To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Friday, August 14, 2020, 13 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures dix-huit minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Merci d'être ici ce midi. Après trois jours, la science et le gros bon sens pointent dans la même direction, disent la même chose : les avantages des applications de traçage sont complètement incertains, mais les risques, eux, sont absolument certains. Il faut donc dire non à cette application inutile et dangereuse, c'est le seul choix responsable pour le gouvernement du Québec.

Cette semaine, on a entendu des experts en technologie numérique, des experts en cybersécurité, des experts en droit à la vie privée, et en écrasante majorité ces gens-là nous ont dit la même chose : Attention, attention, c'est une technologie fragile et inefficace, c'est une technologie qui risque de créer plus de problèmes, dans le réseau de la santé, qu'elle va en régler, et ceux qui auraient le plus besoin de cette technologie-là vont être ceux qui vont y avoir le moins accès, et puis, en plus, les risques pour la vie privée sont importants.

La seule conclusion possible, donc, pour le gouvernement du Québec, c'est de refuser d'avoir recours à une application pour lutter contre la COVID-19. Ces applications-là sont inefficaces, ne sont pas sécuritaires. Ce sont des fausses solutions qui sont peut-être, oui, séduisantes, mais qui sont dangereuses pour les droits et libertés. Bref, le jeu n'en vaut juste pas la chandelle.

J'aimerais faire une comparaison. Si on trouvait un vaccin pour lutter contre la COVID-19, ce vaccin-là ne serait jamais approuvé, ne serait jamais mis en circulation sans qu'on fasse des tests rigoureux, des essais cliniques pour s'assurer qu'il fonctionne et qu'il n'y a pas d'effets secondaires. Bien, en ce moment, il n'y a aucune étude, il n'y a aucun cas à l'international, aucun qui a démontré l'efficacité de ces applications. Au contraire, partout, partout où ça a été mis en place, c'est soit jugé inutile ou contre-productif. Les exemples y sont innombrables : France, Islande, Norvège, Australie, partout, c'est pareil, ça ne marche pas. Quand tous tes voisins se font prendre par le même piège, si toi aussi, tu sautes dedans, c'est que tu n'as vraiment pas voulu voir le piège. Ces applications-là, c'est un piège.

Donc, le gouvernement du Québec a deux choix, un choix simple et un choix compliqué. Le choix simple, bien, c'est écouter ce que les experts nous disent, constater le flop total de ces applications-là partout dans le monde et augmenter la capacité de tester les Québécois et les Québécoises, augmenter nos capacités de faire du traçage manuel en sachant que ça, ça fonctionne. On le sait, d'ailleurs, pas plus tard que ce matin, c'est le chemin qu'a choisi de prendre la Colombie-Britannique en disant : C'est bien beau, les bébelles technologiques, mais concentrons-nous donc sur ce qui marche, sur ce qui est prouvé. Et ça, c'est une santé publique bien financée, avec assez de ressources pour faire des enquêtes épidémiologiques puis retracer les contacts un à un au Québec.

L'autre choix, c'est le choix compliqué. Et le choix compliqué, vers lequel semble se diriger le gouvernement à l'heure actuelle, c'est de lancer une application, de la déployer sans l'avoir testée avant, une application dont les chances de succès sont microscopiques, microscopiques, une application qui pourrait même empirer la situation, avec tous les risques que ça comporte : se préparer à gérer des dizaines de milliers de faux positifs, se préparer à gérer un engorgement des cliniques de dépistage à cause de ça. Et, pendant ce temps-là, les plus vulnérables, les aînés, les gens défavorisés n'auraient même pas accès à l'application.

Ça fait quelques commissions parlementaires auxquelles je participe, depuis que je suis député, et j'ai rarement vu une commission parlementaire où les avis sont aussi unanimes. J'ai rarement vu une commission parlementaire où il y a clairement un consensus qui se dégage. Et là le consensus, il est clair, il est limpide, c'est que le jeu n'en vaut pas la chandelle, les chances de succès sont microscopiques, les risques de dérapage sont gigantesques. Alors, il y a une seule conclusion possible, refuser les solutions miracles promises par les géants du Web puis se concentrer sur les solutions qui fonctionnent.

Mme Lévesque (Fanny) : Vous allez avoir une séance de travail cet après-midi. Est-ce que vous êtes ouverts à un certain compromis ou, pour vous, c'est un non catégorique, et il n'y a pas moyen d'aller de l'avant avec ce genre d'applications là, même si on offrait certaines garanties de changement?

M. Nadeau-Dubois : Dans les rapports qui sont issus de rencontres de travail comme celle-là, il y a des recommandations, il y a aussi parfois des observations. On est peut-être en mesure de s'entendre sur certaines observations avec le gouvernement, moi, je ne ferme pas la porte à ça, on va aller discuter de bonne foi. Mais pour ce qui est des recommandations, nous, on n'est pas prêts à, indirectement, donner notre aval en disant : Si vous le faites, faites-le comme ça. La seule conclusion possible, pour quiconque a écouté les experts qui nous ont parlé cette semaine, là : c'est une fausse solution, c'est des promesses qui ne sont tenues nulle part à travers le monde.

Si on disait aux gens, là : On a un nouveau médicament, il a été testé dans aucun laboratoire, et partout, dans tous les pays où on l'utilise, il ne marche pas, mais on va l'essayer, au Québec, puis peut-être que ça va fonctionner, je suis sûr que les gens diraient : Bien, voyons donc! ce n'est pas comme ça que ça marche. C'est exactement le chemin que semble vouloir emprunter la CAQ.

