(Huit heures cinquante-sept minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Hier, j'ai réalisé quelque chose. J'ai enfin compris pourquoi le premier
ministre semblait ne pas s'intéresser à la crise du logement. En fait, c'est
parce qu'il ne connaît pas ça. Il est déconnecté, ce n'est pas une réalité
qu'il connaît, puis il n'a pas encore pris conscience de ce que la population,
elle, sait depuis longtemps, c'est-à-dire qu'il y a une crise du logement au
Québec.
À Québec solidaire, ça fait des années
qu'on en parle, qu'on propose des solutions pour ralentir cette crise-là.
Parlez-en à mon collègue Fontecilla, ça fait longtemps qu'il en parle. Dans
l'autre législature, on en parlait aussi. On voyait que Mme Laforest était
indifférente, elle aussi, à la question de la crise du logement. Bien là,
aujourd'hui on comprend, on comprend pourquoi, parce qu'en fait la directive
vient de plus haut, du plus haut poste de l'État, c'est-à-dire le patron de
Mme Laforest, M. Legault.
Ça fait des mois, des années maintenant
que mon collègue Fontecilla sonne l'alarme, fait des propositions. Rien, nada,
pas de réponse au numéro que vous venez de composer. Mme Laforest,
M. Legault n'ont rien fait parce qu'eux, leurs amis ou les enfants de
leurs amis n'ont pas de problème de logement. Alors, ils pensent que c'est tout
le monde, c'est de même pour tout le monde. Eh bien, j'ai des petites nouvelles
pour eux, l'entourage du premier ministre n'est pas représentatif de la
population en général. Alors, je lui propose deux choses, ce matin, pour qu'il
puisse faire amende honorable.
Première chose, je lui propose d'aller sur
le terrain avec moi. On va aller dans la rue, sur les campus, dans les files
d'attente pour visiter les appartements, dans les assemblées de gens qui ont
été évincés par des promoteurs prédateurs. On va parler avec du monde, on va
leur demander : Comment ça se passe vos recherches de logement? Puis, ça,
ça peut être n'importe où au Québec. Comment ça se passe vos recherches de
logement? C'est quoi, l'impact du prix de votre logement sur vos revenus?
Qu'est-ce qui vous reste dans vos poches, dans les poches de votre famille?
Comment vous faites après ça pour payer la bouffe, les vêtements, les bills, le
compte d'Hydro, de téléphone, d'internet? Bref, est-ce qu'il vous en reste?
Puis, comment vous jonglez avec tout ça? Ça va peut-être le reconnecter un tant
soit peu avec la réalité des travailleurs et travailleuses de la classe
moyenne, parce que c'est eux et elles qui vivent ça.
Puis, la deuxième chose, bien, je vais lui
dire : M. le premier ministre, si vous ne voulez pas vous faire huer
tout le long de notre visite, là, bien, je vous suggère d'agir d'avant qu'on
aille à la rencontre des gens. Puis, là-dessus, bien, les propositions sont sur
la table, et certaines demandent juste une volonté politique. Première chose :
un moratoire sur les évictions. Il l'a fait, l'année passée, il serait capable
de le faire cette année. On est en pleine crise du logement. Deuxième : un
registre des baux, un registre des loyers. Pourquoi? Bien, pour qu'on sache,
parce que c'est de même que ça se passe, combien payait la personne qui a loué
avant nous. Un gel des loyers pour l'année 2021. Le projet de loi est d'ailleurs
tout écrit, mon collègue Andrés l'a déposé, c'est le projet de loi n° 696.
Puis il aime ça se comparer à l'Ontario, alors l'Ontario a déjà fait ça pour
2021.
Puis, finalement, parce que cette crise-là
était prévisible depuis longtemps et elle va avoir des impacts encore pour très
longtemps, bien, je lui demande aussi de s'activer pour le long terme. Pour
relancer le Québec, là, la façon de relancer le Québec pour être vraiment au
service de la population, bien, c'est qu'il parte un vaste chantier de logement
social partout sur le territoire du Québec. Et ça, ça n'aura peut-être pas d'impact
à court terme, là, mais, dans les années à venir, ça aurait un réel impact, et
la relance du Québec passerait par un des besoins essentiels de la population,
c'est-à-dire d'être capable de se payer un toit sur la tête.
