(Neuf heures cinquante-deux minutes)
Mme Rizqy : Alors,
savez-vous quoi, on y va direct. Je prends vos questions.
M. Lacroix (Louis) :
Alors, Mme Rizqy, qu'est-ce que vous pensez de la... M. Roberge ouvre
la porte à une possibilité que les enseignants aient le dernier mot sur les notes
des élèves dans le projet de loi.
Mme Rizqy : Il n'a pas à
ouvrir la porte. Il doit fermer la porte. C'est lui qui a déjà ouvert la porte
pour dire qu'on va pouvoir maintenant, au Québec, de façon légale, majorer les
notes vers le haut, alors que la décision, notamment une décision que je lui ai
remise, c'est une décision arbitraire qui dit que c'est seulement l'enseignant
qui a l'autonomie professionnelle pour attribuer une note à un élève. Alors, je
lui demande de fermer la porte puis de retirer à l'article 34 le passage
qui maintenant donne droit à la direction de l'école d'augmenter, sans le
consentement des enseignants, les notes des élèves.
M. Dion (Mathieu) : Que
doit faire le président de l'Assemblée nationale? Il y a eu beaucoup de... Il
est très contesté présentement, là, on dirait, en coulisse.
Mme Rizqy : Écoutez,
hier, c'était une journée très émotive. Ma collègue Jennifer Maccarone, la
députée de Westmount—Saint-Louis, les gens le savent, a deux enfants autistes.
C'est une cause qu'elle porte et qu'elle incarne. Alors, là-dessus, moi, je
trouve ça très malheureux qu'on a vu de la partisanerie sur un sujet qui touche
des milliers de familles, soit ceux qui sont des enfants autistes, et ils
doivent faire une transition vers l'âge adulte. Je crois que le président,
maintenant, lui-même, doit assurer que son autorité soit respectée, mais en
tout temps. Et ça, ça veut dire qu'il doit faire le respect du règlement pas de
temps en temps, mais en tout temps, pour avoir vraiment, ici, une ligne de
conduite qui est claire pour tous les membres, les 125 députés.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il est en train de perdre le contrôle de la Chambre, à votre avis?
Mme Rizqy : Il l'a
clairement perdu hier, puis avant-hier, puis la semaine passée, hein? Donc là,
maintenant, il nous reste deux semaines. Il y a des sujets très sensibles. Ne
perdons pas l'emphase qui doit être mise sur des dossiers prioritaires comme,
notamment, les jeunes autistes. Hier, c'est une occasion manquée. C'était une
deuxième occasion pour le gouvernement de se rattraper puis de dire
qu'effectivement on va aider des familles qui ont des jeunes autistes à faire
la transition vers l'âge adulte.
M. Lacroix (Louis) :
Est-ce qu'il est partisan, le président?
Mme Rizqy : En ce moment,
non. Je pense qu'il a juste perdu le contrôle de sa Chambre et qu'il doit juste
revenir de façon prioritaire à respecter le règlement, mais pour tout le monde des
deux côtés de la Chambre.
Mme Plante (Caroline) :
Donc, vous estimez qu'il ne respecte pas le règlement, pour les deux côtés de
la Chambre, de la même façon?
Mme Rizqy : Écoutez, il y
a des fois qu'il y a des mots qui ne sont pas dans le lexique, que, tout à
coup, il dit qu'ils sont dans le lexique, puis, la semaine suivante, des mots
qui sont dans le lexique qu'il dit qu'ils ne sont pas dans le lexique. Tout le
monde peut relire le règlement. Appliquons-le de façon claire, précise.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Mais est-ce qu'il a perdu votre confiance? Parce qu'un président qui perd
justement la confiance de sa Chambre, est-ce qu'il n'est pas temps de
changer...
Mme Rizqy : Il a perdu le
contrôle. Ça ne veut pas dire qu'il a perdu la confiance. Il a ma confiance. Et
je suis certaine qu'il va être capable de saisir évidemment l'occasion pour
faire appliquer le règlement de façon uniforme en tout temps.
M. Lacroix (Louis) : Mais
c'est une mise en garde assez sévère, là?
Mme Rizqy : De qui? De nous?
M. Lacroix (Louis) : Bien,
quand vous dites qu'il a perdu le contrôle de la Chambre... Vous dites :
Oui, il a ma confiance, mais il a perdu le contrôle de la Chambre. C'est une
mise en garde que vous faites à l'égard du président, quand même?
Mme Rizqy : Il y a eu des
occasions très claires qu'il n'a pas respecté le règlement et que, de temps en
temps, il aurait dû le faire respecter et il ne l'a pas fait. Alors là,
effectivement, on le voit, que, sur des sujets très sensibles, les esprits
s'échauffent. Il faut ramener le climat serein. Et c'est au gouvernement de
faire fonctionner le Parlement aussi. Alors, tout le monde a cette
obligation-là.
Mme Lajoie (Geneviève) :
...s'il ne réussit pas à faire fonctionner la Chambre correctement?
