(Dix heures trente minutes)
Mme Anglade : Alors, bonjour, tout
le monde. Bien contente de me retrouver ici, parmi vous, avec ma collègue
Marwah Rizqy ce matin.
La semaine dernière, nous avons eu droit à
une série d'opérations qu'on va qualifier d'opération marketing, en fait, un
show de boucane pour véritablement cacher ce qui se passe sur le terrain. Ce
qui se passe sur le terrain, c'est que ça craque de partout, ça craque dans
notre système d'éducation, ça craque en matière de santé. On n'a rien qu'à voir
en matière de santé toute la réorganisation, la réorganisation qui est, en
fait, une série de fermetures. On a vu des fermetures, on a beaucoup parlé de
Senneterre, mais il y a aussi Coaticook, il y a aussi Port-Cartier. Plus
récemment, aujourd'hui, on apprend qu'il y a une fermeture à l'Hôpital de
Lachine qui touche directement des personnes vulnérables, l'urgence de Lachine
qui est fermée. Alors, tout ça, ça a des répercussions énormes sur la population.
On voit également la même chose lorsqu'on
nous a présenté la réforme du droit de la famille. Ce que l'on constate là-dedans,
c'est qu'il y a véritablement un recul important pour toutes les personnes
trans. Même les personnes trans qualifient eux-mêmes le projet de loi de
transphobe. Alors, on se rend compte à quel point il y a un travail de fond qui
n'a pas été fait, qui représente un recul pour cette communauté mais pour les Québécois
de manière plus large.
Finalement, en matière d'éducation, on a
parlé du remplacement du cours ECR. On voit déjà qu'au sein du comité qui était
supposé revoir le cours, il y a un malaise qui s'est installé. Mais je vous
dirais que, de manière encore plus importante, ce que l'on constate, c'est qu'il
y a des taux de décrochage qui sont passés du simple au double dans plusieurs
régions du Québec. On se rend compte qu'il y a 4 000 enseignants qui sont
légalement non qualifiés pour enseigner, avec beaucoup d'enjeux, puisqu'il y a
une pénurie au niveau des orthopédagogues et des orthophonistes dans nos écoles.
Donc, réellement, ça craque également dans nos écoles, et ça, on ne nous parle
pas de ces enjeux-là.
Finalement, je vous dirais que pour régler
les enjeux du terrain, ça prend vraiment plus que des lignes de com, et le
gouvernement de la CAQ continue à maintenir des lignes de com comme si ça
venait régler les enjeux sur le terrain, et ce n'est pas le cas.
Vous allez me permettre de céder la parole
à ma collègue Marwah Rizqy pour quelques mots en matière d'éducation.
Mme Rizqy : Merci, cheffe.
Alors, vous êtes plusieurs à m'avoir appelée, depuis dimanche, par rapport au
cours ECR, et plusieurs enseignants aussi, vous m'avez communiqué votre malaise
ainsi que ceux qui sont appelés à faire la révision. Je trouve très particulier
que... une annonce aussi importante en éducation, qu'on n'arrête pas de dire
qu'on veut valoriser les enseignants, qu'il n'y avait aucun enseignant de
présent, ni une personne membre de l'association québécoise d'éthique et de culture
religieuse à cet important point de presse, ni même une personne qui est membre
du comité de révision.
Aujourd'hui, en lisant Le Devoir,
je comprends pourquoi, c'est que tout le monde fait face à un malaise présentement,
parce qu'il y a eu, semble-t-il, beaucoup de pression politique. Je rappelle qu'on
a sorti, il y a plusieurs années, la religion de nos écoles, ce n'est
certainement pas pour faire entrer la politique partisane dans nos écoles.
Alors, vous comprendrez que, lorsque je vois une vidéo de neuf ministres
faire la promotion d'un cours et qu'une vice-première ministre parle même
d'ajouter une dose de chauvinisme, j'espère que le gouvernement comprend
l'importance de laisser l'éducation libre de toute partisanerie.
Vous m'avez aussi contactée parce qu'il y
a des vrais enjeux, et les enjeux que ma cheffe m'a demandé d'adresser sont les
suivants. Premièrement, il y a une pénurie, une vraie pénurie d'enseignants. Et
là ça fait en sorte que... on le voit ici, là, le tableau, il parle de lui-même,
c'est dans Le Journal de Montréal, Journal de Québec, le
dimanche, le nombre d'enseignants non légalement qualifiés a explosé sous la
CAQ.
Le gouvernement de la CAQ a fait une très
mauvaise gestion en éducation durant la pandémie. Mais en ce moment, il y a une
épidémie qui sévit au Québec dans l'éducation, l'épidémie de décrocheurs. Nos
jeunes, ça a doublé, le nombre de décrocheurs, dans plusieurs régions du
Québec. Nos enseignants qui décrochent, ça aussi, ça a augmenté. Les directions
d'écoles qui décrochent, ça aussi, ça a augmenté.
