(Douze heures quarante-trois minutes)
Le Modérateur
: Alors,
la cheffe parlementaire, le leader parlementaire de Québec solidaire, Manon
Massé et Gabriel Nadeau-Dubois. M. Nadeau-Dubois.
M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Aujourd'hui,
la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants s'est fait poser plusieurs
questions par les partis d'opposition, et la constante dans toutes ses
réponses, c'est qu'elle est dérangée par la situation actuelle, qu'elle la
trouve inacceptable, qu'elle s'indigne, mais la constante, c'est aussi qu'il
n'y a pas de réponse à nos questions.
À toutes les fois où elle a pris la parole
aujourd'hui, elle a dit qu'elle trouvait ça pas correct, ce qui se passe avec
les aînés au Québec, mais jamais elle n'a été capable de donner des
informations précises sur des éléments importants comme : Est-ce qu'on va
tester le personnel dans les résidences de personnes âgées au Québec? Est-ce
qu'on va inspecter les CHSLD, d'ici l'automne, en prévision d'une deuxième
vague? Ça, c'est des questions précises, importantes, que se posent beaucoup de
gens au Québec, et la ministre responsable des CHSLD a été incapable d'y
répondre.
Donc, la question qu'on se pose aujourd'hui,
c'est : Ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, là, est-ce
que c'est une fonction décorative? À quoi ça sert d'avoir un poste comme
celui-là autour de la table du Conseil des ministres, si la personne qui occupe
la fonction n'est pas capable de répondre à aucune question? Le Québec a plus
que jamais dans son histoire, et ce n'est pas une exagération de le dire, plus
que jamais dans son histoire, besoin de quelqu'un autour de la table du Conseil
des ministres qui défend les aînés au Québec. Il y a une personne dont c'est le
titre. À quoi sert ce titre-là, si on ne donne pas de pouvoir à la personne qui
le porte?
Je pense que je peux parler pour tout le
monde quand je dis que tout le monde souhaite que Marguerite Blais joue son
rôle plus que jamais, qu'elle défende les aînés du Québec. La prochaine période
de questions, c'est le 26 mai prochain. Moi, j'espère que d'ici là
Mme Blais va se resaisir puis qu'elle va avoir des réponses à donner aux
députés de l'opposition puis aux gens du Québec, parce que c'est sa responsabilité,
les CHSLD, puis on s'attend d'avoir quelqu'un en poste qui fait ce travail-là.
Le Québec en a plus que jamais besoin.
Le Modérateur
: Merci.
Patrice Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que vous n'êtes pas en train de demander sa tête de façon déguisée, là, ou...
M. Nadeau-Dubois : Ce qu'on a
besoin en ce moment, ce n'est pas d'une chaise vide, c'est de quelqu'un qui
fait le travail. Donc, non, on ne demande pas sa démission parce que ce n'est
pas en changeant la personne qui s'assoit dans la chaise qu'on va régler la situation.
Ce qu'il faut, c'est que cette chaise-là veuille dire quelque chose autour de
la table du Conseil des ministres.
Je le disais, il y a deux semaines, là,
d'ici la prochaine période de questions, il n'y a personne qui souhaite plus
que nous que Mme Blais se resaisisse puis qu'elle soit capable de répondre
à des questions aussi élémentaires que : Quand allez-vous tester les gens?
Quand allez-vous inspecter les établissements? Ce n'est pas des questions
d'astrophysique, c'est des questions élémentaires de gestion de crise.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
dites que ce n'est pas la bonne personne ou que c'est un ministre qui n'a pas
de pouvoir?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pose la question, parce que dans les dernières semaines, à chaque fois qu'on a
mis la ministre Blais... comment dire, à chaque fois qu'on a demandé à la ministre
Blais de justifier des décisions de son gouvernement, elle a... en tout cas,
elle a très souvent dit qu'elle s'était ralliée, mais que ce n'était pas vraiment
son option.
Là, on a besoin, au Québec, de quelqu'un
qui parle pour les aînés et de quelqu'un qui a un pouvoir décisionnel. Et ce n'est
pas en changeant la personne qui porte le titre qu'on va changer les choses, c'est
en donnant un sens à ce titre-là.
Mme Crête (Mylène) :
J'aimerais clarifier une chose. Quelle est la position de votre parti sur le
port du masque obligatoire?
M. Nadeau-Dubois : Nous, comme
députés, comme politiciens, on ne veut pas s'improviser experts de santé
publique. Ce qu'on pense, par contre, c'est que, sur cette question-là, la
Santé publique n'a pas été assez claire. Les messages ont changé. Encore cette
semaine, on nous dit : On ne peut pas le rendre obligatoire, sauf si ça
devient nécessaire de le rendre obligatoire.
Ce à quoi on s'attend, c'est un message
clair de la part des autorités de santé publique, un message cohérent que les
gens soient en mesure de suivre. Et, si la Santé publique nous dit que c'est
nécessaire de le rendre obligatoire, faisons-le.
Par contre, il y a une étape préalable, c'est
s'assurer que ces masques-là soient disponibles, parce que, pour dire les
choses très simplement, ce n'est pas tout le monde qui a les moyens de s'en
acheter puis ce n'est pas tout le monde qui a une machine à coudre non plus
pour s'en faire un.
