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Point de presse de M. Guy Ouellette, député de Chomedey

Version finale

Thursday, September 3, 2020, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures cinquante-neuf minutes)

La Modératrice : Merci d'être ici. Good day to all. Voici pour le déroulement du point de presse de ce matin avec M. Guy Ouellette, député indépendant de Chomedey. La durée du point de presse sera de 30 minutes, incluant une période de questions sur le livre de 15 minutes. Et, pour toute demande d'entrevue individuelle, évidemment, sur le communiqué, c'est déjà informé que c'est la compagnie d'édition Hugo & Cie, Mme Maude Brière, qu'il faudra contacter.

This morning, the press briefing will last 30 minutes, including a period question on the book for 15 minutes. And, for any individual interview request, please contact Maude Brière at Hugo & Cie publishing house, as mentioned in the press release.

Thank you. Merci. M. Ouellette.

M. Ouellette : Bonjour. Je me présente devant vous aujourd'hui pour le lancement de ce livre, intitulé Qu'on accuse ou qu'on s'excuse. Comme vous l'aurez constaté, je dédie mon ouvrage à tous les parlementaires de l'Assemblée nationale, aux côtés desquels j'ai servi les 13 dernières années, afin de mettre en lumière leur engagement, leur ténacité et leur rigueur à chercher la vérité, parce qu'ils méritent de le faire à l'abri de toute intimidation.

Comme l'a écrit l'ex-président Jacques Chagnon dans sa préface, l'ancien secrétaire général de l'Assemblée nationale, Michel Bonsaint, et son équipe ont fouillé pendant quelques semaines, vérifiant toute la jurisprudence de tous les cas passés ou récents de chaque Parlement du même titre que le nôtre. Jacques a écrit et nous rappelle que les policiers auraient dû savoir que le droit parlementaire est de nature constitutionnelle.

Conséquemment, les jugements rendus suite aux questions du député de Matane-Matapédia, de l'opposition officielle, ont eu un retentissement dans tous les Parlements de type Westminster, et ce, depuis mon arrestation. Ces jugements font jurisprudence. Jacques Chagnon conclut sa préface en mentionnant que ce fut une période marquante pour le Parlement, mais aussi pour moi.

Chacune des cinq législatures dans lesquelles j'ai évolué jusqu'à aujourd'hui fut marquée par des enjeux particuliers.

La 38e, de mars 2007 à décembre 2008, fut de beaucoup ma préférée. La position minoritaire du gouvernement obligeait les partis et les députés à travailler en étroite collaboration pour faire avancer tous les dossiers et tous les projets de loi. Je pense, entre autres, à la loi Anastasia, sur les armes à feu, et celle de la confiscation des produits de la criminalité au civil.

La 39e législature, le gouvernement de décembre 2008 à septembre 2012, était concentrée à composer avec la récession. Nous avions perdu des milliards de dollars de la Caisse de dépôt. La crise étudiante et le printemps érable ont monopolisé beaucoup de temps des parlementaires. Un de mes souvenirs marquants de cette législature est le martèlement quotidien de la députée adéquiste de Lotbinière, la regrettée Sylvie Roy, qui répétait sans relâche au gouvernement son inquiétude envers l'industrie de la construction et demandait presque quotidiennement une commission d'enquête.

La 40e législature, un gouvernement minoritaire, de septembre 2012 à avril 2014, marque le passage de mon ami le député de Verchères, Stéphane Bergeron, comme ministre de la Sécurité publique, premier policier de l'histoire de la Sûreté du Québec à être élu, en 2007. Cinq ans plus tard, en 2012, nous étions maintenant cinq policiers : Robert Poëti, dans Marguerite-Bourgeoys, Jacques Marcotte, dans Portneuf, moi, à Chomedey, Jean Rousselle, à Vimont, et Jacques Duchesneau, à Saint-Jérôme.

