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Point de presse de M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports

Version finale

Tuesday, September 1, 2020, 9 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt minutes)

M. Arseneau : Merci. Alors, bonjour, mesdames et messieurs. Aujourd'hui, je voulais parler de transport aérien.

Comme vous le savez, depuis quelques semaines déjà, Air Canada a annoncé qu'il délaisserait les régions, qu'il suspendait ses liaisons régionales dans une grande partie du Québec, des régions. Depuis le mois de juillet, le 3 juillet en fait, nous demandons au gouvernement de tenir une commission parlementaire pour faire le tour de la question et définir un nouveau modèle pour le transport aérien régional. On a formulé cette demande-là le 3 juillet. On l'a formulée à nouveau le 13 juillet.

Le gouvernement n'avait pas fermé la porte initialement, puis a décidé de créer ce qu'il a appelé un groupe d'intervention, auquel il a invité des parlementaires, le représentant de chacun des partis d'opposition, pour assister à ces rencontres-là. On a obtenu la deuxième rencontre du groupe d'intervention vendredi dernier. Et je vous dirais qu'actuellement, là, on a un problème avec la tour de contrôle dans ce dossier-là. On manque d'informations de vol et on craint que la destination soit encore bien lointaine. Il y a encore beaucoup de turbulence à venir dans le transport aérien.

Et on pense qu'à l'heure actuelle il faudrait revenir à l'idée de la commission parlementaire avec un mandat d'initiative pour les raisons suivantes. C'est qu'une vingtaine de mémoires ont été présentés au gouvernement par différents intervenants, à travers le Québec, des régions, aussi l'association des aéroports, et ainsi de suite, et le groupe d'intervention n'a pas accès à ces mémoires. Donc, nous n'avons pas l'information pour juger de la validité ou de l'intérêt de l'ensemble des mémoires.

Donc, la discussion tourne un peu autour de ce que le gouvernement va choisir de nous présenter lors de la prochaine rencontre, qui est prévue pour le 24 septembre prochain. On trouve que cette démarche-là manque grandement de transparence. Et on ne peut pas faire un débat qui se tienne et qui soit porteur si on n'a pas l'ensemble de l'information et des propositions qui sont amenées de l'avant et qu'on en fasse, donc, une discussion ouverte et publique. Ce que le gouvernement nous a dit… Le ministre nous a dit qu'à la prochaine rencontre il aurait fait le choix de trois, quatre ou même cinq propositions dont on pourrait discuter de façon plus approfondie.

Or, pour nous, on pense que c'est une façon de détourner un peu le débat qu'on aurait l'occasion de faire parce que c'est une occasion, disons, extraordinaire dans le domaine du transport aérien. Depuis une vingtaine d'années qu'on vit toutes sortes de turbulences, et là, maintenant, avec la décision d'Air Canada de se retirer pour un an, deux ans, peut-être trois ans, on a un espace de discussion pour développer un nouveau modèle, encore faut-il qu'on aille au fond des choses. Et là la crainte qu'on a, au Parti québécois, c'est qu'on ne puisse pas justement voir quel est l'ensemble des propositions et que le gouvernement nous impose un peu ses choix sans savoir quelles étaient les autres options.

Alors, aujourd'hui, encore une fois, moi, je veux faire un appel à François Bonnardel pour lui dire : Mettons sur pause le travail du groupe d'intervention, qui ne peut pas intervenir s'il n'a pas toute l'information, et convoquons plutôt une commission parlementaire avec un mandat d'initiative qui permettrait d'approfondir l'ensemble des mémoires, des propositions, ouvrir le débat de façon beaucoup plus large. Et, une fois qu'on aura tracé certaines lignes de consensus, bien, on pourra essayer de développer des pistes d'atterrissage intéressantes pour le transport aérien en région. Voilà.

M. Bergeron (Patrice) : M. Arseneau, le groupe d'intervention en question, c'est un écran de fumée? Il ne sert à rien? Il sert à quoi au juste?

M. Arseneau : Écoutez, moi, je pense qu'il peut servir à quelque chose dans la mesure où l'ensemble de l'information est déposée aux membres. Si ce n'est que pour cautionner une décision du ministre à venir, on n'a pas besoin d'un groupe comme celui-là. Et il est très mal nommé parce que le groupe ne peut pas intervenir s'il n'a pas les moyens de le faire. Et, à l'heure actuelle, ce qu'on voit, c'est qu'on va certainement frapper un mur. Le ministre nous a même dit qu'il ne pourrait pas plaire à tout le monde, qu'il y aurait certainement des gens qui seraient déçus, qu'il ferait un premier tri dans les propositions et qu'il nous imposerait un peu, là, sa vision sur la base de deux, ou trois, ou quatre scénarios.

