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Point de presse de M. Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux

Version finale

Wednesday, May 1, 2019, 15 h 10

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures treize minutes)

M. Carmant : Bonjour à tous et merci de votre présence.

Je vous ai convoqués ici parce que je veux adresser le drame qui a eu lieu à Granby hier. Une fillette de sept ans, connue de la direction de la protection de la jeunesse de la région, a succombé à ses blessures et est décédée. Je tiens d'abord à exprimer toutes mes condoléances aux proches de l'enfant. Je veux aussi exprimer ma sympathie au personnel de la DPJ en Estrie qui doit composer avec ce terrible événement.

Ce qui est arrivé à cette fillette est tragique. Il est primordial pour moi et pour le gouvernement du Québec de faire la lumière sur ce qui s'est passé. Trois actions ont été entreprises à la suite de cet événement dramatique. Premièrement, il y a une enquête criminelle menée par la police qui est présentement en cours. Deuxièmement, j'ai demandé à ce qu'une analyse des interventions soit faite rapidement par le CIUSSS de l'Estrie. L'objectif est d'établir quelles actions auraient pu être posées pour éviter cette situation. J'ai exigé que ce rapport soit déposé sur mon bureau dans les plus brefs délais. C'est un dossier prioritaire pour moi. Ce rapport sera confidentiel en raison des informations cliniques et personnelles qui pourraient s'y trouver.

Finalement, j'ai aussi discuté ce matin avec le président de la commission des droits de la personne et de la jeunesse, Me Philippe-André Tessier, pour lui demander d'ouvrir une enquête sur ce cas précis. La commission est un organisme indépendant du gouvernement du Québec et remplit sa mission dans l'intérêt du public. J'ai pleine confiance en la commission et en son président de faire la lumière sur ce qui s'est passé dans cette tragédie. La CDPDJ fournira des recommandations pour éviter qu'un cas similaire se reproduise, en Estrie ou ailleurs au Québec.

Donc, ce seront trois enquêtes différentes qui vont avoir lieu et qui vont mettre en lumière ce qui s'est passé durant cet événement tragique. Je ne peux en dire plus sur ce cas particulier. Vous comprendrez la confidentialité et le respect du processus d'enquête policière que je dois suivre.

Maintenant, je vous ai informés des actions prises dans l'immédiat sur le cas qui nous a ébranlés ce matin. Je veux informer la population de la façon dont j'ai pris en charge le dossier de la protection de la jeunesse depuis que j'ai été nommé. Dès mon arrivée en poste, j'ai demandé au ministère de me fournir un diagnostic de la situation de la DPJ et, en janvier, je me suis assis moi-même deux demi-journées avec les DPJ, avec la direction de la jeunesse du Québec. Immédiatement, il fallait qu'ils mettent en lien la situation que je viens de vous décrire et il ne faut pas la rapporter avec ce qui s'est produit en Estrie. Sans surprise, les listes d'attente sont ressorties comme un enjeu majeur pour tous. Il y avait, au Québec, 3 300 cas en attente d'évaluation le 30 mars dernier. Un plan d'action a été établi pour réduire ces listes dans les meilleurs délais. Nos solutions reposent sur quatre piliers.

Premièrement, il faut diminuer le taux de roulement de la main-d'œuvre. Les professionnels actifs en protection de la jeunesse font face à des enjeux difficiles. Plus du tiers des intervenants ont moins de 35 ans. Ils ont besoin d'encadrement et de soutien pour rendre les services qu'on attend d'eux. Nous avons investi 18 millions pour leur procurer cet encadrement et consolider les équipes sur le terrain.

Deuxièmement, il faut renforcer les services de première ligne pour que les enfants à risque puissent être identifiés et pris en charge de façon précoce et préférablement dans leur milieu de vie. Les 88 millions à terme du programme Agir tôt vont contribuer à venir en aide aux enfants à risque de négligence dès leur plus jeune âge, la première cause de signalement à la DPJ. À moyen terme, ça fera moins de jeunes qui présentent des problèmes de comportement, d'adaptation et d'intégration.

Troisièmement, nous implantons un programme d'amélioration des interventions et des évaluations. Présentement, les façons de faire reposent sur des standards qui doivent être mis à jour. La société a évolué, les familles se sont transformées, et les pratiques doivent suivre cette évolution. Bref, nos interventions doivent rester pertinentes pour être efficaces.

