(Quinze heures trente et une minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à tous. Chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse, donc,
pour procéder à une annonce en lien avec les travaux d'infrastructures pour
l'année 2020‑2021. Le ministre responsable de l'Administration gouvernementale
et président du Conseil du trésor, M. Christian Dubé, est accompagné du
ministre des Finances, Eric Girard.
Alors, messieurs, à vous.
M. Dubé : Alors, bonjour à
tous. Comme vous savez, la crise a entraîné son lot d'incertitude et de
conséquences sur plusieurs plans, dont celui de l'économie. Votre gouvernement
prend donc les moyens dès maintenant pour accélérer la relance économique, pour
pallier à la situation.
Je vais prendre quelques minutes
aujourd'hui sur trois points : parler, premièrement, du devancement des
investissements en infrastructures; la collaboration, deuxièmement, avec
l'industrie de construction; et, le troisième point, l'agilité gouvernementale.
Premièrement, nous annonçons aujourd'hui
que nous allons devancer les investissements du Plan québécois des
infrastructures et ainsi rendre des sommes disponibles plus rapidement, et ce,
dès la présente année financière. Les investissements devancés correspondent à
2,9 milliards de dollars qui s'ajoutent aux 11 milliards qui étaient
initialement prévus pour la présente année. Cette mesure permettra d'injecter
plus d'argent, plus rapidement, dans les secteurs que l'on dit prioritaires de
l'économie du Québec.
Ces investissements s'inscrivent dans les
deux priorités gouvernementales que sont d'assurer rapidement, premièrement,
une relance économique dynamique et doter aussi le Québec d'infrastructures
sécuritaires et de qualité. Considérant que le secteur de la construction
représente plus de 6 % du PIB du Québec, on peut affirmer qu'ils auront
également des effets positifs sur des facteurs tels que l'économie et l'emploi
dans toutes les régions du Québec.
D'abord, en santé et services sociaux, il
va de soi que le réseau de la santé et des services sociaux recevra une part
importante de ces investissements devancés. Ainsi, quelque 700 millions
additionnels seront consacrés au réseau de la santé et des services sociaux.
Une part de cette somme servira à accélérer la maison des aînés partout au Québec.
Nous comptons aussi effectivement et évidemment poursuivre nos travaux pour
rénover nos CHSLD. Nos aînés méritent des installations de qualité.
Ensuite, parmi les investissements qui
seront devancés, une somme additionnelle de 1,1 milliard de dollars
servira à la réfection, la construction et l'agrandissement d'écoles, ainsi
qu'à la réfection d'établissements d'enseignement supérieur. Ces sommes se
répartiront également entre bonification et maintien d'actifs, afin d'atteindre
notre objectif de diminuer la détérioration de nos écoles.
Du côté des transports, nous souhaitons
devancer jusqu'à 600 millions de dollars pour un ensemble de projets en
transport collectif, pour lesquels une exécution rapide est possible. À cet
effet, des discussions sont en cours avec les sociétés de transport des
principales villes du Québec. Toujours en transport, nous devancerons de
370 millions pour le réseau routier et je laisserai le soin à mon
collègue, le ministre des Transports, M. Bonnardel, de faire les annonces
spécifiques à ce sujet.
Nous améliorerons également les ressources
informationnelles, ce qu'on appelle les technologies de l'information,
particulièrement dans le milieu de l'éducation, en consacrant 75 millions
de dollars pour notamment l'ajout d'outils technologiques et l'acquisition
d'équipements numériques, ainsi que pour l'ajout et le rehaussement de bornes
wifi. Il faut accélérer notre transformation numérique et se préparer à
travailler autrement.
Des investissements se feront dans toutes
les régions du Québec et nous ne nous limiterons pas à ces seuls secteurs
d'activité. Nous considérons aussi devancer des investissements comme ceux
relatifs à l'implantation de services Internet haut débit, autant en milieu
rural que semi-rural.
Mon deuxième point porte sur la
collaboration avec l'industrie de la construction. Nous prévoyons mettre en
place d'autres mesures pour accélérer la relance économique et favoriser
l'agilité et la flexibilité du gouvernement, et ainsi, pour doter les
conditions gagnantes pour soutenir la relance. Pour ce faire, nous avons
consulté les partenaires de l'industrie pour identifier les meilleures
conditions possible. Je tiens à les remercier pour leurs suggestions pratiques
et appropriées.
De notre côté, on travaille donc actuellement
à développer un ensemble de mesures d'assouplissement et de leviers pour
favoriser la reprise des activités et répondre aux préoccupations de l'industrie.
En pratique, nous étudions, entre autres, des options qui permettraient à avoir
accès rapidement, aux contracteurs, à des liquidités et accélérer des délais de
paiement. Certaines mesures pourront être mises en oeuvre rapidement, alors que
d'autres nécessiteront un peu plus de temps, mais sur lesquelles nous
travaillons très activement.
Je désire à souligner l'approche et
remercier la collaboration du ministre Jean Boulet, et particulièrement les
partenaires de l'industrie, mais aussi le rôle clé de la CNESST, qui nous ont
aidés à trouver ces nouvelles mesures.
Mon dernier point porte sur l'agilité
gouvernementale. Pour une agilité gouvernementale accrue, on élabore également
une stratégie gouvernementale pour favoriser l'accès aux marchés,
particulièrement pour nos PME. La stratégie permettra de faciliter l'accès des
entreprises aux contrats publics, de développer l'expertise gouvernementale,
mais surtout maximiser les retombées régionales et miser sur des solutions
innovantes. En parallèle, et c'est très important, mes collègues de plusieurs
ministères, notamment à l'Environnement, au ministère des Affaires municipales
et aux Transports, travaillent actuellement pour permettre une meilleure
agilité gouvernementale, particulièrement dans nos liens avec les
municipalités.
Sur notre collaboration avec le fédéral,
j'aimerais mentionner quelques mots. J'ai eu des échanges avec mes vis-à-vis
fédéraux, dont la ministre des Infrastructures, Mme McKenna, au cours des
dernières semaines, qui m'indiquent qu'il pourrait y avoir des assouplissements
au programme que l'on appelle l'entente unilatérale... bilatérale intégrée,
pardon, le programme des infrastructures fédéral. Nous apprécions énormément la
collaboration avec le fédéral sur ce sujet et nous espérons que les ajustements
qui sont discutés présentement pourraient être mis le plus rapidement possible,
particulièrement s'ils peuvent s'appliquer aux écoles et aux hôpitaux, ce qui
n'est pas le cas présentement.
En terminant, je suis confiant à l'idée
que le Québec sera bientôt au coeur d'une relance qui traduit nos priorités et
qui profitera tant au milieu des affaires qu'à la population. Je vous remercie
beaucoup.
Le Modérateur
: Merci.
Je ne sais pas si, M. le ministre des Finances, vous souhaitez poursuivre. Oui?
