(Treize heures deux minutes)
M. Legault : Merci beaucoup.
Bonjour, tout le monde. D'abord, le bilan de la journée. On a malheureusement
27 nouveaux décès pour un total de 121. Je veux évidemment offrir mes
condoléances à la famille, aux proches de ces 27 victimes, là. C'est dur,
on ne s'habitue pas à ces chiffres, puis, derrière les chiffres, il y a
évidemment des personnes puis des familles.
On a aujourd'hui
8 580 cas confirmés, c'est une augmentation de 636. On a
533 personnes hospitalisées, c'est une augmentation de seulement huit.
Quand on regarde les soins intensifs, on est à 164 personnes, ça veut dire
une augmentation de 10. Ça veut dire que, dans les lits réguliers des hôpitaux,
il y a deux personnes de moins. Donc, quand même, toute une bonne nouvelle
quand on regarde les hospitalisations. C'est encourageant.
Bon, évidemment, c'est une journée, mais ce
que ça veut dire, c'est, si on avait quelques journées comme ça, on pourrait se
dire qu'on approche du sommet, donc qu'on approche de la vie normale. Mais,
étant donné qu'on n'est pas certains, il faut vraiment ne pas prendre de
chance, ne pas relâcher les mesures, continuer de bien faire ce qu'on a à
faire. Ça veut dire, en gros, rester à la maison le plus possible.
Les équipements. On a actuellement 14 jours
de gants, 13 jours de masques N95, 10 jours de masques chirurgicaux
et six jours seulement de blouses. Donc, comme vous le voyez, nos efforts,
évidemment, sont beaucoup sur les blouses. On est en train de regarder la
possibilité d'utiliser davantage des blouses lavables. Ça existe déjà dans les
hôpitaux, puis évidemment ça nous permet de réutiliser les blouses. Puis on
travaille très fort encore, là, puis je fais le point chaque matin, avec des
compagnies québécoises qui essaient de nous sortir du matériel, là, mais ça va
prendre encore quelques semaines avant d'y arriver.
Un mot sur les femmes enceintes. Bon, on
sait qu'actuellement il y a un seul hôpital qui ne permet pas d'avoir un
accompagnateur pour les femmes qui viennent accoucher, c'est l'Hôpital général
juif. On est en train de regarder, pour les femmes qui veulent changer
d'hôpital, de pouvoir changer d'hôpital. Mais, à l'Hôpital général juif, il y a
beaucoup de cas de COVID-19, donc il y a des bonnes raisons pour mettre cette
règle, mais je veux être très clair, là, il n'y a aucune intention du
gouvernement d'étendre ces interdictions dans les autres hôpitaux. Donc, je
veux rassurer toutes les femmes qui sont enceintes, là, à part l'Hôpital
général juif, vous allez pouvoir amener votre conjoint avec vous, là, lors de
l'accouchement.
Hier, je vous ai parlé des entreprises
québécoises. Cet après-midi, le ministre de l'Emploi, Jean Boulet, va faire une
annonce d'un programme de 100 millions pour aider les entreprises qui
peuvent profiter de la situation actuelle pour faire de la formation à leurs
employés. Je pense, c'est comme le moment idéal, là, étant donné que le
travail, dans beaucoup d'entreprises, est arrêté, de faire de la formation. Je
pense, entre autres, à toute la formation sur le numérique, sur le télétravail.
Évidemment, les choses vont beaucoup changer dans les prochains mois. Donc, on
va, le gouvernement, avec le programme, payer jusqu'à 100 % des dépenses
des salaires. Donc, ça va permettre, un, de se préparer à la réorganisation du
travail puis, deux, bien, de garder plus d'employés qui vont continuer d'être
payés avec leurs salaires. Donc, je pense, c'est un beau programme, puis
évidemment la formation, dans une économie du savoir, c'est très important puis
ça va l'être encore plus.
Mes remerciements du jour vont être pour
les Québécois, hein? On l'a vu hier, les Québécois sont ceux qui ont le plus
répondu aux consignes en Amérique du Nord. Moi, je trouve ça beau de voir, bon,
d'un côté, les personnes qui ne sont pas dans les services essentiels rester à
la maison. Puis, de l'autre côté aussi, c'est beau de voir... puis je reçois
toutes sortes de témoignages, dans nos hôpitaux, dans nos épiceries, les
policiers, même dans les banques, les caissiers, là, tout le monde fait son
travail et passe à travers cette crise. Et puis moi, je veux vous dire, là,
comment je suis fier du peuple québécois.
Je termine en répétant nos trois priorités
puis en spécifiant, là, si on respecte ces trois consignes, on va sauver des
vies. Donc, ce n'est pas banal, là, comme quelqu'un a déjà dit, mais il y aura
des vies de sauvées, si on ne sort pas de chez soi, si on reste toujours, quand
on sort, à deux mètres, donc six pieds des autres personnes, puis, quand on
revient à la maison, très important, se laver les mains avec du savon.
Donc, je compte sur vous puis j'ai envie
de vous dire : En avril, on ne lâche pas d'un fil. Donc, gardons ça, là. On
espère que ça va être le dernier mois qui sera difficile mais le mois d'avril
va être critique, là. Les prochains jours, les prochaines semaines vont être
critiques. Donc, on va s'en souvenir longtemps de ce mois d'avril, mais il ne
faut pas relâcher pendant le mois d'avril.
A few words in English.
Good afternoon. We may see the light at the end of the tunnel but we must
continue to do everything we can to win the battle against the virus. We must
also prepare the restart of our economy. Our Minister of Labor, Jean Boulet,
later this afternoon, will announce a new program that will help companies
train their employees to new technologies, to new organization. And I repeat my
three priorities to protect ourselves : Don't go out unless it's
necessary; if you do go out, keep your distances; and, when you come back home,
wash your hands. That's how we'll save lives. Thank you.
Le Modérateur
: Merci, M.
le premier ministre. Alors, nous allons débuter, pour la période de questions
des journalistes, avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. Ma première question est pour
vous, M. Arruda.
Vous avez sans doute vu qu'il y a quelques
minutes, la Dre Tam, le médecin en chef pour le Canada, pour Santé Canada, recommande
maintenant le port du masque non médical dans la population, non pas pour se
protéger soi-même, mais pour faire en sorte que les personnes qui puissent être
asymptomatiques ou encore présymptomatiques puissent, en fait, limiter la
propagation du virus.
Est-ce que vous restez sur votre position
de dire que ce n'est pas une si bonne idée que ça?
M. Arruda (Horacio)
:.
C'est la même position que j'ai. Puis, si vous me permettez, je suis directeur
national de santé publique et je participe aux travaux des CCMOH, mes
homologues avec le fédéral, par rapport aux différentes positions.
