(Onze heures deux minutes)
M. Marissal : Alors,
bonjour. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là.
On est à quelques jours, vous le savez, de
la présentation du budget, un deuxième budget du ministre des Finances,
Eric Girard. Vous savez, on est en période de surplus, mais on est aussi
en période, à notre avis, de récupération de nos services publics. On est dans
l'ère post-traumatisme de l'austérité libérale. On pédale dans la gravelle
depuis des années pour essayer de restaurer nos services publics. On a donc
établi évidemment nos demandes budgétaires selon cette priorité qui est de
redonner finalement les services publics à la population québécoise. Ce serait
donc, idéalement, le budget de la population cette fois-ci et non pas le budget
des financiers ou le budget des agences de crédit. Alors, je vais synthétiser
mes demandes en quatre grands thèmes.
D'abord, services publics. Il est
important de restaurer les services publics. Je l'ai dit. Ça commence
évidemment par les infirmières, les préposées aux bénéficiaires, les
enseignantes et les enseignants et aussi les groupes communautaires, qui ont
beaucoup souffert puis qu'on a oubliés malheureusement dans le lot des mesures
austéritaires du gouvernement libéral précédent, qui a été, en quelque sorte,
perpétué aussi par le nouveau gouvernement. Et les projections, les prévisions
d'augmentation des budgets nous laissent croire que, malheureusement, les
groupes que je viens de nommer vont continuer de souffrir, et, avec eux, la
population du Québec. Je pense, par exemple, à l'implantation des ratios
infirmière-patients, quelque chose dont on parle depuis très longtemps, les
salaires et les conditions de travail des préposés aux bénéficiaires, qui sont
une vraie honte au Québec. Il faut agir, et rapidement, là-dessus. Il en va de
la qualité de nos services.
On veut aussi, évidemment, des mesures
d'urgence et pérennes pour le logement. On se dirige, dans certaines régions
urbaines, évidemment à Montréal, mais ailleurs aussi au Québec, vers un mois de
juillet difficile. Ça a déjà commencé. Il y a des mesures qui ont été prises,
qui ne sont pas suffisantes, notamment pour freiner Airbnb qui en train de
s'installer, je le sais, évidemment, dans mon comté aussi. C'est quelque chose
qui fait tache d'huile en ce moment dans les grandes villes du Québec. Il faut
absolument freiner ça. Mais il faut aussi réinvestir massivement, ça fait des
années qu'on le dit, dans la construction de logements sociaux et dans le parc
de HLM aussi, qui est dans un très, très mauvais état. Et, ça aussi, j'en ai
plusieurs dans ma circonscription de Rosemont. Ces édifices-là sont en très
mauvais état, comme, d'ailleurs, nos écoles et nos hôpitaux qu'on a laissés se
dégrader. Alors, ça prend un plan. Ça prend de l'argent aussi là-dedans. On
parle de gens qui vont se retrouver à la rue, des mesures qui, à long terme,
coûtent énormément plus d'argent à la société québécoise parce qu'on développe
toutes sortes d'autres problèmes avec ça.
Je l'ai dit tout à l'heure, je passe
rapidement sur l'action communautaire. C'est quelque chose qui revient souvent
dans les déclarations de députés, dans les bonnes intentions. On aime beaucoup
les groupes communautaires. On en parle beaucoup. Mais on a une attitude, ma
foi, totalement contraire quand vient le temps de les financer. Et ces
groupes-là ont perdu du financement, tirent le diable par la queue. On a des
exemples absolument terribles. Je vous en donne un ici, Entraide pour Hommes, à
Longueuil, qui aide les hommes en difficulté, comme le nom le dit. Le réseau
n'est pas capable de fournir justement les ressources, donc des hommes, pour
aider des hommes en difficulté. On leur réfère donc même des hommes qui sont en
crise suicidaire. Alors, vous envoyez des hommes en situation de crise
suicidaire aider un autre homme qui a des problèmes, et souvent d'ordre de
maladie mentale. Il y a plein d'exemples comme ça qu'on a compilés parce que
ces gens-là viennent cogner à nos portes de circonscription. Ils n'en peuvent
plus. Ils tirent le diable par la queue. Il est plus que temps de redonner de
l'oxygène à ces gens-là.