L'heure est au redressement en éducation,
il faut donner un coup de barre, et ça va prendre du leadership et quelqu'un
qui a encore une crédibilité pour rassembler tout le monde, parce qu'on doit
vraiment faire beaucoup mieux pour tous les jeunes du Québec. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
On va passer à la période de questions et réponses.
M. Denis (Maxime) : À quel
point il y a de l'ingérence politique dans ce cours-là, justement, de la part
de la CAQ? Quand certains accusent les libéraux d'avoir vanté le
multiculturalisme dans le cours ECR, à l'époque, là-dessus, qu'est-ce que vous
répondez?
Mme Anglade : Moi, je regarde
la situation actuelle. Et vous savez, moi, j'ai trois enfants qui suivent
les cours d'ECR. Donc, ce n'est pas qu'on a une opposition par rapport à la
modernisation puis changer ce cours, c'est la manière dont c'est fait. Lorsque
l'on voit neuf ministres qui se présentent pour parler de ce cours alors
qu'on sent que… on apprend après, par la suite, qu'il y a des gens qui ont un
malaise avec ça, qu'il y a des gens qui ne se sentent pas… qui sentent qu'on
essaie de politiser le débat, je pense qu'il faut faire attention. Et je pense
surtout qu'il faut parler des enjeux en matière d'éducation aujourd'hui, là, les
enjeux qui préoccupent les parents aujourd'hui, qui sont le décrochage
scolaire, qui sont le fait qu'il y a des enseignants qui ne soient pas… qu'on n'ait
pas suffisamment d'enseignants, le fait qu'il manque d'orthopédagogues. Là, ce
sont les véritables enjeux. Je ne sais pas si, Marwah, tu veux commenter
particulièrement.
Mme Rizqy : Bien, à quel point,
la réponse est très claire, lorsqu'on lit l'article de Marco Fortier dans Le Devoir.
Mme Corriveau siégeait au comité de révision, elle le présidait, elle
était dans le comité de validation. Ce comité s'est réuni au mois de mai, et,
quelques semaines plus tard, elle démissionnait. Et là, ce qu'on comprend...
qu'elle avait un malaise parce qu'elle sentait la pression politique. Et, pour
avoir parlé avec d'autres personnes qui sont au coeur de cette réforme, ce
malaise est partagé par plusieurs d'entre eux.
Mme Côté (Claudie) : Sur les
médecins de famille, les omnipraticiens, est-ce qu'il n'y a pas assez de
médecins ou les médecins ne travaillent pas assez?
Mme Anglade : On va faire un
petit recul sur la question des médecins de famille. Premièrement, jamais qu'on
ne s'est retrouvé dans une situation comme celle-là. Le nombre de personnes qui
n'ont pas accès à un médecin de famille a doublé sous la CAQ. On est rendu à
830 000 personnes qui n'ont pas accès à un médecin de famille. Maintenant,
ce qu'il faut faire, c'est mettre tous les moyens en place pour faire en sorte
que ce chiffre-là puisse descendre puis qu'on puisse répondre aux besoins de la
population.
Mme Côté (Claudie) : …la loi
n° 20, mettre tous les moyens en place?
Mme Anglade : Tous les moyens
en place, c'est au gouvernement à regarder la manière dont il veut procéder.
Pendant trois ans, on a mentionné qu'il y avait des enjeux pour la liste
des médecins de famille, je me suis levée au salon bleu pour poser la question
au premier ministre et lui demander ce qui se passait.
M. Robitaille (Antoine) :
Mais êtes-vous favorable à une pénalité salariale pour les médecins qui ne
prennent pas assez de patients?
Mme Anglade : Moi, ce que je
veux voir présentement, c'est que le gouvernement trouve les mécanismes,
s'assoie à la table avec toutes les personnes concernées pour trouver les
véritables solutions.
M. Robitaille (Antoine) : Est-ce
que des pénalités salariales vous trouvez ça acceptable?
Mme Anglade : Tout peut être
sur la table. Ce que je veux voir de la part du gouvernement, c'est comment
est-ce qu'il va faire en sorte que les 830 000 patients qui n'ont pas
accès à un médecin de famille puissent avoir accès à un médecin de famille.
M. Robitaille (Antoine) : Est-ce
que vous êtes d'accord avec les quotas de patients pour les médecins de
famille?
