(Neuf heures une minute)
Le Modérateur
: Bonjour
à toutes et à tous. Bienvenue à ce point de presse du ministre de la Famille,
Mathieu Lacombe, concernant la mise en place de mesures pour la relance du service
de garde en milieu familial. M. le ministre.
M. Lacombe : Merci beaucoup. C'est
bien gentil. Quel plaisir d'être avec vous aujourd'hui. Je suis
particulièrement heureux... En fait, je vais dire, je suis très, très heureux d'être
devant vous ce matin pour annoncer notre plan de relance de la garde en milieu
familial. C'est un plan qui est attendu, je pense. C'est un plan qui est
nécessaire aussi pour régler la crise qu'on vit actuellement dans ce secteur-là
de notre réseau, la garde en milieu familial. En gros, ce sera plus simple et
plus payant d'être responsable de service de garde en milieu familial au Québec
à partir de 2021.
Actuellement, la situation, c'est que les
milieux familiaux ferment. Vous le savez, vous connaissez de plus en plus le
réseau, ces milieux ferment à une vitesse qui s'accélère, et évidemment ça nuit
à nos efforts de développement, ça fragilise aussi l'offre de places en service
de garde. Il y a sept ans, pour vous donner une idée, on comptait
15 607 responsables de service de garde en milieu familial, des RSG,
qui accueillaient des enfants chez elles. Aujourd'hui, on n'en compte plus que
11 121.
Chaque année, depuis 2014, pour vous donner
une autre image, c'est plus de 4 000 places par année, en moyenne, au
net, qui se perdent dans le réseau en raison de cet exode en milieu familial.
Donc, l'image la plus parlante, c'est comme si on avait l'équivalent d'un gros
CPE ou d'une grosse garderie par semaine qui ferme ses portes depuis
364 semaines. Donc, ça vous donne toute l'ampleur de la perte de places
qu'on subit déjà depuis 2014, 2015. C'est majeur, puis je vous dirais que c'est
ce qui explique en très grande partie le bond important qu'on a vu sur la liste
d'attente, sur La Place 0-5.
Les raisons qui expliquent cette crise-là
sont nombreuses, mais principalement, c'est clair que la question des revenus,
elle est importante, elles ne gagnent pas assez, et la question de la lourdeur
administrative aussi, la fameuse paperasse qui joue aussi pour beaucoup. Donc,
c'est cette tendance-là, bref, qu'on veut inverser aujourd'hui. Et je veux dire
aux milliers de femmes qui accueillent des enfants dans leurs maisons, je vous
ai entendues.
Donc, j'annonce aujourd'hui trois
incitatifs financiers et l'ouverture d'un chantier de travail pour faciliter le
quotidien des responsables de services de garde en milieu familial.
D'abord, on va offrir une aide financière
de 3 000 $ par année aux responsables de services de garde en milieu
familial qui offrent actuellement ou qui vont offrir au moins six places
durant toute l'année. Donc, ça, c'est une mesure qui s'adresse à celles qui
sont déjà là, celles qu'on souhaite voir rester avec nous dans le réseau.
Ensuite, celles qui offrent actuellement ou qui vont décider d'offrir
neuf places, avec le soutien d'un assistant ou d'une assistante, vont
recevoir une aide financière pouvant atteindre 6 000 $ par année.
Finalement, notre gouvernement va aussi
offrir un incitatif financier de 3 500 $ aux personnes qui souhaitent
devenir responsables de service de garde en milieu familial. C'est une somme
qui va les aider à démarrer, que ce soit pour couvrir les frais de formation ou
encore pour acheter l'équipement. Donc, voilà pour les mesures financières qui
sont importantes et qui étaient attendues, donc que je suis très heureux
d'annoncer.
Maintenant, pour faciliter le quotidien
des RSG, j'annonce aussi un chantier qui est important, qui est réclamé aussi
depuis des années pour réduire la lourdeur administrative et réglementaire qui
pèse sur leurs épaules. C'est un chantier qui est déjà commencé. Il y a une
période de consultations, d'ailleurs, qui est actuellement en cours. Donc,
j'invite tous les partenaires à contribuer pour voir comment on peut redéfinir
la relation entre les RSG et l'État québécois.
Et c'est concret, là, il y a un premier
pas concret déjà qui a été franchi par la modification législative que j'ai
faite, dans le cadre du projet de loi d'un collègue, pour retirer les enfants
d'âge scolaire de six à neuf ans des RSG, du calcul de ratio... bien, en fait,
tous les enfants d'âge scolaire... je ne devrais pas dire de six à neuf ans,
tous les enfants d'âge scolaire de moins de neuf ans, du ratio des RSG. C'est
une modification qui est entrée d'ailleurs en vigueur hier, officiellement.
