(Douze heures trois minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour et bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. S'adressera à
vous Mme Véronique Hivon, porte-parole en matière de famille.
Mme Hivon, c'est à vous.
Mme
Hivon
:
Oui, bonjour. Alors, je voulais simplement m'adresser à vous pour faire le
point sur l'interpellation que nous venons de terminer avec le ministre de la
Famille au sujet du bilan du gouvernement de la CAQ et de son bilan, bien sûr,
comme ministre de la Famille, qui est désastreux, en lien avec le nombre de
places en service de garde qui continue à diminuer, alors qu'il avait pris l'engagement
de créer 13 500 places.
Le fait est que ça continue à diminuer parce
que non seulement il n'a pas du tout livré son engagement, à peine
2 500 places, mais, de surcroît, il y a une perte nette de dizaines
de milliers de places en milieu familial. Juste dans la dernière année, c'est
plus de 837 responsables en milieu familial qui ont quitté, donc, la profession
avec six à huit places par milieu. Déjà, ça fait un nombre important. Donc, en
ce moment, on a plus de 24 000 places en milieu familial qui
existent, mais qui ne peuvent pas être occupées par des enfants faute
d'éducatrices.
Alors, malheureusement, je ressors de cet
exercice-là en n'ayant pas plus de réponses que j'en avais avant de commencer
l'exercice. On n'a pas été capables d'avoir aucun engagement ferme du ministre
quant à savoir le nombre de places à la fin du gouvernement... de leur mandat
de gouvernement, combien de plus il y aurait de places. Il n'a même pas pris l'engagement
à savoir s'il y aurait plus de places que moins à la fin du mandat.
Donc, on est face à un ministre de la
Famille qui a refusé de s'engager à dire s'il y aurait plus de places à la fin
de son mandat qu'au début de son mandat. Donc, c'est quand même assez
spectaculaire de voir un ministre qui n'est même pas capable de prendre cet
engagement-là, alors que, ce matin, il voulait laisser entendre, avec son
annonce de révision du processus administratif, combien en soi tout cela allait
changer les choses. Alors, vous voyez le décalage qui existe dans les propos et
les enlignements du ministre. Même chose, aucun engagement sur le nombre réel
de places qui vont être créées.
Je vous rappelle qu'avant la dernière
élection la CAQ avait dit qu'il créerait, en un seul mandat,
26 000 places en services de garde éducatifs. Quand il a commencé, le
ministre a dit, en deux ans, qu'il allait en créer 13 500. Je viens
d'indiquer qu'il n'en a créé que 2 500, donc on est vraiment loin du
compte. Et, pendant ce temps-là, ce sont les familles du Québec, les
51 000 familles qui sont sur la liste d'attente du guichet unique qui
se demandent : À quand des actions qui vont faire toute la différence? À
quand un programme qui va valoriser la profession d'éducatrice, qui va faire
qu'on va s'éloigner de la pénurie actuelle? À quand des bourses? À quand un
programme qui pourrait, donc, concilier travail et études, travail et formation
avec des incitatifs financiers? À quand des sommes pour partir un milieu
familial, pour encourager la profession?
Donc, c'est ça, les questions qu'on a
posées au ministre, au nom des familles du Québec, au nom de ces dizaines de
milliers, 50 000 familles et plus qui attendent toujours une place en
service de garde. Donc, c'est ça, les questions auxquelles on souhaitait avoir
des réponses ce matin, et malheureusement on n'a eu aucune réponse, aucun
engagement.
Et, au-delà de
l'annonce qu'il a faite, parce qu'il y avait une interpellation, ce matin, puis
il se disait : Je ne peux pas arriver là les mains complètement vides, sur
la révision des 17 étapes du processus administratif, bien, on n'a
toujours pas d'engagement sur la question de la pénurie des éducatrices, sur
les besoins des milieux, sur la souplesse pour les petits milieux, notamment en
région. Alors, franchement, je ressors de cet exercice-là encore plus
perplexe et inquiète que je m'y suis présentée ce matin face à l'absence
complète d'engagement et de réponse du ministre.
