(Dix heures sept minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Alors, ce matin, M. Martin
Ouellet, notre porte-parole en matière de finances, qui sera suivi par le chef
du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à vous.
M. Ouellet : Merci. Bon
matin, tout le monde. Donc, aujourd'hui, le Parti québécois va réagir au budget
fédéral. Pour nous, on fait face à un fédéralisme d'envahisseur. Est-ce que c'est
encore du fédéralisme quand le gouvernement agit comme prédateur dans les
compétences des provinces?
Le gouvernement du Canada s'octroie le
droit de frauder la Constitution en dépensant directement dans les champs de
compétence du Québec. En plus des CHSLD, en plus des garderies, le gouvernement
du Canada va encore plus loin, dans le réseau de la santé, en voulant investir
en santé mentale.
On a juste un message à Justin Trudeau :
Gère le Canada, on va gérer le Québec. Pour nous, ces intrusions-là doivent
cesser. Et c'est quand même assez paradoxal, notre régime fédéraliste avait
déjà établi, dans sa Constitution, qu'il y avait des affaires qui relevaient de
l'État fédéral et il y avait des choses qui relevaient du Québec.
Alors, à la population du Québec, j'ai une
seule question : À quand Justin Trudeau va cesser de venir envahir les
compétences du Québec? Pour nous, c'est fondamental, cet impérialisme et ce
fédéralisme d'envahisseur doit cesser. Je cède maintenant la parole à mon chef,
M. Paul St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Martin. Journée très chargée aujourd'hui. Je veux revenir sur ce que
Martin Ouellet a dit sur le budget fédéral. Le gouvernement de François Legault
doit en tirer des conclusions. Non seulement François Legault n'a obtenu aucun
gain, depuis le début de son fédéralisme de gain à l'intérieur du Canada, mais
en fait le constat, lorsqu'on voit que les transferts en santé ont été
complètement ignorés pendant que de l'argent pour dédoubler tous les
programmes, ça, il y en a, le constat, c'est : On n'avance pas, on recule.
Sous la CAQ, nous reculons dans le cadre du Canada qui n'hésite pas à empiéter,
à agir en envahisseur, à tricher la lettre de la Constitution du Canada avec un
stratagème qui est malhonnête, qui est celui du pouvoir fédéral de dépenser. On
n'avance pas, on recule. Si au moins on faisait du sur-place, ce serait une
chose, mais ce n'est pas le cas.
Je vais tenter de commenter le projet de
loi sur la laïcité, qui fait 240 pages, que j'ai eu le temps de survoler très
rapidement. Mais il y a des choses qui sautent aux yeux. Mes commentaires sont
les suivants : si vous vouliez une preuve éclatante que le Québec n'est
pas en mesure de légiférer sur son territoire, si vous vouliez une preuve de
comment le cadre juridique canadien nous condamne à une imposition du modèle
multiculturaliste sur le territoire québécois, même si ce n'est pas la volonté
démocratique des Québécois, vous l'avez, cette preuve-là.
Je vais être prudent et mesurer, dans mes
commentaires, parce que je suis membre du Barreau, donc je dois à la fois une déférence
envers le système judiciaire, mais je me dois, comme politicien, de critiquer
et de dire ce que j'en pense sur le plan politique. On est devant des
généralisations du système anglophone, où essentiellement on vient nous dire :
Les anglophones, au Québec, sont différents des francophones, ils embrassent la
diversité et ils ont raison d'accorder une importance particulière à la
célébration de la diversité culturelle et religieuse. En d'autres mots, pour
les anglophones, c'est important, les signes religieux, de laisser cours aux
signes religieux dans leur système d'éducation, donc on va interpréter que ça
fait partie de leurs droits linguistiques que de se soustraire de la volonté
démocratique des Québécois, de se soustraire d'une loi de l'Assemblée nationale
au nom de généralisations qui, à mon sens, n'ont aucun fondement. Donc, on dit
des choses comme : Les signes religieux améliorent la réussite des élèves,
fait partie des valeurs des anglophones, les signes religieux sont un atout.
