.

Donc, le message que j'envoie à M. Bonnardel aujourd'hui, c'est que je vais passer une bonne partie de la journée au parlement, donc, si on pouvait se parler pour prendre rendez-vous, ça serait très apprécié.

Le Modérateur : Merci beaucoup. On va passer à une période de questions sur le sujet. M. Bergeron.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour. Patrice Bergeron, La Presse canadienne. Derrière, il y a le nerf de la guerre, donc l'argent. On sait qu'apparemment 500 millions, ce n'est pas assez. Est-ce qu'on a un estimé, de la part de votre formation ou de la part des représentants des chauffeurs? On aimerait avoir un prix. Et les contribuables veulent savoir, bien, ça serait combien pour vous indemniser de façon équitable.

M. Arseneau : Bien, en fait, ce n'est pas du tout le point de vue qu'on développe ici. Vous avez remarqué qu'on n'a pas parlé de compensation ou d'indemnisation parce qu'on n'est pas dans cette logique-là.

Le gouvernement nous présente la déréglementation, l'élimination des permis, et des contingents, et des secteurs comme étant une fatalité, et, à partir de ce moment-là, on commence à discuter de compensation. Nous, on n'est pas là, on ne pense pas qu'il faille aller jusqu'à racheter les permis et à tout simplement démanteler l'industrie telle qu'on la connaît. On peut l'améliorer, on peut l'aider à continuer sa modernisation sans nécessairement tout foutre le système en l'air. Alors, il n'est pas question ici de négocier avec le gouvernement une hausse des compensations. On pense que les compensations ne seraient pas nécessaires si on donne un coup de main à l'industrie plutôt que de lui donner le coup de Jarnac fatal pour sa disparition.

Vous comprenez la logique qui veut que le gouvernement soit ouvert au dialogue à l'intérieur d'un paramètre qui est celui de la disparition de l'industrie. On comprend que les chauffeurs ne souhaitent pas négocier, ne souhaitent pas s'asseoir au gouvernement parce que ça s'apparente à une discussion sur la faillite annoncée de l'industrie du taxi, et puis on veut discuter du choix du syndic de faillite. On comprend les chauffeurs de ne pas vouloir s'asseoir à cette table-là, c'est... vous connaissez l'expression «c'est un dîner de cons», on veut les faire s'asseoir pour choisir leurs propres cercueils, alors qu'ils sont encore bien vivants et que l'avenir, si les modifications au système actuel permettaient... de leur permettre de continuer d'exister, pourrait être beaucoup plus grand et profitable que ce qu'on veut laisser paraître.

On a mentionné tout à l'heure que la modernisation équivalait à la disparition de l'industrie telle qu'on la connaît. On ne souscrit pas à ce point de vue là.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que, selon vous, donc, l'expansion d'Uber n'est pas inexorable, au Québec, ou... comme partout ailleurs dans le monde?

M. Arseneau : Bien, elle n'est pas inexorable dans la mesure où on prend les mesures... dans la mesure où on décide des modalités qui permettent à Uber de jouer selon les règles du jeu. On peut améliorer, on peut modifier les règles, mais, de là à les abolir pour ouvrir grande la porte à Uber, on ne pense pas que c'est la voie à suivre. Et on a, d'ailleurs, d'autres exemples dans le monde où ce modèle-là n'a pas été privilégié. On sait qu'en Colombie-Britannique actuellement, depuis plus de deux ans, on étudie la façon de faire entrer Uber sans bousculer les milliers de familles qui sont déjà impliquées dans l'industrie, qui font vivre une industrie et qui offrent des services. D'où l'idée de prendre notre temps pour voir quel est le meilleur modèle, d'appuyer une industrie locale déjà bien implantée plutôt que l'éliminer.

Le Modérateur : Mylène Crête, Le Devoir.

Mme Crête (Mylène) : Bonjour. Je ne sais pas si vous allez vouloir répondre à ma question, étant donné ce que vous venez de dire, mais, je me demandais, qu'est-ce que vous et les gens qui sont avec vous aujourd'hui pensent de l'idée d'une taxe qui serait imposée sur chaque course pour créer un fonds d'indemnisation pour les chauffeurs et les détenteurs de permis?

