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Point de presse de M. Gaétan Barrette, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éthique

Version finale

Wednesday, December 9, 2020, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures)

M. Barrette : Bon, bien, écoutez, hier, on a assisté à un vaudeville politique dans lequel vous avez constaté que tout l'historique de prise de position de la CAQ, et particulièrement du premier ministre, en matière de tolérance zéro, en matière d'éthique, vient de s'écrouler. Alors, hier, on l'a vu, le premier ministre a été obligé de sortir pour défendre son ministre de l'Économie qui, pour la deuxième fois, est blâmé pour une question d'éthique, et, «guess what», alors on passe l'éponge. M. le premier ministre est en train de se transformer en Bob l'éponge à force d'éponger ses ministres, ce qui est assez amusant.

Alors, la position du Parti libéral, elle est très claire. Le premier ministre du Québec, en campagne électorale, lorsqu'il était chef de l'opposition, à d'innombrables reprises, incluant ses officiers, a dit qu'à la CAQ ce serait tolérance zéro. Alors, force est de constater que le zéro, dans l'esprit de la CAQ, ça ne veut pas dire la même chose qu'en mathématique, et je vous rappellerai qu'on a un premier ministre comptable. Zéro, ça devrait vouloir dire zéro, mais pas ici.

Alors, devant tout ce… Alors, vous avez pris connaissance évidemment du rapport de la commissaire et vous avez constaté que le ministre, littéralement, se moque de la commissaire. Il se moque de l'institution. Alors, notre position, elle est très claire. Il y a un seul code d'éthique à l'Assemblée nationale, il n'y en a pas deux. Tout le monde y est assujetti sans exception. Et, par conséquent, si c'est tolérance zéro, et même si ça ne l'est pas, à la CAQ, par principe, nous demandons à ce que le ministre de l'Économie se retire de ses fonctions jusqu'à ce qu'il ait régularisé sa situation en matière d'éthique.

Voilà. Alors, je suis prêt à répondre à vos questions.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que vous reconnaissez que le code d'éthique est un peu vieillot, pourrait accorder davantage d'espace pour des gens d'affaires? C'est ce que prétend M. Fitzgibbon, M. Legault. C'est ce que disait également Pierre Karl Péladeau en 2014.

M. Barrette : Alors, je reconnais que le code d'éthique existe et qu'à sa face même, comme dans toutes les lois et règlements du Québec, nul ne peut les ignorer. La question n'est pas de savoir si le code est vieux ou s'il doit être remanié. La question est qu'il existe. Et, quand M. Fitzgibbon a fait le choix de venir en politique, quand M. Legault a fait le choix de le recruter, c'était en pleine connaissance de cause. On ne peut pas plaider l'ignorance. On ne peut pas plaider ici que le code d'éthique n'est pas adapté. On a un individu qui a sciemment, sciemment, passé outre le code d'éthique. On a un individu qui, ouvertement, dit que, si c'était à refaire, il le referait. Bien, ça, c'est du même niveau, là, que de dire au policier qui vous arrête sur l'autoroute pour excès de vitesse : Bien non, mais c'est parce que moi, j'ai mon code de la sécurité routière à moi, vous devez le changer, votre code, bien non, écoutez, donnez-moi pas une contravention, là, vous ne comprenez pas, je suis le ministre de l'Économie.

M. Lacroix (Louis) : Ma question porte sur la modernisation du code d'éthique. Le Parlement, ici, là, c'est son travail de prendre des lois qui existent et de les adapter à la réalité actuelle quand ils se rendent compte qu'elles sont passées date, finalement. Alors, je vous demande… Je comprends, là, que le code d'éthique qui s'applique, là, c'est celui qui est en place. Mais est-ce que vous croyez qu'il faut le moderniser? C'est ça, ma question.

