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Point de presse de M. Andrés Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion

Version finale

Wednesday, October 30, 2019, 13 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures vingt-deux minutes)

M. Fontecilla : Bonjour, messieurs dames. Donc, nous sommes ici pour réagir à deux annonces quand même majeures du ministre Jolin-Barrette. Tout d'abord, la question de test des valeurs et ensuite la question du plan d'immigration du Québec, les cibles... les seuils d'immigration jusqu'en 2022. C'est quand même un sujet très important.

Tout d'abord, ce que nous, moi et Québec solidaire, vous disons, c'est que cette question de test des valeurs envoie un très mauvais message à l'ensemble des gens qui veulent venir s'installer au Québec et même les immigrants qui sont déjà ici, qui n'ont pas eu à passer ce fameux test des valeurs là. Ça envoie le message, là, comme quoi les immigrants ne respectent pas des valeurs universelles — parce que ce n'est pas des valeurs québécoises, là, c'est des valeurs universelles — comme l'égalité entre les femmes et les hommes, etc., et donc qu'il faut évaluer non seulement la connaissance, mais l'adhésion à ces valeurs-là. Donc, les immigrants, c'est fondamentalement des gens différents qu'il faut trier, là.

Ensuite, nous croyons qu'avec ce test des valeurs c'est de la poudre aux yeux parce que le ministre évite les problèmes, les grands problèmes de l'immigration, la question de la discrimination à l'emploi, la question de la non-reconnaissance des diplômes et des compétences, la question du profilage racial, dont on a parlé abondamment il y a quelques jours.

Donc, il y a quand même une contradiction assez grande dans cette initiative, cette volonté d'instaurer un test des valeurs parce que, d'une part, le ministre dit : On veut obliger les immigrants à adhérer aux valeurs québécoises, là, exprimées par la charte québécoise des droits et libertés, et, d'autre part, ce ministre lui-même n'hésite pas à déroger à des articles très importants de cette charte-là pour faire avancer son projet politique. Donc, la charte, c'est vital, essentiel pour les immigrants et les immigrantes qui veulent s'établir au Québec, là, mais, lorsqu'il s'agit de faire passer des lois sous le bâillon, bien, on tasse la charte, c'est soudainement accessoire, l'importance de cette charte-là.

Ensuite, concernant le seuil, bon, le ministre a annoncé qu'il avait l'intention d'atteindre autour de 52 000 personnes d'ici 2022. C'est, grosso modo, le même chiffre que la dernière année du gouvernement libéral, alors que l'ensemble des intervenants en immigration et le milieu des affaires réclament à grands cris l'augmentation pour régler... pour pallier à la pénurie, à la rareté de main-d'oeuvre au Québec. Donc, c'est un effort très, très limité de la part du ministre Jolin-Barrette, là.

Des aspects qui nous paraissent très controversés dans le règlement annoncé. Par exemple, dans le Programme de l'expérience québécoise, le PEQ, il va allonger de 12 mois à 18 mois la période minimale à partir de laquelle les gens qui résident physiquement au Québec peuvent déposer une demande dans le cadre du Programme de l'expérience québécoise, là. Il va faire dépendre l'étude de ces demandes-là selon la liste des diplômes des professions en demande au Québec, alors que cette liste-là change pratiquement à tous les ans, maximum à tous les deux ans. Et on sait que les processus d'immigration sont très, très longs; ça va dépasser largement, donc, cette période-là. Donc, une personne qui dépose une demande dans un programme qui est en demande, un diplôme en demande au Québec, là, ah! après l'étude de son dossier, son diplôme, sa profession ne sera plus en demande au Québec, et ça va tomber à l'eau, cette demande-là.

Et ensuite, ce qui nous paraît très problématique, c'est l'exigence, pour les conjoints ou conjointes du requérant principal en immigration dans le cadre du Programme de l'expérience québécoise, là, d'avoir un niveau 7 de connaissance du français. Le niveau 7, c'est un niveau quand même pas mal élevé, et ça va faire en sorte de rendre encore plus compliquée l'obtention du certificat de sélection du Québec, là, pour les personnes qui résident déjà au Québec.

Donc, il y a des aspects très problématiques dans les annonces faites par le ministre Jolin-Barrette aujourd'hui.

M. Bellerose (Patrick) : ...M. Fontecilla, que la CAQ a reculé par rapport à ce qui était proposé en campagne électorale?

M. Fontecilla : Je crois que, grosso modo, ils continuent dans la même voie, donc, celle de faire de l'immigration, en quelque sorte, un sujet primordial, un problème qu'il faut régler, alors que ce n'est pas le cas. Et je pense qu'ils continuent fondamentalement sur la même voie.

