(Huit heures quarante-cinq minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue au point de presse de l'opposition officielle, en
compagnie d'André Fortin, leader de notre formation politique, ainsi que M.
Carlos Leitão, porte-parole en matière de finances. M. Fortin, à vous la
parole.
M. Fortin : Merci. Merci,
François. Bonjour, tout le monde, et merci d'être là. On a deux sujets qu'on
aimerait aborder, d'entrée de jeu, avec vous ce matin.
D'abord, la question des primes aux
infirmières. Il y a quelque temps, le premier ministre nous a dit qu'il mettait
de l'avant une véritable révolution dans le milieu de la santé en offrant des
primes à l'attraction et à la rétention des infirmières dans le milieu de la
santé.
Au cours des dernières heures, on a appris
que ces primes-là étaient conditionnelles à ce qu'il n'y ait aucune absence
sans solde. Disons que, comme mesure d'attraction, comme mesure de rétention,
ça mérite d'être repensé. Des absences peuvent être totalement justifiées de la
part d'infirmières, de professionnels de la santé, que ce soit pour des raisons
familiales, que ce soit pour des raisons de décès dans la famille, que ce soit pour
de raisons médicales, que ce soit pour des raisons de santé mentale. De dire à
des infirmières : Vous allez aux funérailles de votre père, vous allez
faire un suivi de grossesse et vous allez perdre des primes qui vous ont été
offertes pour vous attirer dans le réseau. De dire à des infirmières :
Vous faites... vous refusez de faire un quart, deux quarts de temps
supplémentaire obligatoire, vous allez devoir rembourser ces primes-là,
honnêtement, c'est une politique qui doit être revue, là. C'est une politique
d'attraction... ça devait être une politique d'attraction. Aujourd'hui, on voit
que ça pourrait être beaucoup, beaucoup mieux ficelé de la part du
gouvernement.
Le deuxième sujet qu'on aimerait aborder,
c'est celui du coût de la vie. On le voit, là, le coût de la vie augmente de
façon fulgurante à plusieurs niveaux, que ce soit le coût de l'essence, que ce
soit le coût de l'épicerie, que ce soit le coût du logement, que ce soit les
tarifs d'Hydro-Québec, ce qui est entièrement de la juridiction gouvernementale.
Mardi, François Legault nous a dit dans son discours : Nous, ça nous
préoccupe, le coût de la vie. Bien, mercredi matin, son ministre a réaffirmé
qu'il ne toucherait pas à l'augmentation des tarifs d'Hydro-Québec.
Pour nous, le gouvernement, après avoir
proposé et adopté par bâillon son projet de loi sur les tarifs d'Hydro-Québec,
a une responsabilité ici parce qu'il a lié lui-même l'inflation aux tarifs
d'Hydro-Québec. Et l'inflation, là, vous le voyez ces jours-ci, elle n'est pas
à la veille de diminuer. Alors, je vais laisser mon... je vais permettre à mon
collègue de vous parler à ce sujet-là puisqu'il est, comme vous le savez, là,
un expert en la matière.
M. Leitão : Merci, André.
Alors, bonjour, tout le monde. Bon, tu as très bien résumé la situation. Le
coût de la vie est maintenant très élevé. Hier, on a appris 5,1 % taux
d'inflation au Québec, plus élevé, d'ailleurs, que chez nos voisins.
Et j'ai bien l'impression que cela va
continuer. Les économistes, vous allez réunir deux économistes, vous allez
avoir trois opinions différentes. Tout le monde parle d'un phénomène
transitoire, donc temporaire. Mais attention, le transitoire risque d'être pas
mal plus long que ce qu'on pense.
Et puis, s'il y a certains éléments que,
oui, bon, les choses finiront par se rétablir, les «microchips» dont on manque
maintenant beaucoup vont finir par être produits, les conteneurs dans les
navires, bon, ça finira par se régler aussi, mais il y a d'autres éléments dans
la poussée récente de l'inflation qui, quand même, me laissent assez préoccupé
quant à l'avenir. Ne serait-ce que, particulièrement au Québec, un facteur qui
est très québécois, c'est la pénurie de main-d'oeuvre, et donc, cela aussi
contribue ou peut contribuer à alimenter les pressions inflationnistes.