La différence, aujourd'hui, c'est qu'on a
dit que ça peut être un moyen. Puis je vais vous... J'ai le libellé, là, qui
est encore un «draft», par rapport à l'adoption interprovinciale. Ce qui est
dit, là, dans le document, puis je trouve ça bien important, ce qui est prouvé,
c'est de rester à la maison autant que possible, d'avoir de la distance
physique, comme le rappelle, à chaque fois, notre premier ministre, de se laver
les mains, de protéger les plus vulnérables de l'infection en n'allant pas les
visiter, puis, etc., puis de couvrir sa bouche avec un tissu ou sa manche.
Dans les faits, ce qui est très clair, c'est
que les masques de procédure doivent rester pour les travailleurs de la santé,
les masques chirurgicaux puis, etc., aux travailleurs de la santé. Ce qui est
indiqué là-dedans, c'est qu'en rien le port du masque fait maison ne doit être
là pour remplacer les autres mesures. Si les gens font ça, ils ne vont pas se
protéger. Le masque qu'on peut porter et qu'on fait, qui doit être bien ajusté,
lavé régulièrement, pour lequel on doit diminuer le contact avec les yeux ou la
bouche, ça peut être utilisé, mais seulement pour protéger les autres, si on
est malade. C'est ce que j'ai dit, c'est exactement comme si vous toussiez dans
un kleenex... mais vous devez vous laver les mains puis etc.
Donc, ce qui est dit aujourd'hui, c'est
que, dans certaines situations où la distanciation sociale n'est pas possible,
à l'épicerie, dans le transport en commun, bien, si vous êtes malade, au lieu
de porter... de tousser comme ça, vous pouvez porter le masque comme tel, mais
en sachant que vous ne vous protégez pas si vous faites ça. Et c'est bien
indiqué dans l'avis qu'il faut faire très attention quand on va le porter. Vous
devez vraiment sentir que ça vous empêche de mettre votre main aux yeux et à la
bouche, ce qui habituellement n'est pas le cas. Vous essaierez de le voir
puis... comment les gens vont le porter comme ça puis le remettre. On ne doit
pas partager ce masque-là quand il est souillé. Il faut le jeter, et on peut se
contaminer en l'enlevant. Donc, c'est exactement la même position.
La seule chose qu'on dit ici, c'est que ça
peut devenir un instrument, là, pour ceux qui sont malades puis qu'au lieu de
tousser dans leur kleenex puis etc., vont le faire. J'ai exactement le libellé
qui est ici et j'ai approuvé, ce matin, ce libellé-là qui n'est pas à
l'encontre de ce qu'on disait mais qui vient tout simplement préciser des
choses.
Le danger, c'est qu'on abandonne les autres
éléments et qu'on pense qu'avec un masque de tissu qu'on a fait à la maison on
est bien protégé. Il doit être ajusté au visage, bien tenu, porté à la bonne
place. Et puis surtout, surtout, s'il devient une façon d'augmenter les
contacts entre les mains et le visage, bien, l'effet que vous avez peut être
anéanti. Par contre, si vous toussez puis que vous portez ce masque-là, vous
envoyez moins d'éléments.
Ça fait que, dans le fond, c'est la même
position qu'on avait. C'est juste qu'on a dit maintenant que ça peut être fait
pour répondre au questionnement. Mais ne pensez pas qu'en portant ça vous êtes
protégés. Pensez qu'en le portant vous le faites... Puis il faudrait le porter
pour des courtes périodes, parce que, si vous avez ça toute la journée dans le
visage, je vous défie de ne pas toucher à votre visage, puis on va vous filmer.
Vous allez voir que... comment est-ce qu'on le fait, c'est très inconfortable.
On le porte pour des courtes périodes. On est malade, on prend le métro, on ne
veut pas contaminer personne, on le met.
M. Lacroix (Louis) : Ma
deuxième question... On a fait grand état du nombre de tests qu'on effectue au Québec
auprès des personnes qui présentent des symptômes de la COVID-19. Mais il y a
un village en Italie, qui s'appelle le village de Vo, où le premier décès de la
pandémie italienne est survenu à l'époque. Vous avez sans doute déjà entendu
parler de ce qu'on a fait là-bas. On a décidé de tester l'ensemble des
3 300 résidents du village, peu importe qu'ils aient ou non des
symptômes. Le résultat, c'est qu'après la première ronde de tests on avait un
peu plus d'une centaine de personnes qui ont testé positif, et, sur ce
nombre-là, il y avait 75 % des gens qui étaient totalement
asymptomatiques.
Est-ce que le fait de ne tester que les
gens qui ont des symptômes ne limite pas, comment dire, les données qu'on
puisse recueillir des tests? Et est-ce qu'on ne devrait pas faire des tests
aléatoires obligatoires dans certaines régions où il y a davantage de cas qui
sont notés?
M. Arruda (Horacio)
:
Votre question est très pertinente. Votre question, on se la pose, et on est en
train de le planifier, ça, mais il faut regarder, là, un élément : aujourd'hui,
où on est rendus, où on était hier puis où on s'en va. Actuellement, là, il
fallait absolument, au tout début, avec la quantité de tests qu'on avait, qui
était limite, utiliser le test là où il était le plus important. On savait que
les gens qui avaient attrapé la maladie au tout début étaient des gens qui
revenaient de voyage. Donc, on a concentré nos éléments là-dessus.
Maintenant, on a élargi. On a six
priorités. On a élargi, même, à des travailleurs de la santé, qui pourraient
même être asymptomatiques, avant de retourner. Et puis on va faire deux choses,
probablement des études sérologiques qui vont être capables d'identifier quelle
est la proportion de gens, au Québec, qui est atteinte, puis on va probablement
aussi utiliser des tests aléatoires dans certains territoires quand on sera rendus
là en termes de priorités. Ça fait partie des stratégies qui sont faites.
Ils l'ont fait dans ce petit village-là parce
qu'ils voulaient documenter cette histoire. Et on va le faire probablement au
Québec, mais aussi accompagné d'études sérologiques pour savoir, à la fin de la
première vague, est-ce que 30 % de la population, 40 %, 50 %,
60 % ont été atteints et asymptomatiques, pour nous aider à mieux prévoir
qu'est-ce qui va se passer à l'automne, dans une deuxième courbe, une deuxième
vague, une première vague. Ça va dépendre. Plus on étale, moins il y a de gens
malades, plus il y a de gens qui sont vierges, plus on peut avoir des pics. Il
y a un équilibre à obtenir à l'intérieur de ça. N'oubliez pas que le premier
objectif, c'est de ne pas se retrouver, comme l'Italie, submergés de patients
aux soins intensifs. Les stratégies de test vont évoluer en fonction de
l'épidémiologie locale et de notre capacité.
Le Modérateur
: Maintenant,
au tour de Tommy Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. D'abord, une question pour la ministre Danielle McCann. Il y a
quelques jours, vous nous disiez que vous alliez nous présenter un état de situation
concernant les stocks de médicaments, donc les médicaments qui sont en risque
de pénurie et à quel niveau on est en ce moment. Êtes-vous en mesure de dresser
cette liste et donner un état de situation?
