(Onze heures trente-huit minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse du ministre de la
Justice, M. Simon Jolin-Barrette. M. Jolin-Barrette est accompagné
aujourd'hui de Patrick-Thierry Grenier, qui est sous-ministre associé,
orientation accès à la justice et performance.
M. le ministre, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Merci.
Bonjour, tout le monde. Je suis accompagné effectivement de Me Grenier,
qui est sous-ministre associé au ministère de la Justice.
Alors, aujourd'hui, votre gouvernement
dépose le projet de loi n° 70 qui vise à protéger les
personnes contre les thérapies de conversion visant à modifier leur orientation
sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre. Ce projet
de loi représente un pas important pour la nation québécoise vers davantage
d'égalité et davantage de protection des personnes LGBTQ.
Les thérapies de conversion
visent à modifier l'orientation sexuelle d'une personne vers une orientation
sexuelle ou encore de convertir une personne à l'identité de genre qui
correspond au sexe de sa naissance ou à ce qui est perçu comme étant la norme,
alors qu'elle ne s'identifie pas à ce genre. Ces thérapies de conversion sont
nocives et dangereuses pour les personnes qui les subissent. Elles sont une
atteinte à l'intégrité d'une personne et peuvent avoir de graves répercussions
pour ceux et celles qui les suivent.
Elles sont d'ailleurs
dénoncées par l'ordre des sexologues du Québec, l'Ordre des psychologues du Québec,
l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du
Québec, notamment.
Dès mes premières semaines en fonction,
j'ai souhaité poser un geste fort pour enfin mettre fin à ces pratiques
barbares. Les victimes subissent des préjudices psychologiques et physiques
importants. Il est inacceptable qu'en 2020 ce type de thérapie ait encore lieu
au Québec. L'orientation sexuelle n'est pas un choix et personne ne devrait
être pénalisé, dénigré, intimidé ou discriminé en fonction de son orientation
ou son identité de genre.
Les changements législatifs que nous
proposons s'inscrivent dans notre volonté de défendre le droit à l'intégrité et
à la dignité des personnes, et cela, peu importe leur orientation sexuelle,
leur identité de genre ou leur expression de genre. Disons-le clairement, les thérapies
de conversion doivent aujourd'hui, et pour toujours, être proscrites au Québec.
Une société moderne, inclusive, tolérante et humaine ne peut pas accepter en
son sein ce type de thérapie. Il est donc primordial que nous agissions
rapidement et sur plusieurs niveaux.
En déposant ce projet de loi, nous
reconnaissons explicitement que toute thérapie de conversion, peu importe le
contexte, porte atteinte à des droits fondamentaux de la personne qui la suit,
soit ceux à l'intégrité et à la dignité de la personne. Ces droits sont
inaliénables et sont protégés par la charte québécoise des droits et libertés
de la personne. Nous affirmons clairement que les thérapies de conversion
portent atteinte à l'intégrité et à la dignité de la personne, permettant ainsi
d'alléger le fardeau de la preuve des personnes victimes.
Le projet de loi permettra aussi qu'une
personne victime de cette pratique puisse exercer un recours pour obtenir la
réparation du préjudice qui a pu en résulter, et cela, que le préjudice soit
moral ou corporel.
Ensuite, notre projet de loi propose de
modifier le Code des professions pour y prévoir que, pour tout professionnel,
peu importe l'ordre professionnel duquel il est membre, il ne pourra dispenser
une thérapie de conversion, et qu'une telle pratique est assimilée à un acte
dérogatoire à la dignité de la profession. Aucun professionnel ne pourra donc
offrir de tels services.
Je tiens par ailleurs à souligner
l'étroite collaboration de ma collègue la ministre de l'Enseignement supérieur et
ministre responsable de l'Application des lois professionnelles sur cet aspect
du projet de loi.
Enfin, il est également prévu que nul ne
peut conclure un contrat, que ce soit à titre gratuit ou onéreux, afin d'offrir
une thérapie de conversion à une autre personne, sous peine d'une amende
importante. En effet, toute personne qui contreviendrait à la loi serait
passible d'une amende entre 5 000 $ et 50 000 $, ainsi que
de 15 000 $ à 150 000 $ pour une personne morale.