Donc, nous sommes dans un nouveau monde,
un nouveau monde où l'économie est pas mal différente de celle prépandémie et
où l'inflation qui n'est toujours pas facile à prévoir, là, maintenant, ça
devient vraiment, vraiment difficile à prévoir. Alors, dans un tel contexte, de
lier les tarifs d'hydroélectricité au taux d'inflation, ce n'était toujours pas
une bonne idée, et on l'avait dit en 2019, là. Maintenant, c'est encore pire.
Voilà, je resterais ici s'il y a des...
Le Modérateur
: On va
passer à la période de questions, s'il vous plaît.
M. Lacroix (Louis) : ...vous
qui êtes un spécialiste, là, vous avez été ministre des Finances, vous êtes
spécialiste d'économie, un économiste reconnu. Quand on voit ce qui s'est passé
au cours de la dernière année et demie, bon, évidemment, les finances publiques
sont minées par les investissements qu'on a faits pour combattre la pandémie,
les sommes d'argent très importantes qu'on doit mettre dans le réseau pour
payer davantage les infirmières, pour les attirer, les primes, etc. qu'on est
en train de mettre, on peut ajouter à ça ce qu'on a donné de façon
supplémentaire également aux PAB, qu'on a donné aux enseignants, etc., est-ce
que c'est possible de continuer à gérer les finances sans augmentation des
impôts? Parce que je veux bien croire, là, qu'on veut aller chercher davantage d'argent,
notamment pour le système de santé, dans les transferts avec Ottawa, mais vous
avez joué dans ce club-là, puis vous savez qu'on n'aura pas ce qu'on demande.
Alors, est-ce que c'est possible de ne pas augmenter les impôts et de continuer
à investir de la façon dont on le fait?
M. Leitão : Je vous dirais
deux choses. D'abord, au Québec, on avait une très bonne marge de manoeuvre
quand la pandémie a éclaté et qu'on a eu tous ces ajustements qu'on a dû faire,
les dépenses publiques énormes qu'on a dû absorber. Vous vous rappellerez peut-être
que, dans le budget de mars 2020, juste avant le budget, moi, j'avais dit, ici
ou là-bas, j'avais dit : Écoutez, pour la santé, «whatever it takes».
Donc, on avait les marges de manoeuvre.
Je pense qu'on les a encore un peu de ces marges
de manoeuvre là grâce en grande partie aux transferts fédéraux. Je pense que M. Legault
devrait avoir... même s'il trouve que le gouvernement fédéral est un gouvernement
dangereux, il devrait quand même se garder une petite gêne. D'ailleurs, il le
répète souvent à l'Assemblée nationale, x millions du fédéral pour ci et
pour ça. Donc, les transferts fédéraux ont vraiment absorbé aussi une bonne
partie de ces coûts.
Mais là, pour répondre à votre question,
là, quand on regarde maintenant l'avenir, bon, on ne peut pas continuer dans
cette même direction là. C'est pour ça que j'ai très hâte à la mise à jour
économique qui s'en vient dans quelques semaines, pour que le gouvernement mette
à jour son cadre financier à moyen terme. Parce que, oui, comme vous, je suis
très curieux de voir comment ils vont gérer cette situation-là.
M. Lacroix (Louis) :
Juste pour bien comprendre, là, vous dites : On ne peut pas continuer
comme ça. Est-ce qu'à votre avis il va falloir éventuellement qu'on augmente
les impôts pour être capables de ramener du nouvel argent dans le système?
Est-ce que c'est ça que vous dites?
M. Leitão : Il va falloir
qu'on choisisse. Il va falloir que l'État choisisse quelles sont ses priorités,
pas que l'État choisisse où mettre... où dépenser la plupart... la vaste
majorité de cette marge de manoeuvre, qu'il a toujours. Est-ce que c'est la
santé et l'éducation? Si c'est ça, «fine», on peut en discuter, mais alors qu'est-ce
qui se passe avec tout le reste de l'appareil étatique? C'est ça, la...
Excusez-moi?
M. Lachance (Nicolas) :
Ça serait quoi, votre priorité, on est à un an des élections? Ça serait quoi?
M. Leitão : Je ne suis
pas au gouvernement maintenant. C'est à eux à...
M. Lachance (Nicolas) :
...demander le pouvoir dans un an?