C'est au cours de cette législature qu'une première et sérieuse remise en question se fait de l'UPAC par le ministre Bergeron. Cette législature s'est terminée par un scandale, soit celui impliquant la première ministre, députée de Charlevoix, et son conjoint Claude Blanchet, dans Capital BLF. Les efforts déployés par tous les parlementaires, tous partis confondus, qui ont travaillé d'arrache-pied et qui ont partagé tous les fruits de leurs recherches, ont culminé par un vote historique de convocation de la première ministre et de son conjoint, sur la motion du député de La Prairie, devant les membres de la Commission des finances publiques. Le fruit de tous ces efforts de mise en commun ne s'est cependant jamais matérialisé, des élections hâtives étant déclenchées.

La 41e législature, d'un gouvernement majoritaire, d'avril 2014 à octobre 2018, s'est particulièrement démarquée par des problèmes de sécurité publique. Je pense à l'évasion par hélicoptère d'Orsainville, aux allégations d'agressions sexuelles des policiers de Val-d'Or, aux trois changements de ministre à la Sécurité publique en trois mois, au renouvellement du commissaire de l'Unité permanente anticorruption, à la nomination d'un nouveau directeur général à la SQ et aux arrestations spectaculaires de l'UPAC, la journée du budget.

Mardi, c'était le lancement officiel de mon livre, Qu'on accuse ou qu'on s'excuse. J'ai eu le privilège de pouvoir compter sur la présence de plusieurs collègues et ex-collègues de tous les partis politiques et même du Bloc québécois. En effet, c'est mon ami Stéphane Bergeron qui a eu la tâche de procéder à mon introduction. Plusieurs d'entre vous se rappelleront de sa verve et de son franc-parler, et sa présentation exceptionnelle de mardi n'a pas fait exception.

Il a raconté avec brio à quel point il était essentiel que les parlementaires agissent davantage de façon apolitique pour le bien de la population. Il a aussi admis que les relations transpartisanes irritaient drôlement l'establishment de chacun des partis. Pour faire du pouce sur les propos tenus par M. Bergeron hier, je vous dirais que le dicton «diviser pour mieux régner» s'applique bien. Le bureau des leaders de chacun des partis politiques préfère contrôler l'information, en tenant dans l'ignorance autant que possible ses députés.

Tolérer que des échanges au niveau opérationnel se produisent implique que le haut de la hiérarchie perd du pouvoir et de l'information. Tout en gardant un respect pour la ligne hiérarchique et tout en assurant de tenir informée ce que j'appelais la tour de contrôle, j'ai toujours fait partie de ceux qui croyaient que, pour le bien de la population, il fallait travailler en équipe. Et, pour travailler en équipe, il fallait se parler, se concerter, se consulter et réfléchir ensemble.

Les seuls journalistes qui peuvent comprendre cette dynamique, c'est vous parce que vous passez vos journées à côtoyer des parlementaires. Vous passez des heures en commission parlementaire, à la période des questions, en point de presse. Les travaux de l'Assemblée nationale, pour beaucoup de citoyens, c'est long et laborieux. Suivre ces travaux l'est tout autant.

Afin d'écrire ce livre, j'ai relu et revisionné des centaines et des centaines d'heures de commissions parlementaires, de périodes de questions, de crédits budgétaires, de travaux parlementaires, entre autres ceux de la Commission de l'administration publique, communément appelée la CAP, et ceux de la Commission des institutions, la CI, en passant par les exercices de reddition de comptes de Me Annick Murphy, du DPCP, de la sous-ministre Dominique Savoie, du ministère des Transports, jusqu'au commissaire Robert Lafrenière, de l'Unité permanente anticorruption. J'ai retenu deux cartables pleins d'interventions, de questions et de citations de mes collègues, des extraits qui démontrent une collaboration remarquable entre des députés d'allégeances différentes.

À la Commission des institutions de 2015, c'est Nathalie Roy qui questionne le commissaire de l'UPAC. Elle veut savoir qui le surveille. Il nous confirme ce que nous savions déjà, personne, ce qui amène ma collègue de Montarville à se demander publiquement : Est-ce que ça ne fait pas beaucoup de concentration de pouvoirs entre les mains d'un seul homme, ça?

Vous savez, quand on pose des questions en commission parlementaire, c'est souvent parce que les députés ont eu des pistes. Nous nous attendons à des réponses surprenantes, décevantes, choquantes. Chose certaine, les réponses, aussi courtes soient-elles, même les silences et les refus, nous permettent d'ajouter un peu plus de lumière au tableau souvent obscur auquel nous faisons face parce que ce n'est pas à vous que je vais apprendre que les hauts fonctionnaires de nos institutions ne sont pas fous de joie de devoir rendre des comptes, encore moins à des politiciens.

