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Point de presse de M. Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration

Version finale

Thursday, May 28, 2020, 8 h 50

Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante minutes)

M. Derraji : Bon, bonjour tout le monde. Je m'adresse à vous aujourd'hui, premièrement, pour réagir à l'annonce de M. Simon Jolin-Barrette, le ministre de l'Immigration, par rapport à aller chercher des préposés aux bénéficiaires. Et la question qui me vient à l'esprit, c'est... Dans quelques jours, on va fêter, malheureusement, la première année du premier bâillon du gouvernement caquiste par rapport à la loi n° 9. Et, je tiens à vous rappeler, la loi n° 9 visait quoi, visait à un peu déchiqueter les 18 000 dossiers, diminuer les seuils d'immigration de 50 000 à 40 000, pour la première année, et 43 000 la deuxième année. La question que je me pose et que je lance à M. Simon Jolin-Barrette : Qu'est-ce qui lui a fait de cheminer pour trouver maintenant, finalement, que la pénurie de main-d'œuvre, la solution passe aussi par l'immigration?

Souvenez-vous que, tout au début de la campagne électorale de 2018, on disait qu'il n'y a pas un problème de pénurie de main-d'œuvre, c'est un problème de salaire. Il n'y a pas d'effet sur plusieurs secteurs d'activités. Aujourd'hui, on fait face à une réalité. La réalité, c'est qu'uniquement le réseau de la santé, pour qu'il fonctionne, a besoin de bras et je dirais même de beaucoup, beaucoup de bras. Quand le Québec lance l'appel aux forces armées, que je tiens à remercier, c'est qu'au bout de la ligne c'est un constat d'échec. C'est qu'on était incapable de livrer la main-d'œuvre qualifiée et la main-d'œuvre disponible pour répondre aux demandes grandissantes de notre système de santé.

Hier, vous avez vu comme moi l'annonce du premier ministre qui annonce une formation payante pour être préposé aux bénéficiaires, mais aussi un salaire de l'ordre de 26 $ l'heure. Moi, depuis plusieurs semaines, je reçois des appels de plusieurs PME, dans plusieurs régions, qui peinent à trouver des gens. Mais maintenant on leur rajoute un autre handicap. Comment ils vont faire pour faire face à la concurrence au niveau du salaire dans notre métier? Je tiens à vous le rappeler, la moyenne des salaires, vous la connaissez, je tiens toujours à donner un exemple d'une entreprise que vous connaissez tous, Olymel, que le salaire offert aujourd'hui est aux alentours de 20 $.

Donc, le constat, il est clair. Nous vivons une crise de main d'œuvre dans plusieurs secteurs d'activité. Et je tiens à rappeler au gouvernement que la liste des 500 professions, que ça soit l'édition 2018 ou l'édition 2019, prévoyait un manque dans plusieurs secteurs d'activités au Québec. Les 500 professions, c'est en ligne, c'est un document qui émane du ministère de l'Emploi, c'est la Commission des partenaires du marché du travail qui nous disait qu'il y a une pénurie et aussi un état de déséquilibre dans plusieurs régions du Québec, notamment dans le réseau de la santé, mais dans d'autres secteurs d'activités.

M. Laforest (Alain) : Donc, ce n'est pas une bonne idée, le projet pilote, là, pour attirer 550 personnes, pour être préposés aux bénéficiaires ,de l'étranger?

M. Derraji : C'est une bonne idée aller chercher du monde pour venir en aide à nos personnes aînées. La question que je me pose : Est-ce que c'est de cette façon qu'on va aller répondre rapidement à la pénurie de main-d'œuvre? Je tiens à vous rappeler que plusieurs pays où on avait l'habitude de recruter, il n'y a pas de vol encore. Comment on va aller faire des missions de recrutement? Comment on va les recruter, ces gens, dans des bassins francophones, sachant que des rassemblements sont interdits dans ces pays? Il y a plusieurs vols? On ne sait même pas, on n'a même pas une idée. Et le premier ministre veut des gens prêts pour remplacer l'armée au mois de septembre. Donc, est-ce que c'est le moment, aujourd'hui, de dire, une année plus tard, que vraiment on a besoin d'immigrants pour contrer la pénurie de main-d'œuvre qu'on a au Québec?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Les préposés aux bénéficiaires ne méritent pas 26 $ de l'heure, selon vous?

