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Point de presse de M. André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et services sociaux, et M. Enrico Ciccone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sports, de loisirs et de saines habitudes de vie

Version finale

Thursday, September 19, 2019, 9 h 36

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-six minutes)

M. Fortin : Bonjour. Donc, ce matin, on a eu la séance de travail de la Commission de la santé et des services sociaux pour se pencher sur la demande d'un mandat d'initiative qu'on avait faite en lien avec la cyberdépendance, en lien avec les effets sur la santé des écrans numériques. Et, essentiellement, ce qu'on a compris du gouvernement, qui a refusé de débattre, en commission parlementaire, de cet enjeu-là, d'étudier l'enjeu, de voir les meilleures pratiques, de voir ce qui se fait, d'entendre les gens du ministère de l'Éducation, du ministère de la Santé et les experts, les chercheurs québécois en la matière, qui sont des experts reconnus mondialement, ce que le gouvernement dit essentiellement, c'est : Le gouvernement travaille déjà là-dessus, qu'il y aura un forum dans les prochains mois.

Bien, deux choses à ce sujet-là. D'abord, il n'y aurait pas de forum si on n'avait pas déposé de mandat d'initiative, mais ça confirme ce que le premier ministre disait essentiellement il y a quelques mois, que, pour lui, les commissions parlementaires, ce n'est pas à eux de décider, ce n'est pas à eux de recommander, le gouvernement est capable et devrait faire cet exercice-là d'eux-mêmes. Et, bien honnêtement, il me semble que pour tous les parents du Québec, que l'on représente, nos élus, les élus de la Coalition avenir Québec, les élus des autres partis, qui sont inquiets par le fait que les enfants passent de en plus de temps devant leurs écrans, qui ne savent pas les effets sur la santé, il me semble que d'avoir une commission parlementaire où ils sont représentés par leurs élus, où ils peuvent suivent les travaux, où ils savent qu'il va y avoir des questions difficiles aux experts qui vont venir des parlementaires, c'est un peu plus rassurant qu'un simple forum dont on ne connaît pas l'étendue, dont on ne connaît pas le mandat, dont on ne sait pas qui sera présent, dont on ne sait pas si des parlementaires vont avoir la chance, un, d'y participer, deux, de poser des questions et, trois, de décider un peu du format de ce forum-là.

Ce qui est préoccupant, c'est que c'est le troisième forum qui est organisé par le gouvernement en réponse à une demande de mandat d'initiative. Et lors du premier forum, les parlementaires, outre la ministre de la Santé et le ministre délégué à la Santé, n'étaient pas impliqués, n'ont pas eu la chance de s'exprimer dans ce forum-là, de questionner les experts. Alors, on se demande vraiment quel niveau de transparence il va y avoir dans ce forum-là, qui a été le format sélectionné par le gouvernement.

Maintenant, il y a des enjeux, en ce moment, pour lesquels ce serait important d'avoir des réponses tout de suite, et mon collègue de Marquette peut en faire état.

M. Ciccone : Bien, tu sais, c'est sûr et certain que, ce qui est ironique dans tout ça, c'est que, un, je pense qu'il y a un consensus autour de cette commission-là, des membres de la commission. Tout le monde est inquiet, tout le monde est vraiment inquiet de ce qui se passe, c'est vraiment direct, directement lié à nos jeunes. C'est relativement nouveau, justement, ce phénomène-là, c'est un fléau, et c'est un mot qui est utilisé même par le gouvernement. Cependant, justement, quand c'est un fléau et ce que c'est présent, et que c'est dans nos demeures, et ça vient toucher les personnes qu'on aime le plus au monde, il faut avoir des réponses. Ça, ça va créer de l'anxiété, ça crée de l'angoisse. Et c'est correct, un forum, mais, en même temps, l'un n'empêche pas l'autre, et on est capable d'avoir une commission parlementaire, on est capable de parler à des spécialistes qui sont là, et les gens peuvent nous suivre en direct, même poser des questions. Alors, moi, je ne vois pas pourquoi qu'on ne pourrait pas justement rapidement... Parce qu'il y a une étude, on le voit, là. Les études, depuis que je suis en politique, je m'aperçois que les études, ça prend deux ans puis trois ans. On est-u capable de régler quelque chose rapidement, justement, avoir des réponses claires, nettes et précises avec des spécialistes qui vont venir nous parler, venir nous transmettre également leurs connaissances? Il y a quelques études qui ont été faites — une à l'Université de Sainte-Anne, à la Nouvelle-Écosse, à l'Université de Calgary également — qui stipulent effectivement que les jeunes ont des problèmes justement avec les résultats scolaires, des problèmes mentaux aussi, et non seulement ça, mais — moi, ça me touche beaucoup — les jeunes qui sont devant les écrans ne font pas d'activités sportives. Alors, ça vient toucher directement les enfants, ceux qu'on aime le plus.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que vous pensez qu'ultimement l'objectif, ce serait de mettre des balises sur le temps d'écran? Parce qu'on sait qu'il en existe actuellement, des balises scientifiques pour les moins de cinq ans, je crois. Là, pour le niveau scolaire secondaire, est-ce que l'idée, ultimement, c'est de mettre des balises?

