(Onze heures six minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Ce matin j'ai entendu la mairesse de Montréal, Valérie Plante,
interpeler le gouvernement du Québec pour soutenir nos travailleurs et
travailleuses, nos entrepreneurs, nos artisans, artisanes de la culture qui
vont être obligés de fermer leurs portes à partir de jeudi. On est à deux jours
de la fermeture, deux jours, et la mairesse de Montréal est obligée de dire :
Aïe! on a besoin d'aide, parce qu'il n'y a aucune mesure qui a été annoncée. L'impression
que ça donne, honnêtement, là, on la voyait venir la deuxième vague, c'est que,
tout ça, encore une fois, c'est improvisé. Puis, c'est sûr que ce n'est pas
juste Montréal, là. La culture, ce n'est pas juste dans le centre-ville de Montréal,
la culture, c'est partout à travers le Québec. C'est inquiétant, puis, en fait,
c'est inacceptable.
La vague, elle ne nous est pas tombée
dessus. Ça fait des mois qu'on la voit venir. Ça fait des mois que le
gouvernement nous en parle. Ça fait trois semaines qu'on a un code de couleur.
Il faisait quoi, le ministre Fitzgibbon, pendant ce temps-là? Il mangeait le
buffet froid d'Amazon? Il faisait quoi, le ministre Fitzgibbon, en voyant
arriver cette deuxième vague? Il aurait dû être prêt. Et je partage la colère
des travailleurs et travailleuses ce matin, des artisans, artisanes qui ont
l'impression, encore une fois, d'être la dernière priorité du gouvernement.
Je l'ai dit à plusieurs reprises, je vais
le redire ce matin : Tout le monde doit faire sa part. La population doit
faire sa part et la population va faire des grands sacrifices dans les
prochains 28 jours, mais le gouvernement aussi doit faire sa part et
justifier ses mesures. M. Legault doit nous expliquer pourquoi il ferme
les centres-villes à travers le Québec plutôt que les centres d'achat. On veut
savoir sur quelle base il confine la culture alors qu'on n'a aucune indication
qu'il y a des éclosions dans nos salles de spectacles, nos musées, nos cinémas,
nos bibliothèques. À ce que je sache, il n'y a pas beaucoup de partys dans les
bibliothèques, mais, pour du monde, c'est la seule place où ils peuvent aller
se connecter à Internet.
La culture, c'est une contribution de
11 milliards à notre PIB, 11 milliards. Mais c'est aussi essentiel
pour beaucoup de Québécois et Québécoises, autant que le sport pour certains,
que les gyms pour d'autres, autant que les centres d'achat pour certains.
Personne ne revendique de traitement particulier, je n'ai pas entendu ça. On
veut juste que le gouvernement justifie clairement ses mesures et annonce très
rapidement des mesures de soutien qui auraient dû être prêtes, en fait, la
semaine dernière, l'autre semaine d'avant, puisque ces secteurs-là ont déjà
mangé leur claque lors de la première vague.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre les questions. Je vous demanderais de vous concentrer à
une question, une sous-question ce matin. Merci.
M. Larin (Vincent) : Mme Massé,
M. Bérubé vient tout juste de dire qu'il ne passerait plus le message du
gouvernement, là, tel quel, tant qu'il n'aura pas les recommandations de la
Santé publique, là. C'est-à-dire, il n'expliquera plus aux gens pourquoi on
ferme les salles des restaurants, comme il ne le sait pas. Est-ce que c'est
quelque chose que vous demandez vous aussi ou que vous envisagez?
Mme Massé : Bien, c'est
sûr, moi, je comprends, puis c'est comme la population, on s'y perd, hein, dans
tout ça. Ça fait déjà deux semaines que, nous, on demande que cette distinction
soit faite entre qu'est-ce que la Santé publique propose au gouvernement versus
qu'est-ce que le gouvernement décide de mettre l'avant. Pour nous, ça demeure
quelque chose qui n'est pas clair et qui n'aide pas, je pense, à tout le monde
à être derrière les décisions qui sont prises.
M. Lacroix (Louis) :
Mais ultimement est-ce que vous endossez quand même les… bien, en fait, les
mesures qui ont été annoncées hier par M. Legault? Est-ce que vous les
endossez, ces mesures-là?
