(Onze heures dix-sept minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout
le monde. Vous savez, Québec est toujours à combattre le virus. C'est très bien.
Il ne faut pas baisser les bras. Il faut continuer, il faut y mettre l'énergie nécessaire.
Mais on est capables de mâcher de la gomme puis marcher en même temps, puis,
dans ce sens-là, Andrés et moi, ce matin, mon collègue de Laurier-Dorion, on
souhaite vous parler des autres crises, des autres crises qui sont là et que la
CAQ ferme les yeux dessus. Bien sûr, on parle de la crise climatique et de la
crise du logement qui, elles, ces deux crises-là, ne sont pas sur pause présentement.
Aux dernières nouvelles, Benoit Charette
et Andrée Laforest — Benoit Charette, ministre de l'Environnement,
Mme Laforest, ministre de l'Habitation — ne font pas partie de
la cellule de crise sanitaire du premier ministre. Alors, qu'est-ce qu'ils
attendent pour s'affairer à la crise climatique et à la crise du logement? Ce
sont leurs responsabilités.
En effet, pendant que le gouvernement détourne
le regard, notre eau est pompée par les grandes entreprises, nos berges
s'effritent, les feux de forêt commencent de plus en plus tôt et ravagent de
plus en plus de territoires. Est-ce que le gouvernement de la CAQ a un plan
pour la résilience climatique de nos territoires? Bien, la réponse est simple,
c'est non. Lorsque la CAQ aborde la protection de la nature, c'est avec des
grands principes généraux, des phrases évasives, jamais de plan, jamais de
mesures, jamais d'encadrement.
Comment, en 2021, un gouvernement peut se
présenter sérieusement devant sa population sans plan d'adaptation aux
changements climatiques? Ça devrait avoir été mis en place il y a des années.
Le Plan pour une économie verte que le ministre de l'Environnement nous a
déposé, à l'automne dernier, manque cruellement d'ambition et minimise gravement
les enjeux de protection du territoire. Le gouvernement doit cesser de
s'attarder seulement aux aspects lucratifs de la lutte aux changements
climatiques parce qu'en bout de ligne, là, nous allons tous et toutes en
sortir... pardon, nous n'allons pas nous en sortir si on n'a pas de plan.
En 2010 — 2010, ça fait 11 ans — le
ministère de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques avait
tracé un chemin vers un plan d'adaptation, s'adapter aux effets des changements
climatiques. Les prévenir, c'est une chose, mais il faut aussi s'adapter aux
effets. Alors, ni le gouvernement libéral ni le gouvernement péquiste et le
gouvernement actuel, le gouvernement caquiste, n'a enclenché ce processus.
Quelle irresponsabilité! Ça presse, ça urge. Le gouvernement doit mettre le
pied sur le gaz, renouvelable, bien sûr, l'argent nécessaire pour que le
ministère puisse donner suite aux démarches du plan d'adaptation aux
changements climatiques.
Ça veut dire, entre autres, évaluer les
impacts du climat actuel, prévoir les impacts potentiels, analyser les
vulnérabilités, appréhender les risques, évaluer les coûts et aider les
communautés à gérer les impacts. Si on ne met pas en oeuvre un plan
d'adaptation, bien, ça va nous péter dans la face, on va gérer ça à l'urgence, et
ça, c'est des impacts dans la vie des gens. On le voit avec la crise sanitaire,
quand notre filet social est affaibli, ça nous rend faibles face à la crise
sanitaire. Face à la crise climatique — Andrés vous parlera de la
crise du logement — quand on n'a pas de plan d'adaptation, ça nous
rend vulnérables lorsque les malheurs arrivent.
Alors, ça prend un plan de match puis ça
prend de l'argent dedans, et ça, la CAQ ne nous l'a pas démontré.
Je passe la parole à mon collègue Andrés
qui, lui, va vous aborder une autre crise qui touche des milliers de Québécois
et Québécoises. Je lui laisse la parole.
M. Fontecilla : Merci, Manon.
Donc, une autre crise qui pend au bout du nez du gouvernement de la CAQ, la
crise du logement. Ce matin, la Coalition avenir Québec a refusé, a
définitivement fermé la porte à un mandat d'initiative, en commission
parlementaire, pour étudier des pistes d'action sur la crise du logement, la
crise de l'immobilier, alors que les signaux sont multiples : augmentation
généralisée du prix des propriétés, augmentation abusive, souvent, et
généralisée des prix des loyers, vague jamais connue des évictions de
locataires soit pour des supposés travaux soit pour la procédure de reprise.
Les signaux sont multiples, et ce gouvernement-là refuse de reconnaître cette
réalité-là. C'est de l'aveuglement volontaire.