Mme McCann : Bien, on est en
train de le faire. Alors, on est en train de dresser la liste, et je vous avais
dit la dernière fois qu'on changeait la façon de commander, hein, les
médicaments, parce qu'avant c'étaient les établissements qui commandaient
directement aux fournisseurs.
Là, on a tout centralisé au ministère. On
est en train de faire le relevé de ce qu'il y a dans les différents
établissements. On est en train de dresser la liste des médicaments
prioritaires, notamment ceux qu'on donne pour les infections respiratoires,
ceux qu'on donne aussi pour la sédation. Alors, on est en train de faire ce
travail et, effectivement, on va vous présenter, dans les meilleurs délais,
l'état de situation. On veut faire une commande pour le Québec, une commande
importante, là, au niveau de ces médicaments-là. On est en train de la
préparer. On est en lien aussi avec les différentes associations des
fournisseurs de médicaments. On est en lien avec l'association pancanadienne
des médicaments, et c'est pour ça que, pour le moment, je ne peux pas vous
présenter ça aujourd'hui, mais je pourrai le faire à court terme certainement.
J'ai bien noté votre demande, et on va y répondre, mais il faut faire une ou
deux étapes de plus pour pouvoir vous présenter quelque chose, là, qui vraiment
traduit la réalité.
Le Modérateur
: En sous-question?
M. Chouinard (Tommy) : Oui.
M. le premier ministre, hier, vous nous disiez que vous comptiez sur le
jugement des policiers pour remettre les constats d'infraction. On a vu qu'hier
une dame, dont c'était l'anniversaire, se faisait saluer par des gens qui
étaient à bord de leur automobile et passaient devant chez elle, là, pour
souligner son anniversaire. Est-ce que vous considérez qu'il y a là abus et
craignez-vous qu'il y ait un abus dans l'application des règles?
M. Legault : Non. Moi, j'ai
confiance au jugement des policiers, et puis on a demandé aux policiers d'être
plus sévères. Donc, ce n'est pas le temps d'organiser des fêtes, ni à
l'extérieur ni à l'intérieur. Donc, je pense que les policiers font un
excellent travail puis j'ai confiance en eux.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Geneviève Lajoie, Journal de Québec, Journal de
Montréal.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour à vous trois. Ça s'adresse plutôt à Mme McCann. Je voulais savoir s'il
va y avoir une recommandation, une directive claire, pour permettre aux gens de
la famille proche d'accompagner une personne qui est en fin de vie, parce qu'il
y a plusieurs témoignages poignants, dernièrement, des personnes qui vivent ça
très difficilement.
Alors, est-ce qu'il va avoir une directive
claire, là, à ce sujet-là?
Mme McCann : Il y a déjà des
directives qui ont été données. Au niveau des soins palliatifs, hein, c'est...
Évidemment, c'est très important, cette situation, surtout en fin de vie, mais
même tout au long des soins palliatifs, et j'ai eu vent aussi de certaines situations
qui ont été particulièrement difficiles, là, pour les familles. Moi, je dois
vous dire que, dans les directives qu'on a données, on laisse quand même la
place au jugement dans les différentes maisons, là, de soins palliatifs ou les
centres hospitaliers. Mais je vais probablement vouloir regarder la situation à
nouveau, parce qu'effectivement c'est venu à mes oreilles qu'il y avait des
situations particulièrement difficiles pour certaines familles.
J'ai quand même confiance au jugement,
hein, des différentes personnes, là, qui oeuvrent en soins palliatifs. Je sais
que ce qu'on a fait beaucoup, c'est qu'évidemment, là, on ne permet pas qu'il y
ait plusieurs personnes qui viennent visiter la personne aux soins palliatifs.
On permet, par exemple, une personne à la fois. Alors, je pense que ça, ça va
demeurer comme orientation, mais on va vraiment faire un tour de roue pour voir
si c'est appliqué partout, avec un bon jugement, évidemment, dépendant de la
situation. Mais ce qu'on dit en général, là, dans ces situations-là, il faut
ouvrir la porte à au moins un membre de la famille ou de l'entourage et
particulièrement en fin de vie.
Mme Lajoie (Geneviève) : Je
voudrais vous parler maintenant de la Suède. On cite souvent la Suède dans
plusieurs domaines, c'est un exemple dans plusieurs domaines. On s'en inspire,
on les cite. En ce moment, c'est un des seuls pays qui a décidé de ne pas
fermer les écoles, par exemple. Ils ont certaines mesurées pour la
distanciation sociale, mais ils n'ont pas fermé d'école. Pour le moment, ça va
quand même relativement bien. C'est une sorte d'immunité progressive de la
population.
Est-ce que nous, on a déjà réfléchi à ça?
Et pourquoi est-ce qu'on n'a pas pris cette décision-là et qu'on a opté pour
autre chose?
M. Arruda (Horacio)
:
Vous devez l'adresser à moi la question, j'imagine?
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bien, notamment.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, cette notion... Parce que là... Je vais vous expliquer pourquoi. La
première des choses, c'est que c'est une possibilité, hein, on le sait, mais on
fait face à un nouveau virus qui n'a pas touché beaucoup de personnes, hein? On
est une population vierge par rapport à ce virus-là. On a quand même des
indices que ce virus-là peut entraîner des conséquences importantes et stresser
le système de soins à un tel point qu'on doit choisir entre tel patient puis
tel patient. Et puis on sait que nos personnes les plus âgées, ce sont les plus
vulnérables, et ce serait probablement eux, si jamais on aurait laissé ce qu'on
appelle obtenir une immunité de masse, qui aurait vacciné, en fin de compte,
normalement, toutes les personnes qui en auraient survécu... mais qu'on allait
avoir des morts importantes chez nos personnes âgées.
Dans nos valeurs québécoises, nos aînés,
qui ont bâti notre pays, ont autant d'importance que les plus jeunes. Moi, je
tiens à le mentionner. Donc, cette stratégie-là, sans que je porte de jugement
sur ce que la Suède a fait, parce que je ne suis pas en Suède, je ne connais
pas leur distribution de groupe d'âge... Mais, au Québec, la valeur de la
santé, la santé même d'une personne qui est en phase terminale ou qui va vivre
seulement encore deux ans, est aussi importante que celle des autres. Et donc
on a décidé de le faire comme ça.
Est-ce qu'on va pouvoir éviter toutes les
mortalités chez les personnes âgées? La réponse est non. La preuve, on en a
actuellement. Mais on en aurait eu beaucoup plus si on n'aurait pas pris les
mesures. C'est pour ça qu'on met de la coercition à l'entrée dans les maisons
pour personnes âgées et dans les CHSLD, parce qu'on ne veut pas que ces gens-là
décèdent.
