(Douze heures quinze minutes)
M. Zanetti : Bonjour, tout le
monde. Alors, j'étais vraiment éberlué et secoué de voir le titre de l'interpellation
du Parti libéral, aujourd'hui — du Québec — par rapport à
la ministre de la Santé, là : L'incapacité du gouvernement caquiste
d'améliorer les services de santé et de services sociaux, notamment en régions.
Que cette interpellation-là vienne du Parti libéral, qui vient de sortir, il y
a à peine un an, de 15 ans d'actions politiques et de destruction puis de
création de découvertures de soins de santé et de services sociaux partout au
Québec, ça me ne rentre pas dans la tête. C'est comme si le député de Pontiac,
là, M. Fortin, qui est le seul député de région, d'ailleurs, qui reste au
Parti libéral, ne jouait même pas au pompier pyromane, là, qu'il vient
dire : On fait des feux puis, après ça, on arrive puis on se présente en
sauveurs pour les éteindre, c'est juste un pyromane qui, après ça, vient
chialer sur le travail des pompiers en disant qu'ils ne le font pas assez vite.
Ça prend du front tout le tour de la tête vraiment, là, pour arriver puis
remettre sur la faute des autres un problème qu'ils ont eux-mêmes créé.
Les 15 ans de réforme... les 15 ans
de règne libéral puis la réforme qu'ils ont faite en santé, ça a été
complètement catastrophique pour les services de santé et de services sociaux
en région. Ça a amené une immense centralisation puis un contrôle politique
aussi sur toute l'administration du système de santé. Les gens nous le disent
partout, quand on va dans les régions, là. Pour une région comme
l'Abitibi-Témiscamingue, là, d'avoir une seule organisation, un seul P.D.G.,
c'est complètement hallucinant. On crée un système dans lequel, en plus d'avoir
éliminé 1 300 cadres, bien, on a des cadres puis des P.D.G. qui
évidemment, là, ne connaissent pas tous leurs employés, des employés qu'ils ne
voient jamais, ou presque pas, ou qui ne connaissent pas personnellement leurs
employeurs, et ça, ça ne peut pas amener une optimisation des services. Alors,
c'est vraiment quelque chose, là, d'hallucinant que le Parti libéral, là,
veuille se présenter en sauveteur des services de santé en région. Ça ne me
rentre pas dans la tête.
Et une des choses, aussi, que je trouve
vraiment alarmantes — puis j'ai posé la question à la ministre pour
savoir si c'est quelque chose de l'héritage libéral qu'elle allait
conserver — c'est le fait que maintenant, là, depuis la réforme
Barrette, les P.D.G. puis les P.D.G. adjoint des CIUSSS puis les CISSS sont
nommés directement par la ministre. Et ça, qu'est-ce que ça fait? Bien, ça fait
que, ces gens-là, ils sont attachés, ils ont les mains attachées puis ils ne
peuvent pas dire ce qu'ils pensent quand le gouvernement fait des réformes puis
fait des choses qui sont contre l'intérêt du monde, qui vont contre leur avis à
eux. Ils sont obligés d'être des bons soldats qui suivent tout ce que le
ministre dit. Et ça, ça enlève une autonomie et ça enlève aussi la possibilité
pour les régions du Québec d'avoir un mot à dire dans la façon dont seront
administrés les soins de santé chez eux. Alors, c'est complètement,
complètement inacceptable. J'ai posé la question à la ministre : Est-ce
qu'elle, elle va continuer ça, ce contrôle politique là des cadres du réseau de
la santé? Bien, elle n'a pas vraiment répondu à ça, là, elle n'a pas dit
qu'elle allait rompre avec cet héritage-là. Alors, pour nous, ça, c'est une
déception.
M. Cormier (François) :
Est-ce qu'il faut faire un lien entre vos attaques sur les libéraux ce matin
puis votre volonté d'aller leur gruger des votes dans Jean-Talon?
M. Zanetti : Je n'y ai pas
pensé...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Zanetti : ...mais c'est une
bonne stratégie politique. Mais, non, je n'avais pensé à ça, moi. C'est vraiment...
quand on vu ça, on a fait... bien, ça fait plusieurs... M. Fortin, en même
temps, est dans une position délicate, là. Je le comprends de vouloir essayer
d'attaquer le gouvernement, mais chaque fois qu'il le fait, il le fait sur des
choses dont son propre gouvernement est responsable. Donc, c'est vraiment... On
dirait que, depuis, et pas juste ce dossier-là, il mise vraiment sur l'amnésie
collective, là, des Québécoises et Québécois en se disant : On va
tellement être sûrs de notre coup, là, en attaquant notre propre bilan, là, que
les gens vont finir par oublier. On dira que c'est nous qui avons tout fait ça
puis là, on va se draper, là, comme d'une cape de vertu, là, à la rescousse des
services sociaux qu'ils ont démolis. Alors, ça, là, ce n'est pas la première
fois que ça m'accroche. Mais là, c'était trop gros, une interpellation comme
ça...