M. Girard (Groulx) : Oui,
très brièvement. D'abord, bonjour à tous. Merci d'être là. Très heureux d'être
ici pour cette annonce. C'est important, 3 milliards supplémentaires en
infrastructures. C'est une nouvelle étape aussi. Il y a eu l'aide d'urgence.
Là, il y a le déconfinement qui est en cours. Et là on parle de la relance de
l'économie. C'est une étape qui est très importante. Depuis deux mois, on a
soutenu financièrement la santé, les individus, les entreprises du Québec. Nos
interventions totalisent 23 milliards de dollars ou 5 % du PIB. Je
vous rappelle qu'il y avait 2,5 milliards pour les entreprises, plus
d'un milliard pour les travailleurs essentiels, aujourd'hui
3 milliards pour les infrastructures.
Quel est l'impact de ce 3 milliards
additionnel? D'abord, je tiens à dire que c'est toujours dans l'enveloppe, qui
a été annoncée au budget, de 130 milliards, c'est un devancement, ce n'est
pas un ajout. Alors, l'impact serait approximativement de 1,5 milliard de
PIB ou 0,3 % de PIB en 2020. Et l'impact budgétaire, lui, serait de
l'ordre de 210 millions sur le budget 20-21.
Alors, je vous remercie. Et ça nous ferait
plaisir de prendre des questions.
Le Modérateur
: Très
bien. Alors, pour la période des questions en français, nous allons débuter
avec Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. M. Dubé, lorsque vous parlez de maisons des aînés, CHSLD, quelle est la
priorité et qu'est-ce qu'on doit faire rapidement et à partir de quand?
M. Dubé : Bon, écoutez,
premièrement, pour les CHSLD, on avait déjà annoncé qu'il y avait, dans le
budget de la santé, une accélération de 2 600 places qui étaient des
nouvelles places qu'on voulait... des places, pardon, que l'on voulait rénover.
Alors, le programme va permettre d'accélérer la rénovation de ces
2 600 places-là.
Sur la question maintenant des maisons des
aînés, vous vous souvenez que notre objectif était initialement aussi de
2 600 places qu'on avait augmentées à 2 900. L'enjeu, avec les
montants supplémentaires qui viennent s'ajouter à cette année, c'est que ça
nous permet, toujours pour les mêmes projets, de les accélérer. Puis, je
m'explique.
Vous savez qu'un des enjeux, lorsqu'on
fait des nouvelles installations, c'est le terrain et d'avoir les terrains
disponibles. Alors, on avait réservé jusqu'à maintenant une trentaine de
terrains, donc on a réussi à avoir les arrangements nécessaires pour qu'il y
ait des terrains supplémentaires, et l'argent additionnel va permettre de
commencer plus de maisons des aînés que les projets initiaux qui avaient été
annoncés. Donc, on va se rendre plus rapidement à notre objectif d'avoir le
plus de maisons des aînés pour l'année 2022.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Laforest (Alain) : M.
Girard, quand vous parlez, là, de relance économique, de projets
d'infrastructures, là, concrètement, là, pour que M. et Mme Tout-le-monde
comprenne, là, ce 3 milliards-là injecté dès cette année, là, qu'est-ce
que ça va amener au gouvernement en matière de revenus?
M. Girard (Groulx) : En
matière de revenus, ce serait par, par exemple, l'impôt, les entreprises. Je
n'ai pas de chiffres pour vous en termes de revenus, mais je vous dirais, en
termes de la taille de l'économie, c'est comme ça qu'on chiffre l'impact.
Alors, 3 milliards d'infrastructures, ça a un impact, puis là on parle, en
termes économiques, là, de multiplicateur de la dépense publique de
1,5 milliard sur le PIB, et ça, ça correspond à 0,3 % du PIB.
Alors, par exemple, si nous avions prévu
moins 5,3, bien, soudainement, la prévision serait à moins 5 suite à cet effort
d'investissement public. Et, en fait, ce qu'on fait un peu, c'est que la
demande publique vient remplacer la demande privée qui est affectée par les
conditions économiques.
Le Modérateur
: Merci.
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Ce matin, vous l'avez sûrement entendu, Québec solidaire qui proposait un
nouvel impôt pandémie pour un an aux entreprises profitables. Est-ce que c'est
réaliste? Puis qu'est-ce que vous en pensez?
M. Girard (Groulx) : En fait,
si j'ai bien compris la proposition, ils ciblaient les grandes entreprises?
M. Bossé (Olivier) : Oui,
surtout.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
voudrais rappeler à tous que...
M. Bossé (Olivier) : ...après
le premier 100 000.
M. Girard (Groulx) : Les
grandes entreprises font déjà leur part au Québec, là. Elles représentent
1 % des entreprises et 50 % des impôts corporatifs, là. Alors, les
grandes entreprises font déjà leur part, et notre intention, ce n'est pas
d'avoir plus d'impôts. En fait, on veut avoir plus de grandes entreprises, plus
de sièges sociaux au Québec, et, de maintenir une fiscalité compétitive, c'est
très important pour ça.
M. Bossé (Olivier) : Le
17 % de chômage, là, évidemment, on ne sait pas quand Montréal va être
déconfinée, mais, mettons, si vous avez le go de déconfiner le 25 mai, le mois
de juin, vous voyez ça revenir à peu près à combien? Est-ce que c'est de
moitié? Est-ce que... environ, là, évidemment.
M. Girard (Groulx) :17929 M. Girard (Groulx) :Je pense
que tout ça, c'est graduel, mais moi, ce que je vise, c'est finir l'année
autour de 8 %, inférieur à 10 %, là. Alors, je dirais, disons,
8 %, ce serait... Nous étions à 4,5 % en février, mais, vraiment, on
peut dire que le Québec était au plein-emploi autour de 5 %. Et là on vit
une récession, une interruption de l'activité économique qui est très importante.
On a un taux de chômage de 18 %, mais c'est plus que ça, là. Les heures
travaillées sont en baisse de 35 %. Il y a des gens qui se sont retirés du
marché du travail. Alors, si on pouvait revenir, à la fin de l'année, autour de
8 %, ça voudrait dire que le déconfinement, la relance s'est bien passée,
et j'aimerais revoir le 5 % à la fin 2021.
Le Modérateur
: Merci.
Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Dubé, M. Girard. M. Dubé, je voudrais revenir sur la prime de
1 000 $ que vous avez annoncée pour inciter les travailleurs à aller
en zone infectée par la COVID. Moi, je reçois, puis il y a d'autres personnes
également, chez nous, qui reçoivent des courriels de gens qui nous disent que
l'employeur, les CISSS ont trouvé des façons de contourner votre prime.
Je vais vous lire un courriel que j'ai
reçu et qui reflète assez bien les quelques autres que j'ai eus également. On
me dit : «Pour ne pas avoir à payer ces primes, les gestionnaires ont la
bonne idée de faire en sorte qu'une journée sur l'horaire ne soit pas en zone
COVID-19, ce qui vient annuler la condition d'être à temps plein en zone
COVID-19 et de recevoir les primes. C'est ce qui a été mentionné au personnel
de l'Hôpital Notre-Dame ainsi qu'au personnel déployé à Place Dupuis. Les
employés seront donc envoyés pour une journée auprès des patients non
infectés.» Est-ce que vous avez été mis au fait de ces pratiques-là?