M. Leitão : C'est ça. Et,
dans ce contexte-là, dans ce contexte-là... parce qu'il ne faut pas non plus...
vous comprendrez... Vous m'excuserez, je ne vais pas commencer à dévoiler non
plus quelle est notre plateforme un an avant l'élection. On va quand même...
Mais l'État doit être capable de choisir.
Et, pour choisir, l'État doit se donner quelques priorités, deux, trois. On ne
peut pas avoir 10 000 priorités, là, ça ne marche pas. Donc, on doit
choisir quelles sont nos priorités et les montants substantiels qu'on doit
investir dans ces priorités-là.
Pour le reste, il va falloir que l'État
s'ajuste, il va falloir que... Est-ce qu'il faut chercher de nouvelles sources
de revenus? Moi, je pense, ce n'est pas nécessairement la chose à faire. Je ne
pense pas que ça soit nécessairement souhaitable. Ce n'est pas souhaitable du
tout d'augmenter davantage le fardeau fiscal des Québécois. Alors, il faut
aller chercher d'autres types de revenus. Comment? Il faut que la croissance
économique soit au rendez-vous. Pour que la croissance économique soit au
rendez-vous, il y a toute une série de facteurs, dont la main-d'oeuvre.
Mme Prince (Véronique) :
Mais, M. Leitão, vous parlez d'un nouveau cycle, de nouvelle économie, et
tout ça. Ça ne vous donne pas le goût de retourner dans le secteur financier,
vous?
M. Leitão : Je suis très
bien à l'Assemblée nationale. Écoutez, je savais dans quoi je m'embarquais en
2014. Je suis très content du choix que j'ai fait en 2014. Et je suis toujours
là.
Mme Prince (Véronique) :
Allez-vous faire le même choix cette année... bien, en 2022?
M. Leitão : Regardez,
vous m'avez déjà... je pense, c'est trois ou quatre fois, vous m'avez envoyé à
Ottawa. Je suis toujours là. Je suis toujours là. Juste entre nous. Juste entre
nous.
M. Laforest (Alain) : ...vous
dites vous restez ou je pars... Ça peut se régler ce matin...
M. Leitão : Et je pense
que vous allez poser la question souvent.
M. Laforest (Alain) : Vous
restez ou vous partez?
M. Leitão : Vous allez
poser la question souvent. Ce n'est pas pertinent.
Mme Prince (Véronique) :
Vous seriez plus utile dans le secteur financier, compte tenu, justement, du
fait qu'on est dans une économie...
M. Leitão : Moi, je suis
très utile à l'Assemblée nationale. Et c'est là où je vais rester jusqu'au
moment où je ne resterai plus.
M. Lecavalier (Charles) : Sur
la poussée inflationniste, sur le coût de la vie, M. Legault, hier, a dit
que sa solution pour les Québécois qui sont aux prises avec des factures plus
élevées pour l'épicerie, pour le logement, c'est de remettre davantage d'argent
dans leurs poches, là, je le cite. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui que
la solution passe par une baisse… en tout cas, je ne sais pas exactement
comment il le voit dans sa tête, mais par, disons, une marge de manoeuvre
financière plus importante pour les citoyens?
M. Leitão : Comme j'ai dit
tantôt, je pense que d'augmenter le fardeau fiscal, on ne va pas faire ça. On
est déjà trop… très… trop taxé. On ne va pas faire ça. Est-ce qu'on veut
réduire davantage ce fardeau fiscal? Il faut faire attention. Est-ce que l'État
peut vraiment se priver de revenus? Moi, je ne suis pas sûr de cela. Ça ne veut
pas dire que l'État ne devrait pas penser à des moyens de soutenir les
personnes, surtout celles à plus bas revenu, qui sont vraiment celles qui sont
frappées de plein fouet par l'augmentation du coût de la vie. Ce sont les personnes
avec les salaires le plus bas, les plus précaires, qui, vraiment, avec 5 %
d'augmentation, l'inflation, là, c'est elles qui souffrent le plus. Donc, à mon
avis, l'État devrait repenser sa politique sociale pour mieux cibler son aide,
qui est déjà substantielle, vers les personnes qui en ont vraiment besoin.