Donc, ça, c'est du concret. C'était réclamé, attendu depuis des années.
Donc, c'est vraiment un exemple très
concret du genre de changement qu'on veut voir arriver, cet automne, avec
l'adoption de notre projet de loi, et c'est pour ça qu'on va travailler avec
elles, et ça peut concerner beaucoup de choses : le travail des bureaux
coordonnateurs, les démarches pour obtenir un permis, pour le renouveler, les inspections,
les règles qui concernent la résidence et l'équipement, et ça va aboutir, je le
disais, cet automne.
Et je veux aussi prendre quelques secondes
pour m'adresser directement aux femmes qui forment l'autre volet... je vais
dire l'autre volet de la garde en milieu familial, celles qui offrent de la
garde qui n'est pas reconnue, qui n'est pas reconnue par le ministère de la
Famille. J'ai envie de leur dire, ce matin : Revenez dans notre réseau,
revenez dans le réseau régi. Vous savez, pour la plupart, que vous faites du
bon travail. Vous m'avez parlé, je vous ai parlé. Je sais que, pour beaucoup,
vous avez même une formation. Donc, vous aurez droit aux
3 500 $ de démarrage, et ensemble, en équipe, on va mettre sur
pied des règles plus adaptées, plus respectueuses de votre travail parce que
les familles du Québec ont besoin de vous. Donc, je vous tends la main.
Et je termine en remerciant les
partenaires avec qui je travaille depuis mon arrivée en poste. Donc, j'ai
toujours pris soin de travailler avec tout le monde, en équipe, pour arriver au
meilleur résultat possible dans chaque dossier. Ça a été le cas dans ce
dossier-ci. Donc, on s'est inspiré des demandes de l'Association québécoise des
CPE, du Conseil québécois des services de garde éducatifs à l'enfance et des
deux syndicats, la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec et
la Fédération de la santé et des services sociaux. Et mention spéciale,
d'ailleurs, à Lucie Longchamps, qui est vice-présidente de la FSSS-CSN, qui
nous a grandement inspirés et avec qui j'ai étroitement travaillé pour arriver
à cette annonce-là.
Donc, en conclusion, c'est la semaine des
services de garde éducatifs à l'enfance et des milieux familiaux, et le plus
beau des mercis, pour moi... parce que vous avez entendu les intervenantes qui
disaient : Ça suffit, les mercis, même si c'est le thème de cette semaine.
Bien, pour moi, le plus beau des mercis, c'était de poser un geste concret
comme celui-là pour relancer le milieu familial, mais, plus largement, pour commencer
à finir ce qui a été amorcé il y a 25 ans, c'est-à-dire pouvoir offrir une
place à chaque enfant. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Le ministre de la Famille va maintenant répondre aux questions des membres de
la Tribune de la presse. Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour, M. Lacombe.
M. Lacombe : Bonjour.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
avez dit, tout à l'heure : Elles ne gagnent pas assez, en parlant des RSG.
C'est quand même vous qui avez signé la dernière convention collective des RSG.
M. Lacombe : On l'a signée à
deux. In l'a signée à deux.
Mme Lajoie (Geneviève) : Oui,
mais, en tout cas, c'est votre gouvernement, disons ça comme ça. Donc, vous ne
leur avez pas donné assez d'argent?
M. Lacombe : Bien, je pense
que c'est complémentaire. D'abord, cette convention-là, on l'a signée à deux,
hein? Donc, il n'y a pas seulement ma signature sur ce document-là, et j'aime
croire que, lorsqu'on signe une convention, c'est parce que les deux parties
sont d'accord qu'on est arrivés au meilleur résultat possible.
Donc, dans le cas de la dernière
négociation, je vous rappelle qu'on a terminé à 12 %, si on compare avec
le maigre 4 % qui leur avait été donné par le précédent gouvernement.
Donc, je ne pense pas qu'il faut être gêné de ça, mais force est de constater
qu'il fallait faire un pas de plus, et je pense que l'annonce d'aujourd'hui
sera bien accueillie.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
avez dit tout à l'heure que, justement, ça explique aussi en grande partie le
bond important qu'on a vu sur la liste, le fait qu'il y a de moins en moins de
services de garde en milieu familial. Donc, selon vous, le fait de ne pas, par
exemple, payer suffisamment les éducatrices en CPE, en garderie privée, en
installation, ça ne contribue pas non plus à hausser la liste d'attente.
