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Point de presse de M. Yves-François Blanchet, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration, de communautés culturelles et de langue, M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation primaire et secondaire, et de Mme Danielle Doyer, porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux

Version finale

Thursday, October 6, 2011, 11 h 43

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-trois minutes)

M. Blanchet: Bien le bonjour. M. Blanchet s'adressera à vous mais brièvement seulement. Marie-Michèle, qui est ici, près de moi, m'avait approché, comme député de la circonscription de Drummond, pour parrainer une pétition déposée à l'Assemblée nationale concernant le TDAH, le trouble du déficit d'attention avec ou sans hyperactivité. J'ai accepté parce que la cause est d'emblée noble. Elles le sont souvent, mais en particulier dans ce cas-ci, parce que ça touche tellement de gens directement ou indirectement, que l'initiative était hautement pertinente. Et je suis content qu'on ait déposé environ 20 000 noms, aujourd'hui à l'Assemblée nationale, qui sont représentatifs d'une difficulté réelle qui appelle des solutions larges et non pas caricaturales, ou étroites, ou exclusivement financières.
Sans plus tarder, donc, je vais passer la parole à Marie-Michèle qui, par la suite... bien, qui va intervenir et, par la suite, Mme Doyer et M. Gaudreault vont également intervenir dans leurs champs d'intervention respectifs. Merci beaucoup.

Mme Lemaire (Marie-Michèle): Alors, bonjour. Mon nom est Marie-Michèle Lemaire. Je suis la directrice de l'organisme PANDA en Mauricie et au Centre-du-Québec, mais, avant tout, maman de quatre beaux enfants et la belle-maman de deux grandes filles.
Les associations PANDA sont des organismes à but non lucratif dont les membres sont des personnes ayant un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité ainsi que leurs proches de même que toute autre personne qui désire travailler à l'amélioration des conditions de vie et le mieux-être, qui sont préoccupées aussi par la problématique du TDAH. Je tiens tout d'abord à vous remercier pour le temps que vous nous accordez ce matin. Un grand jour aujourd'hui puisque nous venons de déposer à l'Assemblée nationale 20 103 signatures. Cette initiative était avant tout une initiative de PANDA Mauricie-Centre-du-Québec, mais qui a été appuyée par tous les PANDA, le regroupement ainsi que plusieurs médecins, Dr Annick Vincent, Dr Christiane Laberge et bien d'autres.
En fait, cette grande vague d'intérêt pour le TDAH n'est pas le fruit du hasard quand on sait qu'un québécois sur 20 est atteint du TDAH, que 80 % des personnes ayant le TDAH peuvent développer un ou plusieurs troubles associés tels qu'impulsivité, agressivité, troubles de comportement, troubles anxieux, troubles d'apprentissage et encore plusieurs autres. On estime que 60 % des enfants touchés continuent à présenter des symptômes à l'âge adulte. On peut alors envisager toute la souffrance vécue par des milliers de personnes encore victimes aujourd'hui de préjugés de toutes sortes.
Nous demandons aujourd'hui la tenue d'une table de concertation pour être plus efficaces et pour mieux coordonner nos efforts dans la gestion du TDAH au Québec. Une table de concertation provinciale permettrait, dans un premier temps, de réunir les principaux experts en TDAH au Québec venant de tous horizons: groupes patients, médecins de famille, spécialistes, psychologues, intervenants dans le milieu de la santé et scolaire, gestionnaires et décideurs. Ces experts pourront ensuite travailler de concert à un plan d'action concret et cohérent visant à optimiser l'encadrement, le soutien et le déploiement des services aux personnes atteintes du TDAH et à leurs proches.
J'ai eu la chance, au courant des dernières semaines, de rencontrer les gens de l'INESSS et j'ai le bonheur aujourd'hui de vous annoncer qu'un premier grand pas positif a été franchi. En effet, depuis le 3 octobre dernier, la nouvelle liste du médicament du Québec accorde l'équité à tous les traitements pour le TDAH qui étaient accessibles jusqu'ici aux personnes ayant une assurance privée mais qui ne l'étaient pas aux gens qui étaient assurés par la RAMQ. Nous avons donc là une belle première victoire vers l'équité dans l'accès aux services et aux ressources. Bravo au ministre de la Santé pour cette reconnaissance de nos besoins de plus d'outils de traitement. Nous encourageons donc maintenant tous les ministères concernés par le TDAH à lui emboîter le pas, car il nous faut continuer le travail sur plusieurs autres fronts qui touchent la santé des gens vivant les impacts du TDAH.
Ayant moi-même un TDAH gros comme le monde, ainsi que deux de mes quatre enfants, croyez-moi que l'impact du TDAH, chez nous, ça a beaucoup de répercussions. Je souhaite donc faire un clin d'oeil aux personnes qui ont un TDAH et leur dire qu'avec beaucoup d'amour et beaucoup de respect, nous pouvons arriver à changer bien des choses. Vous savez, arriver à recueillir un si grand nombre de signatures, j'avais besoin d'une équipe autour de moi et, sans eux, je n'aurais pas pu y arriver. Je veux aussi remercier mes proches à moi, ceux que j'aime, qui m'ont permis de mettre ma vie personnelle en pause depuis les cinq derniers mois. Je vous remercie de vous faire ambassadeurs de notre belle cause. Merci beaucoup.

