(Huit heures)
M. Fortin :
Merci. Bien, merci. Ça fait du bien de vous retrouver. Ça fait du bien d'être
ici dans l'Assemblée. Je pense qu'on reprend un peu possession de notre
Assemblée, tout le monde, ce matin.
D'abord, un point rapide avant de prendre
vos questions. Ce matin, on comprend qu'il y a encore des ratés avec, disons,
la stratégie de dépistage du gouvernement. Le gouvernement nous avait promis ou
avait promis aux Québécois 14 000 tests d'ici la fin de la semaine
dernière. On s'en est approché pendant un temps. Au cours du week-end, on est
retombés à environ 2 000 tests pendant quelques jours.
Et, pendant ce temps-là, il y a des
Québécois qui ne demandent pas mieux que d'être testés, des gens dans le réseau
de la santé qui voudraient être testés, leurs syndicats qui font des sorties
pour demander à ce qu'ils soient dépistés. Ils veulent le faire, là, pour se
protéger, eux, mais pour protéger les patients dans les hôpitaux, pour protéger
les patients dans les centres de soins de longue durée.
Alors, si le gouvernement veut réellement
arriver à son objectif, il nous semble qu'il devrait procéder et qu'il pourrait
procéder en testant des gens qui sont dans le réseau de la santé et qui le
demandent en ce moment.
Le Modérateur
: Vous
êtes prêt à prendre des questions maintenant? Parfait.
M. Fortin :
Oui, merci.
Le Modérateur
: On peut
commencer peut-être avec Alain Laforest, TVA Nouvelles. On va vous demander de
parler fort.
M. Fortin :
Bonjour.
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce que vous demandez au gouvernement de changer à partir d'aujourd'hui,
là? Elle est où, la faille, outre les tests?
M. Fortin :
Bien, la grande faille, en fait, elle est dans la grande confusion qui réside
par rapport à la stratégie de déconfinement. Quand on regarde le plan ontarien,
on voit des critères très clairs pour procéder au déconfinement. À partir du
moment où on répond à chacun de ces critères-là, on peut procéder à la
prochaine étape. C'est la même chose ailleurs dans le monde. Au Québec, on
dirait qu'on nage un peu dans l'inconnu. On ne sait pas sur quoi le
gouvernement se base pour procéder au déconfinement.
Alors, ce qu'on demande, c'est d'être
beaucoup plus clair, d'être beaucoup plus défini, d'avoir une stratégie qui est
cohérente. En ce moment, là, on a l'impression que le gouvernement y va un peu
comme il le sent, alors qu'on devrait se baser sur la science, qu'on devrait
réellement se baser sur les faits, sur ce qui se passe sur le terrain, au
Québec, dans nos différentes communautés, dans nos CHSLD. Et ensuite, quand on
aura d'abord un portrait clair, mais quand on aura ensuite une stratégie très
définie, on pourra procéder plus rapidement.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que le gouvernement est suffisamment transparent en ce moment pour que vous
puissiez évaluer la situation? On le voit très bien, là. Est-ce qu'on vous
donne suffisamment d'information quotidienne sur les statistiques et tout ça
pour être capables de bien apprécier la stratégie de déconfinement?
M. Fortin :
Bien, il est là, l'enjeu. L'enjeu, au tout début de la crise, là, les Québécois,
les Québécoises appréciaient, nous-mêmes, on appréciait la transparence du gouvernement
par rapport à ce qui se passait, par rapport aux différentes actions qui étaient
prises, par rapport aux raisons de ces différentes actions-là. En ce moment, on
n'a pas l'impression d'avoir toute l'information nécessaire pour comprendre la
situation et on ne sait pas si le gouvernement lui-même a l'information
nécessaire pour procéder à un déconfinement. Alors, on aimerait avoir quelque
chose de beaucoup plus clair, de beaucoup moins confus, de beaucoup plus
transparent pour qu'on puisse tous comme Québécois, là, comprendre est-ce qu'on
est rendus au bon moment, est-ce que la situation s'améliore, est-ce que les
données justifient la stratégie de déconfinement du gouvernement.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que c'est volontaire, à votre avis? Est-ce que c'est une... on fait des
cachettes aux Québécois, à votre avis? On ne veut pas donner le vrai portrait
volontairement?
