(Huit heures quarante-neuf minutes)
Mme Perry Mélançon : Alors,
bonjour, tout le monde. D'entrée de jeu, j'aimerais revenir sur un article, ce
matin, qui parlait encore d'un restaurateur qui critiquait la lourdeur
bureaucratique qu'on demande aux petites entreprises pour avoir accès à des
programmes d'aide d'urgence. On se rappelle que le gouvernement avait annoncé,
par exemple, l'aide aux entreprises en régions en alerte maximale, et le POCME.
Et ce qu'on reçoit sur le terrain, comme commentaires, c'est que c'est très,
très, très difficile d'appliquer, étant donné les critères d'admissibilité qui
sont lourds, et l'argent ne descend pas. Alors, il y a beaucoup de difficultés
présentement à toucher ces fonds-là, et, bien, moi, encore pas plus tard
qu'hier, il y a un microbrasseur qui me dénonçait les mêmes, mêmes critiques
qu'a faites, là, dans Le Soleil, ce restaurateur ce matin.
Donc, ce qu'on demande dans cette mise à
jour économique là, c'est de pouvoir faciliter la vie des entrepreneurs qui
sont au bord du gouffre. On a besoin de liquidités rapidement. On ne peut pas
passer par des programmes qui ressemblent à des programmes d'investissement, où
il y a des cautions personnelles qui sont demandées, où il y a des frais
administratifs, où on demande les audits vérifiés, dans certaines villes.
Alors, quand ça passe par des MRC et des villes qui doivent faire avec ce
qu'ils ont comme ressources pour traiter les demandes, bien, c'est ça que ça
donne. Alors, on demande, dans cette mise à jour économique là, de ne pas
seulement s'en tenir à un plan de communication ou à un plan marketing, mais
d'être vraiment au rendez-vous pour aider les entrepreneurs dans la crise
qu'ils traversent.
Il y a aussi les zones oranges, les zones
jaunes. Comment on aide les entrepreneurs dans ces régions-là aussi, où l'aide
n'est pas, présentement, là, offerte? Il y aura le tourisme aussi. On sait que
ces entrepreneurs-là, dans la saison automnale, ça a été une baisse d'achalandage
énorme aussi. Alors, l'hiver s'en vient, tous ces entrepreneurs-là... On aura
une attention particulière pour la relance, qu'on veut concrète sur le terrain,
applicable.
Et, bien évidemment, deuxième point, ce
serait une relance verte. C'est certain qu'il y a énormément d'opportunités
d'affaires, présentement, au Québec. On sait qu'aux États-Unis le président
Biden a mentionné plusieurs milliards qui sont attribués pour verdir l'économie
américaine. Alors, il y aura des opportunités pour le Québec et dans toutes les
régions du Québec. Ça, c'est concret et c'est une relance qui est moderne et
qui est verte.
Alors, il ne faut pas s'en tenir seulement
au projet de loi qui nous annonce un assouplissement dans les lois environnementales
ou même un contournement qui est là pour remplir des promesses électorales. Ce
n'est pas ça qu'on souhaite. On veut que cette mise à jour économique là soit
une réelle relance. Et, bien, je terminerais en disant qu'il va falloir qu'il y
ait une vraie vision de ce qu'on s'attend pour emprunter le virage vert, alors
on va suivre ça de très, très près. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. M. St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Merci, Méganne. Donc, au-delà, aujourd'hui,
d'un exposé qui sonne bien, qui est du bon marketing, au-delà d'un exposé
théorique, on demande, dans le cadre de cette mise à jour économique, du
concret. On demande à ce que ça fonctionne sur le terrain, parce que, que ce
soit en économie, dans les hôpitaux ou dans les écoles, il y a ce que le
gouvernement dit puis il y a le fait que la machine, les citoyens se sentent
piégés ou délaissés sur le terrain, et là, on demande à ce que ça change.
La relance verte est très importante. On
ne comprend pas pourquoi on ne saisit pas cette opportunité-là pour investir
massivement dans les énergies vertes.
