(Neuf heures trente-huit minutes)
Mme Rizqy : Alors, bonjour.
Vous savez, la promesse-phare du gouvernement Legault était d'avoir les
maternelles quatre ans universelles partout au Québec, et ça, malgré qu'il n'y
ait pas de demande ni de la population ni des familles québécoises. D'emblée,
on avait dit que c'était une promesse irréaliste, et M. Legault avait dit
en campagne électorale qu'il était prêt à démissionner sur cette promesse-là.
En ce moment, au Québec, il manque déjà des enseignants. Il manque déjà
beaucoup d'espace pour nos réels besoins pour les enfants qui sont déjà tant à
l'école primaire qu'au secondaire. Et maintenant, il veut ajouter une pression
dans le réseau de l'éducation en ajoutant entre 3 000 à 5 000 classes
de maternelle quatre ans.
Au départ, quand on lui a posé la
question — où est-ce qu'il va les chercher, les
enseignants? — il n'avait pas de plan, donc il a improvisé. Alors,
ils ont dit : Bien, on va les chercher dans le réseau des CPE et des
services de garde.
Par la suite, quand il a compris que ce
n'était pas une bonne idée, il a quand même décidé de dire : On fera
peut-être une formation. Après ça, quand il s'est rendu compte que ça ne se
bousculait pas aux portes pour s'inscrire aux maternelles quatre ans, ils ont
décidé d'envoyer une lettre pour aller chercher les enfants des CPE vers les
maternelles quatre ans.
Maintenant, là, qu'on sait tous, là, qu'il
n'y a pas de besoin, que c'est irréaliste, la seule chose qu'on demande
aujourd'hui pour les maternelles quatre ans... ça ne répond qu'à une seule demande :
satisfaire l'ego de M. Legault qui veut absolument cocher une case de
promesse.
Maintenant, il faut faire face à la
musique puis à la réalité. Ce n'est pas un véritable besoin, il va mettre plus
d'un milliard de dollars pour du béton pour les maternelles quatre ans. Est-ce
qu'à la place on peut prendre cet argent pour donner des soins aux enfants et
mettre plus d'espace dans nos écoles?
Mme Maccarone : Au lieu
d'investir à aider nos plus petits, à aider nos enfants, nous sommes en train
de créer une guerre, entre les structures, que nous n'avons vraiment pas
besoin. Nous avons un réseau de services de garde qui est unique dans le monde
entier, que le monde s'inspire de nous, mais on crée des guerres entre les
structures, on crée des guerres entre les milieux de garde avec la création de
la maternelle quatre ans, puis maintenant qu'on dit qu'on va piger dans le
milieu de garde pour combler les besoins de la maternelle quatre ans, qu'on
sait qu'on n'a pas de demande, on sait que les chercheurs disent que ce n'est
pas une bonne idée, on sait que les spécialistes disent que ce n'est pas une
bonne idée, le réseau de l'éducation dit que ce n'est pas une bonne idée, tellement
que ce n'est pas une bonne idée, seulement un parent sur quatre, quand ils font
des sondages Léger, dit que, oui, peut-être, je serais peut-être intéressé à
une maternelle quatre ans... Tellement le monde ne veulent pas ça, il n'y a pas
d'inscription. Il faut aller piger dans un autre réseau. On va vider le réseau
des services de garde.
Eux, ils sont inquiets. Qui va protéger le
réseau de services de garde? Il est où, le ministre de la Famille, pour
protéger son réseau? Eux, ils ont besoin d'un champion. Nous sommes ici pour être
la voix de ce réseau-ci. C'est la preuve que c'est de l'improvisation. On va
vers l'avant avec un programme sans savoir s'il y a un besoin ou un désir.
Alors, il faut prendre du recul, il faut
arrêter d'investir dans le béton, puis il faut agir pour nos enfants.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce qu'on peut parler de maraudage?
Mme Rizqy : Bien, c'est comme
un peu du débauchage, hein? Donc, quand on n'a plus de recours à quoi que ce
soit, quand les inscriptions ne sont pas au rendez-vous, carrément, on envoie
des lettres dans le réseau des services de garde pour dire : Bien, venez
nous voir.
