(Neuf heures quarante-quatre minutes)
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pourrais peut-être faire un petit énoncé d'ouverture. Alors, nous avons eu les
chiffres d'emploi ce matin. Ce sont des bons chiffres, qui reflètent le
déconfinement au mois de mai. Alors, il s'est créé 230 000 emplois. Près
de la moitié de ces emplois-là sont en construction, dans le secteur
manufacturier, il y a près de 100 000 emplois dans la région de
Montréal. En fait, pour vous donner l'ordre de grandeur, on a repris 30 %
des emplois qui étaient perdus au mois de mars et au mois d'avril.
Il y a toujours plus de 500 000 personnes
qui travaillaient, au mois de février, qui ne travaillent pas présentement. Et
donc on a toujours du travail à faire pour aider ces gens-là, relancer
l'économie, et on va continuer de travailler là-dessus. Mais dans l'ensemble,
aujourd'hui, des bons chiffres qui reflètent le déconfinement qui est en cours.
Mme Crête (Mylène) :Par rapport au taux de chômage, là, puis le programme de
stimulus économique avec le projet de loi n° 61, avez-vous une idée de
projection de combien de points de pourcentage ça pourrait faire baisser le
taux?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense que ce qu'on a parlé, lorsqu'on a indiqué qu'on voulait accélérer les
infrastructures de 3 milliards de dollars cette année... puis on n'a pas
donné de chiffre pour l'an prochain, mais si on gardait le même ordre de grandeur,
ça représente 0,3 % du PIB. Alors, si, par exemple, cette année, nous
étions en baisse de 5,3 %, bien, l'effet du 3 milliards
supplémentaire nous ramènerait à moins 5 %.
Mme Crête (Mylène) :
…le taux de chômage, est-ce que vous l'avez?
M. Girard (Groulx) : Bien, le
taux de chômage, c'est moins précis, là. Ça dépend si ce sont des gens qui
travaillaient ailleurs, ou etc., mais clairement le secteur de la construction
est un secteur qui emploie beaucoup d'employés. Une des choses qu'on voit, dans
les chiffres, c'est que le secteur des biens fait beaucoup mieux que le secteur
des services. Alors, le commerce de détail, la restauration, l'industrie
touristique sont des endroits où il y a eu énormément de pertes d'emploi, et
puis on en est conscients, de ça.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Girard, concernant les pertes d'emploi chez Bombardier, j'imagine, ça doit vous
préoccuper. Est-ce que ce n'est pas encore, une fois de plus, là, la preuve que
le gouvernement du Québec n'a pas demandé assez de garanties — là, je
comprends qu'il y a la COVID, là, mais à l'époque où on a donné 1,3 milliard
de dollars à cette entreprise-là — qu'il n'y a pas assez de garanties
qui ont été exigées de la part de l'État?
M. Girard (Groulx) : D'abord,
c'est certain que nos pensées vont avec les travailleurs. Ce n'est pas des
bonnes nouvelles pour personne. Le secteur, vous dites... excluant la COVID. Mais
je pense que c'est clair que le secteur de l'aviation est directement touché
par la COVID. C'est peut-être le secteur qui est le plus touché. Et moi, je
suis vraiment concentré sur l'avenir, là. L'ancienne transaction... Moi, ce que
je veux, c'est que ça fonctionne, qu'il y ait des emplois au Québec. Et, si
Bombardier a besoin d'aide supplémentaire, c'est le ministre de l'Économie qui
va regarder ça. Et moi, je suis ouvert à ça. Bombardier, c'est extrêmement important
pour le secteur de l'aéronautique.
M. Gagnon (Marc-André) : Et,
quand on voit ces pertes d'emploi et justement dans le contexte de la COVID,
est-ce que les dirigeants... n'auraient-ils pas intérêt à se garder une petite
gêne quand vient le temps d'empocher d'importants bonis?
M. Girard (Groulx) : Bien, ça,
je pense que c'est évident, là, tout le monde est d'accord avec votre point.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que le gouvernement devrait demander plus de comptes, si jamais, justement,
vous êtes ouvert à accorder une enveloppe supplémentaire à Bombardier? Est-ce
qu'il ne devrait pas y avoir une reddition de comptes plus serrée avec les
dirigeants de Bombardier?