Je vois difficilement comment on est dans
le juridique, comment on n'est pas dans des généralisations. Mais surtout, ce
que je pense qu'il faut retenir du jugement, c'est : que ce soit pour les
politiciens à l'Assemblée nationale ou que ce soit pour les commissions
scolaires anglophones, le cadre juridique canadien nous refuse le droit à
s'autodéterminer. La manière dont le système est fait et la manière dont le
pouvoir judiciaire, également, exerce son pouvoir nous entraînent dans une
situation où nous ne pouvons pas, sur le territoire québécois, faire nos
propres choix.
Et ça, c'est le début de la fête. Parce
que vous pouvez être certains que ce jugement-là va être porté en appel, puis
ça va probablement se rendre à la Cour suprême. Donc, on commence un long périple
de dévalorisation du droit des Québécois de s'autodéterminer et de créativité
de toutes sortes de manières qu'on n'a jamais imaginées, même, pour justifier
de casser une volonté pourtant très claire des Québécois.
Dernier point, je veux revenir sur ce qui
s'est passé la semaine dernière et sur un reportage publié dans Le Devoir
par Marco Bélair-Cirino, qui, à mon sens, est très sérieux et qui mérite un
suivi.
Vous le savez, au Parti québécois, depuis
le début de la crise, on dit que la Santé publique devrait être séparée du
politique et qu'on devrait prendre des décisions sur la base de la science. Or,
à la lumière de l'enquête de Marco Bélair-Cirino, il s'est passé quelque chose
de très préoccupant la semaine dernière, et exceptionnellement, là, parce que
ça dure 12 secondes — et je salue La soirée est (encore)
jeune d'avoir fait le suivi — je laisse la question posée par
Patrice Bergeron et la réponse du premier ministre, dans un point de presse de
la semaine dernière, parce que ça… vous allez comprendre où est-ce que je m'en
vais avec ça, là, ça a beaucoup d'incidence.
(Présentation
d'un extrait sonore)
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Donc, le premier ministre… On recule. Dans un premier temps, on a fait un point
de presse de santé publique dans lequel on ne nous a pas dit qu'il fallait
désormais porter les masques à l'extérieur. Ensuite, lorsqu'on pose la question
au premier ministre, il dit : Je n'étais pas au courant, on me l'avait
peut-être dit, mais je n'étais pas au courant. Mais, dans le même point de
presse, il renvoie à Dr Arruda le fardeau de justifier cette mesure-là.
Or, ce qu'on apprend dans Le Devoir,
c'est que ce n'était pas la décision de la Santé publique, c'était une décision
politique. Donc, nous serions devant une séquence durant laquelle une décision
de santé publique n'a pas été prise par la Santé publique, mais, aux dires du
premier ministre, n'aurait pas été prise par le premier ministre non plus. En
fait, le premier ministre l'aurait ignorée.
Donc, moi, ce matin, je vous pose la
question : Qui prenait les décisions? Qui prend les décisions dans cette
cellule de crise là formée, à la quasi-totalité, de gens de communication et
quelques sous-ministres? Qui prend les décisions? Et est-ce que M. Legault,
est-ce que notre premier ministre se porte véritablement responsable des
décisions, comme il nous l'affirmait dans un des points de presse à heure de
grande écoute, ou est-ce qu'on est devant un autre scénario durant lequel on a
lancé sous l'autobus la Santé publique? Vous vous souviendrez de mon
commentaire, à ce moment-là, je vous ai dit : Faisons attention avant de
blâmer le Dr Arruda, il est seul scientifique dans une cellule remplie de gens
de communication qui protègent le gouvernement. Et qu'est-ce qu'on apprend? La
Santé publique n'y était pour rien mais s'est retrouvée avec le plat de devoir
justifier l'injustifiable, ce qui explique les hésitations du Dr Arruda.
