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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Monday, April 20, 2020, 13 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trente-quatre minutes)

Le Modérateur : Bonjour à tous. Bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François Legault, est accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.

M. le premier ministre, à vous la parole.

M. Legault : Oui. Bonjour, tout le monde. Avant de commencer, je veux offrir toutes mes sympathies, au nom des Québécois, à nos amis de la Nouvelle-Écosse qui ont vécu un drame épouvantable en fin de semaine. Donc, nos pensées sont avec vous, tous les gens de la Nouvelle-Écosse.

Je veux commencer par le bilan. On a 62 nouveaux décès, donc, pour un total de 939. Donc, je veux offrir mes condoléances à toutes les familles de ces 62 nouvelles victimes.

J'ai une pensée spéciale aussi pour tous les proches puis la famille de Victoria Salvan, une préposée aux bénéficiaires qui est décédée. Probablement qu'elle a attrapé la COVID pendant son emploi, donc en essayant de sauver des gens. Donc, je veux saluer la mémoire de Victoria Salvan.

On a maintenant 19 319 cas confirmés, c'est une augmentation de 962. On a 3 847 personnes qui sont guéries, parmi ces 19 000. On a 1 169 personnes qui sont hospitalisées, c'est une augmentation de 67. Et on a 198 personnes qui sont aux soins intensifs, c'est une augmentation de 15.

Notre urgence nationale, ça reste la situation dans nos CHSLD, dans nos résidences pour personnes âgées, que ça soit des RPA, des RI, tous les milieux où il y a plusieurs personnes vulnérables. On manque toujours, au moment où je vous parle... plus de 2 000 employés dans ces résidences. On a une centaine de médecins qui se sont ajoutés pour venir prêter main-forte. Évidemment, on en a besoin de beaucoup plus que ça. Et j'ai parlé, samedi soir, au téléphone avec la présidente de la Fédération des médecins spécialistes parce qu'on a besoin de personnes à temps plein — c'est ça qui est important, peut-être, de préciser à tous les médecins spécialistes — des gens à temps plein pour éviter qu'il y ait trop de va-et-vient, d'entrées et de sorties dans chacune des résidences, puis pour aussi que les équipes s'habituent à travailler ensemble jour après jour, qu'on ne change pas de médecin spécialiste à chaque jour.

Donc, j'ai convenu avec la ministre de la Santé mais aussi avec les deux présidents des fédérations de médecins que, pendant les deux prochaines semaines, on va limiter les activités dans les hôpitaux aux activités qui sont urgentes. D'abord, je veux rassurer tout le monde, ce que ça veut dire, c'est que les personnes qui ont besoin d'un traitement pour le cancer, pour le cœur, qui est urgent, vont recevoir le traitement. Donc, ça, c'est très clair. Les urgences vont être faites. Mais tout ce qui est possible de reporter, bien, ça va être reporté parce que l'urgence nationale, c'est d'amener le plus de monde possible le plus rapidement possible à temps plein dans nos résidences pour aînés. Donc, on a actuellement 4 000 personnes qui sont atteintes de COVID-19 dans nos résidences. Il faut s'en occuper, puis on manque 2 000 personnes pour s'occuper de ces personnes vulnérables.

Donc, je redemande aux médecins, puis en particulier les médecins spécialistes parce que, là, en annulant, reportant toutes les activités, bien, il devrait y avoir de la disponibilité. Il y en a qui vont pouvoir se regrouper puis confier à une ou deux personnes les activités urgentes, puis ça va libérer les autres pour aller dans les résidences. Mais c'est important qu'on ait plus de médecins qui viennent pour deux semaines, là. Quand je dis à temps plein, c'est à temps plein pour deux semaines, le temps de reprendre le contrôle.

Je demande aussi aux médecins, aux infirmières, aux préposés de régions moins touchées, comme ici, à Québec, là, de venir à Montréal pour deux semaines dans nos résidences. On a besoin de vous autres. Notre réseau est organisé, il y a des CISSS et des CIUSSS pour chaque région, mais là il faut plus que jamais avoir une collaboration.

Dans les autres personnes, à part les médecins spécialistes, bien sûr, s'il y a des médecins de famille qui sont capables de se libérer de tâches moins urgentes, s'il vous plaît venir dans les résidences. Bon, là, on a, jusqu'à présent, 65 personnes de l'armée qui sont dans les CHSLD. On est prêts, évidemment, à accueillir les 60 autres, là, dès qu'elles seront disponibles. On a commencé à ajouter des étudiants aussi en santé dans nos CHSLD puis on a réépluché la liste du site Je contribue!

Puis d'ailleurs je veux faire une précision. On s'est rendu compte que, dans les 50 000 personnes qui ont donné leur nom, il y en a qui ont donné leur nom deux fois, trois fois, 10 fois dans les différentes régions du Québec. Donc, dans le fond, il n'y a pas 50 000 personnes qui sont inscrites, il y en a 19 000. O.K.? Et donc il en reste à peu près un 15 000 qu'on est en train d'appeler pour voir leurs disponibilités. Mais, un peu comme je le disais pour les médecins tantôt, on a besoin des gens à temps plein. On ne veut pas avoir des gens qui viennent une journée ou une demi-journée. Ça nous prend des gens à temps plein pour limiter le nombre de personnes qui rentrent dans les résidences puis de s'assurer aussi qu'on est capables de faire fonctionner tous ces gens-là ensemble, qu'ils s'habituent à travailler ensemble jour après jour, qu'on ait des équipes, donc, dans les différentes résidences.

Un mot sur le matériel de protection. Bon, je voyais encore en fin de semaine qu'il y a certaines résidences qui disaient qu'il manquait de matériel de protection. Il n'y a pas de raison à ça. On a assez de matériel de protection. On est en train d'ailleurs aussi de commencer à fabriquer des blouses, même il y en a qui ont commencé à être livrées. Les masques, bon, vous avez vu l'annonce aujourd'hui, avec certaines entreprises, on est en train de s'assurer de commencer à en fabriquer nous-mêmes. Donc, il n'y a pas de problème à court terme avec le matériel de protection.

Là où on a un problème, c'est avec certains médicaments. Les sédatifs, là, partout dans le monde, il y a effectivement une pénurie. Donc, il y a des produits similaires qu'on utilise. On explique aux gens comment utiliser les produits similaires.

Maintenant, bon, les syndicats. J'ai bien entendu les commentaires des syndicats en fin de semaine. Et c'est important, je le répète, là, on aurait dû le faire avant, j'aurais dû le faire avant, il faut trouver un moyen d'augmenter les salaires des préposés aux bénéficiaires de façon permanente le plus rapidement possible. Donc, j'ai demandé au président du Conseil du trésor de convoquer demain les syndicats, donc, entre autres, la CSN, la FTQ, puis d'essayer, ensemble, avec les syndicats, de régler le plus rapidement possible toute la question des salaires des préposés aux bénéficiaires. Je pense, l'idéal, c'est de le régler avec les syndicats, de le faire rapidement.