En conclusion, en déposant le projet de
loi n° 70, votre gouvernement pose un geste fort et
concret afin de répondre aux besoins et aux réalités actuelles des communautés
LGBTQ. Le Québec se positionne ainsi en leader en allant encore
plus loin que la plupart des autres juridictions canadiennes. Avec ce dépôt de
projet de loi, nous franchissions une étape supplémentaire afin d'ajuster la
loi aux réalités de la société qui l'encadre, une société juste, ouverte et qui
assure la protection et l'épanouissement de toute la population.
Le Québec est un phare en
matière de droit des personnes LGBTQ, et nous pouvons en être fiers. En effet,
depuis des décennies, nous sommes au coeur du progrès pour un plus grand
respect de la diversité, notamment sexuelle. Nous avons un consensus sur cet
enjeu à l'Assemblée nationale du Québec. Nous l'avons vu en juin 2019 avec la
motion condamnant les thérapies de conversion.
Il est temps de faire un pas
de plus. Il est primordial, pour moi, à titre de ministre de la Justice et à
titre de ministre responsable de la Lutte contre l'homophobie et la
transphobie, d'agir rapidement sur cet enjeu. Ainsi, je souhaite évidemment
compter sur la collaboration des partis d'opposition afin que le projet de loi
progresse rapidement.
Je vous remercie de votre
attention.
Le Modérateur
:
Merci, M. le ministre. Véronique Prince, Radio-Canada.
Mme Prince
(Véronique) : Oui, bonjour. Je vais poser juste
une question parce qu'on est tous un petit peu serrés, là, pour notre midi.
Au-delà des changements apportés au Code des professions puis au-delà du fait
aussi qu'on va imposer des amendes et tout ça, il y a des professionnels de la
santé qui, de façon non explicite parce que ce n'est pas nécessairement leur
intention de pratiquer une thérapie de conversion, mais de par leurs commentaires
ou par leur façon de mener la thérapie… le patient a l'impression que c'est de
la conversion. Est-ce qu'il peut y avoir également de la formation qui est
offerte en université pour... Parce qu'il y a toutes sortes de nouvelles
notions, là, queer, etc. Est-ce qu'il ne faudrait pas aussi donner une nouvelle
formation, peut-être, aux professionnels de la santé pour les sensibiliser à
ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, effectivement, mais, pour être clair, là, les thérapies de
conversation, là, sont proscrites. On vise à faire en sorte que ce genre de
thérapie là ne puisse pas avoir lieu au Québec et c'est pour ça qu'on donne une
présomption aux personnes qui en sont victimes.
Cela étant dit, quelqu'un
qui accompagne une personne relativement à son identité de genre ou à son
expression de genre, il y a un paragraphe du projet de loi qui prévoit
expressément que ça ne couvre pas ça. Donc, quelqu'un qui se questionnerait sur
son orientation sexuelle ou qui serait en transition pour l'accompagner vers un
changement de sexe, ça, les professionnels peuvent continuer à faire ça.
Ce qui est prévu, c'est le
fait de dire que, si vous offrez une thérapie de conversion qui va dans le sens
contraire de ce que l'individu souhaite, pour le convertir, ça, c'est totalement
inacceptable au Québec. Mais on ne vise pas les démarches qui visent à
accompagner une personne dans son changement de sexe. Un homme qui,
biologiquement, est un homme, mais qui s'identifie au sexe féminin, ça, le
soutien psychologique associé à ça, la transformation physique, biologique, par
le biais d'une opération, par un médecin, le projet de loi fait une exclusion relativement
à ça. Nous, ce qu'on dit, c'est que l'orientation sexuelle, l'identité de genre
et l'expression de genre, c'est non négociable. Les gens doivent être protégés
contre toute thérapie de conversion qui les empêcherait.
Mme Prince (Véronique) :
Merci.
Le Modérateur
: Puisque
les bulletins de midi s'en viennent à grands pas, je vais permettre à Raquel
Fletcher de poser une question en anglais, question d'avoir un clip.
Mme Fletcher
(Raquel) : Thank you for accommodating this. I
just have one question as well. I'll be quick. I'm
wondering if you could just explain what the scope of the problem is in Québec.
