(Onze heure quarante-trois minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. En fait, je suis plutôt contente. On vient d'apprendre que la GRC a
décidé, sous peu, de se retirer des territoires ancestraux wet'suwet'en pour
permettre la discussion, la négociation, et vous m'en voyez fort heureuse.
D'ailleurs, je vous rappelle qu'en début de semaine, mardi, je fais un travail
avec les autres partis politiques pour nous assurer qu'une motion unanime
allait être déposée à l'Assemblée nationale, mardi, parce que ce qui est
important, c'est d'aller vers une solution consensuelle.
Vous venez de le voir, on vient de battre,
aujourd'hui, une motion de... présentée par la CAQ, présentée, d'ailleurs, par
le ministre du Transport, appuyée par les autres partis, les deux autres
partis, par les responsables du transport. Une motion qui, dans les faits, ne
cherchait pas à être consensuelle puisque nous avons fait des propositions pour
améliorer le texte, et on s'est retrouvé dans un refus de la part de la CAQ.
Et je vous explique pourquoi, nous, en
bout de ligne, ça n'avait aucun bon sens, pour nous autres, d'appuyer cette
motion-là. Alors, premièrement, aucunement mention, dans cette motion, de la
question des autochtones. C'est comme si le ministre du Transport ne voyait que
l'arbre qui cachait la forêt, et, dans les faits, la réalité des nations
autochtones était complètement évacuée de cette motion-là. On faisait état...
puis je vous le lis, là :
«Qu'elle affirme que toute action visant à
mettre fin à cette crise doit être menée de façon concertée entre le gouvernement
fédéral et les différentes provinces canadiennes».
Nous, bien sûr, on a essayé de faire
ajouter, bien sûr, la question de discuter aussi avec les représentants des Premières
Nations, mais ça a été une fin de non-recevoir.
Plus que ça, la motion... Hein,
rappelez-vous, hier, le premier ministre évoquait la question des forces
policières, alors on a essayé de faire intégrer la notion «pacifique», hein, à
la fin, dans «une sortie de la crise rapide et pacifique». On a juste voulu
faire rajouter «et pacifique», et, encore là, la CAQ a rejeté notre proposition.
Alors, vous comprendrez que, quand on
cherche à dénouer une crise comme celle-là, quand on cherche des solutions,
qu'on ne cesse de dire, depuis des jours, la solution ne se trouve pas dans
l'utilisation de la force, elle se trouve dans la négociation parce qu'il n'y a
pas de solution facile, puis qu'on arrive devant une motion comme ça, dans
laquelle on essaie de négocier avec le gouvernement pour la rendre acceptable,
et que c'est un refus systématique, bien, c'était impensable pour nous de
donner notre appui à cette motion, alors que les libéraux et le Parti québécois
ont donné leur appui à cette motion-là.
Vous savez, les solutions... Les gens, là,
c'est vrai qu'ils en vivent, des situations; on en est. Les gens, que ce soient
les individus... Il y a du monde qui ne peuvent pas prendre le train pour
voyager, il y a des gens qui arrivent systématiquement en retard à leurs
emplois parce que les nouveaux horaires ne fittent pas avec le cadre d'urgence
dans lequel les transports collectifs ont déployé pour permettre de suppléer,
je dirais, à la présence des trains. On pense aux commerces, on pense aux
petites PME; bien sûr qu'il y a des impacts.
Mais il y a une chose qui est très claire,
depuis le début de la semaine, c'est que ce n'est pas avec les gros bras qu'on
va trouver une solution au blocage, c'est à travers la négociation, c'est à
travers une action politique, et, dans ce sens-là, je redis que je suis très
heureuse de voir que la GRC va se retirer, ça augure pour aller dans le bon
sens, c'est-à-dire trouver une solution politique, pacifique et négociée à la situation
actuelle.
Mme Gamache (Valérie) :
Avez-vous... oh! pardon.
Mme Massé : Non. C'est
terminé.
Mme Gamache (Valérie) : Ah!
Avez-vous l'impression que donner votre accord à cette motion-là, ça aurait été
donner votre accord à une intervention policière?
Mme Massé : Bien, à voir
l'attitude du gouvernement quand on a voulu — et on n'était pas le
seul parti — faire ajouter un mot, «pacifique», et il n'a pas voulu
le rajouter, à voir qu'hier le gouvernement, M. Legault lui-même, le premier
ministre en personne, a utilisé l'expression de la force policière, oui, bien
sûr que c'est inquiétant. C'est extrêmement inquiétant parce que ça ne passe
pas par là. Vous le savez, je vous le dis depuis le début de la semaine, la
première étape, c'était de retirer les forces policières du territoire wet'suwet'en.
Cette étape-là vient d'être accomplie dans les dernières minutes ou elle est en
voie de s'accomplir.
Mme Gamache (Valérie) : ...les
Wet'suwet'en acceptent, là?
Mme Massé : Bien, les Wet'suwet'en
ont dit qu'ils étaient prêts à discuter, à négocier de bonne foi et que la
première expression de bonne foi, c'était de retirer les forces policières.
Mme Gamache (Valérie) : Et
puis est-ce que vous n'avez pas l'impression que de ne pas s'unir sur une même
motion, de ne pas envoyer un message uni de la part du gouvernement du Québec,
ça peut aussi montrer des divisions et que ce n'est peut-être pas le temps de
montrer ce genre de division là?
Mme Massé : Bien, écoutez, on
en avait une, motion unanime, unanime, entendue il y a à peine 48 heures,
déposée par les chefs. Là, on a une motion qui divise, et ce n'est pas nous qui
l'avons déposée, là. Nous, on a travaillé avec la CAQ pour qu'on puisse rendre
cette motion acceptable pour Québec solidaire. Ils ont refusé. Alors, c'est eux
qui ont voulu ne pas avoir une motion consensuelle, pas nous.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
que vous craignez une intervention policière à Saint-Lambert?
Mme Massé : Sur toute la
ligne, on craint, bien sûr, une intervention policière. On le dit, ce n'est pas
comme ça qu'on va résoudre la situation. Ça fait 150 ans que les Premières
Nations ne sont pas entendues, ne sont pas écoutées, et on ne veut absolument
pas aller dans une perspective d'un Oka numéro 2. Je pense
que ce n'est pas la bonne façon. Le premier ministre doit regarder qu'est-ce
qu'il envoie comme message quand il envoie des messages comme sa motion
aujourd'hui. Merci. Bonne fin de journée.
(Fin à 11 h 50)