Vous, les journalistes, avez souvent été sollicités pour rapporter des explications, particulièrement de la part de l'UPAC, que nous, les parlementaires, n'avons pas eu la chance de recevoir. Donc, en commission parlementaire, non seulement nous sommes inondés de documents et de cartables volumineux à consulter, peut-être même pour nous mêler de façon délibérée, mais les réponses sont souvent échevelées et énigmatiques, comme si nous n'avions pas le droit à la vérité.

Je vous rappelle et je pense aux interventions de mon collègue, le député André Spénard, de Beauce-Nord. En 2017, il demandait au commissaire de l'UPAC comment était le climat de travail à l'UPAC. Comme le commissaire avait tenté de le rassurer en affirmant que tout allait bien, André lui avait demandé s'il connaissait Karine Martel. Réponse : non. André lui a laissé une autre chance en lui demandant de confirmer l'existence d'un rapport dont les conclusions étaient très négatives en matière de relations de travail à l'UPAC. Le commissaire nous a menti. Il a nié l'existence d'un rapport, qui allait éventuellement refaire surface complètement décaviardé, au grand dam des députés de Matane-Matapédia et de Beauce-Nord.

André Spénard ne s'est pas gêné, en 2018, pour affirmer que le lien de confiance était brisé avec l'UPAC, celui des citoyens, des parlementaires et même de ses propres employés. Il était allé aussi loin que d'affirmer qu'il était convaincu que l'agenda de l'UPAC était, en fait, l'agenda malsain du commissaire et qu'il avait l'impression que la haute gestion de l'UPAC le prenait pour une valise. Effectivement, c'était l'unanimité parmi les membres de la Commission des institutions. Nous avions l'impression que l'état-major de l'UPAC nous riait en plein visage.

Par rapport au MTQ, les députés de La Peltrie, Éric Caire, et de Vachon, Martine Ouellet, ont été particulièrement impliqués à démontrer la très mauvaise gestion du ministère des Transports. Nous avons dû nous contenter que la sous-ministre soit tablettée, sans savoir que nous n'étions pas au bout de nos peines. Quelle déception de constater que non seulement le gouvernement actuel a ramené la sous-ministre, Dominique Savoie, mais il lui a donné une charge exceptionnelle, soit celle de faire une rétrospection de la gestion de crise de la COVID au ministère de la Santé. Je dois vous dire que j'ai eu le plaisir de pouvoir compter sur la présence de l'ex-députée de Vachon, Martine Ouellet, à mon lancement, et je vous confirme qu'elle est tout aussi estomaquée et sans mots de cette situation que moi, je peux l'être.

Je dois vous avouer que je ne peux m'empêcher de penser au député de La Peltrie. Il a tellement travaillé avec rigueur et ardeur dans le dossier du MTQ. Il a démontré que la sous-ministre avait menti à la commission. Il a démontré qu'il y avait du favoritisme dans l'attribution des contrats de consultants. Il a démontré que la gestion contractuelle ne respectait pas les règles. Bref, il a démontré que l'omerta existait bel et bien au MTQ. Je pense à lui parce que sa situation doit être invivable et difficile ces temps-ci. Voilà un autre exemple des travers des lignes de parti.

Comme plusieurs autres députés, Éric s'est aussi fait remarquer par son engagement à obliger l'UPAC à remettre aux parlementaires les documents demandés. Pascal Bérubé a profité de toutes les occasions qui se sont offertes à lui pour souligner les refus du commissaire de nous remettre des documents. Et, comme la députée Nathalie Roy, il craignait énormément la concentration de pouvoirs sans reddition de comptes entre les mains du commissaire de l'Unité permanente anticorruption.

