(Seize heures trente-huit minutes)
Mme Anglade : Alors, bonjour à
tous. Aujourd'hui, en écoutant le discours de François Legault, je me suis mise
à la place de quelqu'un qui est dans son salon puis qui écoute le premier
ministre. Et ce que j'ai vu, c'est véritablement une opération de rattrapage
qui est ratée. J'ai senti un premier ministre inquiet, mais c'est normal, il
voit, comme tout le monde, que ça pète un peu de partout : en éducation,
en santé, en économie, dans les services de garde. Et aujourd'hui on se serait
attendus à ce que François Legault nous amène des solutions par rapport à ces
problèmes. Et ce qu'on a eu comme présentation, c'est un bilan de ce qu'il a
fait, une justification de ce qu'il a fait.
Dans le discours qui a été prononcé, je n'ai
rien appris de nouveau. En fait, je me suis dit que tout ce qui avait été
présenté avait déjà été dit, sinon c'étaient des propositions qui avaient déjà
été formulées, notamment par ma formation politique, et dans lesquelles il
n'allait pas aussi loin. En fait, on écoutait le discours puis on se disait :
Mais qu'est-ce qui justifie la nécessité de tenir une telle session
aujourd'hui?
Ce que j'ai vu, c'est un premier ministre
qui n'écoute pas ce qui se passe sur le terrain, qui n'écoute pas ce que les
gens ont à dire, qui ne voit pas qu'on a des enjeux de main-d'oeuvre importants.
Ce n'est pas normal que François Legault n'ait pas une fois prononcé le mot
«pénurie». Pas une fois dans son discours il n'a prononcé ce mot. Quand on
avait 50 000 emplois vacants, François Legault niait la question de
la pénurie de main-d'oeuvre. Quand on avait 120 000 emplois vacants,
il continuait de le nier. Aujourd'hui, on en a 200 000, et il continue
toujours de nier cet enjeu.
Autre enjeu important puis qui touche tout
le monde, évidemment au Québec, mais dans le monde entier, c'est évidemment la question
des enjeux climatiques et de l'environnement. Ça a pris 53 minutes dans le
discours de François Legault pour qu'il nous parle une fois de changements
climatiques et d'environnement. 53 minutes. Ça vous dit toute la priorité qu'il
accorde à cet enjeu.
Sur le terrain, là, les gens sont
inquiets. Ils sont inquiets parce qu'ils sont inquiets de leur coût de la vie,
le logement, le panier d'épicerie, depuis hier, l'augmentation d'Hydro-Québec,
qui est uniquement justifiée par la décision de François Legault de changer les
règles puis d'avoir une augmentation importante d'Hydro-Québec dans la facture
des Québécois.
Alors, au bout du compte, ce que l'on
constate, c'est que cette opération-là n'était aucunement justifiée. Je suis maintenant
prête à répondre à vos questions.
Mme Crête (Mylène) :Qu'est-ce que vous pensez de la levée de l'état d'urgence
sanitaire en 2022?
Mme Anglade : De ce que j'ai
compris, c'est que la seule raison pour laquelle on maintenait l'état d'urgence
sanitaire, c'est pour la question de la vaccination obligatoire des enfants.
Alors, c'est la seule raison. On n'a pas besoin d'avoir les décrets d'urgence
et décrets d'urgence sur toutes les autres mesures, notamment les contrats qui
sont accordés de gré à gré, ça ne devrait pas être nécessaire, puisqu'il aurait...
très bien faire quelque chose de séparé pour l'obligation vaccinale.
M. Laforest (Alain) :
Donc, pourquoi il la maintient?
Mme Anglade : Je ne sais
pas pourquoi il la maintient, parce que...
M. Laforest (Alain) :
...
Mme Anglade : Il devrait
la lever. Il devrait la lever et s'assurer qu'on trouve le mécanisme pour qu'il
y ait une obligation de vaccination.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
que vous avez l'impression que c'est une façon de gagner du temps, en sachant
que même si, bon, on est en train de l'homologuer, là, du côté de Santé Canada...
Mais l'homologation n'est pas là encore.
Mme Anglade : Oui, je
pense que c'est une façon de gagner du temps parce que la seule manière dont il
le justifie présentement, c'est uniquement la vaccination des enfants. Donc, si
c'est la seule raison, il devrait pouvoir... il n'a plus de raison, à ce
moment-là, de dire : Tous les contrats, on peut les passer par décret
puis... François Legault a pris l'habitude de gouverner par décret, il a pris
l'habitude de gouverner de manière autoritaire, il a pris l'habitude maintenant
de nous dire comment penser, de nous dire comment agir, puis, encore une fois
aujourd'hui, il décrète les choses, mais il n'écoute pas ce qui se passe sur le
terrain, on le voit dans les propos qu'il tient.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
que les hydrocarbures… avez-vous l'impression que c'est nouveau dans le discours
de la CAQ de dire : On va mettre fin à l'exploitation, sous toute forme,
des hydrocarbures au Québec?
