(Treize heures quarante-cinq minutes)
Mme Guilbault :
Bon. Bien, bonjour, tout le monde. Merci d'être avec nous cet après-midi. Je
salue, d'abord, comme toujours, les gens qui m'accompagnent. Vous voyez que je
suis très bien accompagnée cet après-midi. On a une diversité politique autour
de la table parce que l'annonce qu'on fait est bien au-delà de… c'est-à-dire de
la politique et, s'il y a une chose qui devrait être transpartisane, je pense,
dans la société actuellement, c'est bien la protection de nos enfants, et ce qu'on
fait cet après-midi va exactement dans le sens de la protection de nos enfants.
Donc, Mme Christine St-Pierre, députée de l'Acadie, bonjour, Christine, M.
Alexandre Leduc, député d'Hochelaga-Maisonneuve, et Mme Méganne Perry Mélançon,
députée de Gaspé.
La raison pour laquelle ils m'accompagnent,
vous l'aurez deviné, c'est parce qu'aujourd'hui on fait une annonce qui
concerne l'exploitation sexuelle des mineurs, et cette annonce-là… et ce qu'on
vous présente aujourd'hui, en fait, c'est le plan d'action pour donner suite
aux recommandations du rapport qui avait été déposé par la Commission spéciale
sur l'exploitation sexuelle des mineurs, une commission spéciale qui avait
déposé son rapport il y a environ un an, le 3 décembre, de mémoire, là, donc,
en fait, précisément un an, je pense, même, précisément un an aujourd'hui.
Et ce rapport-là avait été cosigné par
quatre personnes, soit Christine, ici, Alexandre, Méganne et Ian Lafrenière, en
fait, c'était Lucie Lecours et Ian Lafrenière qui ont successivement présidé la
commission, tous deux maintenant ministres, donc. Mais je veux prendre le
temps, vraiment, de saluer, de souligner l'immense travail qui a été fait par
cette commission-là. Je l'avais déjà dit dans d'autres annonces, mais là,
aujourd'hui, j'ai trois signataires qui m'accompagnent, donc je le dis devant
eux, le travail qui a été fait par cette commission-là, quand on parle de
transpartisanerie, là, ça, c'est un exercice très réussi de transpartisanerie,
un travail colossal qui a été fait, un rapport extrêmement bien fait, bien
rédigé, bien documenté, des recommandations pertinentes, réalisables. Tu sais,
des fois, tu as des recommandations, puis ce n'est pas toujours évident, mais
c'est un travail qui avait vraiment été très, très bien fait. C'est pour ça
qu'aujourd'hui on est capables d'y donner suite, d'ailleurs. Donc, bravo, merci
à vous trois, merci à Ian Lafrenière, merci à Lucie Lecours et à tous les
autres députés, d'ailleurs, qui avaient travaillé avec vous.
Donc, je l'ai dit, un rapport très bien
fait. Il contenait 58 recommandations. Et c'est un rapport qui a
résolument placé l'exploitation sexuelle de nos mineurs comme étant un sujet
incontournable. C'est une priorité nationale. D'ailleurs, la recommandation
n° 1 du rapport était d'en faire une priorité nationale. Ça en est devenu
une. On est allés chercher… et j'ai reçu, moi, le mandat du premier ministre de
donner suite à ce rapport-là, avec plusieurs collègues parce qu'on est
18 ministères et organismes qui sont concernés par le plan d'action qu'on
vous présente aujourd'hui.
Donc, je suis allée chercher… on est allés
chercher, en fait, avec mes collègues, 150 millions au dernier budget pour
mettre en place, justement, des actions qui donnent suite aux recommandations
du rapport de la commission spéciale. Et j'ai déjà fait quelques annonces.
J'avais fait une annonce en juin dernier, un 100 millions pour,
c'est-à-dire, les équipes policières, l'Équipe intégrée de lutte contre le
proxénétisme, qu'on avait bonifié de presque 80 millions. J'avais créé
aussi une toute nouvelle équipe, l'Équipe intégrée de lutte contre la
pornographie juvénile en ligne qui d'ailleurs, dernièrement, a arrêté
26 pédophiles grâce à son travail. On avait mis un 12 millions
là-dedans, c'était une toute nouvelle équipe qu'on a créée. Ce n'était pas une
recommandation, comme telle, de la commission, mais ça va dans le sens de la
protection de nos enfants, parce que ça se passe beaucoup en ligne. On avait
donné aussi de l'argent pour les procureurs pour pouvoir s'attaquer à ces dossiers-là
au tribunal, accompagner les victimes, et tout ça.