Et un point que moi, je veux ajouter ce
matin, j'attire votre attention sur un article du 8 novembre, intitulé Le
Québec est à la croisée des chemins pour son déficit, dans le cadre duquel
on demandait à Eric Girard comment faire pour équilibrer les finances du Québec,
si on a moins de revenus et si le gouvernement profite des surplus budgétaires
libérés par les libéraux, là, générés par les libéraux dans le cadre de
l'austérité pour faire... pour être très généreux, ce à quoi Eric Girard a
répondu la chose suivante : «Nous allons quand même réussir l'équilibre
budgétaire en 2025 grâce à une croissance économique soutenue et une
augmentation significative des transferts fédéraux en santé.»
Donc, comme vous le savez, les provinces
demandent que les transferts en santé augmentent d'environ 20 % à
32 %, si je me souviens bien. Cette augmentation-là vaut des milliards de
dollars par année. Et aujourd'hui, il faut le savoir, lorsqu'on nous parle de
retour à l'équilibre budgétaire, est-ce que le gouvernement compte et budgète
en fonction des transferts fédéraux en santé? Et ça me semble essentiel comme
information parce que, si on prend pour acquis ou, comme le dit Eric Girard, on
compte sur ces transferts-là pour atteindre l'équilibre budgétaire, bien, moi,
je veux savoir exactement quel engagement du fédéral, quel fait ou, à tout le
moins, quel indice d'une quelconque collaboration de la part du gouvernement
Trudeau par rapport à ces transferts en santé là, parce qu'à date, moi, je n'ai
rien vu de concret. Donc, à nouveau, la demande, là, je l'ai ici, c'est que le
transfert en santé passe de 22 % à 35 %, ce qui est énorme comme impact
sur notre budget.
Ça m'amène à vous rappeler une proposition
du Parti québécois, qui avait pourtant été acceptée pas la CAQ dans le cadre
d'une motion, à savoir qu'on a besoin d'un directeur parlementaire au budget.
Si on avait ce directeur-là, on aurait l'heure juste sur, dans le cadre de la
mise à jour aujourd'hui, qu'est-ce qui est fait sur une base fictive ou
hypothétique et qu'est-ce qui est un fait sur lequel on peut se fier. Donc, on
a besoin de ce directeur parlementaire pour nous donner un avis objectif et
pouvoir départager, là, ce qui est une hypothèse de ce qui est la réalité.
Donc, sur ça, je prends vos questions.
M. Lacroix (Louis) :
Êtes-vous riche?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je ne me plains pas, mais je ne pense pas que je suis parmi les plus riches non
plus. Pourquoi?
M. Lacroix (Louis) :
Bien, est-ce que vous êtes... Parce que M. Marissal, lui, il dit qu'il est
riche, et vous êtes...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Vous qui me l'apprenez. Je ne connais pas les finances personnelles de
M. Marissal, mais...
M. Lacroix (Louis) :
Nous non plus, mais lui, il semble les connaître. Ça fait qu'il dit : Je
suis riche. Il a dit ça comme ça.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ah! mais je suis content pour lui.
M. Lacroix (Louis) : Et
lui, il dit que... Il ne veut pas le chiffrer, là, mais il dit qu'il y a de la
place pour augmenter les impôts des riches pour pouvoir ensuite payer des
services comme, par exemple, des soins de santé, meilleurs soins de santé, etc.
Est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Oui, mais c'est là que moi, je... Québec solidaire a son
discours, là, puis le mien, celui du Parti québécois n'est pas du tout le même.
Si vous me parlez d'agir sur les paradis
fiscaux puis le milliard et plus par année qu'on perd parce qu'on ne fait rien
au Québec ni au Canada, là, moi, je vais dire : En effet, c'est
complètement inacceptable de dilapider nos argents qui devraient revenir dans
nos coffres. Mais si vous me parlez de taxer les riches comme toujours cette
solution magique, là, la position du parti n'est pas d'augmenter les taxes et
les impôts, c'est de mettre de l'ordre dans nos affaires. Puis quand on parle
de transferts en santé, on parle de plusieurs milliards de dollars qui doivent
nous revenir, mais qu'on ne négocie pas ou, en tout cas, que lorsqu'on négocie,
on voit la CAQ s'écraser par terre.
