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Point de presse de Mme Jennifer Maccarone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de famille et de clientèles vivant avec un handicap ou avec le spectre de l’autisme

Version finale

Thursday, November 21, 2019, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante-huit minutes)

La Modératrice : Bonjour. Donc, prendra la parole aujourd'hui, Mme Jennifer Maccarone, députée de Westmount—Saint-Louis. Elle est accompagnée de Mme Cindy-Lee McKenzie, de Mme Mireille Gagnon et de M. Christian Beaudet de l'organisme Ressource Espace Familles. Donc, Mme Maccarone.

Mme Maccarone : Merci. Je vous remercie de votre présence ici aujourd'hui. Je souligne également la présence de Mme Mireille Gagnon, présidente du conseil d'administration, Mme Cindy-Lee McKenzie, directrice générale, et M. Christian Beaudet, trésorier du conseil d'administration de Ressource Espace Familles. Nous sommes ici aujourd'hui pour interpeler le gouvernement d'agir.

Ressource Espace Familles est un organisme communautaire famille dans le comté de Jean-Talon. C'est le seul organisme de ce genre dans le comté. Et, chaque année, il soutient au-dessus de 600 familles dans le secteur, dont 500 sont issues de l'immigration. Ils offrent de l'aide alimentaire, de l'accompagnement pour les familles, des activités parents-enfants, mais surtout ils brisent l'isolation pour ces familles qui souvent n'ont pas une autre ressource sur laquelle... qu'ils peuvent utiliser. Depuis 2017, le ministère de la Famille a reconnu Ressource Espace Familles, mais sans financement de leur mission. Cet organisme fonctionne grâce à la générosité de leurs partenaires, mais ce n'est pas assez. S'ils ne reçoivent pas de financement du ministère sous peu, il va falloir qu'ils ferment leurs portes, puis qu'ils ferment leurs portes d'ici juin 2020. Ils ferment leur portes sur le dos de 600 familles, 600 familles que, je rappelle, ils n'auront pas une autre ressource à laquelle... qu'ils pourront utiliser.

Au printemps 2018, le gouvernement du Parti libéral du Québec avait annoncé un financement additionnel de 30 millions de dollars attribués à travers trois ans, alors, 10 millions de dollars par année, pour des organismes comme Ressource Espace Familles. C'était tellement une bonne annonce que le ministre de la Famille lui-même a décidé de recycler cette annonce. Mais plutôt que de financer des organismes qui ne reçoivent aucun financement, comme Ressource Espace Familles, le gouvernement a fait le choix de répartir cet argent-là dans les organismes déjà financés. Le gouvernement dispose des marges de manoeuvre nécessaires pour financer cet organisme, mais leur choix, ça a été de ne pas le faire.

Aujourd'hui, le gouvernement doit réaliser l'impact de cette décision et agir rapidement pour aider ces familles-là. J'ai aussi entendu M. Lacombe, le ministre de la Famille, dire que, écoute, il n'y avait aucun critère qui existe pour établir des moyens pour aider des centres communautaires, des centres de familles comme Ressource Espace Familles, mais cela, ce n'est pas vrai.

Présentement, la répartition se fait par le groupe des tables de partenaires, mais le ministre, lui, il n'a pas convoqué la table des partenaires, il préfère travailler en isolation. Il travaille tout seul, uniquement avec chaque organisme, un à la fois. Ce n'est pas une façon d'établir une répartition de ressources démocratique pour aider des personnes, des gens, comme j'ai dit, dans le comté de Jean-Talon, qui attendent après le gouvernement caquiste à agir. Sinon, il se tourne le dos vers 600 familles qui attendent après eux.

Alors, je passe la parole à la directrice générale, Mme Cindy-Lee McKenzie. Merci.

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Alors, merci beaucoup. Alors, je me présente, je suis Cindy-Lee McKenzie, directrice de Ressource Espace Familles. Je suis aujourd'hui ici, à l'Assemblée nationale, comme porte-parole des 2 000 personnes qu'on touche directement chaque semaine, là, dans notre organisme.

