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Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, et M. Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition officielle en matière de PME et d’innovation

Version finale

Thursday, May 28, 2020, 11 h 28

Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-huit minutes)

Mme Anglade : Bon, alors, bonjour, bonjour. On réagit ici à la période de questions que nous avons eue aujourd'hui. À deux reprises... à quatre reprises, nous avons posé des questions sur l'économie du Québec et à deux reprises, le premier ministre du Québec ne s'est pas levé pour répondre aux questions en matière économique de la part des entrepreneurs. Je trouve ça particulièrement surprenant. Ça fait maintenant des semaines que l'on demande des aides directes pour les entreprises du Québec et qu'il n'y a pas de mouvement de la part de ce gouvernement. On voit d'autres gouvernements agir, que ce soit la Colombie-Britannique, l'Ontario, le Manitoba, et ce n'est pas le cas pour le gouvernement du Québec.

Alors, particulièrement surprise également de constater que la réponse du premier ministre a été de nous parler du fédéral. Je ne pensais qu'on déléguerait l'économie du Québec au fédéral. Je pense que c'est la responsabilité du gouvernement du Québec d'agir et d'aider ses entreprises et c'est ce à quoi je m'attendais comme proposition aujourd'hui de la part du gouvernement. Ce n'est clairement pas ce qu'ils ont répondu à la période des questions.

M. Chouinard (Tommy) : Si vous demandez, vous réclamez une aide directe aux petites entreprises en particulièrement, là, je crois...

Mme Anglade : Oui.

M. Chouinard (Tommy) : ...bon, c'est parce que vous constatez que parmi les programmes annoncés jusqu'ici, autant à Québec qu'à Ottawa, là, on en échappe. C'est ça?

Mme Anglade : On en échappe...

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que vous avez des exemples de situations...

Mme Anglade : Absolument, puis il y a plusieurs entreprises aujourd'hui qui estiment ne pas pouvoir fonctionner parce qu'elles n'ont pas de liquidités. L'enjeu prioritaire des entreprises, c'est les liquidités. Ce qu'il y a de disponible aujourd'hui au Québec, ce sont des prêts ou des garanties de prêts. Il n'y a pas de programmes spécifiques pour répondre à ça.

L'autre enjeu que l'on connaît, c'est les entreprises qui doivent maintenant réouvrir, ça coûte extrêmement cher d'aller chercher le matériel pour respecter les normes sanitaires et, conséquemment, elles n'ont pas les moyens de le faire et là, elles se disent : Est-ce que je vais être prête à le faire ou est-ce que je vais devoir déclarer faillite? C'est exactement là que l'on est.

Si vous voulez des exemples concrets, vous avez vu les grandes entreprises, les grandes chaînes, que ce soit Aldo ou que ce soit Lolë, déclarer, donc, qu'elles sont, donc, en difficulté, c'est la même chose pour les plus petites à leur échelle, et ça, c'est partout, dans toutes les régions du Québec. Les dernières statistiques qui sont sorties montrent qu'il y a un impact considérable dans certaines régions, notamment le Lac-Saint-Jean... le Saguenay—Lac-Saint-Jean, Lanaudière, les Laurentides. Donc on voit des résultats, on voit des conséquences directes du fait qu'il n'y ait pas de mécanisme. Et je pense qu'il va falloir qu'on considère un fonds du gouvernement pour accompagner les entreprises dans l'urgence sanitaire.

M. Chouinard (Tommy) : O.K. Donc, ce fonds-là... Est-ce que vous êtes capable de définir un peu plus ce que vous demandez exactement? Est-ce que c'est en fonction de la taille, du nombre d'employés, de la masse salariale? Comment ça fonctionnerait ce que vous imaginez, là?