Tout ce qu'on a pu apprendre lors de la dernière rencontre, c'est que les mémoires allaient un peu dans tous les sens. Les propositions qui étaient faites, dans certains cas, favorisaient le maintien de la libre concurrence dans le transport aérien en région. D'autres voudraient réduire les frais aux usagers soit par des programmes de réduction des tarifs aériens comme celui qu'on a actuellement ou encore en réduisant, par exemple, la part de taxe qui est imposée aux voyageurs actuellement sur le billet d'avion.

La démonstration qu'on nous a faite, c'est qu'il y a au-delà de 25 % du prix du billet d'avion qui va en taxes et en prélèvements de toutes sortes. On sait que Nav Canada veut augmenter également ses frais de 30 % dans les prochaines semaines. D'autres évaluations font état de 30 % à 35 % du prix du billet d'avion payé par les passagers, qui sert essentiellement à payer l'ensemble des fournisseurs de services ou les gouvernements, en impôts et en taxes, alors que le prix du billet réel, bien, évidemment, il serait beaucoup moindre.

L'autre option qu'on nous a présentée, mais on ne sait pas qui défend ces propositions-là, c'est de subventionner certaines routes, certaines liaisons qu'on juge essentielles, comme ça se fait dans certains pays. On a parlé des États-Unis, de l'Europe ou de l'Autralie.

Et puis enfin il y a une autre option, de favoriser un nouveau transporteur, une nouvelle structure de gouvernance ou encore une nouvelle plateforme pour mutualiser des coûts qui seraient actuellement assumés par les transports aériens.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que vous craignez… Parce que, depuis le départ d'Air Canada, évidemment, il y a des transporteurs qui ont levé la main, qui vont assurer la desserte dès maintenant ou depuis le mois d'août, je crois. Est-ce que vous avez peur que le gouvernement prenne une espèce de solution facile pour éviter d'avoir un débat sur, vraiment, la révision du modèle? Est-ce que vous craignez que, par exemple, Pascan, Air Liaison restent en place et qu'il n'y ait pas de changement en profondeur?

M. Arseneau : Bien oui. En fait, je crains effectivement que le gouvernement choisisse la solution facile, et évite de faire un débat en profondeur, puis que ce soit, au final, un autre soubresaut dans le transport aérien régional, et puis qu'on se magasine une autre crise dans cinq ou dans 10 ans.

Que les transporteurs, actuellement, prennent le relais à Air Canada, c'est une bonne nouvelle. On l'a vu pour Gaspé, on l'a vu pour Baie-Comeau, on l'a vu également pour Val-d'Or, des transporteurs qui prennent la responsabilité, avec un soutien gouvernemental possible, parce qu'il faut quand même se souvenir que la première demande qu'on avait faite lorsque la crise a éclaté, c'est que le programme de soutien aux transporteurs aériens, en mode pandémie, pendant l'urgence sanitaire, soit prolongé du mois de juin jusqu'à ce qu'on trouve une solution. Le ministère a accepté de le prolonger jusqu'au 31 octobre. On a posé la question, à savoir si on envisageait de le prolonger davantage, parce que le ministre admet lui-même que le 1er novembre, là, il n'y a rien de réglé. Alors, il s'est dit ouvert à ça. Ça, c'est un plus, ce qui fait que, dans un horizon prévisible, on n'est pas en mode crise. On a des transporteurs qui font le travail.

Ce qu'on veut bâtir, c'est un nouveau modèle qui nous projette vers l'avenir, qui empêche, par exemple, Air Canada de revenir dans le décor. Et le ministre semble vouloir négocier une entente avec Air Canada, un pacte de non-concurrence. C'est comme ça qu'il appelle sa démarche. On ne sait pas si ça va donner des résultats. On n'est pas présents aux négociations. On pourrait le souhaiter. Mais moi, je trouve que l'approche du ministre est particulièrement naïve lorsqu'on sait qu'Air Canada n'a toujours travaillé que pour ses actionnaires. Est-ce que la pandémie peut avoir à ce point agenouillé Air Canada qu'il accepte de se retirer de certains marchés qu'il pourrait juger lucratifs pour les beaux yeux du ministre? J'en doute beaucoup. Et la question qui se pose : Qu'est-ce que le ministre mettra sur la table pour convaincre Air Canada de se retirer?