M. Derraji : Ce n'est pas ce que je dis.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous avez dit qu'il va y avoir une pression sur le réseau privé, non? Ce n'est pas ça que j'ai compris de...

M. Derraji : En fait, c'est que, quand on voit la pénurie de main-d'oeuvre, que ça soit dans le secteur agroalimentaire ou ailleurs... Il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Ce qu'on voit présentement, c'est que le gouvernement met sur la table une formation qu'il va payer pour un salaire de départ de 26 $. Je me pose juste la question : Est-ce que le gouvernement a fait ses calculs pour ne pas vider certains secteurs pour remplir les préposés aux bénéficiaires, pour avoir la main-d'oeuvre qualifiée en termes de préposés aux bénéficiaires? Mais je ne dis pas que... Ils méritent 26 $.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais êtes-vous d'accord avec la bonification importante des conditions de travail des préposés aux bénéficiaires, donc le 21 $ de l'heure, pendant la formation de trois mois puis le salaire de base de 26 $ de l'heure, plus les avantages sociaux, si le gouvernement prévoit un mécanisme pour s'assurer qu'il y ait aussi des préposés aux bénéficiaires dans le réseau privé? Est-ce que vous êtes d'accord?

M. Derraji : Je tiens à vous rappeler que moi-même, j'ai été préposé aux bénéficiaires pendant plus que deux semaines. Je sais que c'est très difficile. Au-delà de l'argent, il faut être un passionné. Travailler avec des personnes aînées, c'est un don. Il faut être capable de le faire. Et ces personnes méritent le salaire. Ce n'est pas ça que je dis. Ce que je dis, c'est que, oui pour 26 $, oui pour améliorer les conditions de travail des préposés aux bénéficiaires, mais il ne faut pas oublier qu'il y a d'autres professions qui attendent aussi la bonification de leurs salaires. Il y a aussi d'autres secteurs d'activité qui peinent à trouver de la main-d'oeuvre, mais ils n'ont pas accès à une bonification ou une augmentation de salaire.

M. Bergeron (Patrice) : ...qui ont contacté le parti, qui vous ont contactés puis qui ont dit : Bien, nous, ça veut dire qu'on va perdre notre main-d'oeuvre, qui va aller travailler comme préposé? C'est-à-dire que même des gens qui découpaient des carcasses chez Olymel vont aller travailler comme préposés? Qu'est-ce que...

M. Derraji : Bien, le risque, il est là. Moi, mon rôle aujourd'hui, c'est dire : Écoutez, est-ce que le gouvernement, dans sa planification, a pris en considération qu'il y aura d'autres effets sur d'autres secteurs d'activité? La pénurie de main-d'oeuvre frappe plusieurs secteurs d'activité. Ça, je n'ai pas besoin de vous le démontrer aujourd'hui, vous le faites mieux que nous. À chaque jour, il y a des articles qui parlent d'une pénurie de main-d'oeuvre depuis plusieurs mois. Donc, ça, c'est un fait. Donc, ce qu'on dit, c'est que : Est-ce que le gouvernement, dans sa planification, a pris en considération cela?

M. Bergeron (Patrice) : Mais est-ce que ce n'est pas, dans un contexte de libre marché, à ces entreprises-là d'offrir des salaires compétitifs? Parce que c'est comme s'il ne fallait pas donner de bonnes conditions à des préposés parce que ça risquerait de nuire au secteur privé. Ce n'est pas au secteur privé aussi de faire un effort sur le plan salarial?

M. Derraji : En fait, c'est une très bonne question. Dans une société de libre marché, le problème que j'ai, c'est que j'ai des entreprises qui peinent à trouver de la main-d'oeuvre dans un contexte où plusieurs vols n'opèrent plus. Il y a des entreprises qui cherchent encore des soudeurs, dans la région de Lévis, qui attendent qu'il y ait des vols qui s'ouvrent entre la Tunisie et le Québec, qui ne peuvent pas recruter. Il y a des entreprises en agroalimentaire qui ont rajouté sur la table l'après-COVID.