Alors, on voit un peu en Europe certains exemples de cela, soit du gouvernement
français, que ce soit au gouvernement portugais qui a ajouté des choses
semblables. Ou des paiements directs aux citoyens, ciblés. Ce n'est pas
nécessairement des montants très élevés, mais… un 50 $ par…
M. Lecavalier (Charles) :
Mais je comprends que le Parti libéral s'opposerait à une baisse d'impôt par…
M. Leitão : L'impôt sur le revenu,
je ne pense pas que ce soit nécessaire de le baisser. Je ne veux pas
l'augmenter, mais ce ne serait pas nécessaire, non plus, de le baisser.
M. Lacroix (Louis) : Mais, en
2014, c'est ça que vous aviez fait, quand vous étiez ministre des Finances, de
faire des choix dans… des choix financiers. Puis ça n'a pas été très populaire
sur le plan politique.
M. Leitão : Mais ça…
l'histoire jugera de cela, M. Lacroix. Le… mais les choix ont été faits.
Donc, il fallait faire des choix. On a fait les choix. Je dirai seulement ceci :
D'abord, je suis toujours… les choix qu'on a faits, on les a faits, là, je ne
peux pas me défiler de ça. Mais on a fait exactement ce qu'on a dit qu'on
allait faire. Ce n'est pas… ça n'aurait pas dû être une surprise pour personne
ce qu'on a fait en 2014-2015. On avait dit exactement ce qu'on a fait.
M. Lachance (Nicolas) :
…rebondir là-dessus. Vous dites : Il faudrait que le gouvernement fasse
deux ou trois choix principaux. Ça veut dire c'est quoi pour le reste? Ça
serait l'austérité pour les autres?
M. Leitão : Pour le reste, il
faudra s'ajuster. Il faudra voir comment… quelle est la meilleure façon de
livrer le soutien aux citoyens. Comme je vous ai dit, je pense que des… par
exemple, un exemple, je n'ai pas réfléchi ça avec mes collègues, donc ça sort
comme ça, mais ça va. Au Québec, nous avons le crédit d'impôt solidarité. C'est
un héritage libéral. Un gouvernement libéral qui l'avait fait avant. Et qui,
vraiment, est une méthode, à mon avis, très efficace, de transférer des fonds
aux familles qui en ont plus besoin. Est-ce qu'on pourrait, par exemple, regarder
de bonifier le CIS, le crédit d'impôt solidarité? Moi, je pense que oui. Pour
le reste des choses, il va falloir que l'État prenne ses décisions quant au
reste de la machinerie gouvernementale.
M. Lacroix (Louis) : Il va
faire un peu ce que vous aviez fait en 2014. C'était une erreur, vous pensez,
en 2014?
M. Leitão : Non, non, non, pas
une erreur, la situation est très différente. En 2014, quand nous avons pris le
pouvoir, on avait un déficit élevé et non seulement… O.K. On ne va pas refaire
l'histoire, là, mais si on a le temps, mais le déficit s'en allait en
augmentant. Donc, en politique fiscale, le seul atout qu'un État a, c'est sa
crédibilité de faire ce que tu as dit que tu vas aller faire, et c'est
exactement ce qu'on a fait en 2014. Il fallait maintenir notre crédibilité pour
garder notre cote de crédit, pour pouvoir continuer à avoir accès aux marchés
financiers, ce qui s'est passé. Un jour, l'histoire, là, on se parlera, M.
Lacroix, autour d'un café, je vous parlerai des coups de téléphone que j'ai dû
faire, en 2014, avec nos amis des agences de crédit parce qu'ils voulaient
vraiment nous décoter.
Donc, la situation, aujourd'hui, on n'est
pas dans ces zones-là, aujourd'hui, on a des marges de manoeuvre, la dette a
beaucoup baissé. Donc, le gouvernement, maintenant, n'a pas besoin de prendre
les mesures que nous avons prises en 2014.
Le Modérateur
: Une
dernière en français, s'il vous plaît.
M. Laforest (Alain) :
…j'aimerais ça vous entendre là-dessus… est-ce que vous avez l'impression qu'on
va avoir une image un peu… et aller directement…
M. Fortin :
Bien, je trouve que votre image est un peu forte, là, honnêtement, mais pour…
mettez-vous dans la peau d'une infirmière deux secondes, là. Elle s'est fait
recruter, on l'a appelé, on lui a demandé si elle voulait revenir dans le
réseau de la santé, on lui a dit : Si tu reviens, tu vas avoir une prime
de 12 000 $, 15 000 $, 18 000 $. Elle a dit :
Bonne idée, je vais embarquer, je vais me prêter à l'exercice. Je vais changer
ma profession, mon occupation, je vais revenir à la profession d'infirmière, je
vais revenir au réseau public. Et là elle apprend, quelques semaines plus tard,
que tout ça est conditionnel au fait qu'elle ne peut pas avoir un suivi de
grossesse, qu'elle ne peut pas s'absenter pour des raisons familiales, des
raisons de santé mentale, des raisons tout à fait légitimes pour quelques
journées. Moi, je me poserais des questions par rapport à la sincérité du
gouvernement à vraiment attirer davantage de professionnelles.
