(Dix heures cinquante-neuf minutes)
La Modératrice
: Merci d'être
ici. Good day to all. Voici pour le déroulement du
point de presse de ce matin avec M. Guy Ouellette, député indépendant de Chomedey.
La durée du point de presse sera de 30 minutes, incluant une période de
questions sur le livre de 15 minutes. Et, pour toute demande d'entrevue individuelle,
évidemment, sur le communiqué, c'est déjà informé que c'est la compagnie d'édition
Hugo & Cie, Mme Maude Brière, qu'il faudra contacter.
This morning, the press briefing will last
30 minutes, including a period question on the book for 15 minutes.
And, for any individual interview request, please contact Maude Brière at
Hugo & Cie publishing house, as mentioned in the press release.
Thank you. Merci. M. Ouellette.
M. Ouellette : Bonjour. Je me
présente devant vous aujourd'hui pour le lancement de ce livre, intitulé Qu'on
accuse ou qu'on s'excuse. Comme vous l'aurez constaté, je dédie mon ouvrage
à tous les parlementaires de l'Assemblée nationale, aux côtés desquels j'ai
servi les 13 dernières années, afin de mettre en lumière leur engagement,
leur ténacité et leur rigueur à chercher la vérité, parce qu'ils méritent de le
faire à l'abri de toute intimidation.
Comme l'a écrit l'ex-président
Jacques Chagnon dans sa préface, l'ancien secrétaire général de l'Assemblée
nationale, Michel Bonsaint, et son équipe ont fouillé pendant quelques
semaines, vérifiant toute la jurisprudence de tous les cas passés ou récents de
chaque Parlement du même titre que le nôtre. Jacques a écrit et nous rappelle
que les policiers auraient dû savoir que le droit parlementaire est de nature
constitutionnelle.
Conséquemment, les jugements rendus suite
aux questions du député de Matane-Matapédia, de l'opposition officielle, ont eu
un retentissement dans tous les Parlements de type Westminster, et ce, depuis
mon arrestation. Ces jugements font jurisprudence. Jacques Chagnon conclut
sa préface en mentionnant que ce fut une période marquante pour le Parlement,
mais aussi pour moi.
Chacune des cinq législatures dans
lesquelles j'ai évolué jusqu'à aujourd'hui fut marquée par des enjeux
particuliers.
La 38e, de mars 2007 à
décembre 2008, fut de beaucoup ma préférée. La position minoritaire du gouvernement
obligeait les partis et les députés à travailler en étroite collaboration pour
faire avancer tous les dossiers et tous les projets de loi. Je pense, entre
autres, à la loi Anastasia, sur les armes à feu, et celle de la
confiscation des produits de la criminalité au civil.
La 39e législature, le gouvernement
de décembre 2008 à septembre 2012, était concentrée à composer avec
la récession. Nous avions perdu des milliards de dollars de la Caisse de dépôt.
La crise étudiante et le printemps érable ont monopolisé beaucoup de temps des
parlementaires. Un de mes souvenirs marquants de cette législature est le
martèlement quotidien de la députée adéquiste de Lotbinière, la regrettée
Sylvie Roy, qui répétait sans relâche au gouvernement son inquiétude envers
l'industrie de la construction et demandait presque quotidiennement une
commission d'enquête.
La 40e législature, un gouvernement
minoritaire, de septembre 2012 à avril 2014, marque le passage de mon ami le
député de Verchères, Stéphane Bergeron, comme ministre de la Sécurité publique,
premier policier de l'histoire de la Sûreté du Québec à être élu, en 2007. Cinq
ans plus tard, en 2012, nous étions maintenant cinq policiers : Robert
Poëti, dans Marguerite-Bourgeoys, Jacques Marcotte, dans Portneuf, moi, à Chomedey,
Jean Rousselle, à Vimont, et Jacques Duchesneau, à Saint-Jérôme.
C'est au cours de cette législature qu'une
première et sérieuse remise en question se fait de l'UPAC par le ministre
Bergeron. Cette législature s'est terminée par un scandale, soit celui
impliquant la première ministre, députée de Charlevoix, et son conjoint Claude
Blanchet, dans Capital BLF. Les efforts déployés par tous les parlementaires,
tous partis confondus, qui ont travaillé d'arrache-pied et qui ont partagé tous
les fruits de leurs recherches, ont culminé par un vote historique de
convocation de la première ministre et de son conjoint, sur la motion du député
de La Prairie, devant les membres de la Commission des finances publiques.