Maintenant, en fin de semaine, j'ai parlé à beaucoup de monde. Je le sais, là, je m'adresse aux Québécois, Québécoises de tous les âges, qu'il y en a qui sont très tannés d'être à la maison, puis je vous comprends. Je sais qu'il y en a aussi qui sont tannés d'entendre parler des personnes âgées ou des aînés. Je le sais, moi-même, là, j'ai 62 ans puis je n'aime pas ça, peut-être, être bientôt ou même déjà dans cette catégorie-là. Donc, on va vous appeler les sages, hein, une suggestion du Dr Arruda, les sages ou les moins jeunes. Il fait beau aujourd'hui.

Moi, je vous suggère, tout le monde qui est capable de le faire, d'aller dehors aujourd'hui. Aller dehors, ça fait du bien pour le moral. Puis, je comprends, vous ne pouvez pas rester confinés. La seule chose qu'il faut essayer de faire, qu'il faut faire, c'est de rester à deux mètres des autres personnes. Puis, quand vous rentrez, vous vous lavez les mains. Mais toutes les personnes moins jeunes, plus sages, je vous invite à aller dehors. Je sais qu'il y en a malheureusement qui ont besoin d'accompagnateurs ou accompagnatrices. On est en train de voir ce qu'on est capables de faire, là, peut-être avec des masques artisanaux.

Mes remerciements du jour. Je veux remercier, bon, d'abord, tous ceux qui travaillaient déjà dans les résidences pour aînés, qui ont porté à bout de bras les services dans ces résidences au cours du dernier mois. Je veux remercier ceux qui se sont ajoutés au cours des derniers jours puis je veux remercier à l'avance tous ceux qui vont s'ajouter dans les prochains jours.

C'est notre urgence nationale actuellement. On a des milliers de personnes vulnérables qui sont à risque dans nos résidences pour aînés. Ils ont besoin d'aide. Ils ont besoin de personnel médical de toute sorte. On a le devoir d'aller les aider, puis je veux dire un énorme merci à l'avance à tous ceux qui vont se joindre à cette équipe.

Donc, je termine en vous disant : Il ne faut pas lâcher, on va s'en sortir ensemble. Merci.

Le Modérateur : Maintenant, en anglais.

M. Legault : Yes. Good afternoon. First, I would like to offer my condolences to the people of Nova Scotia for the terrible tragedy. My thoughts are with you.

Last week, I sounded the alarm about a national emergency in our seniors' residences. My goal is to stabilize the situation in every affected residence. That's why I've asked that all available physicians work full-time in the residences for the next two weeks. It will help us gain time and save the lives of our most vulnerable elderlies.

Finally, I ask every Quebecker to continue their efforts of physical distancing. We're doing what it takes to save lives. Thank you all.

Le Modérateur : Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions des journalistes, nous allons débuter aujourd'hui avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. M. le premier ministre, vous invitez les gens des... en fait, le personnel des milieux de santé des régions moins touchées à donner un effort supplémentaire peut-être pour la région de Montréal, là, qui est plus touchée. Qu'est-ce qui est prévu pour ces personnes-là si jamais ils décident effectivement de répondre à votre appel? Est-ce qu'il y a des lieux où ces gens-là peuvent loger? On dit souvent que le diable est dans les détails, là. Est-ce que vous avez déjà amorcé une espèce de structure, là, pour faire en sorte que ces gens-là puissent être logés, puissent être...

M. Legault : Oui, effectivement, on a prévu des hôtels pour les loger. Donc, les gens, par exemple des médecins, des infirmières de Québec qui viendraient travailler pour deux semaines à Montréal, on va les loger dans des hôtels. Donc, on est en train de re-refaire le tour, là, mais oui, on va s'occuper du logement.

M. Lacroix (Louis) : Et comment ça se fait, M. Legault, qu'on se rend compte aujourd'hui que notre système de santé est complètement... j'allais dire désorganisé par ce qui se passe, là? Parce qu'on est obligé d'arrêter de donner des soins dans les hôpitaux, prendre le personnel qui normalement est dans les hôpitaux, les envoyer dans les CHSLD, demander aux spécialistes de travailler dans les CHSLD, etc.

Comment ça se fait qu'au fil des ans on n'a pas vu venir quelque chose d'aussi important que ça, à savoir, il suffit qu'il y ait un événement... puis je comprends qu'il est majeur, et c'est du jamais-vu, mais tout le système de santé qu'on a monté depuis nombre d'années tombe comme un château de cartes. C'est un peu comme le jeu de Ker Plunk, là, où tu montais une structure, puis tu enlevais une tige, puis tout s'effondrait. On a l'impression qu'on est là-dedans. Est-ce qu'on n'a pas été négligents avec l'administration de notre système de santé?

M. Legault : Bon, regardez, d'un côté, on a les résidences pour aînés; de l'autre côté, on a nos hôpitaux. O.K.? On avait déjà de la difficulté à attirer les gens à venir travailler dans nos résidences. Donc, on avait déjà... malgré les augmentations de budget, là, on n'arrivait pas à combler les postes dans les résidences parce que c'est très dur de travailler dans les résidences, donc de là l'importance d'augmenter les salaires.

Maintenant, on a à peu près 6 000 personnes soit qui sont infectées ou qui ont peur d'être infectées qui ne travaillent plus dans le réseau, à peu près 2 000 dans les résidences, 4 000 dans les hôpitaux. Pourquoi on est plus capables d'assumer, dans les hôpitaux, la situation? Parce qu'on a reporté les chirurgies, les activités qui n'étaient pas essentielles. Donc, on a des milliers de médecins spécialistes et les infirmières qui habituellement travaillent avec ces médecins spécialistes qui sont disponibles dans les hôpitaux. On n'a pas cette disponibilité-là dans les CHSLD.

Donc, ce qu'on dit, c'est que depuis un mois on a reporté toutes les chirurgies qui n'étaient pas urgentes dans les hôpitaux. Ça a libéré des lits, au cas où on en aurait eu besoin. Bon, on en avait 8 000, là, on en a besoin juste d'à peu près 1 000. Donc, là, il y a des gens qui sont disponibles, des spécialistes puis les infirmières qui travaillent avec les spécialistes, qu'on est en train de redéployer dans les CHSLD. Puis pourquoi on n'a pas le même problème dans les hôpitaux? Bien, tout simplement parce qu'on a reporté des activités.

Le Modérateur : Prochaine question, Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous. Je vais commencer avec une question d'une collègue. Vous avez fait allusion, donc, aux besoins en médecins et également au report d'activités urgentes. Mais il y a quand même des regroupements de médecins, notamment l'association des cardiologues, des pneumologues et des anesthésistes, qui tiennent un autre discours, qui affirment que les restrictions actuelles mettent en péril la vie des patients, et certains craignent qu'on sauve des vies pour en sacrifier d'autres. Que leur répondez-vous?

M. Legault : Bien, écoutez, je l'ai expliqué, là, puis, bon, c'est facile de faire peur aux gens, là, mais ce qu'on dit, c'est que tout ce qui est urgent, que ça soit les cardiologues ou que ça soit les gens qui s'occupent du cancer, qui s'occupent des maladies graves, ces personnes-là vont continuer de donner les traitements qui sont urgents. Donc, je comprends que ce n'est pas naturel d'aller travailler dans les CHSLD pour ces gens-là, mais c'est là qu'on a besoin d'eux autres.