Je dis juste que le gouvernement ne doit pas répondre à une problématique pour éviter d'en créer d'autres, mais d'avoir un plan global. On ne peut pas juste avoir le focus sur un seul problème. Il y a énormément de problématiques liées à l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre. Et je tiens à le rappeler que cet enjeu n'a pas été pris au sérieux par le gouvernement depuis le début de leur mandat.

M. Lacroix (Louis) : C'est une fausse bonne idée, vous trouvez, cette prime, en fait, ce programme-là?

M. Derraji : L'idée, elle est bonne, de... un changement de réflexion au niveau du ministère de l'Immigration, que dire : Finalement, probablement, la solution, c'est aller chercher des gens d'ailleurs, 500 personnes, comme projet pilote. Mais je tiens à le rappeler qu'il n'y a même pas une année, il a déchiqueté 18 000 dossiers et il a baissé les seuils d'immigration. C'est une contradiction entre le discours que le ministre de l'Immigration tenait il y a une année et le discours d'aujourd'hui. Ça, c'est le premier point.

Le deuxième point, il n'y a même pas une semaine, il a refusé une de mes motions, qui demandait de régulariser la situation de ces demandeurs d'asile. Est-ce qu'aujourd'hui, en se levant le matin, le ministre de l'Immigration s'est enfin dit que, voilà, la solution, ça passe par l'immigration? C'est ça que je questionne maintenant le ministère de l'Immigration.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Il a vu la lumière, peut-être, non?

M. Lacroix (Louis) : Oui, mais vous devriez être content qu'il ait vu la lumière.

M. Derraji : Probablement, il a vu la lumière. À force de répéter que la question des seuils est une mauvaise idée... Probablement que les demandeurs d'asile, c'est une très bonne idée. Pour moi, le plus important, aujourd'hui, c'est qu'on doit répondre d'une manière très urgente aux besoins des aînés au niveau des CHSLD. Le besoin, il est criant. Malheureusement, c'est trop tard. Parce que le gouvernement, il aurait dû prendre le temps, il y a une année, et de ne pas avoir une vision très court terme. Un gouvernement, ça planifie sur un, deux, trois ans, pas à quelques mois, pas à quelques semaines. Former 10 000 travailleurs en trois mois, là, bonne chance. J'aimerais bien voir le plan du gouvernement pour avoir 10 000 personnes, en tant que PAB, d'ici septembre. Quand on a eu le débat sur la loi n° 9, vous étiez là.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que vous... Moi, j'ai une question.

M. Derraji : Oui.

M. Lacroix (Louis) : Parce qu'une formation de préposé aux bénéficiaires normale, ça tourne autour de 800 quelques heures, je pense. Là, on va former des PAB de façon expresse, en 300 heures à peu près, puis on va leur donner le même salaire que ceux qui ont été formés à 800 heures. Est-ce qu'on n'est pas en train de créer deux classes d'employés, en fait, qui vont avoir le même salaire, mais qui n'auront pas nécessairement la même formation?

M. Derraji : Bien, vous posez de très bonnes questions, mais je pense que je suis la bonne… la mauvaise personne à répondre. C'est au gouvernement de répondre à cette question.

M. Lacroix (Louis) : Oui, mais je vous demande votre avis.

M. Derraji : Moi, j'analyse ce que…

M. Lacroix (Louis) : Vous l'avez fait, vous, le travail, pendant deux semaines, là. Vous savez de quoi il est question.

M. Derraji : Le travail, il est très difficile, je vous le dis, là, il est très difficile. Moi, le truc le plus difficile, c'est émotionnel, ce n'est pas physique. Je traîne encore… je fais de l'insomnie encore. C'est très difficile, c'est très émotif. Ce n'est pas uniquement physique.

M. Laforest (Alain) : Vous dites quoi aux gens qui vont peut-être être tentés d'aller vers ça et le faire, là? Vous, vous l'avez vécu sur une courte période, vous n'étiez pas formé, vous avez décidé d'aller là par élan du cœur. Vous leur dites quoi? Qu'est-ce qui va vous arriver là-bas, là?

