(Neuf heures dix-huit minutes)
Mme Rizqy : Bonjour.
M. Leitão : Bonjour,
chers amis. Vas-y.
Mme Rizqy : Alors, depuis
le 20 juin 2019, plusieurs Québécois sont inquiets car leurs données ont
été volées chez Desjardins. Nous avons demandé à plusieurs reprises, les partis
d'opposition, d'avoir un mandat d'initiative élargi pour entendre différents
groupes d'experts indépendants. Malheureusement, ça nous a été refusé à de maintes
reprises. Toutefois, on est quand même contents qu'aujourd'hui on commence une consultation
particulière. Et le cas de dire «particulière» est ici très à propos, car c'est
par une mesure réglementaire qui n'a pas été utilisée depuis...
M. Leitão : 16 ans.
Mme Rizqy :
...16 ans. Par contre, on apprend aujourd'hui qu'à cause de la
précipitation du leader du gouvernement il y a un expert qui n'est peut-être
pas si indépendant que ça, car il a reçu après les faits, quand même, un montant
assez important pour conduire une chaire de recherche, un montant de 1,25 million
de dollars. Évidemment, on aurait aimé que ça nous soit dénoncé. Et aujourd'hui
on est aussi avec la Sûreté du Québec, qui ne viendra pas témoigner. On nous
envoie l'Office de la protection du consommateur, alors qu'on a demandé le...
M. Leitão : SPVM.
Mme Rizqy : ...SPVM.
Alors, vous comprendrez qu'on est contents de commencer quelque chose, mais on
demeure convaincus qu'un mandat d'initiative élargi est vraiment nécessaire
pour faire toute la lumière non seulement sur Desjardins, Revenu Québec, mais
aussi les dossiers santé.
Aujourd'hui il y a des Québécois que leur
vie est brisée parce que leurs données ont été volées et leur identité est
maintenant compromise et d'autres qui se retrouvent avec deux hypothèques
qu'ils n'ont jamais contractées. Alors, ça, ça fait en sorte qu'il y a des
Québécois qui aujourd'hui nous regardent et s'attendent que le gouvernement
mette fin à toute partisanerie, s'élève au-dessus de la mêlée, et convoque un
mandat d'initiative élargi avec des experts indépendants, et qu'on arrête de
toujours précipiter nos travaux de façon inutile.
M. Leitão : Et ce qui est
ironique, dans toute cette saga, c'est qu'autant le gouvernement a étiré la
sauce, donc, comme ma collègue a dit, depuis la fin de juin qu'on essaie
d'avoir un mandat d'initiative, et en même temps, dans la dernière semaine, il
s'est précipité pour aller vite, vite, vite avec une commission parlementaire
qui nous est imposée, avec des groupes choisis par le gouvernement et qui nous
sont imposés aussi. Donc, on a retardé, et puis, après ça, ça a été imposé très
rapidement.
M. Dion (Mathieu) : Que
vaut l'exercice d'aujourd'hui?
Mme Rizqy : C'est quand
même une première étape. On est contents d'être en mesure de poser des
questions à Desjardins. On a des questions très importantes, on veut savoir
quand ils ont su, le vol de données, réellement, c'est quand, la première fois,
qu'ils ont sur qu'il y avait une brèche chez eux, qu'est-ce qu'ils ont fait,
vers qui ils se sont tournés. Aujourd'hui, là, est-ce que les données... la
preuve a été compromise? Est-ce que c'est pour ça qu'aujourd'hui on n'est pas
capable d'être en mesure de porter des accusations? On a plusieurs questions.
Maintenant, envers Equifax. Eux autres
aussi, on a des questions parce que c'est quand même Equifax qui collecte les
informations de plusieurs Québécois, et eux aussi ont vécu un vol de données
important.
Alors, vous comprendrez qu'on est
contents, mais on veut aller beaucoup plus loin. Et on a l'obligation, à titre
de parlementaires, de faire en sorte de mettre toute la lumière sur tout ce qui
se passe présentement. Les données, là, tout le monde sait que c'est la donnée
la plus importante.