M. Marissal : Oui, bonjour. Merci
d'être là. À moi de continuer dans la thématique que semble ne pas comprendre
le gouvernement. Il paraît que la pédagogie, c'est l'art de la répétition, ça
fait qu'on va continuer, on va répéter, on va répéter.
Il y a une crise du logement et puis non
seulement le gouvernement nie cette crise du logement... On a essayé autant
comme autant de le faire dire au premier ministre, pour ma part, au ministre
des Finances, qui refuse de dire ça, à la ministre de l'Habitation. Bref, ces
gens-là, soit se rentent la tête dans le sable, soit vivent chez Alice au
pays des merveilles, mais considèrent qu'il n'y a pas de crise du logement.
Alors, non seulement le gouvernement nie cette crise, mais il a pris des
décisions, depuis qu'il est au pouvoir, qui ont accentué la crise et qui
favorisent aussi les plus riches au détriment des familles moins nanties, très
souvent locataires.
Alors, j'ai amené une photo aérienne ici
pour vous illustrer mon propos. Vous pourrez la voir de plus proche tout à l'heure,
je comprends que ça prend des bons yeux d'où vous êtes pour la voir, mais
essentiellement, là, il y a deux quartiers de Montréal ici. Ça, c'est le
boulevard l'Acadie. C'est fou ce que 100 mètres peuvent faire de
différence dans la vie de quelqu'un. Ça, c'est ville Mont-Royal. Des maisons
multimillionnaires pour lesquelles les propriétaires ont bénéficié de baisses
de taxes scolaires, le fameux projet de loi n° 3, là, qu'on a adopté au
début de mandat et qui fait exactement ce qu'on a dit qu'il ferait : ces
gens, propriétaires de maisons multimillionnaires, bénéficient de baisses de
taxes scolaires à hauteur de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de
dollars par année. Traversez le boulevard de l'Acadie, là, 100 mètres à l'est,
Parc-Extension. Des gens qui vivent dans des appartements souvent assez
glauques, décrépits, en mauvais état, et qui... tout ce dont ils bénéficient,
c'est une hausse moyenne de loyer de 4 % à 6 % dans l'Île de
Montréal, en ce moment, avec la surchauffe.
On l'avait dit, au ministre des Finances,
que c'est ça qui arriverait. Et qu'est-ce qu'il nous avait dit, le ministre des
Finances? Il nous avait dit... je vais sortir mes lunettes : Nous visons
un effet indirect via les loyers, moins de hausses de loyer ou même des baisses
de loyers. Bien, savez-vous quoi? Surprise, surprise, ce n'est pas arrivé. Les
loyers continuent d'augmenter, puis le gouvernement a contribué à ça.
J'ai pas mal d'autres exemples de
conglomérats immobiliers, notamment Capreit, qui est un géant ontarien qui
possède notamment des tours ici, sur la Grande Allée, qui possède les trois
tours olympiques, qui fait des centaines de milliers de dollars de profits de
plus grâce à la baisse de taxes scolaires du gouvernement Legault. Les
locataires de Capreit ne bénéficient pas de baisses de loyer substantielles
comparables.
Alors, on l'avait dit que ça arriverait. Là,
ça arrive, ça contribue à la crise. Alors, on a compris que M. Legault vit dans
un monde imaginaire où il y a des logements à 500 $ par mois à Montréal. Bien,
son ministre des Finances vit aussi dans un monde imaginaire où les locataires
vont bénéficier de baisses de taxes données aux propriétaires. Savez-vous quoi?
Les deux sont soit dans le déni, soit dans un monde imaginaire ou, plus
probable, ont un parti pris féroce pour les mieux nantis au détriment des
familles du Québec. Merci.
M. Laforest (Alain) : À la
lumière des dernières 24 heures, Mme Massé, est-ce que vous avez l'impression
que le premier ministre va reconnaître qu'il y a une crise du logement, avec
tout le battage que ça fait, là, depuis hier?
Mme Massé : Bien, écoutez,
s'il ne le reconnaît pas, j'ai envie de dire : Je ne sais pas dans quel
monde il vit, là. Je ne sais pas dans quel monde il vit. Les exemples ont été
amenés, ça fait des semaines, ça fait des mois, on prend tous les angles.