Mme Richer (Jocelyne) :
Mais M. Zanetti, quand même, vous êtes dans l'opposition. Est-ce que votre
rôle n'est pas de critiquer le gouvernement, qui est quand même en place depuis
un an, le critiquer pour ce qu'il a fait ou qu'il n'a pas fait depuis un an — c'est
ça, votre rôle — au lieu d'attaquer un autre parti de l'opposition?
M. Zanetti : Bien, là,
c'était juste trop gros. Mais on est capable de mâcher de la gomme puis marcher
en même temps, je pense, c'est ça l'expression. Puis évidemment, on a parlé
aussi aujourd'hui du problème de la découverture en Abitibi-Témiscamingue puis il
y a des choses que la ministre ne fait pas assez vite. Mais je n'irais pas
jusqu'à lui dire c'est de sa faute, la découverture qui a été faite par les
libéraux. Et ça, je pense qu'il faut que tout le monde s'en souvienne. Il faut
que se souvienne du bilan libéral.
Maintenant, est-ce que tout va bien, puis
est-ce que tout va assez vite? Effectivement, non. Il y a la question de la loi
sur les ratios qui est une urgence totale. Et moi, je trouve que, là, en ce
moment, on a le pied sur le frein au gouvernement.
Mme Richer (Jocelyne) :
La CAQ avait promis beaucoup et avait surtout promis d'agir rapidement.
M. Legault disait qu'il était un homme impatient, pressé. Après un an,
c'est quoi le bilan que vous faites en santé, justement?
M. Zanetti : Bien, je
pense qu'on devrait être plus pressé en santé et abandonner les projets comme,
par exemple, la question du troisième lien à Québec où, là, on saute des étapes
puis on fait fi de l'avis des spécialistes, et là on est prêt à investir des
milliards de dollars. Est-ce que ça va être 6 milliards? On ne le sait
pas. Tandis que, là, on a besoin de milliards de dollars en santé, tout le
monde le demande, et puis, là, bien, tout à coup, on met le pied sur le frein
sur un projet de loi sur les ratios qui donnerait des pratiques sécuritaires
partout. Alors, ça, c'est très décevant.
M. Cormier (François) :
Sur les plans de couverture, en fait, pour éviter les découvertures en
anesthésiologie, ça s'est réglé, mais ça ne s'est toujours pas réglé en
obstétrique puis en chirurgie. Est-ce que vous jugez que, depuis l'arrivée au
pouvoir de la CAQ, ça s'est détérioré, ça s'est amélioré ou c'est resté statu
quo?
M. Zanetti : C'est une
bonne question. Il faudrait analyser les chiffres plus en profondeur, de façon globale,
là. Mais ce dont on est sûrs, c'est qu'en ce moment il y a des découvertures
qui sont très importantes, là. Quand on parle de gens qui, en Abitibi, là,
disent : J'ai demandé à avoir un rendez-vous pour des allergies avec un
médecin spécialiste et puis avec un dermatologue, et puis on m'a dit que ça
prendrait sept à 10 ans, ça, c'est complètement inacceptable. Alors, je
suis conscient qu'il y a beaucoup de feux à éteindre, en ce moment, en même
temps, là, des feux qui ont été allumés par le gouvernement libéral, mais ce
n'est pas une raison.
Ce que je trouve qui, moi, me crée,
disons, de l'incertitude, là, puis des gros doutes, c'est l'attitude du Conseil
du trésor là-dedans. Parce que Mme McCann veut éteindre des feux, mettons,
mais c'est qui qui a le pied sur le frein, en ce moment, par rapport au projet
de loi sur les ratios? Est-ce que c'est M. Dubé qui, lui, n'est pas sûr
qu'il est prêt à mettre l'argent qu'il faut pour qu'on règle les problèmes? Ça,
c'est une source d'inquiétude pour nous, puis je pense que les gens de l'Abitibi
et du Témiscamingue, là, mériteraient d'être rassurés là-dessus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais de façon générale, est-ce que le réseau de la santé se porte mieux qu'il y
a un an?
M. Zanetti : C'est une bonne
question. C'est difficile à dire, c'est difficile de faire pire que l'état dans
lequel c'était, c'est difficile de faire pire. Je pense qu'il y a des signaux,
par rapport, par exemple, à la question des lois sur les ratios, qui étaient
très positifs, qui avaient été envoyés. C'est des choses qui amèneraient
quelque chose de grand, mais là, moi, je suis très inquiet à savoir, est-ce
qu'ils vont aller jusqu'au bout ou c'étaient juste des bons signaux positifs au
début pour donner une bonne impression, puis qu'après ça on met les gens en
confiance? Mais je dirais qu'il y a des bons signaux qui ont été envoyés, des
choses qui pourraient être réglées, mais là il faut vraiment passer à l'action
puis à la caisse.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
L'approche du gouvernement pour le remboursement des lunettes, donc, en gros,
l'État rembourse 250 $, peu importe le montant, le coût réel, là, des
lunettes, pour une période de deux ans. Est-ce que vous jugez que c'est une
bonne approche? Mme McCann dit qu'agir différemment, donc rembourser le
montant réellement payé par le parent jusqu'à concurrence de 250 $, ce
serait trop coûteux d'un point de vue administratif.