Évidemment, quatrième volet, vous ne serez
pas surpris que je vous parle d'environnement. On a fait des demandes dans le
domaine de l'environnement. On les maintient. On veut que, cette fois-ci,
contrairement à l'an dernier, le PQI fasse la part belle, donc la part du lion,
au transport collectif parce que, pour le moment, que ça soit les libéraux ou
la CAQ, on a investi encore davantage dans le secteur autoroutier que dans le
secteur du transport collectif. On nous a promis de l'argent. Très bien, ça
prend effectivement de l'argent. Mais ça prend aussi un plan, pas un plan sur
10, 15 ans, avec de vagues projets comme la mythique ligne bleue, dont on parle
depuis plus de 40 ans à Montréal et qu'on va peut-être finir par terminer un
jour. Il y a des projets qui sont sur la table. Ils doivent être financés
adéquatement, avec un plan de livraison dans un objectif réaliste et à moyen
terme.
On a une mesure aussi qu'on veut remettre
de l'avant, et je crois que le gouvernement, s'il est sérieux dans sa volonté
de faire de ce budget le budget du transport collectif et de l'environnement,
c'est leurs termes... c'est de couper le prix du transport collectif, le couper
à 50 %. C'est une mesure qu'on a déjà proposée. C'est des mesures qui sont
à l'étude ailleurs. Il y a même des pays, comme le Luxembourg, en ce moment...
qui est en train de se diriger vers la gratuité totale des transports
collectifs. On pense que de couper le prix du transport collectif de 50 %,
y compris pour le transport interurbain en région, ça amènerait plus de gens à
prendre le transport collectif. Je peux vous dire que des gens qui, à Montréal,
par exemple, veulent délaisser l'auto solo ou payer des cartes Opus à leurs enfants
qui vont à l'université, au cégep ou même au secondaire, ça finit par faire un
budget de 300 $, 350 $ par mois pour une famille de cinq pour du
transport collectif. Je pense qu'il y a là une mesure désincitative qui pousse,
malheureusement, souvent les gens à aller vers l'auto solo.
Alors, voilà, ça complète, grosso modo,
les grandes lignes de nos demandes budgétaires. Je suis prêt à prendre vos
questions.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Marissal.
M. Marissal : Bonjour.
M. Lacroix (Louis) : J'ai
deux, trois petites questions. Donc, justement, là-dessus, vous proposez de
couper de moitié tous les tarifs de transport collectif. C'est ça?
M. Marissal : Oui.
M. Lacroix (Louis) : À la
grandeur du Québec?
M. Marissal : À la grandeur du
Québec.
M. Lacroix (Louis) : Que ce
soit le tramway, le train, le métro, etc.?
M. Marissal : Oui. Et ça
permettrait de développer davantage d'offres de transport collectif. Et il y a
des belles initiatives qui ont été prises ces dernières années. Je pense, par
exemple, au service de bus entre Bromont et Montréal. Bon, moi, j'ai grandi
dans les Cantons-de-l'Est. Quand j'étais petit, ça n'existait pas. C'était
comme un mythe. Il fallait absolument prendre l'auto pour aller à Montréal.
Maintenant, il y a un service de bus quotidien, plusieurs bus, je crois que
c'est quatre à six bus par jour, qui partent de Bromont et qui rallient le
centre-ville de Montréal en moins d'une heure. Ça fonctionne superbien. Les bus
sont pleins. Les gens sont heureux. Ils peuvent vivre à Bromont puis travailler
à Montréal, mais pas d'auto solo, pas plus d'autos sur les ponts, sur les
autoroutes, moins d'accidents, nécessairement, mais des gens qui peuvent
travailler dans le bus avec Internet. Ça fonctionne bien. Dans la vallée du Richelieu,
Saint-Jean-sur-Richelieu aussi, il y a des très beaux projets comme ceux-là qui
fonctionnent. Alors, ce n'est pas que Montréal ou Québec. Mais, si on veut que
ça fonctionne, si on veut pousser les gens vers le transport collectif, il faut
leur donner des incitatifs, et le prix, c'est le premier incitatif.