Mme Massé : Écoutez,
nous, depuis le début, vous me l'avez entendu dire, et on va continuer de le
dire, la Santé publique, c'est au coeur, c'est essentiel. Moi, je ne me mets
pas à la place ce ces gens-là. Ceci étant dit, là, on sent qu'il y a des doutes
qui commencent à s'installer, et il faut que ce que la Santé publique propose
comme étant des pistes au gouvernement, il faut que ce soit connu parce que,
sinon, le doute s'installe, et ça, ce n'est pas bon pour mobiliser une
population pour lutter, et je le rappelle, contre un virus qui est largement
répandu et meurtrier.
M. Lacroix (Louis) : C'est
quoi, les doutes que vous avez, vous, Mme Massé?
Mme Massé : Bien, je veux
savoir qu'est-ce que la Santé publique met de l'avant. Nous, c'est ça
qu'on demande. Écoutez, moi, par exemple…
M. Lacroix (Louis) :
…sauf votre respect, vous avez dit qu'il y a des doutes qui s'installent.
Mme Massé : Oui, je suis
en train de vous répondre.
M. Lacroix (Louis) : C'est
quoi vos doutes à vous?
Mme Massé : Je suis en
train de vous répondre. Je suis en train de vous dire : Tant que je ne
sais pas ce que la Santé publique donne à notre gouvernement comme matière
à prise de décision, bien, ça me fait poser des questions sur qu'est-ce qui…
pourquoi le gouvernement a choisi telle chose ou telle chose, et je pense que c'est
au gouvernement de nous expliquer. C'est le propos que je vous dis ce matin, c'est
au gouvernement d'expliquer pourquoi il a choisi de garder les centres d'achats
ouverts alors que le milieu de la culture, qui a été confinée très longtemps ce
printemps, début de l'été, je vous rappellerai, que ce milieu-là est encore le
premier qu'on ferme. Moi, j'ai besoin de l'entendre, ça.
Mme Richer (Jocelyne) :
Avez-vous l'impression que le gouvernement a fait preuve d'arbitraire dans ses
décisions, là, surtout depuis hier?
Mme Massé : Écoutez, je pense
que la Santé publique émet des recommandations au gouvernement — ce
que je comprends, comment ça fonctionne, là — émet des
recommandations, et le gouvernement tranche et prend des décisions. Moi, la
décision de fermer complètement le milieu de la culture, c'est sûr que, là, je
réfléchis puis je me dis : Qu'est-ce qu'on a vu comme éclosion
dernièrement? Qu'est-ce que, dans les musées… n'était pas appliqué à la Santé
publique, je veux dire, les mesures de Santé publique n'étaient pas appliquées,
qui fait qu'aujourd'hui on se retrouve dans cette situation-là? Je n'ai pas de
réponse à ça, mais il y a une chose qui est sûre, ce qu'on aurait dû avoir… une
réponse hier, c'est que ce gouvernement-là a fait ce choix-là, et il n'y a
aucune mesure d'annoncée de soutien à un secteur de l'économie qui génère
11 milliards par année, à des travailleurs et travailleuses qui,
aujourd'hui, ne savent pas comment ils vont faire pour retrouver les revenus
qu'ils vont perdre pour continuer à faire le métier qu'ils aiment.
Mme Richer (Jocelyne) : …culture
sert de bouc émissaire dans cette crise-là présentement?
Mme Massé : Écoutez, bouc
émissaire, je ne sais pas. Il y a une chose qui est sûre, c'est : ce
secteur-là a besoin de soutien, d'aide directe. On l'a dit depuis des mois, on
le disait au mois de juin, on le dit encore aujourd'hui, je ne comprends pas où
était M. Fitzgibbon. Où était-il? On le savait que la deuxième vague s'en
venait, je veux dire, les codes de couleur, ce n'est pas nous autres qui les a
inventés, là. Il savait donc, ce gouvernement-là, que ça s'en venait. Où
était-il? Il savait que ces secteurs-là allaient avoir besoin d'aide. Je ne
sais pas où est-ce qu'il était, et je m'attends à ce que, rapidement, puisque
ce sont des secteurs d'activité quand même assez créateurs d'emplois sur tout
le territoire du Québec et générateurs d'économie pour plusieurs Québécois et Québécoises…
M. Carabin (François) : Mme Massé,
sur la mort de Joyce Echaquan, est-ce que c'est un exemple de racisme
systémique?