M. Fortin : Bien, l'idée, ce n'est pas que le gouvernement dise aux parents comment se gouverner, loin de là. L'idée, c'est de savoir c'est quoi, les effets sur la santé de la cyberdépendance, d'être devant nos écrans davantage, et on sait que ces effets-là sont plus prononcés chez les enfants. Mais on ne connaît pas l'étendue des recherches scientifiques. On entend des bribes, comme parents, on entend des bribes d'information à gauche et à droite, mais ce serait utile d'avoir un portrait global. Le gouvernement fédéral a déjà certaines recommandations, vous avez raison, pour les enfants en bas âge. Il pourrait y avoir, disons, une meilleure identification de ce que la littérature dit, ce que la recherche dit sans nécessairement que le gouvernement tente d'imposer quoi que ce soit aux parents, qui sont les meilleures personnes pour savoir ce qui est le mieux pour leurs enfants.

Mme Plante (Caroline) : Donc, au moins qu'on ait un cadre ou plus d'information, là, en tant que parents.

M. Ciccone : Bien, justement, même si c'est relativement nouveau, on estime que deux heures devant un écran, ça devrait être assez, et il y a des statistiques qui démontrent que 76 % des jeunes de trois à quatre ans et 51 % des jeunes de cinq à 17 ans utilisent les écrans plus de deux heures, que ce soient les jeux vidéo, que ça soit les médias sociaux, que ça soit la télévision. Alors, il y a véritablement un problème là. Maintenant, de le faire entrer dans les demeures... Parce que ça vient toujours avec les parents qui vont décider, qui ont quand même une certaine emprise sur les jeunes, moins avec des jeunes de 14, 15, 16 ans, là, j'en conviens, mais, en même temps, il faut sensibiliser les parents, puis il faut le faire pas dans deux ans, pas à la fin de l'étude, il faut le faire maintenant.

Mme Plante (Caroline) : Et faire entrer ça dans les écoles aussi? Donc, est-ce que vous pensez que c'est responsable de permettre l'arrivée des programmes e-sport dans les écoles du Québec quand on a très peu de données?

M. Fortin : Bien, le mot «e-sport», mon collègue en a long à dire là-dessus, là, mais le simple fait de permettre ces programmes-là dans nos écoles sans qu'on ait des balises claires... Quand on demande au ministre de l'Éducation c'est quoi, les balises, il dit essentiellement : Bien, c'est aux écoles à décider, les écoles sont bien informées pour le faire. On ne le sait pas, ça. On n'a aucune garantie que les écoles qui ont ces programmes-là savent comment administrer, comment encadrer, comment s'assurer qu'ils ne sont pas en train de créer une dépendance. Est-ce qu'on devrait... Est-ce que le ministère de l'Éducation devrait avoir, pour les écoles qui choisissent des programmes comme ça, au minimum des balises claires? Et est-ce qu'on devrait peut-être penser à renommer ces programmes-là, qui ne sont pas des programmes de sport-études?

M. Ciccone : Moi, ce que je trouve ironique dans tout ça, si on fait la nomenclature du temps, là, dépôt de cette motion-là par mon collègue André Fortin, silence radio du côté du gouvernement, quatre jours plus tard, le ministre de l'Éducation sort à TVA en disant : Il n'y a pas de problème. Un programme dans les écoles, ça va être bien encadré. On va être capable de faire de l'éducation dans les écoles. Et quand les jeunes vont revenir à la maison, ils ne seront pas devant leurs écrans. C'est vraiment... Honnêtement, penser de cette façon-là, c'est vraiment ignorant de penser que les jeunes ne reviendront pas à la maison et ne retourneront pas justement sur leurs écrans. Et, quelques jours plus tard, maintenant, le premier ministre demande justement un forum à son ministre délégué de la Santé, justement, d'établir un forum pour en parler. Alors, moi, je pense qu'on devrait peut-être commencer à se parler un peu plus au Conseil des ministres du gouvernement.