Il y a une autre option que j'ai demandé au ministre d'analyser, celle du prix plancher, dont on discute depuis nombre d'années, et, à ce jour, on ne sait même pas si la solution est réalisable. On ne sait pas si, sur le plan réglementaire, le gouvernement du Québec peut fixer un prix plancher en deçà duquel un transporteur pourrait être, par exemple, poursuivi en justice pour avoir fait du dumping, pour avoir coupé les prix en brimant un marché concurrentiel.

Alors, c'est des pistes qu'on doit absolument explorer, puis on va le faire à visage découvert, en public, devant public.

M. Bergeron (Patrice) : …s'est prononcé clairement en faveur d'un modèle, la semaine dernière ou il y a deux semaines, coopératif, là. Je pense, c'est des gens d'affaires. Je ne sais pas trop, là. Vous, là, vous vous positionnez où là-dedans, là? Est-ce que vous favorisez un modèle en particulier?

M. Arseneau : Bien, je voudrais dire que ma collègue de Québec solidaire, Mme Ghazal, appuie entièrement la proposition qu'on a faite de tenir une commission parlementaire. Elle a déjà exprimé une préférence en même temps que son parti pour le modèle coopératif. La proposition est certes intéressante. Mais comment se prononcer si on ne connaît pas les 22 propositions qui ont été déposées au gouvernement? Et c'est là où moi, je pense qu'avant de choisir un modèle il faut savoir l'ensemble des options, l'éventail de toutes les propositions qui ont été déposées au ministère.

Mme Lévesque (Fanny) : Vous devez avoir des préférences, là, M. Arseneau. Vous connaissez bien le dossier.

M. Arseneau : Bien, en fait, moi, je vais vous dire, ma préférence ne va pas vers un modèle ou vers un transporteur, elle va pour un service aux citoyens qui soit fiable, qui soit régulier et qui soit à prix abordable. Et le transporteur ou le modèle qu'on pourra développer, qui nous permettra d'atteindre ces objectifs-là, en évitant de se requestionner sur le modèle à tous les trois, les cinq ou les 10 ans, selon le bon gré d'un transporteur, mais c'est ce modèle-là qui devra prévaloir. Mais moi, je n'ai aucune garantie à l'heure actuelle qu'il n'y a pas un modèle absolument extraordinaire qui a été présenté au gouvernement, qui pourrait peut-être nécessiter davantage d'investissements de sa part, mais qu'il va préférer éliminer au final parce qu'il préfère se retirer, idéologiquement, favoriser, par exemple, la libre concurrence aux dépens du transport régional et des citoyens qui vivent en région.

Alors, je ne dis pas que c'est ce qu'il va faire. Je dis simplement que, ne sachant pas sur quelle base le gouvernement va prendre des décisions et ne sachant pas quels sont les projets ou les propositions qu'il va éliminer, bien, l'exercice est voué à l'échec. À mon point de vue, si on veut vraiment faire le travail comme il faut, qu'on le fasse à visière levée.

Mme Lévesque (Fanny) : Une dernière question là-dessus. On a parlé de Pascan, Air Liaison, qui ont levé la main, comme je disais tout à l'heure. Vous dites que ça ne peut pas être que ça, la solution. Comment on va arriver à réconcilier ça? Parce qu'eux restent là le temps que, bon, évidemment, Québec trouve une décision, mais, si on arrive avec un autre modèle, ils vont vouloir rester quand même, là.

M. Arseneau : Absolument. Les transporteurs aériens, actuellement, vous avez nommé Pascan, on pourrait parler effectivement d'Air Creebec aussi, il y en a d'autres, je dirais, offrent un service essentiel à prix fort. Le prix des billets d'avion, ces derniers mois, a augmenté de 25 % à 30 %. Donc, ce modèle-là, il n'est pas viable pour les citoyens. Il peut permettre à certaines personnes de se déplacer. Mais le modèle, il doit comporter non seulement un service régulier et fiable, mais c'est la portion de l'accès au transport aérien pour les citoyens qui, actuellement, n'est pas réglée avec l'offre qui est présentement sur la table, d'où l'idée qu'il faut continuer à y travailler.

Le transport aérien en région, là, c'est le transport collectif. C'est un élément qui s'apparente, là, au transport en commun dans les grandes villes. Les gens, pour toutes sortes de raisons, ont des besoins de se déplacer pour des raisons, justement, économiques, pour des raisons familiales, pour des raisons d'affaires, pour des raisons de santé. Et on ne peut pas constamment laisser cette mobilité-là, essentielle pour les gens des régions, au bon gré des transporteurs.