M. Dubé : J'ai été mis au fait
dans les derniers jours. Je vais vous dire, premièrement, que c'est
inacceptable, pour être très clair. J'ai reçu moi-même des courriers... des
courriels, pardon, à mon bureau, auxquels je suis en train de répondre. J'ai répondu
que nous allons vérifier avec les directions, la direction, premièrement, du
ministère de la Santé parce que rappelez-vous que notre objectif, c'est de
favoriser le travail à temps plein. Alors, si, par exemple, des
gestionnaires... Puis là on va attendre d'avoir les réponses parce que nous
avons demandé des précisions pour comprendre, premièrement, si c'était exact,
quel était l'objectif des gestionnaires d'avoir fait, s'ils ont fait, ces
demandes-là, mais c'est complètement à l'encontre, c'est contre-intuitif à ce
que nous avons demandé, et j'ai moi-même demandé d'avoir des explications.
Bon, maintenant, il faut comprendre...
Puis, si vous me permettez, on dit toujours que la... souvent que la machine
est grosse, hein? Ces machines, c'est difficile à tourner. Alors, ce que je
comprends qui est peut-être arrivé... Nous avons... Le premier ministre nous
avait demandé d'arriver avec la mesure le lundi, puis on a fait la mesure le
jeudi. Ce qu'on appelle le guide des procédures a été finalisé le lendemain de
notre annonce. Et, s'il y a des corrections à faire... C'est un guide de six à
huit pages, d'à peu près huit pages, qui a été publié, style question-réponse. Est-ce
que qu'il a pu y avoir une certaine confusion dans des éléments spécifiques? Par
exemple, je vous donne un exemple, comment quelqu'un qui passe d'une zone
blanche à une zone rouge... est-ce qu'il est passé, par exemple... et qui veut
revenir, est-ce que c'est sa demande à lui ou la demande du gestionnaire?
Alors, je vous résumerai qu'une fois qu'on
a reçu ces différentes personnes là qui ont exprimé leur insatisfaction par
rapport à leur intérêt de venir travailler, mais qui n'avaient pas totalement
les conditions qu'on avait expliquées ici la semaine dernière, bien, c'est
évident qu'on va avoir des précisions.
Puis d'ailleurs je vous dirais que le premier
ministre, cet après-midi, va sûrement avoir l'occasion de... Je n'ai pas eu la
chance de lui parler, là, mais vous savez qu'il est en rencontre avec les D.G.
des CISSS aujourd'hui. Pas mal certain que cet aspect-là serait soulevé au
moment des discussions parce que, je le répète, ce n'est pas l'objectif… Notre objectif,
c'est d'avoir des gens qui vont faire plus de temps plein et que, s'ils
demandent d'aller en zone rouge, ils vont pouvoir le faire. C'est leur demande.
Et, deuxièmement, encore une fois, pour répondre à votre question, de minimiser
les déplacements entre les zones blanches et les zones rouges, c'est un de nos
enjeux.
Alors, je peux vous dire qu'on a répondu clairement
qu'on allait faire les corrections nécessaires au guide. Alors, merci pour la
question, mais on est parfaitement au courant qu'il y a des ajustements à
faire.
D'ailleurs, je me permettrais de vous dire
une chose. La bonne nouvelle, c'est que ça marche parce que, là, vous entendez
parler de ceux qui ont eu des réactions négatives, mais le premier ministre
vous a dit aussi que ça fait quand même quelques jours qu'on voit le nombre de
personnes baisser à l'intérieur du... Le nombre d'absents baisse. Alors, il
doit y avoir un effet. On attend un peu d'avoir, je dirais, une tendance sur
plusieurs jours, mais je pense que ça fonctionne. Mais il y a des ajustements à
faire.
M. Lacroix (Louis) : Merci.
Mon autre question va porter sur l'offre que vous... en fait, les négociations
que vous êtes en train de faire pour essayer d'augmenter le salaire des
préposés aux bénéficiaires. Il semble qu'il y ait certains problèmes, que vous
rencontrez des problèmes, notamment avec les syndicats, à ce qu'on peut en
comprendre, là. J'écoutais M. Legault hier, en période de questions, dire que
certains syndicats souhaiteraient que cette augmentation de 12 % soit
élargie à l'ensemble des employés de l'État. Il a même dit qu'on n'avait pas
les moyens de faire ça.
Vous en êtes où dans ces négociations-là
puis c'est où que ça accroche? Est-ce qu'on peut comprendre que, si on
augmente, il y a des problèmes, par exemple, en termes de reclassement au
niveau des salaires, parce que, si on augmente le salaire, on change les
échelons salariaux, etc.? Est-ce qu'on est là-dedans, là? Tu sais, est-ce que
vous allez l'imposer, cette augmentation de salaire là, par décret, ou par loi,
ou...
M. Dubé : Bien là, il y a plusieurs
parties à votre question puis il n'y a pas de question sur le PQI encore. Ça
fait que je reviendrai sur les infrastructures tout à l'heure.
M. Lacroix (Louis) :
...tellement clair le PQI, tu sais.
M. Dubé : Ah! bien, tant
mieux. O.K. Alors, si vous me dites au moins que c'est clair... si vous dites
que c'est clair... compris, hein, c'est clair, Eric. O.K. 3 milliards, O.K.
M. Lacroix (Louis) : C'est
les chiffres qu'on veut.
M. Dubé : O.K. Bon. Alors,
bon, sur les négociations, je n'ai aucun problème à répondre à votre question.
La seule chose que je ne ferai pas... puis j'ai été obligé de sortir un peu de
mon devoir de réserve, la semaine dernière, parce qu'il y avait eu des
déclarations du président de la CSN qui n'étaient pas exactes. Et j'ai fait des
précisions pour l'effet suivant.
Laissez-moi prendre un petit peu de recul
pour... Lorsque l'on négocie avec une centrale syndicale, une centrale
syndicale, elle représente plusieurs catégories d'employés. Le cas de la CSN
est très clair, il représente, au total, peut-être, 30 000 PAB,
préposés aux bénéficiaires, mais l'essentiel des employés de la CSN, des
syndiqués de la CSN, c'est, au total, à peu près 150 000 personnes. O.K.?
Mais je ne peux pas avoir une négociation séparée pour les PAB. Si je veux
avoir une convention collective, je dois l'avoir sur l'ensemble des employés de
la CSN. On se comprend? Alors, ça, en partant, là, quand on se fait dire qu'ils
sont prêts à accepter une négociation ou des conditions pour les PAB à 12 %,
là, parce que c'est le chiffre qui a été utilisé, bien, il faut en
même temps s'entendre sur le reste des employés pour avoir une convention
collective. Tout le monde comprend ça. Alors, je ne dis pas que ce n'est pas
des vérités, mais c'est comme des demi-vérités. O.K.?