Mme Massé : Bien, écoutez,
c'est clair que la situation… Bien, premièrement, je tiens vraiment à offrir à
la communauté de Manawan et à la famille de Joyce, vraiment des sympathies et
des condoléances de ma formation politique. Je pense que, depuis des mois, des
années, des années dans le cas de Québec solidaire, on réitère qu'il y a du
racisme systémique à travers nos institutions, et je pense que le rapport Viens
l'a écrit sur plusieurs centaines de pages, même chose pour l'ENFFADA. J'ai
tellement hâte que ce gouvernement-là reconnaisse que ça existe pour pouvoir
agir à la base, c'est-à-dire nos institutions.
M. Carabin (François) : …que
demandez-vous de l'hôpital, en particulier l'Hôpital de Joliette ou bien du
réseau de la santé, dans ce dossier-là?
Mme Massé : Bien, je réitère,
hein, le rapport Viens est très clair, sur l'ensemble de nos institutions, en
tout cas, plusieurs de nos institutions. Et, dans ce sens-là, le réseau de la
santé n'en fait pas... il est inclus là-dedans.
Ceci étant dit, je pense qu'aujourd'hui
même, il y a quelques minutes, je n'ai pas eu le temps de l'étudier attentivement,
mais les gens des Premières Nations nous rappellent qu'on n'est plus à l'heure
des rapports, on est à l'heure d'agir, et ça, ça veut généralement dire un gouvernement
qui envoie des messages clairs, et actuellement je n'entends pas ces messages
clairs là de la part du gouvernement.
M. Bergeron (Patrice) :
...les professionnels qui sont dans cet hôpital-là, les gestionnaires, s'ils
sont capables de les identifier, est-ce qu'on doit les laisser là? Est-ce qu'on
ne devrait pas les suspendre, les sanctionner?
Mme Massé : Moi, je suis
convaincue que c'est inacceptable dans nos institutions publiques d'avoir de
tels propos, de tels gestes. Moi, je pense que les institutions doivent sévir
après avoir fait l'analyse de la situation, si tel est le cas. Mais, je vous
dis, ça ne doit pas cacher en aucun cas, en aucun cas que le problème est
systémique, et non pas une histoire de quelques pommes pourries à travers nos
institutions.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Mais qu'est-ce que ça veut dire, sévir, juste pour être très précis? Vous dites
que l'hôpital doit sévir, une fois qu'on aura identifié les personnes qui ont
tenu ces propos-là. Doivent-ils, oui ou non, perdre leur job?
Mme Massé : Bien, écoutez,
moi, je ne suis pas la fille qui a fait les conditions de travail de ce
monde-là. Je ne suis pas celle qui est gestionnaire de cette affaire-là. Ce que
je peux juste vous dire, c'est que nos institutions ont des mécanismes pour
réprimander des gestes inacceptables. Je pense que ces mécanismes-là doivent
être mis en place. Je pense qu'il y a une enquête du coroner en place. On va
avoir la lumière. Mais, pour moi, Manon Massé, c'est inacceptable, des propos
racistes en 2021. Et je pense que le gouvernement du Québec n'aide pas à cette situation-là
quand il ne reconnaît pas que, dans nos institutions, il y a du racisme
systémique.
La Modératrice
: Est-ce
qu'il y a d'autres questions en français? On va passer en anglais.
Mme Fletcher
(Raquel) : Yes, I have a question... Mme Massé
said that closing libraries, for some people, that's the only access they have
to the Internet, even though there haven't been outbreaks in libraries. So, do
you think that this closure of, I mean, libraries, restaurants, bars... all different
kinds of businesses... but, in general, do you feel like the closure of those
businesses is a form of punishment rather than an actual venture to ward off
this second wave?
M. Nadeau-Dubois : Well, in order to be able to answer that question, we should have
all the information on those issues. We should be able to know with actual data
where are the cases, where are the clusters in Québec. The Government
systematically refuses to share that information with opposition parties and
with the general public.