Quatrièmement, nous allons nous attaquer à la hausse des signalements. Le Québec, cette année, a dépassé les 100 000 signalements par année. C'est 20 000 de plus que le nombre de naissances au Québec. Plusieurs hypothèses expliquent cette hausse, dont l'ajout dans la loi de nouveaux motifs de signalement, dont la suspicion de négligence. Nous voulons mieux comprendre le phénomène pour le régler à la source. Nous avons confié au chercheur de l'Université Laval George Tarabulsy le mandat de cerner les causes de ce phénomène.

En résumé, nous sommes en action pour comprendre ce qui s'est produit en Estrie et surtout pour apporter les correctifs nécessaires pour qu'une telle situation ne se reproduise plus. Nous sommes aussi en action pour améliorer l'efficacité de la DPJ et pour faire en sorte que cette institution joue pleinement son rôle de protection des enfants au Québec. Merci.

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur les interventions dans le cas de la petite fille? Je comprends qu'il y a des renseignements personnels qu'on ne peut pas dévoiler, là, mais, quand vous dites qu'elle était connue de la DPJ, cette enfant-là, à combien de reprises elle avait été rencontrée? Est-ce que vous pouvez nous donner ces renseignements-là? Quelles avaient été les interventions faites préalablement à ce qui s'est passé au cours des derniers jours?

M. Carmant : Elle était connue de la DPJ depuis le plus jeune âge, mais je ne peux pas vraiment commenter sur le reste.

M. Croteau (Martin) : Vous avez dit qu'il y avait des failles ce matin. Est-ce que l'information que vous avez eue depuis vous confirme cette hypothèse?

M. Carmant : Il y a des décisions qui ont été prises. C'est pour ça qu'on a demandé l'enquête au CIUSSS de l'Estrie, pour comprendre pourquoi ces décisions ont été prises et si elles l'ont été dans le meilleur intérêt de l'enfant.

M. Croteau (Martin) : Mais ce matin vous avez parlé de failles. Ça veut dire que, vous, vous saviez quelque chose ce matin ou, en tout cas, vous aviez l'impression que quelque chose n'avait pas bien fonctionné. Est-ce que l'information que vous avez à ce temps-ci confirme, là, qu'il y a eu des failles?

M. Carmant : Bien, les résultats auxquels on fait face, clairement, montrent qu'il y a eu des problèmes dans la gestion du dossier.

M. Croteau (Martin) : Pouvez-vous élaborer là-dessus? Quelles sortes de problèmes?

M. Carmant : Pour le moment, je ne peux pas élaborer.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que vous trouvez ça normal que la petite fille soit retournée chez son père avec la promesse que celui-ci n'habite plus avec la conjointe, là, qu'il avait?

M. Carmant : Écoutez, il y a trois enquêtes qui sont en cours actuellement : au niveau de la police, au niveau du CIUSSS et au niveau de la... on a demandé celle de la CDPDJ. In va attendre d'avoir les résultats avant de commenter.

M. Lacroix (Louis) : La dernière intervention, là, qui a été faite par des gens de vos services de la DPJ remonte à quand? Est-ce que vous pouvez au moins nous donner cette information-là, la dernière fois qu'il y a eu une intervention faite?

M. Carmant : C'était récemment, la dernière intervention qui a été faite, puisqu'il y a eu un signalement ce mois-ci.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Il y a eu un signalement ce mois-ci?

Mme Crête (Mylène) : Ce mois-ci, au mois de mai ou au mois d'avril?

M. Croteau (Martin) : Est-ce qu'il y avait des craintes pour la vie de cette jeune fille là?

M. Carmant : Je ne peux pas commenter. Il faut vraiment qu'on analyse les résultats de l'enquête.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Ça veut dire quoi, s'attaquer à la hausse de signalements? C'est un bon signe ou c'est un mauvais signe qu'il y ait plus de signalements?

M. Carmant : Écoutez, c'est sûr que le fait que les gens sachent que le signalement est disponible, c'est quand même quelque chose de positif. Mais ce qui est inquiétant, c'est vraiment le nombre d'enfants qui sont signalés pour négligence, suspicion de négligence. Il faut voir qu'est-ce qui se passe au niveau du système pour expliquer cette augmentation importante, là, du nombre de signalements. Je ne pense pas que ce soit, pour notre société en général, un bon signe.