M. Fortin :
Bien, il y a des questions qui se posent. Ça fait 10 jours, ça ne fait pas
une journée, ça ne fait pas deux journées, là, ça fait 10 jours
qu'on n'a pas de données sur ce qui se passe dans les centres de soins de
longue durée. On ne sait pas combien de CHSLD sont infectés, on ne sait pas
combien de patients dans chacun de ces CHSLD-là sont infectés. On continue à
entendre des histoires d'horreur sur ce qui se passe à l'intérieur de ces
centres de soins de longue durée là, mais c'est anecdotique. Alors, est-ce que
c'est fait volontairement? Je ne peux pas dire ça. Mais il y a un réel enjeu
que ces données-là ne soient pas publiques, ne soient pas transmises à la
population. Quand on a un proche en CHSLD, quand on a des gens qui nous sont
chers qui sont dans ces établissements-là, on se pose des questions, à savoir :
Qu'est-ce qui se passe dans l'établissement de mon père, de ma mère, de mon
grand-père, de ma grand-mère? Puis en ce moment on n'a aucune espèce d'idée de
ce qui se passe là, dans ces établissements-là.
Le Modérateur
:
Tommy Chouinard.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour, monsieur. Le gouvernement explique en partie les difficultés dans la
mise en œuvre de la stratégie de dépistage puis l'augmentation des tests en
disant, par exemple : Dans une zone jaune comme Montréal-Nord, les gens ne
sont pas au rendez-vous, les gens ne se rendent pas, ne vont pas se faire
tester. Est-ce que c'est un constat que vous, au parti libéral, vous avez fait
d'après des témoignages? Vous avez des députés sur le terrain là-bas. Est-ce
que c'est conforme à la réalité ou vous constatez plutôt qu'il y a un autre
problème derrière ça?
M. Fortin :
Bien, c'est conforme à la réalité dans le sens où, on le voit bien, là, les
chiffres que le gouvernement avance, que l'Institut national de la santé
publique avance par rapport au nombre de gens qui se font tester ne sont pas à
la hauteur de ce qui devrait être. Mais il faut comprendre ce qui mène à ça.
Qu'est-ce qui mène au fait que les gens ne se rendent pas de façon massive pour
se faire tester dans ces centres-là? On voit toute une confusion autour d'où
sont ces centres-là, pendant combien de jours ils vont être ouverts, est-ce
qu'ils vont être disponibles demain, après-demain, est-ce que je dois y aller
aujourd'hui.
Disons qu'en n'établissant pas des plages
horaires claires, en ne disant pas aux citoyens, de façon prévisible, où sont
ces centres-là, comment s'y rendre quand on a des symptômes, quand on n'a pas
de symptôme, c'est là que ça devient difficile pour le citoyen de se retrouver.
Alors, il ne faut pas mettre le blâme, là.
Et j'entendais le premier ministre, hier,
dire : Bien, dans beaucoup d'endroits, il n'y a pas assez de monde qui se
présente, et c'est pour ça qu'on n'arrive pas à nos chiffres. Mais il ne faut
pas mettre le blâme le citoyen. Le gouvernement a une part de responsabilité de
s'assurer que le citoyen a toute l'information nécessaire pour que, s'il veut
se faire tester, qu'il puisse aller se faire tester.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : M.
Fortin, bonjour. Pour être clair, si je comprends bien, vous dites que le
déconfinement se fait trop vite, qu'ils ne devraient pas déconfiner, ou vous
dites juste : On ne le sait pas...
M. Fortin :
Bien, on n'a pas les données pour être capable de savoir si c'est le bon moment
où procéder, et il n'y a pas de stratégie claire. Ce qu'on demande au gouvernement,
là, c'est d'avoir une stratégie avec des points bien définis et de l'information
qui est à jour pour que les Québécois et les Québécoises puissent suivre le gouvernement
dans son action.
Là, aujourd'hui, on arrive avec un plan de
déconfinement qui arrive très rapidement. Il y a des gens qui travaillent sur
ce plan-là, il y a des éducateurs qui sont en train de se préparer pour le
25 mai, il y a des services de garde qui se préparent à ouvrir, il y a des
entrepreneurs qui mettent en oeuvre tout ce qu'ils ont besoin de mettre en
oeuvre, qui parlent à leurs chaînes d'approvisionnement pour ouvrir le
25 mai.
Alors, tout indique qu'on s'en va vers
cette ouverture-là, cette réouverture-là le 25 mai, mais on n'a aucune
donnée sur lesquelles se baser pour dire que c'est la bonne chose à faire. On
n'a pas le plan stratégique du gouvernement qui dit à quelle hauteur devraient
être ces données-là. Alors, est-ce qu'on trouve que le gouvernement procède
rapidement dans ce cas-là? Absolument. Est-ce qu'on pense que le gouvernement
devrait fournir ces données-là avant d'en arriver à un plan de déconfinement?