M. Lacombe : Bien, ce n'est
pas la même chose parce que, lorsqu'une responsable de service de garde en
milieu familial, donc qui offre le service à la maison, n'est pas satisfaite de
ses conditions de travail, qu'est-ce qu'elle fait, souvent? Bien, elle va
fermer son milieu. Donc, il y a une perte instantanée de six places, par
exemple, ou de neuf places, si elle accueillait neuf enfants avec une
assistante. Donc, ça a un impact direct sur la liste d'attente.
Dans le cas d'un CPE, je ne suis pas en
train de dire que ce n'est pas grave, je suis en train de dire que ça a un
impact qui est différent. Lorsqu'on a une éducatrice qui quitte, il peut y
avoir des bris de service, il peut y avoir une difficulté, évidemment, à la
remplacer. Mais le CPE ne ferme pas, le groupe ne ferme pas de façon définitive.
Il y a toujours une solution qui est trouvée, même si, parfois, ce sont des
solutions temporaires. Donc, ce n'est pas le même effet.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
avez parlé quand même, au début, d'une crise, hein?
M. Lacombe : En milieu
familial, oui.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
avez évoqué le terme «crise». Justement, est-ce que vous pensez qu'avec la
négociation avec les éducatrices en CPE, en installation, vous allez réussir à
faire cesser cette crise ou en tout cas…
M. Lacombe : Bien là, je ne
voudrais pas que vous me mettiez des mots dans la bouche, j'ai parlé de crise…
Mme Lajoie (Geneviève) :
Régler cette crise.
M. Lacombe : Bien, j'ai parlé
de crise pour le milieu familial. Et là, moi, je concède tout à fait et je
reconnais qu'il y a une crise actuellement en milieu familial. Parce que je
n'arrive pas à une autre conclusion que ça quand je vois qu'on perd au net,
donc en incluant les départs et les arrivées, là, depuis 2014‑2015, en moyenne
4 000 places de perte chaque année. Donc, ça, pour moi, c'est une
crise.
Je vous dirais que, dans le réseau, de
façon plus générale, je ne suis pas certain qu'on peut dire que c'est une
crise. Je pense que c'est un moment qui est difficile, entre autres au niveau
de la main-d'oeuvre, mais on a des solutions aussi, on a des solutions qu'on a
déjà présentées puis sur lesquelles on va continuer de travailler.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Merci.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour.
M. Lacombe : Bonjour.
M. Pilon-Larose (Hugo) : J'ai
quelques questions de fond pour vous, mais, avant ça, j'aimerais juste avoir
des précisions techniques. Donc, l'annonce d'aujourd'hui, ça représente une
enveloppe de combien?
M. Lacombe : 200 millions
de dollars.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
200 millions de dollars sur combien d'années?
M. Lacombe : Sur les cinq
prochaines années.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Parfait. En date d'aujourd'hui, une autre question technique, la liste
d'attente de La Place 0-5 est de combien?
M. Lacombe : Bien, on est toujours
à 51 000. C'est le chiffre officiel pour l'instant.
M. Pilon-Larose (Hugo) : O.K.,
le chiffre officiel pour l'instant, parce qu'il n'a pas été mis à jour depuis
un certain temps?
M. Lacombe : Bien, on revient toujours
à cette discussion-là, c'est-à-dire La Place 0-5. Et, nous, le travail qu'on
fait ensemble, c'est de donner des chiffres. On les travaille ensemble, mais
les chiffres sont publiés, on les… Enfin, on les obtient, là, deux fois par
année puis on les compare toujours saison sur saison, parce qu'il peut y avoir…
C'est un peu comme les cotes d'écoute à la télé. Quand je faisais de la télé, on
ne compare jamais le printemps avec l'automne. Bon, c'est un peu la même chose.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Parfait. Sur la question des ruptures de service dans le réseau, donc sortons
un peu de juste, simplement, les services de garde en milieu familial, on lit
plusieurs témoignages, on entend les témoignages de parents, en ce moment, dont
des parents en CPE, qui reçoivent des coups de téléphone le matin pour dire :
Si tu es capable de ne pas amener ton enfant, là, fais-le pas parce que j'ai…
mes ratios ne sont plus respectés, il manque d'éducatrices. Ces parents-là ont
comme peur de l'été qui s'en vient, ils ne savent pas à quoi ça va ressembler,
en fait. Est-ce que qu'il va y avoir une multiplication des bris de service?
Avez-vous quelque chose à leur dire aujourd'hui?