Mme Anglade : Encore une fois,
ce que je veux voir de la part du gouvernement, c'est un gouvernement qui prend
ses responsabilités. Ça fait trois ans que ce problème-là perdure, il n'y
a pas eu d'action de la part du gouvernement. On attend jusqu'à la dernière
minute pour essayer de trouver des solutions. On a posé des questions...
M. Robillard (Alexandre) : 500 patients
par médecin, est-ce que c'est assez, ça?
Mme Anglade : Encore une fois,
ce que je veux voir de la part du gouvernement, c'est le plan de match qui va
faire en sorte que toutes les personnes vont être prises en charge. Donc,
est-ce que ça veut dire augmenter le nombre de médecins? Est-ce que ça veut
dire augmenter la prise en charge? Toutes ces…
M. Robillard (Alexandre) :
…500 patients, est-ce que c'est assez?
Mme Anglade : Ça dépend des
cas. Ça dépend des cas. Ce que je veux voir de la part du gouvernement, c'est
réellement, c'est quoi, leur plan de match. Le gouvernement nous a habitués à
faire de fausses promesses sur lesquelles ils ne sont pas capables de livrer la
marchandise, on l'a vu en matière des infirmières, on l'a vu en matière de
vaccination obligatoire. Aujourd'hui, pour la prise en charge des patients, ce
que l'on veut voir, c'est le plan de match détaillé pour livrer la marchandise.
M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce
qu'il faut utiliser les moyens coercitifs fournis par le Dr Barrette dans
le projet de loi n° 20? Rendu où on en est, là, est-ce qu'il faut utiliser
cet outil-là?
Mme Anglade : Toutes les
options devraient être considérées. Ce que je dis, par contre, c'est que c'est
la CAQ qui doit faire la démonstration des options qui sont sur la table
aujourd'hui. Ce n'est pas…
Mme Gamache (Valérie) :
…gouvernement libéral dirigeait aujourd'hui, est-ce que l'application de la loi
n° 20, est-ce que les quotas, est-ce que tout ça, ce ne serait pas votre
plan de match? Si Marie Montpetit, par exemple, était ministre…
Mme Anglade : Si le
gouvernement avait été au pouvoir, ça fait longtemps qu'on aurait parlé de
toutes les pénuries qu'on a en matière de main-d'oeuvre, puis ça fait trois ans
qu'on en parle et qu'il n'y a rien qui se fait là-dedans. Ça fait longtemps
qu'on aurait dit : Il faut combler des places au niveau des médecins. Ça
fait longtemps...
Mme Gamache (Valérie) : Je
comprends que ça fait longtemps, mais ce serait par quel moyen? Est-ce que ce
serait par des pénalités?
Mme Anglade : S'asseoir avec
l'ensemble des gens et trouver des options concrètes sur la table. Est-ce que
ça peut passer par ça? Oui, ça peut passer par ça. Mais, encore une fois, la
CAQ nous a habitués à de fausses promesses, ils nous disent : On va
appliquer telle règle puis ça va régler le problème, et ça n'a pas marché parce
que, dans l'exécution, on n'y arrive pas.
M. Robitaille (Antoine) : M. Barrette,
il s'est assis avec M. Godin, puis il n'y a pas eu de résultat. C'est le premier
ministre qui a dit : N'applique pas ta loi, assieds-toi avec les médecins.
Il s'est assis. Résultat, bien, on n'est pas à 80 % comme on l'avait
promis.
Mme Anglade : C'est la CAQ qui
est responsable de la situation actuelle aujourd'hui.
M. Robitaille (Antoine) :
Oui, mais vous êtes le gouvernement en attente, non?
Mme Anglade : Alors, ce qu'on
dit, ce qu'on aurait fait différemment... C'est parce que la CAQ attend à la
dernière minute, encore une fois, ils attendent à la dernière minute pour faire
en sorte que... ils ont un problème à régler. Je vous rappelle que, il n'y a
pas plus tard qu'il y a deux mois, ici, au salon bleu, j'ai posé la question au
premier ministre : Il n'y en a pas, d'enjeux? Il m'a dit : En fait,
on a plus de personnes qui ont accès à un médecin de famille aujourd'hui. Ça a
été ça, la réponse du premier ministre.
Alors, on attend, on attend, on attend
puis, quand arrive le problème, on dit : Ah! bien là, il va falloir
trouver une solution. Ce que je demande, dans la solution qui va être mise de
l'avant par le gouvernement, c'est qu'ils soient capables de faire la
démonstration qu'ils vont rencontrer les objectifs de réduction du nombre de
patients.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que les médecins ont leur part de responsabilité là-dedans? Parce que,
là, vous dites : C'est le rôle du gouvernement de régler. Mais, à votre
avis, est-ce que les médecins ont une part de responsabilité dans la situation
actuelle?