Donc, comme Mme la députée a bien dit, on fait une douzaine d'activités, en fait, pour aller chercher les gens, les familles, les enfants, les parents qui ne sont pas rejoints par les canaux traditionnels. Donc, on travaille beaucoup avec des gens qui sont très isolés, des gens qui sont en vulnérabilité économique aussi.

De par notre situation géographique à Sainte-Foy, la population a changé énormément. Donc, depuis les 10 dernières années, on a vu une explosion de gens vivant en situation de défavorisation économique et sociale, beaucoup de nouveaux arrivants aussi, et les services sur le terrain n'ont pas suivi. Donc, on se ramasse aujourd'hui avec un organisme qui dessert 2 000 personnes qui sont vraiment dans le besoin, à multiples niveaux, et on est sur le bord de la fermeture, en juin 2020, si on n'est pas capables d'avoir un financement à la hauteur, là, pour maintenir nos activités. Et ce qui est le plus dommage dans tout ça, c'est qu'il n'y a pas d'autre organisme qui va pouvoir accueillir cette clientèle-là, donc on va vraiment mettre de côté 2 000 personnes qui vont se retrouver sans service, et malgré leurs besoins qui sont quand même assez importants.

Donc, on est ici aujourd'hui, à l'Assemblée, pour demander à M. le ministre de, s'il vous plaît, pouvoir nous considérer. On est reconnus par le ministère, on n'a juste jamais eu la chance d'intégrer le programme de financement récurrent comme 270 autres organismes reconnus comme nous. Nous, on doit... On est conscients que le ministre est en train de refaire une réforme à ce niveau-là. Par contre, on devra fermer avant la fin de la mise sur pied, en fait, de cette réforme-là. Donc, on aimerait pouvoir continuer à exister pour pouvoir continuer à soutenir nos 2 000 familles, nos bénévoles, nos employés. On est vraiment un organisme de coeur, d'amitié, et puis on vous demande, s'il vous plaît, de nous aider, là, à pouvoir maintenir notre organisme en vie. Alors, merci à tout le monde.

La Modératrice : On va passer à la période de questions. On est sur les questions du jour seulement. Donc, Marco Bélair-Cirino du Devoir.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, bonjour, Mme la directrice générale. Quel montant souhaitez-vous obtenir du gouvernement?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : En fait, nous, ce qu'on aurait besoin annuellement pour maintenir nos services, ça serait un 92 000 $ annuel. On reçoit déjà, là, une partie du... un certain montant, donc pour l'année, notre année financière, là, d'avril 2020 à mars 2021, on aurait besoin d'un 80 000 $, là, pour s'assurer notre prochaine année financière de survie.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Expliquez-moi, là. Vous bénéficiez de l'aide gouvernementale actuellement, mais ce n'est pas un programme récurrent, donc?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Exactement. On reçoit des discrétionnaires, mais, de la part du ministère de la Famille, on n'a rien de récurrent. Donc on n'a aucune somme stable qui nous est allouée. Donc, on vit à peu près aux trois, quatre mois, selon les différentes subventions partenaires, qu'elles soient gouvernementales, municipales, privées, mais on n'a rien d'assuré, là, sur une base commune.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais qu'est-ce qui vous dit que nous n'allez pas obtenir encore un montant du budget discrétionnaire?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Bien, comme je vous dis, pour l'instant, on reçoit... on nous a parlé, là, d'un discrétionnaire du ministère de la Famille de 2 000 $ pour l'instant, mais vous comprendrez qu'actuellement on ne peut pas maintenir un organisme avec des coûts de loyer, d'impression, d'Internet, en fait, son fonctionnement de base, avec ce montant-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est la première fois que vous êtes dans cette situation-là ou c'est tout le temps ça, le ministère de la Famille arrive en vous disant que ça va être 2 000, puis, proche du fil d'arrivée, ils vous arrivent avec un chèque de 80 000 $?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Bien, ça ne nous est jamais arrivé. En fait, nous, ce qu'on souhaite... En fait, nous, on n'a jamais eu de gros montant, on réussit toujours bien que mal à arriver avec... en grattant ici... J'ai des employés qui sont extraordinaires, qui font une bonne partie de leur travail de façon bénévole. On fait beaucoup avec rien, mais on a besoin d'une certaine stabilité pour pouvoir assurer aussi, là, à tous ces gens-là que les programmes vont revenir et puis qu'on va pouvoir vivre plus qu'aux trois mois. Donc, on aimerait, c'est ça, avoir une stabilité pour pouvoir assurer à nos gens qui comptent sur nous aussi, de dire : Bien, on ne vit pas aux six mois, et peut-être que dans six mois, vous allez avoir besoin...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Je m'excuse d'être technique, mais...