Alors, nous, on veut être très clair puis
on est très clair depuis le début. Puis je m'excuse de prendre la CSN à titre
d'exemple, mais c'est pour illustrer la difficulté d'arriver à cette
entente-là, puis là les gens comprennent pourquoi. Puis M. Legault l'a
dit, depuis qu'on est... depuis nos engagements électoraux puis encore plus
avec le fait de la COVID, on veut une offre différenciée pour les préposés aux
bénéficiaires, notamment pour eux, parce qu'on le sait qu'ils ne sont pas assez
payés pour le travail qu'ils font. Mais on n'a pas nécessairement non seulement
les moyens et le besoin de payer les 120 000 autres employés de la
CSN avec le même niveau d'augmentation. On se comprend?
Ça, c'est le principe qu'on a mis
clairement sur la table. Et lorsque, vous vous rappelez, on parlait des fameux
forums, lorsqu'on a déposé notre offre, on voulait avoir une bonne description
de ce que fait un PAB versus d'autres employés de l'État pour justement
discuter le deuxième point que vous avez soulevé, la question des rangements.
Les rangements, c'est comment se classe un employé par rapport à d'autres. D'accord?
Alors, nous, on a dit, puis là je rentre
dans des négociations et je vais refermer la porte rapidement, on a dit qu'on
était prêts à faire des arrangements sur les rangements pour les PAB pour
donner une rémunération supplémentaire, mais il faut faire attention que ces
ajustements-là de rangements ne viennent pas affecter toutes les autres
personnes ou toutes les autres catégories, pardon, ce qui ferait qu'on
donnerait la même augmentation à tout le monde.
C'est sûr que, si vous me demandez le
choix du gouvernement, on aimerait ça augmenter tout le monde du même
pourcentage et le plus haut possible, mais il faut aussi tenir compte de la situation.
J'ai un collègue, qui s'appelle le ministre des Finances, qui va me dire :
Bien, écoute, qu'est-ce qui est raisonnable dans les circonstances, c'est d'en
donner un peu plus aux préposés aux bénéficiaires. Puis moi, je l'ai dit
publiquement puis je vais le redire, les préposés aux bénéficiaires sont dans
cet arrangement de centrale syndicale, puis c'est important pour nous de le
communiquer, que tout le monde est d'accord que les offres que l'on a faites
aux préposés sont bonnes. Il s'agit maintenant de trouver la voie de passage
avec les centrales pour être capable de faire cette différence-là, puis je vous
dirais que, ce que je viens de vous expliquer, s'applique aussi à la FTQ, parce
que ces deux centrales-là représentent la grande majorité des préposés aux
bénéficiaires.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous allez l'imposer, éventuellement?
M. Dubé : Bien, écoutez, moi,
j'ai toujours... Regardez, jusqu'à maintenant, on a déposé nos offres en
décembre, on a fait des offres bonifiées au cours des dernières semaines. Vous
pourrez en prendre connaissance, parce que ces offres-là, on va les rendre
publiques, parce que c'est important pour nous que tous les employés sachent
les offres bonifiées que nous avons faites, qu'est-ce que ça veut dire avec les
mesures, en plus, spécifiques qu'on a annoncées. Puis au cours des prochaines
semaines, bien, on continuera... Moi, je vous dis, on veut continuer à négocier
malgré qu'on est dans des situations économiques difficiles, mais je pense qu'il
est important d'arriver à une solution pour ça.
Le Modérateur
: Mylène
Crête, Le Devoir.
Mme Crête (Mylène) :
Ma question est pour M. Girard. Est-ce que les Québécois doivent craindre
un éventuel retour à des mesures d'austérité?
M. Girard (Groulx) :17929 M. Girard
(Groulx) :Pas du tout. Le
gouvernement a un rôle à jouer pour se substituer à la demande privée qui a
fléchi. Alors, on fait un effort cette année, il y aura un autre effort l'an
prochain, et équilibrer les finances publiques, il va falloir faire ça
tranquillement dans le temps, justement, pour ne pas avoir à augmenter les
impôts puis couper les dépenses. On ne veut pas faire ça.
Et j'aimerais rappeler que notre position
de départ était enviable. On avait quand même prévu un surplus budgétaire de
l'ordre de 1,7 milliard. À ça s'ajoutait 2,7 milliards de
contribution au Fonds des générations. Donc, on partait avec un surplus de plus
de quatre milliards de dollars. Arrive la pandémie : un déficit de 12
à 15 milliards de dollars. Et là, dans le temps, avec le retour de la
croissance économique, avec des dépenses responsables, bien, on va y arriver,
sur trois à cinq ans, à reprendre l'équilibre.
Mme Crête (Mylène) :
Vous misez beaucoup sur la reprise de l'économie. Il y a beaucoup de variables
qui sont encore inconnues, hein, par rapport à ça. Donc, si vous êtes en
désaccord avec la proposition de Québec solidaire, là, d'imposer les grandes
entreprises qui sont demeurées ouvertes pendant la crise...
M. Girard (Groulx) : Il n'y a
pas juste moi, là, qui est en désaccord.
Mme Crête (Mylène) :
Non, mais étant donné qu'on vous a posé la question... Vous iriez chercher où
les sources de revenus supplémentaires à ce moment-là?
M. Girard (Groulx) : Bon,
écoutez, là, ce qu'on vit, c'est une interruption. On voulait... pour vaincre
la pandémie ou l'épidémie qu'on avait ici, on a fermé 40 % de l'économie
pendant huit semaines, on vient... Un retour progressif, ça a commencé par
les mines, la construction au résidentiel, maintenant le manufacturier, la
construction, le commerce de détail à l'extérieur de Montréal. Alors, le retour
progressif va aider.
L'élément qui va manquer, là... Il y a
deux éléments qui vont manquer pour que la reprise soit dynamique. Il y a les
secteurs qui sont affectés de façon plus durable, la culture, le commerce de
détail, la restauration, le tourisme, l'hôtellerie — ça fait partie
du tourisme. Mais ces secteurs-là vont avoir besoin de s'adapter, ça va être
plus long, et bénéficieraient certainement... on en bénéficierait tous, mais
encore plus, d'un vaccin, d'un remède. Et donc, autour de la fin 2021, on
devrait avoir revu le niveau de PIB que nous avions en décembre 2019. Et à
partir de là, bien, on aura une croissance des revenus de l'ordre du PIB
nominal, par exemple 4 %, une croissance des dépenses enlignée de
3 %, 4 %. Et ça, avec le fait qu'on avait plus de revenus que de
dépenses, puisqu'on contribuait approximativement 3 milliards au Fonds des
générations, bien tout ça, sur trois à cinq ans, va nous permettre de
revenir à l'équilibre.
Mme Crête (Mylène) :
...un vaccin, là? Je...
M. Girard (Groulx) : Non,
mais, le... O.K., excusez, le vaccin ou le remède, ça, l'effet...
Mme Crête (Mylène) :
Non, mais, s'il y a une deuxième vague, tout ça, ça ne reprendra pas comme vous
pensez, là.