M. Barrette : Moi, je considère que le code d'éthique, au moment où on se parle, il est tout à fait adéquat, et il est là, le code d'éthique, pour nous prémunir de conflits d'intérêts dans une société démocratique. On est, ici, dans le lieu où est le pouvoir, où on a la responsabilité d'être plus blanc que blanc. Alors, c'est ça qui est la force du code d'éthique de l'Assemblée nationale. Alors, aujourd'hui, je considère qu'il n'y a pas ce type de faiblesse. Si le premier ministre veut partir un débat là-dessus, libre à lui. Mais, non, M. Lacroix, l'enjeu aujourd'hui, ce n'est pas ça. L'enjeu, c'est celui d'avoir en place des règles qui n'ont pas été respectées et, en plus, d'avoir l'individu en question affirmer que, si c'était à refaire, il le referait.

M. Laforest (Alain) : Donc, il est coupable?

M. Barrette : Bien, écoutez, est-ce que vous considérez que la Commissaire à l'éthique le blâme parce qu'il ne l'est pas? La Commissaire à l'éthique le blâme parce qu'il l'est. Et, en plus, il dit une chose et son contraire. Alors, on l'a vu, là, hier, dans la conférence de presse, on a vu qu'il dit des choses et que, dans le rapport, il y a des choses qui sont contraires. Écoutez, monsieur, je vais vous dire une chose bien simple, ça, ça s'appelle un mensonge. Je ne peux pas le dire au salon bleu, mais il y a des mensonges entre ce qu'il dit sur la place publique, en point de presse, et ce qui est écrit dans le rapport de la commissaire.

Je vais vous donner l'exemple le plus patent. Il n'a pas d'acheteur, pourtant la commissaire a dit qu'il pouvait vendre. Alors, ça, c'est parce que c'est un mensonge. Quand il nous dit à la caméra : Il n'y a pas d'acheteur, et que la commissaire écrit noir sur blanc : Oui, c'est possible de vendre, et qu'il en a même eu la proposition, c'est un mensonge. Et on ajoute en plus la tentative de vous faire accroire que ce n'est pas vrai, franchement.

Mme Gamache (Valérie) : Il y a quand même un espèce de mur de Chine, une espèce de mesure Fitzgibbon qui a été mise en place, là, pour les deux entreprises restantes. Ça, ça ne vous satisfait pas?

M. Barrette : Bien, regardez, là, la commissaire, elle a été très claire là-dessus. Il n'avait pas à intervenir. Alors, manifestement, si le mur de Chine existait, ça doit être la partie du mur de Chine au désert de Gobi, où il n'y en a plus, parce qu'il est intervenu pareil. C'est ça, le problème, là, c'est qu'il y a un mur de Chine à géométrie variable. Donc, il y a vraiment un mur de Chine parce que le mur de Chine, aujourd'hui, il est à géométrie variable.

M. Lacroix (Louis) : Vous êtes médecin, M. Barrette. Vous avez été ministre de la Santé. Est-ce que vous croyez qu'il faut reconfiner le Québec à partir du 17 décembre, par exemple, là? C'est ce qui est dans l'air, entre le 17 et le 11 janvier. Je sais que vous consultez beaucoup les statistiques. Vous suivez la situation de très près. Alors, votre avis de professionnel là-dessus, qu'est-ce que c'est?

M. Barrette : Bien, écoutez, mon avis, je souscris personnellement, mais je n'engage pas ma formation politique, à l'opinion des économistes qui ont pris position cette semaine.

M. Lacroix (Louis) : Donc, vous croyez qu'on doit...

M. Laforest (Alain) : Qui veut dire…

M. Barrette : Qui veut dire que, s'il y avait un moment pour faire un confinement, le meilleur moment, ce serait celui du temps des fêtes.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que vous pensez qu'il est nécessaire?

M. Barrette : Bien, écoutez, là, vous débordez évidemment de mes fonctions ce matin. Je n'irai pas pendant 20 minutes là-dessus, là. Mais est-ce que c'est nécessaire aujourd'hui? Pour moi, je pense que oui. Ça, c'est mon opinion personnelle.

M. Lacroix (Louis) : Pourquoi?

M. Barrette : Parce que c'est nécessaire.

M. Laforest (Alain) : Non, mais, en termes de santé publique, quelle est l'analyse que vous en faites, là, comme professionnel de la santé? Puis je comprends que c'est votre opinion à vous puis pas celle nécessairement du parti, mais, si vous êtes là, c'est parce qu'on aime ça quand vous nous parlez de vos opinions à vous. Alors, pourquoi est-ce que c'est nécessaire?