La Modératrice : Si vous permettez.

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Oui.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, du gouvernement du Québec, vous n'obteniez pas de montant considérable comme celui que vous réclamez cette année, c'est ça?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Non, on n'a jamais intégré le programme, là, du ministère de la Famille.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais pourquoi en avoir besoin cette année?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : En fait, on a eu, comme je vous dis, plusieurs années, différents financements. On ne vous cachera pas que la conjoncture est très différente. On a la fin d'Avenir d'enfants, qui termine en mars, qui nous finançait une partie, en fait, du montant qu'on avait besoin. La conjoncture change. On est beaucoup plus de joueurs à demander des sous. Les règles aussi diminuent. Avant, on avait toujours une partie qu'on pouvait demander, dans des demandes de subvention, pour aller chercher pour le côté administratif, qui était de 10 %, mais là, on le voit descendre à 7 %, à 5 %, à 0 % dans certains cas, ce qui fait que, bien, on est rendu là. On a accumulé... On a dépensé, en fait, ce qu'on avait d'accumulé. On a cogné à toutes les portes qu'on pouvait cogner, puis on en est là aujourd'hui.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Qu'adviendra-t-il des 2 000...

Mme Maccarone : La clientèle a beaucoup évolué, c'est beaucoup des nouveaux arrivants, maintenant, qui arrivent dans le secteur, alors ça change vraiment la donne pour de tels organismes qui ont vraiment besoin d'avoir ce soutien-là.

Je rajouterais à qu'est-ce que Mme McKenzie a dit. C'est que 80 000 $, c'est leur demande qu'ils ont faite auprès du ministère de la Famille. Sur un budget de 30 millions de dollars, ce n'est rien, ce n'est vraiment rien. Puis le 30 millions de dollars, c'était de l'argent supplémentaire qui était annoncé, alors c'était mis de côté exactement pour aider de tels organismes. Alors, le ministre a vraiment la marge de manoeuvre de le faire, de prendre la décision. Ça fait au-dessus de huit mois, depuis qu'ils sont en communication avec le ministère et avec le ministre, sans avoir une réponse. C'est flou. C'est dommage qu'on est ici aujourd'hui, de parler de la vie de 600 familles, de mettre la lumière médiatisée là-dessus, quand ça devrait être juste du gros bon sens pour leur aider.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, Mme Maccarone, vous profitez de l'élection partielle dans Jean-Talon pour mettre de la lumière sur cet enjeu-là.

Mme Maccarone : Honnêtement, ce n'est pas arrivé de même. Oui et non, parce que c'est grâce à notre candidate, Gertrude Bourdon, c'est elle qui nous a fait parvenir l'information, parce qu'elle travaillait dans son comté, oui, elle faisait du porte-à-porte, elle a rencontré l'organisme, puis elle a dit : Bien, voyez-vous, ce serait une bonne affaire que vous rencontriez cet organisme, parce qu'ils ont besoin d'aide. Mais je crois qu'ils ont fait l'exercice de rencontrer tous les autres candidats et de partager leur détresse puis leurs besoins.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme Bourdon se comporte déjà comme une députée, vous me dites, là.