Mme Anglade : Ce qu'on imaginerait... C'est parce que de la manière dont ça fonctionnerait, on imaginerait que ça sera en fonction des dépenses associées à l'entreprise. Il y a des entreprises qui vont avoir beaucoup de dépenses pour aller mettre... acheter le plexiglas, revoir leur chaîne de fabrication. Donc, dépendant des entreprises, il va y avoir des montants associés à ça. Donc, ce que l'on veut faire, c'est proposer un fonds. Mais, même avant de dire ça, même avant d'arriver à ce fonds-là, il y a plusieurs mesures, depuis quatre.... depuis huit semaines, que l'on propose au gouvernement pour donner plus de liquidités, qui n'ont jamais été mises en place. Là, on est rendus à une étape où on va se retrouver avec plusieurs faillites si on n'agit pas aujourd'hui.

M. Chouinard (Tommy) : Quelle est, selon vous, la solution pour éviter l'exode de préposés du secteur... privé, pardon, vers le secteur public en raison des nouvelles conditions annoncées par le gouvernement?

Mme Anglade : Je pense que c'est une très bonne question. Je ne sais pas si, Monsef, tu veux réagir par rapport à ça, parce qu'on l'a soulevé également au niveau économique.

M. Chouinard (Tommy) : ...comme cheffe, quand même.

Mme Anglade : Bien sûr. Depuis le départ, je pense qu'il n'y a pas des comparaisons qui ont été faites, et je ne peux pas vous dire exactement comment est-ce qu'on va être capables d'éviter la situation, mais il est évident que le travail initial n'a pas été fait. On nous a présenté la situation puis on n'a pas évalué qui pouvait partir d'un endroit à l'autre, puis ça pouvait provoquer un exode. Donc, le plan nous est présenté sans même qu'il n'y ait cette analyse qui ait été faite.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce qu'il faudrait décréter un plancher salarial pour les préposés du privé ou est-ce qu'il faudrait, je ne sais pas, moi, rendre permanente la prime COVID de 4 $ l'heure? Qu'est-ce qui...

Mme Anglade : Je n'ai pas... je ne peux pas vous répondre directement à cette question-là présentement parce qu'on est en train de justement d'avoir des conversations par rapport à ça. Ce qui est clair, encore une fois, c'est que dans les... toutes ces mesures-là n'ont pas été mises de l'avant.

Je reviens, par contre, encore à la question des ratios par rapport aux propositions qui ont été faites, ce que je ne comprends pas, c'est qu'on ne soit pas capable de dire que, dans les endroits où nous avons des enjeux très spécifiques, des CHSLD qui ont été étudiés et où on sait qu'on a des grands problèmes, pourquoi est-ce qu'on n'est pas capable de réappliquer les projets pilotes dans ces CHSLD là pour réduire la pression au niveau des...

M. Chouinard (Tommy) : ...capable de les appliquer, les ratios, si...

Mme Anglade : Si on les cible, si on cible par secteur les CHSLD qui ont des difficultés, à ce moment-là, le même projet ratio peut être appliqué dans... pour ces endroits-là. Là, ce qu'on essaie de faire, c'est quelque chose qui est très large. On dit : Ah! on va recruter plein de personnes. Mais on a des enjeux très spécifiques auxquels on devrait répondre. Et plus on va aller dans les projets ratios que l'on capable de tester, plus on va être capable d'aller stimuler aussi une demande.

M. Chouinard (Tommy) : Mais il y a un point où... oui, oui, allez-y.

M. Derraji : En fait, c'est pour répondre à votre question, moi, ce qui me vient à l'esprit aujourd'hui, c'est l'improvisation du gouvernement. Je vous explique c'est quoi l'improvisation. C'est que, pour faire face à cette pénurie de main-d'œuvre, qui est devenue un fait, ce n'est plus du «fake news», c'est une réalité. Le gouvernement essaie de trouver des solutions. La solution que le gouvernement a mise sur la table hier, c'est techniquement, on est rendus là, qu'il va y avoir un mouvement de personnel, pas uniquement du privé vers le secteur public. Hier, j'ai interpellé... j'ai reçu des appels, mais d'autres secteurs d'activité. Quand le gouvernement met sur la table une formation payante et à des conditions salariales à 26 $, c'est normal. Il fallait s'attendre que ça va créer un mouvement au niveau de la société, sachant qu'il y a d'autres secteurs d'activité où le Québec vit une pénurie de main-d'œuvre, une exacerbation de la pénurie de main-d'œuvre.