M. Zanetti : Bien, si c'est
ça, bon, c'est la ministre qui peut le savoir, qui a accès à ces données-là,
mais c'est sûr que si ça coûte plus cher d'administrer des choses différentes
que tout simplement de donner une même mesure à tout le monde, bien, tant mieux
pour les personnes qui en reçoivent plus puis tant mieux pour le système qui
peut mettre de l'argent économisé en administration ailleurs, là. Moi, je ne
trouve pas, là, qu'il y a matière à scandale s'il est vrai que ça coûterait
plus cher d'administration que de donner le même montant à tout le monde.
M. Larin (Vincent) : ...petite
question, quand même, sur les libéraux — j'aurais dû vous la poser ce
matin — sur les libéraux qui présentent votre ex-adversaire
politique, Mme Bourdon dans Jean-Talon. Vos impressions là-dessus. Est-ce
que ça en dit long sur l'état du Parti libéral?
M. Zanetti : Bien, c'est
étonnant. Moi, je pense que, bien, comment dire, les statistiques sont
mauvaises, là, mais... C'est un drôle de choix. Je ne sais pas pourquoi ils
font ça, je ne suis pas dans le secret des dieux puis j'essaie vraiment de rester
positif, puis... et tout ça...
Journaliste
: Qu'est-ce
qui vous fait rire de même?
M. Zanetti : Bien, c'est parce
que je trouve ça... il y aurait tant de choses à dire. Mais, en même temps...
allez-y.
Journaliste
: On va
prendre le temps.
M. Zanetti : Bien, c'est quand
même un drôle de choix stratégique. Vous aviez quelqu'un qui était une étoile,
là, présentée comme une candidate vedette, qui a dit qu'elle marquerait
l'histoire — c'est fort, là, tu sais, arriver en politique, dire
qu'on va marquer l'histoire — dans ce qui était considéré quand même
comme un château fort libéral, même si ça avait été adéquiste un an et demi, et
qui, là, a perdu contre, disons, l'adversaire qui est parti en quatrième. Et de
penser que, là, c'est une bonne stratégie puis une bonne candidature pour
préserver ce qui est considéré aujourd'hui comme un château fort libéral dans
lequel Québec solidaire est placé dans les sondages en deuxième position,
disons que c'est un calcul risqué. Mais c'est peut-être moins risqué que de
miser sur l'amnésie collective des Québécois en faisant accroire à tout le
monde que finalement on va sauver le système de santé puis que les libéraux
n'ont rien fait.
M. Dion (Mathieu) : Qu'est-ce
que vous avez retenu d'elle comme adversaire?
M. Zanetti : Bien, c'est
une personne qui est sympathique, là, avec qui... qui est sympathique, mais je
ne l'ai pas... On a eu un débat ensemble. Ça ne s'est pas très bien passé, je
pense, par rapport... surtout sur les sujets, pour elle... par rapport à la
mobilité, là. Donc, je pense que c'est quelqu'un très certainement qui a des
grandes compétences pour comprendre le système de santé, sauf que, sur des
enjeux comme l'environnement, la mobilité, disons qu'elle n'était pas prête
pour ça à ce moment-là. Mais sinon, comme personne, très sympathique, comme
tout le monde, puis on n'a pas déjeuné ensemble non plus. Ça fait que je n'ai
pas grand-chose à dire.
M. Chouinard (Tommy) : C'est
dans votre circonscription, Enfant-Jésus? C'est dans votre circonscription?
M. Zanetti : Oui.
M. Chouinard (Tommy) : Bon,
c'est comme le bébé de Mme Bourdon. Elle l'a toujours présenté d'ailleurs
comme ça dans le passé, avant même son saut en politique. Est-ce que vous
considérez que c'est un bel héritage ça ou c'est un flop, ce projet-là?
M. Zanetti : Bien, moi,
partout où je me promenais, là, dans la circonscription, évidemment, dans la
circonscription Jean-Lesage, il y a beaucoup de centres hospitaliers et de
services de santé, et il y a beaucoup de gens qui travaillent dans ces
endroits-là et qui ont eu comme supérieure Mme Bourdon, puis ces gens-là,
au fond, on vu Mme Bourdon comme quelqu'un qui a appliqué, avec beaucoup
de discipline, la réforme Barrette, qui est aujourd'hui est très critiquée.
Alors, je pense que l'image qui reste de Mme Bourdon, c'est beaucoup
l'image de quelqu'un qui a été excellente pour appliquer une réforme
dévastatrice. Et ça, les gens, ils s'en sont rappelé, et ça a eu un impact,
c'est clair et net. Donc, faire ce choix-là dans Jean-Talon, où il y a aussi
beaucoup de monde qui travaille dans le milieu de la santé, où il y a aussi des
services de santé importants, c'est un pari vraiment très risqué.
Une voix
: Une dernière
question peut-être? Merci beaucoup.
M. Zanetti : Merci. Au
revoir.
(Fin à 12 h 27)