Tout à fait.
M. Bossé (Olivier) : Mais
juste pour être clair, là, vous avez l'air de parler de juste de la région de
Montréal, là. Dans le reste du Québec, là, le déconfinement, est-ce qu'il va à
votre goût?
M. Fortin :
Bien, le déconfinement est déjà amorcé dans plusieurs régions du Québec. On ne
demande pas au gouvernement de reculer, de revenir, mais on demande, avant de
procéder aux prochaines étapes, d'avoir un portrait clair de ce qui se passe.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, M. Fortin. Dans la région montréalaise, justement, la situation est particulièrement
désastreuse. Quelle lecture vous faites de la situation et puis quelle est la
part de responsabilité du gouvernement dans la gestion de ce qui s'est passé
dans la région montréalaise?
M. Fortin :
Il y a des enjeux par rapport à la gestion de la crise. Bien évidemment, là, il
y a des enjeux, on les connaît tous, enjeux au niveau... des enjeux initiaux
par rapport, par exemple, à l'approvisionnement en matériel, par rapport à
l'approvisionnement en médicaments, par rapport à la façon que les gens se
déplaçaient d'un CHSLD à l'autre. Et, sans nécessairement mettre la part de
responsabilité ou l'entière responsabilité sur le gouvernement pour ces
enjeux-là, il y a des enjeux qui se produisent encore aujourd'hui, et ça, c'est
problématique.
Quand on entend qu'il y a, encore
aujourd'hui, du personnel qui se déplace d'un établissement à l'autre, c'est un
enjeu que le gouvernement, à ce stade-ci, deux mois après le début de la crise,
doit avoir réglé. Quand on entend qu'il y a encore des employés du réseau de la
santé qui ne se font pas tester, qui demandent à être testés... Quand on dit
encore, du côté du gouvernement : Bien, on a plus de capacité de test
qu'on en fait en ce moment, bien, ça, il en est de la responsabilité du
gouvernement, là, de prendre les tests qui sont disponibles et des les rendre
vers ceux qui en ont besoin, ceux qui demandent à être testés.
Alors, il y a une part de responsabilité,
dans ce qui continue de se produire, là, qui incombe au gouvernement, bien évidemment.
Le Modérateur
: Peut-être
donner la chance aux autres médias qui n'ont pas encore posé de questions. Je
ne sais pas, Hugo Lavallée, si vous aviez une question, M. Larin, M. Bélair.
Marco.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Bien, ce n'est pas une question sur le sujet. Bonjour.
M. Fortin :
Salut.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Savez-vous si vous allez demeurer en poste comme porte-parole de l'opposition
officielle en matière de santé ou est-ce que vous êtes...
M. Fortin :
Ce n'est pas des discussions qu'on a eues jusqu'à maintenant.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce
que vous allez en avoir? Est-ce qu'il y en a à l'horaire de la semaine?
M. Fortin :
Bien, pas à ma connaissance. Je suis certain qu'on aura la chance de discuter
et que la nouvelle cheffe aura la chance de discuter avec tous les collègues,
là, de l'apport qu'ils peuvent avoir au parti et aux instances, ici, au Parlement.
M. Laforest (Alain) : Vous
attendez à quoi de votre nouvelle cheffe? Vous attendez quoi de votre nouvelle
cheffe?
M. Fortin :
Bien, moi, je m'attends à une cheffe... Je dois vous le dire, là, je m'attends,
en connaissance... En connaissant bien Dominique Anglade, je m'attends à quelqu'un
qui est déterminée. Je m'attends à quelqu'un qui va mettre toutes ses énergies
pour faire avancer les causes qui sont portées par le Parti libéral. Je
m'attends à quelqu'un qui, rapidement, va être capable de rassembler les
troupes, d'organiser un esprit d'équipe ici pour qu'on puisse faire nos travaux
de la meilleure façon possible, que les capacités, que les connaissances de
tout le monde soient mises à contribution. Je m'attends aussi de la nouvelle
cheffe à ce qu'elle travaille sur l'organisation du parti. Et moi, j'ai bon
espoir que Dominique Anglade va être capable, avec tous les talents qu'on lui
connaît, d'arriver à ces objectifs-là.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
pourquoi Mme Anglade n'est pas ici ce matin? C'est-à-dire, c'est le premier
jour de la rentrée, on est content de vous parler...
M. Fortin :
Oui, moi aussi, je suis content de vous parler.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...
mais on se serait attendus quand même à parler à la cheffe élue du Parti
libéral. Pourtant, on ne la voit pas.