You said that it's completely unacceptable that these kinds of conversion
therapies are happening in Québec, and some people might not even be aware that
they are, so what kind of problem are we looking at? And how will this bill
address, you know, the whole scope of the problem?
M.
Jolin-Barrette : Yes. The purpose of the bill
is to protect persons from injuries caused by a conversion therapy provided to
induce them to change their sexual orientation, gender identity or gender
expression. So we tabled that bill this morning to help these people and to say
one thing. That kind of therapies are not tolerable here, in Québec. We want to
be very clear, and our society, Québec society, send a clear message, we don't
want that kind of therapy here. And that's really clear that sexual orientation
is not a choice. And we want to give rights to the people and to guarantee
their freedom. So that's really important for us, and that's why we tabled that
bill today.
Mme
Fletcher (Raquel) : Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Nous allons reprendre en français avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Et ça
touche combien de personnes? Est-ce que vous avez une idée de l'ampleur du
problème? Combien de personnes au Québec sont victimes de ça, à votre
connaissance?
M. Jolin-Barrette : En fait,
c'est difficile à évaluer précisément parce que c'est rare que les gens
s'affichent en offrant des thérapies de conversion. Il y a une étude qui est
sortie récemment, qui disait que, sur un échantillon de 7 200 hommes, il y
avait environ 8 % de ces hommes-là qui avaient été victimes d'une thérapie
de conversion.
Donc, vous comprendrez que ce n'est pas
des thérapies qui sont nécessairement affichées, mais nous, on veut dire à la
population, aux gens qui seraient victimes de ce type de thérapie là :
Vous avez des recours. Au Québec, dans notre champ de compétence, on vise à
s'assurer de donner des droits aux personnes qui seraient victimes de ce genre
de thérapie là, de faciliter le recours, pour eux, pour obtenir réparation en
matière de préjudice moral ou corporel. Je pense, c'est un message clair qu'on
envoie pour dire : Au Québec, ce genre de thérapie là, ce n'est pas
tolérable. On est une société qui est progressive. On est une société qui est
ouverte.
Alors, c'est important vraiment de marquer
le pas. Puis, parmi les juridictions canadiennes, on est la plus avancée en
déposant ce projet de loi là parce qu'on crée une présomption, notamment, et
les amendes seront assez élevées.
M. Lacroix (Louis) : Juste
pour avoir une idée, là, le 7 000 hommes en question
d'échantillonnage venait d'où? C'est quoi, cet échantillonnage-là?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Ça vient du... vous l'avez à la page 2 du communiqué, là, c'est dans le
cadre de l'enquête 2019‑2020 Sexe au présent du Centre de recherche communautaire.
Donc, il y avait un échantillon de 7 200 personnes. Mais c'est
effectivement peu documenté, mais on sait qu'il y a ce genre de thérapies là
qui ont cours au Québec. Puis je pense que, comme société, il faut envoyer un
message très clair que l'orientation sexuelle, ce n'est pas un choix, et les
gens peuvent exprimer leur identité de genre ou leur expression de genre comme
ils le souhaitent au Québec. Puis je pense qu'il y a un consensus à l'Assemblée
nationale. Donc, pour moi, à titre de ministre de la Justice, en déposant ce
premier projet de loi là comme ministre, je pense que je voulais envoyer un
signal très clair d'où le gouvernement du Québec loge et où la société
québécoise loge.
Le Modérateur
: Alex
Boissonneault, Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bonjour, M. le ministre. Vous venez de déposer une motion qui a été adoptée à
l'unanimité à l'Assemblée nationale, qui demande à la ville de Montréal... pas
seulement qui demande, qui blâme la ville de Montréal aussi pour ne pas s'être conformée
à la Charte québécoise de la langue française. J'aimerais comprendre pourquoi
vous avez fonctionné de cette façon-là. Pourquoi déposer ça maintenant?
Pourquoi ne pas parler à Valérie Plante avant d'en arriver là?
M. Jolin-Barrette :
Bien, vous savez, j'ai eu une rencontre cet été avec Mme la mairesse, et puis
il y a eu une très bonne réception, et je sais que Mme Plante est en
faveur de la promotion et de la valorisation de la langue française. Et
d'ailleurs je sais que la ville de Montréal va collaborer avec nous dans le
cadre de notre plan d'action. Donc, il y a une approche très ouverte et
réceptive de la part de Mme Plante.