Et je trouve que mon collègue Marissal
arrive ce matin avec, disons, un exemple de plus pour dire que, lorsqu'on ne
veut pas voir la réalité comme elle est, là, lorsqu'on ne veut pas reconnaître
qu'il y a une crise du logement, on fait ce type de… on prend ce type de
décision, comme a pris la CAQ dès le début de son mandat, c'est-à-dire de
réduire les taxes scolaires.
Bien sûr, on était plutôt en faveur pour
une certaine uniformisation, mais on l'avait déjà dit, à ce moment-là,
l'importance, que ça allait mettre de l'argent dans les poches des grands
propriétaires puis que ça n'allait pas ruisseler, comme la théorie du
ruissellement, sur le prix des loyers des locataires. Bien voilà, l'exemple est
fait.
Alors, je ne sais pas qu'est-ce que ça va
y prendre de plus, mais il y a une chose qui est sûre, M. Laforest, c'est,
tant et aussi longtemps qu'il ne va pas le reconnaître, il va nous trouver sur
son chemin.
Mme Prince (Véronique) :
Mais, Mme Massé, vous ne trouvez pas que c'est un problème de tous les
temps? Je veux dire, c'est quand, le dernier gouvernement qui s'est attaqué à la
crise du logement… Ce n'est pas un problème de tous les temps?
Mme Massé : C'est
définitivement à partir du moment où on a décidé que le logement, c'était une
marchandise comme les autres, qu'on pouvait faire de l'argent avec ça, hein...
Les promoteurs, aïe! moi, j'en ai dans mon comté, là, ils ont été capables
d'acheter pour 125 millions de propriétés dans les quelques dernières
années. Pourquoi? Bien, parce qu'ils savent qu'ils vont faire de l'argent avec
ça. Alors, vous avez raison. Depuis ce temps-là, là, c'est la folie furieuse.
Mais ceci étant dit, puis là-dessus, je
vais m'indigner un petit peu sur la question des libéraux, là, les libéraux,
pendant 15 ans, là, qu'est-ce qu'ils ont fait en matière de développement, un,
de logement social, puis pour s'assurer que la surchauffe… bien, pas la
surchauffe parce qu'à ce moment-là, on ne parlait pas de surchauffe, mais la
financiarisation et la spéculation — voilà, c'est ça, le mot que je
cherchais — spéculation immobilière soient freinées. Ils n'en ont pas
fait... ils n'en ont pas posé, de geste.
Alors, oui, c'est un problème d'il y a
longtemps. Il faut agir. Mais maintenant, c'est que là, on est rendus qu'on
s'en va dans le même sens que Toronto puis Vancouver. Puis ça, ça veut dire
quoi? Ça veut dire du monde qui ne sont plus capables de se loger dans les
grands centres. Ça veut dire des familles qui travaillent… des travailleurs,
travailleuses qui travaillent, de la classe moyenne, des 40, 50 heures par
semaine, qui ne sont pas capables de se loger adéquatement. Soit qu'ils se
retrouvent dans des plus petits logements avec les besoins qu'ils ont dans leur
famille ou ils s'étouffent et paient des 50 %, 60 % de leurs revenus.
Ça fait que, oui, mais on peut agir
là-dessus. Et moi, je vous dis, aActuellement, il faut agir. Ça prend un
moratoire sur les évictions parce que, ça, ça entretient le cercle vicieux. Les
propriétaires spéculateurs, prédateurs achètent, sortent le monde, rénovent un
peu et rehaussent les loyers de façon importante. Ça, il faut que ça arrête
maintenant.
M. Larin (Vincent) : Mais
je pense que le premier ministre… je ne pense pas, là, M. Legault profite
du fait que vous avez une définition un peu floue de qu'est-ce qu'est une crise
du logement, pour se défiler. C'est un peu ça qu'il a fait, hier, pendant
l'étude des crédits. Ça fait que, là, je vous... quelle est votre définition
précise d'une crise du logement, Mme Massé?
Mme Massé :
M. Legault, c'est drôle, hein, c'est la deuxième crise du logement qu'il
vit pendant qu'il est assis du côté la banquette du gouvernement. La dernière
fois, une crise aussi importante, au tournant du XXIe siècle, 2001 de mémoire,
et ça se définit toujours pareil : manque de disponibilité, donc le taux
d'inoccupation est bas.