M. Girard (Groulx) : Écoutez,
vous me posez beaucoup de questions qui concernent le ministre de l'Économie,
mais je peux vous dire que j'ai vu la façon que la transaction pour le Cirque
du Soleil est structurée par mon collègue de l'Économie, et je vous confirme
qu'il est très au fait de ces questions. Moi, mon rôle, en tant que ministre
des Finances, c'est de m'assurer, lorsqu'il y a des prêts aux entreprises, que
l'argent est là. Dans le cas du Cirque du Soleil, 280 millions canadiens,
200 millions US, les conditions qui ont été attachées à ce prêt-là par le ministre
de l'Économie, c'est excellent, du travail bien fait. Et je m'attends à ce qu'il
y ait une aide pour Bombardier, que ce soit dans le même ordre d'idées.
Mme Lévesque (Fanny) :
M. Fitzgibbon avait dit pendant la crise, au début, là, de Bombardier,
avant la COVID, qu'il s'était même presque engagé… ou dire : Il va falloir
que ces gens-là fassent leurs comptes aux Québécois à un moment donné. Là, on a
une nouvelle crise, nouvelle chose... Est-ce que vous aimeriez les entendre,
comprendre qu'est-ce qui s'est passé, qu'est-ce qui se passe depuis la COVID,
où est allé l'argent, pourquoi on se retrouve encore dans une situation comme
ça?
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense que même eux… Et, vous savez, il y a nouvelle direction, chez Bombardier,
puis je pense qu'ils sont conscients de ça. Alors, on travaille beaucoup en
équipe. J'ai énormément confiance que le ministre de l'Économie, s'il y a une
aide qui est faite à Bombardier, il y aura des conditions au bénéfice de tous
les Québécois là-dedans. Bombardier, c'est un donneur d'ordres important pour
l'industrie aéronautique, à Montréal, c'est une bonne compagnie, on veut les aider.
M. Lavallée (Hugo) : Vous
voulez dire que vous êtes content… Vous étiez avec M. Dubé, un peu plus tôt
cette semaine, lors du dépôt du projet de loi n° 61. Bon, vous voyez les
réactions de l'opposition, là, depuis quelques jours, qui ne semble pas vouloir
approuver le projet tel qu'il est. Quel genre de compromis votre gouvernement
devrait-il faire pour permettre l'adoption?
M. Girard (Groulx) : Vous me
demandez de négocier les compris ici, là?
M. Lavallée (Hugo) : Bien
non, mais qu'est-ce que vous pourriez faire comme geste? Parce que visiblement
vous…
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense qu'un des points qui a été soulevé, là, c'est que les projets
d'infrastructure prennent du temps. On a attaché la période de deux ans aux
projets d'infrastructure, je pense, qui est raisonnable, là. Moi, depuis que je
suis élu, je n'arrête pas de dire que ça prend une voie réservée sur la 15 pour
le covoiturage, pour les autobus, pour les voitures électriques. Et c'est le
genre de chose qu'on pourrait faire. Il semble que le fait que l'urgence
sanitaire, elle, ait une échéance de deux ans, il y ait un peu un désir des
oppositions de détacher ces deux périodes de temps en ce qui concerne les
infrastructures puis l'urgence sanitaire. Je pense que c'est un compromis qui
est intéressant.
M. Bossé (Olivier) : Vous
avez l'air de trouver les chiffres de mai bons, comparés à avril, évidemment,
là, tout étant relatif. Est-ce que la reprise est meilleure ou plus vite que
vous aviez prévu?
M. Girard (Groulx) : Bien, écoutez,
tout ça, ça se passe en temps réel. On a déconfiné un peu moins vite que prévu,
dans la région de Montréal, je pense qu'on en est conscients. Là, les chiffres
sont meilleurs que ce que j'attendais ce matin. Si vous m'aviez dit :
Est-ce que, ce matin, vous pensez qu'on va récupérer 30 % des emplois qui
ont été perdus en mars et en avril?, j'aurais dit non. Et donc les chiffres
sont meilleurs. Tout ça, c'est un équilibre.