M. Lacombe : On est devant une
tempête parfaite pour cet été. C'est-à-dire, d'une part, on a un manque de
personnel, et ça, ce n'est pas nouveau, c'est un manque de personnel qui s'est
aggravé avec la pandémie, mais on a un manque de personnel.
Ensuite, on a des parents qui, nous
dit-on, parce que les CPE font des sondages, à chaque été, pour prévoir les
vacances des éducatrices, on a des parents cette année qui ne prévoyaient pas
vraiment prendre le nombre de semaines de vacances habituelles en raison de l'état
d'urgence sanitaire et des règles qui étaient en vigueur. Bon, là, ça, on verra
si ça change, parce que, là, l'été s'annonce peut-être un peu mieux qu'il
s'annonçait il y a quelques semaines. Et il y a des règles, justement,
sanitaires, aussi, troisièmement, qui sont strictes, qui nous sont dictées par
la Santé publique, qui sont en vigueur dans nos installations, dans les CPE,
les garderies.
Donc, tout ça mis ensemble, là, vous
comprenez que c'est clair que ça fait en sorte qu'il y a tout un casse-tête
pour les directions de CPE et de garderies.
La main-d'oeuvre, on en a parlé, c'est un
travail de longue haleine. On y travaille en partenariat avec le milieu.
Pour les règles sanitaires, bien, c'est
sûr qu'on travaille avec la Santé publique. La demande, elle est faite à la
Santé publique. Ils sont en train de regarder ça. Évidemment, ils veulent être
prudents. On essaie aussi de leur faire comprendre quel impact ça peut avoir,
pour qu'il y ait une bonne balance des inconvénients qui soit faite.
Puis, ensuite de ça, bien, pour les
vacances des parents, évidemment, on ne peut pas forcer les parents à prendre
des vacances, même si parfois on a envie de leur dire que les enfants aussi ont
besoin de vacances.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Dernière question. J'essaie de me mettre dans le coeur et dans la tête des
parents. Au-delà des combats politiques, des enjeux de négociation, peu
importe, là, tu sais, je me mets à la place de ces parents-là qui reçoivent un
téléphone le matin pour dire : Je n'ai pas de place pour ton enfant, alors
que techniquement, tu sais, je devais en avoir une. On va sortir quand de cette
crise-là? C'est un peu la question que ma collègue a posée, parce
qu'humainement c'est intenable, ça, là.
M. Lacombe : C'est un casse-tête
quotidien pour les parents à qui ça arrive, et je comprends très bien ça. Je
vais reconduire mon fils au CPE le matin, là, donc je ne suis pas au bord de la
retraite très, très loin de cette réalité-là. Donc, les éducatrices, là, je les
vois et je discute avec elles, donc je comprends très, très, très bien leur
réalité. Puis, encore une fois, il y a beaucoup de gens dans mon entourage qui
travaillent dans des CPE ou dans des garderies, donc je comprends très bien ça.
Mais, en même temps, j'ai envie de vous
dire : Ce n'est pas vrai qu'on peut régler des problèmes qui se sont
construits pendant 10 ans en quelques semaines. Je pense que, depuis qu'on est
arrivés, on pose les bons gestes au bon moment. On dépense l'argent qu'on doit
dépenser aux bons endroits pour régler ce problème-là, entre autres le problème
de main-d'oeuvre. Mais ce n'est pas vrai qu'on va régler ça la semaine
prochaine.
Donc, entre-temps, bien, c'est des mesures
temporaires. Il y a eu la baisse de ratios, par exemple, de façon temporaire.
Il y a les allègements dans les mesures sanitaires qui vont arriver. Je le
souhaite. Je touche du bois. On travaille avec la Santé publique. Donc, ça, ça
va aider aussi.
Le Modérateur
: Claudie
Côté, TVA
Mme Côté (Claudie) : Bonjour.
M. Lacombe : Bonjour.
Mme Côté (Claudie) : Moi, je
vais me mettre aussi dans la peau d'une éducatrice en CPE qui, dans les
derniers jours, a entendu les plans de rentrée pour les universités, les
cégeps, les écoles, et où on dit : Pas de masque, pas de distanciation
physique, pas de bulle classe. C'est quoi, le plan pour les CPE, les garderies?
Parce qu'à ce jour les éducatrices doivent porter les lunettes, le masque...
M. Lacombe : Vous avez raison.
Mme Côté (Claudie) : ...bulles
groupes et doivent désinfecter. Souvent, ce sont les éducatrices elles-mêmes
qui le font, là.