M. Girard (Groulx) : Oui, mais
ça, l'effet, c'est sur la confiance. Parce que ce qu'on va observer, c'est que,
même si on déconfine, il va y avoir moins de consommation puis il va y avoir
moins d'investissement parce que les gens, naturellement — puis c'est
normal, une entreprise, devant un projet d'investissement avec l'incertitude va
être moins porté à investir — les individus vont être portés à plus
épargner. On ne retrouvera pas le même niveau de consommation immédiatement.
Alors, oui, il y a des risques d'une
deuxième vague, mais il y a aussi des possibilités d'un vaccin, d'un remède.
Alors, il y a une distribution de probabilités autour de notre prévision. Notre
prévision, c'est moins 5 % pour 2020, un retour en 2021. Et, comme notre
base de revenus était plus élevée que notre base de dépenses puisqu'on
contribue 3 à 4 milliards... Et puis les contributions au Fonds des
générations, la cinquième année, là, si vous regardez, on était rendus à
5 milliards de contributions. C'est donc dire qu'on avait dans nos
projections 5 milliards de plus de revenus que de dépenses, là, dans la
base.
Alors, ça, ça... En le faisant sur un
horizon trois à cinq ans, on va pouvoir éviter l'austérité et, surtout, éviter
les hausses d'impôt parce que les Québécois sont déjà suffisamment taxés.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci. Je peux me permettre à mon tour, Marc-André Gagnon, du Journal de
Québec, du Journal de Montréal.
Je vais profiter de votre présence pour
revenir sur des propos que le premier ministre a tenus hier ici même. Il a dit
qu'essentiellement, là, que pour tous les engagements qui devaient être... en
fait, que tous les engagements qui devaient être réalisés à l'intérieur du
mandat actuel, là, donc, seraient respectés.
Mais est-ce qu'il y en a, donc, qui
devaient être réalisés à plus long terme, au-delà du mandat actuel, qui
pourraient être mis de côté? Parce que je sais que tous les deux, vous faites
partie de ce comité actuellement qui se penche sur la révision de l'ensemble
des engagements qui ont été pris par votre parti au cours de la dernière
campagne électorale. Donc, est-ce qu'il y en a qui vont prendre le bord?
M. Girard (Groulx) :
Bien, je vais m'essayer juste pour vous dire que sa réponse était bien sûr
excellente, mais elle était notamment appuyée par le fait que la plupart des
engagements sont déjà rencontrés. Lorsqu'on regarde la liste de nos engagements
électoraux, on a été plus rapidement dans l'exécution parce qu'on avait une
marge de manoeuvre, nous étions en situation de surplus budgétaire, puis ça
nous a permis de... La promesse, la plus grande promesse en termes de revenus
disponibles, c'étaient les allocations famille. C'est déjà livré, cette
promesse-là. Alors, ce qu'on a promis va être réalisé.
M. Dubé : Et peut-être,
si je peux compléter, M. Gagnon, on parle ici d'engagement budgétaire. Si je
reviens à mon sujet préféré, le Plan québécois des infrastructures, il faut
regarder aussi les engagements que l'on a faits par rapport aux grands projets
structurants, hein? Je pense que c'est important de dire que, depuis la
dernière année, on a été très clairs que dans le cadre de l'électrification de
l'économie, on avait maintenant six projets de transport collectif. Vous savez,
on les a mis à jour dans le PQI qu'on a déposé. Ça semble très loin, mais c'est
il y a deux mois qu'on a déposé un budget et le PQI pour 2020‑2021.
Et encore une fois, je vous le dis, c'est
projets-là, on va, non seulement les respecter, mais on va essayer de les
accélérer. Tout à l'heure, quand j'ai parlé de 600 millions en transport
collectif, on est en discussion, notamment avec la ville de Montréal, en ce
moment, pour voir comment on peut accélérer à l'intérieur de certains projets
spécifiques, comment on pourrait aller plus vite, mais là il s'agit de prendre
les bonnes décisions. Mais c'est un exemple, là, en transport collectif, où non
seulement on veut réaliser nos projets, mais, dans la mesure du possible,
d'être capables de les accélérer.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
et donc l'accélération de ces projets-là, bien, un des principaux objectifs,
c'est de contribuer, donc, à la relance économique. Mais aussi une façon, en
tout cas dans la Capitale-Nationale, de contribuer à la relance économique, éventuellement
quand les commerces vont pouvoir tous rouvrir leurs portes de façon peut-être
plus normale, les restaurants aussi, c'est de ramener les fonctionnaires au
travail en grand nombre. Je me souviens qu'on s'en était parlé il y a de cela quelques
semaines, M. Dubé. Est-ce que votre échéancier se précise ou est-ce que le
travail, plus majoritairement au sein de la fonction publique, là, pour ceux
pour qui c'est possible, va se poursuivre encore longtemps?
M. Dubé : Bon, pour ce qui est
des fonctionnaires, puis j'apprécie la question, là, il y a deux choses. On a publié
la semaine dernière ce qu'on a appelé la directive pour être certain que les
mesures sanitaires étaient mises en place. Parce que ça a l'air de rien, mais
je peux vous dire que les mesures sanitaires au Conseil du trésor, c'est une
chose, mais les mesures sanitaires pour la SAAQ, pour les gens qui viennent
chercher encore leur permis de conduire ou des choses comme ça, il faut... il
fallait s'assurer que nos employés qui revenaient avaient des mesures
sanitaires qui étaient exemplaires pour être sûrs qu'on minimisait les chances
de contamination.
Donc ça, ça a été bien expliqué puis ces
mesures-là sont... On est en train de préparer les bureaux pour cette première
vague-là qui va être... où on va demander à ceux qui offrent un service public,
c'est-à-dire direct à la population... C'est sûr qu'eux, en ce moment, c'est
les premiers qu'on veut revenir parce qu'on veut être capables de donner un
service en direct à la population. Ce qui est intéressant, c'est qu'on veut
donner le plus longtemps possible.
Puis je vous dirais que, si je peux me
permettre de faire un remerciement, c'est de remercier tous les fonctionnaires,
qu'on oublie souvent, qui ont fait depuis deux mois un travail extraordinaire.
Parce que vous le savez, là, puis je parle à des parents ici, puis il y a des
parents qui nous écoutent, que de faire du télétravail en même temps que de
garder des enfants, ce n'est pas toujours facile. Puis je vous dirais que
l'essentiel, moi... je le sais parce qu'Eric et moi on s'en est parlé, moi,
j'ai 90 % des employés du Conseil du trésor qui sont en télétravail,
depuis deux mois, puis ces gens-là, ils ont des enfants à la maison parce que
les écoles étaient fermées. Alors, je veux les remercier parce que le travail,
il s'est fait.
Puis je peux vous dire qu'on est en train
de refaire un deuxième budget, puis un deuxième crédit, puis un deuxième PQI,
alors qu'on a déposé ça il y a quelques mois. Tout ce qu'on...
Une voix
: ...
