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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Friday, August 14, 2020, 8 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures quarante-neuf minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. D'abord, j'aimerais dire que suite aux dernières audiences, ce matin, de la commission parlementaire sur les applications de traçage, je ferai quelques commentaires parce qu'on va laisser quand même l'exercice se terminer avant, comment dire, de fixer notre jugement définitif. Ceci étant dit, je veux revenir sur un élément qui s'est déroulé hier et qui a fait couler beaucoup d'encre, avec raison.

Hier, il y a la Commission des droits de la personne, il y a la Commission d'accès à l'information, des juristes également qui sont tous venus nous dire la même chose : le cadre juridique au Québec n'est pas approprié pour protéger les Québécois, les Québécoises des potentielles dérives liées à l'utilisation d'une telle application. Les droits et libertés des Québécois et des Québécoises vont être en danger, si on n'adopte pas de cadre juridique spécifique avant de déployer une telle application, et ça, c'est très inquiétant.

Ce n'est pas parce qu'on a manqué le bateau dans les dernières années, en refusant d'encadrer les activités des géants du Web, qu'il faut manquer le bateau une deuxième fois avec une éventuelle application de traçage pour lutter contre la pandémie. Ça nous préoccupe vivement à Québec solidaire. La vie privée, les droits et libertés, on ne devrait pas niaiser avec ça, on devrait être exemplaires, et, pour nous, il est absolument impensable qu'une telle application soit déployée sans cadre juridique spécifique pour en encadrer les potentielles dérives.

Avant de prendre vos questions, je voulais également réagir à une nouvelle qui est parue ce matin, dans les médias, au sujet de GNL Québec. Un des débats de l'automne, ce sera, sans aucun doute, la relance économique du Québec. Il y a plusieurs visions de la relance de l'économie qui vont s'affronter cet automne, ici, à l'Assemblée nationale. Et ce matin François Legault a l'occasion de démontrer qu'il est pour un développement économique du XXIe siècle.

On apprend ce matin que le projet de GNL Québec bat de l'aile, c'est le cas de le dire. En fait, il me semble clair à ce stade-ci que GNL Québec est voué à l'échec et que, sans injection massive de fonds publics, c'est un projet qui ne verra jamais le jour. Et donc François Legault aujourd'hui doit annoncer qu'il tourne le dos à ce projet-là. Il doit annoncer qu'il va proposer une alternative de développement économique au Saguenay—Lac-Saint-Jean puis à toutes les régions qui sont concernées par le projet de GNL Québec.

Depuis le début de l'été, François Legault fait le tour du Québec en nous disant qu'il veut relancer l'économie et que, si ça n'arrive pas, c'est la faute des oppositions puis c'est la faute des réglementations environnementales. La vérité, c'est que, si, l'économie au Québec, on a de la misère à la relancer, ce n'est pas à cause ni des oppositions ni des réglementations environnementales, c'est à cause des politiciens comme François Legault qui s'accrochent à un modèle de développement économique qui date des années 80. Le problème, ce n'est pas les règles environnementales, le problème, c'est les politiciens d'un autre siècle qui proposent des projets de développement économique, eux aussi, d'un autre siècle.

On n'a pas besoin, en pleine crise économique, d'une nouvelle catastrophe économique. On vient de vivre Bombardier, on vient de vivre le Cirque du Soleil, ce n'est pas le temps d'engager le Québec dans une autre catastrophe annoncée. Il faut investir intelligemment, se mettre derrière des projets d'avenir, engager des fonds publics derrière des projets de développement qui vont marcher à long terme, et GNL Québec ne remplit aucun de ces critères-là.

M. Legault, donc, aujourd'hui, doit annoncer qu'il tourne le dos à ce projet-là puis qu'il va proposer quelque chose d'intéressant et de durable pour créer des emplois en régions, notamment au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Voilà. Merci.

Le Modérateur : Y a-t-il des questions?

Mme Prince (Véronique) : Oui. Pour faire suite un peu à ce que vous dites là, François Legault va probablement revenir avec son projet de loi n° 61 pour répondre à ça. J'imagine que vous vous attendez à un bâillon peut-être cet automne là-dessus.

M. Nadeau-Dubois : François Legault a le choix. Soit il planifie une relance économique digne de 2020, centrée sur le développement durable et en collaboration avec la société québécoise, soit il impose au Québec sa vision passéiste du développement économique avec un bâillon puis des projets comme GNL Québec. C'est ça, l'alternative qu'il a.

Moi, je remarque, là, que, dans la société québécoise, le monde syndical, le monde patronal, l'ensemble des organisations de la société civile, tout le monde demande un chantier de relance de l'économie qui soit tourné vers l'avenir puis qui soit fait démocratiquement. Donc, c'est ça, le choix de François Legault : soit il passe le bulldozer pour imposer sa vision des années 80, à l'époque où il a fait le HEC, soit il travaille avec la société québécoise pour proposer des projets d'avenir. C'est son choix.