M. Bellerose (Patrick) : ...la CAQ instrumentalise les immigrants pour des points politiques?

M. Fontecilla : Tout à fait. Tout à fait, là. Écoutez, le test de valeurs, là... Est-ce que vous voyez un problème, en sortant de l'Assemblée nationale, en vous promenant dans les principales villes du Québec et dans les campagnes? Est-ce que vous voyez une clameur populaire demande un test des valeurs? Est-ce qu'il y a, comment dire, des cas manifestes de gens qui ne respectent pas les valeurs québécoises exprimées par la Charte des droits et libertés du Québec, là ? Non, ce n'est pas le cas. C'est un problème imaginaire, c'est de la poudre aux yeux, alors qu'il y a des problèmes autrement plus importants qu'il faut régler, je les ai nommés : la discrimination en emploi, la non-reconnaissance des diplômes, le profilage racial, etc.

M. Bellerose (Patrick) : ...d'entrée de jeu que ce sont des valeurs universelles, donc ça ne sera pas difficile de demander aux gens d'adhérer à ces valeurs-là qui sont universelles.

M. Fontecilla : De facto, je pense que le les gens qui font une demande d'immigration au Québec, là, et qui veulent venir au Québec, là, acceptent de facto les règles de cette société et veulent adhérer aux valeurs fondamentales de cette société et de la société québécoise, qui ne sont pas uniques à la société québécoise, là, elles sont pratiquées par la très grande majorité des peuples à travers le monde. C'est la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations unies finalement

 Mais ça va plus loin que ça. On a des façons de vivre, au Québec, et les gens, en partant, dès leur pays d'origine, même s'ils ne connaissent pas ces façons de vivre, sont prêts à faire les sacrifices qui s'imposent pour adopter les façons de vivre de la population du Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Tantôt, M. Derraji disait que le fait d'avoir immigré au Québec l'a amené à cheminer et à adopter toutes les valeurs québécoises... en tout cas, plus de valeurs québécoises dans son cheminement. Je voulais savoir si ça a été votre expérience aussi. Est-ce que vous avez vu une évolution de votre part qui était que vous avez adhéré plus grandement, disons, aux valeurs québécoises ou à quelque chose qui était moins...

M. Fontecilla : Tout à fait. Ça a été mon cas, et je pense que c'est le cas non seulement des personnes immigrantes qui doivent faire, en quelque sorte, un parcours accéléré, vous savez, là, mais c'est le cas de l'ensemble de la population du Québec, là, les gens qui sont nés ici. Vous savez comment on vivait en 1970, au Québec, là. C'est complètement différent de comment on vit au Québec en 2019. Donc, la population québécoise a avancé à travers les générations. Et même une personne, à travers sa vie, évolue par rapport à différents phénomènes qui commencent à se produire. Et au début on semble un peu déstabilisé, ensuite il y a une phase de compréhension, et finalement il y a une phase d'acceptation et de vivre pleinement ces valeurs-là. Et c'est le cas des personnes immigrantes, mais c'est le cas des personnes... de n'importe quelle personne au Québec, là.

Mme Gamache (Valérie) : Vous avez parlé de valeurs universelles, de, bon, la charte des droits et libertés de l'ONU. Mais, à votre avis, est-ce qu'il n'y a pas des valeurs vraiment qui sont québécoises? Je veux dire, vous semblez d'entrée de jeu, là, établir le fait que c'est les mêmes valeurs partout sur cette bonne planète.

M. Fontecilla : Je crois que le Québec est une nation universaliste, et on adhère à des valeurs universelles. Et il y a des valeurs qui sont propres au Québec, comme, par exemple, nos traditions à... au français, à la société francophone que nous sommes et à la nécessité de préserver cette notion-là, cette caractéristique du Québec, qui est, à moins que vous me disiez le contraire, là, typiquement... ça appartient au Québec.

Si vous avez d'autres exemples, je serais bien prêt à en discuter avec vous. Mais, pour la plupart, la question, par exemple, de l'égalité entre les femmes et les hommes, on peut dire que c'est une valeur qui est partagée par une très large partie de l'humanité. Et évidemment il y a toujours des individus qui ne partagent pas ces valeurs-là, bon, je sais. Mais officiellement, au Québec, c'est une valeur qui est consacrée, comme dans presque la totalité des pays à travers le monde.

Mme Crête (Mylène) : Mais ce n'est pas tout le monde qui adhère, par exemple, au mariage entre couples de même sexe, monsieur Fontecilla.

M. Fontecilla : Tout à fait, tout à fait. Tantôt, je vous parlais des phénomènes sociaux qui sont relativement nouveaux. C'en est un. La société est en train de faire un cheminement à travers... pour ces notions-là. On a légiféré, on a fait des avancées très importantes, maintenant, c'est un fait, on admet les mariages de personnes du même sexe, ici, au Québec. Ce n'est pas le cas de toutes les sociétés à travers le monde, j'en conviens. Mais les personnes qui arrivent ici doivent respecter les lois du Québec. Et de facto, encore une fois, les personnes qui viennent ici sont prêts et prêtes à respecter les lois du Québec. Et voilà.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous vous appuyez sur quoi pour dire ça?