Mme McCann : Si vous permettez, M. le premier ministre, on a 18 000 lits, au Québec, là, en secteur hospitalier. Il y en a à peu près 7 000 qui sont libres actuellement parce qu'on a reporté des chirurgies électives. Donc, il y en a 12 000 qui sont occupés, là, par des patients dont on s'occupe. Alors, ça, ce sont toutes les situations urgentes. Il y a les urgences, il y a tout le secteur... comme dit M. le premier ministre, le secteur de l'oncologie, cancers, le secteur de la cardiologie, et on s'occupe de tout ce qui est urgent, et même semi-urgent. Alors, en fait, la situation demeure la même depuis le début, ce qu'on a annoncé, de la crise, là, on ne change pas, là, hein, ce sont ces activités-là qu'il faut continuer dans le milieu hospitalier, mais on considère qu'il y a du personnel, des médecins qui sont inactifs ou qui sont libérés parce qu'effectivement, à cause de ces 6 000 lits — ou 7 000, parce que ça varie quand même un peu — 7 000 lits qui sont libérés, et les chirurgies électives aussi.

Mais moi, ce que je veux ajouter, là, par rapport à la question que vous posez, moi, je veux dire à la population, puis surtout aux patients, aux gens qui ont des maladies chroniques, aux gens qui ont un cancer ou qui ont des problèmes cardiaques, appelez votre médecin, appelez votre spécialiste, il est là pour vous. Ceux-là ne vont pas s'en venir, là, en CHSLD, là. Il est là pour vous. Parce que ce qu'on entend, c'est que les gens attendent, attendent trop pour appeler, attendent trop, peut-être même pour se rendre à l'urgence s'ils ont des douleurs potentiellement liées à un AVC, à un problème cardiaque. Moi, je dis aux gens aujourd'hui, oui, on fait une opération dans les CHSLD qui est nécessaire, qui est temporaire, mais ça ne touche pas tout ce qui est urgent, tout ce qui est semi-urgent et qui peut devenir urgent. On a des équipes qui suivent ça de jour en jour, des équipes cliniques. Alors, moi, je veux dire à la population : N'hésitez pas, appelez votre médecin, venez à l'urgence. Appelez l'ambulance, si vous avez besoin. N'hésitez pas.

Le Modérateur : En sous-question.

M. Bergeron (Patrice) : Maintenant, en complémentaire, M. le premier ministre, j'aimerais revenir sur votre mea culpa de la semaine dernière. Vous aviez dit alors que vous auriez dû augmenter les salaires des préposés même sans l'accord des syndicats. Or, la FTQ, aujourd'hui, rappelle qu'au dépôt des demandes, le 11 décembre dernier, elle avait demandé des hausses plus élevées pour les plus bas salariés, dont les préposés.

Alors, pourquoi ça n'a pas été accepté, à ce moment-là, cette offre modulée là?

M. Legault : Bien, moi, j'étais content d'entendre les syndicats, en fin de semaine, dire qu'ils étaient ouverts. Donc, réglons-le, à ce moment-là, s'il n'y en a pas de problème.

Moi, ce que je voudrais, c'est qu'on règle les préposés aux bénéficiaires, mais j'ai bien entendu certains présidents de syndicats dire : Oui, mais il faudrait aussi augmenter les autres groupes. Là, ce qu'on parle, c'est les préposés aux bénéficiaires, d'augmenter de plus les préposés aux bénéficiaires que les autres groupes d'employés. Moi, s'ils sont d'accord, là, parfait, on va régler ça rapidement.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA Nouvelles.

M. Laforest (Alain) : Bonjour. M. le premier ministre, à la guerre, le nerf, c'est l'information. Est-ce que, depuis le début, vous avez été en mesure d'avoir toute l'information que vous auriez dû avoir pour prendre les bonnes décisions? On n'a pas l'impression.

M. Legault : Oui. Moi, je pense qu'on a eu toute l'information. Évidemment, on fonctionnait avec des prévisions. On pensait avoir besoin de 5 000, 7 000, 8 000 lits pour accueillir des gens atteints de la COVID-19 dans les hôpitaux. Ce n'est pas arrivé.

Par contre, ce qui est arrivé, et là on a eu l'information au fur et à mesure... Rappelez-vous les premiers moments. Je vous ai dit : La pire chose qui pourrait nous arriver, c'est que la COVID-19 rentre dans les résidences pour personnes âgées. C'est pour ça que j'ai été probablement un des premiers à dire : Il faut interdire les visites, il faut empêcher la COVID-19 d'entrer dans les résidences. Mais, malgré ça... puis on pourra éventuellement regarder pourquoi ça a rentré autant que ça, probablement via les employés qui ne portaient pas toujours le matériel de protection individuelle nécessaire. C'est là, là, qu'il y a eu une surprise importante, c'est de voir qu'il y a 4 000 personnes infectées dans nos résidences. Si quelqu'un m'avait dit ça, le jour un, j'aurais dit : Bien, voyons donc!

M. Laforest (Alain) : Dr Arruda, vous avez fait le SRAS, vous avez fait le H1N1. L'Organisation mondiale de la santé, depuis des années, avise tous les gouvernements qu'il y a un risque de pandémie et de se préparer. On constate que le Canada et le Québec n'étaient pas prêts.

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, je vais peut-être... Je vais répondre à votre question, mais avant je voudrais juste m'assurer de répondre à une question qui m'a été posée par, je pense, M. Bossé, vendredi dernier, en lien avec combien de patients infectés sont sortis vivants des soins intensifs. Je pense que c'est vous qui m'avez posé la question. C'est 86 % des gens qui sont passés aux soins intensifs, qui sont sortis actuellement, à peu près, en termes d'estimé. Donc, il y a à peu près un taux de mortalité autour de 14 %, 15 %, c'est ce qu'on s'attendait, quand les gens sont malades et qu'ils sont hospitalisés

Écoutez, c'est toujours une question très importante, ce que vous dites. On avait des réserves, pour la pandémie, notamment d'antiviraux, etc. On a eu des masques N95, etc. Il y a des décisions qui sont prises par les gouvernements puis les autorités, là. Il faut voir que les pandémies, ce genre de pandémie ci, notamment, a des caractéristiques très particulières, en lien avec le fait que les gens sont asymptomatiques avant de donner la chose.

C'est toujours facile, a posteriori, de dire qu'on n'est pas prêts. Est-ce que vous pouvez me dire : Si on avait su, on aurait eu des réserves de masques, on aurait eu des entreprises au Québec pour être capable d'avoir des masques, on aurait peut-être équipé mieux... ou avoir eu une meilleure structure de gestion dans nos CHSLD? La réponse, en rétrospective, c'est clair que c'est oui.

Moi, je pense qu'on travaille... Je pense que, partout dans le monde, on s'est retrouvés un peu dans la même situation. Peut-être que, par exemple, la Chine, avec ses capacités de produire des masques dans ses propres entreprises, c'est différent de nous. Donc, il y a plein de facteurs, je pense, qui font qu'on pourra regarder pour analyser ce qu'il en est. Moi, je peux vous dire qu'on fait mieux que ce qu'on a déjà fait antérieurement, devant une menace comme celle-ci, qui est beaucoup plus grande que celle du H1N1. Puis je peux juste vous dire aussi que, quand on avait fait la H1N1, on s'est fait reprocher qu'on avait trop dépensé, qu'on avait fait faire un vaccin qui n'était pas nécessairement utile, que ce n'était pas plus grave que d'autre chose, qu'on jetait des antiviraux puis qu'on allait jeter des masques. Ça fait que, voyez-vous, ces grandes, grandes menaces là nécessitent des investissements qui sont très importants et puis, des fois, à court terme, devant ce qui est à faire, l'amélioration des soins puis etc., c'est ces choix-là qui sont faits plutôt que de stocker pour une pandémie.