Donc, moi, la question que je vous pose,
c'est : Qui prend les décisions — j'espère qu'on va poser cette question-là — et
comment avoir confiance en un gouvernement qui n'est pas capable de nous dire
qui prend les décisions? Un gouvernement où le premier ministre ne serait pas
informé d'une décision politique qui renverse la recommandation de la Santé
publique, je trouve ça extrêmement grave. Et, sur ce, je vais prendre vos
questions.
La Modératrice
: Une
question, une sous-question, s'il vous plaît. Merci.
Mme Côté (Claudie) : Peut-être
sur le budget fédéral d'abord. Bon, il y a une partie des sommes que le Québec
devrait toucher, normalement, à la hauteur de 6 milliards, là, pour les
prochaines années. Est-ce que ces sommes-là... que ce soit
M. St-Pierre Plamondon ou M. Ouellet, est-ce que ces sommes-là
devraient obligatoirement être investies dans le réseau de garderie ou on
pourrait le mettre ailleurs?, et c'est ce qui semble l'option que va
privilégier le gouvernement.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On est dans le piège classique du droit de retrait. Ce que le fédéral va faire,
parce qu'il le fait tout le temps, c'est il va dire au Québec : O.K., vous
ne voulez pas participer à notre empiétement sur votre pouvoir, pas de problème,
on va vous revenir avec un remboursement à négocier. Et historiquement, ce que
le fédéral fait, c'est qu'il punit le Québec en ne lui donnant pas la juste
part qui devrait lui revenir et en négociant, en présentant comme un cadeau, à
la fin, une quote-part de ce qui devrait nous revenir en entier. Et ça, ils le
font pendant qu'ils nient notre droit à avoir notre retour sur la santé.
Donc, on est vraiment devant une approche
de tricherie. Et c'est ça, le Canada : tricher la constitution, empiéter
sur les pouvoirs du Québec et nous présenter ensuite comme de la vertu, comme
de la moralité, chaque fois que l'on obtient des grenailles... Et, c'est pour
ça que je vous dis : Notre avenir, ce n'est pas de demeurer dans le Canada
pour quémander des choses qui, en fait, nous appartiennent. Il y a une
malhonnêteté crasse dans cette manière-là d'empiéter sur plein de champs de
compétence. C'est vrai pour les CHSLD, les garderies, mais c'est également vrai
en matière de santé mentale. Ça aussi, c'est très, très grave.
M. Bergeron (Patrice) : …les 6 milliards
sur cinq ans, par rapport à ce que c'était avant ou par rapport aux crédits
d'impôt, qui désavantageait déjà le Québec. Donc, c'est déjà… on se trouve déjà
à être plus financé qu'on l'était auparavant, non?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ça reste à voir parce que le fédéral va poser des conditions, va en profiter
pour tenter d'empiéter, d'étendre son pouvoir. Et là j'espère que le
gouvernement provincial du Québec va dire : Non, merci. Dans quel cas, on
va entrer dans une négociation, comme ils le font tout le temps. On va dire :
Bien là, vous ne voulez pas collaborer, voulez-vous vraiment votre argent? Et
là on va voir qu'est-ce qui va arriver. Mais, si on se fie à l'ensemble des
négociations entreprises par François Legault depuis son entrée au pourvoir, il
est 0 en 20 dans ses demandes au fédéral. Donc, quel est le pouvoir réel de
négociation de la CAQ vis-à-vis du fédéral? Poser la question, c'est y
répondre. À date, il n'a eu aucun impact.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Qu'est-ce que vous pensez…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Juste une précision de mon collègue.
