(Onze heures quinze minutes)
M. Arseneau : Bienvenue.
Merci d'être là. En fait, aujourd'hui, ce matin, ce qu'on veut lancer comme
message, c'est de demander au ministre Dubé d'intervenir rapidement pour
dénouer l'impasse et clarifier, là, la confusion actuellement dans le processus
de vaccination.
En fait, on est devant une situation
absolument incohérente et hautement anxiogène pour un nombre élevé de familles
québécoises. Je parle ici, là, des familles qui s'occupent d'adultes vivant
avec un handicap, une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de
l'autisme.
Suite à nos interventions de la semaine
dernière, le gouvernement a accepté de revoir sa liste de priorisation dans la
vaccination, sauf que, mardi soir, ce qu'on a annoncé, c'est qu'il le ferait
uniquement pour ceux qui résident dans les ressources intermédiaires et de type
familial, là, les RIRTF. C'est une demi-mesure, c'est une demi-bonne décision.
Et, en fait, c'est incompréhensible parce que ces personnes qui vivent à
domicile sont tout autant vulnérables face au virus et ils devront
malheureusement attendre encore.
On demande donc au gouvernement, et au
ministre Dubé, et au ministre Carmant d'arrimer leurs violons et... d'accorder
leurs violons, plutôt, et de régler rapidement cette incohérence, et permettre
la vaccination à toutes ces personnes, hébergées ou non. On sait maintenant que
le nombre de vaccins le permet, de prioriser ce groupe de personnes
vulnérables.
La situation, vous le savez, pour les
proches, est extrêmement difficile depuis un an. Lorsqu'on s'occupe de personnes
vulnérables et à risque comme celles-là, il y a des sacrifices qui ont dû être
faits. Par exemple, des parents ont dû abandonner leur emploi, cesser d'avoir
de l'aide à domicile, cesser de faire des activités extérieures, aussi, avec
leurs enfants. Les témoignages sont nombreux. Les familles sont épuisées et n'ont
pas besoin de ce stress supplémentaire. Ils manquent d'information, se sentent
abandonnés. Ils ont besoin d'espoir, et ce, rapidement. Nous, on a besoin de
clarté.
D'autres juridictions ont priorisé ces
groupes, qu'on parle du Royaume-Uni, qu'on parle de la Colombie-Britannique. On
demande au gouvernement de s'inspirer des meilleures pratiques et de faire
preuve d'humanité envers ces groupes qui actuellement, là, sont abandonnés.
J'aimerais aussi en terminant parler de
façon plus large de la vaccination et de transparence. Bien sûr, on a pris note
de l'objectif du gouvernement de vacciner tous les Québécois avec une première
dose d'ici le 24 juin prochain. On souhaite que le gouvernement atteigne
ses objectifs, mais ce qu'on souhaite, c'est que le gouvernement nous permette,
permette aux Québécois de suivre au jour le jour la progression de cette
campagne massive de vaccination.
On veut pouvoir suivre, donc, les progrès de
la campagne en temps réel avec des indicateurs qui montrent le degré
d'avancement de la vaccination pour chaque région, pour chaque catégorie d'âge
en fonction, donc, du sexe ou encore des catégories d'âge, comme je le
mentionnais. Ça se fait ailleurs. En France, notamment, on peut consulter sur
le Web des tableaux département par département, donc région par région, avec
le pourcentage atteint, et par catégorie de citoyens. On souhaite que le
gouvernement puisse mettre cette information-là à jour et disponible pour, justement,
nous permettre non seulement de suivre la vaccination, mais à chaque jour
d'avoir un peu plus d'espoir que la campagne aboutisse et qu'on puisse vaincre,
essentiellement, la pandémie de cette façon-là.
Alors, là-dessus, je suis prêt à répondre à
vos questions.
Mme Prince (Véronique) : En
fait, est-ce que vous trouvez que c'est un manque de sensibilité de la part du
gouvernement? Comment vous qualifiez cette résistance-là, finalement?
M. Arseneau : Bien, en fait,
moi, je présumais de la bonne foi et de la bonne volonté du ministre. J'ai posé
la question jeudi dernier en sachant qu'il était sensible à la question, et
j'avais compris lors d'une réunion, d'un breffage technique mardi, que les
bonnes nouvelles s'en venaient, on nous avait dit : Attendez encore
quelques heures, au point de presse du premier ministre. Et le premier ministre
n'en a pas soufflé mot pendant le point de presse, ce qui est dommage parce que
les familles s'attendaient à avoir de la considération, effectivement, et à
entendre parler d'elles et de bonnes nouvelles.