Quel message envoie-t-il aux milliers de ménages
à faibles revenus, et même de la classe moyenne, qui ne peuvent pas avoir accès
à la propriété dans les conditions actuelles, à des familles qui sont évincées
sauvagement, souvent, là? Quel message ce gouvernement est-il en train
d'envoyer? C'est que le gouvernement de la Coalition avenir Québec abandonne
ces familles-là, ces ménages-là.
C'est vraiment inquiétant qu'un gouvernement
ne s'occupe pas d'une des premières conditions de vie d'un ménage, d'une personne,
avoir un toit digne sur la tête. Cela est vraiment inquiétant et déconcertant
de la part d'un gouvernement qui dit vouloir s'occuper des vrais problèmes du Québec.
Il y a plusieurs crises au Québec, non seulement la crise sanitaire, on doit
s'occuper de tous nos enfants, pas seulement d'un de nos enfants, et ce gouvernement-là
doit mettre de l'avant des solutions ou montrer au moins un signe de préoccupation
sur cette question-là.
La semaine passée, Manon Massé a posé une question
directement au premier ministre sur la question de la crise du logement. Il n'a
même pas voulu répondre. C'est le signe que, pour M. François Legault, le premier
ministre du Québec, la crise du logement n'existe pas. C'est cela, le message
que le gouvernement est en train d'envoyer à la population du Québec, et c'est
vraiment inquiétant, alors que des solutions existent.
On pourrait étudier différentes avenues
pour tenter de freiner le marché immobilier détraqué, par exemple rendre les
inspections obligatoires, interdire la vente sans garantie légale, rendre publiques
les offres d'achat, investir de façon substantielle en logement social,
instaurer un registre des baux, déclarer un moratoire sur les évictions,
surtout en temps de pandémie, tout un cocktail de mesures qui pourraient être
étudiées par le gouvernement, mais il refuse de le faire. C'est vraiment
désolant. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre vos questions, une question, une sous-question.
Mme Prince (Véronique) :
Bien, moi, j'aurais une question peut-être sur les travailleurs étrangers, je
ne sais pas, sur l'immigration. En fait, je voudrais savoir ce que vous pensez
du fait qu'il y a des travailleurs étrangers, justement, qui quittent le Québec
parce qu'il y a des délais vraiment très, très longs au ministère de
l'Immigration, et, pendant ce temps-là, vous avez le ministre du Travail qui
dit à des gens d'affaires qu'il faudra augmenter les seuils d'immigration.
Est-ce que vous trouvez qu'il y a une certaine incohérence là-dedans?
M. Fontecilla : Le
gouvernement nage dans les contradictions, dans les incohérences. Et on se
demande même si ce n'est pas ça qu'il voulait atteindre, comme résultat. On
l'avait déjà dit, la réforme du Programme d'expérience québécoise, le PEQ, là,
faisait en sorte d'allonger de façon inconsidérée les délais pour avoir un
certificat de sélection du Québec, le CSQ, qui s'ajoutent aux délais du
gouvernement fédéral, qui sont aussi extrêmement longs, alors que, dans les
autres provinces du Canada, ça prend beaucoup moins de temps. Ici, au Québec,
là, ça va prendre trois ans et plus pour avoir accès à un statut légal, alors
que, dans le reste du Canada, ça prend six mois.
Je comprends bien que l'immigrant qui veut
venir au Québec parce qu'il aime la culture québécoise, parce qu'il aime le
français, il veut s'installer ici et faire tous les sacrifices que ça comporte,
le fait d'immigrer. Je comprends bien. Mais, alors qu'on lui demande trois ans
pour obtenir peut-être sa résidence permanente ici, au Québec, alors qu'en
Ontario et dans le reste du Canada ça va lui prendre six mois, le choix n'est
pas compliqué à faire, là, les gens vont partir du Québec. On est en train de
perdre des ressources exceptionnelles à cause des réformes imposées par ce
gouvernement-là.
On sent que le gouvernement nage à vue sur
la question de l'immigration. On se demande s'ils savent où ils s'en vont.
Est-ce qu'ils veulent avoir de l'immigration ou pas? S'ils le veulent, bien, qu'ils
facilitent la vie des gens et ne fassent pas... Ils n'arrêtent pas de mettre
des barrières pour que les gens obtiennent une résidence permanente ici, au
Québec, là. C'est encore une fois la preuve, pour moi, que ce gouvernement-là a
un préjugé défavorable envers les personnes issues de l'immigration.
Mme Prince (Véronique) : ...à
quel point ça peut creuser la pénurie de main-d'oeuvre? Parce que...
M. Fontecilla : Pardon?
Mme Prince (Véronique) : À
quel point ça peut creuser la pénurie de main-d'oeuvre?