Mme Senay (Cathy) : J'aurais une question en français puis ensuite en anglais.

Le Modérateur : Une dernière parce qu'il s'en va en commission.

Mme Senay (Cathy) : On va se dépêcher. Sylvain Roy disait hier à quel point c'est crucial que la cimenterie McInnis demeure québécoise. À quel point c'est réaliste d'en avoir…

M. Arseneau : Bien, en fait, c'est réaliste dans la mesure où le gouvernement Legault est nationaliste et veut justement aller de l'avant, avec des déclarations qu'il a faites encore ce matin dans les journaux, en disant que la deuxième partie de son mandat sera encore axée sur un nationalisme économique plus fort. Et actuellement il n'a pas brillé par l'exemple.

On a vu ce qui s'était passé dans plusieurs cas. Velan est un dossier où les emplois, 200 emplois, se sont retrouvés en Inde, et le gouvernement s'en félicitait au départ, en trouvant que c'était une bonne idée, pour ensuite s'excuser. On a le REM, encore aujourd'hui, qui fait construire ses poutres… C'est la Caisse de dépôt qui gère ce dossier-là. Les poutres de béton sont construites aux États-Unis. Et les exemples sont nombreux.

Alors, si le gouvernement veut se ressaisir puis être pragmatique, il va dire : On a une usine qui, actuellement, est installée en Gaspésie, qui crée de l'emploi, qui est de plus en plus performante. Plutôt qu'aller céder, comme un cadeau, à des intérêts brésiliens une usine comme celle-là, bien, on va s'assurer qu'elle puisse bénéficier au Québec. À ce que je sache, on a encore besoin de ciment. On a des milliards à investir dans les infrastructures. Je pense que le modèle peut être revu à l'avantage des Québécois et des Gaspésiens.

Mme Senay (Cathy) : Is it realistic to think that McInnis can stay and remain a Québec business?

M. Arseneau : It is realistic if we have the political will. And the Government says that he is nationalistic. I implore him to be pragmatic and say that we have a cement production installation that can be more «performant», that creates jobs in the Gaspé, and that we can revaluate our options and make sure that it stays under Québec rule. And I don't see why they're in such a hurry in wanting to sell the production… What makes the Government think right now… What makes la Caisse de dépôt et placement want to have this fire sale, as we say in French, and get rid of something that, you know, we could keep for a while and see how it evolves? And there's even a Québec company that would like to acquire it. So I think we should stay calm, and take our time, and do the right thing, and make the right decisions for Québec.

Mme Senay (Cathy) : And do you have… for air travel right now?

M. Arseneau : No, no, no. Honestly, people are not in a state of panic because we have service right now. The service is expensive. People want air travel to get cheaper and the service to be regular, stable. And they understand that we're still in a state of pandemic and that it can take some time. That's the reason why I think we should allow ourselves to discuss the matter a little further. We know that Air Canada is not going to come back and, you know, perturb the market for another year, so we've got some time to make the right decisions.

Mme Senay (Cathy) : But you're proposing to the Transport Ministry to put in place a parliamentary committee. Do you have the impression that would be one…

M. Arseneau : Because there's no information given to the committee members. So how can we possibly choose the best possible proposal if we don't have access to the information, to the proposals? So the greatest virtue of the parliamentary committee is that all of the proposals would be presented and debated in front of the public and in front of the parliamentarians. So, from then on, we can have a healthy debate on what's best for Québec's regions.

Mme Senay (Cathy) : In your mind, air travel, regional air travel, this is an essential service and…

M. Arseneau : Definitely, and we've seen that in other constituencies, in other countries where air travel is essential, such as Australia, or in some parts of Europe, or in the United States. But here, in Québec, you can't let people from the Gaspé, Magdalen Islands, or the Lower North Shore, or Abitibi without any transportation. How can we possibly develop our economy or make sure that our population's well-being is taken care of if we don't have air travel that is accessible? And that's the key word, it has to be accessible. We can have air travel, but, if we can't afford to buy a ticket, there you go… So that's why I think the Government recognizes that it has a role to play, but to what extent? Will it play it the right way, so we have a stable model for the years to come and not be faced with more and more crises as time goes on?

Le Modérateur :Merci beaucoup.

M. Arseneau : Thank you very much. Merci.

(Fin à 9 h 39)

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