M. Leitão : Ce qui se fait
aujourd'hui, qui va se faire aujourd'hui, c'est ce qui aurait dû être fait au
début de juillet. Nous voilà maintenant pratiquement à la fin novembre. On a
perdu plusieurs mois.
M. Dion (Mathieu) : Mais
vous ne pensez pas qu'ils ont maintenant davantage d'informations pour
divulguer... davantage d'informations aux Québécois, en fait, sur ce qui s'est
passé, avec le recul, avec tous ces mois qui ont passé?
Mme Rizqy : Ma
compréhension, c'est dans le cas de Desjardins. Ça fait quand même depuis
décembre qu'ils savent qu'est-ce qui est arrivé, à peu près, chez eux, puis il
y a eu après ça différents événements. Par contre, au mois de juin, ils ont
pris la décision de le révéler au grand public, et là, évidemment,
immédiatement on a voulu les entendre. Desjardins a été quand même capable
d'aller à Ottawa se faire entendre, mais pas ici, chez eux, au Québec. Ça,
c'est assez particulier.
M. Dion (Mathieu) :
Passons à la Sûreté du Québec. Est-ce que l'excuse ou l'explication de la
Sûreté du Québec vous satisfait?
M. Leitão : Non.
Mme Rizqy : Aucunement.
Aucunement. C'est important que la Sûreté du Québec comprenne que l'exercice
n'est pas une invitation à un party de Noël. C'est un exercice sérieux et
important. Et, lorsqu'ils disent qu'ils n'ont pas eu le temps de se préparer,
depuis le 20 juin 2019...
M. Dion (Mathieu) : Oui,
mais ça, c'est une enquête, finalement...
Mme Rizqy : Ils ont dit
deux affaires. Ils ont dit, la première des choses, qu'ils n'avaient pas eu le
temps de se préparer; ils le savent depuis le 20 juin 2019. Pour ce
qui a trait de l'enquête, on peut les entendre à huis clos.
M. Leitão : Ça aurait pu
se faire à huis clos.
Mme Rizqy : Et de plus
j'ajouterais qu'on a voulu remplacer la Sûreté du Québec par la SPVM, la police
de Montréal, qui eux font véritablement plusieurs enquêtes criminelles, eux
aussi, et sont remplacés par l'Office de la protection des consommateurs.
M. Dion (Mathieu) :
Qu'est-ce que ça veut dire, selon vous, cette absence de la Sûreté du Québec,
cette décision-là de ne pas venir?
Mme Rizqy : Mais nous, on
n'arrive pas à justifier leur absence. Ils sont supposés d'être à la table avec
nous. Ils doivent répondre à nos questions. Et c'est clairement, pour eux... Moi,
je considère leur absence injustifiée. Qu'ils viennent répondre, et, s'il y a
des endroits où est-ce qu'ils ne peuvent pas répondre, qu'ils nous disent
simplement : On ne peut pas aller aussi loin. On va demander un huis clos.
Tout simplement.
M. Dion (Mathieu) : Sur
ce titulaire de la chaire de recherche qui va être invité, cet après-midi, en
remplacement de Benoît Dupont, est-ce que c'est que ça a été mal ficelé,
finalement, quand on regarde ça?
M. Leitão : Encore une
fois, c'est un exemple très clair de l'empressement et du fait que le
gouvernement nous a imposé cette procédure-là. Parce que personne n'a eu le
temps de vérifier quoi que ce soit. En quelques heures, on est notifiés que
M. Dupont ne peut pas venir et sera remplacé par M. Fernandez.
Écoutez, on n'a pas le temps de tout vérifier, là, donc...
Mme Rizqy : Mais le
leader parlementaire a fait encore une fois quelque chose à la va-vite, en
précipitation, et évidemment il nous a proposé quelqu'un qui n'a pas été
vérifié, et le professeur en question, lui-même, aurait dû dénoncer son conflit
d'intérêts.
M. Dion (Mathieu) : Donc,
devrait-il se retirer de la commission?
Mme Rizqy : Oh! non, non.