M. Lacroix (Louis) :
Est-ce que vous avez une idée de ce que ça représente comme coût?
M. Marissal : Entre 400
et 500 millions par année.
M. Lacroix (Louis) : Par
année? O.K. L'autre question, c'est... L'OCDE dit que la crise du coronavirus
pourrait avoir une incidence, une incidence mondiale, en fait, en termes de
croissance économique, pourrait couper de moitié la croissance économique
mondiale. Bon, au Québec, il semble qu'on va être touchés aussi, peut-être dans
une moindre mesure... pas de récession prévue, mais un ralentissement économique.
Est-ce qu'Eric Girard, dans son budget, doit prévoir des mesures pour
contrer les effets que pourrait avoir une crise du coronavirus?
M. Marissal : Là-dessus,
je pense que la ligne, c'est qu'il faut être vigilant. Il ne faut surtout pas
être laxiste, mais il ne faut pas paniquer non plus. Pour le moment, le Québec
est dans une bonne situation par rapport au coronavirus. Je pense qu'on a pris
des mesures. Il faut rester vigilant. Moi, ce que je dis là-dedans, c'est que
le Québec a des surplus. Alors, ce n'est pas le temps de tomber dans le
syndrome de l'écureuil, là, puis de vouloir faire plus, plus, plus de surplus
en attendant que la tempête arrive, là. C'est de réinvestir justement dans
l'économie québécoise, de soutenir les entreprises qui en auraient besoin,
notamment parce qu'elles font affaire beaucoup avec la Chine ou autres. Mais c'est
le temps justement de se servir de ce coussin-là. Vous savez, ce que les
Anglais appellent les «rainy days», là, les réserves, là, pour quand ça va mal,
bien, si, effectivement, il y a des entreprises ou des secteurs de notre
économie qui ont besoin en ce moment d'un coup de main du gouvernement du
Québec, bien, c'est le temps d'y aller. Puis ça tombe bien parce qu'il y a des
surplus.
M. Lacroix (Louis) : Et,
moi, ce que j'entends, c'est que, pour essayer de stimuler l'économie, il
pourrait y avoir un réinvestissement dans les infrastructures, que ce soient
des écoles, maisons des aînés, une accélération, en fait, également des projets
routiers. Là, on parle de l'autoroute 19 à Montréal, le troisième lien,
évidemment, aussi des projets en électrification des transports, etc. Est-ce
que c'est une bonne idée, vous pensez, d'accélérer les infrastructures pour
stimuler l'économie dans le contexte du coronavirus?
M. Marissal : C'est non
seulement une bonne idée, mais c'est nécessaire, coronavirus ou non. Juste dans
mon comté, je pourrais vous cibler cinq ou six écoles qui ont besoin
d'investissements majeurs. Et malheureusement une d'entre elles sera
probablement même démolie parce qu'elle est presque au point d'être dangereuse
pour les enfants et les enseignantes qui la fréquentent.
Oui, mais je pense que vous ne serez pas
surpris de m'entendre dire que le troisième lien ne fait pas partie de notre
liste d'infrastructures souhaitables, pas dans sa forme actuelle en ce moment,
les prolongements d'autoroutes non plus. Le gouvernement a des demandes spécifiques
de la ville de Montréal, de la ville de Québec, de la Rive-Sud, de Laval pour
du transport collectif. Alors, saisissons la balle. Il y a de l'argent. On a
des projets. On est capables de les faire ici. Et c'est un besoin. C'est un
besoin, oui, pour l'économie, mais encore davantage pour le développement
durable et l'environnement.