Est-ce que ça veut dire qu'on va avoir une
autre vague un peu plus tard? C'est possible. Ça veut-u dire que, plus tard, on
va avoir des agrégats puis il va y avoir encore des mortalités? La réponse est
oui, mais on aura traversé cette période intense où on aurait mis en péril nos
soins intensifs, les gens qui auraient besoin d'une opération pour le coeur. Et
donc c'est un choix de population, et je pense que certains pays qui ont
commencé comme ça, notamment l'Angleterre, ils viennent de changer de cap parce
que là ils se rendent compte des impacts que ça va présenter. C'est toujours
possible, mais ce n'est pas le choix, et ça ne correspond pas aux valeurs des Québécois.
M. Legault : Je pense qu'il y
a une situation aussi... Moi aussi, j'étais curieux de voir ce qui se passait
en Suède. Je pense aussi qu'il y a une différence entre le Québec puis la Suède
à cause de Montréal, hein? En Suède, il n'y a pas de ville de 2 millions
de population comme Montréal. La plus grande ville, c'est Stockholm. Pour être
allé à Stockholm, il n'y a pas de rassemblement où les gens sont collés, là.
C'est un peu plus espacé.
Donc, il y a une situation aussi qui est
difficile. On est en train, justement, de regarder des scénarios pour demain,
puis je pense qu'il... si on veut se comparer, là, il faut se comparer à des
pays qui ont des grandes villes comme Montréal, comme Toronto.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Bonjour,
M. le premier ministre. Bonjour à vous. Mme McCann, vous nous avez dit, la
semaine passée, qu'au niveau des interventions de courtes durées, il y avait de
la possibilité que vous alliez ouvrir. Ce qu'on entend, c'est que, dans
certaines directions de centre hospitalier, il y a des complications puis qu'on
n'ouvre pas. Est-ce que vous avez vent de ça ou est-ce que le message a été
passé à tous les administrateurs?
Mme McCann : Ah! vous me
parlez des chirurgies, par exemple, semi-urgentes, là. Oui, on commence
d'ailleurs aujourd'hui à faire des interventions semi urgentes, des chirurgies
semi urgentes dans l'ensemble des centres hospitaliers, des suivis par des
comités cliniques. Il y a des personnes qui vont être opérées, là, dans ces
situations-là et beaucoup, hein, comme vous pouvez l'imaginer, dans le secteur
de l'oncologie, hein, des gens qui souffrent du cancer.
Bon, c'est sûr qu'il y a une démarche qui
est très, très rigoureuse, parce que d'abord il faut évaluer l'état de santé de
la personne, évaluer le risque dans le contexte actuel. Il faut également tenir
compte, là, de l'équipement de protection, les médicaments, si la personne a
besoin de soins intensifs ou pas. Évidemment, les chirurgies qui n'ont pas
besoin de soins intensifs, on va les privilégier.
Mais je veux vous donner un exemple, parce
que je sais, et c'est venu à mes oreilles, là, que, par exemple, on ne fera pas
d'opération qui dure sept ou huit heures. Effectivement, on ne veut pas occuper
une salle d'opération pour tant de temps. Mais je vais vous donner un bon
exemple... à moins que ça soit urgent. Évidemment, toutes les opérations, et
ça, je le réitère, les opérations qu'on doit faire en urgence, on les fait. Les
opérations très prioritaires, on les fait. Ça n'a jamais cessé.
Mais je vais vous donner un exemple au
niveau du semi urgent. Par exemple, une femme qui a un cancer du sein, qui...
évidemment, on va faire la lumpectomie, mais on ne fera pas nécessairement la
reconstruction. La lumpectomie, c'est à peu près un deux heures d'opération,
tandis qu'une reconstruction, ça peut prendre six à sept heures.
Alors, c'est ce genre de choix. La
reconstruction peut se faire plus tard, parce qu'il n'y a pas d'impact sur la
santé de la femme, mais effectivement on va faire la lumpectomie, parce que ça,
c'est très important de le faire, là, pour ce type de situation.
Alors, je pense que c'est fait avec le
plus grand soin, et il va y avoir un certain volume, là, qui va être fait cette
semaine.
M. Laforest (Alain) : Au
niveau des masques de procédure... N95, vous nous avez dit, la semaine passée,
Dr Arruda, qu'il y avait de la transmission communautaire, là, entre autres,
particulièrement à Montréal, où on le voit, là, avec les chiffres.
Est-ce que la directive a été bien passée
dans tous les centres hospitaliers? Parce que c'est ce que vous avez dit, que
tout le personnel devait porter des masques.
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, la directive est effectivement passée dans le réseau, là, a été écrite,
rappelée, etc. Là, je ne peux pas vous garantir... Vous comprendrez, là, que
moi, je suis ici, là, puis malheureusement isolé. Je ne vois même plus ma
famille ni rien, là. Je ne peux pas vous garantir que tout le monde l'a reçue
et l'a comprise immédiatement, mais je pense que les centres, en tout cas, qui
vont faire les dépistages, les endroits où c'est chaud en COVID-19, je pense
qu'ils sont au fait. Mais on va, bien entendu, répéter, répéter, répéter et, si
on a des signalements comme quoi que ce n'est pas compris, de sources et
autres, on va s'assurer de faire le suivi. Vous savez, je reçois des courriels
de toutes sortes, mon adresse e-mail est très connue, et, dès qu'on a ces
informations-là, on les transfère puis on s'assure que les gestionnaires soient
au fait de ça.
Mme McCann : Bien, moi, je vais
vous dire aussi qu'on fait vraiment une communication systématique, là, avec
les établissements. Le sous-ministre en titre parle aux P.D.G., aux
présidents-directeurs généraux, tous les jours. Ces directives-là sont
transmises à tout le monde, et les établissements s'assurent, dans leurs
établissements, que tout le monde a eu cette directive et l'applique. Alors,
l'ensemble des gestionnaires, on privilégie, par exemple, le gestionnaire, à
tous les jours, voit son équipe et revoit ces directives avec eux.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Mylène Crête, Le Devoir.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour. J'aimerais savoir... Vous allez nous présenter des scénarios demain.
Au départ, M. Legault, vous étiez un peu récalcitrant à nous présenter des
scénarios; ensuite, vous nous avez dit que vous alliez nous présenter le
scénario le plus probable; et, plus récemment, vous avez dit que vous alliez
nous présenter plusieurs scénarios.
Donc, pourquoi est-ce que c'est préférable
pour vous de nous présenter plusieurs scénarios?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, premièrement, je tiens à vous dire que, quand on parle à nos
experts, hein, personne n'a le goût de présenter des scénarios. Je vais vous le
dire bien honnêtement, parce que les projections au-delà du 30 avril, là, il
n'y a personne qui veut jouer à JoJo Savard, excusez-moi pour la dame, là, mais
à l'astrologie, là, je veux dire, parce que ça devient dans cet ordre-là. Mais
d'autres personnes ont amené des scénarios, notamment l'Ontario qui a amené un
grand spectre de données de gens qui vont mourir, très élevé, très bas.