Mme Prince (Véronique) : Parce que, là, il est en tournée régionale, il s'en va chercher l'appui des maires, là, puis des préfets des MRC. C'est ça qu'il est en train de faire.

M. Nadeau-Dubois : Oui. Les ficelles de la stratégie de M. Legault sont très apparentes. Tout le monde comprend très bien ce qu'il fait. Il est en pleine tournée de propagande à travers le Québec pour mettre les élus régionaux devant une fausse alternative : Soit vous êtes pour mon projet de loi n° 61, soit vous êtes contre la relance de l'économie. Ça, c'est un faux dilemme. Et moi, je sais qu'il y a plein d'élus régionaux au Québec, plein de maires, de mairesses au Québec qui ont assez de vision pour savoir que c'est un piège puis qu'on peut relancer l'économie du Québec sans marcher sur la démocratie puis sans marcher sur l'environnement. C'est possible. Il y a plein de pays dans le monde qui le font. Si François Legault décide de passer le bulldozer sur les oppositions puis les réglementations environnementales pour relancer l'économie, moi, je pense qu'il va en payer le prix politique.

Mme Prince (Véronique) : Puis concernant l'application de suivi contacts, c'est quand même assez clair, nous, on a fait une entrevue avec Éric Caire, puis il n'est pas intéressé à faire un projet de loi avec ça parce que, selon lui, ça serait beaucoup trop long, la procédure pour finalement arriver à un encadrement. Et il pense qu'avec la deuxième vague qui s'en vient il faudrait agir plus vite, ça serait trop long, un projet de loi. Il y a-tu une possibilité, à votre avis, de mettre quand même des balises? Parce que lui, il dit : Le gouvernement en a mis, avec nos conditions, là, de pas de géolocalisation, biométrie, etc.

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas l'opinion de Québec solidaire, ici, qui compte tant que ça, hein? Hier, c'est la Commission des droits de la personne, la Commission d'accès à l'information, des juristes, des professeurs de droit qui sont venus nous dire : Sans encadrement juridique serré, une telle application, là, ça pourrait devenir discriminatoire. Pourquoi? Parce que des employeurs pourraient exiger que leurs employés la téléchargent pour venir travailler, des propriétaires pourraient exiger que leurs locataires la téléchargent pour occuper un logement. Ça, c'est des risques de dérives très sérieuses. Puis ce n'est pas de la science-fiction, ce n'est pas des théories du complot, c'est des risques documentés puis c'est les experts dans le domaine qui nous disent que ça pourrait arriver si on ne met pas des balises en place.

D'ailleurs, la Commission d'accès à l'information hier a dit : On a déjà ouvert une enquête parce qu'il y a déjà des employeurs qui utilisent des stratégies similaires à celle-là. Donc, ce n'est pas de la théorie du complot, ce n'est pas de la panique, ce n'est pas de la technophobie, c'est juste de la bonne gouvernance de ne pas lancer des technologies dans la société sans les encadrer avec des lois. On a fait cette erreur-là dans le passé, tous, avec les géants du Web, avec Facebook, avec Google, avec Apple. Répéter la même erreur plusieurs fois, là, ce n'est pas un signe d'intelligence.

Mme Prince (Véronique) : J'ai juste une dernière question. Peut-être que vous avez déjà répondu là-dessus, mais je vous la repose quand même aujourd'hui, au mois d'août, là. Est-ce qu'il y a une nécessité de rapidement mettre en place une commission d'enquête publique sur la gestion de la pandémie?

M. Nadeau-Dubois : Il faut faire la lumière sur ce qui s'est mal passé, c'est clair. Un processus de commission d'enquête, c'est une bonne idée, on ne s'y oppose pas, on est favorables à une commission d'enquête, sans nuance.

Ceci étant dit, il y a déjà certaines réponses qu'on a, là. On le sait qu'un des gros problèmes, durant la première vague, ça a été les mouvements tourbillonnants de personnel dans le réseau de la santé, et ça, c'est lié directement aux mégastructures bureaucratiques créées par Gaétan Barrette et les libéraux. On le sait, les gens sur le terrain nous le disent. On peut déjà commencer à faire des réformes. C'est cette approche-là qu'a décidé de prendre François Legault dans le cas de la DPJ, hein? Il a dit : On va lancer un processus d'enquête, mais, pendant que l'enquête se déroule, on va commencer à agir. Je pense qu'il faut faire la même chose avec la gestion de la pandémie.

Oui, lançons une commission d'enquête, aucun problème avec ça, mais commençons dès maintenant à appliquer les solutions qu'on connaît déjà : refinancer massivement la santé publique, dans laquelle les libéraux ont coupé sauvagement, décentraliser de réseau de la santé, redonner du pouvoir aux gens sur le terrain. Ça, là, on sait qu'il faut le faire. Faisons-le dès maintenant, tout en enquêtant, sans problème, sur d'autres causes de l'échec du printemps dernier.

Mme Prince (Véronique) : Ça me va.

Des voix : Merci.

(Fin à 8 h 59)

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