Le fruit de tous ces efforts de mise en commun ne s'est cependant jamais
matérialisé, des élections hâtives étant déclenchées.
La 41e législature, d'un gouvernement
majoritaire, d'avril 2014 à octobre 2018, s'est particulièrement démarquée par
des problèmes de sécurité publique. Je pense à l'évasion par hélicoptère
d'Orsainville, aux allégations d'agressions sexuelles des policiers de Val-d'Or,
aux trois changements de ministre à la Sécurité publique en trois mois, au
renouvellement du commissaire de l'Unité permanente anticorruption, à la
nomination d'un nouveau directeur général à la SQ et aux arrestations
spectaculaires de l'UPAC, la journée du budget.
Mardi, c'était le lancement officiel de
mon livre, Qu'on accuse ou qu'on s'excuse. J'ai eu le privilège de
pouvoir compter sur la présence de plusieurs collègues et ex-collègues de tous
les partis politiques et même du Bloc québécois. En effet, c'est mon ami
Stéphane Bergeron qui a eu la tâche de procéder à mon introduction. Plusieurs
d'entre vous se rappelleront de sa verve et de son franc-parler, et sa
présentation exceptionnelle de mardi n'a pas fait exception.
Il a raconté avec brio à quel point il
était essentiel que les parlementaires agissent davantage de façon apolitique
pour le bien de la population. Il a aussi admis que les relations
transpartisanes irritaient drôlement l'establishment de chacun des partis. Pour
faire du pouce sur les propos tenus par M. Bergeron hier, je vous dirais
que le dicton «diviser pour mieux régner» s'applique bien. Le bureau des
leaders de chacun des partis politiques préfère contrôler l'information, en
tenant dans l'ignorance autant que possible ses députés.
Tolérer que des échanges au niveau
opérationnel se produisent implique que le haut de la hiérarchie perd du
pouvoir et de l'information. Tout en gardant un respect pour la ligne
hiérarchique et tout en assurant de tenir informée ce que j'appelais la tour de
contrôle, j'ai toujours fait partie de ceux qui croyaient que, pour le bien de
la population, il fallait travailler en équipe. Et, pour travailler en équipe,
il fallait se parler, se concerter, se consulter et réfléchir ensemble.
Les seuls journalistes qui peuvent
comprendre cette dynamique, c'est vous parce que vous passez vos journées à
côtoyer des parlementaires. Vous passez des heures en commission parlementaire,
à la période des questions, en point de presse. Les travaux de l'Assemblée
nationale, pour beaucoup de citoyens, c'est long et laborieux. Suivre ces
travaux l'est tout autant.
Afin d'écrire ce livre, j'ai relu et
revisionné des centaines et des centaines d'heures de commissions parlementaires,
de périodes de questions, de crédits budgétaires, de travaux parlementaires,
entre autres ceux de la Commission de l'administration publique, communément
appelée la CAP, et ceux de la Commission des institutions, la CI, en passant
par les exercices de reddition de comptes de Me Annick Murphy, du DPCP, de
la sous-ministre Dominique Savoie, du ministère des Transports, jusqu'au
commissaire Robert Lafrenière, de l'Unité permanente anticorruption. J'ai
retenu deux cartables pleins d'interventions, de questions et de citations de
mes collègues, des extraits qui démontrent une collaboration remarquable entre
des députés d'allégeances différentes.
À la Commission des institutions de 2015,
c'est Nathalie Roy qui questionne le commissaire de l'UPAC. Elle veut savoir
qui le surveille. Il nous confirme ce que nous savions déjà, personne, ce qui
amène ma collègue de Montarville à se demander publiquement : Est-ce que
ça ne fait pas beaucoup de concentration de pouvoirs entre les mains d'un seul
homme, ça?
Vous savez, quand on pose des questions en
commission parlementaire, c'est souvent parce que les députés ont eu des
pistes. Nous nous attendons à des réponses surprenantes, décevantes,
choquantes. Chose certaine, les réponses, aussi courtes soient-elles, même les
silences et les refus, nous permettent d'ajouter un peu plus de lumière au
tableau souvent obscur auquel nous faisons face parce que ce n'est pas à vous
que je vais apprendre que les hauts fonctionnaires de nos institutions ne sont
pas fous de joie de devoir rendre des comptes, encore moins à des politiciens.