Bon, là, on essaie de vous communiquer,
pour répondre à votre appétit, la meilleure des choses comme telles. Puis il y
a différentes méthodologies, il y a des projections qui sont faites pour...
administratives pour voir combien de lits on va avoir besoin à telle date. Il y
a des analystes qui font des projections sur la base de l'épidémio telle qu'on
connaît, avec des hypothèses qui varient beaucoup, puis ces gens-là ne veulent
pas s'avancer, même pas dire quand est-ce que le «peak» va arriver, O.K., parce
que le «peak» va arriver à Montréal probablement bien avant que le «peak» à
Québec. C'est assez clair, là, à ce qu'on voit. Ça fait qu'on est en train de
démêler tout ça. Je ne sais pas si vous comprenez qu'est-ce que je veux dire.
Puis, quand on parle de scénarios,
certains, pour eux autres, c'est le nombre de morts maximal, le nombre de morts
minimal, le nombre de personnes aux soins intensifs maximal, le nombre de
personnes aux soins intensifs minimal. Il y en a que c'est ça, les scénarios.
Pour d'autres, c'est des courbes avec des projections dans l'avenir. Ça fait
qu'on est en train de démêler tout ça pour vous offrir le package le plus
intéressant, communicationnel, à ce stade-ci.
Puis probablement qu'en avançant aussi,
avec cinq jours de plus, le confort de mes épidémiologistes puis des
modalisateurs, qui s'obstinent entre eux autres sur la bonne affaire, va être
plus grand pour qu'on puisse faire un point... Je ne suis pas en train d'annoncer,
là, il faut qu'on discute avec le PM, c'est lui qui va décider, mais va être
encore plus grand pour que je puisse l'annoncer. Parce les gens me disent même :
N'annonce rien Horacio, ils vont te couper là tête si jamais tu n'as pas le bon
chiffre. Mais, voyez-vous, là, c'est un peu le genre de dynamique, puis les
experts, je les comprends, c'est des scientifiques.
Quand je vous ai dit, là, le port du
masque, c'est comme tousser dans le coude, je ne pouvais pas dire : Aïe!
le port du masque, là, fait maison, c'est bon, vous êtes en affaire avec ça,
parce qu'on se fie sur la science. La science aide aux décideurs à prendre des
décisions éclairées. Ça fait que je vais vous le dire très honnêtement, encore
en date d'aujourd'hui, j'ai une petite idée de ce qui va être présenté demain,
là, mais ça va dépendre, parce qu'encore il y a des données qui sont rentrées
en fin de semaine qui n'étaient pas les mêmes que l'autre fois. Puis je vais
vous dire, le mieux, si je pouvais faire plaisir à mes experts, c'est de vous
dire : On ne vous dira rien avant une semaine. Mais là, si on vous dit ça,
vous allez nous tuer, ça fait qu'on va vous donner des éléments importants puis
ça va se suivre. Puis ce que je vous passe comme message, c'est véritablement
ce que mes experts me disent, il n'y a personne qui veut s'avancer au-delà du
30 avril, personne. Si on leur pose la question, je vais être obligé de
dessiner la courbe moi-même, parce qu'ils ne veulent pas le faire, et je les
comprends.
Mme Crête (Mylène) :
Mais ma question...
M. Arruda (Horacio)
:
Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
Mme Crête (Mylène) :
Bien, plus ou moins.
M. Arruda (Horacio)
: O.K.
Excusez-moi, madame, j'ai passé mon pitch.
Mme Crête (Mylène) :
C'était : Pourquoi vous pensez que c'est préférable de nous présenter plusieurs
scénarios plutôt que le scénario le plus probable?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, c'est parce qu'on vous présente plusieurs scénarios pour que
vous compreniez, si on se comportait comme l'Italie puis l'Espagne, on aurait
l'air de ça. Si on se comportait... parce qu'on peut bien dire : O.K., là,
le pire scénario, c'est la pandémie espagnole. Là, on va vous sortir des
chiffres, les cheveux vont vous dresser sur la tête. Ça, ça voudrait dire que
là, là, nous autres, là, on serait déjà complètement dépassés à ce stade-ci. On
peut vous sortir des scénarios en expliquant : Si le Québec était comme
l'Italie et l'Espagne, voici ce que ça serait. Si on serait comme les meilleurs,
en Allemagne, ou d'autres pays, ou la Suède, on serait comme ça. Puis nous, on
pense qu'on va être à peu près dans le milieu, en étant pessimistes. Puis dans
les faits, dans la réalité, en date d'aujourd'hui, on est en dessous. C'est ça
qu'on pourrait vous exprimer, là, comme tel.
Mais, si vous nous demandez : Le pic
va être à quelle date puis etc., là, les experts, ils ont peur. Ils ont peur,
je vais vous le dire, là, puis je les comprends, parce qu'eux autres il faut
que ça soit le plus solide scientifiquement. Puis des scénarios qui ont été
faits dans la littérature, là, avec des hypothèses x, en comparant... Même
quand on prend les chiffres de l'Italie puis les chiffres de un, il y a des
limites. Ces chiffres-là, c'est ce qui est dans le Web, ce n'est pas ce qui se
passe nécessairement dans la réalité. Ça fait que le plusieurs scénarios, c'est
peut-être pour vous dire : On verra, là, ce que le PM pourra décider. Puis
ce qu'on va lui suggérer aussi, c'est de dire : Si on était l'Italie, là,
puis l'Espagne, on serait rendus là, en date d'aujourd'hui. Si on était aussi
bons que d'autres pays... Tu sais, la Corée du Sud, c'est un pays où on a soudé
des portes, hein? On n'a pas fait ça, ici. Les Québécois ont accepté la
distanciation sociale dans une démocratie. C'est extraordinaire.
Puis je peux vous dire, là, que... Je veux
juste passer un message : C'est en train de marcher, mais il ne faut pas
lâcher. Il ne faut pas lâcher, puis, plus on va se tenir la route serrée, plus
on va se rendre au mois de mai puis plus on va pouvoir retrouver une vie
normale. avec encore du coronavirus, mais pas avec les mêmes impacts. J'espère
que ça répond à votre question mieux maintenant.
Mme Crête (Mylène) :
Ça a répondu à ma question.
M. Arruda (Horacio)
:
C'est compliqué, les scénarios. Je peux vous dire, ça rime avec Horacio, mais,
si je pouvais m'en passer, je m'en passerais.
Le Modérateur
: Merci.
Oui, M. Legault.
M. Legault : Juste peut-être,
pour ajouter, parce que... C'est l'équipe du Dr Arruda qui va faire les
scénarios. Moi, mon seul travail, c'est de les pousser pour que toute l'information
soit là, même celle qui n'est pas facile à donner, parce qu'il y a beaucoup
d'incertitude. Donc, moi, mon rôle, ce n'est pas d'écrire les chiffres, c'est
de pousser pour que tout soit là.