C'est là, c'est dans une saine gestion
qu'on va permettre à l'État québécois de remplir sa mission dans les paramètres
fiscaux actuels. Mais c'est sûr qu'il y a une facilité de dire : On peut
taxer les riches. Moi, je m'attaquerais d'abord et avant tout aux paradis
fiscaux puis aux relations avec le fédéral, où est-ce qu'ils nous doivent de
l'argent puis on ne l'obtient pas.
M. Lacroix (Louis) : Bon,
tu sais, depuis le début de la pandémie, au mois de mars, il semble à peu près
clair, là, que la priorité au Québec, c'est d'améliorer le système de santé,
notamment les CHSLD, embaucher des gens, des travailleurs, mieux les payer pour
que...
Est-ce que c'est illusoire de penser qu'on
puisse faire ça dans les paramètres budgétaires actuels? En ce sens que ça fait
25 ans qu'on essaie d'améliorer le système de santé. On a joué dedans, on
a changé les structures. On a dit : Bien là, on va sauver dans les
structures, on va mettre de l'argent dans les services. Puis finalement on se
rend compte en bout de ligne qu'il n'y a rien qui a changé; pire, que pendant
25 ans on a négligé les CHSLD, qui a mené à une crise majeure et des
centaines de décès.
Alors, est-ce que c'est illusoire de
penser qu'on puisse encore faire la même chose ou s'il faut vraiment
dire : Bien là, à un moment donné, là, si on veut l'améliorer, il faut
mettre de l'argent dedans, et ça passe par une hausse d'impôt?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Les deux. Il ne faut pas décrocher sur l'objectif d'améliorer
notre système de santé, de notre système d'éducation. Puis quand on fait le
bilan des 30 dernières années, on a quand même connu un des pires moments
avec l'austérité libérale. Ça a des conséquences très, très concrètes et très
tangibles en ce moment. À ça s'ajoute le fait que le fédéral prend nos impôts
et nous renvoyait pour l'équivalent de 50 % de notre budget en santé, en
argent sonnant, pour qu'on finance ces services-là. Aujourd'hui, c'est
22 %. C'est un gap, un déficit immense, parce que le fédéral préfère
dédoubler des programmes puis aller dans les champs de compétence des
provinces, préfère se mêler de tout, plutôt que d'agir sur les sujets comme la
santé, là, qui sont fondamentaux. Donc, c'est une négociation qui vaut
plusieurs milliards de dollars.
Donc, est-ce qu'on doit décrocher de
l'objectif d'avoir un système de santé public qui fonctionne bien? Absolument
pas. C'est possible, si on cesse, comme vous dites, de refaire du remue-ménage
à chaque changement de gouvernement, qui fait des changements de structure, et
toutes nos ressources humaines puis nos ressources matérielles vont dans ces
changements de structure. C'est possible, si on met fin aux paradis fiscaux
puis à l'évitement fiscal, parce qu'on perd beaucoup trop d'argent depuis des
années. Bien, regardez la CAQ, regardez le Parti libéral de Justin Trudeau. Ils
ne font rien.
Et c'est possible, si on obtient notre
juste part de transferts fédéraux ou, encore mieux, puis c'est ça, ma position,
si on fait l'indépendance du Québec puis qu'on a un seul budget à gérer et non
pas à faire des demandes constamment à un gouvernement fédéral qui ne tient pas
compte de l'intérêt des Québécois.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
QS dit, lui, par exemple, que, dans un dernier sondage, les gens sont prêts à
ce qu'on augmente leurs impôts. Est-ce que vous avez entendu beaucoup de
Québécois qui ont dit qu'ils étaient prêts à ce qu'on augmente leurs impôts?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Pas dernièrement.
M. Lavallée (Hugo) : Bien, ils
se basent sur une étude de Luc Godbout, là, en disant qu'il y a une majorité de
Québécois qui sont d'accord, de façon générale, là, pour augmenter les impôts,
pas seulement les...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je réitère la position du Parti québécois. Les Québécois sont prêts à payer des
taxes et des impôts, mais, en échange, ils s'attendent à des services qui
fonctionnent. En ce moment, les services ne fonctionnent pas bien, et il y a
des solutions possibles pour améliorer la prestation de services.