Mme Anglade : Quand on est
rendu à 830 000 personnes en attente, tout le monde a une part de responsabilité,
je vous dirais, puis c'est pour ça que tout le monde doit être autour de la
table.
M. Bergeron (Patrice) : Quand
vous dites que tous les moyens doivent être examinés, est-ce qu'on ne devrait
pas augmenter davantage encore la rémunération des médecins omnipraticiens?
Mme Anglade : Je ne pense pas
qu'on irait dans cette direction-là, là, je ne pense pas que ce soit la
direction qui soit envisagée présentement. Vous voyez la situation des finances
publiques au Québec, vous voyez les enjeux des personnes... des infirmières,
des préposés aux bénéficiaires, des éducatrices en service de garde, je ne
pense pas que ce soit l'avenue qui devrait être considérée. Ce que je crois,
par contre, c'est qu'il y a des solutions qui existent sur le terrain.
Puis je vais vous dire autre chose, je
vais vous dire autre chose par rapport à ça, c'est que, lorsque l'on regarde
toute la question de la réorganisation, de manière générale, fermeture de nos
urgences, c'est la seule solution qu'on a sur la table. Ce que je constate,
moi, c'est que partout où je vais où on parle de fermeture d'urgences, on nous
dit qu'il y a d'autres manières que de fermer les urgences. Or, c'est la seule
alternative qui est mise de l'avant par la CAQ. Ça, c'est véritablement un
enjeu. Alors, je ne souhaite pas voir réappliquer la même méthode que je vois
avec le problème des médecins de famille.
M. Robillard (Alexandre) : ...Mme Anglade,
là, sur la maison Chevalier, vous avez... est-ce que vous souhaitez que...
auriez-vous souhaité qu'il y ait un appel public d'intérêt pour... qui précède
la transaction?
Mme Anglade : Je souligne
d'abord le travail qui a été fait par ma collègue Christine St-Pierre avec le
dossier de la maison Chevalier, qui est vraiment du patrimoine bâti fondamental
pour le Québec, qui a interpellé plusieurs fois la ministre en matière de culture.
Ce que je souhaite voir... de quelle manière est-ce que ce patrimoine-là va
être préservé pour les Québécois. C'est ça que je souhaite voir. Et là on a une
espèce de situation où on n'a pas de réponse, c'est opaque, ce n'est pas clairement
présenté.
Et, encore une fois, en aucun cas je ne
parle ici de la famille Tanguay, parce que je pense que c'est une famille qui
est impliquée, qui est engagée dans la communauté. Ce qu'on demande au gouvernement,
ce qu'on demande à François Legault, c'est de dire comment est-ce qu'il va
protéger le patrimoine bâti, comment il va faire en sorte que ça va rester
entre les mains des Québécois.
M. Robillard (Alexandre) : Donc,
cette transaction-là, vous dites que vous la trouvez acceptable.
Mme Anglade : Je souhaite... Je
ne dis pas que je la trouve acceptable, je souhaite, au contraire... je
souhaite qu'il y ait une plus grande transparence par rapport à cette
transaction-là, je souhaite surtout qu'il y ait des mécanismes qui soient en
place pour que les Québécois puissent préserver, puissent garder...
M. Robillard (Alexandre) :
Mme St-Pierre est contre la transaction. Est-ce que vous êtes d'accord avec
elle?
Mme Anglade : Bien sûr que je
suis d'accord avec Mme St-Pierre. Ce que je souhaite... Bien sûr, je suis d'accord
avec Mme St-Pierre. Ce que je souhaite, c'est qu'on puisse trouver un mécanisme
qui fasse en sorte que ce patrimoine bâti reste aux mains des Québécois. On a
vu un gouvernement qui nous a parlé des Espaces bleus, hein, on va faire des Espaces
bleus, c'est important, la culture, le patrimoine. Mais, quand vient le moment
de parler de patrimoine bâti, quels gestes concrets est-ce qu'ils vont poser
pour faire en sorte que ça reste entre les mains des Québécois?
Mme Côté (Claudie) : Est-ce
que 20 $ de l'heure, c'est exagéré ou c'est une bonne idée comme salaire?
Mme Anglade : En fait, aujourd'hui,
je vous dirais qu'il y a moins de personnes qui parlent de 20 $ de l'heure,
c'est les pénuries dont on nous parle énormément. C'est ça, l'enjeu, aujourd'hui.
Il y a 200 000 emplois vacants. Alors, quand je me promène et que je
rencontre des gens qui embauchent des personnes dans le domaine de la
restauration, dans le domaine... dans les dépanneurs, dans le domaine
touristique, ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils manquent de bras. C'est là
qu'il est, véritablement, l'enjeu.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais peut-être, justement... Est-ce que vous reconnaissez que cette pénurie-là,
c'est bon pour les travailleurs? Est-ce que c'est bon pour les travailleurs? Ça
fait augmenter les salaires, ça leur permet de négocier des meilleures
conditions. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour eux?