Vous, les journalistes, avez souvent été
sollicités pour rapporter des explications, particulièrement de la part de
l'UPAC, que nous, les parlementaires, n'avons pas eu la chance de recevoir.
Donc, en commission parlementaire, non seulement nous sommes inondés de
documents et de cartables volumineux à consulter, peut-être même pour nous
mêler de façon délibérée, mais les réponses sont souvent échevelées et
énigmatiques, comme si nous n'avions pas le droit à la vérité.
Je vous rappelle et je pense aux
interventions de mon collègue, le député André Spénard, de Beauce-Nord. En
2017, il demandait au commissaire de l'UPAC comment était le climat de travail
à l'UPAC. Comme le commissaire avait tenté de le rassurer en affirmant que tout
allait bien, André lui avait demandé s'il connaissait Karine Martel. Réponse :
non. André lui a laissé une autre chance en lui demandant de confirmer
l'existence d'un rapport dont les conclusions étaient très négatives en matière
de relations de travail à l'UPAC. Le commissaire nous a menti. Il a nié
l'existence d'un rapport, qui allait éventuellement refaire surface
complètement décaviardé, au grand dam des députés de Matane-Matapédia et de
Beauce-Nord.
André Spénard ne s'est pas gêné, en 2018,
pour affirmer que le lien de confiance était brisé avec l'UPAC, celui des
citoyens, des parlementaires et même de ses propres employés. Il était allé
aussi loin que d'affirmer qu'il était convaincu que l'agenda de l'UPAC était, en
fait, l'agenda malsain du commissaire et qu'il avait l'impression que la haute
gestion de l'UPAC le prenait pour une valise. Effectivement, c'était
l'unanimité parmi les membres de la Commission des institutions. Nous avions
l'impression que l'état-major de l'UPAC nous riait en plein visage.
Par rapport au MTQ, les députés de
La Peltrie, Éric Caire, et de Vachon, Martine Ouellet, ont été
particulièrement impliqués à démontrer la très mauvaise gestion du ministère
des Transports. Nous avons dû nous contenter que la sous-ministre soit
tablettée, sans savoir que nous n'étions pas au bout de nos peines. Quelle
déception de constater que non seulement le gouvernement actuel a ramené la
sous-ministre, Dominique Savoie, mais il lui a donné une charge exceptionnelle,
soit celle de faire une rétrospection de la gestion de crise de la COVID au ministère
de la Santé. Je dois vous dire que j'ai eu le plaisir de pouvoir compter sur la
présence de l'ex-députée de Vachon, Martine Ouellet, à mon lancement, et je
vous confirme qu'elle est tout aussi estomaquée et sans mots de cette situation
que moi, je peux l'être.
Je dois vous avouer que je ne peux
m'empêcher de penser au député de La Peltrie. Il a tellement travaillé
avec rigueur et ardeur dans le dossier du MTQ. Il a démontré que la sous-ministre
avait menti à la commission. Il a démontré qu'il y avait du favoritisme dans
l'attribution des contrats de consultants. Il a démontré que la gestion
contractuelle ne respectait pas les règles. Bref, il a démontré que l'omerta
existait bel et bien au MTQ. Je pense à lui parce que sa situation doit être
invivable et difficile ces temps-ci. Voilà un autre exemple des travers des
lignes de parti.
Comme plusieurs autres députés, Éric s'est
aussi fait remarquer par son engagement à obliger l'UPAC à remettre aux parlementaires
les documents demandés. Pascal Bérubé a profité de toutes les occasions qui se
sont offertes à lui pour souligner les refus du commissaire de nous remettre
des documents. Et, comme la députée Nathalie Roy, il craignait énormément la
concentration de pouvoirs sans reddition de comptes entre les mains du
commissaire de l'Unité permanente anticorruption.
En 2017, à peine quelques jours avant mon
arrestation, au tour de Pascal Bérubé et de la députée de Taschereau, Agnès
Maltais, d'écrire une lettre au président de la Commission des institutions
pour demander que la commission contraigne l'UPAC à venir répondre aux
questions des parlementaires sur le p.l. n° 107.