Mme Doyer: Alors, merci, Mme Lemaire. Vous excuserez ma voix, parce que je deviens aphone, mais je veux vous remercier d'être là, féliciter Mme Marie-Michèle Lemaire et toutes les personnes qui se sont mobilisées pour faire en sorte de recueillir 20 000... plus de 20 000 signatures. Et, pour les personnes et les enfants, principalement, parce que c'est... il faut les prendre en bas âge. Lorsqu'ils sont diagnostiqués avec un trouble d'attention avec ou sans hyperactivité, c'est extrêmement important qu'aussitôt que... d'abord, dans un premier temps, qu'il y ait un diagnostic le plus correct possible qui soit fait et que, lorsque l'enfant intègre, que ce soit les CPE, la garderie, l'école, que les services d'accompagnement, autant pour l'enfant, la personne lorsqu'elle est adulte, que la famille, puissent être là, puissent être au rendez-vous.
Alors, c'est une problématique qui, souvent, est diagnostiquée, justement, quand l'enfant entre à l'école, et si on n'a pas tout de suite les services... Et les services, quand on pense aux services sociaux - je suis responsable du dossier des services sociaux - on pense à des psychologues, à des psychoéducateurs, on pense aussi à des orthopédagogues, et, dans le fond, c'est que ça prend autant pour l'enfant ou la personne avec un plan individuel d'intervention, ça prend aussi d'être capable d'intervenir de façon globale avec la famille, avec toutes les personnes avec lesquelles elle est en relation pour agir de la meilleure façon possible.
L'incidence est très élevée, une personne sur 20. Donc, dans chacun de nos environnements, nous avons des personnes et des enfants qui souffrent du TDAH, et pour qu'ils aient... dans le fond, le mot clé, c'est que tout soit mis en oeuvre pour qu'on ait la meilleure réussite possible d'intégration sociale à l'école, et sociale, et au niveau du travail pour ces personnes-là, et que le Québec ne se prive pas de ces ressources par manque de services. Donc, ce que nous ne mettons pas maintenant, nous allons le payer plus tard, en perte de magnifiques personnes qui pourraient être utiles à la société, aller surtout, surtout dans la réalisation de leur plein potentiel. Et c'est à ça que le gouvernement du Québec doit s'engager, dès à présent, davantage. Et le Parti québécois appuie les revendications de Mme Marie-Michèle et de tout... Lemaire et de toutes les personnes qui se sont mobilisées pour signer cette pétition. Merci beaucoup de votre attention.