En 2017, à peine quelques jours avant mon arrestation, au tour de Pascal Bérubé et de la députée de Taschereau, Agnès Maltais, d'écrire une lettre au président de la Commission des institutions pour demander que la commission contraigne l'UPAC à venir répondre aux questions des parlementaires sur le p.l. n° 107. Inacceptable et scandaleux, tels ont été leurs mots envers le non-respect du commissaire du processus législatif. Vous aurez compris que c'est moi qui a reçu cette lettre-là.

En 2018, Pascal a osé exprimer tout haut ce que plusieurs savaient tout bas. Lors du vote final pour l'adoption du projet de loi n° 107, au salon bleu, faisant de l'UPAC un corps de police, il pointe du doigt certains députés libéraux, sans les nommer. Il dit haut et fort que plusieurs d'entre eux n'ont pas confiance à l'UPAC et que plusieurs sont en désaccord avec le projet de loi n° 107, mais, ligne de parti oblige, ils auront été contraints de voter pour son adoption. Un autre travers des décisions partisanes.

Les travaux parlementaires sont loin d'être un fleuve tranquille. Pendant que Pascal Bérubé déclare que nous savons tous que le rapport de Karine Martel existe, celui-ci est rendu public par le ministre de la Sécurité publique. Le député de Matane-Matapédia avait raison, une autre insulte frontale aux parlementaires.

Qu'est-ce qui a irrité à ce point l'UPAC? Est-ce la présence du député de Matane-Matapédia à l'émission Tout le monde en parle, peut-être les cinq questions de directive qu'il a posées au président Jacques Chagnon visant à clarifier les procédures que l'UPAC aurait dû suivre? On ne sait pas, mais, chose certaine, les enquêteurs de l'UPAC ont communiqué avec Pascal pour solliciter une rencontre. Déjà, vous, les journalistes, avez parlé d'intimidation lors du point de presse de Pascal.

De plus, le député de La Peltrie, Éric Caire, et tous les membres de la Commission des institutions étaient aussi visés par les enquêteurs de l'UPAC. Ils ont communiqué leurs intentions de rencontrer tous ces députés. Il n'en fallait pas plus pour déstabiliser le Parlement.

Comme l'a dit Guy A. Lepage à l'émission Tout le monde en parle, la démocratie québécoise nage en eaux troubles depuis l'arrestation de Guy Ouellette par l'UPAC. Vous connaissez la suite. Nous avons assisté à un bras de fer entre les procureurs de l'Assemblée nationale et ceux de l'UPAC. Le projet A fut actif, puis mis sur la glace, puis fermé suite à une reconnaissance en Cour supérieure des procureurs du DPCP annulant la validité de l'opération.

Comme l'a exprimé mon collègue Pascal Bérubé, jamais on n'accepterait une telle accumulation de faux-pas dans une grande organisation, une société d'État, par exemple, ou un organisme parapublic, mais on l'accepte avec l'UPAC. Au nom de quoi? Je la pose aussi, cette question-là. Pourquoi le gouvernement tient-il à garder vivante une organisation qui n'a pas prouvé son utilité après plus de neuf ans d'existence? Les dommages collatéraux sont énormes, les victimes multiples.

J'ai écrit ce livre pour laisser une trace des coulisses de la pire dérape de l'Unité permanente anticorruption. J'ai relaté les multiples interventions de mes collègues pour démontrer que je n'étais pas le seul à douter de la gestion de cette organisation. Je l'ai fait parce que je suis un des députés au coeur des dérives du système judiciaire. C'est moi, c'est Richard Despatie, c'est Stéphane Bonhomme qui ont été visés le matin du 25 octobre 2017, mais ça aurait pu être quelqu'un d'autre. Qu'on accuse ou qu'on s'excuse, c'est à propos de ça.

J'encense la majorité de mes collègues. Je mets en valeur l'importance de leur travail et de leur collaboration. Et j'en irrite à peine quelques-uns. En politique, on ne peut pas plaire à tout le monde. Et vous aurez compris que je ne suis pas en position d'épargner ceux qui ont joué et fait de la politique de façon beaucoup plus agressive que moi. Je n'ai aucune gêne à raconter les travers de ce genre de politique. Je l'ai dit à outrance depuis lundi, c'est une affaire entre des parlementaires et une organisation publique qui refusait de rendre des comptes. Je ne suis pas la seule victime de l'UPAC. Je vous rappelle que Richard Despatie, Stéphane Bonhomme, nos conjointes, nos familles, nos vies en ont lourdement souffert.