Par contre, il y a lieu de constater qu'il
y a plusieurs arrondissements de la ville de Montréal qui ne se sont pas
conformés au cours de dernières années. Écoutez, on parle d'entre... depuis
2002, dans certains cas, et d'autres depuis 2006, donc, on parle entre 15 et
18 ans. C'est totalement inacceptable que certains arrondissements de la
ville de Montréal ne soient pas encore conformes avec les obligations de la
Charte de la langue française.
Et je crois qu'on doit faire un effort
particulier à Montréal parce que Montréal doit être un vaisseau amiral. Et
lorsqu'on parle d'exemplarité de l'État, bien, ça comprend également les
municipalités. Et Montréal est la plus grande ville du Québec, c'est la
métropole du Québec, et Montréal est une ville de langue française. Elle doit
s'exprimer en français. Elle doit montrer l'exemple. Si on veut inviter les
entreprises, si on veut inviter les citoyens à utiliser et à faire la promotion
de la langue française, bien, un corps public comme la ville de Montréal
devrait montrer l'exemple. Et c'est inacceptable que la ville, après autant
d'années, n'ait pas son... que les arrondissements de la ville n'aient pas leur
certificat de conformité.
M. Boissonneault (Alex) :
Pardon, mais corrigez-moi si je me trompe, M. le ministre, corrigez-moi si je
me trompe, on parle quand même d'un blâme. Donc, vous dites qu'il y a une
approche de collaboration, mais qu'est-ce que vous pensez que ça va faire aux
relations entre Québec et Montréal, à votre relation avec la mairesse Plante?
M. Jolin-Barrette : Non,
ce n'est pas du tout un blâme. Dans le fond, on invite la ville de Montréal à
se conformer. Et l'ensemble des formations politiques ont appuyé la motion aujourd'hui.
Moi, je travaille en collaboration avec l'administration de Mme la mairesse.
Mais ce n'est pas uniquement la ville
centre qui n'a pas son certificat de francisation, c'est aussi 10 des
19 arrondissements. Et, vous savez, j'en appelle aux maires et aux
mairesses d'arrondissements, qui sont dans leurs champs de compétence, de
s'assurer d'obtenir le certificat de francisation et d'être conformes à la Charte
de la langue française. Montréal, en son entité, donc incluant les
arrondissements, et c'est la responsabilité des maires et des mairesses
d'arrondissements, doit se conformer et doit montrer l'exemple. Montréal est
une ville francophone. Le Québec est un État francophone. Donc, c'est la plus
grande municipalité du Québec... doit prioriser… Ça doit être un dossier
prioritaire pour la ville de Montréal.
M. Lacroix (Louis) :
Pouvez-vous nous donner des exemples de dérogations par la ville de Montréal ou
par certains arrondissements?
M. Jolin-Barrette : Mais en
fait le processus de francisation, en vertu de la Charte de la langue
française, pour l'OQLF, vise à ce que ça soit... que le français soit généralement
utilisé à l'intérieur de l'administration de la municipalité. C'est un
processus qui s'enclenche avec différentes étapes. Et l'OQLF émet le certificat
de francisation lorsqu'il est convaincu que le français est la langue généralement
utilisée. Manifestement, il y a des démarches qui sont faites, mais ils n'ont
pas été en mesure de compléter les processus.
Donc, je ne peux pas vous identifier, vous
dire : Dans tel, tel, tel arrondissement, ça, ce n'est pas conforme. Mais
l'OQLF, c'est elle qui vérifie le tout et qui les accompagne dans leur démarche
d'accompagnement. Mais vous conviendrez avec moi qu'après 18 ans ou après
15 ans ce n'est pas normal que la ville de Montréal ou ses arrondissements
n'aient pas obtenu leur certificat de francisation. Il y a des entreprises qui
obtiennent leur certificat de francisation rapidement. Et, surtout lorsqu'on
est un corps public, on est une municipalité, bien, on doit être exemplaire.
L'État québécois va, au cours des prochains mois, mettre en place une politique
visant son exemplarité de l'État, et j'invite les municipalités à adhérer.