M. Lacroix (Louis) : Une
petite question, en terminant, qui m'est inspirée par ce que vous avez dit tout
à l'heure. Avez-vous déjà fait affaire avec Airbnb vous-même dans vos nombreux
voyages?
M. Marissal : Oui.
M. Lacroix (Louis) : Oui?
M. Marissal : Oui. J'ai fait
affaire avec Airbnb dans certains coins, notamment en Colombie-Britannique,
mais pas en milieu urbanisé. C'est toujours dans des lieux assez, comment
dirais-je, excentrés. Mais, oui, j'ai fait affaire avec Airbnb.
M. Lacroix (Louis) : Alors,
ce qui est bon pour pitou n'est pas nécessairement bon pour minou?
M. Marissal : Non. Ce qui est
très mauvais avec Airbnb, ce n'est pas quelqu'un qui décide de construire une
annexe à sa maison à Penticton pour recevoir des touristes. Ce qui est très
mauvais, là, c'est mes voisins qui se font racheter leur duplex et que le
nouveau propriétaire, à Rosemont, en fait uniquement du Airbnb. Ça, c'est extrêmement
mauvais. D'ailleurs, Airbnb vient de San Francisco. San Francisco a pris des
mesures extrêmement énergiques pour empêcher ce genre de chose, notamment sur
l'enregistrement obligatoire. Et il y a une différence entre un Airbnb de quelqu'un
qui en fait un revenu marginal en campagne que quelqu'un ou des quelqu'uns, des
entreprises en particulier, deviennent des magnats d'Airbnb dans des zones
intensément peuplées. Et c'est le cas dans plusieurs coins de Montréal,
évidemment Le Plateau, La Petite-Patrie, puis maintenant même chez moi, dans
Rosemont.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
quand vous avez fait affaire avec Airbnb, vous vous êtes vraiment assuré que la
personne qui vous proposait de louer sa résidence n'était pas dans les critères
que vous dénoncez. C'est ça? Vous avez pris soin de dire : Bon, est-ce que
ça a été construit pour faire du Airbnb? Est-ce que ça a été un appartement, par
exemple, qui a été transformé pour faire du... Vous avez pris soin de les
appeler puis dire : Moi, je...
M. Marissal : Moi, mon
critère, là, ce n'est pas de devenir le trois millionième touriste à Barcelone
qui va aller prendre le logement dont quelqu'un pourrait avoir besoin. Mais,
comme je vous dis, si j'arrive dans un coin très isolé où quelqu'un a construit
une annexe pour recevoir des touristes, je n'ai pas l'impression... Mon
critère, c'est que je ne vais pas participer à la gentrification et à la
raréfaction des logements. C'est devenu un problème immense. Notamment, je dis
Barcelone, là, c'est à dessein, là. Il y a des manifs à Barcelone contre les
Airbnb. Il y a des gens qui ne sont plus capables de se loger. Mais ça va être
le cas bientôt à Montréal aussi et c'est le cas dans certains coins de Montréal
aussi.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous
avez parlé tantôt des écoles parfois à Montréal dans un état assez lamentable. Le
déficit d'entretien des immeubles au Québec est gigantesque. Dans ce contexte, il
y avait une étude de Robert Gagné, qui a été publiée ce matin, qui dit :
Les surplus, ils n'existent pas, là, on a une dette qui est énorme, on a un
déficit d'entretien qui est énorme, et l'équité intergénérationnelle n'est pas
réglée. Est-ce qu'on devrait juste, tout simplement, mettre les surplus sur la
dette puis ne pas réinvestir dans des nouveaux programmes? Vous en pensez quoi,
de ça?
M. Marissal : Non, je
suis absolument contre parce que le ratio... Ce n'est pas que la dette, hein?