Je pense que, oui, effectivement, M.
Legault a mis beaucoup de pression au ministre de l'Éducation, puis maintenant
au ministre de la Famille, mais il faut qu'il réalise une chose : les
enfants dans les CPE, là, si on fait juste les déplacer avec les éducateurs
dans le réseau scolaire, bien, on change pour changer. Si on a un système qui
fonctionne déjà, laissons-le en place. Il faut arrêter d'improviser. Ça ne fait
que causer de l'instabilité et de l'insécurité dans le réseau, tant de
l'éducation mais aussi dans le réseau de la famille. Alors, qu'est-ce qu'il
répond aux familles aujourd'hui, M. Legault, puis M. Roberge puis M.
Lacombe?
M. Cormier (François) : Mais,
honnêtement, je ne comprends pas comment est-ce qu'il faut être outré que… Si
je suis un parent dans le secteur Limoilou, par exemple, puis qu'il y a une
classe de maternelle quatre ans qui s'ouvre, c'est évidemment que mon enfant,
il est quelque part, là. Mon enfant, il a trois ans, c'est évident qu'il est
quelque part. Il est soit à la maison, il est soit dans un milieu familial, il
est soit dans un CPE. Donc, que le parent reçoive une lettre pour l'informer
qu'il y a une maternelle quatre ans dans son secteur, bien, c'est sûr qu'on va
le débaucher de quelque part, là, c'est évident. C'était évident à l'origine,
ça fait que je ne comprends pas comment qu'il faut être outré ce matin qu'il y
a cette nouvelle-là.
Mme Rizqy :
1,8 milliard. 1,8 milliard, c'est qu'il va en coûter pour faire place
aux maternelles quatre ans, alors que ces enfants sont déjà très bien servis
dans le réseau de l'éducation. Alors, si on fait juste déplacer du monde du
point a au point b et que ça coûte 1,8 milliard, il y a de quoi être
outré.
M. Cormier (François) :
Mais il manque de places dans les CPE, donc nécessairement il y a peut-être des
parents qui vont faire le choix de passer du CPE vers la maternelle quatre ans.
On ne sait pas.
Mme Maccarone : Il ne
manque pas de places dans les CPE, on a fait l'étude aux crédits hier puis on a
démontré au ministre de la Famille qu'il y a même un surplus de places, alors
on demande… on a besoin de quoi, comme places? On dit qu'il faut vraiment faire
du recul, faires des vraies études. Le ministre de la Famille n'a fait aucune
étude de l'impact sur la réalité de l'implantation de la maternelle quatre ans.
Ça s'est fait par le ministre de l'Éducation pour dire que peut-être il y a un
besoin, puis il se base sur des faits… 50 %, peut-être 80 %. On a
demandé hier : Ça vient d'où, ces pourcentages-là? Bien, on aurait pu
utiliser 40 %, on aurait pu utiliser 20 %. Ils ont juste fait ça au
pif.
Journaliste
: …
Mme Rizqy : Juste une
seconde. En parlant de manque de places, s'il y a un endroit qu'il manque des
places, c'est déjà dans le réseau de l'éducation. En ce moment, là, ce sont nos
cinquièmes années, nos sixièmes années, ce sont nos écoles secondaires qui
débordent. Tellement qu'ils débordent qu'on doit maintenant aller chercher des
écoles dans le réseau anglophone qui dessert, par exemple, des jeunes adultes
avec un handicap, pour faire place dans le réseau. Et un enfant de quatre ans,
un tout-petit, bien, il n'est pas nécessairement prêt à aller à la grande école
avec… jusqu'à la sixième année avec des gens qui ont 12 ans. C'est au-delà
de juste dire qu'il y a de la place, c'est aussi : Est-ce que c'est le bon
endroit pour l'enfant, ou est-ce que la CPE, c'est le meilleur endroit pour
l'enfant? Puis, selon plusieurs experts, un enfant à quatre ans, la meilleure
place, ça pourrait être dans une CPE. Ça pourrait être aussi à l'école, mais il
faut qu'elle soit adaptée, l'école. Si l'école… En ce moment, on regarde dans
notre réseau d'éducation, là, notre réseau d'éducation a besoin
d'investissements juste pour les besoins actuels. Alors, si on ajoute de la
pression, on va mettre où les sixièmes années? Est-ce qu'on va sortir les
sixièmes années pour entrer les quatre ans?