Mais on aura probablement, comme il y a eu suite au SRAS, une commission d'enquête, puis des gens vont regarder ça, puis j'ai l'impression que les gouvernements vont être plus sensibles à investir en prévention puis à avoir ces matériels-là pour les prochains siècles. Je tiens à vous dire aussi qu'on va avoir peut-être une crise en lien avec la résistance aux antibiotiques, qui est une autre menace dont on parle depuis une éternité. Des menaces, il va y en avoir comme telles, mais c'est des choix qui sont difficiles, des fois, pour les gouvernements, de balancer le moyen, le court et le long terme. Mais je pense qu'on va avoir une bonne oreille en prévention, au cours des prochaines semaines et mois, comme telle pour un petit peu se redonner un équilibre à l'intérieur de tout ça.

Le Modérateur : Merci pour vos réponses. Prochaine question, Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. Est-ce qu'il est concevable ou envisageable de peut-être déconfiner les sages, les gens de 70 ans et plus, qui sont en santé? Est-ce que c'est une possibilité ou ce n'est pas...

M. Legault : Bien, comme je le disais tantôt, d'abord, d'aller prendre une marche à deux mètres des autres personnes, allez-y, s'il vous plaît. Maintenant, bon, qu'est-ce qu'on peut faire avec des accompagnateurs qui auraient des masques? Bien, on est en train de regarder ça. Mais je comprends très bien, là, que ces personnes-là ont hâte d'être déconfinées.

M. Bossé (Olivier) : Mon autre question, c'est... Oui?

M. Legault : Puis j'ajouterais aussi, là... Il y a comme deux situations complètement différentes, là, les résidences de personnes âgées qui sont très infectées puis toutes les autres personnes qui vivent dans leurs maisons, là. On a beau dire, là, la situation va quand même beaucoup mieux qu'on pensait dans les hôpitaux, beaucoup mieux qu'on pensait dans l'ensemble de la société, si on exclut les résidences.

Mme McCann : Et moi, j'aimerais ajouter, par rapport aux résidences puis à la question de M. Laforest également, que ce qu'on est en train de faire, là, dans les résidences, il y a des choses qui vont rester parce que, quand on parle d'équipes dédiées, là, la première chose à faire, c'est d'ajouter du personnel, et c'est ce qu'on est en train de faire. Il y en a que c'est du personnel temporaire, mais il faut qu'on pense tout de suite à l'ajout permanent de personnel dans les résidences, dans les CHSLD. Alors, ce qu'on est en train de faire, il y a des choses qui vont évidemment être dans une transition, mais il y en a d'autres qui vont continuer. Et ça, je pense que c'est important de le dire, là, qu'on est en train de vivre une situation qui est très difficile, très difficile, mais on va faire ce qu'il faut pour que, dans le futur, ça ne se reproduise pas puis qu'on ait les conditions pour protéger, là, davantage nos personnes.

M. Arruda (Horacio) : Est-ce que vous permettez? Je voudrais juste ajouter un élément. C'est excessivement dramatique, ce qui se passe dans les CHSLD, puis, de voir ces personnes, nos sages mourir comme ça, c'est très difficile. Mais je veux aussi vous dire que nos experts... Puis on discute avec des experts qui font des scénarios justement pour le potentiel déconfinement, mais aussi regarder ce qu'on a fait. On a sauvé des dizaines de milliers de vies avec les interventions de distanciation sociale puis de confinement qu'on a faites. Il y en a certains qui estiment entre 40 000 puis 60 000 décès qu'on aurait pu avoir si le virus aurait pénétré dans la population. Il aurait frappé à la fois beaucoup plus de personnes âgées dans les RPA, puis etc., et probablement aussi plusieurs jeunes qui, malheureusement... C'est plus rare, mais, s'il y a beaucoup de virus qui circulent, la probabilité d'avoir des jeunes de 40 ans qui décèdent, comme on a eu ce préposé aux bénéficiaires, augmente de façon significative. Donc, je ne voudrais pas qu'on ait l'impression que tout ce qu'on a fait n'a pas fonctionné.

Le Modérateur : En sous-question.

M. Bossé (Olivier) : Bien, mon autre question, c'est que le 4 mai, c'est dans deux semaines; les écoles et surtout le personnel a besoin de préparation, savoir s'ils ouvrent ou pas. Je ne sais pas où est-ce que vous en êtes rendus dans votre réflexion là-dessus.

M. Legault : Bon, effectivement, on pense qu'on a besoin d'un deux semaines de préparation. Puis honnêtement, aujourd'hui, on n'est pas prêts à annoncer une ouverture des écoles dans deux semaines. Donc, tirez vos conclusions. On est en train de regarder ce qu'on peut faire dans les services de garde, autant les services de garde CPE et autres que les services de garde dans les écoles. Mais ça prend des précautions, ça prend le fameux deux mètres, ça prend... bien, toute sorte de précautions qu'on discute avec la Santé publique. Mais, il n'est pas question, là, de réouvrir les écoles à court terme.

Le Modérateur : Merci. Prochaine question pour Tommy Chouinard, LaPresse.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. Je préférerais que vous tiriez vous-mêmes les conclusions, M. le premier ministre, au sujet de la réouverture des écoles. Quand vous dites : Ça prend deux semaines de préparation, puis on ne prévoit pas une réouverture, on ne l'annonce pas maintenant, on doit comprendre que c'est reporté au moins d'une semaine, la réouverture des écoles?

M. Legault : Bien, la journée que je vais vous l'annoncer qu'on réouvre les écoles, ça va être dans deux semaines minimum. Ça fait que là, aujourd'hui, je ne vous annonce pas qu'on réouvre les écoles. Mais je ne peux pas vous dire quand on va les réouvrir, là, on a des discussions, on a des évaluations. L'idée c'est de dire : Il faut y aller graduellement, là, même pour la santé, là. Ne parlons pas d'économie, parlons juste pour la santé, là, il faut y aller graduellement, là. On commence par les entreprises. Il ne faudrait pas tout mettre en même temps à l'automne, ce serait risqué du côté de la santé. Donc, il faut y aller graduellement, autant du côté des entreprises, que du côté des services de garde, que des écoles. C'est ça qu'on est en train de faire tranquillement, là. Pour l'instant, on commence par les entreprises.

Le Modérateur : En sous-question.

M. Chouinard (Tommy) : Maintenant, la semaine dernière, vous nous disiez : Il manque 1 800 personnes dans nos CHSLD, il y a 1 800 personnes, bon, absentes pour différentes raisons. Depuis, vous avez demandé l'aide, dans une certaine mesure, de personnels de l'armée, une soixantaine, vous avez dit : On va refaire un tour de roue pour Je contribue!, vous videz les hôpitaux, là, il y a les fonctionnaires qui sont appelés. Au net, vous dites : Il manque en ce moment 2 000 personnes. Ça ne fonctionne pas, les renforts? Vous avez des inquiétudes par rapport à ça?