M. Lacombe : Je vais être très
franc avec vous, là, la journée que j'attends le plus, après l'annonce d'aujourd'hui,
là, dont on ne parle pas beaucoup, mais qui est une annonce majeure, et dont tout
le monde va se réjouir, parce que c'est vraiment, probablement, une des
meilleures avancées des 10 dernières années pour les RSG, après cette
journée-ci, la journée que j'attends le plus, là, dans les prochaines semaines,
dans les prochains mois, c'est la journée où la Santé publique va nous donner
l'autorisation d'assouplir les mesures sanitaires, parce qu'actuellement c'est
tout un casse-tête.
Je comprends et je suis, évidemment, comme
ministre, là, très solidaire de ça, mais il faut être prudent. Mais je vous
avoue, là, qu'on commence tous à avoir bien hâte que ces mesures-là soient
assouplies pour qu'on soit capables, là, d'offrir un service aux parents et
accueillir leurs enfants de façon plus efficace puis que les éducatrices aient
un break, là, parce que ce n'est pas facile pour elles.
Mme Côté (Claudie) : Mais
est-ce qu'elles ont été oubliées dans le plan de la rentrée?
M. Lacombe : Non, non, non,
elles n'ont pas été oubliées.
Mme Côté (Claudie) : Pourquoi
c'est plus long?
M. Lacombe : Bien, parce
qu'actuellement, là, dans les écoles, les mesures sanitaires, là, n'ont pas été
assouplies, c'est-à-dire… Il y a toujours le port des équipements de protection
individuelle, etc. Donc, c'est la même chose dans nos services de garde. Là, on
comprend que, pour les écoles, on se projette dans l'avenir. Mais là ce qu'il
faut dans les prochaines semaines, c'est de mettre en place les
assouplissements qui vont nous être autorisés par la Santé publique dans nos
CPE puis nos garderies. Donc, ça, ça arrivera bien avant la prochaine, en tout
cas, c'est ce que je comprends, rentrée scolaire.
Mme Côté (Claudie) :
Concrètement, sur l'annonce d'aujourd'hui, là, peut-être ce n'est pas clair
pour moi. Le 3 000 $, là, ou le 6 000 $, il va,
concrètement, servir à quoi? Ça m'apparaît quand même peu, là. Les femmes qui
décident de fermer leur milieu familial, c'est une question de sous, mais c'est
une question aussi d'organisation et de temps.
M. Lacombe : Ah! ce n'est pas
peu, là. Aïe! là, je ne suis pas d'accord avec vous, là. Je ne suis pas
d'accord avec vous.
Mme Côté (Claudie) : Mais,
concrètement, qu'est-ce ça va donner?
M. Lacombe : Bien,
concrètement, là, ça veut dire qu'il y a certaines responsables de services de
garde en milieu familial qui nous écoutent, qui, à la fin de l'année, dans
leurs revenus, vont avoir 9 000 $ de plus, parce que ça se cumule,
tout ça. Donc, le 6 000 $, si elles accueillent neuf enfants, se
cumule aux 3 000 $, parce qu'elles en accueillent déjà six. Donc,
c'est majeur. À la fin de l'année, c'est une augmentation de leurs revenus qui
est très, très, très importante.
Et je peux vous dire que, quand on a
présenté ça aux syndicats, je ne suis pas certain qu'ils nous attendaient là.
Parce que, bon, la dernière négociation, on en parlait tantôt, ça n'a pas
toujours été facile, bien qu'on en soit venus à une entente. Donc, c'est
majeur, c'est vraiment majeur.
Le 6 000 $ va leur servir à
mieux… ou à ce que ce soit plus intéressant pour elles d'embaucher un assistant
ou une assistante pour offrir ces trois places supplémentaires là. Parce
qu'actuellement moi, je regardais ça puis je trouvais que ça n'avait pas de bon
sens, là. Ces femmes-là perdent de l'argent lorsqu'elles choisissent
d'embaucher une assistante. Ce n'est pas rentable. Donc, à quoi ça rime? Ça ne
sert à rien. C'est pour ça qu'on… je propose cette modification-là, cette
bonification-là aujourd'hui.
Et, moi, je pense que c'est important de
reconnaître le travail de celles qui sont déjà là, qui travaillent fort, entre
autres pendant la pandémie, puis de leur dire : On ne veut pas que vous
partiez, on respecte votre travail, on a besoin de vous puis on va mettre de
l'argent sur la table. Donc, un 3 000 $ supplémentaire qu'on va leur
verser directement.