Pour ce qui est de l'aspect financier, les
paradis fiscaux sont une vraie honte, et l'absence de transfert fédéral en
matière de santé, également, est une vraie honte. On va commencer par ça avant
de discuter d'alourdir le fardeau fiscal des Québécois.
M. Lacroix (Louis) : ...vous
dites, après ça, que la CAQ budgète sur des transferts qui ne sont pas
réalistes...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est ça qui est intéressant. Exactement. C'est ça qui est intéressant,
c'est de savoir, si on l'inclut dans nos prévisions budgétaires, est-ce que
c'est parce qu'ils ont une information qu'on n'a pas? Et si, en fait, ils n'ont
pas avancé, bien, est-ce que c'est honnête de compter puis de faire des
déclarations publiques en disant : On compte là-dessus, alors que
factuellement, il n'y a rien?
Puis c'est pour ça qu'on prône
l'indépendance du Québec. C'est que c'est complètement absurde de devoir
quémander son propre argent constamment et d'être pris dans des mises à jour
économiques où, en fait, on ne sait juste pas ce que le gouvernement du Canada
va faire avec notre argent, on ne sait juste pas si on va avoir notre juste
part au niveau des transferts en santé.
M. Carabin (François) : ...Montréal,
si c'est possible, peut-être que Mme Perry Mélançon pourrait en parler aussi, oarce
que Tourisme Montréal, cet été, parlait d'une année record dans le mauvais sens
du terme. Est-ce qu'il faut un programme uniquement pour Montréal? On parle de
tourisme, là, ça a été probablement la pire...
Mme Perry Mélançon : Bien, effectivement
que Montréal a gagné la triste palme du record de la pire saison touristique
qu'ils ont connu puis dans tout le Québec cet été. Ça n'a pas été nécessairement
la même chose dans certaines régions qui, cet été, ont pu s'organiser avec un
certain achalandage, mais qui avaient une réduction de la main-d'oeuvre et, je
dirais, de tout le réaménagement que ça implique, là, les mesures sanitaires.
Alors, je pense que tout le monde a dû composer avec la nouvelle réalité, et ça
a impliqué des pertes de revenu partout, même avec une saison qui était quand
même, bon, jugée raisonnable dans le contexte.
Alors, je dirais qu'il faut absolument
arriver avec un programme qui va pouvoir faire bénéficier aux grands... bien,
aux grandes régions comme Montréal qui ont été lourdement affectées, mais qu'il
faudra aussi avoir une réelle vision en termes de tourisme, là, on est vraiment
dans le secteur touristique, mais pour l'ensemble du Québec. La saison
d'automne a été à peu près morte partout, là, avec les confinements un peu dans
les zones rouges, personne ne voulait vraiment continuer à se déplacer. Donc,
il faut prévoir ce qui s'en vient, le tourisme hivernal, ce qu'on aura aussi.
Et donc, oui, le gouvernement devra avoir
une attention, là, au point de vue économique, je le disais, dans sa mise à
jour économique pour qu'on maintienne cette industrie-là vraiment en vie, parce
qu'effectivement, là, c'est une des industries les plus porteuses pour beaucoup
de régions. Alors, il ne faut pas l'oublier.
M. Larin (Vincent) :
M. St-Pierre Plamondon, peut-être une question.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Juste un petit complément. En fait, au Parti québécois, on n'est pas pour
l'approche mur à mur puis on est pour la décentralisation, la régionalisation
des décisions. L'erreur, tant en santé publique qu'en économie en ce moment,
c'est d'arriver avec des politiques mur à mur pour le Québec. On l'a vu en
santé publique à Montréal, l'avis de la Santé publique n'a pas été respecté.
D'ailleurs, on n'a jamais su en vertu de quel avis de Santé publique contraire
ça n'a pas été respecté, cet avis-là. Mais c'est vrai pour le plan économique également.
Les régions du Québec, chacune d'entre elles ont des besoins différents, ont
des défis différents. Il faut se méfier du mur-à-mur. Donc, il faut une
approche qui colle à la réalité de chaque région. Monsieur.