M. Fontecilla : Bien, c'est
évident, il y a des employeurs qui recherchent de la main-d'oeuvre un peu
partout au Québec et qui n'en trouvent pas. Ça, ça va affecter directement la
productivité de nos entreprises et ça risque de... en tout cas, amoindrir, ce
serait la moindre des choses, amoindrir la reprise économique. Ça va avoir des
conséquences sur l'économie du Québec.
M. Bergeron (Patrice) :
...budget fédéral déposé hier, on ne vous a pas entendus. Il y a énormément d'argent,
là, qui va être dépensé, notamment dans des champs de compétence du Québec, et
on n'a pas non plus augmenté les transferts canadiens en santé. Il va y avoir
une intrusion en matière de garderie, notamment. Vous, vous en pensez quoi, de
ce budget-là?
Mme Massé : Bien, écoutez, c'est
clair que, premièrement, l'argent des Québécois va au fédéral. Alors, qu'il y
ait un retour sur... qui revienne au Québec, bien, on n'a rien contre ça. D'ailleurs,
on disait au ministre Girard que son imploration d'avoir un retour des
transferts fédéraux en matière de santé, c'était une incantation qu'on voyait
depuis plusieurs années et qu'on ne voyait pas des résultats, et on voit encore
une fois, dans le budget fédéral, qu'il n'y a pas de résultat.
Ceci étant dit, les champs de compétence
du Québec, là, ça appartient au Québec. Alors, bien sûr que, s'il y a de l'argent
pour les services de garde, le Québec doit prendre cet argent-là pour en faire
ce qu'il veut, pas parce qu'Ottawa a décidé de mettre de l'argent là-dedans. C'est
parce que nous, on le fait, et nos services ont besoin. Le gouvernement du
Québec a besoin d'investir au niveau des services de garde, a besoin d'investir
au niveau... parce qu'il y a aussi au niveau des aînés, qui est notre... la
santé, c'est notre champ de compétence. Alors, comment se fait-il que le
gouvernement fédéral décide où est-ce qu'il veut mettre les affaires, alors
que, dans les faits, des transferts justes et honnêtes, en santé notamment,
auraient répondu à la question?
Bien, moi, j'ai une question à notre ministre
des Finances maintenant. Lui, là, qui n'a pas voulu aller chercher de nouvel argent,
soit par impôt de pandémie, on s'est déjà tout parlé de ça, lui qui n'a pas
voulu faire en sorte que le Québec augmente ses revenus parce qu'il disait
qu'Ottawa allait investir les 6 milliards récurrents pour boucler son
budget, bien, j'ai hâte de voir c'est quoi, la réponse aujourd'hui de notre
ministre des Finances, puisque ce n'est pas au rendez-vous.
Mme Prince (Véronique) : Sur
la loi n° 21, j'aimerais peut-être avoir votre réaction là-dessus.
Mme Massé : Bon, premièrement,
vous savez c'est quoi, notre position sur la loi n° 21, vous la
connaissez. Nous, cette loi-là, elle est, pour nous, discriminatoire et ne
devrait pas être là.
Mais, ceci étant dit, aujourd'hui, ce qui
me frappe... Puis, honnêtement, là, j'ai lu ça avant de m'en venir en point de
presse. Ça va nécessiter définitivement qu'on approfondisse les choses. Mais il
y a une chose qui me frappe, c'est : on permet aux commissions scolaires
anglophones de pouvoir, elles, porter des signes religieux, alors qu'on ne le
permet pas aux commissions scolaires... bien, aux centres francophones. Alors,
qu'est-ce à dire? Qu'est-ce à dire? Et ça, c'est inquiétant. Ça veut dire :
Vous qui voulez faire valoir vos droits, si vous voulez enseigner, allez
enseigner du côté anglophone? Ouch! Ça fait mal, ça. Ça fait mal, ça.
Alors donc, oui, on va regarder ça avec
attention et on va essayer de comprendre cette... à première vue, pour nous,
cette incohérence-là. Voilà, c'est ce que je peux vous en dire à cette
étape-ci.
M. Robitaille (Antoine) : Mme
Massé, est-ce qu'on peut parler de partition, une sorte de partition du Québec,
là, qui est organisée par la cour?
Mme Massé : Bien, écoutez, ce
que moi, je vois plutôt, c'est un traitement différencié. Je ne suis pas constitutionnaliste
et, comme je vous ai dit, là, je ne suis pas... je n'ai pas la fine analyse de
cette affaire-là. Puis on va y revenir, c'est mon collègue Alexandre Leduc qui
s'occupe de ce dossier-là, on va y revenir durant la journée. Mais il y a une
chose qui est sûre, c'est que, quand on se met à appliquer différemment une loi
qui est déjà discriminatoire en soi, là, on commence à multiplier, disons, des
différences entre les gens.