Inacceptable et scandaleux, tels ont été leurs mots envers le non-respect du
commissaire du processus législatif. Vous aurez compris que c'est moi qui a
reçu cette lettre-là.
En 2018, Pascal a osé exprimer tout haut
ce que plusieurs savaient tout bas. Lors du vote final pour l'adoption du projet
de loi n° 107, au salon bleu, faisant de l'UPAC un
corps de police, il pointe du doigt certains députés libéraux, sans les nommer.
Il dit haut et fort que plusieurs d'entre eux n'ont pas confiance à l'UPAC et
que plusieurs sont en désaccord avec le projet de loi n° 107,
mais, ligne de parti oblige, ils auront été contraints de voter pour son
adoption. Un autre travers des décisions partisanes.
Les travaux parlementaires sont loin d'être
un fleuve tranquille. Pendant que Pascal Bérubé déclare que nous savons
tous que le rapport de Karine Martel existe, celui-ci est rendu public par
le ministre de la Sécurité publique. Le député de Matane-Matapédia avait
raison, une autre insulte frontale aux parlementaires.
Qu'est-ce qui a irrité à ce point l'UPAC?
Est-ce la présence du député de Matane-Matapédia à l'émission Tout le monde
en parle, peut-être les cinq questions de directive qu'il a posées au
président Jacques Chagnon visant à clarifier les procédures que l'UPAC
aurait dû suivre? On ne sait pas, mais, chose certaine, les enquêteurs de
l'UPAC ont communiqué avec Pascal pour solliciter une rencontre. Déjà, vous,
les journalistes, avez parlé d'intimidation lors du point de presse de Pascal.
De plus, le député de La Peltrie,
Éric Caire, et tous les membres de la Commission des institutions étaient
aussi visés par les enquêteurs de l'UPAC. Ils ont communiqué leurs intentions
de rencontrer tous ces députés. Il n'en fallait pas plus pour déstabiliser le
Parlement.
Comme l'a dit Guy A. Lepage à
l'émission Tout le monde en parle, la démocratie québécoise nage en eaux
troubles depuis l'arrestation de Guy Ouellette par l'UPAC. Vous connaissez
la suite. Nous avons assisté à un bras de fer entre les procureurs de l'Assemblée
nationale et ceux de l'UPAC. Le projet A fut actif, puis mis sur la glace, puis
fermé suite à une reconnaissance en Cour supérieure des procureurs du DPCP
annulant la validité de l'opération.
Comme l'a exprimé mon collègue
Pascal Bérubé, jamais on n'accepterait une telle accumulation de faux-pas
dans une grande organisation, une société d'État, par exemple, ou un organisme
parapublic, mais on l'accepte avec l'UPAC. Au nom de quoi? Je la pose aussi,
cette question-là. Pourquoi le gouvernement tient-il à garder vivante une
organisation qui n'a pas prouvé son utilité après plus de neuf ans d'existence?
Les dommages collatéraux sont énormes, les victimes multiples.
J'ai écrit ce livre pour laisser une trace
des coulisses de la pire dérape de l'Unité permanente anticorruption. J'ai
relaté les multiples interventions de mes collègues pour démontrer que je n'étais
pas le seul à douter de la gestion de cette organisation. Je l'ai fait parce
que je suis un des députés au coeur des dérives du système judiciaire. C'est
moi, c'est Richard Despatie, c'est Stéphane Bonhomme qui ont été
visés le matin du 25 octobre 2017, mais ça aurait pu être quelqu'un
d'autre. Qu'on accuse ou qu'on s'excuse, c'est à propos de ça.
J'encense la majorité de mes collègues. Je
mets en valeur l'importance de leur travail et de leur collaboration. Et j'en
irrite à peine quelques-uns. En politique, on ne peut pas plaire à tout le
monde. Et vous aurez compris que je ne suis pas en position d'épargner ceux qui
ont joué et fait de la politique de façon beaucoup plus agressive que moi. Je n'ai
aucune gêne à raconter les travers de ce genre de politique. Je l'ai dit à
outrance depuis lundi, c'est une affaire entre des parlementaires et une
organisation publique qui refusait de rendre des comptes. Je ne suis pas la
seule victime de l'UPAC. Je vous rappelle que Richard Despatie, Stéphane
Bonhomme, nos conjointes, nos familles, nos vies en ont lourdement souffert.