M. Fontecilla : Dire quoi?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Que les gens qui immigrent au Québec, de facto, adhèrent à toutes les valeurs québécoises?

M. Fontecilla : Parce que c'est la logique même. C'est la logique même.

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...quelque chose pour prouver ça? Parce que j'ai de la difficulté à croire que quelqu'un qui immigre au Québec connaît tout le contexte historique qui fait en sorte qu'aujourd'hui l'État canadien et québécois reconnaissent les unions, par exemple, entre des personnes de même sexe. C'est quelque chose qui peut choquer, qui peut même choquer un nouvel arrivant. Je ne comprends pas pourquoi vous dites...

M. Fontecilla : Même des personnes, ici, ce n'est pas universellement admis non plus, mais c'est un fait, ça a été codifié dans des lois. Mais, moi, j'ai la conviction intime, là, que, dès qu'on quitte un pays pour aller s'établir ailleurs, là, c'est pour adopter, tout d'abord, accepter les lois qui régissent le pays où je peux m'installer et ensuite avec la vision de m'intégrer à la société, non pas de m'assimiler, mais de m'intégrer à la société dans laquelle je vais m'implanter, dans laquelle peut-être je vais peut-être... non, sans doute, fonder une famille, élever mes enfants, et mes enfants vont avoir des petits-enfants. Donc, on accepte les projets portés par cette société-là, et j'ai cette conviction-là. Maintenant, on pourrait faire un sondage, des études plus approfondies, etc., mais c'est ma conviction que les immigrants viennent ici pour obéir aux lois et accepter les façons de vivre du Québec.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Dites-moi si j'interprète mal vos propos, mais j'ai l'impression, ce que vous me dites... M. Derraji nous a dit un peu ça, juste avant vous, que les gens évoluent beaucoup aussi après leur arrivée au Québec, mais tandis que le gouvernement, lui, semble voir si les gens se sont déjà intégrés avant qu'ils arrivent au Québec. Est-ce qu'il y a un problème là?

M. Fontecilla : Écoutez, vous savez, ça peut être un aspect assez problématique. M. Jolin-Barrette et le premier ministre du Québec, François Legault, nous disent que le gouvernement du Québec est en train de faire la même chose qui se fait au niveau fédéral avec le test sur la... préalable à l'obtention de la citoyenneté, au serment à la reine, là, bon, une reine qui n'habite même pas au Québec ou au Canada, mais, bon, ça, c'est une autre histoire. Et, ceci étant dit, c'est une démarche qui arrive à l'aboutissement d'un processus. C'est en aval, disons.

Là, il y a une différence fondamentale dans l'ordre des démarches, là, c'est que le test des valeurs arrive au tout début. Même qu'une personne, avant même d'arriver au Québec, va devoir passer un petit cours par Internet, 90 minutes, j'ai entendu, et donc comprendre l'ensemble des valeurs — des valeurs. S'il y a quelque chose qui peut susciter des discussions, ce sont bien les valeurs, là, parce que, bon, il y a toujours des nuances importantes. Mais, avant même d'arriver au Québec, avant même d'avoir vu un gramme de neige, cette personne-là doit se prononcer sur des aspects fondamentaux de notre vivre-en-commun.

Ça me semble contradictoire parce que les gens apprennent en arrivant ici. Oui, ils adhèrent à des valeurs universelles, à des valeurs importantes, mais c'est ici que ces valeurs-là s'incarnent dans une façon de vivre. Et les gens apprennent en étant ici, en côtoyant des collègues de travail, des camarades d'école, en se trouvant un conjoint, une conjointe, etc. D'ailleurs, la meilleure façon, c'est en établissant des couples mixtes, là, parce que, là, on est étroitement... on est en contact avec la culture d'accueil, là. Mais voilà. Donc, passer le test au préalable, en amont, ça peut être problématique.

M. Bossé (Olivier) : Vous disiez tantôt qu'il y a même des gens nés au Québec qui voient les valeurs changer. Est-ce que vous avez l'impression qu'il y aurait des Québécois nés au Québec qui auraient de la misère à réussir ce test-là? Évidemment, on ne connaît pas les détails, mais vous comprenez ce que je veux dire?

M. Fontecilla : Écoutez, je crois qu'il faudrait le passer à... Oui, mais j'en connais personnellement, des gens qui auraient de la difficulté et qui ne sont pas tout à fait d'accord avec certains énoncés ou certaines, comment dire, nuances apportées par les valeurs, entre guillemets, québécoises, là. Oui.

M. Bellerose (Patrick) : ... des noms, des personnes du public, des élus? Vous pensez à des élus, si je comprends bien?

M. Fontecilla : Je pense à toutes sortes de gens un peu partout à travers la société, hein, je ne fais pas de différence. L'évolution des valeurs, là, c'est quelque chose de très intime, et ça concerne tout le monde à différents degrés.

La Modératrice : Merci.

M. Fontecilla : Merci. Bonne journée.

(Fin à 13 h 37)

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