Et ce que je lui demande, au nom des
familles du Québec, c'est de vraiment prendre cet enjeu-là très au sérieux,
parce qu'honnêtement je ne sais pas comment le gouvernement peut penser qu'on
va bâtir la relance économique du Québec, postpandémie, si on doit se priver de
dizaines de milliers de femmes qui doivent rester à la maison et ne pas pouvoir
retourner au travail, y compris des travailleuses essentielles, faute de places
en service de garde. C'est une complète aberration de penser qu'on n'a pas pu
voir venir mieux que ça et qu'en 2021, c'est ça, la réalité au Québec, alors
que notre système de services de garde éducatifs à l'enfance, nos CPE, sont un
véritable joyau dont on est tous très fiers, mais qui est en train d'aller à la
dérive faute de proactivité et de volonté politique du ministre et de son
gouvernement.
Donc, on espère qu'au laisser-aller des
deux ans et demi qui viennent de passer on va remplacer ce laisser-aller par de
la proactivité et, enfin, de l'action pour les familles du Québec qui sont
désespérées. Et je peux vous le dire parce qu'en 10 ans de vie politique
je n'ai jamais vu autant de parents m'interpeller au quotidien, de Joliette et
de partout au Québec, à cause de mon rôle de porte-parole en famille, sur la
situation dramatique et qui leur empoisonne la vie, sans compter qu'elle les
prive souvent de revenus et de développement économique pour des communautés
entières.
Et je me permettrai, en terminant, de dire
que ça prend aussi de l'argent.
Il va falloir que le gouvernement investisse de
l'argent pour accélérer le développement des places et pour contrer la pénurie
d'éducatrices. Et je veux juste prendre un exemple pour illustrer le
désinvestissement dans les CPE et les services de garde, c'est le PQI
d'investissement pour les CPE. Alors, vous voyez ici, de 2013 à 2023, c'était
plus de 1 milliard qui était prévu. Et où en est-on rendu pour le dernier
PIQ, de 2020-2030? À moins de 400 millions pour le développement, sur 10
ans, des places en CPE.
Alors, quand le ministre dit qu'il est
plein de bonnes intentions puis qu'il dit qu'il va revoir les processus
administratifs, bien, je m'excuse, mais un tableau comme celui-là montre très
clairement que, malheureusement, l'argent n'est pas au rendez-vous, qu'il y a
une baisse des investissements, et ça, c'est très inquiétant quand on fait face
à une crise aussi grave que celle qu'on vit présentement dans les services de
garde.
Sur un autre sujet, je voulais revenir sur
la nouvelle de ce matin concernant la saga qui se poursuit des purificateurs
d'air dans nos écoles : Peuvent-ils ou non être installés? Eh bien,
écoutez, je pense que le mot juste est véritablement kafkaïen. On est dans une
tour de Babel, on est dans une situation complètement abracadabrante où on voit
que… on dit, d'un côté, que, pour avoir une installation de purificateurs d'air
dans les écoles, il faut se référer à un comité. Quand on demande aux
autorités, on nous dit que le comité n'existe pas. Après, on nous dit : Le
comité existe, mais il n'a pas encore mis en place les balises, donc on ne peut
pas se déplacer pour voir si ça fonctionne bien. Et pendant ce temps-là, dans
le secteur privé, dans le réseau anglophone, il y a des purificateurs d'air, et
ils restent en place, on ne les débranche pas.
Donc, écoutez, cette saga-là n'a juste
aucun sens. On demande au ministre de l'Éducation de se resaisir, d'envoyer un
message clair de permettre, comme ça existe dans les lieux publics et les lieux
anglophones, ces purificateurs d'air là de pouvoir être installés et d'arrêter
d'essayer de construire un édifice qui fait en sorte que, pour gagner du temps…
Parce qu'il est pris face à ses propres contradictions et ses études sur la
qualité de l'air qui ne tiennent pas la route, ses exercices qui sont faits à
moitié. Et donc il essaie de balayer cette question-là du revers de la main. Or,
ça n'a aucun sens.
Les parents du Québec, les élèves du
Québec, le personnel scolaire du Québec ont droit à des enlignements clairs et
à savoir où on s'en va dans ce dossier-là, et arrêter cette comédie
complètement absurde, on penserait être dans une pièce d'Ionesco, de ce renvoi
de balle et qui fait en sorte qu'on n'est toujours pas capable d'avoir un
purificateur d'air branché dans une école francophone au Québec. Merci.
La Modératrice
: Alors,
il n'y a pas de question? Merci et bonne journée.
(Fin à 12 h 12)