M. Larin (Vincent) : Oui.
Est-ce qu'il y a encore une place au Parti québécois pour les gens qui croient
au racisme systémique?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il y a une place au Parti québécois pour tous ceux qui croient à
l'indépendance, point final.
M. Larin (Vincent) : Y compris
ceux qui croient au racisme systémique?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien là, ce n'est pas une croyance, là, ce n'est pas une religion dont il est
question, c'est un débat public. Ma position, elle est connue depuis longtemps,
elle demeure la même, et c'est un parti... c'est le parti le plus démocratique
au Québec, probablement le parti le plus démocratique en Amérique du Nord. On
va mener des débats comme on mène tous les autres débats. Au Parti québécois
sont bienvenus tous ceux qui croient que le Québec doit et va devenir un pays.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur
Noël, M. Plamondon, on entendait aujourd'hui, là, que le gouvernement pensait à
instaurer une quarantaine avant et après les fêtes pour éviter une propagation
après les célébrations. Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne idée?
Est-ce que vous êtes favorable à ça? Qu'est-ce que vous en pensez?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je reviens à la Santé publique de Montréal. Lorsqu'on a demandé à François
Legault pourquoi l'avis de Santé publique de Montréal qui disait que les
terrasses des restaurants, par exemple, pouvaient continuer à fonctionner...
François Legault a répondu : Moi, je pense que ce n'est pas une bonne idée.
Mais on n'a jamais eu d'avis de la Santé publique du Québec ou d'avis
scientifique qui contredisait l'avis de santé publique de Montréal.
Donc là, vous me posez la question pour
les vacances de Noël. Je vais vous répondre la même réponse qu'à chaque matin
depuis trois semaines : En vertu de quel avis de la Santé publique... Est-ce
qu'on va constamment lancer des ballons d'essai pour voir comment la population
réagit, placer, donc, la population dans l'incertitude, placer les
entrepreneurs et les PME dans l'incertitude? Parce que quand on est en
affaires, on a besoin de prévisibilité, un minimum, là, on comprend qu'on est
en crise, on ne peut pas tout prévoir.
Mais est-ce que c'est normal, de la part
de notre gouvernement, qu'on ne sépare pas la Santé publique du politique et
que, de temps à autre, comme ça, on lance un ballon en disant aux gens :
Peut-être, peut-être pas, on ne peut pas vous dire sur la base de quoi, mais on
regarde comment ça réagit. Pour la confiance de la population et l'adhésion de
la population, on a besoin de savoir ce qui vient de la Santé publique. On a
besoin de ces avis-là, les gens sont de bonne foi, ils veulent collaborer, mais
ça ne peut pas être du marketing politique ou des essais politiques. C'est une
question de science.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
êtes-vous au moins favorable à l'idée qu'on fasse des compromis collectivement
pour qu'on soit capables de fêter Noël, par exemple?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On est tous prêts à des compromis. On veut simplement que ces compromis-là
soient fondés sur des avis scientifiques qui nous amènent quelque part et non
pas sur une imprévisibilité dans tous les domaines : santé, éducation,
prévision de nos vacances de Noël. Si, au moins, on a des avis scientifiques,
bien, je pense que l'adhésion pourrait être flexible pour s'ajuster, pour
changer le plan de temps à autre. Les gens sont de bonne foi, mais, s'il vous
plaît, arrêtons de cacher les avis de santé publique puis d'essayer des ballons
d'essai politiques de temps à autre. Ce n'est pas sain pour la population.
M. Bergeron (Patrice) : Mme
Perry Mélançon, sur les finances publiques... Est-ce que vous voulez aller au
micro ou... C'est vous qui... O.K. Je pensais que... Ah! c'est vous qui êtes
aux finances publiques?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non, c'est ça, ça dépend. On est un trio.