Mme Côté (Claudie) : Une
dernière, peut-être, sur le vol de données de Ma place 0-5 ans. On en est
où là-dedans?
M. Lacombe : Bien, l'enquête
policière se termine. Tranquillement mais sûrement, il y a une reprise de
service à La Place 0-5. Je vais rester prudent dans mes commentaires parce
que, comme je le soulignais, l'enquête se poursuit, puis je vous avoue que j'ai
bien hâte de lire les conclusions de tout ça.
Le Modérateur
:
Véronique Prince, Radio-Canada.
Mme Prince (Véronique) :
J'aimerais avoir plus de détails sur les allègements administratifs, parce que
c'est un des gros problèmes, là. Il était un temps où elles pouvaient déduire
leurs dépenses, tu sais, il y avait des avantages, quand même, de faire ça à la
maison. Là, c'est tellement rendu compliqué que ça leur fait perdre plus
d'argent que d'autre chose. Alors, pouvez-vous me donner plus de détails sur
les allègements?
M. Lacombe : Oui. Bien,
d'abord, je mets la table avec ça puis je ne perdrai pas trop de temps
là-dessus, là, parce que ce n'est pas votre question, mais un exemple concret
d'allègement, c'est celui qu'on a déjà mis sur la table. Puis, à un moment
donné, c'est important de le dire, là, parce que les gens peuvent être
sceptiques : Oui, est-ce que le ministre, là, va vraiment aller là? Ça
fait des années qu'on se fait promettre ça. Là, c'est concret, on l'a fait, là,
c'était réclamé depuis des années, on leur a dit : Vos enfants d'âge
scolaire qui ont moins de neuf ans, on ne les compte plus dans votre ratio. Et
ça, encore une fois, ils ne nous attendaient pas là, je pense, les responsables
de services de garde en milieu familial. Ça a été une belle surprise pour eux.
Donc, c'est dans cet état d'esprit là
qu'on va continuer. Il y a un équilibre à garder entre l'efficacité, il faut
les laisser respirer puis leur sacrer la paix parfois, là, c'est ce que j'ai
envie de dire, puis la sécurité. L'équilibre est parfois difficile à atteindre
parce qu'on ne veut pas non plus couper dans les mesures qui nous permettent de
dire : Les enfants sont en sécurité, il y a des visites, tout est sous
clé, quand ce sont des produits dangereux, par exemple.
Mais il y a des choses, là, sur lesquelles
on doit se poser des questions. Tu sais, les RSG qui nous écoutent vont
comprendre, là, quand il y a une inspection puis que l'inspecteur compte le
nombre de plasteurs dans la trousse de premiers soins, bon, moi, là, comme parent,
là, ça ne m'empêche pas de dormir. Ensuite de ça, on les oblige à avoir un
téléphone avec un fil. Je ne sais pas s'il y a quelqu'un qui a encore un
téléphone avec un fil dans la salle, là. Moi, je n'en ai pas ça fait quelques
années, tu sais, puis, à un moment donné, il faut, je pense, évoluer, puis on
va y aller. On va y aller concrètement.
Mme Prince (Véronique) :
Aussi, cette semaine, je pense que c'était mardi, il y avait une représentante
du mouvement Revalorisons la profession. C'est ça?
M. Lacombe : Oui.
Mme Prince (Véronique) : Bon,
et elle expliquait qu'une éducatrice, pratiquement au top, là, va gagner
25 $ de l'heure, puis ils veulent être payés autant que les éducatrices
spécialisées dans les CSSS, par exemple. Est-ce que vous vous en allez vers ça?
M. Lacombe : Bien, d'abord, je
les ai rencontrées puis j'étais content de les rencontrer. Ce n'était pas
prévu. J'arrivais les mains pleines, là, de chez moi, à Québec. Elles étaient
en train de monter dans l'ascenseur pour déposer ça à la réception, leur
pétition, et je les ai invitées à prendre un café, là. Je pense, ça les a
surprises un peu. Mais ça a été une discussion superintéressante, parce que,
vous savez, c'est intéressant de discuter avec les syndicats qui représentent beaucoup
de membres, mais ces femmes-là ne font pas partie d'un syndicat, puis c'est
intéressant aussi d'entendre leur point de vue, qui n'était pas un point de vue
syndical, qui était tout aussi intéressant, parce que complémentaire.
