(Treize heures seize minutes)
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonjour à tous. Je dois dire, d'entrée de jeu, là, aujourd'hui, que je suis vraiment
surprise, mais surtout très fâchée de l'annonce du ministre Jean-François
Roberge à l'effet que les enfants, les jeunes n'allaient pas pouvoir avoir
accès à leurs activités sportives dès le retour en classe. Il y a beaucoup, beaucoup
d'incohérence, je dirais, avec cette annonce-là puisqu'à l'étude des crédits,
la semaine dernière, je questionnais la ministre déléguée en matière de Sports,
Loisirs et Saines habitudes de vie, qui me confirmait qu'effectivement les
protocoles sanitaires étaient prêts à ce que les jeunes puissent retourner
faire du sport.
Et d'ailleurs les jeunes ont pu pratiquer
leurs activités tout l'été. J'ai eu de nombreux témoignages depuis hier des
jeunes qui, bon, étaient dans leur équipe de baseball tout l'été, dans les
écoles de hockey, et que, là, même avec le retour en classe, ils ne pourront
pas faire du sport à l'école, mais pourront pratiquer le même sport qu'à
l'habitude les fins de semaine avec d'autres enfants, les mêmes enfants qu'ils
ont fréquentés depuis les derniers mois.
Alors, vraiment, ici, on fait encore face,
disons, à une deuxième vague d'improvisation en matière d'éducation, et qui en
écope encore en premier? Ce sont les jeunes. Ce sont les jeunes qui ont été à
la maison pendant des mois, qui étaient prêts à retourner à l'école, mais en
sachant qu'ils allaient pouvoir s'épanouir dans leurs activités sportives, le
sport-études. D'ailleurs, il y a même une maman qui a témoigné ce matin que son
fils lui a dit : Ça ne sert plus à rien, maman, d'aller à l'école. Ça ne
sert plus à rien. Il n'y en a plus, de motivation pour pouvoir retourner en
classe.
Et le gouvernement tente de nous faire
croire qu'il est sensible à tous les impacts, à toutes les conséquences, sur
les jeunes, liées à la pandémie, au fait que leurs classes ont été arrêtées
pendant plusieurs mois. Eh bien, là, on a un ministre... Et d'ailleurs pourquoi
le ministre de l'Éducation… qui en fait cette annonce-là? Est-ce qu'il a consulté
sa ministre déléguée aux Sports, Isabelle Charest? Est-ce qu'elle est d'accord
avec cette nouvelle mesure annoncée à la toute dernière minute, dès la reprise
des classes?
Il y a beaucoup, beaucoup, là-dedans,
d'incompréhension de ma part, naturellement, mais de la part des parents, de la
part des enfants qui sont absolument démotivés. Il y a même une pétition qui
circule et il y en a probablement bien d'autres. Mais, en 24 heures, une
seule pétition a récolté 15 000 noms et ça continue d'augmenter.
Alors, vraiment, il y a de la grogne dans le milieu. On a su que les écoles
avaient déjà mis en place des protocoles sanitaires rigoureux pour pouvoir
faire respecter les consignes sanitaires et assurer un milieu sécuritaire pour
les jeunes durant leur pratique sportive.
Alors, vraiment, c'est fâchant de voir
encore Jean-François Roberge faire de la politique parce que je me questionne à
savoir si c'est vraiment une consigne de la Santé publique, alors que la
Direction de la santé publique a accepté et approuvé plusieurs protocoles déjà.
Les écoles sont sur ce dossier-là depuis déjà plusieurs semaines. Alors, ce
matin, c'est l'effet d'une bombe que ça a dans le milieu de l'éducation et dans
le milieu familial. Et, vraiment, on ne démontre aucune considération
finalement pour les jeunes qui, encore une fois, écopent énormément de la
pandémie, oui, mais surtout de la mauvaise gestion du gouvernement en matière
d'éducation. Merci.
Mme Gamache (Valérie) :
Pourquoi, selon vous, on arrive, ce matin, jour de la rentrée, avec une telle
annonce? Est-ce que vous avez une explication pour ça? Est-ce qu'il y a quelque
chose qui vous...