M. Dubé : Bien, on travaille
dessus.
Une voix
: ...
M. Dubé : Bien, oui. Mais, à
un moment donné, il va être déposé, mais...
Une voix
: ...
M. Dubé : Bien, quand il va
être prêt. Mais je peux vous dire que ces gens-là, ils...
Une voix
: ...
M. Dubé : Ah! il va être prêt
quand il va être prêt. Mais ce que je vous dis, c'est que ces gens-là, ils
continuent le travail, ils continuent à faire l'analyse de dossiers, etc. Donc,
moi, je veux les remercier.
Mais pour répondre à votre question, on va
le faire de façon ordonnée. Maintenant, moi, je pense qu'on ne reviendra pas à
l'ancienne façon, on ne reviendra pas... Puis je pense que, si c'est ça,
l'objectif de votre question, moi, je n'ai aucun problème, on en a parlé,
j'aimerais ça qu'on se questionne comment on peut faire ce retour-là et voir où
serait l'équilibre, où serait l'équilibre entre le nombre de jours qu'on peut
faire en télétravail puis le nombre de jours qu'on doit avoir au bureau pour
garder cette efficacité-là, mais tout en ayant des avantages pour les gens qui
sont parents, qui ont un avantage, en termes de qualité de vie, de revenir.
Alors...
M. Girard (Groulx) : Il
faudrait que j'intervienne là-dessus juste pour préciser parce que, dans ton
enthousiasme envers le travail des fonctionnaires, là, j'ai peur qu'il y ait
une nouvelle une demain. C'est un énoncé complémentaire qu'on va faire...
M. Dubé : Je parlais du PQI,
excuse-moi, je parlais du PQI. Excuse-moi.
M. Girard (Groulx) : ...autour
de la Saint-Jean-Baptiste, là, c'est-à-dire que... Et il y aura une mise à jour
à l'automne et un budget en mars, là. Alors, l'avantage d'avoir déposé le
budget, c'est que les crédits existants sont déjà en place pour les ministères,
les gens peuvent travailler. Et l'énoncé complémentaire va donner l'heure juste
à la population sur les coûts supplémentaires en santé, les coûts
supplémentaires de nos mesures. Donc, on va donner les détails derrière ce 12 à
15 milliards de déficits, on va montrer où il y a moins de revenus, où il
y a plus de dépenses et on va réviser la prévision économique avec... On va
aller, je vous dirais... On va prendre la photo du 31 mai et on va vous la
livrer autour de la Saint-Jean-Baptiste avec les détails. C'est un énoncé
complémentaire budgétaire que vous aurez.
Le Modérateur
: Merci.
Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour
à vous deux. Pour revenir à la question des négociations, pour être sûr de bien
saisir là, c'est un peu ce que je déduis de la réponse que vous avez donnée
précédemment, mais vous liez donc le caractère permanent des augmentations qui
vont être consenties aux préposés au fait qu'on boucle l'ensemble des conventions
collectives, disons, pour un syndicat donné, là. C'est une condition sine qua
non. Premier volet.
Puis, deuxième volet, toujours sur les négociations,
puis c'est le premier ministre qui a ouvert la porte ce matin lors de son point
de presse à Montréal. Il évoquait les négociations avec les médecins
omnipraticiens comme étant un élément clé des réformes en santé qui devront
être faites. Est-ce que ça se poursuit toujours, ces négociations-là, malgré la
crise?
M. Dubé : Oui. Bien, c'est sûr
qu'il y a eu un ralentissement parce qu'il y a eu d'autres priorités.
D'ailleurs, Mme McCann l'a bien dit, la crise que nous vivons présentement a
fait ressortir des opportunités en santé aussi. Tantôt, je parlais des
avantages du télétravail, mais parlons quelques secondes de la télémédecine.
C'est évident qu'on a été capables, surtout dans ce contexte-là, vous l'avez
vu, d'avoir moins d'impact sur les urgences parce qu'il y a eu plusieurs appels
qui se sont faits entre les patients et leur médecin de famille par téléphone,
ce qui n'était pas possible avant. Il y avait de la résistance un petit peu
partout dans le système. On s'est rendu compte que c'était une façon efficace,
entre les patients et leur médecin, de communiquer par télémédecine.
Alors, c'est évident que les négociations
qui vont maintenant prendre place avec la fédération des omnipraticiens, la
FMOQ, va devoir tenir compte de ces avancées. Puis, un peu comme je parlais du
télétravail, on ne retournera pas en arrière. Puis on va trouver des façons,
dans nos prochaines négociations, de tenir compte de ça. Puis je pense que la
télémédecine va être un… Peut-être, on essaie toujours de trouver des avantages
à la crise que l'on connaît en ce moment. Il y a bien des inconvénients, mais il
y a des avantages. Puis je pense que la télémédecine, comme l'a dit Mme McCann souvent,
va nous permettre de changer nos façons de travailler, notamment avec les
omnis.
M. Lavallée (Hugo) : Le
premier volet de la question, sur le fait que l'augmentation permanente était
liée au fait de signer tout...
M. Dubé : Ah! tout à fait. Écoutez,
je l'explique, c'est… On a besoin… Puis c'est pour ça qu'on a été... On a pris
une approche très claire sur la négociation pour des raisons que l'on respecte…
parce qu'on s'est dit : On ne veut pas forcer personne… On ne veut pas
forcer une organisation syndicale à négocier ou à fermer. Si on n'est pas
capables de s'entendre… Puis c'est le respect de cette prérogative-là des
syndicats de ne pas vouloir signer maintenant. Quand ils seront prêts à
présenter nos offres à leurs membres, c'est leur choix. Mais la chose qui est
importante pour nous... C'est pour ça qu'on a trouvé une façon compensatoire…
Particulièrement pour les PAB, les infirmières auxiliaires, ceux qui sont sur
le front, qu'on a appelés nos anges gardiens, on a mis des mesures temporaires.
Donc, on ne peut pas s'entendre, en ce
moment, pour les raisons que vous avez expliquées, avec les centrales parce
qu'ils représentent un grand nombre d'employés à qui on veut faire des offres
différenciées. On respecte ça. On va les laisser avancer dans leurs discussions
avec les syndiqués. Mais, en attendant, on a pris l'approche de faire des
offres temporaires qui nous permettent d'être capables d'avoir l'argent
nécessaire pour les PAB, d'avoir une paie...
M. Laforest (Alain) : ...si
on n'est pas capables de s'entendre...
M. Dubé : Bien, j'ai dit :
Si on n'est pas capables de s'entendre, on fait des mesures temporaires. C'est
ça qui est notre approche en ce moment, pour être très clair. C'est ça que
j'expliquais, des mesures temporaires. On a fait des mesures de 4 % et
8 % il y a trois semaines. On vient de faire des mesures qu'on appelle
primes au temps plein. Alors, je pense qu'on essaie de trouver les moyens, de
façon temporaire, tant qu'on n'a pas une entente avec les syndicats, les
principales centrales.