Moi, je vais prendre une photo avec les
meilleurs économistes du ministère des Finances, le 9 juin et je vais
livrer cette photo-là aux Québécois le 19, on va donner une prévision
économique du Québec mise à jour. Puis je vous rappelle que la banque du Canada
puis le gouvernement fédéral n'ont pas encore fait cet exercice. Alors, ce
n'est pas un exercice facile. On va prendre une photo le 9 juin, le 19 on
va vous livrer l'état des finances publiques 2020‑2021, l'état de
l'économie québécoise. Mais, aujourd'hui, les bonnes nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que ça vous fait croire que le déficit pourrait être moins élevé? Parce qu'on
parlait, conservateur, 14, 15 milliards, mais ça serait peut-être plus 17,
18. Est-ce que, là, avec les chiffres que vous voyez sur l'emploi, vous allez
avoir des revenus supplémentaires...
M. Girard (Groulx) : Bien,
disons...
M. Laforest (Alain) : ...un
peu moins gros?
M. Girard (Groulx) : Le
chiffre que j'ai donné, 12 à 15 milliards après contribution au Fonds des
générations, c'était l'estimé que j'ai donné avec les informations que j'avais.
Le 9 juin, je vais donner un chiffre révisé. Mais le chiffre... l'ordre de
grandeur est toujours bon.
M. Laforest (Alain) : Mais la
reprise, qui semble être plus rapide, ça peut...
M. Girard (Groulx) : Non, mais,
je vais être précis avec vous, là. Lorsque j'ai dit moins 5 % pour le PIB,
je disais vraiment moins 4 % à moins 6 %. Aujourd'hui, je serais plus
proche de moins 6 % que de moins 4 % parce que... ou que de moins
5 % parce qu'on a déconfiné plus tard à Montréal. Alors, puisque que je
suis plus proche de moins 6 % que de moins 5 %, ça affecte plus les
revenus, on est plus proches du moins 15 que du moins 12.
M. Gagnon (Marc-André) :
Mais, si la relance s'avère au-delà de vos attentes, il n'y a aura pas plus de
baisses d'impôt pour les contribuables parce qu'eux aussi ont besoin...
M. Girard (Groulx) : Bon, ça,
c'est une question très intéressante. Vous êtes vraiment à un niveau différent
des conversations que j'entends. Parce que, voyez-vous, le risque, quand qu'il
y a 12 à 15 milliards de déficits et x à y milliards de déficits au
fédéral — je leur laisse nous divulguer ce sera quoi, le chiffre — le
risque, ce sont des hausses d'impôt. Alors, moi, je m'engage à aucune hausse
d'impôt, impôt personnel, taxe de vente, impôt des corporations, il n'est pas
question d'augmenter ça au Québec. Le Québec... sont déjà des citoyens
extrêmement taxés. Des baisses d'impôt, nous nous étions engagés. Baisse de
taxe scolaire, on y va. Mais des baisses d'impôt généralisées, avec
15 milliards de déficits, c'est difficile à envisager, là.
La Modératrice
:
Dernière question en français.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...c'est quoi? C'est de faire des déficits à répétition, de baisser les
dépenses, si on ne hausse pas les impôts? Vous misez essentiellement sur la
croissance de l'économie?
M. Girard (Groulx) : Non, pas
du tout. C'est très simple. Écoutez, un plan crédible, là, lorsque vous
rencontrez des agences de notation et qui sont l'auditoire le plus difficile,
O.K., ce sont des gens principalement à New York, à Londres, qui ne connaissent
pas le Québec, et vous devez leur présenter un plan crédible, un plan crédible,
c'est un plan qui est sur un horizon de trois à cinq ans, qui a une croissance
des revenus qui est supérieure à la croissance des dépenses. Donc, si le Québec
faisait 4 % de croissance de revenus, il faudrait que les dépenses soient
autour de 3,5 %. C'est une croissance des revenus. On part avec... on
partait, avant la crise, avec une base de revenus plus élevés que de dépenses
en raison des contributions au Fonds des générations, de 3 milliards,
O.K.? Et, si la croissance des revenus est plus élevée que les dépenses, on va
nécessairement converger vers l'équilibre.