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce qui va arriver, là? Parce que vous avez demandé au CIUSSS de l'Estrie de vous rendre compte, de faire une analyse pour savoir ce qui aurait pu être fait. Est-ce que vous cherchez à trouver des responsables? Parce que quelque part, là, il y a quelqu'un qui semble avoir échappé, là. Vous avez dit ce matin qu'il y avait négligence. Tout à l'heure, vous disiez : Il y a manifestement un problème.

Alors, est-ce que vous voulez aller à la source, savoir d'où vient ce problème-là? Est-ce qu'il y a des gens qui vont être imputables de ce qui s'est passé?

M. Carmant : Écoutez, la DPJ est toujours imputable, mais effectivement on veut mettre le... on veut éclaircir ce qui s'est produit, pourquoi cette enfant a été gérée de cette façon et pourquoi on est face à un résultat terrible aujourd'hui.

Mme Crête (Mylène) : On nous dit qu'il y a 400 dossiers en attente à la DPJ de l'Estrie. J'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce que c'est ce qui aurait pu expliquer que cette petite fille là passe entre les mailles du filet?

M. Carmant : Alors, dans ce cas-ci, non, puisqu'elle était connue de la DPJ, on s'entend là-dessus. Ce serait plus l'intervention qu'il va falloir analyser dans ce cas-ci. On a vu certaines inquiétudes au niveau de l'Estrie dues au fait des délais, effectivement. Par rapport à la longueur de la liste d'attente, je pense qu'on était intervenus dans celles qui en avaient plus que celle de l'Estrie : Laurentides, Montérégie et Batshaw.

Ici, je pense que le problème est autre que simplement la liste d'attente. Mais, en général, à travers le Québec, nos interventions vont focusser sur la liste d'attente parce que c'est le problème qui est ressorti de façon criante à la session qu'on avait faite avec les DPJ du Québec.

Mme Crête (Mylène) : Qu'est-ce que vous dites par «problème autre» que la liste d'attente? Vous avez dit : Dans ce cas-ci, le problème est autre que la liste d'attente.

M. Carmant : Alors, c'est ça, comme je vous dis, on a une intervention au niveau des délais d'attente. On veut faire une... On veut changer aussi... analyser les façons d'améliorer l'intervention et l'application des mesures chez les enfants.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'il y a un manque de personnel en Estrie, à la DPJ de l'Estrie? Bon, vous dites : Il faut faire... éviter, en fait, le roulement de personnel, tout ça. Ça semble être un problème que vous avez noté, mais à la grandeur du Québec, là. Mais dans le cas particulier de l'Estrie, est-ce que vous croyez qu'il manque de personnel pour pouvoir justement procéder à l'examen de tous les dossiers de l'Estrie?

M. Carmant : Il va falloir que j'aille voir personnellement ce qui se passe en Estrie avant de pouvoir répondre à ceci. Je n'ai pas eu d'indication qu'il manquait de personnel en Estrie.

M. Croteau (Martin) : Au-delà des listes d'attente, là, d'éventuelles pénuries de personnel, est-ce que la DPJ de l'Estrie est un cas à problème pour vos services, que vous avez eu vent de défaillances dans le passé dans les interventions de cette direction régionale là?

M. Carmant : On n'avait pas vraiment d'évidence de ça. On s'inquiétait cependant du délai au niveau de l'intervention. Comme je vous dis, la liste d'attente n'est pas la plus longue, mais on s'inquiétait du délai. Et moi, je dirais qu'un des problèmes c'est qu'on a besoin d'avoir, au niveau du ministère, d'avoir plus de données, d'avoir ces données de façon... en ligne, pour qu'on puisse suivre ce qui se passe dans les différentes régions, savoir d'où viennent les signalements, comment ils fluctuent de mois en mois pour être mieux capable d'agir, plutôt que de toujours réagir.

Mme Crête (Mylène) : Pourquoi ne pas avoir agi concernant la liste d'attente? Vous avez dit : On a agi dans d'autres régions, Laurentides, etc. Pourquoi pas en Estrie?

M. Carmant : Parce que ce n'était pas la plus longue. Il y en avait d'autres qui étaient plus problématiques. Et ce que j'avais fait, je m'étais informé auprès de mes collègues députés de Saint-François et de Sherbrooke pour voir si une action plus immédiate était requise, et on avait décidé, à ce moment-là, que ça aurait... une action immédiate n'était pas obligatoire.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce que vous regrettez ça à la lumière de ce qui s'est passé?