Et là je ne vous parle pas du taux général
d'inoccupation. Le premier ministre m'en parlait hier Oui, oui, mais le
2 %, là, est-ce qu'il est allé voir c'est quoi, les logements inoccupés,
l'état de ces logements-là? Alors, ou bien les logements sont... moisissures,
fenêtres qui ne ferment pas, etc., ou bien, à l'autre opposé, c'est un trois et
demie à 2 000 $. C'est sûr que ce n'est pas occupé. Alors, il y a ça.
D'autres signes. Quand on voit
l'augmentation de l'itinérance, le développement des campements. Ça aussi, c'est
un autre signe. Puis, après ça, bien, M. Legault, hier, disait : Oui,
mais, au Québec, on a une loi avec le Tribunal administratif qui fixe les taux
de l'augmentation des logements, puis c'est de 0,08. Encore là, il est
tellement déconnecté. C'est vrai que le tribunal fait ça. Mais est-ce qu'il
sait que les propriétaires ne le respectent pas? Est-ce qu'il sait que, pour
faire respecter nos droits, les locataires, on doit nous-mêmes aller au
tribunal, cogner à la porte, dire : Mon propriétaire me demande 20 %,
25 % d'augmentation, puis que le propriétaire, lui, il envoie sa firme
d'avocats défendre son... Est-ce qu'il le sait, ça?
Alors, moi, je pense que, là, je viens de
vous donner quelques indications. Mais, je vous le dis, s'il n'y croit pas encore,
je l'invite à venir avec moi, à aller dans la rue, à aller parler aux gens. Puis
il va voir que 500 $, c'est rien.
M. Bergeron (Patrice) :
...par exemple, vous proposez un gel de loyers.
Mme Massé : Oui.
M. Bergeron (Patrice) :
Il y a quand même aussi des propriétaires honnêtes, là. Je veux dire, il y en a
qui ont investi peut-être pour changer des fenêtres, qui ont isolé un
appartement. Ça donne un montant x. Ça met à peu près entre 3 $ et
5 $ par mois pour chaque tranche de 1 000 $, là, O.K.? Ça aussi,
ça veut dire que c'est gelé, le propriétaire, il n'a pas le droit d'augmenter
son logement pour ça aussi, genre?
Mme Massé : Nous, ce
qu'on vous dit : 2021, année exceptionnelle. O.K.? Actuellement, là, moi,
mon propriétaire, là, il n'a pas attendu le gouvernement du Québec. Mon
propriétaire, à Montréal, là, il m'en a fait, un gel de loyer, O.K.? Puis
pourtant je ne suis pas dans la rue, là, O.K.? Mais, pour lui, dans ses valeurs
à lui, là, il se disait : Moi, là, mais que je vende mon bloc, là, je vais
faire des centaines de milliers de dollars. Ça fait que, oui, je suis capable
de prendre un break pendant un an. On ne dit pas un gel des loyers pour tout le
temps. La Colombie-Britannique l'a fait, l'Ontario l'a fait. M. Legault
aime ça se comparer avec l'Ontario de ce temps-là.
M. Bergeron (Patrice) :
Mais vous le savez que, si vous changez les fenêtres cette année, vous ne
pouvez pas augmenter l'année prochaine pour les fenêtres que vous avez changées
l'année d'avant.
Mme Massé : Oui, oui,
oui. C'est-à-dire vous répartissez, oui, oui, oui, vous...
M. Bergeron (Patrice) : Bien,
non. Non, non. Non, parce que ça, je connais ça, là. Mais vous ne pouvez pas...
pour des dépenses que vous avez faites l'année d'avant, vous ne pouvez pas
augmenter deux ans après, là. Vous ne pouvez pas arriver à la régie du loyer :
Voici, j'ai changé les fenêtres il y a deux ans...
Mme Massé : Bien, écoutez, M. Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) : Ça ne
marche pas comme ça.
Mme Massé : Si c'est ça, le problème,
là... Je ne le sais pas, moi, propriétaire, changrt des fenêtres, avoir des
locataires, je n'ai pas joué dans ce film-là. Mais si c'est ça, l'enjeu, là, ça
s'écrit dans le décret. Vous pourrez l'année prochaine faire l'augmentation
selon, selon ce que le tribunal aura déterminé comme étant le possible.
Une voix
: ...
Mme Massé : Bien, oui, oui, c'est
vrai. Non, non, bien oui..