M. Derraji : Vous l'avez très bien dit, c'est l'appel du cœur. Il faut être vraiment passionné pour pouvoir vouloir travailler auprès des personnes aînées. C'est une mission noble. Moi, quand je me baladais sur les étages, j'avais l'impression de nourrir un membre de ma famille. Je me rappelle, j'ai des noms que je peux vous partager, et les noms sonnent encore dans ma tête. Parce que ces gens dépendent de nous pour leur donner à boire, pour les hydrater, pour leur ramener un jus d'orange, pour leur ramener un verre d'eau, de faire la tournée pour leur dire : Est-ce que ça va bien?, avez-vous besoin de quelque chose? Quand je vous dis : C'est des passionnés, ces gens qui travaillent, oui, ils méritent ce salaire. Je ne dis pas le contraire parce que c'est des longues heures de travail debout, pas sur une chaise, pas dans un bureau, c'est debout, huit heures debout.

J'ai fait des quarts de travail de 3 heures à 23 heures. Croyez-moi, en rentrant chez moi, j'ai le goût juste de prendre ma douche, ne pas serrer dans mes bras mes enfants ni parler à ma femme et dormi sur-le-champ. Et je l'ai fait 15 jours. Pensez-vous à ces gens qui doivent continuer à le faire sans vacances? C'est ça, l'état où nous avons aujourd'hui, plus le contexte de la pénurie, plus le contexte de la rareté. Plus, il y a beaucoup d'idées qui circulent. Regardez, quand on voit un collègue qui décède à cause de la COVID, ce n'est pas rassurant. La peur, elle est installée. C'est ce que j'ai vécu moi-même sur les étages. Les gens ne savaient pas qui j'étais. C'est le dernier jour où ils savaient que j'étais élu.

M. Lacroix (Louis) : C'est plus difficile qu'un job de député, M. Derraji?

M. Derraji : J'ai toujours été élevé que chacun de nous sert sa société, qu'on soit journaliste, qu'on soit député, qu'on soit PAB. C'est ces valeurs qui doivent tous nous animer en tant qu'individus et en tant que citoyens.

M. Lacroix (Louis) : Et vous avez vu les deux côtés de la médaille, vous êtes allé… vous avez côtoyé jusqu'à un certain point, comment dire, la détresse humaine, là, dans les endroits où vous étiez. Vous comparez avec votre travail aujourd'hui de député, qui est important, vous êtes législateur, vous avez les moyens de changer les choses. Comment vous comparez… Est-ce que ça vous fait mieux apprécier le travail des PAB et le fait qu'ils sont mal payés?

M. Derraji : J'ai toujours apprécié le travail de nos professionnels de la santé parce que j'ai travaillé dans le système pharmaceutique ou santé pendant plus de 15 ans. Je sais que c'est une chaîne, le système de santé. Un PAB, un médecin, une infirmière auxiliaire, une infirmière clinicienne, c'est une chaîne. Si tu brises cette chaîne, c'est ton système qui est brisé. Je rajoute les gestionnaires, je rajoute les CIUSSS, les CISSS. Donc, tout le réseau, c'est une chaîne. C'est très important ce qu'ils font.

Si je peux faire le parallèle, écoutez, moi, la chose qui m'a le plus affecté, c'est le côté émotionnel. J'ai été très mal à l'aise, les premiers jours, sachant que j'étais un peu... je savais qu'est-ce que je vais faire. Mais ça me cherche encore. Parce que j'ai des paroles de personnes qui ne comprenaient pas la politique. Ce n'est pas des gens... Les gens, les patients qui sont dans leur résidence sont probablement déconnectés de ce qui se fait ailleurs. Et je me dis : Est-ce que c'est le moment de répondre à ces gens ou de continuer à faire abstraction à des problématiques que ces gens vivent? Ces gens veulent juste qu'on prenne soin d'eux. Et la plupart de ces personnes, elles ont contribué au Québec que nous avons aujourd'hui.