M. Arseneau : Bien, en fait, je pense qu'à partir du moment où on regarde la possibilité d'investir dans la modernisation de l'industrie, dans l'amélioration, est-ce qu'on veut, à ce moment-là, créer un fonds et aller chercher une redevance, par exemple, sur les courses? C'est une négociation qui peut avoir cours, et ça peut permettre justement, là, au développement d'une nouvelle ère dans le domaine du taxi. Mais, si on se borne à vouloir imposer une taxe pour favoriser la disparition de l'industrie, bien, on pense que cette discussion-là n'est pas positive, n'est pas constructive, et on ne s'y aventure pas, et ce n'est pas ce qu'on privilégie, en fait. Mais peut-être que d'autres pourraient...

Mme Crête (Mylène) : Et qu'est-ce que les intervenants en pensent, savez-vous?

M. Arseneau : Pardon?

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que je peux vous entendre là-dessus, les représentants de l'industrie du taxi?

Le Modérateur : Est-ce que vous voulez commenter là-dessus? Peut-être M. Jean-Marie, oui?

Une voix : Oui. Bon, actuellement, dans le projet de loi...

Le Modérateur : Ah! Juste un instant, on va laisser monsieur. Vous pouvez vous présenter, d'abord?

M. Ndayishimiye (Jean-Marie) : Mon nom, c'est Jean-Marie Ndayishimiye, je suis propriétaire de taxi ici, dans la ville de Québec. Je ne crois pas que ça soit une bonne idée de taxer les citoyens du Québec pour pouvoir payer le coût d'exploitation de Uber. Dans le fond, qu'est-ce qu'on fait, c'est qu'on va prendre... Uber, lui, il va gérer ce contingentement en gérant ses propres chauffeurs par le moyen de l'offre et la demande. Techniquement, c'est impensable, c'est un non-sens. Si on a déjà constitué l'actif, Uber, il devrait venir payer comme il a fait dans d'autres pays, comme au Maroc et ailleurs. Uber rachète, s'il veut racheter, c'est de la part des fonds d'Uber, il y en a assez pour racheter, s'il veut racheter. Mais ce n'est pas aux citoyens de Québec ni aux clients... qui devraient rembourser les coûts d'exploitation d'Uber.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que j'ai droit à une question brève?

Le Modérateur : Oui, brève.

Mme Crête (Mylène) : Monsieur... excusez-moi, je ne suis pas habituée, on ne se connaît pas encore, je voulais savoir quels aménagements est-ce que vous demandez, dans le projet de loi, pour justement permettre cette modernisation-là.

M. Arseneau : Bien, en fait, c'est assez complexe dans la mesure où le cadre de discussion dans lequel on nous enferme n'est pas propice à proposer justement des solutions autres. Alors nous, on va écouter le propos des gens de l'industrie, qui vont se prononcer, mais on ne se situe pas à l'intérieur d'un cadre de déréglementation. Alors, pour nous, il est clair que, de bout en bout, le projet de loi n'est pas l'approche que l'on privilégie. Alors, proposer des améliorations dans un cadre où le principe même est rejeté, bien, c'est... vous comprendrez qu'on n'est pas vraiment dans la discussion sur l'amélioration du projet de loi, qui, à sa base, selon nous, est peu positif et qu'on n'appuie pas.

Le Modérateur : M. Croteau.

M. Croteau (Martin) : Bonjour à tous. Bonjour. M. Arseneau — vous pouvez me répondre, vous pouvez ajouter votre grain de sel, tout le monde, là — le ministère des Transports vient de rendre publique une étude d'impact qui confirme que, si le projet de loi est adopté tel quel, la valeur des permis de taxi va baisser, mais, en revanche, cette baisse serait compensée par une réduction des barrières à l'entrée, pour les aspirants chauffeurs, et une baisse des coûts d'opération d'un véhicule autorisé, ce qui veut dire qu'au final ce serait bon pour l'industrie du taxi. Comment accueillez-vous cette conclusion?