M. Robitaille (Antoine) : Si
Québec solidaire prenait le pouvoir, est-ce qu'il reconduirait la disposition
de dérogation dans la loi n° 21?
Mme Massé : Nous, on vous a
dit que, si on prenait le pouvoir... ou, lorsqu'on va prendre le pouvoir, il
n'est pas question que cette loi-là demeure. Nous, ce qui nous intéresse, ce
n'est pas la laïcité des individus, c'est la laïcité des institutions, et, à ce
sens, on reverrait tout ça, cette affaire-là.
M. Robitaille (Antoine) :
Vous avez dit : Les champs de compétence du Québec, ça appartient au Québec.
Est-ce qu'il faudrait poursuivre devant les tribunaux le programme pour... le
fédéral pour le programme des garderies, qui est anticonstitutionnel,
manifestement?
Mme Massé : Écoutez, moi... Il
y a des choix politiques qui doivent être faits. Oui, la cour sert à des
choses, là, mais les choix politiques qui doivent être faits...
Le gouvernement du Québec a développé, et
les Québécois et Québécoises, on en est fiers, une façon de s'occuper de nos
enfants à travers les centres de la petite enfance, ce vaste réseau là qui
mérite l'attention de plusieurs gouvernements à travers la planète. Que le gouvernement
canadien veuille s'en inspirer, moi, je comprends bien, là, mais, ceci étant
dit...
M. Robitaille (Antoine) : ...
Mme Massé : Bien, ce n'est
définitivement pas à lui à faire ça. C'est ça que je vous ai dit. Mais, puisque
l'argent est là, là, puisque l'argent, qui est nos impôts aussi, il est là,
bien, il faut que le gouvernement aille le chercher, puis pas dans six ans. Il
faut qu'il le prenne là, qu'il ait le plein retrait, qu'il ait le plein pouvoir
là-dessus parce que... et vous le savez, là, je pense, de mémoire, 51 000
places qu'il manque en petite enfance actuellement.
Ça fait que, oui, il faut développer ici,
au Québec, puis cet argent-là pourrait y contribuer. Mais le gouvernement
fédéral devrait plutôt se préoccuper, dans ses champs de compétence, de comment
il peut agir puis laisser les nôtres tranquilles.
La Modératrice
: On va
prendre une dernière question en français. On va passer en
anglais.
M. Verville
(Jean-Vincent) : …good things in the federal
budget?
Mme Massé :
I'll say that… What I read, it's First Nations are happy to see that the words
go at the same place of... the action, I mean, goes at the same place of the
words. I learned... I saw that yesterday.
And, for us, you know,
it's more bad things. We have this level of… who goes in the Québec field
competence, and this is not the way that a federation is supposed to work. And,
as you know, for Québec solidaire, the solution is very clear, very simple, and
we call it «indépendance du Québec».
M. Verville
(Jean-Vincent) : There is more and more people
under 60 that are hospitalized than during the first wave. Does that worry you?
Mme Massé :
And what?
M. Verville
(Jean-Vincent) : Does that worry you? Are you
scared about that? Does it worry you?
Mme Massé :
OK. I'm sorry. Of course, the impact of the COVID-19 is a preoccupation, and
that's why we think that the Government has to raise its hand and say :
We... Québec, the Government of Québec has to say : We will be there for
everyone.
And, vaccination, I know
that today the committee has to look for... bring down the age to have the
vaccine, and I hope that they will see that, if we «vaccine» more, and more,
and more, this is the more important for... to success in our fight.
Mme Senay (Cathy) : Mrs. Massé, just briefly on Bill 21, today's court
decision. You say that it creates two groups of citizens. English school boards
won't have to apply Bill 21. So, what's your... what is worrisome for you?
Why did you say «ouch» in French?
Mme Massé : I
will say that the Bill 21, since it's adopted by
the QuébecGovernment, creates two classes of citizens,
I mean, people who cannot work if they wear religious signs in the public field
and the other ones. But this, what the court said this morning… And I don't
study very finely the project, we will do that in the next hour, but the first
surprise, if you are a teacher wearing a religious sign, you can teach in
English «commissions scolaires»
and you cannot in French ones. Very curious, you don't think? So, that's why we
need to really understand what this means, because it's very surprising.
And let's say a lot of
the people want to work in... because they love teaching, want to work, and now
we tell them : Ah, if you want to keep your hijab, your kippa, keep your
religious sign, your cross, you can go in the English sector. This is not a way
to honor the French language for me.
But let's say we'll have
more reflections, read the judgment and give you more... Alexandre Leduc, my
colleague, give you more information about that.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 38)