M. Barrette : Flatteur, flatteur, flatteur!

M. Laforest (Alain) : Non, mais c'est quoi, votre crainte? Vous êtes médecin, là. On vous voit aller sur les réseaux sociaux. Vous avez des craintes. On vous demande de les exprimer. On va les partager à un peu plus grand que la bulle Twitter.

M. Barrette : Ah! seigneur, vous savez que c'est dur pour moi de faire ça.

Des voix : Ha, ha, ha!

Journaliste : Ça, c'est du mensonge, M. Barrette!

M. Barrette : Je vais faire un sacrifice du temps des fêtes pour vous autres.

Écoutez, tous les chiffres sont… La tendance des chiffres que nous avons maintenant va vers non seulement un plateau, on s'en va vers des sommets. Si ces sommets-là sont atteints… Et, pour moi, puisque vous me suivez sur Twitter, à un moment donné, je vous ai dit : Attention, là, 1 000 aujourd'hui, c'est comme 300 à peu près pendant la pandémie, ça n'a pas la même valeur. Quand vous regardez l'évolution du nombre de nouveaux cas par jour, dans la situation actuelle, qui est celle où on a majoritairement des gens qui sont plus jeunes, ce n'est pas comme les CHSLD, bien, j'ai déjà écrit que 1 500 aujourd'hui, ce serait comme 700 dans le temps de la pandémie en mars, et que le verre allait se remplir, et que les vulnérables allaient être atteints. C'est exactement ce qui est en train de se passer.

Et je vous prédis qu'il est probable… non, je vous dis qu'il est probable qu'on se rende à 2 000 par jour. Et, s'il advenait qu'on se rende à 2 000 par jour, le système de santé va déborder. Et tous les chiffres que l'on a, qui sortent de la Santé publique, officiels ou officieux, ceux que j'ai et qui ne sont pas nécessairement publiés, bien, montrent que, si rien n'est fait, c'est vers là qu'on s'en va. Ce n'est pas un hasard pour lequel la décision de délester a été prise. J'avais dit, moi, qu'il fallait arrêter le délire prédictif de Noël. J'ai eu raison puisque des gestes ont été posés. Je vous dis simplement aujourd'hui que, si, malheureusement, la tendance se maintient, nous allons atteindre 2 000 par jour, et à 2 000 par jour, le système va déborder. On n'a pas, en quelque part, le choix d'au moins réfléchir à cette décision-là. Si j'avais à la prendre, je la prendrais. Donc, c'est-u assez clair pour vous autres?

M. Lacroix (Louis) : Très clair.

M. Larin (Vincent) : Juste un mot, M. Barrette, concernant Jérôme Gagnon, qui est…

M. Barrette : Pardon?

M. Larin (Vincent) : Concernant Jérôme Gagnon, là, le général des vaccins, là, qui a dû s'absenter hier…

M. Barrette : Ah! le général en maladie?

M. Larin (Vincent) : …vos impressions sur le départ de cette opération de vaccination là. On nomme une personne qui part deux semaines plus tard sans même qu'il ait fait une apparition publique. Ce n'est pas…

M. Barrette : Vous n'avez pas des bureaux d'enquête, là, vous autres? Je ne le connais pas, l'individu, là, puis je ne sais pas pourquoi qu'il est parti. Alors, je n'ai pas d'opinion là-dessus, là. Je lui souhaite prompt rétablissement, là.

La Modératrice : Est-ce que j'ai d'autres questions en français?

M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce que vous attendez du Dr Arruda cet après-midi? Parce que, là, vous allez pouvoir le questionner, là…

M. Barrette : Bien là, moi, je ne serai pas là pour le questionner, là.

M. Laforest (Alain) : Non, non, mais vous, personnellement, là, vous espérez qu'il dévoile quoi?

M. Barrette : Bien, écoutez, je ne sais pas quelles questions qu'ils vont lui poser, mais je souhaite qu'on ait des réponses claires et précises.

Mme Greig (Kelly) : Can I ask you in English if a lockdown necessary?