M. Ouellet : L'annonce d'hier
fixait aussi le tarif à 10 dollars. Ce n'est pas le cas au Québec. Donc,
on pourrait penser que, pour toucher l'argent, le gouvernement fédéral pourrait
mettre le prix plancher à 10 dollars, et, à ce moment-là, on pourrait toucher
nos gains. Donc, encore une fois, les normes fixées par le gouvernement
seraient handicapantes en fonction des choix qu'on a faits. Et c'est ça que mon
chef dit : au final, laissez-nous l'argent, puis on va le gérer. Si Justin
aime les garderies, qu'il ait ce même amour pour le Québec, qu'il nous donne
les sous, et nous, on va s'assurer qu'ils soient bien investis et on va
s'assurer de faire pression, au gouvernement de la CAQ, que ça soit rapidement
déployé en la création de nouvelles places.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que cet argent-là doit aller aux garderies? C'est ça que Claudie demande. Est-ce
que cet argent-là, peu importe, là... Là, vous dites ça ne sera pas le montant
au complet. Peut-être, mais est-ce qu'il faut que ça retourne aux garderies
pour les 50 000 places qui attendent?
M. Ouellet : Absolument. Il y
a 50 000 places... il y a 50 000 personnes qui attendent une place,
donc oui, effectivement, si l'argent a à être utilisé, il n'était pas prévu, je
m'attends assurément que la négociation se fait, avec la pleine compensation,
et surtout qu'on mette ça directement pour améliorer le sort des femmes, pour
leur permettre d'être de retour au travail.
M. Larin (Vincent) : …M.
Girard dit que ça va se faire sans condition. Est-ce qu'il est naïf?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je suis content d'entendre M. Girard dire que ça va se faire sans
condition. Maintenant, ce n'est pas la première fois que la CAQ a une
prétention vis-à-vis du fédéralisme, que la CAQ nous dit qu'elle va mettre son
poing à terre. Puis une fois qu'elle se fait dire non, ce que la CAQ fait,
c'est qu'elle met sous le tapis son échec et elle continue à prôner le
fédéralisme. Ce qui n'a aucun sens. Si on est moindrement cohérent, là,
vis-à-vis le budget qu'on vient de voir, où est-ce qu'on nie complètement la
question du transfert de 6 milliards qui nous est dû, la CAQ devrait se
révolter et être cohérente en disant : On ne joue pas à ce jeu-là et on
n'embarque pas dans le système fédéral, c'est inacceptable et on change notre
fusil d'épaule sur les questions politiques. Mais ils ne le feront pas. Ils
sont condamnés à faire comme les libéraux, en fait : faire des demandes
puis ensuite avoir des échecs et les cacher pour tenter de sauver la face.
C'est ce qui nous attend, malheureusement, et la seule solution, à moyen-long
terme, c'est l'indépendance du Québec.
Mme Côté (Claudie) : …revenir
sur la COVID-19, est-ce qu'on devrait donner plus rapidement la deuxième dose
aux personnes plus âgées, là? Normalement, on a atteint le quatrième mois, là,
ce qui était recommandé. Donc, est-ce qu'on devrait accélérer la cadence parce
qu'il y a des éclosions dans certaines résidences et dans certains CHSLD?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, ce que les experts nous disent, c'est que la première dose est moins
efficace chez les 80 ans et plus. Donc, si on a plusieurs experts, là... J'ai
vu Dr Hébert, notamment, dire qu'il n'y avait aucune raison d'attendre avant de
distribuer les deuxièmes doses, justement en raison de caractéristiques très
spécifiques au groupe 80 ans et plus. Mais là on ne peut pas étirer l'élastique
sans arrêt sur les deuxièmes doses, on doit prendre notre responsabilité comme
gouvernement, là, on doit avoir une réaction qui est adéquate.
Donc, moi, je demande en effet au
gouvernement de s'assurer que ce groupe d'âge là soit mieux protégé. Parce que,
lorsqu'on voit le cycle des éclosions recommencer chez les personnes âgées, là,
c'est incompréhensible et inacceptable. Et ça semble, selon les expertises,
être directement lié avec l'absence de deuxième dose.