Mme Anglade : Je pense qu'il
faut être très prudent dans les propos que l'on tient quand on dit ça, parce
que c'est clair que tout le monde souhaite que tout le monde ait de meilleurs
salaires. Il n'y a personne qui est contre la vertu. Mais ce qu'on constate, aujourd'hui,
c'est que ça se fait à un coût énorme pour l'ensemble des Québécois. Parce que
regardez les services, on a des pénuries en matière de santé, on a des pénuries
dans notre secteur d'éducation, avec des incidences réelles sur la population.
Donc, on est rendu à un déséquilibre réel lorsque l'on parle des 200 000
postes qui ne sont pas comblés.
M. Lecavalier (Charles) : Qu'est-ce
que vous pensez... vaccination obligatoire, de M. Legault, hier, qui nous a dit :
Bon, finalement...
Mme Anglade : Bien, à toutes
fins pratiques, je pense que le gouvernement ne croit plus à la vaccination
obligatoire. Je pense que c'est ça que François Legault nous a dit hier, qu'il
n'y croyait plus, parce que si c'est pour... Ils ont manqué la première fenêtre
puis ils sont en train déjà de dire que la deuxième fenêtre n'arrivera pas puis
d'ouvrir à différentes alternatives. Donc, clairement, ils ont abandonné l'idée
de vaccination obligatoire.
M. Bossé (Olivier) : Sur le
tunnel, Mme Anglade, il n'y aura plus de sortie automobile au
centre-ville, en tout cas dans Saint-Roch, de ce qu'on en comprend, peut-être
pas de sortie du tout. Est-ce que c'est un compromis acceptable pour le Parti
libéral? Je ne sais si c'est Mme Rizqy, Capitale-Nationale, ou vous, mais
avez-vous…
Mme Anglade : Elle va
certainement… Mme Rizqy va certainement émettre des commentaires
également. Le projet de tunnel caquiste à 10 milliards n'a aucun sens,
n'avait aucun sens avant…
M. Bossé (Olivier) : ...pas
plus de sens...
Mme Anglade : ...et ne prend
pas plus de… Ce n'est pas parce qu'on ferme une sortie que ça règle le
problème. Quand j'entends le ministre nous dire : J'ai écouté la
population et j'ai fermé une sortie, ça ne règle pas plus le problème. Où sont
les études qui soutiennent ça? Ce que ça témoigne… ce de quoi ça témoigne, c'est
encore une fois de l'improvisation, c'est de l'improvisation pure et simple. On
arrive dans une situation, ils nous présentent un projet tracé, fait à la main,
sans étude, sans bagage scientifique pour cautionner ce qui est fait, aucune
étude scientifique pour cautionner ça. Même quand vous parlez aux
scientifiques, ils ne savent pas comment ils vont réaliser ça. Puis du jour au
lendemain, ils arrivent : Ah! bien, finalement, on va fermer une sortie, on
prend un crayon puis on ferme une sortie. Ce n'est pas crédible. C'est
improvisé.
M. Denis (Maxime) : …de dire
aux automobilistes de la Rive-Sud : Vous allez devoir vous adapter au
transport collectif, prendre le transport collectif. Donc, on change
complètement l'idée de base du troisième lien, du tunnel. Mme Rizqy,
peut-être.
Mme Rizqy : Bien, moi, je
pense que, dans un premier temps, ça va prendre un nouveau slogan, là, parce
que Centre-ville à centre-ville ça ne tient plus. Alors, ça, c'est la
première chose. Puis, quand que François Bonnardel dit : J'ai écouté la
population, bien, s'il a écouté la population, il devrait retirer son tunnel au
complet. Ça ne marche pas, le tunnel caquiste. Moi, je pense qu'Éric Caire, en
ce moment, il fait de l'urticaire. Ce n'est pas des farces. Lui, là, il dit :
Je démissionne, je démissionne s'il n'y a pas une première pelletée de terre
d'ici 2022. Le pire des scénarios, c'était… je ne me rappelle plus, c'était
quoi… 4 milliards? C'était catastrophique. Et on est rendu… Écoutez, là, je
pense, on devrait avoir le plus meilleur du moins pire. C'est ça. C'est ça, le
projet. Merci.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît.
M. Robitaille (Antoine) : Est-ce
que c'est pour ça qu'on fait d'Éric Caire un ministre... pour le conserver,
pour compenser pour le futur recul pour le troisième lien?