M. Barrette : I'm sorry?

Mme Greig (Kelly) : I want to ask you about Fitzgibbon, but I want to ask you first about the lockdown. Is it necessary to have a new lockdown, and why?

M. Barrette : Well, the trend, if the numbers that we see, and they see, and all the numbers that they might have that we do not have access to, if the tendency is what we see today and if it is not put under control, I think this is definitely an option that we will have to take.

Mme Greig (Kelly) : Is it necessary at this point?

M. Barrette : At this point, not necessarily, but we are very close to…

Mme Greig (Kelly) : Sorry, what…

M. Barrette : Well, we're very close to… and, considering what we see in the news, I don't see it's possible unless we, all together, decide today, and we should have decided that weeks ago, to implement the basic rules in order not to confine. It's very simple. If, together, everybody, we maintain distance, wear masks, wash our hands, period, that's about it, that's the end of it, if we work to do that today, it would be not over, but very close to over. The one and only reason why this is happening is because, collectively, we're not enough… reversely, conversely, there are too many people not following the basic rules. So confinement is about answering what we see.

Mme Greig (Kelly) : And, as a doctor yourself and former Health Minister, watching this unfold, where do you see the cracks in the health care system? What do you see?

M. Barrette : The cracks?

Mme Greig (Kelly) : I mean, the most strain?

M. Barrette : Well, it's quite simple, because we have to have capacity to take care of those in a severe situation related to COVID, we have to stop the one and only thing that can be stopped. In a hospital, whenever you have to slow down an activity, the number one activity that you slow down, because it's the only one that can be slowed down, is surgery. We always do that. That is done each and every year in January, February. We catch back after that. But the only activity in a hospital that you can slow down in order to free up space to take care of additional patients are surgical patients, and who goes to surgery today? Cancer patients.

I am sure that the Government is putting all the efforts necessary to do as many cancer patients that they can, but they cannot do them all, they can't. So you understand the complications, the consequences of that? And the same goes for investigations. So, because that's the nature of the beast, if I may, the only area where you can slow down the activity is surgery and investigation, which is close to that.

Mme Greig (Kelly) : I do want to ask about Mr. Fitzgibbon. Do you think he should step aside for the time being?

M. Barrette : Absolutely. Our position is that, because of all this, because of repeatedly going against the ethics code, because of repeatedly criticizing the commissioner, he has to step aside until his situation is resolved.

Mme Greig (Kelly) : Thank you, Mr. Barrette.

Mme Gamache (Valérie) : Je veux juste clarifier votre position sur le projet de loi n° 66. Est-ce que vous allez voter contre? Est-ce que vous considérez encore que c'est un mauvais projet de loi, mais que vous avez été capable d'améliorer…

M. Barrette : La discussion finale en caucus aura lieu aujourd'hui, pour ce qui est du vote pour ou contre. Ma recommandation comme porte-parole va être de voter pour. Alors, le projet de loi n° 66, ce n'est pas un… c'est une loi spéciale. Comprenons bien la situation. Et notre position, elle va être la suivante, la mienne, que je vais recommander, qui, j'espère, va être partagée par mes collègues. Dans la situation d'exception d'aujourd'hui, dans la situation qui nécessite… je m'excuse, dans la situation où les intérêts supérieurs du Québec doivent passer devant, on comprend que la relance économique passe en partie par les infrastructures. Dans cette situation d'exception là, il nous apparaît acceptable de faire une entorse aux règles strictes que nous connaissons, notamment en matière d'environnement, pour cette raison-là, seulement.

Maintenant, pour 66, on a quand même fait des gains qui m'apparaissent significatifs, notamment en élargissant la portée juridique de l'AMP à tout ce qui est PQI, et de façon permanente, donc au-delà des cinq ans de la durée du projet de loi n° 66, avec, en plus, l'engagement de la ministre à revoir la loi de l'AMP pour qu'elle puisse s'appliquer au municipal, là où il n'y a pas de BIG. Alors, à situation exceptionnelle, remède exceptionnel, qui exige qu'on fasse une entorse à nos règles. On l'accepte, mais on considère que ça ne peut pas être permanent.

La Modératrice : Merci beaucoup. Bonne journée.

M. Barrette : Merci.

(Fin à 8 h 17)

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