M. Bergeron (Patrice) : Précision
concernant la loi n°21 puis le jugement qui a été rendu. Vous avez cité les
parties du jugement, quand on dit que les signes religieux sont bons pour la
réussite scolaire?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Allez entre la page 190 et la page 220, c'est celles que j'ai eu le temps de
voir. Comme juriste, là, j'ai survolé le mieux que je pouvais, mais j'ai reçu
le jugement à 9 h 50 pour un point de presse à 10 heures. Allez
étudier comme il le faut le raisonnement sur la spécificité culturelle et les
droits linguistiques de la commission scolaire anglophone, vous trouverez là
une série de raisonnements que je n'ai pas cités mot pour mot, mais que j'ai
résumés.
Essentiellement, l'argument, c'est qu'il y
aurait un droit linguistique pour les commissions scolaires anglophones de
déroger à la loi québécoise au nom de leur adhésion au multiculturalisme
canadien. On fait là un hommage aux signes religieux, on présente comme de la
science puis comme des faits avérés le fait que les signes religieux améliorent
la performance scolaire des étudiants, comme quoi les signes religieux font
partie de la culture anglophone.
Si je n'étais pas membre du Barreau,
j'irais avec des mots beaucoup plus forts ce matin. Je vais me contenter de
dire qu'il s'agit de généralisations qui, au final, sont une manière d'arriver
au résultat escompté, à savoir, nier au Québec son droit à s'autodéterminer
législativement sur son territoire. On est en train de séparer les francophones
et les anglophones comme des groupes qui ne sont pas gouvernés par les mêmes
lois et qui, on est dans la généralisation, là, créent des profils différents
suivant des valeurs et des principes qui, moi, ne me convainquent absolument
pas.
M. Bergeron (Patrick) :
...vous dites que le juge a erré. Le juge a erré, en fait?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vous invite fortement à lire ce passage‑là et à tirer vos propres
conclusions. Moi, je vous rappelle que le Québec devrait avoir un droit à
s'autodéterminer sur son territoire. Et ce que ce jugement‑là vient nous dire,
c'est qu'en fait l'Assemblée nationale n'a pas le pouvoir de légiférer partout
sur son territoire et que certains groupes sont exonérés grâce à leur adhésion
au modèle canadien qu'on tente littéralement de nous imposer par la force.
M. Bossé (Olivier) : ...M. St-Pierre
Plamondon?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, je n'ai pas dit ça. Je n'ai pas dit ça, je parle de généralisation, c'est‑à‑dire
qu'il ne faut pas perde de vue, là, dans le jugement, le droit à la religion
n'est pas examiné en raison de la clause «nonobstant», donc on passe par
d'autres avenues mais qui sont très créatives, là. On est vraiment dans la
créativité, là, quand les droits linguistiques des commissions scolaires
deviennent une raison pour ne pas respecter une loi de l'Assemblée nationale
sur les signes religieux, au nom d'une adhésion dans les valeurs profondes des
Québécois anglophones, leur adhésion au multiculturalisme et l'apologie, là, l'hommage,
les grands honneurs aux signes religieux comme étant un signe de vertu.
La frontière entre le politique et le
juridique, puis là vous irez voir, à peu près entre la page 190 puis la page 190
puis la page 220, 225, faire la distinction entre ce qui est un jugement
de valeur, puis un jugement politique, et un jugement juridique, moi, j'ai
trouvé l'exercice très créatif. Et je vous rappelle que, ça, c'est le début de
l'histoire, parce que, de la façon que ça fonctionne, c'est que ça va être
porté en appel, on va recommencer en Cour d'appel, puis ça va probablement se
rendre en Cour suprême.
Mais je vous invite à lire et à tirer vos
propres conclusions. Je pense vous avoir livré mon opinion politique là-dessus.
En même temps, comme avocat, je vais garder une déférence judiciaire, parce que
ça fait partie de mes obligations, mais je vous invite à vous-même faire cette
lecture-là.
La Modératrice
:
Dernière question en français, s'il vous plaît.