Mme Rizqy : Je ne sais pas si
je devrais répondre à ça, mais…
M. Robitaille (Antoine) :
O.K., correct
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais juste une petite question là-dessus, parce que, tu sais,
M. Bonnardel, tout à l'heure, j'ai posé la question, je veux dire :
Quand est-ce qu'on va avoir les appels d'offres? D'abord, ils ont besoin d'un
tunnelier qui n'existe pas, puis il y a… Alors, il y a une compagnie dans le
monde qui fait ce tunnelier-là. C'est sûr qu'on va avoir le meilleur prix, ça,
c'est la bonne nouvelle. Mais par ailleurs ils disent : Les appels
d'offres à partir de 2025. Ça va-tu se faire un jour, à votre avis, ça, ce
tunnel-là?
Mme Anglade : Bien,
honnêtement, j'espère de cette aberration-là ne verra pas le jour. C'est une aberration
à laquelle on assiste et, encore une fois, une totale improvisation de la part
du gouvernement. Mais avant…
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'on est en train de gagner du temps?
Mme Anglade : Ça, c'est la
question qu'il faut poser au gouvernement. Mais ils se rendent bien compte que
ça n'a pas de sens. Je veux dire, à partir du moment où ils ne sont pas
capables de présenter le début d'une réponse sur un design technique, le début
d'une réponse sur un design technique, le début d'une réponse sur la manière
dont ça va répondre à des enjeux de congestion, déjà là, le projet est absurde.
Et là ils sont en train de dire : Bien, on va essayer de régler, on va
patcher à droite, on va patcher à gauche, on va fermer une sortie, puis vous
allez voir, ça va répondre aux besoins de la population. Ce n'est vraiment pas
respecter ce que les gens disent présentement.
M. Robitaille (Antoine) : Sur
le tribunal spécialisé, est-ce qu'on a besoin d'une loi pour faire les choses?
Mme Anglade : Bien, on a
besoin d'un tribunal spécialisé, ça, c'est sûr. Est-ce que…
M. Robitaille (Antoine) : Est-ce
qu'on a besoin d'une loi?
Mme Anglade : Bien, on pense
qu'on a besoin d'une loi, mais on aurait aimé… ce qu'on aurait aimé voir là-dedans,
puis, encore une fois, c'est dans la méthode caquiste de faire les choses, ce
qu'on aurait aimé voir, c'est que tout le monde puisse être à la table pour faire
en sorte qu'on ait la meilleure solution possible et qu'on puisse accélérer le
processus pour les victimes.
M. Robitaille (Antoine) : La
juge en chef ne veut pas de loi.
Mme Anglade : La juge en chef
devrait pouvoir venir ici…
M. Robitaille (Antoine) :
Est-ce que les législateurs ont le dernier mot là-dessus ou si c'est la juge en
chef qui a le dernier mot?
Mme Anglade : Je veux dire,
les législateurs peuvent décider d'aller avec une loi, ce n'est pas ça, l'enjeu.
À mon avis, ce n'est pas ça, l'enjeu. Ce qu'on aurait aimé voir, c'est la juge
qui puisse venir s'exprimer ici, en commission, on aurait aimé qu'elle puisse
s'exprimer, on aurait aimé… On n'est pas tout le temps dans la division, on est
capable ici, au Québec, de réunir nos forces, de réunir… de réunir tout le
monde puis de se dire : Est-ce qu'on est capable…
M. Robitaille (Antoine) : Mais,
si elle veut empêcher, vous, les législateurs, de légiférer, est-ce qu'il n'y a
pas un problème, est-ce qu'il n'y a pas une ingérence du judiciaire dans le
législatif?
Mme Anglade : Ce n'est pas une
histoire de est-ce qu'elle veut nous empêcher de faire quelque chose. Une des recommandations
premières, c'était la mise en place d'un tribunal administratif… tribunal
spécialisé. Ça, c'était… si vous lisez toutes les recommandations, ça sort de
manière on ne peut plus claire. On est favorable à ça. Ce avec quoi on a de la
difficulté, c'est le fait que le gouvernement décide de faire cavalier seul
puis de ne pas inclure l'ensemble des parties. Ce qu'on aimerait bien, c'est
pouvoir entendre la juge et ce qu'elle a à dire, parce qu'elle…
M. Robitaille (Antoine) : Mais
elle ne veut pas que vous légifériez, c'est ça que vous ne semblez pas saisir.
Mme Anglade : J'entends ce que
vous dites, mais on n'est même pas capable de la recevoir ici, en commission,
pour qu'elle vienne nous expliquer les tenants et les aboutissants pour qu'on
puisse poser l'ensemble des questions. Je pense que c'est ça.