M. Arseneau : Bien, je ne sais pas si vous parlez de la même étude d'impact réglementaire auquel on a eu accès. Ces affirmations-là... la petite étude d'impact de 16 pages, là, n'est pas documentée, alors nous, on remet en question ces affirmations-là dans la mesure où on ne fait pas la preuve que les affirmations qui sont faites, souvent en une ligne ou deux, sont avérées, reposent sur une étude sérieuse. On ne remet pas en question le travail des fonctionnaires en tant que tel, mais on pense qu'ils n'ont pas eu suffisamment de temps pour développer, et les preuves à l'appui de ces affirmations-là ne sont pas observables dans l'étude en question.

Moi, je peux dire, comme vous venez... en fait, je peux dire exactement le contraire de ce que vous avez dit et en débattre pour le restant de la journée. Si je n'ai pas des preuves à l'affirmation que j'ai faite, bien, ça vaut ce que ça vaut. Et nous, on pense que ça ne vaut pas grand-chose, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas fait un projet pilote avec des résultats qui peuvent nous démontrer que les affirmations sont...

M. Croteau (Martin) : Donc, selon vous, ce rapport est...

M. Arseneau : Incomplet, on va dire ça comme ça, et peu documenté. On pense, comme les chauffeurs de l'industrie, qu'il faut une étude sérieuse et approfondie avant de prendre des décisions aussi fondamentales pour 30 000 familles et une industrie complète qui existe et qui a respecté les règles de fonctionnement depuis toutes ces années.

M. Collomb d'Eyrames (Olivier) : ...

M. Arseneau : Oui, allez-y.

M. Collomb d'Eyrames (Olivier) : Bonjour. Olivier, pour la COPHAN. Je suis au regroupement régional des associations de défense de droits...

Une voix : ...

M. Collomb d'Eyrames (Olivier) : Collomb-d'Eyrames. Donc...

Une voix : ...

M. Collomb d'Eyrames (Olivier) : Je vous l'épellerai tout à l'heure, si ça...

Une voix : ...

M. Collomb d'Eyrames (Olivier) : O.K. Ah! C-o-l-l-o-m-b, et, plus loin, d'-E-y-r-a-m-e-s.

Si vous parlez effectivement de l'analyse d'impact réglementaire, il est quand même surprenant qu'un projet de loi qui dit placer les utilisateurs au coeur de la démarche n'ait consulté aucun regroupement d'utilisateurs. Si c'est le document dont on parle, de 16 pages, comment ils ont fait, on ne le sait pas. Comme l'indiquait Claude, le directeur de la COPHAN, il n'y a rien sur le transport adapté. Rien qu'à Québec c'est plus de 10 millions. L'enveloppe du ministère du Transport, c'est plus de 100 millions par année, et il n'y a rien de marqué dedans.

Dernier point, malheureusement, les industries qu'on fait rentrer au Québec sont poursuivies aux États-Unis depuis des années pour discrimination. Si ça se passe au Québec, la justice aussi, ça a un coût. Donc, nous, on demande vraiment une étude, une analyse d'impact réglementaire qui prenne en considération ces points, tel que c'est marqué dans la loi. C'est à ça que c'est censé servir. Et il y a des coûts qui ne sont pas identifiés. Puis on ne peut pas dire qu'on parle pour les utilisateurs, si on ne leur a même pas parlé, à part si le ministre parle de sa propre expérience de preneur de taxi.

M. Croteau (Martin) : Comment qualifiez-vous cette étude, cette analyse d'impact?

M. Collomb d'Eyrames (Olivier) : Comme ça a été dit par plusieurs regroupements, elle est incomplète et elle semble plus écrite pour peut-être venir justifier un projet de loi que le contraire. Il semble que ce n'est pas ça, l'esprit de la loi. Et il y a également une clause d'impact pour les personnes handicapées. En théorie, la ministre qui représente les personnes handicapées aurait dû donner un avis sur ce projet de loi. Si ça avait été le cas, on pense que ça aurait peut-être parlé de transport adapté et de discrimination dans l'industrie du taxi.

Le Modérateur : Merci beaucoup. En anglais.

Mme Fletcher (Raquel) : Oui. M. Arseneau, vous parlez bien en anglais, je pense?

M. Arseneau : A little bit.

Mme Fletcher (Raquel) : Oui? OK. For our audience, in English, can you just start by telling us what you're doing here, today, and what your main concern is?