Mais, notamment, on doit montrer l'exemple dès maintenant.
M. Boissonneault (Alex) : En
même temps, hier, vous avez rejeté une motion, à la Coalition avenir Québec,
sur l'urgence d'agir pour le français au Québec. Vous avez dit qu'il n'y avait
pas de problème avec l'agrandissement de Dawson. Est-ce qu'il n'y a pas une
contradiction, là, d'un côté, dire qu'il y a un gros problème à Montréal,
Montréal, c'est quand même le vaisseau amiral, vous l'avez dit vous-même, de la
langue française au Québec, puis en même temps de permettre ces projets-là,
mais aussi de vouloir les certifications? Qu'est-ce qu'on doit comprendre comme
message?
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a deux choses. Hier, on a proposé une motion à la motion du Parti québécois.
Mais, pour moi, c'est très clair, hein, que la langue française, ça doit être
la langue normale, la langue d'usage, la langue commune au Québec. Et le plan
d'action costaud que je vais présenter au cours des prochaines semaines va
répondre à ces préoccupations-là pour s'assurer à la fois que l'État
québécois... que la langue de travail, ça soit le français.
Et, nécessairement, ça va avoir un impact
notamment sur la ville de Montréal parce que vous avez vu les récentes études,
notamment, de l'OQLF, qui disaient qu'à Montréal plus de 60 % des
entreprises exigeaient l'anglais à l'embauche pour pouvoir travailler et que
40 % de ces embauches-là visaient à communiquer à l'interne en anglais
entre l'employé et le patron ou entre l'employé et un autre collègue à
l'intérieur du même établissement.
Donc, on ne parle pas des emplois qui sont
en lien avec l'extérieur, avec l'étranger, supposons que vous êtes vendeur ou
que vous devez faire affaire avec Londres, avec Madrid, avec des endroits... ou
aux États-Unis. On parle vraiment, là, de quelqu'un à l'intérieur même de
l'organisation, physiquement, à Montréal, donc entre le comptable puis le
commis-comptable à l'intérieur de la même entreprise.
Alors, il y a des choses qu'il faut
changer. Le plan d'action que je vais déposer va s'assurer de faire en sorte de
faire la promotion, la valorisation et surtout d'assurer la pérennité de la
langue française. Il y a beaucoup de travail à faire, particulièrement sur
l'île de Montréal, et on est en train de travailler présentement. Il y a une
chose qui est sûre, c'est que la défense du français, pour le gouvernement du
Québec, c'est une priorité et ça sera une priorité.
Le Modérateur
:
François Carabin, Metro.
M. Carabin (François) :
Bonjour, M. Jolin-Barrette. Bon, vous avez déposé une motion, comme mon
collègue le disait. Vous, en tant que ministre, qu'est-ce que vous pouvez faire
pour que ces 10 arrondissements se conforment? Et, à ce moment-là, est-ce que
vous avez fixé une date limite?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, les arrondissements sont en processus de conformité avec l'OQLF, mais
ils n'ont pas obtenu leur certificat de francisation. Alors, vous savez, le
processus peut prendre un certain temps. L'OQLF les accompagne, mais il y a une
question de volonté. Alors, c'est pour ça qu'aujourd'hui on a nécessairement
déposé la motion. L'OQLF est là pour accompagner les arrondissements de la
ville de Montréal. Ça dépend de la volonté des arrondissements.
Alors, moi, j'en appelle aux élus
municipaux, aux élus des arrondissements, aux maires d'arrondissements pour
dire : Vous devriez en faire une priorité parce que c'est important, vous
avez une responsabilité d'exemplarité en tant que corps public pour que votre
arrondissement obtienne son certificat. Et, avec l'OQLF, si on travaille
sérieusement, s'ils travaillent sérieusement avec l'OQLF, je pense que ça pourrait
être réglé en quelques mois.
M. Carabin (François) : Juste
pour bien comprendre, vous avez parlé d'un certain temps, est-ce que c'est
possible de définir cette période-là? Quelques mois, quelques semaines?
M. Jolin-Barrette : Pour
obtenir un certificat de francisation?