Donc, on a eu une discussion ensemble,
puis je comprends leurs revendications. Et là ma réponse, elle est superplate,
puis vous allez peut-être me relancer, mais la négo commence, et nous, on n'a
pas encore, comme gouvernement, négocié avec les éducatrices en installations,
en CPE et en garderies. Ce sera notre première négo, et je dis aux gens :
Faites-nous confiance, faisons confiance au processus de négociation. Avec les
RSG, je vous rappelle, on est allés à 12 %. L'an passé, ça avait été
4 %. Ça fait que je pense que les gens peuvent voir ça avec optimisme.
Mme Prince (Véronique) : Mais
est-ce qu'une éducatrice en garderie a moins de valeur qu'une éducatrice
spécialisée?
M. Lacombe : Non, ce n'est pas
une question de valeur. Je pense que les gens qui sont dans le réseau
comprennent très bien que ce n'est pas la CAQ qui a mis sur pied ce réseau-là.
C'est intéressant, on pourrait poser la question à Mme Marois. On pourrait
poser la question aux gens qui étaient là à l'époque, tu sais : Pourquoi
est-ce qu'il y a eu un débalancement dans les salaires? Parce qu'il n'y a pas
eu un recul, là. Ça s'est construit comme ça et ensuite, bien, il y a eu une
progression normale en vertu des négociations qui ont suivi.
Donc, c'est une bonne question, à savoir
pourquoi est-ce que c'est parti du point où c'est parti. Mais aujourd'hui ça
donne le résultat qu'on connaît. Et moi, je l'ai dit, j'espère bien, et je
pense que c'est ce qui va arriver, qu'à la fin de cette négo-là, bien, il y
aura une augmentation, c'est clair. Puis je suis certain que ça traduira
l'importance de leur travail, comme on s'est parlé cette semaine.
Mme Lajoie (Geneviève) : …
M. Lacombe : À l'époque de la
création, oui. Ce n'est pas M. Legault qui a mis ça sur pied, quand même,
là. Chacun son travail.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
ne lui avez pas demandé pourquoi, finalement, c'est arrivé à ce...
M. Lacombe : Bien, c'est des
discussions… Vous savez, je comprends bien comment le réseau a été conçu. Puis
c'est intéressant de se pencher… Peut-être, c'est un sujet qui serait
intéressant pour vous, de se pencher sur ce qui a été fait à l'époque. Il y a
quand même des gestes importants… À l'époque, M. Bouchard, de mémoire, avait
sorti la négo des éducatrices, parce qu'il y avait tout un travail à faire.
Mais je pense qu'il y a eu des avancées majeures, là, entre autres avec la
syndicalisation dans le milieu familial.
Mais là, après, je pense que les gens qui
nous écoutent comprennent bien que ce n'est pas la CAQ, là, qui a décidé que
les éducatrices allaient être payées ce prix-là. Est-ce qu'il y a des questions
à se poser? Dans le cas du milieu familial, oui. On a même mis sur pied un
comité pour se pencher sur cette question-là. Puis aujourd'hui j'annonce
200 millions pour bonifier leurs conditions… bien, c'est-à-dire, leur
revenu, puis créer plus de places. Donc, la prochaine négo nous dira quel sera
le résultat, mais je suis certain qu'il sera heureux.
Le Modérateur
: C'est
bon. On peut passer maintenant en anglais. Raquel Fletcher,
Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Just to start, maybe if you could just repeat in
English… Do you know how many places the $200 million will create? Do you have
an estimation?
M. Lacombe :
I won't be able to answer that question in English, I'm so sorry, because it's
difficult… It's very hard to explain it even in French, because…
Mme Fletcher (Raquel) : But you don't have a number of how many places it will create?
M. Lacombe : Bien, on a un
calcul. Je vais vraiment vous répondre en français là-dessus, là, parce que,
sinon, ça n'aura aucun sens. Mais, en français, là, je vais vous expliquer.
L'objectif, c'est de renverser la
tendance. Actuellement, depuis 2014‑2015, on perd en moyenne, au net, plus de
4 000 places. Donc, incluant les arrivées, les départs, on arrive à une
perte nette de 4 000 places. L'objectif qu'on a, et là soyons prudents,
s'il vous plaît, avec les chiffres, là, vous allez voir où je m'en vais, c'est
de créer jusqu'à 22 000 nouvelles places, mais de réduire le nombre de
départs de moitié. Il va continuer d'y avoir des départs pour plein de raisons,
mais on souhaite le réduire de moitié, ce qui fait qu'au net, et là ça, c'est
le chiffre qu'on doit retenir, là, au net, on souhaite que le bilan soit
positif de 7 000 places d'ici les trois prochaines années. Donc, plutôt
que d'en perdre 4 000 par année en moyenne, au net, on souhaite qu'au net
encore une fois on soit dans le positif de 7 000 places d'ici les trois
prochaines années. Donc, là-dedans, il y a beaucoup de création, mais il y a
aussi des départs, là.
