(Seize heures vingt-quatre minutes)
M. Nadeau-Dubois : Québec
solidaire souhaite réagir au discours qu'on vient d'entendre de la part de
premier ministre. J'ai écouté le discours de François Legault avec attention.
Les attentes étaient élevées, mais ce qui m'a marqué c'est qu'on a entendu aujourd'hui
le discours d'un gestionnaire. Au sortir de la pandémie, au sortir d'une
épreuve aussi tragique pour le Québec, ce dont on aurait eu besoin c'est un
discours de visionnaire.
Ce que j'ai entendu c'est une énumération,
une collection, une brochette de petites réformes, alors que ce dont le Québec
a besoin, c'est de grands projets. Je n'ai pas entendu de projets de société aujourd'hui.
J'ai entendu une énumération de promesses électorales, pour la plupart d'entre
elles des promesses de 2018. J'ai entendu les mêmes, donc, promesses de 2018
réitérées, j'ai entendu les mêmes petites obsessions. En fait, ce que j'ai
entendu, c'est du réchauffé. Il y a deux absences qui, selon Québec
solidaire, sont injustifiables dans le discours d'aujourd'hui :
l'environnement et le logement.
C'est quand même fascinant qu'en 2021 il n'y
ait pas eu un mot sur l'environnement, dans ce discours-là, pendant les
50 premières minutes. Il y a eu à peu près cinq minutes, sur
une heure et demie, de consacrées à la plus grande crise de notre époque,
à une crise qui remet en question tous les aspects de notre société.
Cinq minutes sur une heure et demie. Ce discours-là ne contenait
aucune nouvelle mesure, aucune nouvelle annonce pour nous permettre de
respecter les échéanciers de la science, pour nous permettre d'atteindre la
carboneutralité en 2050, aucune nouvelle annonce. Pour moi, c'est la
confirmation que, pour François Legault, là, l'environnement, c'est un slogan.
Ce n'est pas pour rien qu'il a appuyé le Parti conservateur aux dernières
élections fédérales.
Le deuxième grand absent, c'est le
logement. Rien. Il va regarder ça, François Legault, la crise du logement.
Aucune annonce, aucun plan. Pendant ce temps-là, là, il y a des milliers de
familles au Québec qui font face à la plus grave crise du logement et de
l'accès à la propriété de notre histoire récente. Le marché immobilier est
devenu complètement fou. C'est les jeunes familles qui payent le prix, c'est
les locataires, aussi, qui payent le prix. Et le premier ministre est dans le
déni complet sur cette question-là.
La bonne nouvelle, c'est qu'il existe une
autre vision du Québec. On n'est pas condamnés à la vision, qui n'en est pas
une, qui nous a été présentée aujourd'hui. Cette vision-là, c'est une vision
qui priorise la lutte aux changements climatiques, qui défend les familles qui
en arrachent à cause de la crise du logement. Cette vision-là, c'est la vision
de Québec solidaire et c'est la vision que je vais exposer demain lors de mon
discours de réplique au premier ministre.
Mme Gamache (Valérie) :
Concernant la levée de l'urgence sanitaire, on a là, vraiment, un moment
peut-être plus précis, sans l'être réellement. Est-ce que vous êtes satisfait
de cet engagement-là du gouvernement aujourd'hui?
M. Nadeau-Dubois : On aurait
pu mettre fin à l'état d'urgence sanitaire il y a plusieurs mois, si on avait
mis en place une loi transitoire pour permettre de donner certains pouvoirs
exceptionnels au gouvernement, sans lu donner pour autant carte blanche. Cette
proposition-là, Québec solidaire l'a formulée au printemps. Ça a été fait
ailleurs dans le monde. On aurait pu le faire au Québec. C'est quand même
incroyable qu'après un an et demi, presque deux ans de pandémie, le gouvernement
et les libéraux soient dans ce faux dilemme entre urgence sanitaire ou rien
pantoute.
M. Laforest (Alain) : Pour
que ce soit plus, là, simple pour les gens, qu'est-ce que vous dites... les
lois transitoires et tout ça?
