(Douze heures quarante-six minutes)
M. Marissal : Alors, bonjour.
Merci d'être là. Moi, je suis ici évidemment pour parler du nouveau rapport de
la Vérificatrice générale, rapport 2019‑2020. J'ai déjà parlé, au dernier
rapport, d'un catalogue des horreurs. Malheureusement, ça devient une habitude,
on est abonnés au catalogue des horreurs. J'ajouterais que... catalogue des
horreurs, des erreurs et du manque de transparence. On approche de Noël, là, ce
n'est pas le catalogue Sears, là, c'est vraiment le catalogue des horreurs. Il
y a des trucs, là-dedans, à faire dresser les poils sur la tête. J'en nomme
deux ou trois parce que ce serait trop long de faire le tour. Par exemple, la
gestion des sommes de subvention au ministère de l'Économie et de l'Innovation,
il y a clairement là un manque de balises assez évident. Ça a été fait sous le
précédent gouvernement. Ça a été noté aussi sous le nouveau gouvernement, donc
sous la gouverne du ministre Fitzgibbon.
Et on sait que ce gouvernement, le nouveau
gouvernement s'est fait élire notamment en promettant la plus grande des transparences.
Quand ils étaient dans l'opposition, ils ont déchiré un nombre incalculable de
chemises sur ce sujet-là. Et malheureusement, ce que la Vérificatrice générale
nous dit aujourd'hui, c'est que plus ça change, plus c'est pareil. On est
encore dans le même type de manque de transparence. C'est-à-dire qu'on dépense
de l'argent hors programme, puis on se rend compte, après, qu'il faut recadrer
ces investissements-là. Et on parle ici de plusieurs centaines de millions de
dollars. Quand on connaît l'empressement du ministre Fitzgibbon à investir, à
intervenir dans l'économie québécoise, à hauteur de 5 milliards de
dollars — c'est ce que le nouvel Investissement Québec lui donnera — ce
n'est pas rassurant. Alors, il faudrait que le gouvernement se ressaisisse et
puis peut-être qu'il aille relire aussi ses engagements électoraux pour donner
à la population québécoise plus de transparence quand il s'agit des dépenses
publiques.
Par ailleurs, on apprend... et ça, c'est
vraiment troublant, la Vérificatrice générale nous dit que le ministère du
Conseil exécutif — ça, évidemment, vous le savez, c'est le ministère
du premier ministre — et le Secrétariat du Conseil du trésor ont
refusé de donner des documents réclamés par la Vérificatrice générale. Vous
savez, la Vérificatrice générale n'a pas de mandat de perquisition, là. Elle ne
va pas aller chercher de force des documents, là. Mais ce n'est pas une
invitation à dîner, là, quand la Vérificatrice générale vous demande des
documents. Vous ne pouvez pas repousser ou refuser, là. Normalement, la règle
du jeu veut que vous donniez les documents. De toute façon, si vous n'avez rien
à cacher puis que vous faites de la saine gestion, vous allez remettre ces documents.
Alors, là, vraiment, là, moi, je sonne
l'alarme. Que le gouvernement se resaisisse réellement là-dessus, là. On ne va
pas commencer à jouer au fou avec la Vérificatrice générale, qui est le chien
de garde ultime du gouvernement. Si on demande des documents, ce n'est pas une
mesure frivole. C'est pour faire le travail que l'on doit faire. Et je vous rappelle
à ce sujet que Christian Dubé, en particulier, a le mot de transparence très
facile. Ça sort, là, trois, quatre fois par jour. Bien, là, il serait temps
peut-être de donner un sens à ses propos quand il parle de transparence.
Un mot rapidement sur la DPJ. Est-ce qu'on
avait vraiment besoin d'en rajouter sur la DPJ? Malheureusement, et je le dis
vraiment, là, et notre coeur saigne, là, quand on parle de la DPJ, là, depuis
certaines histoires que je n'ai pas besoin de renommer, est-ce qu'on avait
vraiment besoin d'en rajouter une couche? Malheureusement, la vérificatrice est
arrivée à des conclusions dramatiques concernant des délais notamment qui
mettent carrément la vie d'enfants en danger. Et, après Granby, personne ne
peut dire qu'on agite des épouvantails ou on veut faire peur au monde quand on
parle de ça. Il y a réellement péril en la demeure. Et, là aussi, il faudrait
que le gouvernement, même s'il y a une commission en ce moment... et la
commission peut fonctionner, mais le gouvernement a tous les moyens, et, maintenant,
il y a aussi des rapports accablants qui lui démontrent aussi qu'on doit
redresser la barre rapidement. Si vous avez des questions, je suis disponible.