On le sait, je pense, tout le monde le
sait qu'on en a besoin, mais aujourd'hui, en 2021, on ne peut pas traiter des
employés comme ça, on doit les traiter avec respect, on doit les traiter avec
honnêteté. On doit leur expliquer exactement les conditions de travail qu'elles
vont avoir. Et le gouvernement, il y a matière à se poser la question :
Est-ce qu'ils ont été complètement honnêtes avec les infirmières qui ont déjà
signé en bas de la page?
Des voix
: …
Mme Prince (Véronique) : C'est
un cadeau empoisonné, dans le fond? C'est ça?
M. Fortin :
Je pense que le gouvernement a besoin de revoir cette politique-là. Tous les
employeurs au Québec ont une obligation de traiter les employés avec respect,
tous les employeurs au Québec ont une obligation d'offrir des congés sans solde
pour des raisons qui sont tout à fait valables, comme l'absence pour des
raisons de décès familial, comme les suivis de grossesse. Le gouvernement a la
même obligation envers ses professionnelles de la santé. Et si la priorité
numéro un du gouvernement, comme il nous l'a dit dans son discours, l'autre
jour, M. Legault nous a dit essentiellement que sa première priorité,
c'était de ramener des professionnelles vers le réseau public, bien, on doit
avoir des meilleures conditions de travail que celles qui sont ce matin dans le
journal.
Le Modérateur
: On va
devoir passer en anglais, s'il vous plaît.
M. Lachance (Nicolas) : …la
police de Montréal serait intervenue auprès de la mafia, ça fait que de leur
demander de l'aide pour régler les problèmes de violence dans les rues de
Montréal, baisser la tension. Qu'est-ce que vous pensez de ça, que la police
demande l'aide de la mafia?
M. Fortin :
C'est peut-être particulier. Mais de faire un appel à l'ensemble des citoyens,
de faire un appel à l'ensemble des acteurs à Montréal, je pense que tout le
monde doit prendre conscience du fait que les Montréalais sont inquiets de leur
sécurité ces jours-ci. Mon collègue Frantz Benjamin a fait état d'une fusillade
à quelques maisons de chez lui. Alors, il y a une véritable inquiétude dans la
population, de relayer cette inquiétude-là à tout le monde, de s'assurer que
tout le monde en fait le maximum… Moi, je n'ai aucun problème avec le fait que
la police de Montréal demande à tout le monde de faire attention ces jours-ci,
de faire…
Journaliste
: Même à la
mafia, là?
M. Fortin :Mais peu importe de qui il s'agit, là, il doit y avoir une
conscience envers la sécurité du public, ces jours-ci. Je pense que c'est le
devoir de tout le monde, qu'on soit un policier, qu'on soit au gouvernement,
qu'on soit impliqué dans des situations comme celle-là ou autre, tout le monde
a un devoir parce qu'il y a des Montréalais qui ne se sentent pas en sécurité
chez eux en ce moment.
Le Modérateur
: Merci.
Il faut absolument…
Mme Prince (Véronique) : …peut-être
une dernière sur les garderies. Aujourd'hui, le gouvernement veut annoncer
37 000 places. Je sais que vous n'êtes pas le porte-parole, là, mais
est-ce que, dans les conditions actuelles, c'est réaliste de penser qu'on
aurait la création de 37 000 places rapidement?
M. Fortin :
Moi, j'ai entendu le ministre de la Famille au cours des dernières années nous
promettre des milliers de places en début de mandat, ce n'est jamais arrivé, je
l'ai entendu, à la mi-mandat, nous promettre des milliers de places, ce n'est
jamais arrivé. Aujourd'hui, il nous promet 37 000 places, je pense
que le fardeau de la preuve est sur lui.
Le Modérateur
: En
anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay (Cathy) : I would like to go in that direction too for my first question.