Le Modérateur
: Robert
Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert) : Oui,
bonjour. Pour revenir à Mme Blais, là, Mme Blais a un statut de
ministre déléguée, en quelque sorte, ministre responsable. Elle ne signe pas de
chèque, elle n'est pas responsable d'un budget directement.
Ce que vous voudriez, c'est un ministre qui
a son propre budget, qui a des responsabilités, qui puisse signer des chèques.
Vous demandez aussi de retirer les CHSLD de la structure actuelle. Qu'est-ce
que vous demandez, au juste?
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a beaucoup de choses dans votre question puis il y a plusieurs étapes. Il y a
des éléments à long terme puis il y a des éléments immédiats dans le cadre de
la gestion de crise.
Nous, on a fait une proposition la semaine
dernière et nous, oui, à long terme, disons, à moyen terme, ce qu'on propose au
Québec, c'est l'abolition du modèle des CHSLD, qui est un modèle
bureaucratique, hospitalocentré, qui ne prend pas soin de nos aînés, qui ne
leur donne pas des soins dans la dignité et qui, en plus, est un gouffre
financier, hein? Parce que les projections démographiques nous disent qu'il va
falloir ajouter plusieurs milliers de places par année, dans les 40 prochaines
années, pour répondre au vieillissement de la population. Donc, le modèle où on
place massivement les gens en CHSLD, c'est un échec sur le plan humain et c'est
aussi un gouffre financier.
Donc, nous, on dit : Ce modèle-là, il
faut le revoir. On ne fera pas ça dans les deux prochaines semaines. C'est un
chantier à moyen et long terme. D'ici là, dans les prochaines semaines, de quoi
on a besoin, ce n'est pas d'un brassage de structures. C'est d'une ministre qui
fait son travail puis d'un gouvernement qui permet à cette ministre-là de faire
son travail. Pourquoi c'est le leader du gouvernement qui se lève en Chambre
pour répondre à des questions sur les aînés? Pourquoi est-ce qu'on ne donne pas
à Marguerite Blais les moyens de faire son travail?
L'échec actuel, ce n'est pas l'échec
seulement de Marguerite Blais. C'est l'échec d'un modèle où on ne donne pas de
pouvoir à la personne qui porte un titre, qui s'appelle ministre responsable
des Aînés et des Proches aidants. On a besoin, dans les prochaines semaines, de
quelqu'un qui défend ces gens-là pas juste en partageant ses bons sentiments,
aussi sincères soient-ils. On a besoin de quelqu'un qui prend des décisions
puis qui est capable de donner des informations.
Puis je le répète, là, moi, je ne doute
pas une seconde de la sincérité de Marguerite Blais lorsqu'elle dit qu'elle est
troublée puis indignée par ce qui se passe dans les CHSLD, parce que tout le
monde est indigné devant cette situation-là. Par contre, ce n'est pas
suffisant, la compassion. Il faut que ça vienne aussi avec des réponses
claires, des plans d'action clairs, et on en a désespérément besoin au Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Québec se dirige vers un déficit important, peut-être 12 à 15 milliards.
Est-ce qu'on doit aller de l'avant quand même avec les grands projets de la
CAQ, en fait, les grands projets, disons, de façon générale, troisième lien, maternelle
quatre ans, mais aussi réseau structurant ici, à Québec?
Mme Massé : Bien, écoutez,
dans une crise économique, ce n'est pas le temps de se replier sur soi-même
puis dire : Oh non! il faut arrêter d'investir. Au contraire. Est-ce que
le troisième lien, c'est la place où il faut investir? Non. Pourquoi?
Bien, parce que la crise actuelle ne dispose
pas de la crise climatique qui, elle, est là depuis très longtemps. Et, dans ce
sens-là, on s'attend clairement que le gouvernement caquiste ne mette pas ses
billes dans ce jeu-là. Pourquoi? Bien, parce que c'est un projet polluant, et
on ne peut pas se permettre ça. Et d'ailleurs ça me permet de rappeler à
Mme Anglade que GNL Québec est aussi un projet extrêmement polluant et
qu'on va avoir l'oeil pour s'assurer qu'elle ne se met pas, à partir d'aujourd'hui,
à être, quand elle est au Saguenay, en faveur du projet, puis, quand elle est à
Montréal, de ne pas être en faveur de ce projet-là.
M. Bellerose (Patrick) :
Et pour les maternelles quatre ans?
Mme Massé : Pardon?
M. Bellerose (Patrick) :
Et pour les maternelles quatre ans, est-ce qu'on va aller de l'avant quand même?
Mme Massé : Écoutez, la
nécessité de nos écoles, là, hein... C'est pour ça que je disais, d'entrée de
jeu, il ne faut pas... Nous, on était très critiques des maternelles quatre
ans, mais il y avait, dans le PQI, énormément d'investissements pour la
réfection de nos écoles. Et je pense qu'il ne faut pas reculer là-dessus, là,
définitivement pas.
Ce qu'il faut, c'est de s'assurer que ce
qu'on va développer comme projets économiques sont des projets qui tiennent
compte aussi de la réalité climatique actuelle. Et, dans ce sens-là, je pense
que le gouvernement doit être prudent sur ses investissements.
Le Modérateur
:
D'autres questions? Non? Merci.
Mme Massé : Merci.
(Fin à 12 h 52)