M. Dion (Mathieu) : Il
n'y a pas un mérite d'aller chercher des enfants qui ne sont pas nécessairement
dans les CPE ou dans des services de garde où il n'y a de services de garde
éducatifs, par exemple? Il n'y a pas un mérite d'aller chercher des enfants qui
sont dans ce réseau-là avec cette lettre-là qui a été émise?
Mme Rizqy : Je vous
ramène, fin des années 90, lorsque le réseau des CPE a été déployé. Quel était
l'objectif? C'était justement de mettre à niveau des enfants de quatre qui n'étaient
pas dans les réseaux de CPE. C'était ça, l'objectif. Pourquoi qu'on a réfléchi
à cela? C'est qu'on voulait donner une chance égale sur la ligne de départ du
réseau scolaire aux enfants qui n'avaient pas eu la chance de fréquenter un
service de garde ou une CPE, et là on leur offrait une place en maternelle
quatre ans. Et où est-ce qu'on les offrait? Dans les milieux défavorisés.
Nous, au Parti libéral du Québec, on est
pour les maternelles quatre ans, mais de façon réaliste et en priorisant les milieux
défavorisés où est-ce qu'il y a un besoin. On ne va pas commencer à faire des
doublages. Les ressources au Québec sont limitées. Il faut gérer un budget. Et,
si on commence à mettre plus de 1 milliard de dollars pour des maternelles
quatre ans alors que les enfants sont déjà desservis, on n'aide pas les
familles québécoises en ce moment, si on commence à faire juste des doublons. Good morning!
Mme Johnson (Maya) : Good morning. So, just your reaction to the letter that was sent to
the schoolboards with… What do you make of that?
Mme Rizqy : Well, it's… The government of CAQ is about to spend more than
1 billion dollars. We said it for many, many months that the only
reason he wants to go through with that promise is because M. Legault said :
This is the only reason I'm the Premier of Québec. Now, we said it : there is no space in the education system. We
are… there is a teacher lackage right now, and yet he's putting more pressure
to make sure he's going to fulfill, by any means necessary, his promise.
And after that, he said :
No, no, no, don't worry about the kindergartens. They're going to be OK and they're going to work all together. But
now, they're actually going not only to take the educators, but they're also
going to take the kids to fulfill his promise. So, clearly, he doesn't have a
plan and he just wants to fulfill one promise.
Mme Maccarone : Instead of investing in supporting our
children and saying that they are really a priority, what they're doing is,
they're creating competition within the networks. And that is incredibly
inappropriate. We have a network for the daycare community that is world renowned.
People are inspiring themselves on our program, the specialists are saying that
they don't want it, the researchers are saying they don't want it, the
education network is saying : We don't want it, we don't have room for
this.
And yet, we're still
moving forward full steam ahead with a wall-to-wall program that we know is not
to the benefit of our children. And now, what we're doing is, we're creating
competition between the two networks. This is incredibly inappropriate, and
that takes away from what the real objective is. The objective is supposed to
be : To be supporting our children. And it shows yet again that there's
improvisation in the plan, because they're moving forward with the plan.
They're putting the car before the horse : We've made this program. Hey!
Now, we're going to tell you all about it. But, guess what? Nobody's
registering for it.
They've done two Léger
studies and only one parent out of five has said : If given the choice, I
would maybe, could maybe consider four-year-old pre-k. At the end of the day,
they feel very well served by their daycare system, regardless of the system that
they're choosing. We should be respecting the voice of parents.
Mme Johnson (Maya) : But is it because they're not just familiar with or because it's a
new option…
Mme Maccarone :
It's not a new option.
Mme Johnson (Maya) : …have the right to promote it and let parents know : You have
choices?
Mme Maccarone :
It's not a new option. Four-year-old pre-K has been around for years. It was
implemented by the Liberal Party of Québec because they wanted to meet the
needs of the most disadvantaged in communities, individuals and parents'
families and children that didn't have access to a proper daycare network, to
make sure that they were getting in.