M. Marissal : J'ai toujours un
crayon à la main. C'est une arme offensive. Ce que je veux dire, c'est qu'un
propriétaire... Vous savez qu'un crayon, c'est une arme offensive, hein, les
journalistes... Blague à part, vous savez que les propriétaires qui font des rénovations,
qui engagent des coûts, c'est déductible d'impôt, là. Ils peuvent passer ça
dans leurs dépenses. Alors, ce n'est pas pure perte, là.
Ce qu'on dit, c'est que cette année, c'est
vraiment une année exceptionnelle. Les propriétaires ont bénéficié en plus de
baisses de taxes scolaires. Je pense qu'ils peuvent se permettre de donner un
gel cette année. Quelques-uns l'ont fait, mais c'est de la pensée magique de
penser que tous les propriétaires vont le faire, en particulier les
conglomérats qui sont propriétaires de milliers de logements. Ils s'en foutent
de ça. Ils s'en foutent de ça. C'est une règle mathématique : si tu n'es
plus capable de payer ton loyer, va-t-en.
Juste dans mon comté, dans Rosemont, il y
a 18 cas de rénoviction en ce moment, 18. Sur Saint-Zotique, coin
Saint-Michel, 24 familles. Ils viennent de recevoir leur avis, là :
Vous devez sortir pour le 1er juillet. Qu'est-ce qu'on fait avec ces
gens-là? Elle est là, la crise. Alors, si M. Legault ne la voit pas, là,
quand il viendra avec Manon, là, il pourrait venir dans Rosemont aussi, on va
lui montrer. On va lui montrer quelques cas. Il y a un cas patent, aussi sur la
rue Papineau, les tours Lafontaine. Alors, s'il ne le voit pas encore, c'est parce
qu'il ne veut pas le voir.
M. Bossé (Olivier) : Vous
parlez surtout de Montréal. Tantôt, vous avez dit : Il pourrait venir avec
moi n'importe où. Est-ce que vous... Il n'y a pas de tente ou de campement à Trois-Rivières
ou à Sherbrooke, à ce qu'on sache. Est-ce que ça se produit...
Mme Massé : Oh! Oh! Oh! On a
fait...
Une voix
: …
Mme Massé : Oui, c'est ça. L'Outaouais
a eu longtemps un des plus grands campements au Québec. On a fait une assemblée
des personnes évincées, mon collègue Fontecilla et moi, en fin de semaine. Il y
avait des gens de Sherbrooke, il y avait des gens de Rimouski, il y avait des
gens de Chicoutimi. Puis là, ça, c'est ceux qui me viennent en tête. Et notamment
les gens de Sherbrooke, là, c'était aussi une éviction déguisée, et ces gens-là
ont participé à l'assemblée des évincés, à travers leur chambre d'hôtel, et ils
se demandaient quand est-ce que quelqu'un allait parler pour leur voix. Ces
gens-là sont des travailleurs, travailleuses de la classe moyenne.
Ça aussi. Ce matin, d'ailleurs, je vais
redéposer une motion pour m'assurer que le premier ministre a bien compris
l'impact de notre échange d'hier, une motion sur la question de la
reconnaissance de la crise du logement. Et, s'il a besoin, ça me fera plaisir
d'aller visiter... — ah! il y avait des gens de Québec aussi, il y a
des gens de Québec aussi — d'aller visiter ailleurs.
La Modératrice
:
Dernière question en français, s'il vous plaît.
M. Carabin (François) :
...pour revenir à la crise, Mme Massé. L'année dernière, il y a eu des...
bien, c'est-à-dire, en 2019, il y a eu les taux les pires en 15 ans à Montréal.
C'est vrai que cette année, ça va mieux. Est-ce qu'on est au même niveau que
l'année passée en termes de crise du logement, là, à l'approche du
1er mai?
Mme Massé : Écoutez, ça va
mieux. Et là, je réitère, allez voir les... Quand on dit «un taux
d'inoccupation», là, ce n'est pas juste un chiffre. Il y a du monde, en arrière
de ça, qui sont soit assez respectueux d'eux-mêmes pour dire : Je ne vais
pas aller vivre dans ce taudis-là où est-ce qu'il y a de la moisissure sur tous
les murs, je ne vais pas faire ça à mes enfants... Il ne sera pas occupé, il va
faire partie du taux d'inoccupation. À même titre qu'un logement avec lequel je
pourrais aller avec mes enfants, mettons un deux chambres, mais qui est à 2 500 $,
2 000 $, je ne pourrai pas payer ça. Ou, si je le fais, bien là, je
vais passer 70 % de mon revenu pour le faire.