M. Legault : Oui. Bien, pour commencer, le 1 800, il est rendu à 2 100, là, si on prend juste les absences dans les CHSLD. On a amené 65 personnes de l'armée canadienne, on a amené une centaine de médecins à temps plein. Quand je dis 2 000, là, c'est 2 000 à temps plein. C'est comme j'expliquais ça à Diane Francoeur samedi soir, là, peut-être je n'ai pas été clair, mais c'est 2 000 à temps plein, pas 2 000 personnes qui viennent une journée par semaine, là, 2 000 à temps plein, donc cinq jours par semaine. Mais, pour l'instant, il nous en manque encore 2 000, malheureusement. On a eu beau revoir Je contribue!, les médecins spécialistes, les étudiants, il nous en manque encore 2 000.

Mme McCann : Mais il y a du potentiel, M. le premier ministre...

M. Legault : Oui, oui, il y a du potentiel.

Mme McCann : ...parce qu'on a quand même 2 195 étudiants qui ont donné leur candidature, là. Alors, évidemment, ça, ça veut dire que c'est des gens qui vont venir, là. C'est des gens qui sont formés en santé et services sociaux. Et on pense en avoir davantage que ça, hein, parce qu'il y a un bassin de 17 000 personnes au sein de ces étudiants. Donc, on va les former, mais on va les former en accéléré parce que c'est des gens qui ont une bonne base. Et donc moi, je pense que, pour le court terme, avec les médecins puis avec les autres groupes dont on vous parle, on va être capables de répondre puis d'avoir un meilleur contrôle, là, sur la situation. Les étudiants, ils vont rester également, là, pour l'été, et certains d'entre eux de façon pérenne, là, de façon permanente, parce qu'il y a là-dedans des finissants. On s'est entendus avec les ordres professionnels, là, pour qu'ils soient acceptés même s'ils n'ont pas fini leur dernier stage.

Et ce que je veux dire également, pour le futur, ce que j'ajouterais à ce que je disais tout à l'heure, c'est qu'on ne sera pas dans la même situation, là, dans l'année qui vient, qu'on l'était avant la crise. On va avoir du potentiel de main-d'oeuvre qu'on n'avait pas avant. Vous vous souvenez qu'on a investi, comme gouvernement, près de 100 millions dans les CHSLD puis on n'a pas été capables de recruter tout le monde qu'on voulait recruter. Mais là, dans ce contexte-ci, on va avoir probablement des gens qui vont être intéressés à venir travailler avec nous. Il y a un ensemble de conditions à réunir, mais on a bon espoir qu'on va être capables de recruter et vraiment d'ajouter du personnel comme on a souhaité le faire dans le passé.

Le Modérateur : Dr Arruda.

M. Arruda (Horacio) : Rapidement, aussi, il faut penser qu'il y a deux ou trois chiffres, là, dans une journée, aussi, en termes de personnes, hein, qu'il faut aussi prendre en considération. Puis les gens doivent prendre des vacances aussi parce qu'ils ne peuvent pas continuer pendant 45 jours sans avoir une journée de vacances ou deux, parce que plus on est fatigué, plus on peut faire des erreurs, etc. Ça fait que c'est tout ça qu'il faut prendre en compte parce que le problème ne sera pas fini demain matin non plus, là. Il va durer encore quelques semaines, pour ne pas dire mois.

Le Modérateur : Merci. Prochaine question, Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour. Donc, juste pour être bien certain de comprendre ces chiffres-là justement, alors on comprend : 2 100 absences, là, on soustrait 100 médecins spécialistes, ça donne 2 000, on soustrait 65 militaires, donc il manque toujours 1 935 personnes environ. Et là je comprends donc qu'il n'y a pas de gens issus, par exemple, des entreprises d'économie sociale qui ont encore commencé à travailler. Il n'y a pas encore d'étudiants non plus qui ont commencé à travailler. On est toujours à zéro. Et les gens issus, là, des régions, d'une région à l'autre, ça, ce n'est pas dans ce calcul-là non plus? Je veux être sûr d'avoir un bon portrait des chiffres.

Mme McCann : Les entreprises d'économie sociale... D'ailleurs, moi, je lance un appel parce que ces gens-là, il n'y en a pas beaucoup à ce moment-ci, là, qui... D'ailleurs, je remercie ceux qui viennent nous aider, mais c'est une couple de dizaines, là, qu'on a actuellement. Nous, on espérait vraiment en avoir au moins 1 000, et sinon plus. Alors, ce sont des gens formés.

Moi, je lance encore l'appel, là, pour qu'ils viennent nous rejoindre, c'est vraiment des gens qu'on n'a même pas besoin de former parce qu'ils savent vraiment ce qu'il y a à faire, là, dans les tâches. J'ai parlé aussi des étudiants. Les étudiants, on va les former de façon accélérée, alors je vous dirais, dans les prochains jours, là, on va les former, et ils pourraient rentrer dans les prochains jours pour nous aider.

C'est pour ça que les médecins spécialistes, eux, peuvent venir très rapidement. Il y a des omnis également, on a 164 médecins qui sont venus hier nous aider, mais je pense qu'il pourrait y en avoir plus, comme l'a dit le premier ministre. Des gens à temps plein, c'est ça que ça nous prend, des gens à temps plein, et qui viennent constituer des équipes. Un peu comme l'armée a fait, hein, cinq équipes de 13, là, qui sont arrivées dans cinq CHSLD qui ont beaucoup, beaucoup apprécié. C'est ça qu'on organise, maintenant, c'est des gens à temps plein. Alors, moi, je pense qu'on va pouvoir avoir le nombre suffisant, là, pour y arriver à court terme.

M. Lavallée (Hugo) : O.K. Donc, concernant la difficulté à recruter des médecins spécialistes, là, je lisais la note envoyée par le ministère de la Santé et des Services sociaux au cours des dernières heures, où on explique, là, je vous cite un extrait : «...les médecins sont invités à contacter le directeur des services professionnels, les chefs de département régional de médecine générale ou le coordonnateur médical à la réaffectation de leur établissement. Des listes locales de réaffectation [sont] établies afin de faciliter le jumelage[...]. [...]Un logiciel interactif a [...] été mis en place...» Plus loin, on parle d'une formation, d'un jumelage. Fin de la citation.

Ça semble quand même un processus assez complexe. Est-ce qu'il n'y a pas moyen de simplifier un peu ce processus-là, d'une part, et, d'autre part, est-ce que cette difficulté à recruter là ne s'explique pas en partie par une certaine lourdeur bureaucratique au ministère de la Santé?

M. Legault : Je me suis posé toutes ces questions-là pendant une partie de la fin de semaine. Ce qu'il faut comprendre, c'est que notre réseau est divisé en six CIUSSS, là, qu'au Québec, il y a des CISSS puis des CIUSSS, O.K.? Donc, ça dépend des régions. C'est plus compliqué à Montréal parce qu'il y en a plusieurs, puis il y a des CHU, en plus, donc ça peut arriver qu'une personne soit disponible, mais qu'il n'y ait pas de besoin dans les CHSLD de son CISSS, mais qu'il y en ait, des besoins, dans le CISSS à côté, à Montréal. Donc, c'est pour ça que le système, qu'on le veuille ou non, est un peu plus complexe. Idéalement, on veut d'abord s'assurer que les médecins qui travaillent à l'hôpital dans un territoire... que le CISSS prenne ces médecins-là, les envoie dans des CHSLD du même territoire. Ça, c'est le bout facile.