Le Modérateur
:
Parfait. Maintenant, prochaine question, Patrice Bergeron, LaPresse
canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous tous. M. Legault, le président américain veut imposer le Defense
Production Act pour empêcher l'exportation de masques vers le Canada, dont le Québec.
Pourrait-il appliquer la même logique à l'exportation de produits alimentaires
dont le Québec a besoin à court terme et perturber notre chaîne
d'approvisionnement? Est-ce que vous craignez ce scénario?
M. Legault : Non, parce que...
bon, il y a effectivement une pénurie de masques, il manque de masques partout
dans le monde, mais je ne pense pas qu'il manque de fruits et de légumes, là. Donc,
je ne pense pas, là, qu'il réglerait un problème puisqu'il n'existe pas, ce
problème-là, aux États-Unis, là, de craindre de ne pas avoir assez de fruits et
de légumes, de nourriture.
M. Bergeron (Patrice) : Très
bien. Deuxième question, vous savez, les syndicats d'employés municipaux, à
l'heure actuelle, ils craignent pour des mises à pied massives en raison de la
loi qui empêche les municipalités de faire des déficits. Est-ce que vous
envisageriez éventuellement d'assouplir cette loi-là pour éviter qu'il y ait
des mises à pied dans les municipalités?
M. Legault : Écoutez, chaque
municipalité est différente, hein? Elles ont des conventions collectives
différentes, elles ont une partie des employés qui a une sécurité d'emploi, il
y a une partie qui n'ont pas de sécurité d'emploi. Il y a des endroits où ils
utilisent les employés de la municipalité pour aller aider les organismes
communautaires. Il y a des taux de taxe qui sont différents, des emprunts... la
hauteur est différente d'une municipalité à l'autre.
Nous, ce qu'on veut, c'est de laisser
l'autonomie aux municipalités de faire les meilleurs choix avec ce qu'ils ont
devant eux, tout en sachant que la majorité des employés ont une sécurité
d'emploi.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
M. Legault, vous nous avez semblé plus positif en début de rencontre, ce qui
est quand même sûrement encourageant pour les Québécois.
À la lumière des chiffres, pouvez-vous
nous dire qu'est-ce que vous... Ce que vous avez dit : On voit peut-être
la lumière au bout du tunnel, qu'est-ce qui vous fait dire ça? Sans évidemment
dévoiler les scénarios, là, mais...
M. Legault : Bien, c'est ça,
vous allez voir les scénarios demain, mais quand je regarde... Moi, pour moi,
ce qui est important, ce sont les hospitalisations, bon, et les décès. Bon,
c'est certain qu'un arrive avant l'autre, les hospitalisations arrivent avant
les décès. Donc, de voir qu'on a une augmentation de seulement huit dans les
hospitalisations aujourd'hui, c'est extraordinaire.
Si on était capables d'avoir ça pendant
quelques jours, ça voudrait dire qu'on s'approcherait du sommet. Mais je ne
veux pas spéculer, là. C'est juste... Les chiffres sont encourageants aujourd'hui,
tant mieux. On espère que ça va continuer.
M. Bossé (Olivier) : Mon
autre question, c'est pour Mme McCann. Vous avez dit, la semaine passée,
qu'on aurait assez de respirateurs. Est-ce qu'on pourrait, par contre, manquer
d'inhalothérapeutes pour s'occuper de ces respirateurs-là?
Mme McCann : Alors, c'est une
très bonne question, puis nos équipes... puis d'ailleurs je les salue, hein? Je
salue toutes les équipes dans les établissements, puis notre sous-ministre
adjointe aux affaires hospitalières, là, s'occupe d'avoir suffisamment de
personnel pour voir, là, à l'utilisation des respirateurs.
Alors, on a différentes stratégies, mais
je peux vous dire aujourd'hui qu'on a ce qu'il faut vraiment. On sait qu'on veut
ajouter 800 lits de soins critiques, là, pour les personnes qui ont la
COVID-19. Aujourd'hui, il y en a 164, là, qui sont occupés, et on en a qui sont
en train d'être transformés. On va arriver à 800 et on a les respirateurs qu'il
faut, comme vous le dites, mais, au niveau du personnel, on est en train de
l'organiser et on va être capables d'avoir le personnel suffisant pour ce
nombre de lits de soins critiques, là, si on avait à avoir
800 respirateurs, par exemple, là, qui devraient être opérés, oui.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour.
J'aimerais avoir deux précisions concernant votre annonce d'hier concernant le
prolongement des mesures de confinement. D'abord, est-ce que vous pourriez
envisager d'étendre la liste des services essentiels d'ici le 4 mai,
partant du principe qu'il y a peut-être des choses dont on peut se passer une
semaine ou deux mais plus difficilement pendant un mois et demi, ou peut-être
donner des dérogations à certaines régions où il y a moins de cas? Premier
élément.
Et le deuxième : Est-ce que vous
pourriez être plus précis quant à l'impact économique? Je sais que vous avez
effleuré la question hier, mais, j'imagine, le ministère des Finances doit bien
avoir des hypothèses sur l'impact que ça va avoir sur le produit intérieur
brut, sur les rentrées fiscales. Est-ce que vous pourriez être plus précis à ce
chapitre?
M. Legault : Bien, pour
l'instant, on est vraiment, là... on parlait tantôt des scénarios sur les
décès, les hospitalisations. On est aussi dans les scénarios concernant... Bon,
on va avoir, probablement vendredi, là... c'est le premier vendredi, une
semaine complète du mois. Donc, on va avoir des chiffres sur le chômage. Oui,
le ministère des Finances fait des scénarios. Ce serait irresponsable de les
faire, mais, quand je demande au ministre des Finances quand on est prêts à
rendre ça public... Bon, j'ai une idée, j'ai un ordre de grandeur.
Mais c'est une situation qui est
temporaire. Puis là ce qu'il faut surtout, c'est de voir à quelle vitesse on va
pouvoir rouvrir les entreprises, les commerces. Je n'exclus pas, une fois qu'on
va avoir passé le sommet, avec l'accord du Dr Arruda, bien sûr, de regarder
pour ajouter des commerces dans les services essentiels.
Je sais, entre autres, qu'actuellement il
y a des petits commerces, là, qui se sentent un peu lésés parce qu'il y a des
grandes surfaces qui offrent les produits essentiels, mais aussi certains
produits non essentiels : un grille-pain, un séchoir à cheveux, des choses
comme ça. Là, on est dans la balance d'inconvénients. Je comprends que ce n'est
pas juste ou ça ne paraît pas juste pour les petits commerçants, mais, en même
temps, les Québécois, quand ils vont chercher de la nourriture dans une grande
surface, bien, c'est utile pour eux autres d'être capables de prendre d'autres
éléments qui sont utiles, qui ne sont peut-être pas absolument essentiels, mais
utiles dans leur vie.