Alors, le taux d'inoccupation est un des
indicateurs. Mais moi, je vous en donne un autre. Le Tribunal administratif a
décrété l'an dernier que, pour 2021, l'augmentation acceptable, bon, dans un
certain nombre de conditions, c'est 0,8 %. Le premier ministre m'en a
parlé hier. Ceci étant dit, le taux effectif d'augmentation, je pense que là,
c'est sur Montréal, par exemple, ce n'est pas l'ensemble du Québec, c'est de
4 % et plus.
Alors, moi, je veux bien, là, mais ce que
je veux surtout, c'est d'arrêter de vivre dans des chiffres et dans des
dimensions abstraites de la chose et qu'on aille se brancher sur le monde. Parce
que quand le monde... et ça aussi je l'ai dit au premier ministre hier, quand
les gens ne sont plus capables de payer, quand les gens considèrent que payer
70 % de leurs revenus pour se mettre un toit sur la tête, besoin de base
de pyramide de Maslow... puis qu'ils se disent : Bien, dans le fond,
j'aime mieux peut-être aller vivre dans la rue, allez vivre dans une tente,
bien, on a un sérieux problème social, là, un sérieux problème social. Ça fait
que ça aussi, pour moi, c'est une autre indication.
La Modératrice
: On va
passer en anglais...
Mme Prince (Véronique) :
...juste vous entendre sur la vaccination, juste avant de passer à l'anglais. Parce
qu'aujourd'hui c'est une annonce quand même importante, d'après ce que je
comprends, là. Est-ce qu'il est temps, effectivement, qu'on ouvre à des
nouvelles tranches d'âge et qu'on accélère encore plus la vaccination?
Mme Massé : Bien,
écoutez, vous le savez, nous, on va continuer toujours à suivre la Santé
publique, mais je vais attendre... En fait, mon collègue Gabriel-Nadeau Dubois
va répondre à toutes vos questions quand officiellement l'annonce sera faite.
Et donc on aura une vision complète de ce qui est l'annonce de cet après-midi.
M. Gagnon (Marc-André) :
Mais est-ce que vous estimez qu'il est temps d'ouvrir à la population générale,
là, compte tenu des doses dont on dispose?
Mme Massé : Écoutez,
vaccination, là, il faut se donner tous les moyens possibles pour que le plus
de gens possible soient vaccinés. C'est d'ailleurs pourquoi on ne cesse de
marteler depuis deux semaines la question de la pause vaccin parce que les
travailleurs, travailleuses ont besoin d'avoir cette assurance, surtout avec
les prix des loyers, que leur chèque de paie ne sera pas diminué parce qu'ils
vont se faire vacciner. Mais, pour ce qui est de l'annonce cet après-midi, je
vais laisser Gabriel vous revenir lorsque l'annonce sera faite.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Good morning. Mrs. Massé, you won
this debate, you destabilized the Premier on basic questions on housing. What
are your expectations today? What do you want them to do?
Mme Massé :
I want the CAQ to recognize the housing crisis, and that means that I want them
to agree with the motion that I will table this morning in the Assembly. This
is the most important because, if you do not recognize the problem, you don't do
what's needed to do to correct the situation. And so that's why I hope for this
morning.
Mme Senay (Cathy) : Your asking to... you're asking the Premier to come with you and...
Mme Massé :
Yes. Let's say, if he does not recognize... and already if he recognizes too, I
invite him to reconnect with the people and come with me on the street where
people waiting to... hope that they will be able to have an apartment, meet
people who've been kicked out, by eviction, of their apartment, and talk with
them, and maybe ask questions as : How much... What's the impact of the
rent of your apartment in your family budget? Are you able to... What's the
proportion that the price of the rent have on your family budget? How much
money stays in your pocket to pay the bill, to pay the food,
to pay transportation? You know,
let people to teach to Mr. Legault what it seems that he don't know :
it's when you are a middle-class worker, it's very hard, now, to have a place
to stay at 30 % of your family budget.
Une voix
:
...