Le bout plus difficile, c'est quand on prend, mettons, le CHU Sainte-Justine, bien, qui a besoin... qui a des médecins disponibles, on les envoie dans quel CISSS, dans quel CHSLD? C'est là que ça devient complexe, là, et j'avoue que c'est ça, là, qu'il faut continuer à travailler de façon détaillée. En fait, moi, ce que j'ai demandé, là, c'est de dire : On a 2 600 résidences, là, quels sont les besoins dans chacune des 2 600 résidences? Puis là prenons les médecins spécialistes puis essayons de les envoyer dans ces 2 600 résidences, peu importe le territoire.

Mme McCann : Et, oui, ça a l'air complexe, hein, mais c'est connu, hein, c'est connu des médecins, ces instances, hein? Le médecin spécialiste, son directeur de... les services professionnels, c'est connu. Il y a déjà des listes. Il y a une instance de réaffectation. C'est des mécanismes qui sont déjà en place depuis le début de la pandémie. Les médecins et omnipraticiens, le chef du département régional de médecine générale... connu. Alors, ça devrait se faire de façon quand même très souple.

Et je dois dire que, oui, les régions les plus affectées, on les connaît, là, c'est Montréal, Laval, la Montérégie, et il y a des expériences... plus que ça, de l'aide, là, qui vient de nos CHU. Entre autres, par exemple, McGill, qui aide actuellement des CHSLD avec le Centre-Ouest de Montréal, qui a plusieurs CHSLD, donc qui a envoyé des médecins. Sainte-Justine aussi qui aide, là, des CHSLD. Il y a plusieurs médecins qui sont partis de Sainte-Justine pour aider.

Alors, je pense que demain, après-demain, on va avoir davantage de médecins, encore une fois, j'espère, à temps plein.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, au tour de Marie-Michelle Sioui du journal Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour. Bon lundi à vous trois.

M. Legault, le comité d'experts sur la gestion de crise dans les CHSLD que vous avez formé vous reproche de faire fi de ses recommandations en demandant aux médecins spécialistes d'aller prêter main-forte dans les ressources pour aînés, personnes vulnérables. Vous reformulez cet appel-là aujourd'hui. Qu'est-ce que vous allez faire pour regagner la confiance des membres de ce comité-là puis pour leur prouver qu'ils ne font pas seulement partie d'un exercice de relations publiques? Et puis je cite un des membres du comité.

M. Legault : Oui. Bien, j'aimerais que le comité d'experts me suggère d'autres solutions. Moi, là, je suis un gars de résultats, je suis un gars pragmatique. Je veux bien que certains experts nous disent : Ce n'est pas idéal d'envoyer des médecins spécialistes dans des CHSLD. On est d'accord avec ça. Qu'est-ce qu'ils proposent en échange? Parce qu'on est tous d'accord que ce n'est pas l'idéal, pour répondre aux besoins dans les CHLSD, d'envoyer des médecins spécialistes dans les CHSLD. Mais, à partir du moment où on n'a pas, pour l'instant, beaucoup d'autre monde, pour ne pas dire pas d'autre monde, mais qui ils nous proposent d'envoyer dans les CHSLD?

Mme McCann : Et moi, ce que j'ajouterais aussi, en complément, c'est que nous allons avoir davantage de liens avec ce comité. D'ailleurs, dès demain, Mme Blais et moi-même, on a une discussion, un échange avec le Dr Nguyen, qui est le président du comité d'experts. C'est vraiment dans ce sens-là qu'ils peuvent, comme on l'a dit lors du lancement, là, du groupe d'experts, vraiment nous donner des recommandations. On va être très attentifs, on l'a été dès le départ. Mais on est dans l'urgence, on est dans l'urgence, et il faut vraiment résoudre des problèmes à très, très court terme. Donc, on est à l'écoute de ce qu'ils vont nous dire pour la suite des choses. Et ils vont nous faire des recommandations.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Après Ottawa, Montréal recommande aussi le port du masque. La directrice, Dre Drouin, si je ne me trompe pas, s'est même présentée avec un masque à sa conférence de presse jeudi dernier. M. Legault, vous venez d'aborder la question des masques artisanaux, vous laissez entendre que les garderies vont ouvrir bientôt, avant les écoles. Dans le contexte, est-ce que vous êtes encore à l'aise avec la position des équipes du Dr Arruda, qui ne recommandent pas, pour l'instant, le port du masque?

M. Legault : Bon, d'abord, répétons ce que dit Dr Arruda depuis le début : Il ne faut pas avoir un faux sentiment de sécurité avec un masque, c'est très important de garder la distance de deux mètres puis de se laver les mains avec du savon, régulièrement. Ça, c'est ce que... M. Arruda n'a jamais dit qu'il était contre les masques.

Maintenant, deuxième chose qu'il faut tenir compte, c'est que, pour l'instant, les masques, on en a besoin pour le personnel médical. Tant qu'on n'aura pas réussi, là, puis on y travaille très, très fort, à fabriquer des masques pour l'ensemble de la population, bien, on peut bien en discuter longtemps, mais, si ces masques-là n'existent pas, ne sont pas disponibles, bien, c'est difficile, un peu, de conseiller de les porter à la population en général. Bon, j'ai fait allusion tantôt aux masques artisanaux. Est-ce que les masques artisanaux peuvent être d'une certaine utilité? Oui, mais ce n'est pas idéal, encore là. Donc, ça fait partie des discussions qu'on a ensemble pour, entre autres, effectivement, la réouverture des services de garde, des écoles. Est-ce que ça pourrait faire partie de la solution? Peut-être, peut-être. Mais on est dans les discussions, actuellement.

M. Arruda (Horacio) : Puis si vous me permettez, M. le premier ministre...

M. Legault : Oui. Bien oui.

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, je n'ai jamais... Les gens ont l'impression que je suis contre les masques, là, puis je voudrais bien être au clair, là-dessus, là, je n'ai jamais été contre les masques. Je veux juste que les gens sachent qu'est-ce que ça apporte le masque, puis pourquoi c'est utilisé, puis comment ça doit être utilisé. Mes équipes, actuellement, sont en train de regarder ça. Et il y a une littérature qui commence à démontrer que, peut-être, le port du masque pourrait être un élément contributif à une diminution des épidémies. Mais il faut le faire adéquatement, c'est ça que je tiens à vous dire dans les faits.

La personne qui va porter un masque artisanal... Il y a toutes sortes de gens qui disent : On peut prendre un tee-shirt puis... Tu sais, un tee-shirt, là, ça peut être très mince puis, en termes de protection, ce n'est pas très élevé. Mais on va... on est en train de regarder ça. Au cours de la semaine, on va avoir une position nouvelle par rapport à ça pour que les gens puissent se fabriquer des masques, avec certaines conditions, là, qui vont être adéquates. Mais je tiens à vous dire que, si on voit, comme on voit aux États-Unis...