M. Gaudreault: Oui, un mot simplement pour dire qu'un autre mot clé, c'est la réussite scolaire. Et vous savez que les enfants qui sont diagnostiqués avec un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, c'est des enfants qui sont à risque quant à la réussite scolaire. Et, pour nous, c'est absolument fondamental qu'il y ait les ressources professionnelles suffisantes dans le réseau scolaire, dans le réseau public, dans les commissions scolaires. Quand on parle de ressources professionnelles en soutien aux élèves qui vivent avec cette réalité, bien, on parle, par exemple, des orthopédagogues, on parle des travailleurs sociaux, on parle des psychoéducateurs, on parle des techniciens en éducation spécialisée. Et ce que nous entendons de la part des commissions scolaires, c'est qu'il y a présentement du retard dans l'attribution des ressources professionnelles de ce type dans les écoles, dans les commissions scolaires pour soutenir ces élèves qui ont besoin d'accompagnement pour les amener vers la réussite scolaire. Parce que, si on arrive au cégep, bien là, il est trop tard, là, les ressources au cégep... on en a échappé toute une gang avant qui était au niveau primaire, secondaire.
Alors, il faut agir dès maintenant. Et moi, je demande immédiatement à la ministre de l'Éducation de s'assurer de ces ressources-là en nombre suffisant. Et, malgré les annonces qui ont été faites l'année passée, les résultats ne sont pas au rendez-vous dans les commissions scolaires. Et nous, dans notre programme, au Parti québécois, il est extrêmement important, très clair, c'est surligné, là, que nous voulons augmenter les ressources professionnelles de ce type dans les commissions scolaires. Merci.

M. Lavallée (Jean-Luc): Quelques questions, je vais faire ça rapidement. Je comprends votre message. Concrètement, vous demandez qu'on ait plus de ressources. Mais encore, avez-vous chiffré le nombre de professionnels pour atteindre votre objectif?

M. Gaudreault: Bien, écoutez, moi, ce que je peux vous dire, c'est qu'en termes de chiffres, là, on voit qu'il y a une augmentation des TDAH chez les élèves, là, dans le réseau public. Juste pour vous donner une idée, en 1999-2000, il y avait 12,9 % d'élèves. Et aujourd'hui, en 2011, 2010-2011, on est rendus à 19,3 %. Peut-être que le processus de diagnostic aussi est plus efficace, là, tu sais.

Une voix: Les médecins, surtout.

M. Gaudreault: Mais, en termes de ressources, au printemps 2010, le gouvernement s'était entendu avec les syndicats pour l'ajout de 380 postes de professionnels. Mais du côté, par exemple, de la Fédération des professionnels de l'éducation du Québec, eux, ils évaluent à au moins un besoin de 1 300 professionnels manquants dans les écoles. Alors, vous voyez où est la marge, là.

M. Lavallée (Jean-Luc): En plus des 380 ou au total?

M. Gaudreault: Au total, ils ont besoin de 1 300 professionnels dans les écoles.

M. Lavallée (Jean-Luc): Et, sur ce nombre-là, combien ont été comblés...

M. Gaudreault: Bien là, écoutez, l'entente avec le gouvernement, c'était 380, mais même ces postes-là n'arrivent pas présentement dans les commissions scolaires. Alors, les commissions scolaires attendent, puis il n'y a pas suffisamment d'embauches malgré l'entente qui avait été conclue avec le gouvernement.
Alors, vous voyez qu'on est doublement en déficit, c'est le cas de le dire, mais là, en déficit de professionnels et non pas en déficit d'attention. Alors, il faut absolument accroître les ressources professionnelles dans les écoles.

Mme Lemaire (Marie-Michèle): Vous savez, hein, quand on parle de psychologues, les gens qui... on revient à l'équité à tous les traitements. Les gens qui ont une assurance privée ont la chance de pouvoir aller voir un psychologue. Ils ont huit, 10 rencontres. Et c'est une chance parce qu'à ce moment-là, si on détecte un enfant, si, au niveau du dépistage, cet enfant-là a la chance que ses parents aient une assurance privée, à ce moment-là, il peut avoir tout de suite accès à un psychologue. Si l'enfant est en milieu scolaire et ses parents n'ont pas d'assurance privée, ce que ça fait, c'est qu'avant que son dossier arrive au psychologue ou au psychoéducateur, on est peut-être rendus en février. Une fois qu'on est rendus en février, que tout le monde a rempli les petits tests, à ce moment-là, ce que ça fait, c'est quand est-ce qu'après on voit un médecin? À l'automne d'après? Ça veut dire qu'on vient de manquer une année scolaire pour ce petit coco là.

M. Lavallée (Jean-Luc): Pourriez-vous me donner succinctement, là, quelques exemples dans votre quotidien? Vous dites que vous avez quatre enfants, là, je ne sais pas combien ont...

Mme Lemaire (Marie-Michèle): Deux qui ont un TDAH, oui.