Mme Crête (Mylène) : M. Bengio, en commission parlementaire, disait : Mais, il faut penser aussi au nombre de vies que ça peut sauver. Qu'est-ce que vous pensez de ça?

M. Nadeau-Dubois : La première chose qu'il faut expliquer, je pense, aux gens qui nous écoutent, c'est que la démonstration que ces applications-là peuvent sauver des vies, elle n'a pas été faite. Au contraire, la seule démonstration qui a été faite, c'est que ces applications-là ne fonctionnent pas, donc ne sauvent aucune vie.

Mme Crête (Mylène) : Et est-ce que vous attendez un rapport avec recommandations ou avec observations seulement?

M. Nadeau-Dubois : On verra. On va se rencontrer tout à l'heure, j'espère qu'on va être capables de s'entendre avec les députés du gouvernement. Mais, il faut le dire, ils sont un peu... Comment dire? Les députés du gouvernement sont un peu dans une mauvaise situation. Ils ont de toute évidence eu le mandat, du ministre Caire, d'essayer de trouver une manière de faire accepter cette pilule-là. Là, le problème, c'est que, toute la semaine, les experts sont venus nous dire que les effets secondaires sont innombrables puis qu'on ne sait même pas si la pilule fonctionne. Alors, moi, les députés de la CAQ, je... Comment dire? J'ai un peu de compassion, là, parce qu'ils ne sont pas dans une bonne situation, ils ont un mandat de rendre acceptable une technologie, puis, toute la semaine, les experts sont venus nous dire : Bien, cette technologie-là, là, ça ne marche pas, c'est une bébelle qui ne marche nulle part dans le monde.

Puis ça, là, c'est très important pour moi de le répéter. Parce qu'il ne s'agit pas de dire : On a un outil et on n'est pas sûrs qu'il fonctionne, donc on va se priver de cet outil-là. Ce n'est pas ça qu'on dit. On dit : Cet outil-là, toutes les études, tous les cas internationaux nous montrent qu'il ne fonctionne pas et, pire, qu'il peut empirer la situation. Dans l'État de Victoria, en Australie, là, la Santé publique vient de décider de ne plus utiliser l'application. Pourquoi? Parce que ça créait de l'interférence avec le traçage manuel fait par la Santé publique. Imaginez-vous, si 100 000, 200 000, 300 000 Québécois téléchargent l'application et que ces gens-là se mettent à recevoir en masse des notifications. Imaginez l'engorgement que ça va créer dans les cliniques de dépistage. Et là qui on va tester en premier? Les gens qui ont reçu une notification sur leurs téléphones ou les travailleurs, travailleuses de la santé qui sont à risque? Ça va nous placer dans une situation invivable. On va devoir faire des choix extrêmement difficiles.

Puis je vous rappelle que, jusqu'à avant-hier, on avait de la difficulté à faire 15 000 tests par jour au Québec, là. Donc, on n'a pas les capacités de tester massivement et là on va créer volontairement un énorme goulot d'étranglement en lançant une application à grande échelle. C'est une très mauvaise idée. Donc, il ne s'agit pas de dire : On n'est pas sûrs que l'outil fonctionne. Ce qu'on dit, c'est : On sait qu'il ne fonctionne pas, et il y a d'énormes chances que ça nous crée plus de problèmes.

Mme Crête (Mylène) :Merci.

Mme Fletcher (Raquel) : In English?

M. Nadeau-Dubois : Of course.

Mme Fletcher (Raquel) : What is your impression, walking away from this commission? What is your impression of the Government's reaction to the same testimony that you've heard? You're saying that you think the Government might go ahead with an app anyway.

M. Nadeau-Dubois : I think the Government hoped that the testimonies would be more diverse or more nuanced, but the fact is that a vast, vast... a crushing majority of testimonies that were heard during the week say the same thing. There is no independent study, not in any country, there is no international example that shows even the beginning of a proof that this electronical thing can work. All the experts in cybersecurity came and said the same thing: It is not a safe technology.

Bluetooth was not invented to be used that way. Even the inventors of the Bluetooth technology, recently, publicly said: We did not invent Bluetooth for that, it is not supposed to be used to measure a distance. Bluetooth is a fragile and a blind technology. It does not know if you wear a mask, it does not know if there is a glass between you and another person. So, this technology is not accurate for the job that this app wants it to do.

So, I think the Government was hoping for something more diverse, but the fact is that the results of that commission are unilateral. Everyone is basically saying the same thing. This cannot work. This will not work. And it will create more problems than it will solve.

Mme Fletcher (Raquel) : The Premier, this morning, spoke about the need to increase the number of testing, he mentioned... in particular. One of the things that you mentioned now was the fact that this app could lead a bunch of people who don't need to be tested... could lead them to wanting to get tested and... are able to do that, that high number of tests. What is your concern, though, just right now, with the number of tests that we're already doing?

M. Nadeau-Dubois : We should be able to do more tests. We are not doing enough testing. And that should be the main focus and the main priority of the Québec Government, getting tests up, every day, to prepare for the second wave. We have to make sure that, when the second wave hits, we are able to do tens of thousands of tests on a daily basis. We're not there yet.

So, all the energy that will be spent trying to find an app that is a shortcut should be invested in massively taking people in to do more testing and more contact tracing. The choice is very simple. You have a choice between a solution that does not work anywhere, contact tracing applications, and a solution that works everywhere, which is manual tracing and massive testing. For us, that choice is easily solved.

Mme Fletcher (Raquel) : Merci.

La Modératrice : Merci.

M. Nadeau-Dubois : Merci à vous. Thank you.

(Fin à 13 h 30)

Participants


Document(s) Related