M. Carabin (François) : Oui.
M. Jolin-Barrette : Bien, ça
dépend des efforts qui sont faits par les municipalités. L'OQLF a un plan
d'action pour s'assurer, avant d'émettre le certificat de francisation... Ça
dépend des éléments qui sont à corriger à l'intérieur de l'organisation. Je ne
peux pas vous parler de chacun des 10 arrondissements qui ne sont pas conformes
actuellement. Il y a plusieurs volets. Il y a la langue de travail. Il y a la
langue de l'environnement aussi.
Alors, il y a plusieurs éléments qui sont
propres à chacun des dossiers. Mais il y a une chose qui est sûre, c'est que,
si la volonté des élus municipaux, elle est présente, de faire du français la
langue de l'arrondissement et d'être conforme à la Charte de la langue
française, il n'y aura pas d'enjeu avec l'OQLF. Mais ce n'est pas normal
qu'après 15 ou 18 ans les arrondissements de la ville de Montréal ne
soient pas conformes.
M. Carabin (François) : Si je
peux me permettre une question sur le projet de loi, le gouvernement canadien
lui aussi légifère au Code criminel. Il a fait la distinction qu'il veut
criminaliser les thérapies de conversion seulement chez les mineurs. Ce n'est
pas dans votre projet de loi. Pourquoi avoir... J'imagine que c'est voulu, là?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, nous, on agit à l'intérieur de notre champ de compétence du droit civil.
Donc, vous savez, le fédéral avait déposé un projet de loi pour interdire les
thérapies de conversion puis de le criminaliser. Le projet de loi est mort au
feuilleton avec le fait que le gouvernement libéral a prorogé le Parlement. Ils
ont redéposé un projet de loi.
Nous, on agit dans notre sphère de
compétence puis on donne une présomption pour avoir des dommages par rapport à
la personne qui aurait offert une thérapie de conversion à une personne
victime. Donc, la personne victime va pouvoir obtenir une réparation monétaire
en réparation de son préjudice corporel ou matériel, ce que ne couvre pas le
volet fédéral. Puis le volet fédéral criminel, c'est une preuve qui est hors de
tout doute raisonnable, qui est un fardeau plus élevé qu'en matière civile, qui
est la prépondérance de la preuve, donc un fardeau moins élevé.
Et aussi ce qu'on fait, c'est que, dans le
Code des professions, on vient dire très clairement que c'est un acte
dérogatoire à la dignité de la profession d'offrir ce type de thérapie là.
Actuellement, au niveau des ordres professionnels, déjà, il y a du travail qui
est fait de leur côté. Ce n'est pas offert au niveau des différents ordres,
donc on a leur collaboration. Mais on va envoyer un message très clair dans le
Code des professions de dire : Vous ne pourrez pas... si jamais vous aviez
l'idée de proposer ce genre de thérapie là, sachez que votre syndic va être là
et que vous ne pourrez pas pratiquer parce que ça va à l'encontre de la
protection du public.
Nous, on agit à l'intérieur de notre
sphère de compétence, de nos pouvoirs. Et puis je pense que, comme société, on
doit envoyer ce message-là que les thérapies de conversion sont intolérables et
inacceptables ici au Québec. Puis on est la juridiction, si le projet de loi
est adopté, la plus avancée au Canada en lien avec le projet de loi qu'on
dépose.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais justement là-dessus, sur l'inscription, la modification au Code des
professions, ce n'est pas un coup d'épée dans l'eau dans la mesure où les gens,
là, les charlatans qui offrent ces thérapies soi-disant de conversion là se
décrivent comme des thérapeutes? À ce que je sache, il n'y a pas d'ordre
professionnel des thérapeutes au Québec.
M. Jolin-Barrette : Non, mais
s'il arrivait qu'un professionnel, parmi les 46 ordres professionnels, ait
l'idée d'offrir ce genre de thérapie là, il perdrait son droit de pratique. Et
on vient nommément l'indiquer, il pourrait perdre son droit de pratique, on
vient nommément l'indiquer dans le projet de loi que c'est un acte dérogatoire
à la profession. Puis je pense que c'est un message qu'on envoie très clairement
de pourquoi est-ce qu'on l'inscrit dans le Code des professions. Parce qu'un
membre d'un ordre professionnel, sa mission... des ordres professionnels, c'est
de protéger le public.