M. Fortin :
Bien, vous savez, c'est la première journée du retour. Ça fait à peine 48 heures,
ou peut-être moins même, qu'elle est nommée cheffe du parti. C'est le premier,
sans vouloir dire affrontement, mais le premier échange avec le premier
ministre ce matin. Moi, je comprends bien que la cheffe veuille se préparer
pour pouvoir démontrer tout son aplomb, là, dans l'échange parlementaire qui
s'en vient dans les prochains instants.
M. Lacroix (Louis) : Il y
a-tu un petit pincement pour vous, là, étant donné que vous avez pensé à vous
présenter, à un moment donné...
M. Fortin :
Non. Ce pincement-là, ça fait longtemps qu'il est passé M. Lacroix.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
juste, je reviens sur ce que vous nous dites, donc, Mme Anglade, elle ne se
présentera pas devant nous aujourd'hui?
M. Fortin :
Bien, honnêtement, je ne sais pas. Moi, on m'a demandé de venir ici ce matin,
là, pour prendre la parole, pour vous parler des enjeux qu'on a par rapport à
la stratégie gouvernementale jusqu'à maintenant. Maintenant, à savoir ce qui va
se passer dans les prochaines heures, là, je m'en remets à son cabinet de vous
informer.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
quand même, le premier ministre fait des points de presse tous les jours ou
presque, là, depuis le début de la pandémie. La cheffe de l'opposition
officielle, le jour de la reprise des travaux, ne ferait pas de point de
presse...
M. Fortin :
Bien, écoutez, je n'en ai pas la moindre idée, là. Vous pourrez en parler à son
cabinet. Mais, de toute façon, je suis certain qu'elle va vous convier exactement
comment nous voyons la situation, comment le Parti libéral voit la situation à
travers les interventions qu'elle va faire aujourd'hui publiquement. Que ce
soit ici ou en Chambre, là, je pense que ses propos seront très clairs par
rapport à notre positionnement et à ce à quoi on s'attend du gouvernement.
Le Modérateur
: Oui, maintenant,
en anglais avec Cathy Senay, toujours en respectant le deux mètres, tout le
monde, s'il vous plaît. N'est-ce pas, M. Robert? Cathy Senay.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning. There is a back off
for surgeries or... and also an other... in hospitals, do you have the
impression that there is a back off of democracy because there was an off two
months here at the National Assembly and, basically, it
was hard, you suffered of this because you were not...
M. Fortin : I
wouldn't say that, I think that everybody understands the situation, everybody
understands that most businesses in Québec were shut down for a period of time,
and we did it for public health reasons. And we are all here, we are all
humans, we are all individuals, we all have the same public health implications
as we would in any other businesses. So, I think it was actually quite normal
for the Assembly to take a pause during this. Now, we are resuming today, we
have got things to say. And it was OK for the Opposition to take a step back
and to not to lend confusion to the message. I think Quebeckers, at the very
start of this pandemic, needed to hear one message from its leaders, one
message from its Government, so that they understood very clearly what they
should do, what they shouldn't do.
But now that the
decisions that the Government is still taking is having a very real effect on
the health of Quebeckers, now that, two months after the start of pandemic, we
still have some on going issues, whether it's related to the fact that people
move from one facility to the other, public... or health workers move from one
facility to the other, whether it's the issue that they still don't always have
the equipment that they need or they still don't have the testing that they
need, those are issues that need to be debated now. I'm glad we have the
opportunity to do it today and I know we will have the opportunity to do it the
next weeks.
Le Modérateur
:
One last question.
Mme Senay (Cathy) : What will be the first point you want to bring at the question
period this morning?
M. Fortin :
Well, we are moving fairly fast on deconfinement. And, you know, when you look
at what the other governments around the world are doing right now, when you
look at what Ontario is doing, you look at what New York State is doing, they
have very clear strategy set out as to at what moment you can actually move
towards deconfining a population. And right now it seems to us that we are
navigating the waters without a plan. We don't really know where we are going,
we don't really know what the criteria is in Québec, and we will try to get the
sense of Government on what exactly they are basing their decisions on, why the
information isn't transmitted to the public. Those are still very real questions.
And there is a risk to
deconfinement, right? The National Institute on Public Health said it, there is
a very real risk to proceeding with deconfinement. So we'll want to understand
exactly what the Government is
basing itself on before they do it. Thank you. Merci.
Le Modérateur
: That's
it. Merci, tout le monde.
(Fin à 8 h 15)