Le parallèle avec le travail de député, bien, parfois, ça nous arrive aussi de rencontrer des gens qui souffrent et ça nous touche. Mais, je dirais, j'étais extrêmement touché quand j'étais en contact avec ces aînés.

M. Laforest (Alain) : Quand vous êtes sorti de là, la dernière journée, là, la première chose que vous vous êtes dite : Quand je vais rentrer à l'Assemblée nationale... C'est quoi qu'il faut qui change?

M. Derraji : Je l'ai dit dans mon carnet de préposé aux bénéficiaires, que j'ai partagé sur Twitter, c'est que je vais surveiller dorénavant toute politique publique qui touche les aînés, et la santé publique, et la santé en général. On ne peut plus, on n'a plus le droit de ne pas voir le côté humain derrière toute politique publique. Les politiques publiques doivent être là pour venir en aide aux plus vulnérables. Nos aînés ont besoin de nous. Les aînés qu'on traite aujourd'hui, c'est moi dans 20, 30, 40, 50 ans, c'est vous aussi. Est-ce qu'on veut avoir le même traitement qu'on réserve en 2020 à nos aînés dans un avenir proche? Le Québec est une société vieillissante, les besoins sont énormes pour nos aînés. C'est le moment de faire des politiques publiques qui répondent aux besoins des populations vulnérables, en premier lieu nos aînés.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Comment vous avez réagi, hier soir, lorsque vous avez appris du gouvernement fédéral qu'il ne pourra pas maintenir le déploiement actuel de soldats dans les CHSLD jusqu'au mois d'octobre comme l'a demandé le premier ministre Legault?

M. Derraji : Bien, écoutez, c'est une décision qui revient au fédéral par rapport au déploiement. La seule chose que je demande, c'est une compréhension de notre réalité. Je ne pense pas que c'est le moment de laisser tomber nos aînés. Encore une fois, ce n'est pas des gens qui ont choisi ça, il faut faire très attention. Mais, en contrepartie, je responsabilise le gouvernement du Québec de trouver d'une manière très urgente des solutions d'une manière permanente, et non pas toujours dépendre de l'armée. L'armée n'est pas là pour venir en aide uniquement dans les CHSLD, ce n'est pas la mission première de l'armée. Ils sont venus pour dépanner pendant un moment, mais ce dépannage pendant quelques mois, ce n'est pas une solution permanente. C'est le moment de mettre de côté certaines considérations et dire : Écoutez, c'est quoi, la meilleure solution pour venir en aide aux besoins criants? 10 000 postes, là, ça, c'est juste la santé, si je suis ce que le premier ministre dit. Il y a d'autres secteurs aussi qui souffrent.

M. Gagnon (Marc-André) : Une question plus personnelle. Vous êtes bien au fait de la situation de la pandémie, là, actuelle. Vous, cet été, est-ce que vous iriez, par exemple, en Gaspésie camper ou louer un chalet?

M. Derraji : Bon. En tant que... je vais dire que je vais mettre mon chapeau de santé publique. Il faut être très prudent, très prudent. Un, il faut suivre les règles de la Santé publique. Les règles de la Santé publique, c'est quoi? Le lavage des mains, la distanciation et porter le masque. L'autre côté qui me préoccupe le plus, c'est l'avenir de nos régions. Il y a des régions qui dépendent du tourisme. Donc, c'est une balance qu'on doit avoir. Oui, suivre les règles de la Santé publique, mais il ne faut pas oublier qu'on ne peut pas tourner le dos aux régions, s'il n'y a pas un plan gouvernemental d'aide à l'industrie hôtelière, au tourisme, aux restaurateurs, aux bars. Donc, oui, il y a un risque sanitaire, mais il ne faut pas oublier qu'il y a un autre risque économique grave pour nos régions.

M. Bergeron (Patrice) : Qu'est-ce que vous dites, d'abord, au Dr Massé qui disait hier : Faites du tourisme de proximité? Proximité... La Gaspésie, ce n'est pas tout à fait à côté de Montréal.