Dans la fiscalité d'une nation, il n'y a pas que la dette brute, il y a le
ratio PIB-dette. Et là-dessus, franchement, le Québec est exemplaire, là. On
est arrivés à un ratio qui est tout à fait vivable. Et cesser d'investir dans
nos services publics, on l'a vu, on a joué dans ce film-là avec les libéraux,
là, qui ont coupé ou qui ont tellement peu investi qu'à la fin c'est négatif. On
le voit, ce que ça donne. Il manque de profs dans les écoles, quand il ne
manque pas carrément de classes ou quand il ne manque pas carrément d'écoles. Il
y a des postes de préposés aux bénéficiaires en région qui restent affichés
pendant des mois. Il n'y a personne qui veut les prendre, ces postes-là. Il y a
des infirmières qui quittent la profession après quelques années seulement
parce qu'elles sont complètement brûlées. Puis évidemment ça met la qualité des
soins en danger, de toute évidence. Il y a une crise du logement qui pointe à
l'horizon. Alors, je suis évidemment contre cette solution. On est très bien
capables de vivre avec la dette qu'on a. Elle est sous contrôle. Elle est
largement sous contrôle.
Puis on a fait un pacte au Québec, là. On
a une espèce de deal au Québec, là, qui est un État qui prend soin de son
monde. On le voit aux États-Unis, ce que ça fait quand il n'y a pas d'assurance
maladie, par exemple. Il y a des gens qui crèvent dans la rue parce qu'ils ne
sont pas capables de se soigner. On n'a pas fait ces choix-là au Québec. Alors,
à moins que quelqu'un veuille complètement changer le modèle, là, on continue d'investir,
notamment en éducation. C'est apparemment la priorité des priorités de ce gouvernement-là.
Je le redis, là, il y a des écoles, là, qui tombent en ruines, qui sont
physiquement dangereuses pour la sécurité. Alors, investissons dans nos
services publics.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
GNL Québec, est-ce que vous auriez pensé que votre plus grand allié,
finalement, c'est Warren Buffet?
M. Marissal : Bien, je ne peux
pas dire que je suis totalement renversé par la décision de M. Buffet parce que
ce n'est pas la première fois — M. Buffet et ses associés, là, on
s'entend, qui gèrent quelques centaines de milliards — que des
groupes d'investisseurs décident de se désengager du secteur des hydrocarbures.
Et c'est d'ailleurs ce qu'on dit au gouvernement et ce qu'on dit à la Caisse de
dépôt depuis des années : Retirez vos billes de là. C'est mauvais pour
l'environnement. Il n'y a plus d'argent à faire là. C'est des projets avec
lesquels on va être pris parce qu'une fois que le pipeline va être construit on
est pognés avec pendant 50 ans. Puis c'est extrêmement dommageable. Pensons
ailleurs, sortons de ce secteur-là. Alors, que M. Buffet et ses associés
envoient ce message-là, c'est très bien. Mais c'est aussi ce que les gens mobilisés
en ce moment disent. C'est ce que les gens disent : Sortez-nous du secteur
des hydrocarbures. Alors, tant mieux.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Puisque le projet, là, semble battre de l'aile en ce moment, est-ce que ce ne
serait pas, à vos yeux, l'occasion pour le gouvernement de juste mettre une
croix là-dessus puis dire : Il n'y en aura pas, là, de GNL Québec?
M. Marissal : Bien, j'espère
que le gouvernement va être capable de lire l'actualité et la situation telle
qu'elle est en ce moment avec GNL et avec d'autres projets. Nous, on a fait la
demande l'an dernier et on la réitère. On veut que le gouvernement s'engage à
ne plus investir d'argent dans ce genre de projet, hydrocarbures, soit pour
l'exploration ou soit pour l'exploitation. Alors là, ce que le gouvernement
doit dire, là, aujourd'hui, là, ou urgemment, là, c'est : D'accord, on ne
mettra pas une cent dans GNL, parce qu'à chaque fois qu'on a posé la question
on a des réponses qui sont plutôt inquiétantes. Alors, l'occasion, elle est là,
elle est belle : pas une cent là-dedans. Le gouvernement ne doit pas se
substituer aux investisseurs privés qui ont fait l'analyse qu'ils ne veulent
plus investir là-dedans. Puis je pense que le message est clair.