Le Modérateur
: En
sous-question, M. Lavallée.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Donc, pour revenir au Plan québécois d'infrastructures — ça va vous
faire plaisir — dans le fait d'anticiper un certain nombre de
dépenses, est-ce que ça va vouloir dire qu'il va falloir, pour vous, assouplir
le processus d'octroi des contrats, par exemple? Parce qu'on sait que durant la
pandémie il y a des contrats qui auraient dû faire l'objet d'appels d'offres,
par exemple. Ça n'a pas été le cas. On était dans une situation d'urgence.
Est-ce que la même logique va prévaloir dans ce cas-ci ou vous allez respecter
le processus habituel pour le devancement des travaux dont vous nous parlez?
M. Dubé : M. Lavallée,
merci pour la question. Alors, effectivement, je n'ai pas voulu rentrer dans le
détail tout à l'heure, mais, quand on dit : Favoriser l'agilité du
gouvernement par rapport aux gens de la construction... Je vous donne un
exemple. Il est souvent plus facile... Puis je vais le dire comme ça, là, je
vais peut-être m'attirer des problèmes, mais il est souvent plus facile pour
nos gens, quand on fait des négociations de contrats ou des appels d'offres, de
passer avec la loi du plus bas soumissionnaire. C'est plus facile : on a
le plus bas coût, on choisit le fournisseur. Puis on sait que souvent il y a
des désavantages parce que le plus bas soumissionnaire n'est peut-être pas
celui qu'on aurait souhaité avoir si on avait eu le temps de mieux négocier.
Ce qu'on veut faire, puis c'est permis, en
ce moment, dans la loi, c'est d'avoir ce qu'on appelle des méthodes
alternatives où on peut permettre aux contracteurs de discuter avec nous
comment l'appel d'offres pourrait être fait, mais qui inclut des meilleures
pratiques de cet entrepreneur-là qui a déjà fait ces travaux-là. Et, à ce
moment-là, ces méthodes alternatives là nous permettraient d'avoir moins de
surprises à la fin puis, notamment, d'être capables d'aller plus rapidement
parce qu'on éviterait les cas de conflits, etc., que l'on voit dans les contrats.
Les consultations que le ministre Girard a
faites au cours des dernières semaines avec tous les gens, dont la
construction — c'est le premier groupe avec qui on a discuté il y a
quelques semaines — nous sont arrivés avec ces suggestions-là, puis là
on est en train de regarder avec nos services des achats, ceux qui négocient,
lesquelles mesures qui nous ont été demandées qu'on peut faire sans changement
de loi. Donc, c'est ceux-là qu'on va appliquer le plus rapidement. Puis, au
besoin, on fera des changements. Mais en ce moment... C'est pour ça que j'ai
dit tout à l'heure qu'il y en a qu'on pourra aller plus rapidement que
d'autres. Mais je vous donne juste ça. La méthode alternative d'appels d'offres
peut se faire à l'intérieur de la LCOP, donc la loi comme telle, mais on peut
le faire différemment pour aller chercher des bénéfices dans les contrats.
Le Modérateur
: Merci.
Prochaine question, Gabriel, de La Presse.
M. Béland (Gabriel) : Oui.
Bonjour, messieurs. Concernant les vacances de la construction, là, vous
annoncez une accélération des investissements. Les chantiers ont pris du retard
dans les dernières semaines, les derniers mois. Donc, est-ce qu'il y a des négociations
en cours avec les syndicats ou d'autres acteurs concernant les vacances de la
construction? Et est-ce qu'elles auront lieu cette année?
M. Dubé : Écoutez, je vais
laisser M. Boulet, notre ministre du Travail, vous répondre plus spécifiquement
là-dessus parce que c'est une discussion qui doit se faire, bien, premièrement,
je vous dirais, entre l'employeur et ses employés. Le gouvernement, dans ça, a
un rôle peut-être de conciliation ou de coordination. Mais en ce moment je
pense qu'on...
Je vous dirais que le ministre Boulet
était excessivement satisfait du retour au travail de la construction
domiciliaire. Ce n'est pas que je ne veux pas répondre. Mais notre premier objectif
il y a quelques semaines, c'était comment on rouvre la construction de façon
ordonnée. Ce qui est arrivé dans la construction domiciliaire, on est contents.
Ça s'est bien réglé, il n'y a pas eu d'accident malheureux. Là, on vient de
rouvrir les grands chantiers. C'est aussi une autre grande étape. On est
excessivement contents. Puis je les remercie parce que, quand on voit les
grands projets comme le REM, tout ça, qui sont repartis, c'est une autre bonne
nouvelle.
Bon, maintenant, on va laisser à
M. Boulet, il en a parlé, de regarder qu'est-ce qu'il serait possible de
faire. Mais en ce moment ce n'est pas assez avancé pour vous donner... Puis je
pense que Jean va revenir au cours des prochaines semaines pour voir s'il y
aurait lieu d'intervenir ou de voir s'il y a une conciliation… mais ce n'est
pas, en ce moment, dans les cartons.
Le Modérateur
: Alors,
en sous-question, M. Béland.
M. Béland (Gabriel) :
Question hors PQI. Le Cirque du Soleil serait en négociation avec les
Québécois... en fait, des actionnaires du Cirque du Soleil, pardon, pour des
prêts. Est-ce que vous pouvez confirmer que ces négociations ont lieu?
M. Dubé : Veux-tu répondre,
Eric?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
peux confirmer que c'est le dossier de Pierre Fitzgibbon. Moi, je lui ai
donné... On lui a accordé 2,5 milliards d'aide aux entreprises et il a
cette expertise-là. Là-dedans, il y en a pour les PME, il y en a pour les
grandes entreprises, des moyennes entreprises. Et le cirque est une entreprise
en difficulté, c'est connu. Alors, je vais laisser M. Fitzgibbon parler
là-dessus.
M. Béland (Gabriel) :
Êtes-vous au courant?
M. Girard (Groulx) : Si je
suis au courant de l'enveloppe? 2,5 millions.
M. Béland (Gabriel) : Est-ce
que vous êtes au courant de ces négociations-là avec le Cirque du Soleil?
M. Girard (Groulx) : Non. Moi,
je ne fais pas de... On a vraiment chacun nos expertises : le PQI,
négociations dans le secteur public, finances publiques, et,
M. Fitzgibbon, ministre de l'Économie.
Le Modérateur
: Ça vous
va? Est-ce que quelqu'un a une dernière question en français? J'ai un peu de
temps. Mme Crête.
Mme Crête (Mylène) :
Pour le devancement du PQI pour les écoles, donc c'est ce qui était déjà dans
le budget du mois de mars?