Mme Fletcher (Raquel) : OK,
merci, je comprends.
M. Lacombe : Vous comprenez
pourquoi je n'ai pas répondu en anglais.
Mme Fletcher
(Raquel) : Yes, yes, I understand, OK. Thank
you for that clarification. My question, though, as I'll go back to English,
Mme Hivon, Véronique Hivon, was very passionate this morning talking about what
you have called yourself a crisis, and she is looking for a global strategy.
You say that it is a perfect storm, this summer, «la tempête parfaite». Why do
you…
M. Lacombe :
Was she talking about CPEs and day care centres or home-based…
Mme Fletcher (Raquel) : She was talking about all of it, just in
general.
M. Lacombe : All of it? OK.
Mme Fletcher (Raquel) : La
crise de la pénurie des éducatrices et des éducateurs. I
imagine there are male educators. But why do you say that it's the perfect
storm?
M. Lacombe : I think, this summer, it's the perfect storm. I just want to be
clear, this summer, it's the perfect storm in our day care centres because
there is the pandemic, so there are some rules to follow because of the situation, so we need more staff than
usually. We have the normal… or, I would say, the problem we have with the…
On a le problème
habituel, là, de la pénurie de main-d'oeuvre. Puis finalement on a… Voyons, là,
j'ai un blanc de mémoire. Donc, on a la pénurie de main-d'oeuvre habituelle, là.
C'est l'anglais qui me distrait ce matin. On a la pénurie de main-d'oeuvre…
Mme Fletcher
(Raquel) : It's the ongoing problem.
M. Lacombe : Oui, bien, c'est
la main-d'oeuvre, là, ça, c'est un problème, c'est une pénurie. Évidemment, ça
me cause un problème à chaque mois de l'année, mais spécialement pendant la
période de l'été. Ça s'ajoute aux règles sanitaires qui sont beaucoup plus
strictes, donc on a besoin de plus d'éducatrices, et au fait qu'il y a moins de
parents qui vont prendre des vacances ou que les parents prendront moins de
vacances que d'habitude. Donc, ces trois choses là ensemble, cette situation-là
avec ces trois réalités font en sorte que cet été, là, ça va passer serré.
Mme Fletcher
(Raquel) : But you must have an idea of what
kind of solutions it will take to address this perfect storm and why. Because
you're talking about the crisis, but I don't hear a lot of solutions of how we're going to address this crisis going into the
summer months.
M. Lacombe :
We announced a lot of solutions. I mean, we announced a…
Encore une fois,
je vais… Je suis désolé ce matin, là, mais je vais y aller en français. On a
annoncé la baisse temporaire du ratio, donc, ça, c'est très concret, là, puis
c'était réclamé par les gens sur le terrain. Ça a un impact. En ce moment, on
est en train de travailler avec la Santé publique sur la baisse des mesures
sanitaires, c'est-à-dire un assouplissement des mesures sanitaires, évidemment,
si c'est justifié, si la Santé publique nous dit oui, et tout. Donc, on est en
train de travailler là-dessus. Ces deux mesures là ensemble, ça va faire en
sorte que l'été va être beaucoup moins pire.
Et on est aussi en train de travailler
dans nos règles budgétaires, au ministère de la Famille, donc la façon dont les
CPE peuvent dépenser leur argent, les règles qui encadrent leurs dépenses, pour
ne pas les pénaliser, par exemple, s'ils décident d'avoir une fermeture
universelle, par exemple, d'une semaine, deux semaines. Ce sera leur décision.
On ne leur demande pas de le faire, mais, s'ils décident de le faire, on ne
veut pas non plus les pénaliser parce qu'on comprend bien qu'il y a une
situation particulière. Donc, oui, il y a beaucoup de solutions.
Mme Fletcher (Raquel) : But
will it be…
M. Lacombe : Mais ça ne se
réglera pas la semaine prochaine, ça, c'est sûr, là. Ça va prendre du temps,
là, à ce que nous, la Coalition avenir Québec, comme gouvernement, on réussisse
à renverser la tendance. Parce qu'on parle toujours des problèmes, puis c'est
normal, mais posez la question aux gens sur le terrain, on avance puis on
avance dans la bonne direction.
Mme Fletcher (Raquel) : O.K.
Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci.
C'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Bonne journée.
(Fin à 9 h 30)