M. Cormier (François) : Sur la forme, maintenant, là, pas sur le fond, est-ce qu'on n'a pas un peu trop de demandes de mandats d'initiative depuis quelques mois à l'Assemblée nationale? Je n'ai pas l'expérience parlementaire de certains de mes collègues, que je vais pointer du doigt, mais, quand même, des mandats d'initiative, là, dans la dernière année libérale, on n'en couvrait pas du tout. Là, c'est sans cesse. Est-ce qu'à un moment donné le gouvernement n'est pas là aussi... Est-ce qu'il n'a pas raison quand il dit : On est un peu là pour gouverner aussi, là. Puis là, les oppositions tirent sur la couverte pour essayer d'avoir de l'«exposure» sur certains dossiers.

M. Fortin : Bien, d'essayer d'avoir de l'information sur certains dossiers, d'essayer d'avoir... de formuler des recommandations au gouvernement, c'est le travail de député. Nous, on pense que les commissions parlementaires, c'est une bonne façon de la faire dans un dossier comme celui-là.

Maintenant, on sait qu'il y en a, des mandats d'initiative, qui sont acceptés par le gouvernement. Celui sur le TDAH a été accepté par le gouvernement. Mais depuis, on n'a pas vraiment de nouvelles. On ne sait pas ce qui se passe. Donc, même quand le gouvernement accepte, c'est un peu le néant par la suite. Alors, réellement, là, on sent ce que le premier ministre dit, que ce n'est pas les commissions parlementaires qui vont décider. Pourtant, il y a 125 élus, ici. Ils représentent tous une circonscription, ils représentent tous des gens qui ont voté pour eux, qui les ont sélectionnés. Il me semble que, que ces gens-là se penchent sur des dossiers importants, comme ça, c'est la moindre des choses.

Mme Gamache (Valérie) : Pourquoi un forum ne ferait pas l'affaire, dans le sens où, je veux dire, les gens qui s'y intéressent, qui sont touchés ont plus accès à un forum qu'à une commission parlementaire, quand même?

M. Fortin : Bien, pas nécessairement. Et d'ailleurs c'est un peu l'enjeu. C'est que, dans le premier forum qui a eu lieu, celui sur les jeunes et la santé mentale, il n'y avait pas nécessairement d'accès pour les parlementaires, il n'y avait pas nécessairement d'accès vidéo. Il peut y avoir des forums qui sont bien organisés, là. Je pense à celui qui avait été organisé sur le cannabis à l'époque où Mme Charlebois était ministre. Il y avait eu une tournée aussi qui avait été faite...

Mme Gamache (Valérie) : ...il était bon, celui-là?

M. Fortin : Bien, il y avait une tournée à travers le Québec qui était faite. Ce forum-là avait été diffusé sur les réseaux sociaux pour que les Québécois puissent y avoir accès justement. Maintenant, on ne sait pas c'est quoi, les termes du forum qui s'en vient. Est-ce que les parlementaires vont pouvoir avoir accès aux experts qui sont sur place, ils vont pouvoir poser des questions aux experts qui sont sur place? Est-ce que, justement, ça va être transmis en direct pour que les citoyens puissent avoir cette information-là? Avec les commissions parlementaires, on sait que c'est le cas, avec le forum, on n'a aucune idée comment ça va se dérouler.

Mme Plante (Caroline) : Peut-être une petite dernière encore sur le e-sport. Est-ce qu'on devrait mettre un frein à ce programme-là? Parce que là, il se multiplie. Est-ce qu'on devrait arrêter, le temps de faire plus d'études?