Ici, là, les gens, quand ils attendent pour aller à l'épicerie, qu'ils sont à deux mètres les uns des autres, ils n'ont pas de masque. Mais, si maintenant les gens vont se mettre à porter des masques puis ils vont se mettre un à la queue leu leu derrière les autres, à un pied, comme on voit ailleurs, bien, vous venez de voir que le masque, qui donne cette impression de : «I'm Superman», «Je suis protégé», «Je ne me lave plus les mains» puis etc., ça devient plutôt dangereux. Mais, si des gens, pour protéger les autres ou peut-être pour éviter qu'ils contaminent les autres, parce qu'ils sont asymptomatiques, avant qu'ils le fassent, portent un masque de façon adéquate puis font les autres consignes, ça va être adéquat. On va même probablement faire des vidéos pour expliquer aux gens comment le mettre, comment l'enlever puis etc., parce que, même en milieu de soins, les gens peuvent se tromper.

Ça fait que je ne suis pas contre les masques. Je ne voudrais pas que les gens... Puis je veux vous dire que porter un masque toute la journée, là, même en tissu, vous allez voir que vous allez être essoufflé quand vous allez monter ou descendre les escaliers. Mais, si le masque fait que les gens se rapprochent, en pensant qu'ils sont protégés, puis qu'ils se mettent des gants, puis que là ils peuvent toucher à tout, je m'excuse, là, on a véritablement un problème. Et tous reconnaissent encore que l'efficacité de ça, là, n'est pas garantie, que ça peut même être nuisible. Mais, si on le fait bien, on va le faire. Puis moi, je ne commencerai pas à dire à quelqu'un : Aïe! tu portes un masque, ce n'est pas adéquat, là.

Ça fait qu'il faudrait vraiment corriger, là, la perception qu'on a, qu'on a toujours dit non... puis, premièrement aussi, autre élément, c'est que, comme je vous le dis, on n'en a pas pour tout le monde. Ça fait qu'on va les utiliser pour ceux qui en ont véritablement besoin puis... Mais, par contre, là, des masques, on va pouvoir en faire puis on va vous donner même, entre guillemets, les meilleurs tissus ou les meilleurs éléments pour pouvoir vous en fabriquer vous-mêmes.

Le Modérateur : Merci. On complète nos questions en français avec Geneviève Lajoie du Journal de Québec, Journal de Montréal.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. M. Legault, vous avez annoncé des mesures importantes pour freiner la propagation du coronavirus dans les CHSLD, qu'on pense à l'inspection de toutes les résidences pour aînés, mais qui n'a finalement pas été faite partout. Vous avez appelé des renforts pour aider dans les CHSLD, puis il y en a qui attendent encore d'être déployés.

Quel constat faites-vous de la lourdeur de la machine, de la structure que vous avez devant vous pour répondre à la crise actuelle?

M. Legault : Moi, je ne pense pas que le problème important, là, c'est la lourdeur de la machine. Je pense que le problème principal, c'est qu'il nous manque de bras dans les CHSLD. Et, oui, c'est difficile d'amener des personnes dans des résidences où la situation est très difficile. Quand on dit : il y a 4 000 personnes qui sont contaminées, là, qui sont infectées à la COVID-19, je peux très bien comprendre qu'humainement il n'y a pas beaucoup de monde qui ont le goût d'aller travailler dans les résidences. Mais le problème, il est là.

Est-ce qu'on aurait dû prévoir à l'avance cette pénurie-là de personnel suite à la COVID-19 dans les CHSLD? Peut-être, mais, pour moi, le principal problème, là, c'est de trouver des bras, trouver des gens qui ont des qualifications, qui ont des connaissances médicales, qui savent comment porter un masque, qui savent que les gants, quand on passe d'un patient à l'autre, il faut les changer, etc. C'est là, là, qu'il nous manque de monde. C'est là qu'il nous manque de monde, là. Donc, à un moment donné, on a beau avoir zéro bureaucratie, si on ne les a pas, les 2 000 personnes pour aller travailler dans les CHSLD, on ne peut pas les inventer.

Mme McCann : Puis il faut aussi dire que les CISSS et les CIUSSS, puis, je pense, particulièrement dans la grande région de Montréal, mais ailleurs au Québec aussi, ils doivent maintenant s'occuper des situations qui se produisent dans les résidences pour personnes autonomes, là, des RPA. Et on entend beaucoup, hein, des CISSS et des CIUSSS qui viennent aider les RPA parce qu'il y a un bris de personnel, hein? Il est arrivé une situation où il y a eu des cas et le personnel a dû quitter. Et ça, ça se passe à travers le Québec, mais particulièrement dans la grande région de Montréal. Ce n'est pas... Ça arrive quand même assez régulièrement, dans les derniers jours, où c'est le CISSS, le CIUSSS qui envoie son personnel pour supporter la résidence pour personnes âgées. On a vu aussi des CHSLD privés qu'on a aidés beaucoup. Alors, il y en a 1 700, RPA, au Québec. Donc, c'est un énorme travail qui est fait actuellement à différents niveaux par les CISSS et les CIUSSS du Québec, et il y a aussi les ressources intermédiaires.

M. Arruda (Horacio) : Je vais me permettre d'ajouter un élément. Puis on pourra faire les constats puis les analyses dans le temps, en rétrospective. Je suis sûr qu'il va y avoir des commissions. Juste pour vous dire que l'agilité du réseau, là, vous ne pouvez pas vous imaginer à quelle vitesse ça fonctionne. Je pense que les gens ne réalisent pas tout le travail qui est fait, les gens qui travaillent jour et nuit ne serait-ce que pour aller chercher du matériel, de l'équipement d'un pays dans un contexte de pénurie internationale. Les lois de mesures d'urgence, si vous savez, on a enlevé toutes sortes de processus administratifs qui sont habituellement nécessaires quand on signe des contrats, quand on avance... On a développé des logiciels d'enquête en dedans de trois, quatre jours, alors qu'habituellement ça prend des processus qui prennent quasiment un an.

Ça fait que, quand on parle d'un réseau complexe comme le nôtre puis d'agilité, là, je peux vous dire, moi, j'ai rarement vu le système aussi agile qu'ici. Et donc je pense que, quelque part, c'est facile, mais... Et c'est une épidémie très dynamique, dont le portrait change. Actuellement, il y a des chercheurs qui regardent tout ça en même temps, en temps réel. On est véritablement en action, réaction, action, réaction. Je voulais le mentionner de façon claire, là, pour que les gens comprennent le travail qui se fait en dessous de l'eau.

Le Modérateur : Rapidement, en sous-question.

Mme Lajoie (Geneviève) : Vous avez parlé tout à l'heure, M. Legault, là, des écoles. On comprend donc que ce n'est certainement pas avant la mi-mai qu'on va réouvrir les écoles. Vous avez plutôt mis l'emphase sur les garderies, les services de garde d'urgence qui pourraient être élargis.

Justement, quand on doit retourner au travail puis qu'on n'a pas de garderie, bien, on fait quoi avec ses enfants? Souvent, on les envoie chez les grands-parents. En ce moment, ce n'est pas possible. Donc, est-ce que vous allez élargir, pour être claire, l'accès aux garderies à d'autres travailleurs comme... Puis est-ce que ce succès-là qu'il y a dans les services de garde, qui ont relativement été épargnés jusqu'à maintenant, est-ce que ça peut servir d'exemple pour les écoles?

M. Legault : Ça fait partie, effectivement, des choses qu'on regarde, d'élargir les services de garderie pour les travailleurs qui doivent puis qui peuvent retourner travailler. Ça fait partie des scénarios qu'on examine actuellement.