Donc, je suis très conscient de ça. C'est
comme la balance des inconvénients, là. Il y a un inconvénient pour les petits
commerçants que les grandes surfaces offrent d'autres produits, mais il y
aurait un inconvénient pour les Québécois de fermer ces départements-là dans
les grandes surfaces. Donc, moi, je penche du côté des Québécois, là, des
consommateurs.
Est-ce qu'on pourrait ajouter des petits
commerces où on garde la distance de deux mètres, dans les prochaines semaines?
Je n'exclus pas ça, mais il va falloir avoir le O.K. du Dr Arruda et s'assurer
qu'on a passé le sommet. Donc, l'importance d'essayer de l'estimer, le sommet,
c'est ça aussi, là, pour être capables, à un moment donné, quand on tombe dans
la partie descendante, d'ouvrir la porte à rouvrir certains commerces. Donc,
oui, on le regarde.
M. Arruda (Horacio)
: M.
le premier ministre, si vous permettez... puis on pouvoir rouvrir,
probablement, plusieurs choses, mais avec des conditions différentes. Il faut
que la distanciation sociale soit là, qu'on protège encore nos caissières avec
des plexiglas, ce genre d'éléments là qui vont nous permettre de continuer sans
mettre en péril... et un rehaussement de la transmission de façon intensive.
Si on rouvre, il y aura une analyse et des
recommandations de santé publique par secteur pour leur dire : Bien,
voici, si vous voulez rouvrir, bien, vous devez respecter ça. Et, à ce
moment-là, je pense qu'on pourrait peut-être, à ce moment-là, retourner à une
certaine normalité, mais plus jamais une normalité comme avant. Et je suis
convaincu que des pratiques qui ont été mises en place maintenant... qui vont
se perpétuer dans les années à venir, particulièrement dans les saisons
d'influenza ou de grippe. C'est étonnant, comment est-ce que ça l'a chuté au
moment où on a mis de la distanciation sociale.
Inquiétez-vous pas, on ne mettra pas le
Québec en pause toutes les années, mais on apprend des choses, que quand on est
malade, on ne va pas voir nos grands-parents pour ne pas qu'ils attrapent la
grippe, ça diminue les hospitalisations, On ne va pas consulter à l'urgence, si
ce n'est pas nécessaire. Ce sont toutes des choses qu'on va avoir apprises collectivement.
M. Legault : Peut-être,
j'aimerais aussi rajouter quelques mots sur les respirateurs. On a assez de
respirateurs pour couvrir la période, là, qui serait avec le scénario le plus
pessimiste, là. C'est vrai qu'il y a un défi d'opérer les respirateurs, d'avoir
des inhalothérapeutes. Puis j'aime mieux vous le dire, bon, Danielle va rire,
mais un vétérinaire, il ne peut pas soigner un patient, mais il peut faire
fonctionner un respirateur. O.K.?
Donc, on est très créatifs actuellement
pour être prêts au pire. Juste vous dire ça, là, mais on est très chanceux au Québec
d'avoir autant de respirateurs. Je connais beaucoup de nos voisins qui n'ont
pas assez de respirateurs pour couvrir la pointe. Nous, on en a assez. Bon. Est-ce
qu'on a assez d'inhalothérapeutes pour les faire fonctionner? Là, on est en
train de former... bon, si c'est nécessaire, d'amener quelques vétérinaires qui
savent comment opérer la machine, pas opérer le patient, mais opérer la
machine. On n'exclut pas ça.
Le Modérateur
: Rapidement,
en sous-question.
M. Lavallée (Hugo) : Parlant
de nos voisins, justement, Doug Ford, ce matin, dans une entrevue à la
télévision, a parlé de cargaisons de 3 millions de masques, destinées au Canada,
qui avaient été bloquées durant la fin de semaine. M. Trudeau, lui, a été un
peu plus diplomate en évoquant des délais de livraison. Je voulais savoir, à
votre connaissance, est-ce qu'il y a des livraisons de masques ou d'autres
équipements de protection destinés au Québec qui n'ont pas pu être acheminés,
au cours des derniers jours, à la suite de l'annonce du président américain?
M. Legault : Bon, j'ai parlé
ce matin, effectivement, à Doug Ford. Ils ont une situation, là, qui est plus
serrée que la nôtre actuellement, là. Ils ont comme... En tout cas, je le
laisserai dire exactement le nombre de jours. Mais nous, en fin de semaine, on
a eu une cargaison du Mexique qui était très bienvenue pour nos besoins au Québec.
Je sais qu'il y a des cargaisons, pour le gouvernement fédéral, donc, à
répartir, qui ont été retardées. O.K.?
Puis par contre, je dois dire, là, que je
suis content que le fédéral tient compte des besoins. Actuellement, il y a deux
provinces, là, à cause des grandes villes, Toronto puis Montréal, qui ont plus
de besoins, toutes proportions gardées, que leur population, puis le fédéral en
tient compte maintenant dans la répartition. Mais, bon, c'est serré chez nous,
c'est serré en Ontario puis, oui, c'est parfois difficile d'avoir toutes les
livraisons.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Donc, c'est ce qui complète pour nos questions en français. Nous allons passer en anglais. We'll switch in English with Cathy
Senay from CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon. Mr. Arruda, I have the impression that, basically,
what you think and what Premier Legault thinks about the projections tomorrow…
have the impression that you don't like it at all. It's going to be a long
night, and it's damned if you do, damned if don't. But for you, Premier, it's
more a question of giving this information and you have the impression that
Quebeckers will take these
numbers and react well? I have the impression that there is, like, a clash
between you two regarding the projections tomorrow.
M. Arruda (Horacio)
: There is no clash at all, I can say. I know that he's asking for
good questions, that I would
like, as a scientific person, give him the right number. Even my staff or the
people working with us are always afraid to send numbers because there is too
much marge of minimum and maximum, and we are still in a place where projections could be
projections, you know? And, as
we are rigorous persons, telling that number that will be going to be print in
that day... Dr. Arruda or this expert did that... will be challenged. But I
think it's normal that people wants to have information. We will give the best we can with, I would say, the cautions that
we want to say about it. So it's not because I want to...
First of all, my only
thing, I think, is important is
to really make what is good to do at the right time, at the right moment. We've
made... We were very early in the epidemic to do those social distancing issues,
closing... For me, that's the action, the treatment I'm giving. What is going
to happen tomorrow is... I'm looking at it, but it's not my first focus
actually, but we will do it.
The boss is asking you,
he's the Prime Minister... We will give him the best information, but we don't want to give him something which is not enough
scientific. OK? And I'm forcing
my people to project, to accept it, OK? So we will do
that. Is the big boss taking the good decisions? We just want to give him the
right scenarios, and I'm working... I'm in between Premier Legault, our
scientific people, the population, the media. And don't think I'm against
scenarios. That's not the case. It's just because it's not an easy question.
And I don't want, also, give numbers just for giving numbers. That's the case.