J'ai eu la chance de pouvoir compter sur
la collaboration de Pierre Bourdon, Michael Roy, et de toute l'équipe de Hugo
& Cie, et de quelques personnes de mon entourage pour m'aider à rendre
public les faits qui sont à ma connaissance. Il me manque, sans aucun doute,
plusieurs morceaux du casse-tête. J'ai travaillé pendant 10 mois à la rédaction
de cet ouvrage parce que j'espérais que mon livre puisse contribuer à activer
les témoignages et les dénonciations, et j'en suis maintenant convaincu. Les
appels, courriels, textos, messages qui ont cours depuis lundi dernier sont à
ce point nombreux, plusieurs dossiers déboulent, et je commence à penser que le
BEI ne prendra pas encore deux ans pour nous livrer des accusations et un
rapport.
Je vous remercie de surtout retenir et de
continuer à porter votre attention sur tous les travaux parlementaires qui ont
été le théâtre de toute l'action concernant l'UPAC. Les parlementaires d'aujourd'hui
ont perdu, avec raison, un peu de vigueur. Et je souhaite ardemment qu'un
ménage soit fait pour que plus jamais, plus jamais, aucun député ne se sente
menacé ou intimidé. Merci.
M. Robillard (Alexandre) :
Bon, M. Ouellette, il a été question cette semaine de votre relation avec
la CAQ au sujet des informations que vous aviez transmises ou, en tout cas,
qu'on dit que vous aviez transmises. Donc, j'aimerais ça savoir est-ce que vous
avez fourni des courriels de Pietro Perrino à la CAQ le ou vers le
30 novembre 2016.
M. Ouellette : Ce que j'ai
mentionné cette semaine, et je le maintiens, je n'ai rien à me reprocher. Et ce
n'est pas à vous, journalistes de la colline parlementaire, que je vais
expliquer qu'entre parlementaires le mot «source» n'existe pas. S'il a été
utilisé par le premier ministre, M. Legault, ça a été dans un contexte
sensationnaliste, dans un contexte électoral. Et ce sera effectivement mes
derniers mots sur cette question. C'est une demi-page dans ce livre-là.
M. Robillard (Alexandre) : …mais
il n'est pas dans ma question. Ma question, je vous la répète, avez-vous fourni
des courriels de Pietro Perrino à la CAQ le ou vers le 30 novembre 2016,
dans leur bureau, ici, au troisième étage?
M. Ouellette : Je vous ai
donné la réponse que je vous ai donnée en rapport avec votre question. Est-ce
que vous avez d'autres questions?
M. Robillard (Alexandre) :
Maintenant, j'aimerais ça savoir... Vous avez été interrogé en 2014 à deux
reprises par des enquêteurs de l'UPAC au sujet d'une activité de financement
pour laquelle vous réclamiez à Violette Trépanier la présence de la ministre
des Transports, Julie Boulet. Vous écriviez, là, je vous cite, que ça
permettrait d'attirer des firmes d'ingénieurs puis ça pourrait doubler votre
objectif de financement. Ça, c'est vos mots. Alors, j'aimerais savoir est-ce
que vous avez déjà fait du financement sectoriel.
M. Ouellette : Relativement à
votre question, ce ne sont pas mes mots, ce sont...
M. Robillard (Alexandre) : C'est
votre courriel, par exemple. C'est vous qui l'avez écrit.
M. Ouellette : Ce ne sont pas
mes mots. Factuellement, ce ne sont pas mes mots. Ce sont des mots que j'ai rapportés
d'une personne que j'ai rencontrée et à laquelle l'enquêteure de l'UPAC,
Marie-Hélène Poulin, m'a mentionné que j'inventais des mots. Je l'ai inscrit
dans le livre. Vous irez le consulter. Cette personne-là que j'ai mentionnée
n'a jamais été rencontrée encore par l'UPAC.
M. Robillard (Alexandre) : ...savoir,
M. Ouellette, dans ce cas-là, est-ce que vous êtes prêt à dire si ce que vous
avez écrit, même si vous dites que ce n'est pas vos mots, ça correspond à la
définition du financement sectoriel.