Donc, c'est ça, le constat, maintenant. C'est que le gouvernement, au lieu de faire un plan clair et être prêt avant d'annoncer des mesures, bien, on voit l'effet brouillon, on voit de l'improvisation et des mesures non bâclées, et c'est normal que vous avez ce genre de questionnement. Bien, moi, hier, j'ai reçu des appels d'entrepreneurs, que leur salaire qu'ils offrent à certains employés, c'est autour de 20 $, 22 $, rien que sur la Rive-Sud de Montréal. Donc, il fallait s'attendre... le gouvernement n'était pas prêt, il voulait pallier à un problème instantané avec une vision uniquement très court terme. On le dit depuis le début, il y a un effet d'absence et de rareté de main-d'œuvre, et ça s'amplifie avec la COVID.

Je peux revenir par rapport à votre question sur les PME?

M. Chouinard (Tommy) : Oui.

M. Derraji : Oui. Comme ma collègue l'a mentionné au début... notre cheffe l'a mentionné au début, la situation, elle est très problématique. C'est qu'aujourd'hui, nous avons en face de nous un blocage au niveau de la restauration et les bars. Donc, les restaurateurs étaient sur la rue, hier, pour manifester. Pourquoi? Parce que le gouvernement pense que la même façon avec laquelle il a mis une stratégie en place pour ouvrir les autres secteurs d'activité, c'est la même chose pour la restauration et les bars. Or... que ce n'est pas du tout vrai. La restauration, déjà, vivait des problématiques. Rareté de main-d'œuvre, on le voyait, beaucoup de restaurants qui n'arrivaient pas à trouver de la main-d'œuvre. Deux, les frais de fonctionnement. Trois, la marge bénéficiaire, elle est très minime. Et on leur demande de s'adapter aux nouvelles règles de la CNESST, il n'y a pas assez d'agents de la CNESST pour les accompagner, pour mettre en place les bonnes pratiques. Ils doivent rassurer leurs employés, ils doivent acheter le matériel sanitaire. Pour une petite unité, bien, ça varie entre 5 000 $ et 10 000 $. Qui a les moyens aujourd'hui pour acheter, sans les frais courants, du matériel sanitaire pour équiper sa PME ou son restaurant?

Rajoutez sur ça que depuis le mois de mars, ils n'ont plus de revenus : mars, avril, mai, juin et on tend vers juillet. Et on leur demande d'ouvrir, d'acheter de la matière première et fonctionner à capacité réduite, ils ne peuvent pas revenir à 100 %, et avec une baisse d'achalandage. C'est pour cela qu'aujourd'hui nous questionnons le gouvernement s'il prend vraiment au sérieux le secteur de la restauration, des bars et l'hôtellerie.

M. Chouinard (Tommy) : Mme Anglade, peut-être sur deux autres éléments. Ottawa a envoyé le signal, et là je ne sais pas s'il y a eu une mise à jour depuis, mais en tout cas, ça semble... il semble que ça ne sera pas possible de prolonger la mission des militaires dans les CHSLD du Québec, de la même façon, jusqu'au 15 septembre. Est-ce que c'est une réaction qui vous déçoit ou vous comprenez la position du fédéral dans cette...

Mme Anglade : Bien, c'est sûr qu'on aimerait... c'est sûr qu'on veut avoir le soutien le plus longtemps possible parce qu'on sait qu'on a des enjeux en matière de pénurie. Donc, tout ce qu'on est capables de faire pour avoir... Puis c'est nous qui avions initialement demandé à ce que l'armée vienne pour qu'ils amènent un soutien. Donc, tout ce que le fédéral est en mesure de faire pour poursuivre, c'est sûr que ça ne peut qu'aider à ce moment-ci.