M. Legault :
OK. I had this situation before in my life. When I was president of Air
Transat, preparing budget for the next year, I used to have this kind of
answer, saying : Hey, how do you want me to have a forecast for the next 12 months about our revenues or about our expanses? But it's
better for me to have a forecast that is not perfect than not to have any
forecast. But I can understand that it's not easy for Dr. Arruda and his
team to commit on different scenarios, not knowing perfectly what will happen
in the next few weeks. So I can understand, but I think my job, as a Premier of
Québec, if we want to be
prepared for the worst scenario, we need to know where it can go in the next
weeks and months.
Le Modérateur
: Second question.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Arruda or Mrs. McCann, when Dr. Tam said earlier today that she
is giving this advice to people to wear a mask in public spaces where
distancing may be difficult, public transit as an example, she is referring to
presymptomatic or asymptomatic carriers, that they are many. We don't know
exactly how many. So that may be a trick, but then she has the same type of...
you know, she wants people to take precautions.
So are we going to see
more masks in Québec, worn by
different people?
M. Arruda (Horacio)
: May I, Mme McCann?
Mme McCann : Yes.
M. Arruda (Horacio)
: So, first of all, I'm part of the CCMOH of Canada, so we are
working with Dr. Tam, which is at the agency of Canada. So we are working. I've got the draft here, OK?
Yes, being so, what I
want to say is that it doesn't change my position at all and I didn't say that
it's not good at all. I just want to make sure, it's very important to
understand that the proven things are staying home as much as possible,
physical distancing, washing your hands, washing your hands, washing your
hands. Even if you get a mask, you wash your hands, protecting the most
vulnerable from infections and exposure to others and covering your cough with
tissue or your sleeves. When you are going to put the mask for... the
chirurgical masks are for health care workers, not for everybody in the city.
If you have a mask, it's
not for protecting yourself, it's for protecting others, like, if you use a
tissue, sneeze it, put it... wash your hands, wash your hands and wash your
hands. And then, what you do? Then, if you have a mask, you're going to not
spill it to others, but, be careful, if you have a mask, you touch it, you take
it away, put that down, contaminated... put in your eyes, you're not helping
yourself. OK? If you're sick... all over these things. But, for the ones who
think they are going to be protected by the mask, that's not the case.
So it's like you can do
it, especially if social distancing is not possible, for a short period of
time... It's almost... very difficult to have a mask all the day, I think. If
you want to be a champion, do it, and you are going to be in records of... I
don't know, the book of the records.
So what I want to tell
you is that if you want to get... keep it and go, you're sick, it's another way
to do it. But don't think that it's going to protect you from other's infection.
It must be very tight, it must have a good tissue; if it's humid, it's not
working anymore. So I won't say : Don't use it. Use it, but be careful on
not thinking it's protecting you. It's good for protecting others. And be
careful for not touching everything and... because of your mask. You're going
be infected.
So it's what I'm saying.
I'm not against, I'm signing and authorizing this proposition, but I want just people understand what does it mean.
Le Modérateur
:Thank you. So we
need to accelerate. Samuel Pouliot, CTV.
M. Pouliot (Samuel) : Hi. Mr. Legault, according to... the vast majority of Quebeckers are respecting physical
distancing rules, but on Saturday, in Montréal, there was a lot of people who were close to each other, there was
the police giving some fines to people.
What message do you have
to Quebeckers, as the weather
starts warming up?
M. Legault
: The message I have for Quebeckers is : It's a question of respect. The vast majority of Quebeckers respect the directives that we've asked them to follow. So,
please, the minority not respecting that may have a very bad impact on the
number of deaths. So I think it's a question of respect, respecting your neighbors, respecting everybody. It's
serious.
M. Pouliot (Samuel) : And le Regroupement des sages-femmes du Québec is asking you to
take a clear position against the Jewish General Hospital, their decision to
prevent partners of attending birth. There's a petition online calling for an
end to the ban, and, last week, the Governor of New
York overturned a similar decision of an hospital in
their State. Will you do the same here and overturn the decision of the
hospital?
M. Legault
:OK. I think that,
with the great number of cases at the Jewish Hospital, I think it's a good decision
to have nobody with women that are coming to deliver. But we offer all those
women to go to another hospital, and it's the only hospital in Québec where we have this directive. So I
think it's fair and it's reasonable.
Le Modérateur
:Thank you very much.
So we'll switch to questions sent by email. The first one is from Raquel
Fletcher, Global News. Some companies, likes gyms for instance, continue to
take money from people even though they are closed. Can the Government force
companies who are closed to stop taking monthly payments?
M. Legault : We will need to see that one by one, but, for me, it's not a
priority right now to look at those situations.
Le Modérateur
: OK. And will the National Assembly stay closed pass April 21st or
are you looking at a type of virtual assembly like what Mr. Trudeau suggested for
Ottawa?
M. Legault : It will be part of the discussions. I've got a phone conference
call this afternoon with the three Chiefs of the Oppositions. It'll be part of
the discussion.
Le Modérateur
: All right. And now question from Phil Authier, Montreal Gazette. We are getting calls
from families with parents in CHSLD who wants to move a parent or a grandparent
out of the center. Under the rules, they will lose the room. Is there any
flexibility to this policy?
Mme McCann :
Well, it's a delicate operation to bring a parent out of a long-term facility
and there are other conditions, like, the person is not in a long-term facility
where there is an «éclosion», there are cases of COVID-19, and other conditions
too. There is a very big demand of places in long-term facilities, and what
we've mentioned also is that, if you take your parent or your family member to
your home, it has to be for the time of the «pandémie», so it could be for a
long time.
So I think we are
choosing... The best option is to give the opportunity to somebody else who
needs a room in a long-term facility in the meantime because the time of the «pandémie»
might be long. So I know it's very... it's not easy to make that decision but,
unfortunately, I think we have to go that way to give really the opportunity
for other people who need it to have the room.
Le Modérateur
:
Thank you. And again I think you already answered but, concerning the Jewish
General Hospital, just to make it clear, you're not planning to... Are you
planning to review this policy or extend it to other hospitals to make the
policy universal for all concerning women that are upset with the no-partner
rule in the maternity?
Mme McCann :
I think that we need, as the Prime minister said, we need to be very clear that
this is only at the Jewish General Hospital. So, in all
the rest of Québec, in all the
other hospitals, people can be accompanied by the partner or somebody else, of
course, under conditions that they're not symptomatic, they haven't been in
contact with somebody who is symptomatic, take all the precautions because, of
course, we have to be very protective of the rest of the people, especially in
a hospital, and the staff.
So what we're saying today
is : All across Québec,
it's the same policy as before. The Jewish General has a special situation. That's where we have the most
COVID-19 cases, for instance. So I think it's going to remain like this.
Le Modérateur
: Well, thank you very much. Merci, tout le monde. Merci pour
votre disponibilité et à demain.
(Fin à 13 h 58)