M. Larin (Vincent) : …qui
exclut les élus de l'Assemblée nationale?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien c'est la même chose. C'est qu'on refuse aux élus le droit de légiférer
leur propre comportement, au nom de la structure juridique canadienne puis
d'une interprétation très… Donc, c'est une loi qui est le fruit des élus, là.
La Loi sur la laïcité…
M. Larin (Vincent) : …la loi n° 21 ne s'appliquera pas aux élus de l'Assemblée
nationale.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est ça. C'est ce que je vous dis. Je me suis peut-être mal exprimé. Moi, ce
que je vous dis, c'est que la Loi sur la laïcité, c'est le produit de notre Assemblée
nationale, ce sont les élus qui l'ont fait. Et là il y a un pouvoir judiciaire
qui, à même un système qui nous est imposé, là, notamment la Constitution telle
qu'elle a été signée sans l'accord du Québec dans les années 80, qui vient
dire aux élus : Vous avez fait un choix démocratique, mais on vous ne
laissera même pas l'appliquer à vous-mêmes. On ne peut pas avoir un symbole
plus grand du déni de l'autodétermination du Québec que, lorsqu'au nom d'un
système juridique auquel on n'a pas consenti, dans les années 80, on
empêche même les élus de faire des choix qui s'appliquent à eux-mêmes, là.
C'est très, très symbolique.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning. What is your reaction
when you see that Bill 21 is... like, the Superior Court upholds Bill 21 except
for Anglophone schools because of the article 23 in the Canadian Charter?
So, what do you see as a challenge, here, that is not what Québec wanted?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : What Canada does, it creates an
environment where laws that we make here, at the Assemblée
nationale, will not apply to everyone, given individual
or community characteristics. And those characteristics are not even facts. If
you read the judgment, it is a conclusion that the judge comes to saying :
Well, English-speaking Quebeckers, they embrace Canadian multiculturalism,
they understand the virtue of it, they understand the value of it, and it
enhances the performance of their students, it allows them to make hirings,
that we break Bill 21 as for those English-speaking communities, those
English-speaking school boards.
So, it's basically saying
to Québec : Within Canada, we will decide whether your laws, they apply on
your territory and, if we see fit to subtract any part of your society because
we see that they are closer to our point of view on those issues, we will not
hesitate to deny your right to self determination, to democratic choices, we
will break apart your territory or your communities and we'll make the
application of the law dependant on all source of factors, in this case,
linguistic rights that, from my point of view, are absolutely not connected
with this issue at stake here. The issue at stake is religious symbols. And
it's a lot of creativity to come with the conclusion that it's connected to
linguistic rights.
Mme Senay (Cathy) : The fact that the judge said that article 23 protects
minorities with educational… don't you think that the Legault Government
underestimated article 23 and the Canadian Charter, and this is why we're
here today?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : No, I disagree…
Mme Senay (Cathy) : ...school boards are exempted from Bill 21?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : I disagree. I think Government Legault underestimates Canada.
It's in a total state of denial, where they think that they will actually have
victories or they will actually be able to make laws that will be respected
within Canada, make negotiations
that will lead to results. They are in complete denial of what Canada has in
store for Québec. What it has in store is the denial of our self-determination
as a democratic State and the denial of every demand we have to make. Aso we
have a government that takes our money, through tax and income tax, and than
make choices based on their interest and their view of society, denying our
democratic right to have our own views and our own rules.
So it's a very very
problematic judgment in terms of what Québec society it gives us in a future if
that judgment is not broken. But what is going to happen, I think, is that it's
going to go to the court of appeal and then to the Supreme Court. So, we have
to wait until we come to final conclusions in terms of legal conclusions. But
it tells how the judiciary power is very... is not
afraid to intervene, and not afraid to impose Canada's view that multiculturalism should apply everywhere across Canada including Québec. And that is not the democratic choice of Quebeckers, but that doesn't seem to matter.