On a émis un communiqué de presse par la
suite avec, comme je le mentionnais, une demi-bonne nouvelle. Alors, moi, je ne
présume pas que le gouvernement n'a pas la sensibilité nécessaire, mais qu'il
n'a pas mis en place les moyens pour la démontrer, cette humanité, cette
sensibilité dont il veut faire preuve. Mais on dirait que ça bloque quelque
part dans la machine parce que même le message du bureau du premier ministre
par rapport à celui du ministre des Services sociaux, par exemple, n'est pas le
même, et cette confusion-là, évidemment, là, entraîne encore davantage
d'anxiété. Et c'est des conséquences fâcheuses qu'on peut éviter dans un
contexte de pandémie encore davantage lorsqu'on s'occupe de personnes
vulnérables.
Mme Prince (Véronique) : Je
voudrais aussi vous poser une question sur le Nouveau-Brunswick, en fait. Parce
qu'on a vu que, par exemple, les Acadiens, hein, pour cet été, voudraient
pouvoir recevoir des Québécois, là, tu sais? Alors, est-ce qu'on est rendu à un
point où il faut vraiment que les gouvernements se parlent et trouvent un
débouché pour cet été, là?
M. Arseneau : J'aime beaucoup
votre question, parce qu'en fait on débat de cette question-là depuis le mois
de mars dernier. On souhaite effectivement que le gouvernement du Québec entame
des pourparlers sérieux, rigoureux, avec des objectifs à atteindre pour
favoriser, en fait, le déplacement sécuritaire des personnes, notamment du
Québec, vers les Îles-de-la-Madeleine et, évidemment, à partir des
Îles-de-la-Madeleine vers le Québec continental, que les provinces puissent
arrimer leurs mesures.
On avait même demandé qu'une partie du
Québec qui est attenante au Nouveau-Brunswick puisse avoir des relations
particulières. On a créé, au cours de l'été dernier, une bulle où les gens
pouvaient aller d'un côté de la frontière à l'autre. On avait demandé aussi que
les Îles-de-la-Madeleine puissent faire partie de la bulle atlantique, à un
certain moment donné, devant l'impasse de la situation. Mais je ne suis pas
convaincu que le gouvernement du Québec a déployé tout son arsenal diplomatique
pour pouvoir régler la situation, faire des propositions constructives qui
protègent la juridiction et la souveraineté des provinces de l'Atlantique sur
leur territoire, mais qui puissent aussi trouver un terrain d'entente qui
favorise, donc, surtout les déplacements.
On sait que le printemps arrive. Chez
nous, il y a de nombreux travailleurs qui vont devoir converger vers les
Îles-de-la-Madeleine, les travailleurs de l'industrie de la pêche notamment. On
va avoir également le tourisme qui s'en vient bientôt. Beaucoup, beaucoup de
gens ont fait les réservations pour l'été prochain. Et ce qu'on se demande, c'est
dans quelles conditions ils vont pouvoir atteindre leur destination. Le premier
ministre du Nouveau-Brunswick a même ouvert la porte à la proposition que j'avais
faite de désigner des hôtels où les Québécois puissent au moins s'arrêter se
reposer pour une nuit. On n'a pas eu d'écho de cette proposition-là ou de cette
ouverture encore. Je ne suis pas convaincu que le gouvernement du Québec a
déposé cette demande formellement.
Et maintenant, dernier élément, on sait
que la province du Nouveau-Brunswick, et l'Île-du-Prince-Édouard, et la
Nouvelle-Écosse sont sur le point d'annoncer la création d'une nouvelle bulle
atlantique. Alors, moi, ce que je me demande, c'est est-ce que le gouvernement
du Québec a fait les représentations nécessaires pour faire partie non pas de
la bulle Atlantique, mais de pouvoir s'assurer que les intérêts de ses
commettants soient respectés dans les contours de la bulle, qu'on ne veut pas,
là, aussi étanche que l'an dernier... oui, que la dernière année,
effectivement.
Donc, il y a des pistes d'amélioration,
mais ce n'est pas le gouvernement du Nouveau-Brunswick ou
l'Île-du-Prince-Édouard qui vont considérer, évidemment, les besoins et les
attentes des Québécois. Seul le gouvernement du Québec peut le faire, et on
souhaite qu'il le fasse de façon active le plus rapidement possible. Merci
beaucoup.
Mme Prince (Véronique) :
Merci.
La Modératrice
: Merci.
Et bonne journée.
(Fin à 11 h 24)