M. Bergeron (Patrice) :
Est-ce que l'horizon déficit zéro, là... Vous êtes un parti qui avez mis ça en
place, mais là, l'horizon déficit zéro, est-ce qu'on peut encore penser de
façon réaliste que 2025‑2026, c'est faisable? Est-ce que c'est bon pour
l'économie du Québec ou est-ce que c'est dangereux pour les finances publiques
d'étirer ça plus longtemps ou...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Brièvement, puis je vais laisser la parole à Martin, il ne faut pas faire une
obsession de l'équilibre budgétaire. La situation du Québec n'est quand même
pas problématique, surtout lorsqu'on compare à celle du Canada qui, elle, a
été, à mon avis, mal gérée.
C'est juste que le plan vers l'équilibre
budgétaire doit être bien ficelé, doit être crédible. Donc, ça peut prendre un
certain nombre d'années, mais il faut que les paramètres soient bien fixés et
ne soient pas sur la base d'hypothèses tronquées ou d'hypothèses non vérifiées.
Puis quand je vous parle de croissance économique vigoureuse, on va vérifier,
de notre côté, si on exagère la croissance économique pour gonfler
artificiellement les revenus et on va vérifier si on exagère ou on invente des
transferts fédéraux qui, en fait, n'existeront probablement pas, vu l'absence
complète de réceptivité de la part du gouvernement Trudeau. C'est ça, l'enjeu.
Ce n'est pas tant le fait d'avoir un déficit, là.
On est en crise. On va avoir un déficit
pour un certain nombre d'années, mais il faut que le plan vers le retour soit
bien fait. Et je laisse la parole à Martin là-dessus.
M. Ouellet : Merci, Paul.
Oui, bien, juste en terminant, il faut se rappeler qu'on a posé la question au ministre
Girard en commission parlementaire et on a trouvé bien optimiste son retour à
l'équilibre budgétaire sur une prévision de croissance autour de 2 %,
alors que des spécialistes étaient un peu plus bas, à 1,5 % ou 1,7 %.
La même question se pose quant à l'augmentation des dépenses du gouvernement.
Il veut les contrôler à 3,5 %.
Bref, pour que le plan Girard fonctionne,
tel que je le connaissais avant la mise à jour économique d'aujourd'hui, Paul
en a parlé, ça va prendre de l'argent fédéral pour équilibrer le budget. Mais, s'il
y a des choix à faire pour arriver à respecter la loi budgétaire, ce que je
m'attends, c'est que la CAQ laisse tomber ses promesses électorales et s'occupe
du vrai monde.
Le Modérateur
: On va
prendre une dernière question, s'il vous plaît.
M. Larin (Vincent) : Juste peut-être
un petit quelque chose sur le REM, si c'est possible. Est-ce que vous n'avez
pas l'impression que la caisse, là, a une espèce de «free run»? On nous
apprend, là, hier, des délais dans la livraison, des dépassements de coûts.
L'explosion dans le tunnel, ça a eu lieu l'été dernier, on l'apprend en
novembre.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ça, c'est le fameux tunnel qui avait été privatisé, hein? Vous me corrigerez.
Moi, j'ai passé plusieurs heures, en 2017‑2018, à décrier ce projet-là, un
projet patenté par les libéraux pour, d'abord et avant tout, plaire à leur
clientèle de l'Ouest-de-l'Île, qui avait comme impact de réduire, dans certains
secteurs, le service de transport collectif, alors que ça coûtait des
milliards, qui était également dans une logique de privatisation des transports
collectifs pour que ça devienne une source de profits pour les investisseurs.
C'était écrit dans le ciel que c'était un
projet contre-productif, mais la logique qu'on a décidé de suivre, et j'étais
contre cette logique-là, c'était de dire : Bien, au moins, on a un projet,
on va le faire. Puis là, bien, on obtient, on récolte les fruits ou... oui, ce
n'est pas des fruits, là, mais on récolte les conséquences de cette logique-là,
c'est-à-dire que le projet posait problème à plein d'égards. Il était très
électoraliste. Ça nous rappelle, ça nous replonge, malheureusement, dans la
gestion libérale, puis on ne peut pas dire que la CAQ aura amené d'amélioration
ou de changement substantiel. Et, oui, ça va coûter très cher aux contribuables
puis ça n'aurait pas dû, mais c'est la conséquence, malheureusement, de nos
choix électoraux.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 9)