M. Laforest (Alain) : Pour
faire du pouce là-dessus, est-ce que c'est fini, GNL, d'après vous?
M. Marissal : C'est qui qui
disait que ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini, là? Mais disons que je
suis assez heureux, et on est heureux de voir qu'il y a des analystes
financiers qui estiment que ce n'est pas un endroit où on doit investir en ce
moment. Nous, notre préoccupation, c'est le gouvernement du Québec. Le
gouvernement du Québec a envoyé toutes sortes de messages qu'il serait prêt à
investir là-dedans, notamment pour l'élaboration du projet. La réponse à ça
doit être un non catégorique. Le gouvernement ne doit pas mettre un sou
là-dedans. Si le message vient de la très, très haute finance, il sera
peut-être entendu. Mais c'est aussi le message de la population qui se mobilise,
et ce n'est pas la première fois. Énergie Est est mort aussi grâce à la
mobilisation de la population qui disait : On n'en veut pas, de ça. Alors,
il faut que le gouvernement comprenne le message.
M. Laforest (Alain) : Juste
pour revenir sur vos propositions, ça coûte combien, tout ça?
M. Marissal : Le chiffre
total, je peux vous revenir avec. Je ne l'ai pas là, devant moi, maintenant,
là.
M. Laforest (Alain) : Vous
avez fait des propositions, mais vous n'avez pas calculé...
M. Marissal : Non, non, ils
sont là. C'est juste que je ne veux pas vous faire attendre puis fouiller dans
mes feuilles, là, pendant 10 minutes, là, mais on les a. On a tout chiffré ça.
Le transport en commun, je l'ai dit, c'est autour de 500 millions.
M. Laforest (Alain) : Mais,
pour le reste, au total, c'est quoi?
M. Marissal : Le logement...
M. Laforest (Alain) : Ça gruge
le surplus au complet?
M. Marissal : Mais non, ça ne
gruge pas le surplus au complet. N'oubliez pas qu'il faut aussi réinvestir dans
les ressources humaines, dans les gens qui travaillent pour l'État. Et ça, je
pense que ça doit être le message principal. Il y a l'argent, oui, mais ça doit
être le message principal : les infirmières, les préposées aux bénéficiaires,
les enseignantes.
M. Laforest (Alain) : Mais,
du surplus, on dégage combien juste pour financer, là, le salaire des employés?
Quand on sait qu'à 1 % c'est 100 millions, là, c'est combien?
M. Marissal : Je vais laisser
la négo se faire. On n'a pas mis de chiffre là pour le moment. Ce que je dis,
c'est que ces gens-là sont sur la première ligne. On appelle ça poliment la
première ligne. Moi, j'ai plutôt l'impression qu'ils sont au front. Puis, en
plus, on leur a fait guerre de l'austérité. Alors là, ces gens-là pédalent
aujourd'hui pour essayer de tenir ça à bout de bras. Alors, on doit négocier. Puis,
avant même de mettre un chiffre, là, il faut négocier de façon ouverte,
équitable et de bonne foi, pas monter des espèces de forums bidons, comme le
président du Conseil du trésor a fait, où personne n'a mordu, d'ailleurs, puis
leur dire d'emblée : Vous n'aurez pas plus que tant, puis les surplus
n'appartiennent pas aux syndicats.
M. Laforest (Alain) : Mais le
forum, il est pour monter le salaire des enseignants et des préposés. Si je
comprends ce que le président du Conseil du trésor dit, là, il va y avoir deux
classes d'employés. Il va y avoir ceux qui sont sous-payés puis les autres vont
avoir ce qui reste. Vous n'y croyez pas?
M. Marissal : Moi, ce que je
constate, c'est que ça ressemblait à un dîner de cons, cette affaire-là, puis
que les profs, ou les infirmières, ou les syndiqués en général de la fonction
publique n'ont pas mordu à l'hameçon, n'ont pas répondu favorablement parce que
ça avait vraiment l'air... Les dés étaient vraiment pipés d'avance. La
négociation, elle se fait à la table de négociation, pas dans une opération de
marketing du gouvernement.