Le Modérateur : Ça va. Merci. Donc, on va passer aux questions an anglais. We'll start with Samuel Pouliot, CTV News.

M. Pouliot (Samuel) : Hi! We have heard from someone in Montréal who had symptoms and who went to get tested in place des Festivals. He was told that they were not testing his age group. He's in his fifties.

What's the situationright now? Who's getting tested? And do we still have enough tests?

M. Arruda (Horacio) : In fact, if he has symptoms, and it's not a criteria of age, he would have been tested. I will tell you that. That's the case actually with the priorisation. Unless he's already... somebody in his family was positive and he gets exactly the same symptoms. But, in fact, they are tested. It's what is recommended actually.

M. Pouliot (Samuel) : So he should get tested. And do we have enough tests?

M. Arruda (Horacio) : Yes. Actually, we don't have any issues related to tests from what I know, even of «coton ouaté», or the ties, or the reactives. We have the capacity to do the tests actually.

M. Pouliot (Samuel) : And what's the situation with schools in Québec? The parents committee of English Montréal School Board is asking to only reopen schools in September at earliest. What are the plans for the schools?

M. Legault : So far, we don't expect to reopen schools for the next two weeks, but, after that, we don't exclude any scenario. We're in discussion with public health.

Le Modérateur : Now Cathy Senay, CBC News.

Mme Senay (Cathy) : Good afternoon to all of you. Premier Legault and Mrs. McCann, I have more or less the same question. Mr. Legault, when you said we still need 2,000 health workers in CHSLD, I had the impression that I was going through the same press conferences than yesterday, so... like, in the previous days.

What do you say to Quebeckers that have the impression right now that we're just going around and we're not progressing? And, for Quebeckers that have, like, so much worries about not getting the health care they need, for example people going through cancers... And you're basically saying that they do have access to the health care and the care they need. So, if you want to...

M. Legault : OK. First, if we look at the last four weeks, for the last four weeks, we had about 6,000 beds that were not used. Why was that? Because all non urgent activities have been postponed. So, what we say today is no difference with what happened in the last four weeks. What we say is that, for the next two weeks, it'll be the same. We'll continue for cancer and other urgent services. Those ones will be given. But the non urgent ones will be reported. Why is that? Because we need those people that we thought would work with people having the COVID-19 in hospitals. In fact, we didn't have more than 1,000 people that are using beds right now in hospitals. We expected 8,000.

So, what we are doing now is ask those people, especially the physicians, the specialists, to come and work in our residences, all right? Maybe I wasn't clear enough last week when I said that, but those people, we need them full time. I don't want to restart every day with a new physician in a new residence. I want them to come full time for the next two weeks. So, that's why I had a phone conversation with Diane Francoeur, Saturday night, telling her : Hey! it wasn't, maybe, clear, I wasn't clear enough, we need full-time physicians in our residences. So, I think now it's clear, and I hope, in the next few days, to get more physicians, especially specialists, coming to work full time in residences.

Mme McCann : It's the model that the army is using. Like we have 65 people from the army, and they have five teams of 13 people that go in five long-term facilities, and that's extremely helpful. So, that's what we're doing with the people who are coming in, the doctors also who are coming in, and we have also students that will come in eventually.

But we need people right now. And that's where we need the specialists to be full time, with some GPs also. But the GPs are already there as the doctors who take care of long-term facilities. So we need those doctors to be organized and to be in sufficient number, full-time, and to organize them in teams.

And I want also to make a comment to your other question that you had, that we want to reiterate, to really insist on the fact that everything that is urgent, is being done in the hospitals. There is still 12,000 beds that are occupied in the hospitals of Québec, and the emergencies are open, but also the physicians are there, the specialists in oncology, in the cardiac domain, they are there, and other domains where you need to call your doctor. You have a chronic illness, call your doctor and don't wait. And they will organize treatment for you. They're there for you. So I'm telling people not to wait when they need care.

Le Modérateur : Next question.

Mme Senay (Cathy) : It's about the number of deaths in Québec. Mr. Arruda, do you have still the impression that we're closer to the optimistic scenario or now, we are getting closer to, basically, the Italy and the US? What do you think?

M. Arruda (Horacio) : I don't think we're going to be like United States or Italy, because the youth are not being as affected as those countries. But, at the same time, the specific situation of CHSLD is getting a high level of diseased people.

I hope that what is going on around Montréal, I would say in the metropolitan area, will not be what we're going to observe in other places like Québec and east of Québec. I hope that the lessons... I hope that those territories, who have not been attacked as in Montréal, I would say, will have the capacity to not repeat the problem we had with not enough people in staff. And that was a chronic situation before, and I think that it doesn't appear because we are focussing actually on the CHSLDs, and it's a terrible crisis, I believe, but we don't see the prevented cases that we did with the social distanciation because our healthcare system has not been stretched, it was what we planned and this... so that's the situation, actually.

Le Modérateur : Thank you. Now a question sent by e-mail by Raquel Fletcher, Global News. Two Global's cameramen got kicked off hospital grounds today, healthcare workers are afraid to talk to us. Are you trying to prevent the media from doing their job, Minister McCann?

Mme McCann : No. I'm not aware of that situation. I'm going to look into it. No, we know that you need to do your job. So we will look into that situation.

Le Modérateur : Thank you. And the next question is : What are the scenarios for opening up the economy? Can you give us a best case and a worst case scenario?

M. Legault : We're already opening construction and we're looking to gradually open the different businesses. At the same time, we want to see what are the results. So we're doing that with Public Health, but we'll do that gradually.

Le Modérateur : Thank you. Yes?

Mme McCann : Sorry. On the question you asked me just before, I just want to say that we'll look into it. But, in the situation we're living, there might have been a problem because, you know, there's a lot of complexity in organizing the services, and maybe it was not the right moment or the right place. So I just want to mention this because, as we were saying previously, it's a very complex situation that we're doing in the hospitals right now.

Le Modérateur : Thank you. And now two questions sent by Phil Authier, Montreal Gazette, for Mr. Arruda. Can you explain to us how many people in intensive care recover? And what is the average stay?

M. Arruda (Horacio) : The days of average stay?

Le Modérateur : Yes, in intensive care.

M. Arruda (Horacio) : I think it's around five days, if I do remember. And 86% of the cases that have been treated in intensive care recover or at least get out from the intensive care. And, I would say, the mortality ratio is around 15%, which is what is expected in the literature.

Le Modérateur : And can you tell us what is the situation with the spread of the pandemic in the community outside of the CHSLD network? How widespread is the virus? Is it essentially based in Montréal?

M. Arruda (Horacio) : In fact, it's yes. I am not telling that there is no case elsewhere because there are cases, but not an active, active transmission. There is community transmission, but not as active as in around Montréal. Probably, the RO is lower than one. It means that... Because, you know, the RO... and even there is new publications telling that the RO was not from 2 to 3.4, like China says, but more 5 to 6, in the United States. But that always depends of the conditions. But, in Montréal, we are still having active transmission in the community. So it's why we want to be very careful, because, if we go too fast, it can come back, and then what we did will be cancelled by a too rapid reopening.

Le Modérateur : So thank you very much. Merci à vous trois. C'est ce qui complète pour cette conférence de presse. À demain.

Des voix : Merci.

(Fin à 14 h 36)

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