M. Ouellette : Je
n'interpréterai pas ce que j'ai écrit. Je n'ai que rapporté des paroles qui ont
été dites par une personne que j'ai rencontrée à la demande du parti.
M. Robillard (Alexandre) : Vous
écrivez dans le livre à quel point vous vous êtes senti intimidé, hein? Je
pense que c'est vrai. Vous dites dans le livre que vous vous êtes senti
intimidé lors de ces deux rencontres là avec les enquêteurs de l'UPAC, au
printemps 2014, au sujet de vos activités de financement. Moi, j'aimerais ça savoir
est-ce qu'après ça vous pensez que vous aviez toute la sérénité qu'il fallait
pour intervenir, au cours des trois ou quatre années qui ont suivi, que ce
soit à titre de député ou de président d'une commission parlementaire, pour
exiger des comptes de l'UPAC. Moi, je veux savoir est-ce que vous étiez en
conflit d'intérêts. Est-ce que vous étiez en conflit d'intérêts vous-même?
M. Ouellette : Je ne crois
pas. Je pense que j'ai toujours exercé mes fonctions de parlementaire, de
président de commission avec objectivité, rigueur et intégrité. C'est toujours
ce qui m'a caractérisé. Et je ne me suis jamais senti en conflit d'intérêts et
je n'ai jamais ressenti quelque doute que ce soit relativement à mes fonctions parlementaires.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis vous n'avez jamais accepté d'expliquer à vos collègues du caucus libéral
les circonstances ou… En tout cas, vous n'avez jamais voulu leur parler de la
situation qui était attribuée à une fuite, là, qui vous était attribuée,
concernant M. Perrino, sous prétexte que c'était sub judice. Là, aujourd'hui,
vous donnez des explications dans les médias, mais vous êtes toujours dans une situation
de sub judice. Vous avez des poursuites devant le gouvernement, tout ça. Pourquoi
vous ne vous êtes jamais expliqué au caucus libéral sur les circonstances qui
ont mené à votre exclusion?
M. Ouellette : Vos
affirmations sont inexactes. J'ai écrit à la présidente du caucus. Et, après le
caucus, j'ai rencontré le chef intérimaire qui venait d'être nommé après la
décision du caucus, et son commentaire a été : Règle tes choses avec l'UPAC — et
c'est écrit dans le livre — et après on se reparlera.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que vous allez compléter votre mandat?
M. Ouellette : C'est sûr
que je vais compléter mon mandat. Je suis élu. J'ai été élu une cinquième fois
par les citoyens de Chomedey. C'est certain que je vais compléter mon mandat.
Je dois mon mandat aux citoyens de Chomedey, que je sers avec beaucoup de
fierté.
Mme Prince (Véronique) :
M. Ouellette, est-ce que vous avez l'intention de vous représenter comme
indépendant ou vous souhaitez toujours regagner le Parti libéral?
M. Ouellette : Je vous
dirai que j'apprécie pleinement aujourd'hui mon statut à l'Assemblée. Comme
indépendant, j'ai la chance de pouvoir participer et d'avoir connaissance de...
et ça prend mon consentement pour plusieurs activités parlementaires. Et, pour
le moment, vous savez, je dois rebâtir ma vie. J'ai une poursuite contre le Procureur
général. J'ai beaucoup de choses qui bouillent. Je vous imagerais ça que j'ai beaucoup
de chantiers. Et j'apprécie le statut que je suis présentement… Je ne suis pas
à me poser la question pour quel parti... ou est-ce que je devrais aller dans
un parti ou pas. Je veux dire, je focusse présentement à regagner mon intégrité
et faire avancer mes poursuites contre le gouvernement.
Mme Prince (Véronique) :
...vous représenter?
M. Ouellette : Absolument.
Mme Prince (Véronique) :
Puis, concernant justement vos poursuites, je pense que vous avez déjà
mentionné que vous êtes rendu à 550 000 $, à peu près, ou un montant
que comme ça. Quelle portion est couverte par l'Assemblée nationale? Parce que
je pense que vous avez quand même l'aide de l'Assemblée nationale.
M. Ouellette : L'Assemblée,
il n'y en a pas… Présentement, pour poursuivre le gouvernement, rien n'est
défrayé par l'Assemblée nationale. Si tu n'es pas accusé ou si tu n'es pas cité
dans une poursuite, il n'y a rien qui est couvert par l'Assemblée. Donc, toutes
les démarches que je fais pour recouvrer ma vie, recouvrer mon intégrité, c'est
à mes frais, de mes poches.