J'ai eu la chance de pouvoir compter sur la collaboration de Pierre Bourdon, Michael Roy, et de toute l'équipe de Hugo & Cie, et de quelques personnes de mon entourage pour m'aider à rendre public les faits qui sont à ma connaissance. Il me manque, sans aucun doute, plusieurs morceaux du casse-tête. J'ai travaillé pendant 10 mois à la rédaction de cet ouvrage parce que j'espérais que mon livre puisse contribuer à activer les témoignages et les dénonciations, et j'en suis maintenant convaincu. Les appels, courriels, textos, messages qui ont cours depuis lundi dernier sont à ce point nombreux, plusieurs dossiers déboulent, et je commence à penser que le BEI ne prendra pas encore deux ans pour nous livrer des accusations et un rapport.

Je vous remercie de surtout retenir et de continuer à porter votre attention sur tous les travaux parlementaires qui ont été le théâtre de toute l'action concernant l'UPAC. Les parlementaires d'aujourd'hui ont perdu, avec raison, un peu de vigueur. Et je souhaite ardemment qu'un ménage soit fait pour que plus jamais, plus jamais, aucun député ne se sente menacé ou intimidé. Merci.

M. Robillard (Alexandre) : Bon, M. Ouellette, il a été question cette semaine de votre relation avec la CAQ au sujet des informations que vous aviez transmises ou, en tout cas, qu'on dit que vous aviez transmises. Donc, j'aimerais ça savoir est-ce que vous avez fourni des courriels de Pietro Perrino à la CAQ le ou vers le 30 novembre 2016.

M. Ouellette : Ce que j'ai mentionné cette semaine, et je le maintiens, je n'ai rien à me reprocher. Et ce n'est pas à vous, journalistes de la colline parlementaire, que je vais expliquer qu'entre parlementaires le mot «source» n'existe pas. S'il a été utilisé par le premier ministre, M. Legault, ça a été dans un contexte sensationnaliste, dans un contexte électoral. Et ce sera effectivement mes derniers mots sur cette question. C'est une demi-page dans ce livre-là.

M. Robillard (Alexandre) : …mais il n'est pas dans ma question. Ma question, je vous la répète, avez-vous fourni des courriels de Pietro Perrino à la CAQ le ou vers le 30 novembre 2016, dans leur bureau, ici, au troisième étage?

M. Ouellette : Je vous ai donné la réponse que je vous ai donnée en rapport avec votre question. Est-ce que vous avez d'autres questions?

M. Robillard (Alexandre) : Maintenant, j'aimerais ça savoir... Vous avez été interrogé en 2014 à deux reprises par des enquêteurs de l'UPAC au sujet d'une activité de financement pour laquelle vous réclamiez à Violette Trépanier la présence de la ministre des Transports, Julie Boulet. Vous écriviez, là, je vous cite, que ça permettrait d'attirer des firmes d'ingénieurs puis ça pourrait doubler votre objectif de financement. Ça, c'est vos mots. Alors, j'aimerais savoir est-ce que vous avez déjà fait du financement sectoriel.

M. Ouellette : Relativement à votre question, ce ne sont pas mes mots, ce sont...

M. Robillard (Alexandre) : C'est votre courriel, par exemple. C'est vous qui l'avez écrit.

M. Ouellette : Ce ne sont pas mes mots. Factuellement, ce ne sont pas mes mots. Ce sont des mots que j'ai rapportés d'une personne que j'ai rencontrée et à laquelle l'enquêteure de l'UPAC, Marie-Hélène Poulin, m'a mentionné que j'inventais des mots. Je l'ai inscrit dans le livre. Vous irez le consulter. Cette personne-là que j'ai mentionnée n'a jamais été rencontrée encore par l'UPAC.

M. Robillard (Alexandre) : ...savoir, M. Ouellette, dans ce cas-là, est-ce que vous êtes prêt à dire si ce que vous avez écrit, même si vous dites que ce n'est pas vos mots, ça correspond à la définition du financement sectoriel.

