(Quinze heures trois minutes)
M. Arseneau : Merci. Alors,
aujourd'hui, le gouvernement a rendu public son plan pour faire face à une
éventuelle deuxième vague dans la pandémie de la COVID-19. Bien, pour nous, ce
sont des mesures qui, pour la plupart, auraient pu et dû être mises en place à
partir du mois de mars, avril, mai. On les annonce aujourd'hui et pour une mise
en oeuvre en septembre prochain. Ce sont des mesures qui, pour la plupart, ont
été suggérées par les partis d'opposition, notamment le Parti québécois, au
cours des derniers mois dans les conférences et commissions parlementaires
virtuelles.
Le plan du ministre, heureusement, reprend
une bonne partie de ces propositions-là, et ce qu'on se demande, c'est pourquoi
on n'a pas agi beaucoup plus rapidement quand on en avait les moyens lors de la
première vague. On n'ira pas jusqu'à dire que c'est trop peu, trop tard, parce
qu'il faut mettre en place ces mesures, mais il faut quand même prendre acte du
fait que le Québec a connu, par les délais de mise en oeuvre de ces
propositions-là, 5 700 décès jusqu'à maintenant.
Malgré ce plan, on veut quand même
mentionner que le gouvernement doit prendre la responsabilité des ratés des
derniers mois et s'assurer que la machine administrative et bureaucratique du
système de santé opère enfin efficacement, selon les directives sur le terrain,
mais qu'on puisse aussi rester en contact avec les gens sur le terrain. J'y
reviendrai tout à l'heure. Il faut s'assurer non pas seulement que les
directions d'établissement soient imputables, le gouvernement doit l'être tout
autant, mais on peut aussi instaurer une certaine culture de respect envers les
gens du terrain, ceux qui oeuvrent au jour le jour avec les personnes infectées
dans les hôpitaux, dans les CHSLD.
Bref, tous les travailleurs du domaine de
la santé doivent être respectés, et aussi on doit les mobiliser non seulement
par l'émission de primes, pour ce qui est de certaines catégories de travailleurs,
mais également en étant à leur écoute. Parce qu'on ne voit rien dans le plan de
match, là, qui permettrait de changer la procédure qui va du haut vers le bas
dans les directives... mais qu'on puisse aussi mettre en place des structures
qui permettent aux gens du terrain de s'ajuster rapidement et de pouvoir
contribuer à la mise en place de solutions au fur et à mesure du développement,
là, de la pandémie et de la deuxième vague si elle survient.
Nous souhaitons aussi, toujours, que le
gouvernement instaure des mécanismes de reddition de comptes pour la première
vague, qu'on puisse, donc, mener une enquête en toute indépendance et en toute
transparence. On ne peut pas remettre ça, là, aux calendes grecques. On sait
que le gouvernement hésite à se compromettre sur la question. Il faut qu'il
fasse son lit et qu'il nous annonce comment on va pouvoir faire le bilan de
cette première vague pour mieux comprendre ce qui s'est passé. Ce serait un
élément du plan qui aurait été apprécié de pouvoir savoir que le gouvernement
ferait preuve d'une totale transparence.
Dans les mesures plus précises, par
exemple, si on dit qu'on va avoir un gestionnaire responsable pour chaque
CHSLD, je vous rappellerai que le gouvernement, lorsqu'il a été élu, a décidé
qu'il ne toucherait pas aux structures. La loi n° 10,
la réforme Barrette, bien, elle avait été mise en place, et on ne retoucherait
pas à ça. Pourtant, quand la pandémie a débuté, on s'est aperçu rapidement qu'il
n'y avait pas de capitaine dans le navire des CHSLD, que c'était un manque
flagrant, et on a proposé au gouvernement, dès ce moment-là, à l'ancienne ministre
de la Santé, Mme McCann, de mettre en oeuvre une solution pour trouver des
directions, ne serait-ce qu'intérimaires, pour gérer la situation. Aujourd'hui,
le gouvernement annonce qu'il le fera à partir du mois de septembre, et c'est
une proposition qu'il retient de notre part, dont on est très heureux, mais qui
aurait pu aussi, comme je le disais tout à l'heure, être mise en place plus tôt
pour avoir une meilleure communication et une meilleure efficacité sur le
terrain au cours des derniers mois.