Mme Rizqy : Je suis convaincue
qu'il a la ferme intention de la faire fonctionner.
M. Dion (Mathieu) : Que doit
faire Alexandre Cusson avec cette demande des Jeunes libéraux, que vous avez
certainement vue ce matin?
Mme Rizqy : Bien, écoutez, il
n'est pas encore candidat à la chefferie. Demain, c'est le grand jour pour le
lancement de la campagne.
M. Dion (Mathieu) : Mais le
jour où il le sera, s'il le devient, qu'est-ce qu'il devrait répondre à cette
question-là?
Mme Rizqy : Je suis certaine qu'il
va faire ce qu'il fait déjà, rencontrer les gens et s'asseoir avec eux pour
discuter, et que, par la suite, à tête reposée, il prendra une décision.
M. Lacroix (Louis) : Vous
avez participé hier à la commission sur Desjardins, là. Qu'est-ce que vous avez
pensé de l'exercice?
Mme Rizqy : C'est un exercice,
c'est un premier pas, mais ce n'est pas ce que nous, on aurait aimé avoir comme
formule. Mais je suis très contente qu'on s'est prêtés tous à cet exercice.
M. Lacroix (Louis) : Ça a été
utile?
Mme Rizqy : Oui, ça a été
utile. Ça n'a pas été parfaitement utile, mais ça a été utile. On voit qu'il y
a des lacunes importantes. Par exemple, une famille qui se fait frauder, il n'y
a pas d'accompagnement pour être en mesure d'améliorer son dossier de crédit,
et ça affecte la qualité de vie. Ça peut même avoir des dérapages importants au
niveau financier pour des familles. Alors, là-dessus, on voit que l'ABC,
l'Association des banquiers canadiens, est ouverte à effectivement parler avec
leurs membres pour voir comment qu'on peut mieux outiller et accompagner les
victimes d'un vol d'identité.
Mme Crête (Mylène) :
Qu'est-ce que vous avez pensé du témoignage de M. Cormier de Desjardins?
Mme Rizqy : J'avais des
questions très précises et pointues, je dois l'admettre, mais il y avait une
raison. Oui, effectivement, dans ce dossier-là particulier, je comprends que M.
Cormier a fait plusieurs entrevues et qu'il nous a fait comprendre qu'il s'est
prêté à l'exercice. Mais il ne s'est pas présenté devant nous 10 fois. C'est la
première fois. Mes questions, à ce jour, je ne considère pas qu'elles ont été
répondues dans leur totalité. Je m'attendais à avoir davantage de réponses
quant au vol, et, là-dessus, il a été quand même très en surface.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que vous avez l'impression... Parce qu'à un moment donné il a dit :
Il n'est pas question qu'on porte le bonnet d'âne pour toutes les entreprises
qui se font voler des données, là. Avez-vous l'impression qu'il a assumé la
responsabilité qui est la sienne dans ce vol de données?
Mme Rizqy : Je comprends qu'il
ne veut pas porter le bonnet d'âne. Mais le vol, c'est chez eux, un employé de
Desjardins. Et, lorsqu'ils l'ont su et le moment qu'ils l'ont dévoilé... un
délai, c'est vraiment... été long, quand même. On parle des premières sources,
là, des premiers signalements en décembre 2018, par la suite au mois de mai et
finalement le 20 juin. Alors, là-dessus, là, je pense qu'effectivement, moi,
j'aurais aimé avoir peut-être, de façon plus prompte, des réponses.
Mme Fletcher (Raquel) : Has Mr. Paradis lost the control of the House?
Mme Rizqy : It happened this week and last week also that sometimes he was
unable to make sure that we were going to all follow the rules that we have,
that we share. So, yes, at some point, it was very chaotic in the National Assembly.
Mme Fletcher (Raquel) : So you are blaming the Speaker of the House?
Mme Rizqy : I think we all have a responsibility. But,
as the President, he has to make sure that everyday the rules are followed and
not like sometimes we have some rules and the other day he has new rules. We
only have one guidance, and he has to respect them.
Mme Fletcher (Raquel) : Should he be sanctioning some MNAs with their behavior?
Mme Rizqy :
Right now, I think we should all calm down. There's only two weeks left. And,
seriously, yesterday was a very emotional day because, remember, my colleague
Jennifer Maccarone, she is the MNA of Westmount—Saint-Louis, she had a very
specific issue, and she tried to address it in an apolitical way, and the
answer was not adequate. And I think now we should focus on what really
matters, the people.
Mme Fletcher (Raquel) : So you don't think sanctions are necessary at this point?
Mme Rizqy : I
don't think… I think now we all have the memo, let's work. Let's all work
together and make sure we're all going to make sure that, December 6th, we're
going to be able to go through it in a very nice way. And all the Quebeckers
are looking at us right now, and we all have the duty to make the House work.
Mme Fletcher (Raquel) : Who is looking at you?
Mme Rizqy :
The Quebeckers. The citizens are looking at us, and I think we have the duty to
make it work.
Mme Fletcher (Raquel) : Thank you.
(Fin à 9 h 59)