M. Carmant : Je ne crois pas qu'une intervention aurait modifié ce qui s'est passé aujourd'hui, mais c'est sûr qu'on va voir à ce que le problème ne se reproduise plus.

M. Croteau (Martin) : Vous avez parlé au directeur régional de la DPJ?

M. Carmant : Pas encore.

M. Lacroix (Louis) : Vous ne lui avez pas parlé encore? Pourquoi?

M. Carmant : Parce que mon équipe leur a parlé. Moi, j'étais ailleurs pendant le reste de la journée.

M. Lacroix (Louis) : Bien, attendez, là. Il se passe quelque chose de tragique, puis ça fait déjà deux jours qu'on connaît l'événement, on connaît l'issue tragique depuis hier soir, la fillette décède des graves blessures qu'elle avait. Vous savez qu'il y avait des signalements qui avaient été faits à la DPJ concernant ce dossier-là en particulier et vous n'appelez pas le directeur de la DPJ pour savoir ce qui se passe?

M. Carmant : Bien, j'ai appelé la CDPDJ, j'ai appelé les gens du CIUSSS de l'Estrie. Je n'ai pas encore eu le temps de parler à la DPJ de l'Estrie.

M. Lacroix (Louis) : Ça ne serait pas la première personne à qui vous auriez dû parler, ça? Il me semble que c'est... La personne qui gère le service, ça ne serait pas la première personne à qui vous auriez dû parler au départ?

M. Carmant : Bien, mon équipe a communiqué avec elle...

M. Lacroix (Louis) : ...là, vous dites, vous appelez partout, mais vous n'appelez pas le directeur de la DPJ.

M. Carmant : C'est ce que... Ce qui s'est passé, c'est que j'ai vraiment voulu savoir ce qui se passait au niveau de la PDJ du CIUSSS de l'Estrie, au niveau du CIUSSS de l'Estrie, et ensuite au niveau de la CDPDJ.

M. Croteau (Martin) : ...est-ce que vous avez eu... Vous dites, vous avez demandé à la Commission des droits de la personne d'ouvrir une enquête, mais avez-vous eu confirmation qu'elle va effectivement ouvrir une enquête?

M. Carmant : Non. C'est un organisme indépendant. J'attends leur décision, évidemment.

M. Croteau (Martin) : O.K. On ne vous a pas fourni une réponse encore.

M. Carmant : Je n'ai pas encore eu de réponse.

La Modératrice : Donc, on va passer en anglais, s'il vous plaît.

Mme Senay (Cathy) : Mr. Carmant, this child, this seven-year-old child, was well known by DPJ in the Estrie region. So basically, you have many questions today about… What are you trying to find out with the CIUSSS de l'Estrie?

M. Carmant : Well, exactly why the intervention with this child was not effective and why did it lead to this event. That's why we have three enquiries going on with the law enforcement, internal with the CIUSSS de l'Estrie and with the CDPDJ.

Mme Senay (Cathy) : You said that there were obviously problems. It went wrong, this intervention went wrong. What are your first indications about what could have been the nature of those problems?

M. Carmant : Well, I cannot comment on this right now.

Mme Senay (Cathy) : Can you explain what is your state of mind this afternoon?

M. Carmant : Well, I'm very disturbed by what happened and I want to make sure that this never happens again in the region of Estrie and as well in the province of Québec.

Mme Senay (Cathy) : You said that there are waiting lists, there are issues of waiting lists. The Estrie region is not the worst region for waiting lists, but do you have the impression that there is a lack of training for DPJ members?

M. Carmant : I think that in the province, the thing that we see is there's a lot of mobility between the teams. We need more training, more experiments, we need to consolidate the teams, and that's why we're investing $18 million in the supervision of these young teams.

Mme Senay (Cathy) : How important, and that would be my last question, how important in this whole review that you're doing at this point on the DPJ, how important it is for you to solve the case in Granby today?

M. Carmant : Very important.

Mme Senay (Cathy) : Why is that so...

M. Carmant : Well, because I think we are going to learn from this and make sure that it does not happen again.

Une voix : Thank you.

(Fin à 15 h 27)

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