Mme Gamache (Valérie) : Bien,
concernant la DPJ, à votre avis, est-ce qu'il faut vraiment attendre le rapport
de la commission Laurent ou il faut, à la lumière, là, des informations de la
Vérificatrice générale... Qu'est-ce qu'il faut faire maintenant?
M. Marissal : Il faut d'abord
réinvestir là où on manque de monde. Ça, la commission Laurent va arriver à
cette conclusion-là, c'est évident, mais on le savait aussi. La commission
Laurent, c'est un peu comme une radiographie complète de toute la structure de
la DPJ et, plus largement, je dirais même, de la société québécoise, de la
façon dont on traite les enfants ou plutôt qu'on les maltraite malheureusement
trop souvent. Mais ça ne devrait pas servir, encore une fois, de manoeuvre
dilatoire au gouvernement. Le gouvernement ne devrait pas dire : Ah! bien,
vous savez, il y a une commission en ce moment. Non. Quand il y a un accident,
là, grave, les pompiers et les premiers secours, les policiers y vont tout de
suite. Ça n'empêche pas, après, de revoir tout le Code de la sécurité routière
ou de refaire les intersections. La commission Laurent, c'est ça qu'elle fait.
Mais, en ce moment, on met la vie d'enfants en danger. C'est ça que la Vérificatrice
générale nous dit.
M. Dutrisac (Robert) : Sur la
question de la transparence, le gouvernement évidemment invoque le fait que les
analyses qui ont été produites par les ministères ont servi ou servent à des
décisions ministérielles. Ça fait partie des documents qui, en vertu de la loi
sur l'accès à l'information, peuvent être non dévoilés, non divulgués. Est-ce
que vous êtes d'avis que cette règle-là doit être levée ou est-ce qu'on doit
faire une exception pour simplement les demandes de la Vérificatrice?
M. Marissal : La Vérificatrice
générale, qui est quand même là depuis un moment, nous dit que c'est une
première. Donc, elle-même est assez surprise de cette décision qui semble
relever d'une interprétation beaucoup plus large des documents qu'on ne devrait
pas remettre. Et ça, c'est une piste extrêmement glissante, c'est une voie
dangereuse quand les gouvernements commencent à choisir à la pièce quels
documents... On ne peut pas remettre celui-ci à cause de telle raison, celui-là,
on va le garder pour telle autre raison. Moi, je crois la Vérificatrice
générale quand elle dit qu'elle s'attendait à avoir ces documents-là. On ne lui
a pas remis, et attention à l'arbitraire d'un gouvernement qui, derrière des
portes closes, va décider : ce document-là, oui, ce document-là, non. Il y
a quand même des précédents, et si la Vérificatrice générale déplore le fait
que le gouvernement ne lui a pas remis, c'est probablement parce qu'elle juge
qu'elle aurait dû les avoir. En fait, c'est assurément parce qu'elle juge
qu'elle devait les avoir.
Vous savez, la Vérificatrice générale, elle
et ses prédécesseurs, toute son équipe, moi, je les connais parce qu'on les
fréquente beaucoup, là, avec la Commission de l'administration publique, ce
n'est pas des gens qui... ils ne sont pas flamboyants, hein? Ils mesurent
vraiment beaucoup tout ce qu'ils disent, et c'est pour ça qu'il faut vraiment
lire, tu sais, avec beaucoup d'attention. Quand la Vérificatrice générale
arrive à des conclusions, c'est solide, puis elle est dans une position où elle
a un tel poids, ses critiques ont un tel poids que... Elle est très
respectueuse du travail qui est fait par son équipe. Et je pense que le
gouvernement, quand il dit qu'il veut faire de la transparence sa priorité,
bien, voilà, là, ici, là, le guide à suivre, parce qu'il y a là-dedans beaucoup
trop d'exemples de manque de transparence qui sont documentés.
Mme Kline (Amanda) : In light of this report, what else do you think needs to be done
when it comes to youth protection in this province, even with the Laurent
commission?
M. Marissal :
You know, what's happening with de DPJ is a clear impact of the Liberal
Government cuts in public services, and that's clear, that's crystal clear. So,
the Government is really happy right now, the new Government is really happy
now to be able to use the surpluses from the Liberal era. Right, OK? That is a
fact. But, you also have to take a part of these surpluses and to reinvest in
public services. And clearly, frankly, I don't see a
more important and more urgent
thing to do that to invest in our children. So you don't have to wait for the
«commission Laurent» to end. You can act now and we know what we have to do :
hire more people, give some formation as well and act in some regions that have
been cut more seriously by the previous government. Merci.
(Fin à 12 h 55)