Et ce qui est important, c'est que le plan
soir crédible. Si, par exemple, vous promettez une chute des dépenses la
cinquième année puis vous ne faites rien, les quatre premières années, ce ne
sera pas crédible. Si vous prédisez une hausse des revenus exceptionnelle, la
troisième année, ce ne sera pas crédible. Tout est dans la crédibilité du plan.
C'est pour ça qu'on a un horizon trois, cinq ans, croissance des revenus
supérieure aux dépenses, niveau de dépenses raisonnable, pour que ce soit
accepté par la population. 3 %, 3,5 % de croissance de dépenses,
c'est acceptable, c'est raisonnable, avec les bons choix, avec les priorités
qui sont connues : santé, éducation, économie.
La Modératrice
:
Questions en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Mr. Girard, about Bombardier,
the cuts, the fact that they are cutting most of the jobs here, in Québec, what
was your reaction this morning when you saw this?
M. Girard
(Groulx) : Well, most of the jobs in Canada are in Québec. The head
office is in Québec. The airline industry is in a very difficult position. It's
very unfortunate, we're deeply sorry. But Bombardier is extremely important to
the cluster, in Montréal, and we will help them to go through this difficult
period.
Mme Senay
(Cathy) : But, when you see bonuses that were
given to the high ranking people at Bombardier, like the fact that some
citizens would say: How come they dare cutting jobs but then they had that
bonus?
M. Girard
(Groulx) : Well, I'm focus on the future. There's nothing I can do
about the past deal and bonuses that were paid to employees that left. We're
focus on the future. Bombardier is an important part of Montréal, the economy.
If they need help, I am convinced that the Minister of Economy will be there to
attach the right conditions to this help, just like he did for the Cirque du
Soleil. When I saw the conditions that were attached to the loan of the Cirque du Soleil, I was quite
pleased with the work that my colleague has done.
Mme Senay
(Cathy) : The unemployment rate, that is now
13.7% as oppose to 17%, is it... there is hope?
M. Girard
(Groulx) : It's very positive. We recuperated
30% of the jobs that were lost in February and March. So, very positive. We
still have work to do, more than 500,000 jobs are lost.
Mme Senay
(Cathy) : Do you have an the impression
that... right now, and for weeks, now, it's what the Government can do to help you? Basically, you have this enormous job to boost
the economy. So, what do you say to citizens? What kind of promises you can say
to citizens and businesses? With facts... to make sure that: We'll help you to
go through this... storm?
M. Girard
(Groulx) : OK. So, we're in this together. I'm
doing public service, I'm doing this for Québec businesses, Québec
people. There will be no increase in taxes, personal income taxes, provincial
sales tax, corporate taxes, there will be no increase in Québec. We are already sufficiently taxed.
Mme Senay
(Cathy) : Do you have an impression that
Bill 61, for you, it's the solution that we have to put forward A-S-A-P?
M. Girard
(Groulx) : Well, it's very helpful. I've been
talking about a... «une voie réservée», on Highway 15, since I've been
elected. People were talking to me about this when I was going door to door
during the campaign. At some point, there is to be something being done to
increase the mobility of traffic in Montréal. There is room for electric cars, buses, «covoiturage». There is no
doubt that «des voies réservées»... I'm not sure what the expression...
Mme Senay
(Cathy) : Long overdue project...
M. Girard
(Groulx) : Long overdue project for Laval, for
the North Shore, for the CMM. I mean, these things need to be done at some
point. We just can't talk about this until 2030.
Mme Senay
(Cathy) : And it's «reserved lanes», but
sometimes, my English is...
M. Girard
(Groulx) : Reserved lanes, thank you.
Mme Senay
(Cathy) : Yes, don't worry about it. So,
basically, you're saying to opposition parties to get real?
M. Girard
(Groulx) : I'm not saying anything to the
opposition parties. I'm prepared to work with them, find the right compromise
in order to help Quebeckers.
M. Authier (Philip)
: But they see the bill has a power...
M. Girard
(Groulx) : I'm sure we'll find a right
compromise. I mean, there are specific areas that they don't like, so it's time
to sit down and find out the right compromise.
Une voix
: Merci.
M. Girard
(Groulx) : Thank you very much.
(Fin à 10 heures)