So, citizens are asking
us, every day, questions because they're trying to understand exactly why the Government is closing down some businesses and keeping others open.
But we are honestly unable to answer those questions from journalists or from
citizens because there's a systematic lack of transparency with the Coalition
avenir Québec. That's why we've been asking for two weeks now that the official
recommendations of Public health authorities are publicly released in order to
be able to understand what are really recommendations from Public health
authorities and where the political decision starts. We're not able to do that
distinction because there's a lack of transparency.
Mme Fletcher (Raquel) : There seems to be… you say : Lack of transparency, but I'll
just say a lack of specific science, specific statistics when it comes to, you
know… how… gyms compare to bars. We don't seem to have that information. Is the
Government hiding it from us or did they just haven't collected that?
M. Nadeau-Dubois :
You know, I think what people have to understand and what citizens have to
understand is that MNAs here, as official representatives of the Québec
population, we have exactly the same amount of information as them. So,
Mr. Legault keeps asking us to collaborate, keeps asking us to relay his
political decisions. Well, we're ready to do that, but in order to do that, we
need to have the actual data, the actual information from Public health
authorities. We need to know why are those decisions taken, why are those
choices made. We are unable to have that information, so we are unable to
inform the citizens as we should do.
Mme Greig (Kelly) : Yesterday, at the press conference, it was said : There's only
so much, really… that Government can do, now it's up to the people, that we've
come to the end of what we can do. What it… your reaction to that? Is that… responsibility
or… How is your…
M. Nadeau-Dubois :If we want to win against that virus, we need a social
contract, a social contract between the people and the Government. And of
course, Québec's population has its responsibilities. And when I see on social
media people partying just like there was no coronavirus, it makes me angry.
And I understand the Premier to be angry also. And it's
OK to put ordinary citizens in front of their responsibilities. That's why
we've been asking for weeks citizens of Québec to respect the decisions of
Public Health authorities. But, and that's a very big and important «but», in
order for that to work, the Government has to respect his side of the social
contract. And his side is what? It's being transparent, being clear and
coherent in its choices of measures. And when he announces that a whole sector,
like the cultural sector, is closing down without being able to justify that
decision with actual data and science, he's not respecting that social
contract.
Mme Fletcher (Raquel) :
Minister Dubé keeps saying how fragile the health
care system is…
M. Nadeau-Dubois :
Oui. That's another example. He's saying that. We've been asking for weeks to
see real data on the capacity of our health care system. We want to see data on
where are we in terms of moving personnel from an institution to another, where
are we in terms of the capacity of intensive care. He's not publicly sharing
that information, so we are unable to understand really what is the capacity of
our health care system all across Québec. We put forward a motion last week
specifically to ask for those measures, for those… for this data. That motion
was blocked by the Government.
Mme Fletcher (Raquel) : Do you think it's putting an unrealistic burden on Quebeckers to
protect a fragile health care system because the Government hasn't taken enough
measure to protect that heath care system? I mean, going seven months without
social contacts is a lot to ask of Quebeckers because we don't have enough
resources in health care. Do you know where I'm getting at?
M. Nadeau-Dubois :
I think so. But ask me another question if I, you know, misunderstood your
question. You know, it's a very fragile equilibrium between the responsibility
of the population and the responsibility of the Government. That equilibrium
was not met yesterday.
Mme Senay (Cathy) :
And what are the consequences, the dangers, the
risks of having this equilibrium just falling? Because we have 28 days
going back to a partial shutdown. This is what it is. So, don't you have some
fears about the reaction of Quebeckers?
M. Nadeau-Dubois :
When this very fragile equilibrium between the
responsibility of the population and of the Government is not met, the direct
consequence is an erosion of the confidence of Quebeckers on authorities, and
that's very, very bad in our fight against the virus. The Government has to
respect his part of the deal. If he fails to do so, people will stop listening
to the Government, and that's what everyone in this building wants to avoid. We
all want to avoid a massive erosion of the confidence towards the Government and...
sorry, towards Public Health authorities but, in order to do that, we need
information, we need data, we need transparency. We are… We don't have that
right now.
La Modératrice
: Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 25)