M. Dubé : En fait — merci — dans
le 11 milliards, qui était le montant qui était prévu pour cette année, il
y avait déjà 1 milliard pour les écoles. On ajoute 1 milliard. C'est
énorme. Alors, c'est pour ça que... et encore une fois ce que j'ai dit tout à
l'heure, qu'environ la moitié de ça est dans des agrandissements d'écoles et
l'autre moitié dans ce qu'on appelle du maintien d'actifs. Ça va? Il y a un
argent assez important, par exemple, pour des unités mobiles parce que vous
savez qu'à Montréal toute la question de l'immigration a fait des impacts
importants dans certaines commissions scolaires. Donc, on va s'assurer qu'on
met l'argent nécessaire pour avoir des écoles temporaires. En tout cas, il y a
vraiment un plan, là, d'accélération pour les écoles qui est important. C'est
plus que 1 milliard.
Le Modérateur
: Merci beaucoup. So, now, in
English, Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Good afternoon to both of you. You want to accelerate the projects,
the infrastructure projects, and you say that that includes CHSLDs and «maisons
des aînés». You saw that the CHSLD Vigi Mont-Royal has, like, a problem in the
air system and it may have caused infections, COVID-19 infections. We don't
know yet. What does that change with the calendar for the project? You say that
you want to accelerate the repairs of CHSLDs and also «maison des aînés», but
what exactly do you have in mind to reassure Quebeckers on that front?
M. Dubé : OK. I think, on the priorities of the CHSLDs, it's really to make
sure that, well, I can say, the worst or the ones that need to be looked at
will be accelerated. When we say roughly 2,600 places, or doors, or whatever,
it represents about 25 units because, on average, they have about
100 units… 100 rooms per one unit, OK? So, with the initial plan, we
were able to address 25 of them in the current year. By adding roughly an
excess of $300 million, we probably could add
another 10 or 15. This is what we've asked on the Minister of Santé, to just
say : Tell us, in that order of priority, which one we should add to that
list of 25. So that's basically what we're doing right now.
And, since we're dealing
with repairs, we don't need to buy a land or something, it's very efficient
because those additional 10 units will be easily looked on the list because we
know the ones we have issues with. So, that's reason... on the CHSLD, those are
the one that we want to...
Mme Senay (Cathy) : And just a clarification. Units, what does that include exactly?
M. Dubé : A
unit, to me, is one building, when I say «one building», that have on average 100
rooms. That's the reason I'm saying : If we want to accelerate, roughly,
2,600 of them, so we have the room now, with this budget, to accelerate this
number of units. OK?
Mme Senay (Cathy) : And, Mr. Girard, I have a question for you regarding... Well, about
two months ago, you presented the budget. Now, you're preparing an economic
update on time for the national... «la Saint-Jean-Baptiste». You need trust of
citizens, the confidence of citizens to, basically, succeed, to make sure that
the economy of Québec is back. How important it is for you, and how sure are
you to, basically, promise to citizens that they're won't be... they won't see
cuts in services and they won't see austerity in the next three to five years?
Because this is the fear of citizens, they see the economy right know like it's
going down as the Titanic. So, how sure are you that you... You promise today
that...
M. Girard (Groulx) :
Well, the assurance is very simple to give. I mean, when the economy struggles,
the private sector goes into retrenchment, and it's exactly when you need
public spending to increase, not to decrease. That's why today... If we were in
austerity mode, we would announce today a reduction in infrastructure. We're...
Mme Senay (Cathy) : You don't know the future, Mr. Girard.
M. Girard (Groulx) :
Of course, I don't know the future. And the picture that you will get when we
give the economic update is going to be... we're going to be the most
transparent that we can be given the information that we will have at the end
of May. And we will not know how the... I'm not sure that «deconfinement» is a
word in English, «mais le déconfinement», we won't know
how it works in June, in July. We won't know if there is a second wave in the
fall, whether there is a vaccine or a remedy. So we are doing probabilities.
We know that if the 40%
of the economy was closed for two months and we progressively come back, the
impact is going to be between minus 4% and minus 6%, and if we miss, for
example, the May 25th, it's going to be more minus 6% than minus 4%. And we are
giving an estimate of 12 to 15 billion of deficits, but we are giving the
information that we have, and we are doing forecasting. We want to be as
precise as we can, and it's important because it is the tax payers, the
Québec's businesses, the Québec's people that are facing these difficult
circumstances, and we need to tell them where we are. The excellent fiscal
position that we have was the result of 15 years of effort by Quebeckers.
So now, we have this
deficit, and we are going to do everything that we can to do... smoothly come
back, and if we succeed in coming back at the equilibrium in three to five
years, we will have done very well, because you will see the other governments,
you will see Ontario, Canada, the horizon of coming back at equilibrium in
three to five years is going to be challenging.
Le Modérateur
: Thank you. So now, two questions from Raquel Fletcher for Global
News. Marguerite Blais announced today the construction of «a maison des
aînés», but we don't have many details. Will you start work right away on these
new seniors' homes or are you going to determine which one gets built first?
How much will this cost?
M. Dubé : OK. That's a good question. As I said before on the «maisons des
aînés», we were able to announce, I think, if I'm correct, roughly
30 projects out of a total of 45. When I say project is what I call one
unit that would have roughly 80, 82 units, and that's because they are by
a multiple of sixteen. So we were able to announce about 30 of them when we did
the PQI, «en mars». Now, we are saying we can accelerate those 30 and maybe add
few, depending on availability of the land. The good news is that, over the
last few months, we have been able to negotiate additional land with
municipalities that allow us to be able to put additional units on those. So
this is a combination. So the numbers that we have received from the Minister
of Health in the last two months allow us to put more money in the ones that we
were planning to do, to accelerate them and also to add some. But the total of
that is in excess of $300 million.
Le Modérateur
: Alright. Thank you.
And again for you, Mr. Dubé. You said in French that you are aware of
managers finding ways to get around paying the $1,000 bonus. Can you explain
what are you doing about this?
M. Dubé : Well, I don't think that they are finding ways. I think that,
unfortunately, the program that we've put in place allows the managers to have
all the money they need. If somebody wants to work in a red zone or wants to
move from outside Montréal and
come… they don't have to negotiate. They don't have to save money. They have
the full budget. I think what
has been maybe misinterpreted is how do we… are efficient in making sure that
we get as many people full-time so they can do from two days a week to five days
a week. That's where they will receive their bonus.
But the second thing is
we want to make sure they don't move from a cold zone to a hot zone. And
sometimes it might be easier for the manager to switch people around, which is
not the objective. So that's the reason we said : Wait a minute, maybe we
need to look at the guidelines that were published in the hours following the
announcement. And, now that we have seen a couple of cases that maybe are not
as optimal as we would like them to do… is to make sure that they correct those
guidelines, and that's exactly what we're doing right now to make sure that all
those people… I've seen a letter of somebody in the area of Québec City willing
to come with his wife, that was interested in coming to the zone, and, for
certain reasons, was not allowed to. That's not the objective. That's exactly
what we announced last week, was the objective of taking people outside of Montréal coming to help. So we will adjust
those things.
Le Modérateur
: You will review that?
M. Dubé : Oh! yes.
Le Modérateur
: Alright. Thank you very much. Donc, merci à tous. C'est ce qui complète pour cette conférence de
presse. Merci pour votre disponibilité.
M. Dubé : Merci beaucoup. Merci.
(Fin à 16 h 30)