Mme Côté-Chabot (Claudie) :
Est-ce que c'est un message que vous envoyez au caucus du Parti libéral de
tenir ce point de presse aujourd'hui, alors qu'ils sont réunis ici, à
l'Assemblée nationale, pour la première fois?
M. Ouellette : Est-ce que
c'est un message?
Mme Côté-Chabot (Claudie) : Que
vous leur envoyez. Pourquoi avoir choisi cette date?
M. Ouellette : Ah! absolument
pas, je veux dire, puis c'était prévu, pour le lancement du livre, que ça se
faisait aujourd'hui à Québec. Et j'ai vu le communiqué pour le caucus du Parti
libéral, là. Aussi étonnamment que vous pourriez le penser, c'est une
coïncidence.
Mme Greig
(Kelly) : First off, why did you want to write
this book, while you're still a sitting MNA, to share your side of the story?
M. Ouellette : It's a book based on facts who are at my knowledge. The ministère de
la Sécurité publique launched an investigation two years ago. There's 14
investigators there, it cost over $3 million, and we got a message that
they have for two more years to go. And the director said, a couple of weeks
ago, that probably he could just make recommendations to the Minister of
Sécurité publique regarding the two aspects that they have to look. They have
to look at «des fuites à l'UPAC». They also have to look the way that Project A
was handled by UPAC. So probably to help them, but it's
336 pages of facts. I don't know all, but those are facts at my knowledge,
who will probably help the Bureau des enquêtes
indépendantes in their investigation. Like I mentioned
in the last 15 minutes, making them public will probably help people who
have bits and pieces of information to complete parts or shadowed spaces that I
don't have the answer to make a whole of that. So, even if there's an
investigation going on, it will be helpful for the Bureau
des enquêtes indépendantes to have those that are in the
book.
Mme Greig (Kelly) : You had some strong words for Mme Anglade in the book… an
opportunist. Do you foresee yourself trying to rejoin the Liberal Party? What is in your future…
M. Ouellette : You see, for now, October 25th, 2017, my life was totally broken. I
have to rebuild my life on other bases everyday, every minute, every hour.
There was some decisions, politically… have been taken by the party that I
represented last election and for the last five elections. And, when I met
Pierre Arcand on October 5th, he told me… Not when I met, when I talked to
Pierre Arcand on October 5th, he told me : Get your cases with you back
straight up and, after that, call us. It's not finished. I have a lawsuit
against the Procureur général,
the Government, and it was frozen because of the
pandemic until September 1st. So it's reactiving right now. So we should have
court dates and stuff like that for a couple of more years.
So, for now, I have to
concentrate on myself, my case, get my integrity back and rebuild myself. And,
as an independent, right now, the status that I have allows me to be more in
the action because all the parties have to get my «consentement» to pass
motions, or to get some nominations, or anything else. So, even if I'm alone
and I have just my small team in Chomedey, for now, this is not my first goal.
My first goal is my life and to get my integrity back.
Mme Greig (Kelly) : I know you spoke a lot about integrity in the past and integrity… Looking
back at what has happened, how do you feel, like, this reflects on the
integrity of this institution, of the National Assembly and of it's elected officials?
M. Ouellette : I think that Mr. Chagnon, when he made the speech October 31st, he
made a speech as the President of the National Assembly. I think that the 125 MNAs who were sitting at the salon bleu at
that time understand… most of them, I would say, 124, understand… One
abstained, OK? But I would say
that was the duty of Mr. Chagnon because you cannot intimidate
parliamentarians. They have a job to do. They have to represent the citizens. And it's exactly what Jacques Chagnon expressed by
mentioning: Qu'on accuse ou qu'on s'excuse.
And, at the end, in my
conclusion, in chapter 10, you may read that, one day, I dream that the Premier
will stand up at the salon bleu and express his regret… the way I was treated
by institution, exactly what they did with Admiral Norman in Ottawa. So it's
one of the things I put in the conclusion. But, for Jacques Chagnon and like I
mentioned in my speech today also, never, never any parliamentarians have to
suffer intimidation. Thank you.
(Fin à 11 h 35)