Maintenant qu'il est ici, on aussi des questions pour lui. Inquiétez-vous pas,
on va juste apprécier ses réponses avec des pincettes, mais on a quand même des
questions pour lui. Lorsqu'ils lui ont donné une subvention de
1,25 million, est-ce que Desjardins a dénoncé au chercheur en question
que, depuis décembre 2018, ils savaient qu'il y avait déjà une brèche chez eux?
Mme Crête
(Mylène) :Qu'est-ce que vous pensez de sa
crédibilité?
Mme Rizqy : Bien, en partant,
moi-même, je suis professeure-chercheuse en congé sans solde. Lorsqu'on nous
demande de venir siéger en commission parlementaire sur un dossier aussi
important que celui-ci, il appartient au chercheur de dénoncer d'emblée son
conflit d'intérêts. S'il l'a fait, est-ce que Simon Jolin-Barrette était au
courant? Est-ce qu'il a pu, au moins, nous le dire? Nous, on n'a jamais su son
conflit d'intérêts, alors...
M. Lacroix (Louis) : Il dit
qu'il n'était pas au courant. Il l'a mentionné en conférence de presse, il y a
quelques minutes, qu'il avait... c'est M. Dupont qui lui avait proposé la
candidature de M. Fernandez, qu'il n'était pas au courant que sa chaire de
recherche était financée par Desjardins.
Mme Rizqy : Bien, vous voyez,
encore une fois, c'est allé à la va-vite.
M. Leitão : C'est ça.
Mme Rizqy : On remplace une
personne par une autre rapidement, au lieu de faire les choses correctement et
prendre son temps. Et aujourd'hui, là, au lieu de faire un mandat d'initiative,
on y va par article d'un règlement qui n'est pas utilisé depuis 16 ans, et
malheureusement on se retrouve avec une personne qu'aujourd'hui les Québécois
vont regarder... Évidemment, il y a l'expression : On ne mord pas la main
qui nous nourrit. Le chercheur en question a reçu quand même, là,
1,25 million de dollars de subventions de la part de Desjardins.
M. Lacroix (Louis) : Donc, il
y a un conflit d'intérêts, selon vous?
Mme Rizqy : Le conflit
d'intérêts est patent, immanquable. Il aurait dû le dénoncer. Maintenant qu'il
vient devant nous, on va apprécier, évidemment, ses réponses avec le regard
d'une personne qui, oui, effectivement, peut avoir un conflit d'intérêts. C'est
quand même financé par Desjardins après les faits. C'est depuis décembre 2018
que Desjardins savait qu'il y avait une brèche chez eux.
M. Dion (Mathieu) : Pour vous
avoir «on the record», qui d'autre vous voulez entendre? Revenu Québec? SPVM?
M. Leitão : On avait une
longue liste d'une vingtaine de groupes et organismes : Option
Consommateurs, la protection du...
M. Dion (Mathieu) : Mais les plus
importants, là, ce serait...
Mme Rizqy : Bien, là-dedans,
c'est sûr que nous, la Sûreté du Québec était très importante, le SPVM,
immanquablement important, puisque c'est le corps de police qui fait
pratiquement plus d'enquêtes que les autres, avec la SQ, donc nous, on veut les
entendre. Revenu Québec, pour nous, c'est inacceptable qu'aujourd'hui ils ne
soient pas là. C'est le coffre-fort des Québécois. Et, lorsqu'on apprend qu'une
employée a été capable de retirer des dossiers de ses collègues à maintes
reprises, puis qu'il y a un début d'enquête, puis que finalement l'enquête n'a
jamais abouti, qu'elle a pu être en mesure, par la suite, de sortir tous les
dossiers de ses collègues, là, ici, c'est qui, qui est imputable? Personne ne
l'est.
M. Leitão : Et d'autres
experts en cybersécurité aussi. M. Carlos... j'oublie son prénom.
Mme Rizqy : Michel Carlos.
M. Leitão : Michel Carlos.
Donc, plusieurs experts en cybersécurité. Et moi, j'avais suggéré aussi le SCRS
parce que ces questions de protection de données personnelles, il y a aussi un
enjeu international à cela, et je pense que le point de vue du SCRS aurait été
extrêmement utile.
M. Dion (Mathieu) : O.K.
Merci.
La Modératrice
: Merci.
(Fin à 9 h 27)