M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
la proposition de Québec solidaire, c'était de se donner un cadre juridique
temporaire pour que le gouvernement ait certains pouvoirs exceptionnels pour
lutter contre la pandémie, donc, par exemple, permettre à certains
professionnels de la santé de faire de la vaccination, sans donner pour autant
tous les pouvoirs. Le gouvernement n'a plus besoin d'avoir carte blanche pour
les contrats publics, par exemple, mais il a besoin de pouvoirs exceptionnels
pour gérer le réseau de la santé. On aurait pu faire la part des choses,
rédiger un projet de loi de transition pour mettre fin à l'urgence sanitaire,
tout en conservant certains pouvoirs spéciaux au gouvernement.
M. Laforest (Alain) : Là, on
parle de la fin des hydrocarbures, mais pas un mot sur le troisième lien.
M. Nadeau-Dubois : Le mot clé,
si on veut être crédible sur la question de l'environnement, c'est «la
cohérence». Mettre fin à l'exploitation des hydrocarbures, c'est bien, il n'y
en a jamais vraiment eu sur le territoire du Québec, par ailleurs, mais, si,
pendant ce temps-là, on ajoute des dizaines de milliers de voitures au
centre-ville de Québec, avec un projet inutile et coûteux, on défait d'une main
ce qu'on essaie de faire de l'autre. François Legault manque de cohérence sur
la question des changements climatiques.
Mme Gamache (Valérie) : Comment
vous avez accueilli le fait que M. Doyon aille vous voir avant la cheffe
libérale, Mme Anglade?
M. Nadeau-Dubois : En toute
sincérité, je pense que c'était un simple oubli de la part du
lieutenant-gouverneur. D'ailleurs, je l'ai gentiment évité, amicalement, à ne
pas sauter par-dessus Mme Anglade puis aller la voir. Ce n'est pas tous
les jours qu'il vient au salon bleu, donc je pense que c'est un oubli, tout
simplement, de sa part, puis je l'ai... J'ai un petit côté vieux jeu des fois.
Ces conventions-là, je trouve, quand même, il faut faire attention. Ça fait que
j'ai gentiment dit au lieutenant-gouverneur : N'oubliez pas
Mme Anglade. Puis je pense que ça aurait été quand même dommage...
Journaliste
: ...
M. Nadeau-Dubois : C'est ça. Moi,
je suis un peu vieux jeu, ces conventions-là, je m'y prête, sans pourtant en
être un grand fan, bien au contraire. C'est une institution archaïque, c'est
une institution qui n'a plus sa place dans le Québec de 2021, mais ce n'est pas
une raison pour être malpoli.
Journaliste
: Vous
dites que le gouvernement Legault n'en fait pas assez sur l'environnement. Or,
il y avait quand même des engagements pour développer les énergies vertes.
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a eu des slogans. Ce qu'on a entendu, aujourd'hui, c'est des slogans. Pôle
mondial de batteries, à première vue, ce n'est pas une mauvaise idée, mais c'est
un slogan. Et par ailleurs ça faisait partie de ses engagements en 2018. Il l'a
lui-même dit dans son discours : Nous le disions quand nous étions dans l'opposition.
Qu'on investisse pour développer ces
filières-là au Québec, je veux être bien clair, ce n'est pas une mauvaise
chose. C'est, au contraire, plutôt intéressant. Après ça, le diable est dans
les détails : Comment on le fait? On a des propositions, à Québec
solidaire, en long et en large, sur le développement d'une filière batterie de
manière écologiquement et socialement responsable. Vous nous avez entendu en
parler souvent. Mais, encore une fois, aucune mesure, aucune annonce pour nous
permettre d'atteindre les cibles du GIEC. Le plan vert proposé par François
Legault ne permet pas d'atteindre les cibles fixées par la science.
Je m'attendais, moi, aujourd'hui, à un premier
ministre qui prend acte des rapports publiés cet été, et qui nous dise :
Voici ce que je vais faire de plus pour qu'on atteigne nos cibles de réduction
des gaz à effet de serre. Ça a été silence radio.
Journaliste
: En
anglais... peut-être juste résumer un peu, là, votre vision des choses en
anglais.
M. Nadeau-Dubois :
We're in the English section, so ask me the question and then...
Journaliste
:
What was your first reaction when you heard Mr. Legault this afternoon?
M. Nadeau-Dubois :
Yes. Today, what we heard is a speech by a businessman, not by a visionary.
After that unspeakable tragedy that was the pandemic of COVID-19, I think
Quebeckers needed to hear a real and wide vision for Québec. What we heard is a
list of electoral promises, a majority of them being old promises just
rebranded for the occasion.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 32)