M. Robitaille (Antoine) :
Avez-vous déjà vu le juge se présenter en commission… ou un juge?
Mme Anglade : Ça pourrait être
une très bonne option parce qu'elle a dit qu'elle viendrait si elle était
invitée.
Mme Côté (Claudie) : En ce
moment, on est en train de nommer le nouveau cabinet Trudeau, là, les nouveaux
ministres. Comment vous qualifiez les relations de M. Legault et de M. Trudeau
en ce moment? Est-ce que M. Legault est affaibli?
Mme Anglade : Clairement, M.
Legault est affaibli. Lorsque François Legault nous a dit tous, à tous les Québécois
et Québécoises d'aller voter pour le Parti conservateur et qu'il était
dangereux de voter pour d'autres partis, il a décidé de mettre ses intérêts
partisans avant les intérêts du Québec, ses intérêts partisans étant le tunnel
caquiste qu'il souhaite modifier aujourd'hui et, ce faisant, bien, il a
définitivement affaibli la position du Québec avec le gouvernement Trudeau.
Maintenant, ce que l'on souhaite au
cabinet de Justin Trudeau, c'est qu'il y ait beaucoup de Québécois pour
représenter les intérêts du Québec. Et nous, on sera toujours là pour défendre
les intérêts du Québec.
Le Modérateur
: En
anglais, s'il vous plaît. On va passer en anglais, s'il vous plaît.
Une voix
: …
Le Modérateur
: En
anglais, s'il vous plaît.
Une voix
: ...
Une voix
: Là, je ne
suis pas l'arbitre, vous décidez qui va en premier.
Le Modérateur
: Non,
non, moi, j'ai demandé en anglais, s'il vous plaît. On est déjà…
M. Lecavalier (Charles) :
…juste une petite question sur…
M. Lacroix (Louis) : Le
prochain point de presse est à 11 h 15. Il reste une demi-heure.
Le Modérateur
: Oui, je
sais, mais nous aussi, on a un agenda, M. Lacroix. Alors, si on peut
passer en anglais, s'il vous plaît, Mme Senay, merci beaucoup.
Des voix
: …
M. Lecavalier (Charles) : Non,
non, mais juste une question sur les grands pollueurs…
Le Modérateur
: En
anglais, s'il vous plaît, M. Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles) :
…les grandes industries, comment on fait? Le gouvernement veut réduire de
cinq mégatonnes les émissions de GES des grandes industries. On ne
reviendra pas sur toute la saga de Ciment McInnis, mais comment on fait pour
réduire ces émissions de GES là? Est-ce que l'État doit intervenir, doit
subventionner les entreprises pour qu'elles polluent moins?
Mme Anglade : Bien, tout le
monde, tout le monde doit vraiment mettre la main à la pâte pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre, tout le monde. Mais tu as des entreprises
qui peuvent faire un bien plus grand pas pour faire en sorte qu'on les réduise,
puis ça, c'est la responsabilité des entreprises. Je pense que la manière de
réfléchir à l'économie, c'est qu'on ne peut pas faire de l'économie puis de l'environnement
deux choses séparées, et que ce type d'entreprise là devra passer aussi à la
caisse par rapport aux émissions de gaz à effet de serre, c'est bien certain.
Puis il faut trouver toutes les technologies qu'on a pour essayer de les éliminer.
Mais, pour ça, il faut que ce soit véritablement une priorité de la part du gouvernement
du Québec. Or, vous avez bien vu que la question des enjeux climatiques ne
semble pas être très haut dans l'agenda politique de François Legault.
Mme Senay (Cathy) : So, in English. I have two questions, one for you and one for you, Mrs. Rizqy. Regarding the new Trudeau's cabinet, the fact that Québec will loose or might loose, like, one
seat in a near future, do you have the impression that... Now, we know that
Steven Guilbeault will be the Environment Minister, Pablo Rodriguez will be
back at Heritage, we'll see Quebeckers, federal ministers having great
responsibilities. Do you have the impression that may compensate for the weight of Québec…
Mme Anglade : That may… what?
Mme Senay (Cathy) : That may compensate the fact that Québec will loose one seat on the federal scene.
Mme Anglade : There is no way this will compensate the fact that Québec might loose. We don't want to see
that happening, actually. And this is the letter that I sent to Justin Trudeau
last week. We don't want to see that, we don't want to see any loss in terms of
seats for Québec whatsoever.
So, no matter how many ministers
are going to be from Québec,
it's never going to compensate that.
Mme Senay (Cathy) : But you want to have a strong Québec cabinet.
Mme Anglade : Of course. Of course, I want to have a strong Québec presence in the cabinet of Justin
Trudeau to represent the interests of Quebeckers and to make sure that we have a lot of people that we can talk to
and discuss with, and make sure that we move ahead in terms of the interests of
Quebeckers.