Je reviens encore, c'est la même question par rapport au projet de dire qu'on va aller chercher 10 000 personnes alors qu'il n'y a pas véritablement de plan de match pour le faire, alors qu'on refuse d'essayer de voir de quelle manière bonifier des conditions pour vraiment être attractif. Ça, c'est véritablement un enjeu. Donc, on ne veut pas se retrouver à la fin, à dire : Bien, on n'a pas été capables parce qu'on n'a pas mis les ratios en place. C'est un peu la poule ou l'oeuf, mais ça nous apparaît essentiel d'aller tester ces questions de ratios sur le terrain.

M. Chouinard (Tommy) : Vous avez un député qui, un peu plus tôt, a dénoncé la confusion du gouvernement quant à la réouverture, là, de l'industrie touristique, les campings, puis tout ça, sur les déplacements, le fait qu'au fond on essaie de... D'un côté, la Santé publique dit : Il ne faut pas trop se déplacer entre les régions puis, de l'autre, la ministre dit : Bien oui, bien, dans une certaine mesure. Mais c'est quoi votre position? Qu'est-ce que...

Mme Anglade : On veut toujours respecter la Santé... On va toujours respecter ce que dit la Santé publique. Ce que l'on pose comme question, c'est de savoir : Pourquoi il y a de la confusion dans les messages qui sont envoyés? Est-ce que oui ou non, on est capables... on doit rester dans notre région? Est-ce que, si on déplace, il y a des règles à appliquer? Et les deux discours n'étaient pas identiques.

Alors, ce que l'on souhaite, c'est de la clarté par rapport aux positions qui sont présentées, puis je pense que ce à quoi faisait référence mon collègue, c'est, justement, la confusion qui a régné dans les annonces qui ont été présentées.

M. Chouinard (Tommy) : Mais vous vous attendez à quoi? À ce que la Santé publique, qu'ils disent véritablement c'est quoi la position, disons, d'un point de vue sanitaire, là...

Mme Anglade : D'un point de vue sanitaire, il faut qu'on soit capables de dire exactement ce qui est attendu. Est-ce que les gens doivent rester spécifiquement dans leur région et ne pas bouger d'un point de vue touristique? Est-ce qu'ils peuvent se déplacer dans une autre région? S'ils se déplacent dans une autre région, quelles sont les règles qui sont associées à ça? Et, dans un cas, il y avait des règles qui ont été dictées qui disaient que si tu allais dans une autre région, il fallait rester en confinement, il fallait faire un certain nombre de choses, et dans l'autre cas, on nous disait : Non, il va falloir que vous restiez dans vos régions. Que nous dit la Santé publique pour pouvoir procéder cet été?

M. Chouinard (Tommy) : Selon vous, est-ce qu'il faut être prudent au maximum, dans le contexte actuel, ou est-ce qu'il faudrait laisser aller, là, par exemple, les Montréalais confinés quand même depuis un bout de temps...

Mme Anglade : Bien, je pense que la prudence est de mise. La prudence est de mise. On est dans une situation où on a vu qu'il y avait des décisions qui avaient été prises. Regardez simplement, juste aujourd'hui, encore une fois, dans les CHSLD, la confusion qui règne sur le fait que... est-ce que les gens sont testés, pas testés, qui devrait être testé, est-ce que c'est tous les employés qui devraient être testés, ne pas l'être? Encore une fois, la ministre n'a pas été capable de répondre en Chambre aujourd'hui. Donc, il reste encore passablement de confusion, il va falloir le clarifier. Donc, prudence dans ces cas-là.

M. Chouinard (Tommy) : O.K. Merci.

Mme Anglade : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 40)

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