On parle également de maintenir un accès
sécuritaire pour les proches aidants, offrir un service de soutien à domicile
adapté aux besoins des usagers. Alors, évidemment, on souscrit à cette
demande-là. Encore faut-il savoir comment le gouvernement va pouvoir trouver
les moyens de cette ambition noble, vertueuse. Il faudra voir comment ça peut
se concrétiser.
Même chose pour le délestage au minimum
pour les services sociaux, qui ont été les parents pauvres, qui ont été
abandonnés, avec toutes sortes d'effets, des effets sur la santé mentale de plusieurs
catégories de gens vulnérables au Québec. De faire en sorte qu'on délaisse le
moins possible ces activités-là, soit. Comment est-ce qu'on va procéder? Actuellement,
les gens des services sociaux sont extrêmement démobilisés. Plusieurs ont été
prêter main-forte, en fait, dans les centres hospitaliers ou encore dans les
CHSLD, des gens qui étaient plutôt dévoués dans les services sociaux, et, quand
ils reviennent à leur poste d'origine, au travail, bien, ils se retrouvent avec
une surcharge de travail, sans aucune aide. Et là, lorsqu'on a annoncé
certaines sommes pour leur venir en aide, ça ne règle pas le problème sur... Parce
qu'on veut essentiellement éliminer les listes d'attente, mais le traitement,
lui, n'est pas nécessairement amélioré sur le terrain. C'est extrêmement
démobilisant pour cette catégorie de travailleurs de la santé qui sont tout
aussi essentiels que ceux qui s'occupent des personnes âgées en CHSLD.
Recruter massivement des proposés pour les
CHSLD, on en a parlé amplement. Encore faut-il qu'on puisse, par exemple,
rendre les primes disponibles à ceux à qui on les a promises. On sait qu'il y a
eu des ratés de ce côté-là, et à chaque fois le gouvernement s'est surpris du
fait que ses décisions n'étaient pas mises en oeuvre. Et c'était souvent par le
moyen des médias ou des lanceurs d'alerte que cette information-là était
véhiculée au gouvernement qui se scandalisait du fait que la machine ne soit
pas aussi efficace qu'on le souhaiterait. Alors, est-ce que ces problèmes-là
sont réglés par l'annonce du plan d'aujourd'hui? On peut se permettre d'en
douter.
Interdire la mobilité de la main-d'oeuvre
en respectant de façon stricte les règles de prévention et de contrôle des
infections. Écoutez, on a, dès le début de la pandémie, proposé, au Parti
québécois, d'interdire le déplacement de personnel entre les zones chaudes et
les zones froides, d'un hôpital à l'autre. On a également mentionné que le
modèle de la Colombie-Britannique avait fait ses preuves et qu'on devait s'en
inspirer. Et à chaque fois la réponse a été : On ne peut pas agir de cette
façon-là, on essaie de limiter les déplacements. Mais évidemment ce qu'on a
fait n'a pas permis de contenir la contagion, et avec les résultats qu'on a aujourd'hui,
on en a parlé tout à l'heure. On avait même proposé de mettre en place des
hôpitaux dédiés. Cette solution n'a pas été retenue. On devrait la garder, là,
en veilleuse parce que, si la pandémie devait reprendre, si la deuxième vague
devait nous frapper de façon importante, cette solution-là est toujours à
regarder éventuellement.
Réduire les délais dans l'ensemble pour le
processus de dépistage. Alors, les résultats doivent être connus le plus
rapidement possible, on en convient. Mais, en même temps, il faut que les
cliniques de dépistage puissent être mises en place et opérer de façon efficace
dès le moment où le gouvernement lance un signal. Par exemple, lorsque les bars
ont rouvert, qu'on avait constaté certaines éclosions, par exemple, dans la
région de Montréal, on a appelé aux gens à converger massivement vers les
cliniques de dépistage, qui n'étaient pas en mesure d'absorber le flot de cette
nouvelle clientèle. C'est arrivé encore la semaine dernière, dans les derniers
jours, dans la région de Québec, où, d'une part, le gouvernement appelle les
gens à un sens de du devoir, aller se faire tester, et les cliniques ne sont
pas en mesure d'absorber ce flot de gens qui souhaitent contribuer à améliorer
les choses.