Donc, ce genre de comportement là, si,
pour la société, il est complètement intolérable, bien, il faut envoyer un
message très clair aux professionnels que, si jamais vous offrez ce genre de
thérapie là, un, vous allez vous faire poursuivre, on ne souhaite pas qu'il y
ait genre de thérapie là, mais, deuxièmement, ça va à l'encontre de la
protection du public d'offrir ce genre de thérapie.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Malgré les modifications au Code criminel prévues par Ottawa, les thérapies de
conversion demeureront légales pour les adultes consentants, pour peu qu'elles
soient offertes gratuitement et ne soient pas publicisées nulle part. Est-ce
que je comprends qu'avec le projet de loi n° 70, s'il est adopté tel quel,
toutes thérapies de conversion, qu'elles soient offertes à des enfants ou des
adultes, seront illégales au Québec?
M. Jolin-Barrette : Bien, en
fait, ce que le fédéral fait, c'est qu'il décide de ne pas criminaliser les
thérapies de conversion. Nous, ce que nous disons, c'est que ce genre de
contrats là n'ont pas leur place au Québec en matière civile. Donc, l'objectif
du projet de loi est de protéger les personnes qui seraient victimes de ce
genre de thérapie là, qu'elles soient mineures ou majeures. C'est sûr qu'il
faut porter une attention particulière aux mineurs. Mais il y a un message de
société qu'on envoie, que ce genre de thérapies là ne sont pas tolérables.
Donc, une personne majeure qui subirait ce
type de thérapie là aurait un recours en dommages et bénéficierait de la
présomption pour poursuivre la personne qui lui aurait offert cette thérapie-là
pour obtenir réparation en matière de préjudice corporel ou moral. Et également
on vise les professionnels aussi, qu'ils ne peuvent pas offrir ce genre de
thérapie.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais une personne adulte qui souhaite, de son plein gré, je cite, «développer
son potentiel hétérosexuel», fin de citation, en suivant une soi-disant
thérapie de conversion, est-ce qu'elle va pouvoir le faire ou, dès qu'elle
signe un contrat, son thérapeute va se placer en position illégale?
M. Jolin-Barrette : Le
thérapeute se place en une situation où il y a une présomption à son encontre
que la thérapie porte atteinte aux droits et libertés fondamentaux, au droit à
la dignité de la personne. Donc, nous, c'est très clair qu'en vertu de la
Charte des droits et libertés de la personne le fait de suivre une telle
thérapie, il y a une présomption que ça porte atteinte à la dignité à la
personne, et donc le recours pourrait s'enclencher.
Le Modérateur
: Y
a-t-il d'autres questions en français? Non? Stéphane Giroux, CTV.
M. Giroux
(Stéphane) : Good morning. About conversion
therapies, a lot of it takes place within strict religious communities. We see
this very often, where religious people, they have their own thinking about
homosexuality. They reject it, no matter what the pope says, and they truly
believe that it is morally right to put somebody through a conversion therapy. They
certainly don't advertise it. Is there a possibility that they
could invoke freedom of religion to continue doing it?
M.
Jolin-Barrette : Well, that's a possibility.
But one thing for sure, it's... in Québec society, that kind of therapy is not tolerable. And there's a
scientific consensus about the fact that it can, psychology... and physically,
hurt people that follow that kind of therapy. And, I want to be clear, in our
society, in Québec society, we
don't think that's a therapy that should occur, because it has serious
consequences on the person that follows that kind of therapy. We can talk about
suicide of people that follow that kind of therapy. And we are an open society,
and each person should have their rights and be respected. Because I think that
the injuries caused by conversion therapy are truly... are important, and we
don't want that in our society.
M. Giroux
(Stéphane) : Merci.
M. Jolin-Barrette : Merci à
vous.
Le Modérateur
: Philip
Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Good afternoon, it's now
noon. The mayor of Montréal
seems to be surprised by this motion on language for Montréal, she's reacting already. You had met her to discuss this, what
you're proposing today in the motion? She seems surprised.
M.
Jolin-Barrette : Well, I met her last summer,
and we had a conversation about the importance of the fact that Montréal is a French city and has to make
some efforts to be conform to the Charte de la langue
française. And you see last week, in the news, that
there were news about that, about the fact that almost half of the
«arrondissements» didn't obtain their «certificat de l'OQLF». So I think that's
important.