Mme Perry Mélançon : Je suis
devant l'incompréhension la plus totale parce que le ministre n'a pas travaillé
de plan depuis... Ça fait des mois que ma collègue Véronique Hivon en fait la
demande, d'avoir des directives qui sont envoyées aux écoles, depuis des mois
qu'on demande ça. Ça a été fait à la toute dernière minute. Et là, encore une
fois, bien, c'est le milieu scolaire qui a dû lui-même faire preuve
d'innovation, de créativité, de s'assurer que tout soit en place pour l'arrivée
des jeunes. Et là ça a été fait, et on annonce, au niveau politique, le
ministre, que ces jeunes-là ne pourront pas finalement accéder au sport-études
ou aux activités scolaires.
Et moi, je veux le répéter, d'ailleurs,
que, dans plusieurs circonscriptions comme la mienne, c'est la seule façon de
pratiquer un sport, le parascolaire. Il n'y a pas d'autre alternative à
l'extérieur de l'école pour pouvoir faire du sport, bouger. Alors, moi, quand
j'entends, d'un côté, la ministre Isabelle Charest me dire : Pas de
panique, s'il y a une deuxième vague, on sera prêts pour s'assurer que les
jeunes bougent durant cette deuxième vague… Malgré tout ce qui pourra être
fait, là, pour essayer de combattre la deuxième vague, là, on n'est même pas
encore à une deuxième vague puis on nous dit : Non, pas de retour aux
sports. Bon, on a d'autres priorités, alors qu'on sait très bien que, pour beaucoup
de jeunes, la motivation première pour aller à l'école, c'est le sport.
Alors, moi, quand j'entends des jeunes ce
matin qui disent à leurs parents : Je n'en ai plus, de raison d'aller à
l'école, maman, bien, moi, ça me fait extrêmement de la peine. Puis je compatis
avec tous ceux qui, en ce moment, se demandent vraiment c'est quoi, ce genre de
décision là et encore les impacts qu'on va ressentir pour les jeunes.
Mme Gamache (Valérie) :
Qu'est-ce qui vous fait dire que c'est une décision qui n'est pas positionnée
par la Santé publique?
Mme Perry Mélançon : Parce
qu'il n'y a rien qui nous le fait croire. Le ministre est sorti comme ça, à la
dernière minute, alors que, là, on a déjà... Le retour en classe est déjà fait.
Je n'ai pas vu Dr Arruda nulle part dans cette annonce-là. Alors, est-il
d'accord? Est-ce que c'est lui qui l'a commandé? J'ai aussi des forts doutes
parce que… Pourquoi ce n'est pas la ministre, qui a cette responsabilité-là de
rendre accessible le sport, qui en a fait elle-même l'annonce? Est-ce qu'on
pourrait la questionner, à savoir si elle est d'accord avec l'annonce du ministre
de l'Éducation? Pour moi, ça a été fait, comme le reste, avec beaucoup
d'improvisation. À la toute fin, comme ça, on arrive encore avec des mesures
qui ont des impacts majeurs pour le développement des jeunes, alors qu'on dit,
à la CAQ, que c'est une priorité.
Mme Crête (Mylène) :
Bien, je veux dire, en même temps, vous ne trouvez pas que la rentrée est assez
déjà compliquée comme ça que ça peut se défendre, de reporter le parascolaire
d'un mois?
Mme Perry Mélançon : La
rentrée est compliquée parce qu'on n'a pas travaillé de plan depuis des
semaines. Moi, c'est vraiment clair. On en a fait la démonstration à plusieurs
reprises. Véronique Hivon a été vraiment très ferme là-dessus, a talonné le gouvernement,
a talonné le ministre Jean-François Roberge pour qu'on travaille un plan, pour
qu'on travaille sur des directives à donner aux écoles pas à la rentrée
scolaire, bien avant. Et là, qu'on me dise qu'on ne peut pas s'assurer qu'on
puisse faire du sport à l'école, alors qu'on est capables de mettre en place
d'autres protocoles et qu'on a été capables de mettre en place des protocoles
tout l'été pour faire bouger nos jeunes, dans des écoles de hockey, dans des
équipes de baseball, dans toutes sortes de sports...