Donc, on a hâte de voir ce quelle façon on
pourra être réactifs de façon beaucoup plus efficace parce qu'à l'heure
actuelle, dans le plan, il s'agit d'un objectif, il s'agit d'un voeu. On ne
veut pas que ça soit un voeu pieux. Il faut mettre en place des mécanismes, et
des moyens, et des ressources pour arriver à nos fins.
Évidemment, toute la question de
l'approvisionnement en matière d'équipement de protection individuelle, ça a
été le maillon faible du système pendant toute la durée de la première vague,
ça a contribué... le rationnement, la rareté. On nous dit qu'il n'y a pas eu de
pénurie, sauf que le rationnement a été tel qu'on décourageait littéralement
les employés à porter des équipements de protection, avec les résultats
désastreux qu'on a connus, notamment, dans les CHSLD. Alors, à partir du moment
où on dit qu'on va agir, développer des ententes pour une production de produits
de protection, d'équipements de protection stratégique, alors le gouvernement
devra faire ses preuves à cet égard. Mais on souhaite évidemment qu'il
réussisse parce que c'est un peu le nerf de la guerre pour les travailleurs de
première ligne.
Rejoindre l'ensemble de la population par
des communications ciblées et adaptées aux différents publics. Nous, sur le
plan de l'information, il y a deux éléments qu'on veut rappeler. D'une part,
l'information qui est détenue par les travailleurs du domaine de la santé doit
pouvoir être entendue de la part du public et du gouvernement. On a mis en
place une ligne 1 800 qui n'a pas donné les résultats escomptés. Ce
qu'on souhaitait, c'est que le gouvernement... et on le souhaite encore, que le
gouvernement protège les lanceurs d'alerte. On a vu que c'était une façon de
faire réagir le système de santé et le gouvernement de façon beaucoup plus
efficace. Malheureusement, ils ne peuvent pas encore le faire sans risque de
payer lourdement pour avoir tenté d'améliorer le système en s'adressant, par
exemple, aux médias pour dénoncer une situation inacceptable qui peut mettre la
vie des gens en danger.
L'autre volet sur les communications, c'est
de déterminer enfin, une bonne fois pour toutes, quelles sont les recommandations
de la Santé publique et quelles sont les décisions du gouvernement Legault. La
confusion qui entoure le processus décisionnel et les recommandations qui sont
effectivement portées à l'attention du gouvernement par la Santé publique mine,
d'un certain point de vue, la confiance qu'on peut avoir dans la Santé publique,
qui devrait être absolument indépendante dans ses recommandations.
Alors, c'est un peu ce que l'on a comme
réaction, aujourd'hui, à la présentation du plan pour faire face à une deuxième
vague. Donc, rien de bien nouveau dans la mesure où les constats qu'on avait
faits lors des commissions virtuelles, en particulier, le gouvernement en a
pris acte au cours de l'été et annonce aujourd'hui des mesures qui seront mises
en place au cours des prochaines semaines. Ce qu'on aurait souhaité, c'est
qu'on entende ces propositions-là beaucoup plus tôt, ce qui aurait déjà
amoindri les effets de la première vague.
En dernier lieu, évidemment, nous allons,
bien entendu, collaborer de toutes les façons possibles pour faire en sorte que
le gouvernement du Québec, bien, dans toutes ses composantes et le système de
santé, puisse composer avec une éventuelle deuxième vague. Et actuellement
c'est le message de prévention qu'il faut lancer à la population, continuer de
suivre les directives, de porter le masque et d'éviter au maximum, là, les
rapprochements, de respecter les mesures de distanciation. C'est ce qu'on
encourage l'ensemble de la population québécoise à faire, bien entendu. Et on
sera encore au rendez-vous, au cours des prochaines semaines, pour fournir et
proposer des solutions constructives au gouvernement dans cette crise que l'on
continue de vivre au Québec et ailleurs dans la planète. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
(Fin à 15 h 16)