And today, what the
National Assembly did, all the four parties, the Québec Liberal Party voted for the motion, and also the Parti québécois, and Québec solidaire with the Government, and
said : That's important to remember that Montréal is a French city and has to make some effort to give the example
for the State. Because municipalities are in the State, and they are a «gouvernement» of «proximité», so they have to be exemplary.
And I think everybody
thinks that 15 or 18 years to have «un certificat de francisation» from
the OQLF is not acceptable. That's very long. And we just say, at the National
Assembly, today, with the motion, that some effort should be doing from the
«arrondissement». And all the elected people from city of Montréal, not only
the mairesse Plante, because we know that Mme Plante is really concerned
about the French in Montréal and did some efforts, but also the mayors of
«arrondissements», have to do their effort also.
M. Authier (Philip)
:
Are you passing this motion to put pressure on her to act faster?
M. Jolin-Barrette : I think that's an act that all the parties did today to say :
Remember that Montréal is a French city, and has to be a French city, and act
to be as a French city. So we hope that Montréal will make some effort to have
«des certificats de francisation», and also the different «arrondissements».
M. Authier (Philip)
:
And I have to ask you this question because Mr. Bérubé said it yesterday,
as did Paul St-Pierre Plamondon this morning. They have both said that you are
personally opposed to funding for Dawson. Is that true?
M. Jolin-Barrette : Well, what is important for me is the fact that, in Montréal, we
will put some effort to be that Montréal will be a French city and also that,
at the collegial level, the study in French will be the normal way for most of
the students.
M. Authier (Philip)
:
But are you for or against the clause in Bill 66 which gives Dawson
funding for expansion of its campus?
M. Jolin-Barrette : Well, the expansion of Dawson is in the Bill 66. And I think
that's important to say that we tabled that bill to make the economy go back in
track, and that project is in the Bill 66.
M. Authier (Philip)
:
But you're not answering my question.
M. Jolin-Barrette : Yes, I am right now.
M. Authier (Philip)
:
No. My question was : Are you for or against the money for Dawson? Pascal
Bérubé said you are against and you are isolated in the cabinet.
M. Jolin-Barrette : What I say is that it's really important that the Bill 66 will
be adopted, and that includes Dawson CEGEP. And I think it's important to adopt
that bill very quickly because, right now, we are in a pandemic and we need to
be sure that the economy and the construction work will go quickly to be able
that people who lost their jobs will be able to get back in work and to limit the consequences of the pandemic, including the
different projects that has the Bill 66.
M.
Bélair-Cirino (Marco) : Je me permets de poser la question en français
pour être certain que tout est clair. Donc, vous êtes 100 % derrière le projet
de loi n° 66 dans sa forme actuelle.
M. Jolin-Barrette : Oui, tout
à fait.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Très bien.
M. Carabin (François) : ...à
ce projet de loi là?
M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
sur la liste des projets, c'est une liste, je crois, qui est fermée. Mais ma collègue
Sonia LeBel serait mieux en mesure de vous répondre sur les tenants et
aboutissants du projet de loi n° 66. Je pense que
c'est prioritaire d'adopter rapidement le projet de loi n° 66
pour faire en sorte qu'on puisse relancer l'économie rapidement. Il y a beaucoup
de projets qu'on va pouvoir devancer, tout en respectant les normes
environnementales, pour faire en sorte de relancer l'économie, parce qu'il y a beaucoup
de gens qui ont perdu leur emploi en lien avec la pandémie, qui ont subi des
conséquences économiques, puis, si on veut, comme État, relancer notre économie...
Vous voyez, encore, il y a des mesures qui
font en sorte qu'il y a certains champs économiques qui sont fermés présentement.
Bien, le projet de loi n° 66 va aider à remettre de
l'argent dans l'économie, à aider les travailleurs à retrouver des emplois. Je
pense que c'est prioritaire que le projet de loi n° 66
soit adopté rapidement, puis qu'on puisse devancer certains projets d'infrastructures
qui se trouvent à la liste du projet de loi n° 66.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Bon après-midi à tout le monde.
M. Jolin-Barrette : Merci.
(Fin à 12 h 11)