With this announcement of a bill and an action plan, that should be, according
to the CAQ, the most important reorganization of day care services since the
creation of CPEs in the 1990s. So, what are your expectations? Because you
wanted the law to make it obligatory, mandatory to
offer like a single rate for all parent's day care services.
M. Fortin : Yes. We'll take a look at the bill we'll have to see exactly what's
in the bill and how the Government is approaching this whole thing. But the CAQ's track record on
creating day care spaces right now, it is quite meager, to be honest with you.
The Minister of Family Affairs, at the beginning of his mandate, promised to
create thousands and thousands of day care spots and he failed at it. At
mid-mandate he said : Well, I didn't really understand the network, now I
get a better idea of how it works. I'm going to create thousands and thousands
of day care spots. He still hasn't done that, now he's promising to do it
again. I think the onus is on him to prove to Quebeckers that he can do that with the very limited time he has left.
Mme Senay (Cathy) : How can we get there? I mean, like, there's such an important
shortage of educators, so even though they want to create that many spaces.
M. Fortin : Well, that's the thing with every Government
announcement these days. Whether it's on health care, like the Parti québécois
did this morning, whether it's on daycare services, the Government cannot
simply say : I'm going to invest money and it's going to work. The
paradigm is different, the paradigm has shifted now. You have to come up with a
very viable strategy on how to attract human resources, whether it's a day care
network or anywhere else. So, until we see an HR strategy, an attraction
strategy for professionals in the daycare system, there are still going to be
questions as to whether his plan can work. And it's the exact same thing the
Government is doing with health care this morning.
When you have a strategy
to bring back health care professionals, but all the sudden you start imposing
conditions left, right and centre, they start realizing that maybe it's not
what they signed on for, it's not going to be as productive or as useful as it
should be. We want the Government to succeed in this, but they need a true HR
strategy behind any investment that they're making these days.
Mme Fletcher (Raquel) : Just to make sure that I understand that correctly, are you saying
because there are so many open jobs that, you know, people can kind of go
wherever they want, that that's why the paradigm is changing, they're choosing
where the best conditions are being offered?
M. Fortin :
I'm going to give you a very specific example. Minister Carmant announced a few
weeks or a while back $100 million dollars for mental health services.
Now, we're realizing that there's only about 1 500 Quebeckers who had
access to those mental health resources. You can announce all the money you
want these days, but if you do not have a very specific plan on attraction and
retention of human resources, you will not be able to spend that money. So, any
investment that's made has to come with a human resources strategy, or else
it's a very perilous exercise with very little chance of succeeding. It's...
We're not in the world of five, 10 years ago, where you could simply say :
Here, I'm putting additional money on health care, I'm putting additional money
on day care, I'm putting additional money on education.
It has to come with a human resource strategy, and I don't think the Government has quite realized that up to
this point in many of its announcements.
Mme MacKenzie (Angela) : I just wanted to ask you also about Romane Bonnier she still being killed the other day, and
we now know it was a femicide. When you found that out, what went through your
mind?
M. Fortin : Every time we hear about a feminicide in Québec, it pulls at our
heartstrings. It's something that the Government has know for a while, obviously all year... this year... it is a
major issue. It is a reminder that we do need to invest and have the
appropriate resources for women to turn towards. But I think, like every Quebecker, when you hear of an additional
feminicide, you try to think : Could it have been prevented? Could the Government have done more? What's the
resources that this person could have used, should have used, should have been
made available to them? I think those are the questions a lot of people are
asking this morning.
Mme MacKenzie (Angela) : Is there anything else you would like to see happen at the Government level? Because there have been a
number of announcements this year...
M. Fortin : It think it's a sense of urgency around it that to me needs to be
adjusted from the Government.
It took weeks, and weeks, and weeks to get the Government to... or months and months for Government to come up with its strategy on additional spaces for women
shelters. It took months and months. And, even during their budget, the Finance
Minister said : Well, I was... never really had any representation on
this. If it's an issue, we'll do more.
I think what's really
lacking from Government is the
sense of urgency, because there are women who are suffering and who don't know
where to turn. There are women who are in unsafe places and who don't have the
resources in their community, or the resources are full right now. So, really,
what I'd like to see is a sense of urgency and a sense of : We'll do
everything we can as quickly as we can so that those resources are available.
Le Modérateur
:Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 8)