Mme Senay (Cathy) : One last thing for you. Do you have the impression that, in
reducing the number of immigrants and also in saying to Quebeckers how to vote in this election,
Premier Legault basically
reduced his own influence on the federal scene?
Mme Anglade : There is no question that it puts a pressure on the ability of Québec to be... to have a stronger voice. But
at the end of the day, it goes beyond the number, it has to be from a
historical perspective, for the contribution that Québec has in the federation. I think we have to be extremely clear with
the federal Government around
the representation that we have in Parliament.
Mme Senay (Cathy) : Mrs. Rizqy, yesterday, it was quite interesting to hear Mr. Legault
talking about the new Citizenship and Culture course to Céline Galipeau at
Radio-Canada. He said basically that we'll talk about values that are common
values in Québec that made consensus. If we talk about secularism, teachers
will not cover Bill 21 and religious signs. We'll talk about racism, how much
work we need to do, but we'll not talk about debate on systemic racism. Is it
playing politics with a course?
Mme Rizqy :
Absolutely. And it's quite fascinating to see the Premier Legault going to
multiple interviews and saying : This is the new program. Yet, no one saw
the new program, not even the committee. And I said it before in French, many
years ago, we decided to take outside religious from our school, and now what I
saw on Sunday, after seeing nine different ministers promoting that new course,
is basically... I don't know how to say it in English, «la politique
partisane», and that is something that we should all be aware. And even the
people who were on that committee to review that course said : We felt the
pressure, the political pressure to review that course.
Mme Senay (Cathy) : And how this is dangerous? How this creates a precedent?
Mme Rizqy :
It's a huge precedent, we never did that in Québec. Usually, we let the
experts... The teachers also the experts and some «philosophes» will gather
together, and they think about the program. I used to be a professor at the
university and, yes, we did review many different courses and many different
programs, and it was only the experts who had their input. We never go... and
said : OK, we've got to call the Minister... Let's say, my colleague,
Hélène David, when she used to be the Minister of Higher Education, I don't
call her to say : What do you think I should put in my classes? It doesn't
make any sense for me and also for the experts and also for the teachers. And
they were actually very insulted not to be invited to that press conference.
Thank you.
M. Brennan (Andrew) : Mme Anglade, just to start off with… you mentioned it earlier, but
the closure of the ER and the ICU at Lachine Hospital… One of the doctors, the
head doctor, Dr. Paul Saba, says this could pose a serious danger. What do you
think?
Mme Anglade :
I think it poses a number of dangers as well. I think it's the way they
reorganize services right now. And instead of
reorganizing services and providing services to the population, what they're doing is basically closing, shutting down emergency
rooms. This is not a way to manage. We've never been in a situation in Québec where we see emergency rooms that are shut down, where we see the…
over 800 000 people waiting for a medical doctor, a family doctor. So,
this is really troubling, and the Government is really using marketing strategy in order to address the situation, but it's not going to address
anything. They're really not addressing the actual problems.
M. Brennan (Andrew) : Thinking about what Mr. Legault was saying yesterday, signaling
rather than saying indicatively that we could be seeing the deadline extended
for health care workers to have to be vaccinated or be suspended, but he says
it may not be all of them. What do you think about how this is opening up the
door of again delaying what was already delayed once?
Mme Anglade : Well, I think he basically gave up on mandatory vaccination. By
saying what he said, he basically gave up, because he missed the first window,
the second window, he's already telling us that it's not going to work. So,
he's officially saying he's not going to make it happen. That's what I heard
yesterday.
M. Brennan (Andrew) :
And just... actually, when you talked about
marketing, if I can trouble you, Mrs. Rizqy, just…
Mme Rizqy : You're not troubling me...
M. Brennan (Andrew) :OK. Well, thinking
about the pedagogy of creating a course like this and talking about marketing,
do you think that this course ends up being more marketing Québec as it should be seen rather than how
it is?
Mme Rizqy : Absolutely. It was, on Sunday, a political marketing presentation
that they showed us. If you look to the people who were there to assist
Minister Roberge, they actually opened «le bottin de l'UDA, de l'Union des
artistes», and I'm very glad that they were there, perfect, everybody should be
concerned about education, but
how come no teachers were actually present and no person from the expert
committee were actually also present? And when I saw the video with all the
ministers, one, after one, after one, saying how happy they are about that
course, I was very troubled. That was like the first time we saw that in Québec, having nine different ministers
participating in a video to make the promotion of a course that yet nobody saw
the full content.
M. Brennan (Andrew) :Thank you both.
«Merci».
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
(Fin à 11 heures)