M. Ciccone : Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Alors, on peut aller trop vite, je sais que c'est très populaire, le e-sport — j'ai de la difficulté à dire le mot «jeu électronique» avec le mot «sport», j'ai énormément de difficulté à le dire — on sait que c'est en effervescence, on sait qu'on est capable de remplir des stades en Asie, il y a des grands tournois à ce niveau-là, les jeunes sont intéressés, c'est en direct, puis je comprends. Mais, en même temps, est-ce qu'on est capable juste de prendre un pas de recul? On est peut-être allé trop vite. On va prendre un pas de recul, on va attendre les études, on va parler aux scientifiques, et, après ça, on prendra une décision. Moi, je n'ai pas de problème à ce que la technologie... on fasse appelle... Avec la technologie, avec les jeunes, qu'on me dise : On a un programme pour développer des jeux vidéo pour les jeunes, justement, je n'ai pas de problème avec ça. Mais là, d'avoir... de les asseoir pendant des heures, à l'école, où on est supposé apprendre des tactiques d'attaque sur des jeux vidéo, moi, je trouve ça aberrant, tout simplement.

Mme Plante (Caroline) : Donc, en clair, donc, que le ministère de l'Éducation dise : On n'en prend plus de ces... ou on empêche, ou...

M. Ciccone : Bien, on ne devrait pas, on devrait arrêter, tout simplement, dire : Regardez, là, on est peut-être allé trop vite, on va attendre. J'ai déjà posé la question clairement à la ministre déléguée de l'Éducation, Mme Charest. J'ai posé la question. Après quatre fois, elle m'a répondu. Je disais : Est-ce que l'e-sport est un sport, pour vous? Ça a pris quatre fois, et finalement elle m'a dit : Non, ce n'est pas un sport. Alors, quand j'ai dit tantôt qu'on devrait peut-être se parler au Conseil des ministres, là, on devrait peut-être le faire.

M. Cormier (François) : Mais si on vous dit...

Mme Plante (Caroline) : Donc, un moratoire.

Mme Gamache (Valérie) : On garde ceux qui sont là, mais on n'en crée plus d'autres, c'est un peu ça?

M. Ciccone : Bien, je comprends qu'on est déjà avancé, mais je pense qu'on devrait mettre une halte à ça immédiatement, là.

M. Cormier (François) : Mais si on vous dit : Ça aide certains jeunes à rester à l'école au lieu de décrocher, est-ce que vous... Parce que c'est l'argument du gouvernement.

M. Ciccone : Oui, effectivement. Moi, je peux vous donner une expérience personnelle. J'ai eu un enfant qui a eu un TDAH, que c'était très difficile à l'école pour lui. Ce qui l'a gardé à l'école, c'est que j'ai été capable de le mettre dans un collège où c'était accentué sur le sport. Il avait une heure et demie à trois heures de sport par jour. Alors, les jeunes ont le sentiment d'appartenance, ils font partie d'une équipe, portent le logo fièrement, et c'est comme ça que j'ai été capable de le garder à l'école jusqu'en secondaire V, et qu'il a passé vraiment, là, une année... il a passé vraiment son secondaire de façon normale. Et c'est de cette façon-là que je l'ai gardé à l'école. Alors, il y a d'autres façons de garder les enfants à l'école. Je ne suis pas un spécialiste, je ne suis pas un spécialiste, mais cependant les garder à l'école... Parce que le sport, là, je comprends que le sport à l'école... le mien, mon enfant, arrivait à la maison, il était brûlé, il allait se coucher. Là, on emploie des tactiques de jeu vidéo. Là, on revient à la maison, qu'est-ce qu'on va faire? On va prendre la manette et on va encore jouer à des jeux vidéo. On ne brûle pas les enfants avec des jeux vidéo à l'école, là.

M. Fortin : Mais il y en a, des programmes, là, qui vont... des programmes de sport-études, des programmes de musique, des programmes d'art, des programmes internationaux qui vont justement favoriser que les jeunes restent à l'école, qui vont les intéresser à l'école, qui vont faire en sorte qu'ils vont rester dans leur cour. Mais, en même temps, ils ne créent pas de dépendance, ces programmes-là. Une dépendance en baseball, ça n'existe pas. Une dépendance en musique, ce n'est pas un problème...

M. Ciccone : On aimerait ça.

M. Fortin : ...mais on peut créer une dépendance à l'école en ce moment avec les programmes qui sont en place si ce n'est pas bien encadré. Et on n'a aucune garantie en ce moment que ces programmes-là sont bien encadrés.

Mme Plante (Caroline) : Alors, vous partagez l'avis de votre collègue, là...

M. Fortin : Oui, tout à fait.

Mme Plante (Caroline) : ...puis le moratoire... On devrait arrêter pour l'instant...

M. Fortin : Entièrement d'accord avec les propos de mon collègue. Merci.

M. Ciccone : Merci. Merci.

(Fin à 9 h 49)

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