Mme Senay (Cathy) : And, regarding the fact that now MNAs are exempted from having
their faces uncovered when they give public services, don't you think it's a
good thing in order, at some point, to have a National
Assembly that is more diverse, to have this exemption
for MNAs?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : That is where it all goes wrong. A
religious symbol is not a diversity, it is a religious choice, it is a
religious message. In that judgement and in general, there is a tendency in Canada to treat religious signs as an intrinsic
part of the body or the person itself. And a religious choice is a choice and
it is also a philosophy of life. So is it normal that, in places where we don't
allow our MPs to show their political opinions... MNAs, I'm sorry, to show
their opinions or to have signs of many things that are forbidden... Why would
it not be the same principle for religious symbols?
And I think the bottom
line is that Québec and Canada, they don't agree on what is the
extent of the right to religion. For Canadians, right to religion is extremely wide and it is always stronger
than any collective right, any thought on how a society should work together so that there are no conflicts between
religions as we see it worldwide. For Quebeckers, the right to religion is more narrow to the right to go to church
on Sunday, to have their own beliefs, but it doesn't include the right to
exhibit signs and to come in certain places where the State speaks. And the
State for us should be neutral, should be... we should have that principle of
«laïcité» that exists elsewhere in the world, so it's not only in Québec.
But obviously, there are
two views of the world. The problem right now is that Québec has spoken, and Canada is using tribunals and a legislative framework that comes from the
80s, to which we never consented, they are using that to impose their view on
ours. And that is antidemocratic.
Mme MacKenzie (Angela) : Are you connecting this decision to linguistic rights? In your
view, what's at stake for Québec society?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Well, a society where law doesn't
apply everywhere, where our power here, at the National
Assembly, depends on your mother tongue, when you were
born or depends on all sorts of groups that are divided and to which the law
might apply or not. How do you want a State to be managed if law doesn't apply
to everyone? I mean, it's breaking the social contract from Rousseau. Rousseau
said : If you want a society that has cohesion and respect, law should
apply to everyone at all time.
But Canada is so motivated to impose its view,
its model of multiculturalism, that it sneaks through linguistic rights the
principle that religious symbols, that, to my view, to my opinion, is not
connected to linguistic right... it brings in a different different rules for
English speaking school boards than for French speaking school boards. What
kind of society will we have if laws are applying to certain people and not to
other, depending on all sorts of characteristics? To me, it's a very
problematic society model.
M. Verville
(Jean-Vincent) : Your reaction to the federal budget.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : It's a budget that once again tries to cheat the spirit and the letter of the
Constitution by using a fraudulent method that is the spending power of the
federal. And we're stuck now with at least three examples where the Government will be spending on programs that
already exist in Québec. They
are telling us : You might have a refund, but we will try to impose to you
norms, even though it's not within our field of competence, and, if you don't
cooperate, well, we'll negotiate, we'll negociate to see how much money you get
back.
So, we're basically,
within Canada, taking our
money, sending it to Ottawa,
and then Ottawa tells us :
You want $6 billion that is owed to you for the health system? No, you're
not going to get it, we're too busy making programs that already exist in Québec and we will negociate with you to see
what we give you. So, it brings Québec in an environment where we are condemned, if we stay within Canada, to beg to Canada moneys that are actually ours. And it's once again another example
of Canada not respecting
democratic choices made in Québec.
M. Verville
(Jean-Vincent) : ...Legault that there's more
people under 60 that are hospitalized, now, than during the first wave. Does
that worry you?
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Under or over?
M. Verville
(Jean-Vincent) : Under 60 years old. There's
more people hospitalized under 60 years old.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Well, it was a bit blurry, in terms
of what the data actually says. What we know for sure is that there is a
variant. Unfortunately, we didn't stop it because we didn't do anything at the
airports during December and January. But once it's there, it does have an
impact on how the youth could be infected and what impact it has. And too
often, I think, we don't consider the cases where the person doesn't die or is
not hospitalized for long, but people carry consequences, in terms of
breathing, in terms of the possibility to have sporting activities. That virus
has consequences, and we need to take that into account in all groups of ages. Thank
you.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 10 h 37)