M. Laforest (Alain) : Juste
pour conclure, là, sur le financement. Le surplus, on le sait, il est
conjoncturel, là. Vous en avez parlé, de l'austérité. On a de l'argent, mais,
dans trois, quatre ans, on ne le sait pas, là. Vous, vos mesures que vous
proposez, est-ce que c'est des dépenses sur un temps x ou que c'est vraiment...
sur une ligne de temps, ça va ramener le Québec dans le déficit?
M. Marissal : Non, on n'est vraiment
pas dans une époque de déficit au Québec. Et d'ailleurs je veux juste vous
dire...
M. Laforest (Alain) : On ne
le sait pas. On n'est pas passés à travers du coronavirus encore.
M. Marissal : Effectivement,
mais moi, je n'ai pas plus de boule de cristal que vous, là. Ce que je sais, par
contre, c'est que je ne peux même pas vous dire avec certitude il est à
combien, le surplus, parce que le chiffre est un peu vague. Ça change selon à
qui on parle. Ce pour quoi, je le répète, on a demandé un directeur parlementaire
du budget, là. J'espère que ça va se faire avec la réforme Jolin-Barrette. C'est
là-dedans, là.
Mais tout ça pour vous dire qu'on peut
bien parler de surplus, là, mais, si on ne sait pas exactement il y a
combien... Nous, on le met à peu près à 6 milliards, selon les chiffres
les plus récents dont on dispose avec le gouvernement. Et, si c'est ça, on a
largement ce qu'il faut pour contenir l'économie, pour relancer des projets
puis investir dans nos services publics. Mais il faut que ça commence un jour.
On ne peut pas toujours être en retard. Puis, en ce moment, s'il y a de
l'argent pour soutenir l'économie, bien, c'est tant mieux, mais il faut aussi
relancer les services publics.
Mme Gamache (Valérie) : Je
veux juste revenir rapidement sur GNL Québec. Qu'est-ce que le gouvernement, à
votre avis, devrait faire aujourd'hui? Je comprends que vous dites ne plus
verser de l'argent dans ce genre de projet là. Mais, sur GNL Québec en tant que
tel, là, qu'est-ce que le gouvernement du Québec, qu'est-ce que M. Fitzgibbon,
M. Legault doivent faire aujourd'hui sur ce projet-là?
M. Marissal : Prendre un bon
café puis se réveiller, là, arrêter de vivre dans le monde merveilleux des
pipelines, là, que c'est dont extraordinaire, là, puis qu'on va régler les
problèmes de GES avec ça. Le gouvernement a bu le Kool-Aid de GNL depuis le
début. Ils ont complètement avalé le spin. Je ne sais pas si c'est de la
naïveté, si c'est de l'empressement ou de la nonchalance environnementale, mais
le gouvernement doit saisir l'occasion, qui est frappante, et se retirer
complètement de ce projet-là, et nous dire aujourd'hui qu'il n'y aura pas une cent
d'argent public là-dedans.
M. Pouliot
(Samuel) : Yes, just quickly summarize your
expectations and your demands for the budget.
M. Marissal : Well, mainly, we have four items for the budget that is coming on
Tuesday. First of all, public services, we have to reinvest massively in public
services and health care, of course, education as well. Housing, that's the
second part of our demands. Community reaction, this is a field that has been
neglected by the governments over the years. And, of course, without surprise,
environment and the crisis of climate change. We are still asking for the Government to invest more in public transit
than in roads for the cars, the solo cars. And we are asking as well the Government to cut by half the public transit
fares, basically.
M. Pouliot (Samuel) : And do you know how much would that cost exactly, the numbers?
M. Marissal : Just for the public transit, it's about $5 million
a year.
M. Pouliot (Samuel) : 500?
M. Marissal : 500, yes.
M. Pouliot (Samuel) : Thank
you.
M. Marissal : Thank you.
(Fin à 11 h 25)