M. Derraji : Écoutez, Dr Massé, probablement, a ses raisons de dire... pour éviter que les gens propagent le virus dans plusieurs régions. Le Québec, il est grand, il y a beaucoup d'opportunités. Mais encore une fois la question que je ramène sur la table : C'est quoi, le plan B pour ces régions? C'est au gouvernement de dire comment il va venir en aide à ces régions. Est-ce qu'on accepte que ces régions ferment et passent une saison à sec, qu'il n'y ait pas de revenus pour eux?

Je le dis encore une fois, je ne suis pas contre les mesures sanitaires. Il faut respecter les mesures sanitaires, il faut respecter, suivre le plan de la Santé publique. Mais là il y a un autre problème, il y a un autre enjeu économique. C'est des milliers d'emplois, c'est des milliers de familles qui dépendent du tourisme. Donc, il faut que le gouvernement se réveille et mette un plan pour répondre aux régions.

Le Modérateur : Questions en anglais.

Mme Senay (Cathy) : Yes. I'd like to know, Mr. Derraji, when you think about your experience volunteering in CHSLDs, what comes to your mind as a matter of images, as a matter of feelings?

M. Derraji : It's very hard to work as a PAB in a CHSLD, it's tough and it's emotional. It's not only about doing the job. Caring about our elderlies, it's something very interesting for me, but for everyone involved. And, for everyone, they choose to work as a PAB. But it's very hard emotionally.

Mme Senay (Cathy) : When you finished this experience, you said that you really wanted to work on, at the National Assembly, to improve conditions, living conditions for seniors and their health, basically. What do you think about the Government trying… making lots of appeals for help in CHSLDs and now trying to get immigrants? Do you have the impression that there's too much improvisation, or it's the right way to do?

M. Derraji : I think it's a lot of improvisation. The first one… the first thing... And my colleague André Fortin, yes, this week, he asked the Government to go for a new… the bill regarding the ratios, «projet ratios», and…

Mme Senay (Cathy) : Yes. No, but there is not enough staff, so do you have an impression that the Government is in the right direction to, basically, have this recruiting campaign, have immigrants becoming orderlies, this pilot project that will be announced at 11:30?

M. Derraji : Yes. Because you asked me two questions. The first question is about what I feel after my experience at the CHSLD. The first one is: we have less staff, less workers inside the CHSLDs. It's not only in CHSLD Herron, but for all of the CHLSDs. And, as you said about improvisation, that we don't have more workers to do this job. So, after one year, I remember the Bill 9, and the Government, they said they will reduce immigration by 10,000 the first year and they closed the files of 18,000 immigrants.

So, today, the Minister of Immigration came, and he said : Listen, I will do a pilot project, I will go outside to bring 500 PABs. Like, last year, we said that it's urgent to have an answer to our big problem in Québec regarding workers. It's not only in health, but in other aspects of our society. And the answer, it was: We close the 18,000 and we will reduce immigration. So, for me, today is the perfect example of a government of improvisation. We say it in French, «un gouvernement brouillon». I don't know how can I say it in English, but «pour moi», it's like a «gouvernement brouillon».

Mme Senay (Cathy) : And is it realistic to bring immigrants now, in the pandemic?

M. Derraji : I will ask the Minister of Immigration how he will do it. So, he will bring 500? From where? And they should be PAB or we should pay for them the training? So, for me, it's not the right answer for the problem that we are facing now. Maybe, last year, he had the possibility to do it, but today it's too late.

M. Verville (Jean-Vincent) : How realistic is it for the Government to hire 10,000 long-term health workers before September?

M. Derraji : The first one, to find these 10,000, second one, to do the training of 300 or 900 hours of training, I think it's a big challenge. And I wish him good luck because we need these workers for our health system.

M. Verville (Jean-Vincent) : Do you think it's possible?

M. Derraji : I have a big... a lot of questions. I will wait for the plan. He said that the Government has a plan. I will wait for the plan.

M. Verville (Jean-Vincent) : What would be your suggestion?

M. Derraji : With the answer that the Minister of Immigration brings today, I don't think so that it's realistic.

Le Modérateur : Thank you. Merci.

(Fin à 9 h 13)

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