Mme Johnson (Maya) : …because I know… it has been ruled out in… «défavorisés»… «des milieux défavorisés».
Mme Maccarone : Yes, disadvantaged, disadvantaged regions. Yes.
Mme Johnson (Maya) : Thank you. But more widespread, I guess.
Mme Maccarone : I don't have a problem with promotion, providing that they're going
to be transparent in their promotion. I asked the Minister of Families
yesterday, in the «étude aux crédits» — sorry, I don't know how to say that in English — the credit review :
Specifically, if you're intending on advertising your program to families, are
you going to be transparent in that advertising? Are you going to make sure
that they're aware of what the specialists, what the researchers are saying, in
that it is not the best location for your children to be educated, that
children best learn through play and that children best learn in the daycare
network, where they are well serviced, where they've got a sense of security,
where they can have them 12 months of the year, we don't need to worry
about summer, we don't need to worry about before school, after school, what
happens at lunchtime, the actual location in the community within the school,
which isn't adapted for these children? Are you going to advise the parents in
the community about that as well, so that they're actually making an informed
choice, or are you just going to promote your program because, as Mme Rizqy has
said, it's a number one priority of Mr. Legault?
Mme Johnson (Maya) : So, I mean, you've repeated that you see this as competition…
network. The government's
position is that it's complementary. You don't see it that way.
Mme Maccarone : I don't view it as complementary whatsoever when we know that it
feels very much… if you ask the network, they are incredibly concerned. Why?
Because it feels very much like you're raiding their network. I know that
Mme Rizqy said at one point : This is as if we're borrowing from
Peter to feed Paul. Is that now what we're doing? It's not like we have an
explosion of the birth rate here. There might be a finite number of children
that are registering, and again, when we returned to the «étude aux crédits» that
we did yesterday, we proved to the minister that we actually have a surplus of
space in the daycare network. It's not like we have people on waiting lists
that are trying to get in. We have people that are on waiting maybe to get in a
subsidized daycare, not because they don't have a space. So, we're creating
another network where there isn't a need.
M. Pilon-Larose
(Hugo) : Il y a quand même des enfants — je reviens en français,
j'ai manqué le début — il y a quand même des enfants qui ne
fréquentent aucun service de garde éducatif à l'heure actuelle. Le gouvernement
ajoute ces 250 nouvelles classes de prématernelle quatre ans. Devrait-il y
avoir une barrière à l'entrée pour dire : Ces classes-là doivent répondre
aux besoins des enfants qui ne sont nulle part dans le système?
Mme Maccarone : Bien, c'est
exactement le déploiement de la maternelle quatre ans, au début, par le Parti
libéral du Québec; c'était en effet pour combler ce besoin.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc,
oui?
Mme Maccarone : Oui.
Mme Rizqy : Bien, nous,
là, maternelle quatre ans, on l'a toujours dit qu'on est d'accord. Mais il faut
d'abord revenir à la base de l'histoire des maternelles quatre ans. On a clairement
dit que, quand ça a été déployé, c'est pour d'abord aider les jeunes enfants
qui n'ont pas eu accès à un réseau de CPE ou un service de garde, pour leur
donner une chance égale, rendus dans le réseau scolaire, de partir sur la même
ligne de départ. Maintenant, le premier ministre a une seule idée, un seul objectif
avec un seul moyen : maternelles quatre ans, mettez-les où vous voulez,
même s'il n'y a pas d'enfants, même s'il n'y a pas d'enseignants. Mettez des
classes. On parle de classes, nulle part qu'il parle d'enfants. Même dans les
communiqués qui sortent du ministère de l'Éducation, on parle toujours…
trouvez-nous des classes. Maintenant, on est... Hé! on a trouvé des classes. Il
n'y a pas d'inscriptions? Trouvez-nous des enfants. Trouvez-les, même s'ils
sont dans les CPE.
Quand qu'on s'apprête à dépenser
1,8 milliard de dollars, habituellement, on a un plan. Et, quand votre
idée est tellement bonne qu'elle vaut 1,8 milliard de dollars, les gens
cognent à votre porte pour s'inscrire.
Une voix
: Merci.
(Fin à 9 h 52)