Mme Anglade : Bien, oui, c'est
nouveau, mais, entre vous et moi, ils sont toujours en retard par rapport à la
parade. On avait demandé de sortir de l'ensemble des hydrocarbures même à la
Caisse de dépôt, on a posé… on a demandé à ce que la Caisse de dépôt sorte des
hydrocarbures. Quelques jours plus tard, la caisse annonçait qu'elle se
retirait du pétrole, mais toujours en retard, et aucune vision d'un point de
vue des changements climatiques puis des enjeux environnementaux. Encore une
fois, ce n'est pas normal que François Legault parle de cet enjeu qui nous
concerne tous, nous concerne dans toutes nos régions, qui ont des impacts sur
la vie des gens, les changements climatiques, et qu'il prenne 53 minutes
pour arriver à même mentionner le mot.
Journaliste
: Est-ce
que l'idée même de prononcer un discours inaugural et donc de retarder de
quelques jours les travaux parlementaires, c'était justifié, selon vous?
Mme Anglade : Non. Après le
discours qui a été prononcé, je peux définitivement dire que ce n'était
absolument pas justifié de tenir le discours et de faire cette prorogation. On
n'a rien appris de nouveau. On n'a rien appris de nouveau. Encore une fois, on
a l'impression que le premier ministre est inquiet et qu'il essaie de faire une
séance de rattrapage.
Journaliste
: Ce n'est
pas normal, dans la vie d'un gouvernement, habituellement, avant la fin du
mandat, de faire un tel discours?
Mme Anglade : De faire un
discours, mais pas besoin de proroger la session. En quoi ça nous sert d'avoir
prorogé la session, de reprendre les mêmes projets de loi, de les ramener au
bout du compte? À quoi ça nous sert, sinon à un exercice de marketing pour
montrer que, finalement, on a un certain contrôle malgré le fait que tout est
en train de péter partout, là, partout? Je ne vois pas la nécessité, je ne vois
pas ce qu'on a appris collectivement, comme Québécois, là. Vous êtes assis dans
votre salon, là, vous êtes assis dans votre salon aujourd'hui, là, je ne sais
pas ce que vous avez appris de nouveau avec ce discours.
Mme Crête (Mylène) :
…vous ne pensez pas que ça marque le coup alors qu'on dirait que la pandémie
est en train de tranquillement se terminer?
Mme Anglade : Je pense que
François Legault aimerait bien une campagne électorale demain matin, on va le
dire comme ça, mais la campagne, elle n'est pas demain matin, elle est l'année
prochaine.
Une voix
: Vas-y,
j'allais dire en… J'allais poser une question en anglais pour Cathy, mais je
vais te laisser aller.
Mme Fletcher
(Raquel) : Mr. Legault had a message for
English-speaking Quebeckers lasting about 35, 40 seconds. What was your
reaction to that message?
Mme Anglade :
I don't think the English community in Québec needs to be told how well they
are treated right now. I think the English community wants to know how they can
build together a stronger Québec with everybody. So, it felt to me that he was
trying to justify himself rather than listening, yet again, to the population,
rather to listening to the concerns of the English community with everything
that's going on and trying to find solutions together. So, I didn't feel like
he was… I think it's consistent with what he does with the population in
general.
M. Authier (Philip)
:
Would you say it was patronizing?
Mme Anglade :
Totally, it was patronizing, and it was… and again it was not connected to the
way people are feeling today. People have concerns, legitimate concerns that
they should be able to discuss with the Premier, they should be heard. And it
didn't feel like this is what the Premier was doing today.
M. Authier (Philip)
: And they just come out of this process in which the
English-speaking community clearly expressed its discomfort with Bill 96.
And is he oblivious to the… because there's angst out there.
Mme Anglade : He is oblivious to what people are feeling today in the English
community, that is quite obvious, because of what he said. He didn't… we didn't
get a sense that he felt that people were worried about a number of things, but
he's oblivious to a number of things. He's oblivious to the fact that we're
missing people, generally speaking, we have a manpower outage, and he can't
even pronounce the word. He's oblivious to the fact that we are facing a
climate change and that we need to take actions. He's oblivious to a number of
things. And he wants to stick to a plan, so he presented basically what he's
been presenting for the last three years.
Mme Fletcher (Raquel) : On education, he mentions specifically… creating those day-care
spaces, but when it comes to primary and secondary education, he said there's
more to come… he's going to announce another action plan. Do you feel like the
former Education Minister was... overlooked the area of education?
Mme Anglade : He said words about education, but I'll tell you that the last… the
first speech he did in 2018, he said that it was going to be his priority, it
certainly did not feel like it today, that it was a priority for him. Instead,
he talked about a course that he wants to change. But, more fundamentally, how
is he going to change things? We don't have enough people right now. We're
missing people in those fields, like, how is he going to fix that? That's what
we want to hear.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
Mme Anglade : Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 48)