M. Lavallée (Jean-Luc): Donc, des exemples dans votre quotidien de votre vie difficile à ce niveau-là.

Mme Lemaire (Marie-Michèle): Bien, écoutez, mon... c'est ça. Mon grand garçon Tommy est rendu à 18 ans, et on sait que, rendu à 18 ans, on ne peut plus être responsables, hein? Bien non, on reste responsables, mais on ne peut plus lui dire: Bien, écoute, Tom, prends ta médication, ou prends tes traitements, ou va voir un psychologue. C'est certain que c'est, comment vous dire, c'est sûr que, rendus à 18 ans, nos ados, qui restent souvent un petit peu plus immatures parce qu'ils ont un déficit de l'attention, ils sont laissés à eux autres mêmes. Ils sont suivis par des bons pédiatres, ils sont suivis par des bons pédopsychiatres, et là, tout d'un coup, ils tombent comme ça sans services parce qu'ils arrivent à leurs 18 ans. Qu'est-ce qu'on fait avec ces jeunes-là? Qu'est-ce qu'on leur dit?
L'autre chose, bon, là, tout à l'heure on a parlé d'équité, ces jeunes-là qui ont la chance d'avoir une assurance privée avec leurs parents et qui laissent l'école... et on le voit, tantôt on a parlé de réussite scolaire, mais on le voit, dans la vraie vie, du décrochage scolaire, ils se retrouvent sans assurance. Alors, ils ne peuvent pas continuer où ils sont, là, dans leur cheminement, là.

M. Lavallée (Jean-Luc): Une dernière. Croyez-vous réellement - peut-être... je ne sais pas à qui adresser ma question - mais croyez-vous réellement à l'impact d'une pétition? Parce que, par exemple dans le cas d'une enquête publique sur la construction, il y a des dizaines de pétitions qui ont été déposées ici même à l'Assemblée nationale. Bref...

M. Gaudreault: Bien, si je ne croyais pas à une pétition, je ne serais pas ici, là. Puis c'est un outil extrêmement important de mobilisation, parce que, quand on parle de 20 000 personnes, ça veut dire, il y a 20 000 personnes, ne serait-ce que ça là, qui ont pris conscience du problème puis de la problématique reliée à ça.
Et maintenant vous savez que les règles de l'Assemblée nationale font en sorte qu'on est obligés de traiter les pétitions. Alors là, maintenant, il est de notre devoir, nous, comme parlementaires d'assurer un suivi de ça pour avoir des réponses. Danielle.

Mme Doyer: Oui. Puis, moi, je pense qu'un gouvernement ou des gens comme même nous, les parlementaires, si nous avons accepté d'appuyer Mme Lemaire dans ses revendications, c'est parce qu'on y croit. On a des éléments de notre programme qui illustrent que nous y croyons. Et, quand on va arriver au pouvoir, il faut aussi être responsables puis avoir un suivi de cet appui que nous donnons aujourd'hui. Le gouvernement libéral, effectivement, dans le dossier de la construction, a montré que des fois... Mais là il va être obligé de céder bientôt, je l'espère du moins, avec 80 % des gens qui poussent derrière.
Mais Mme Lemaire, avec 20 000 personnes qui ont signé, avec une incidence d'une personne sur 20, aujourd'hui, c'est un geste de conscientisation concernant cette problématique. Et tantôt, dans le corridor, elle a pu rencontrer le ministre Bolduc, parce qu'il y a quand même une composante médicale. Et, moi, je pense que c'est le réseau de la santé et des services sociaux et de l'éducation. Et, on n'en a pas beaucoup parlé, mais ces gens-là réclament aussi une table de concertation où les principaux concernés vont pouvoir se parler et devenir, je vous dirais, plus efficaces dans la gestion des solutions à ces problématiques qui font en sorte qu'on se prive de réussites avec des personnes qui ne le méritent pas, parce que, le déficit d'attention, on naît avec, et souvent il faut qu'on... on vit avec. Et, comme madame le disait, à 18 ans, effectivement, l'enfant, l'adulte, le jeune adulte est libre de prendre sa médication ou pas, donc c'est aussi un geste pédagogique. Mme Lemaire a fait un geste pédagogique aujourd'hui pour dire à l'ensemble des Québécois et Québécoises: Ce dossier-là, il est important, alors mettons les ressources suffisamment.

Des voix: Merci.

(Fin à 11 h 58)