M. Arseneau :O.K. I'll try and make it brief. Yes, we wanted to expose a certain number of issues that haven't been present in the public space, as far as the new bill that's been tabled, Bill 17, the impact that it will have on the industry, on the regions, on the drivers, on basically 30,000 families that will be thrown into the street, once the industry has collapsed, followed the adoption of that Bill 17.

So, we're against the principle of deregulation all-out. We're against uberisation of the industry. We think the Government is ill-informed in wanting to go so fast without listening to some of the people here. We have interesting points to make : that we aren't consulted in the process; we think the study that was made is incomplete, it's a 16 page essay that is not backed by any sort of data; we think it should have looked at the experience that has been done with Uber in the States, in British Columbia, in Europe, in Maghreb and all over the world, basically; and taking our time to modernize the industry or to help it modernize more would be a better way.

And some of the people here have said that it's false to say that the industry is not working towards a better service and modernization. We see that we can compete, technologically speaking, we can offer better service, a better security to a number of clients, you know, different groups of clients, handicapped people or older people. So, that's basically the point that we wanted to make today.

Mme Fletcher (Raquel) : You have a number of groups... or these people are representing a number of groups. Are they all not presenting at the public hearings? And why have they not been invited?

M. Arseneau : Some weren't invited, as it was mentioned, yes... Est-ce que quelqu'un va se présenter en commission parlementaire?

Une voix : Oui.

M. Arseneau : Oui, vous allez être là? Représentant qui?

Une voix : ...

M. Arseneau :O.K.O.K. One of them, the association of Québec taxis, will be there. The others weren't invited, would like to have a place. We're working towards having them have a say in the commissions, but we're waiting for... We negotiated on certain groups, and, if any one cancels its appearance in commission, we hope to have them appear. But, not knowing, we thought we would offer them a tribune today. Would you like to hear them all out?

Mme Fletcher (Raquel) : Oui. Est-ce que l'un parmi vous parle anglais?

M. Arseneau : Est-ce que quelqu'un parle anglais pour présenter... Vous? O.K.

Mme Fletcher (Raquel) : Oui? O.K. Can I just get you to introduce yourself, first, your name and your title?

M. Basbous (Maroun) : Yes. My name is Maroun Basbous, I'm working for Fraxion Communications. We are a development company, developing company for technology for the cab companies all around Québec and outside Québec.

Mme Fletcher (Raquel) : And you were not invited to present at the public hearing.

M. Basbous (Maroun) : We tried to contact the office of the minister. We didn't get an answer yet. I have also sent a mail, just to remind them that we are the most... the bigger company in Québec for development of technology of cab industries. But, unfortunately, we didn't get any answer yet.

Mme Fletcher (Raquel) : If you had been invited, what would the main... the one point be that you want the minister to know?

M. Basbous (Maroun) : The main issue, what we are defending that... They are saying that the cab industries are not technological-wise and they are not modernized, which is wrong. And I believe that in Québec we have enough companies for development. And the industry in Québec, they are much more advanced than in any other country because we cover all the paratransit, the sharing, the regular, the application by cellular. And, since 2008, most of the cab companies, they are now equipped with most sophisticated equipment existing for communications, from tablets to cellular, to applications, to anything.

Mme Fletcher (Raquel) : And that doesn't exist in other countries?

M. Basbous (Maroun) : It exists, but why is they are saying that we are not modernized in the industry? We are. Uber offers one service. In Québec, we offer multiple of services. With Uber, you can pay with the credit card. In Québec, you can pay with credit card, cash money, coupons, prepaid, advance, many, many multiple of ways that the client can pay. So, we think that we are more advanced than other countries.

And we give services much more that the Government can imagine that we are offering. And, even that, «comme»... for the paratransit, Mr. Guimond, they were not invited to the commission, and we are not invited to the commission. We cover around 5,000 cabs and more than 80% of the market, they are our clients, we have developed for them day by day to be up-to-date, and we are not invited. We don't know why.

Mme Fletcher (Raquel) : Merci.

Le Modérateur : Merci, merci à vous.

(Fin à 9 h 37)

Participants


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