Mme Maccarone : Non, Mme Bourdon se comporte comme candidate, elle se promène dans son comté, elle aimerait être élue, c'est normal, mais, comme chaque candidat, c'est important de faire du porte-à-porte, de rencontrer tous les partenaires, de partager son désir de vouloir aider ses citoyens. C'est tout à fait normal.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Et une dernière question en ce qui me concerne, puis je vous remercie de votre générosité, mais qu'adviendra-t-il des 2 000 personnes que vous aidez si vous n'obtenez pas le financement nécessaire?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Bien, pour l'instant, il n'y a aucun autre organisme qui offre de tels services, donc...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Les services, concrètement, c'est quoi?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : En fait, on a un comptoir alimentaire à Notre-Dame-de-Foy, qui est en fait le quartier où il y a eu les attentats de la mosquée, qui est un des quartiers les plus défavorisés de la ville de Québec. Donc, on a quand même 350 familles, là, qui dépendent de nous pour la base, là, l'alimentation, la nourriture. On a des cours de français, qu'on offre aux parents et aux enfants allophones qui ne sont pas dans les corridors, qui sont soit en attente de francisation ou qui ne peuvent pas y aller. On offre tous les services. Comme M. Lacombe disait, une des priorités, c'est de rejoindre les enfants ou les familles qu'on ne rejoint pas via les canaux traditionnels. Donc, on offre des outils pour les parents, donc, des activités parents-enfants autour des saines habitudes de vie, autour d'un jardin, autour du jeu, pour aider les parents à être de meilleurs parents, pour ultimement favoriser un meilleur développement des enfants. On a des sorties culturelles les fins de semaine, et en plein air, pour montrer, au Québec... Venez, on va vous faire découvrir ce qu'on peut faire, qu'est-ce qu'il y a de beau ici... à des familles qui n'ont pas de moyens financiers de s'offrir des loisirs. Donc, on leur permet ça en enlevant tous les obstacles, donc en prenant en charge tous les coûts, et tout ça.

On a aussi des ateliers en périnatalité, donc des femmes enceintes ou qui viennent d'accoucher qui sont toujours en situation très précaire, surtout avec le post-partum, surtout si c'est des nouveaux arrivants, les façons de faire sont très différentes. Mais ces gens-là, à proximité, n'auront pas d'autres sources et quand on est des parents avec des jeunes enfants, qu'on n'a pas nécessairement de voiture, faire une heure, une heure et demie d'autobus pour se rendre dans le quartier le plus loin... Ces gens-là ne sortiront pas et donc ils vont retourner encore plus dans l'isolement, et ça va être encore beaucoup plus facile... beaucoup plus difficile, c'est-à-dire, d'aller les rejoindre par la suite.

Mme Maccarone : J'ai eu le privilège de passer du temps hier à Ressource Espace Familles avec des familles qui étaient là. Puis je pense que c'était le mot numéro un que les gens ont partagé, des gens qui étaient là avec leurs enfants : c'était de briser l'isolement, de ne pas se sentir seuls. Puis il n'y avait que des paroles d'amour pour ces personnes-là, qui sont dévouées, qui donnent de leur temps personnel. C'est leur temps personnel parce qu'ils sont sous-financés. Ça prend de l'argent pour administrer tout ça. On ne peut pas se fier sur la communauté tout le temps, tout le temps, tout le temps, puis des personnes qui ont des grands coeurs pour aider des gens qui sont en besoin. Ils ont la mesure d'aider. Il faut agir.

La Modératrice : Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : 2 000 personnes, vous dites?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Oui.

M. Bossé (Olivier) : Ça, c'est en augmentation?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : Je dirais que, comme la démographie a changé beaucoup depuis les cinq dernières années, on a vu, je vous dirais, doubler les demandes. Donc, nous, on a ouvert de plus en plus de programmes. Présentement, on ne répond même pas à la demande. On a des listes d'attente pour la plupart de nos programmes. Donc, ces 2 000 personnes-là, de façon... viennent aux activités régulières. On fait aussi des événements. Via les événements, on peut rajouter, là, un 9 000 à 10 000 personnes qu'on touche indirectement par les événements. Donc...

M. Bossé (Olivier) : ...combien de temps vous existez?

Mme McKenzie (Cindy-Lee) : C'est notre dixième année aujourd'hui. Ça a parti tout petit avec deux concitoyens qui se sont dit : Ah! tiens, il y a des immigrants qui arrivent dans notre quartier. Pourquoi ne pas les aider à faire découvrir le Québec? Et, 10 ans plus tard, bien, on est un organisme qui répond aux besoins et aux gens, et on s'adapte à ce que les gens ont de besoin.

La Modératrice : Merci beaucoup.

Mme Maccarone : Merci.

(Fin à 9 h 11)

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