M. Ouellette : Je n'interpréterai pas ce que j'ai écrit. Je n'ai que rapporté des paroles qui ont été dites par une personne que j'ai rencontrée à la demande du parti.

M. Robillard (Alexandre) : Vous écrivez dans le livre à quel point vous vous êtes senti intimidé, hein? Je pense que c'est vrai. Vous dites dans le livre que vous vous êtes senti intimidé lors de ces deux rencontres là avec les enquêteurs de l'UPAC, au printemps 2014, au sujet de vos activités de financement. Moi, j'aimerais ça savoir est-ce qu'après ça vous pensez que vous aviez toute la sérénité qu'il fallait pour intervenir, au cours des trois ou quatre années qui ont suivi, que ce soit à titre de député ou de président d'une commission parlementaire, pour exiger des comptes de l'UPAC. Moi, je veux savoir est-ce que vous étiez en conflit d'intérêts. Est-ce que vous étiez en conflit d'intérêts vous-même?

M. Ouellette : Je ne crois pas. Je pense que j'ai toujours exercé mes fonctions de parlementaire, de président de commission avec objectivité, rigueur et intégrité. C'est toujours ce qui m'a caractérisé. Et je ne me suis jamais senti en conflit d'intérêts et je n'ai jamais ressenti quelque doute que ce soit relativement à mes fonctions parlementaires.

M. Robillard (Alexandre) : Puis vous n'avez jamais accepté d'expliquer à vos collègues du caucus libéral les circonstances ou… En tout cas, vous n'avez jamais voulu leur parler de la situation qui était attribuée à une fuite, là, qui vous était attribuée, concernant M. Perrino, sous prétexte que c'était sub judice. Là, aujourd'hui, vous donnez des explications dans les médias, mais vous êtes toujours dans une situation de sub judice. Vous avez des poursuites devant le gouvernement, tout ça. Pourquoi vous ne vous êtes jamais expliqué au caucus libéral sur les circonstances qui ont mené à votre exclusion?

M. Ouellette : Vos affirmations sont inexactes. J'ai écrit à la présidente du caucus. Et, après le caucus, j'ai rencontré le chef intérimaire qui venait d'être nommé après la décision du caucus, et son commentaire a été : Règle tes choses avec l'UPAC — et c'est écrit dans le livre — et après on se reparlera.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que vous allez compléter votre mandat?

M. Ouellette : C'est sûr que je vais compléter mon mandat. Je suis élu. J'ai été élu une cinquième fois par les citoyens de Chomedey. C'est certain que je vais compléter mon mandat. Je dois mon mandat aux citoyens de Chomedey, que je sers avec beaucoup de fierté.

Mme Prince (Véronique) : M. Ouellette, est-ce que vous avez l'intention de vous représenter comme indépendant ou vous souhaitez toujours regagner le Parti libéral?

M. Ouellette : Je vous dirai que j'apprécie pleinement aujourd'hui mon statut à l'Assemblée. Comme indépendant, j'ai la chance de pouvoir participer et d'avoir connaissance de... et ça prend mon consentement pour plusieurs activités parlementaires. Et, pour le moment, vous savez, je dois rebâtir ma vie. J'ai une poursuite contre le Procureur général. J'ai beaucoup de choses qui bouillent. Je vous imagerais ça que j'ai beaucoup de chantiers. Et j'apprécie le statut que je suis présentement… Je ne suis pas à me poser la question pour quel parti... ou est-ce que je devrais aller dans un parti ou pas. Je veux dire, je focusse présentement à regagner mon intégrité et faire avancer mes poursuites contre le gouvernement.

Mme Prince (Véronique) : ...vous représenter?

M. Ouellette : Absolument.

Mme Prince (Véronique) : Puis, concernant justement vos poursuites, je pense que vous avez déjà mentionné que vous êtes rendu à 550 000 $, à peu près, ou un montant que comme ça. Quelle portion est couverte par l'Assemblée nationale? Parce que je pense que vous avez quand même l'aide de l'Assemblée nationale.

M. Ouellette : L'Assemblée, il n'y en a pas… Présentement, pour poursuivre le gouvernement, rien n'est défrayé par l'Assemblée nationale. Si tu n'es pas accusé ou si tu n'es pas cité dans une poursuite, il n'y a rien qui est couvert par l'Assemblée. Donc, toutes les démarches que je fais pour recouvrer ma vie, recouvrer mon intégrité, c'est à mes frais, de mes poches.