L'incohérence, là, c'est qu'un jeune, j'ai
encore vu ça ce matin dans les témoignages, qui pratique le sport-études en
tennis ne pourra pas le faire à l'école, mais va pouvoir le faire dans la même
école à l'extérieur des heures... durant les fins de semaine, avec les mêmes
personnes. Donc, c'est l'incohérence ici qu'il faut noter. Si on n'a pas été
capables de gérer ça... Puis, moi, pour moi, c'est fondamental, le sport, là.
Donc, ça aurait dû être une priorité, comme s'assurer que tout le monde ait le
matériel, que tout le monde ait un enseignant devant la classe.
Effectivement, on pourrait en parler
longtemps, du manque de personnel et de la troisième campagne en quelques
jours, là, à la rentrée des classes, pour essayer de trouver des alternatives
au manque de personnel dans le milieu éducatif. Tout ça, pour moi, ça
m'apparaît de l'improvisation, de l'incohérence, et c'est le ministre qui est
en train de faire payer à des milliers de parents et de jeunes sa mauvaise
gestion.
Mme Crête (Mylène) :
Dans le dossier de TEQ, vous étiez en commission parlementaire, là, tout à
l'heure, qu'est-ce qui fait en sorte que le ministre Charette ne réussit pas à
vous rassurer malgré la nomination de Johanne Gélinas au sein du ministère
des Ressources naturelles comme sous-ministre?
Mme Perry Mélançon : Parce que,
pour moi, un ministère qui a à gérer la filière des hydrocarbures, et c'est
l'élément que j'ai soulevé aujourd'hui en commission parlementaire parce que je
comprends difficilement comment on peut arrimer le mandat de gérer les
hydrocarbures et de gérer la transition énergétique au sein du même ministère...
Pour moi, il y a énormément d'incompréhension, parce que j'ai justement parlé
d'un cas, un seul cas, chez nous, qui fait énormément jaser, qui est mal géré
du côté du gouvernement. On nous dit qu'on veut mettre fin à la filière des
hydrocarbures, puis là on arrive avec le projet Galt. On le fait passer dans
tout le processus. Puis c'est à la toute fin, devant les faits accomplis, qu'on
va être pognés avec un premier permis d'exploitation sous le sol gaspésien.
Alors, j'ai simplement voulu démontrer
qu'avec l'ensemble des groupes qui ont été entendus en consultations publiques,
bien, je pense que, là, il faut que le gouvernement réalise que c'est une très
mauvaise idée d'abolir TEQ, qui a fait ses preuves, qui est dans le rang des
meilleures sociétés d'État. Alors, je ne vois pas du tout en quoi on devrait
être rassurés d'abolir une instance qui est à l'extérieur du gouvernement. On
rentre ça dans les nouvelles responsabilités du ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles, qui en a déjà plein les bras, puis on dit : Bien,
on va pouvoir assurer une meilleure transition énergétique de cette façon-là.
Mme Gamache (Valérie) :
Comment il va, ce projet de loi là? On a l'impression que, bon, on voudrait le scinder.
On pourrait retirer TEQ. Ce n'est pas la première fois qu'on parle de scinder ce
projet de loi là. Comment ça va? Est-ce qu'on s'en va dans un mur?
Mme Perry Mélançon : Bien, je
pense que, oui, en effet, le ministre n'arrive pas à sortir les bienfaits de ce
projet de loi là. Je ne veux pas non plus m'étendre sur le dossier parce que ce
n'est évidemment pas moi qui le pilote depuis les touts débuts. Je remplace
cette semaine en commission parlementaire. Mais je peux vous dire que, là, je
vois, le ton est difficile. La collaboration ne se fait pas du côté du
gouvernement. Justement, tout ce qui a été amené comme possibilité de mieux
étudier le projet de loi, ça a été balayé du revers de la main, les scissions,
tout ça.
Alors, on arrive à des moments très, très
importants dans le projet de loi puis on voit qu'on n'a toujours pas l'écoute
du ministre pour nous faire croire que le gouvernement en fait une priorité, de
la lutte aux changements climatiques, là. Il y a vraiment encore beaucoup,
beaucoup d'éléments qui ne sont pas pris en compte dans ce projet de loi là. Et
je pense que j'ai suffisamment répondu pour ce qui me concerne. Merci.
(Fin à 13 h 27)