Mme Massé : Yes, revenue.
M. Verville
(Jean-Vincent) : What were you thinking at
that precise moment when Mr. Legault said : $500 for a rent in Montréal? What were you… Because we saw with
your expression in your face, but what were you thinking inside?
Mme Massé : How he's so disconnected of the people of the middle class, workers,
of the people... poor people. He don't know the reality of these people. So, I
think, you know, inside of me,
I was, first of all, very shocked. I mean, how can he… We're not in 1985, 1994,
we are in 2021. And the second point is, to explain how he's connected, he told
me that he knows what he's talking about because he's talking with the friend
of his son. They live in an apartment. I don't know, maybe. I don't know who
pays for this apartment, but I can say something, the students I'm talking
about with… with whom I'm talking about, the middle-class family I'm talking
about, they all said to me : I cannot afford this price for my living.
M. Verville
(Jean-Vincent) : What are the responsibilities
of all politicians? Because this crisis does not… it's not only the fault of
the CAQ. What are the responsibilities of all the governments, of all the politicians before?
Mme Massé : Let's say that you're right. Let's say that the Parti libéral have been at the Government for 15 years. They didn't vote
for a rent register… Not a rent, «un bail»?
Une voix
:
Lease.
Mme Massé : Lease, oh yes. So, they didn't vote for a lease register. They say that they want
to build 15 social housing, but never put enough money to be able to construct
this kind of housing. So, you're right. You're right that the previous Government haven't act to prevent this
crisis.
But now, we are in the
middle of that. So, why, when we told to the CAQ that the… «les taxes
scolaires» will have an impact, not a good one, on the rent… not on the people
renting apartment, he did it anyway. And now, we are asking for months to have…
to stop the eviction, because of the crisis, and he didn't do that. So, he
makes choice now. But, you're right, the past Government forgot the rent people too.
La Modératrice
:
Dernière question.
M. Verville (Jean-Vincent) :
…were disconnected also?
Mme Massé : Of course, totally disconnected. Let's say, remember when Mr.
Couillard said that to make the grocery, it's $75? Who? I remember that point,
I said : Oh, my God! he haven't done that for a while. So, yes, it's the
same thing. Totally disconnected.
M. Grillo (Matthew) : Do you think there should be more… harsher sanctions and penalties
against owners or landlords who break the rules? There's all sorts of good
ideas that are being thrown on the table : rent freeze, you know, register
of leases. But, if landlords are not following that and are not being
sanctioned accordingly, is there much of a purpose? Do you think the penalties
against the landlords should be more strict and the fines as well?
Mme Massé : Yes, I can tell you something. You know, in my riding, as Vincent
said, there was an eviction of 70 «locataires», and the owner of the building,
Shiller and Kornbluth, have been punished by the tribunal
du logement because they have… «Harcèlement»? Ouf!
Une voix
: Harassment.
Mme Massé : Harassment, thank
you. So, they've been… «ils ont été reconnus» for harassment
to another place. And you know what? They received a $1,000 penalty for that.
We're talking about harassment. So, the tribunal du logement recognized the
harassment. In my book, harassment, it's criminal, is it?
Une voix
:
Yes.
Mme Massé :
Yes. And they receive $1,000. So, you're right. And another point. For the moment, it's the people… the rent who have to make the proof that
the increase of the rent is too much, you know? Tribunal
administratif du logement decides — Oh my God! it's so hard — yes, a basic price, that the
owner is not supposed to go up that. We know that a lot of owners go on top of
that. And the rent have to go to the tribunal and say, against the owner — and let me tell you that the
owner is represented by a lawyer — ...to say it's not right.
So, we think, in Québec solidaire, a way to change the thing
is to inverse. I mean, if the owner wants to go more than the level that the
tribunal says for that here, we think that the owner have to go the court
and say : I want to go more than 0.8%, let's say, for 2021, and prove why
he's asking for, let's say, 2% of augmentation. So, this is way.
So, if I resume myself,
yes, the tribunal have to… we have to change the law to put the responsibility
in the shoulders of the owner to prove that he can go more than the level that
the tribunal fixed. On the other hand, we think harassment have to be punished
more than, let's say, $1,000.
Une voix
:
Merci beaucoup.
La Modératrice
: Merci.
Mme Massé : Bienvenue.
(Fin à 9 h 29)