Mme Côté-Chabot (Claudie) : Est-ce que c'est un message que vous envoyez au caucus du Parti libéral de tenir ce point de presse aujourd'hui, alors qu'ils sont réunis ici, à l'Assemblée nationale, pour la première fois?

M. Ouellette : Est-ce que c'est un message?

Mme Côté-Chabot (Claudie) : Que vous leur envoyez. Pourquoi avoir choisi cette date?

M. Ouellette : Ah! absolument pas, je veux dire, puis c'était prévu, pour le lancement du livre, que ça se faisait aujourd'hui à Québec. Et j'ai vu le communiqué pour le caucus du Parti libéral, là. Aussi étonnamment que vous pourriez le penser, c'est une coïncidence.

Mme Greig (Kelly) : First off, why did you want to write this book, while you're still a sitting MNA, to share your side of the story?

M. Ouellette : It's a book based on facts who are at my knowledge. The ministère de la Sécurité publique launched an investigation two years ago. There's 14 investigators there, it cost over $3 million, and we got a message that they have for two more years to go. And the director said, a couple of weeks ago, that probably he could just make recommendations to the Minister of Sécurité publique regarding the two aspects that they have to look. They have to look at «des fuites à l'UPAC». They also have to look the way that Project A was handled by UPAC. So probably to help them, but it's 336 pages of facts. I don't know all, but those are facts at my knowledge, who will probably help the Bureau des enquêtes indépendantes in their investigation. Like I mentioned in the last 15 minutes, making them public will probably help people who have bits and pieces of information to complete parts or shadowed spaces that I don't have the answer to make a whole of that. So, even if there's an investigation going on, it will be helpful for the Bureau des enquêtes indépendantes to have those that are in the book.

Mme Greig (Kelly) : You had some strong words for Mme Anglade in the book… an opportunist. Do you foresee yourself trying to rejoin the Liberal Party? What is in your future…

M. Ouellette : You see, for now, October 25th, 2017, my life was totally broken. I have to rebuild my life on other bases everyday, every minute, every hour. There was some decisions, politically… have been taken by the party that I represented last election and for the last five elections. And, when I met Pierre Arcand on October 5th, he told me… Not when I met, when I talked to Pierre Arcand on October 5th, he told me : Get your cases with you back straight up and, after that, call us. It's not finished. I have a lawsuit against the Procureur général, the Government, and it was frozen because of the pandemic until September 1st. So it's reactiving right now. So we should have court dates and stuff like that for a couple of more years.

So, for now, I have to concentrate on myself, my case, get my integrity back and rebuild myself. And, as an independent, right now, the status that I have allows me to be more in the action because all the parties have to get my «consentement» to pass motions, or to get some nominations, or anything else. So, even if I'm alone and I have just my small team in Chomedey, for now, this is not my first goal. My first goal is my life and to get my integrity back.

Mme Greig (Kelly) : I know you spoke a lot about integrity in the past and integrity… Looking back at what has happened, how do you feel, like, this reflects on the integrity of this institution, of the National Assembly and of it's elected officials?

M. Ouellette : I think that Mr. Chagnon, when he made the speech October 31st, he made a speech as the President of the National Assembly. I think that the 125 MNAs who were sitting at the salon bleu at that time understand… most of them, I would say, 124, understand… One abstained, OK? But I would say that was the duty of Mr. Chagnon because you cannot intimidate parliamentarians. They have a job to do. They have to represent the citizens. And it's exactly what Jacques Chagnon expressed by mentioning: Qu'on accuse ou qu'on s'excuse.

And, at the end, in my conclusion, in chapter 10, you may read that, one day, I dream that the Premier will stand up at the salon bleu and express his regret… the way I was treated by institution, exactly what they did with Admiral Norman in Ottawa. So it's one of the things I put in the conclusion. But, for Jacques Chagnon and like I mentioned in my speech today also, never, never any parliamentarians have to suffer intimidation. Thank you.

(Fin à 11 h 35)


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