(Huit heures cinquante-cinq minutes)
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Maintenant, pour le ministre des Finances, M. Eric Girard, vous
pouvez vous approcher.
M. Laforest (Alain) :
M. Girard, c'est quoi, votre marge de manoeuvre sans le déconfinement de Montréal?
Est-ce qu'on se dirige vers une dépression au Québec ou vous avez encore
suffisamment de marge de manoeuvre pour maintenir l'économie à flot?
M. Girard (Groulx) : En fait,
lorsque j'ai donné mes estimés pour la croissance économique, on est sortis tôt
pour donner une indication à la population. Alors, j'ai dit : moins
5 % pour le PIB en 2020, un déficit de 12 à 15 milliards. Tout
ça, évidemment, il y a un haut degré d'incertitude rattaché à la période de
confinement, comment le déconfinement va, est-ce qu'il y aura une deuxième
vague, est-ce qu'il y aura un remède. Alors, tout ça est basé sur des
hypothèses, mais dans l'ensemble, ce qu'on observe, c'est que le Québec a fermé
approximativement 40 % de son économie au mois d'avril pour contrôler la
pandémie et que, là, on a un retour progressif au mois de mai.
Alors, dans la mesure où le retour se fait
comme prévu à Montréal autour du 25 mai... et puis c'est déjà commencé,
d'ailleurs, au niveau de la construction et du manufacturier, à Montréal, alors
tout n'est... il y a quand même une partie de l'activité économique qui est
revenue. Dans la mesure où tout ça se déroule selon les hypothèses que j'ai
énoncées, bien, on est dans l'ordre de grandeur que j'ai donné.
M. Laforest (Alain) : Mais
Montréal, ça risque d'être retardé, là. Donc, ça va venir changer les plans.
M. Girard (Groulx) : Moi, je
n'émets pas d'opinion, retardé... Je pense qu'on est à deux semaines de
cette décision-là. Alors, si c'est retardé, c'est moins bon et, si le
déconfinement se fait bien puis, sur les sites de travail, les règles de la
CNESST sont respectées puis que ça va bien, bien, ça va donner confiance puis
ça va aider.
M. Bergeron (Patrice) :
M. Girard, vous avez fait très attention, ainsi que le gouvernement,
d'utiliser le terme «récession», le Québec est-il en récession ou pas. Est-ce
qu'on s'engage vers une récession? Le Québec sera-t-il en récession sur...
utiliser ce mot-là, là.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
fait, là, le mot, je peux vous le dire, on est dans une récession mondiale qui
sera la plus forte depuis la Deuxième Guerre mondiale, et là ce qui est
important... chaque récession, pour moi — c'est ma
cinquième — chaque récession a ses caractéristiques. Celle-ci est
très profonde et pourrait être brève. C'est une interruption, ce n'est pas une
destruction de l'économie. Dans la mesure où l'économie repart tranquillement,
c'est positif.
C'est certain, par contre, qu'il y a des
secteurs de l'économie comme le tourisme, la restauration, la culture, les
effets vont être plus longs et... C'est ça, là. Plus la période d'interruption,
plus les effets sont longs, plus il y aura des effets permanents. Mais c'est
indéniable, pour l'économie mondiale, normalement, c'est une croissance autour
de 3,5 % par année, on devrait être autour de moins 4 %, cette
année. C'est donc une récession mondiale généralisée dans tous les pays.
M. Lavallée (Hugo) : ...après
ça, ça va prendre... Vous parlez d'une des récessions les plus profondes depuis
la Seconde Guerre mondiale. Ça va prendre combien d'années, pour le Québec, de
se relever de ça, pour retrouver l'équilibre? On parle de trois, cinq, 10 ans?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, en fait, c'est deux aspects différents, là, l'aspect économique puis
l'aspect finances publiques.
L'aspect économique, alors, si on prend
comme... Le Québec a connu une année exceptionnelle en 2019. Si on prend
le niveau de décembre 2019 comme étant le niveau du PIB, la question
économique, c'est : À quel moment dans le temps on va revoir le niveau de
PIB que nous avions en décembre 2019? Alors, pour cette année, moins
4 % à moins 6 %. Après ça, un rebond en 2021, alors je dirais,
pas avant la fin 2021, on va revoir le niveau de 2019.
Pour les finances publiques, j'ai déjà
indiqué trois à cinq ans pour retrouver l'équilibre budgétaire. C'est
certainement notre intention de respecter la Loi sur l'équilibre budgétaire,
alors là... et cette année, il y aura un déficit de l'ordre de 12 à 15 milliards,
avec les hypothèses que j'ai émises, et il faudra prendre de trois à
cinq ans pour revenir à l'équilibre. Et tout ça est après contribution au
Fonds des générations en vertu de la façon que notre comptabilité est faite.
Le Modérateur
: Une
dernière en français, Marco Bélair.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Merci. Est-ce qu'on peut penser que la cote de crédit du Québec pourrait en
prendre pour son rhume?
M. Girard (Groulx) : Pas du
tout. La cote de crédit du Québec est excellente, et je pense que, lorsqu'on
dit qu'on s'engage à respecter la Loi sur l'équilibre budgétaire, à revenir à
l'équilibre sur l'horizon trois à cinq ans... Moody's vient de regarder ce
qu'on fait durant la crise, de prendre acte des faits, du dernier budget. Quand
même, le dernier budget donnait une photo de l'économie québécoise et des
finances publiques qui étaient excellentes. Moody's est venue, a émis son
opinion, et ce qui est important, c'est d'avoir un plan, un plan crédible, et
nous avons un plan, et nous avons des lignes directrices. La ligne directrice,
c'est que nous allons respecter la Loi sur l'équilibre budgétaire, revenir à
l'équilibre sur l'horizon de cinq ans.
Le Modérateur
: Merci. En
anglais, Cathy Senay.
Une voix
: ...
Le Modérateur
: Je
m'excuse, on n'aura plus de temps sinon pour les questions en anglais. Donc,
Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : So you said, Mr. Girard, that it's
the most profound world recession since the Second World War. So what will it
take for you, as the Finance Minister, to reassure Quebeckers?
M. Girard (Groulx) : It's very simple. What we have is an interruption. What I said is
that the debt... because we close 40% of the economy in
order to control the pandemic. So, as soon as we deconfine and given how well
this deconfinment works, the extent of the bounce... whether there is a second
wave, whether there is a remedy, a vaccine, all these factors will influence
the importance of the rebound. But what we have now is we provoked a closing of
40% of the economy in order to control the pandemic. So healthcare is the
number one criteria in order to get in better shape.
Mme Senay (Cathy) : In need... Just a clarification. You have Quebeckers that went
through the crisis, the economic crisis in the 1980s, who lost a lot of money.
Many nightmares are coming back. What do you tell them?
M. Girard (Groulx) :
I didn't understand the...
Mme Senay (Cathy) : The economic crisis in the 1980s, it was nightmares for a lot of
Quebeckers.
M. Girard (Groulx) :
Every recession in extremely difficult for a lot of people. This is a
characteristic of recession, income goes down, expense goes up, unemployment
goes... Recessions are very difficult.
So that's why the
Government needs to be there to support people, to support businesses, to
provide infrastructure work, fiscal health. The Government is going to be there
to help with the transition. We've closed 40% of the economy, we're slowly
reopening. It's going to get better. April was the worst month for the economy.
That's where the debt was maximum, at 40% of closing of the economy.
Le Modérateur
: C'est
tout le temps qu'on a. Merci beaucoup.
M. Girard (Groulx) : Merci
énormément. Bonjour.
(Fin à 9 h 2)