J'ai fait une annonce, le 5 octobre,
aussi, en prévention, très important, la prévention. Je l'avais fait,
d'ailleurs, avec Clémentine, une victime d'exploitation sexuelle qui avait
courageusement accepté de venir partager son histoire. Un 20 millions en
prévention, et j'avais donné suite déjà à quelques autres recommandations que
je ne déclinerai pas au complet, 19 en tout, jusqu'à aujourd'hui, auxquelles
j'avais donné des suites totales ou partielles.
Mais aujourd'hui le plan d'action qu'on
vous dépose, dont on est très fiers, qui s'intitule Briser le cycle de
l'exploitation sexuelle, qui est ici, donne suite, en partie ou en
totalité, à 56 des 58 recommandations qui ont été faites par la commission
spéciale. Ça se décline en cinq axes, soit la recherche, la sensibilisation, la
prévention, la répression et la reconstruction des personnes victimes.
Ces cinq axes-là trouvent écho dans
37 mesures. C'est un plan d'action qui contient 37 mesures qui, comme
je le dis, s'articulent autour de ces cinq axes-là. Et, quand je dis
«exploitation sexuelle des mineurs», c'est parce que c'était le propos de la
commission. Mais, comme les membres de la commission eux-mêmes nous l'ont fait
savoir, ça commence avec les personnes mineures, mais malheureusement ça ne
s'arrête pas souvent aux personnes mineures, dans le sens où les personnes
mineures deviennent un jour majeures.
Donc, c'est important d'élargir certaines
mesures pour couvrir aussi les personnes qui sont majeures, parce que la même
jeune fille qui commence à 15 ans… Et d'ailleurs l'âge moyen d'entrée dans
la prostitution est entre 14 et 15 ans. Ça fait qu'on voit toute
l'importance de commencer et de vraiment s'attaquer au fléau de l'exploitation
des mineurs. Mais malheureusement ça continue et déborde trop souvent à l'âge
de la majorité. Donc, on a élargi certaines mesures pour aussi prendre en
compte cette réalité-là.
Et, selon les données des forces
policières, en 2020, au moins le tiers des infractions qui sont rapportées par
rapport à l'exploitation sexuelle concernent des jeunes d'âge mineur. Donc, si
quelqu'un doutait encore, là, de la nécessité de s'attaquer à ce fléau-là,
bien, je pense que c'est hors de tout doute raisonnable.
Donc, je le disais, 37 mesures. Là-dessus,
on en a quatre qui sont spécifiquement dédiées aux Premières Nations, aux
communautés autochtones, parce que c'est un grand souci aussi qui transparaît,
d'ailleurs, dans le rapport. C'est un souci qu'on a d'être sûrs d'avoir des
mesures adaptées, avec sécurisation culturelle, s'assurer aussi que… bon, quand
je dis «adapté», linguistiquement, dans la façon aussi d'intervenir, donc. Et
ça n'exclut pas que certaines des 33 autres mesures sont aussi, évidemment,
applicables pour les communautés autochtones, mais on en a quatre qui,
spécifiquement, s'appliquent pour les communautés.
Aujourd'hui, je me permets aussi
d'insister sur deux mesures qui sont très intéressantes et qui donnent suite
chacune à une recommandation spécifique du rapport. On annonce un 2 millions,
entre autres, là, parce que c'est une enveloppe globale de 150 millions,
comme je vous disais, donc il y a un 2 millions pour la recommandation n° 4, soit de soutenir les projets de recherche, parce que c'est
important de continuer de documenter la chose, donc, par le Fonds de recherche
du Québec — Société et culture, 2 millions pour financer des projets de
recherche, et on a aussi un 3 millions, presque 3 millions, 2,9 pour
financer une vaste campagne de sensibilisation.
Ça, ça donne suite, entre
autres, à la recommandation n° 6, mais ça se retrouve aussi... on pourrait
parler de la 25, ça se retrouve un peu partout, la sensibilisation, la
communication. On a préparé… on est en train de préparer une très vaste campagne
de communication qui va commencer, la première étape, à l'hiver 2022. Donc, on
travaille là-dessus, vous allez voir passer ça. Évidemment, la campagne, on
veut cibler, bien sûr, les jeunes. C'est une campagne qui va se décliner, entre
autres, sur les réseaux sociaux parce que c'est beaucoup là que ça se passe,
les jeunes sont sur Internet, donc cibler les jeunes et les parents. Aussi,
pour susciter un changement de culture, on est en train d'opérer un changement
de mentalité, moi, je trouve, au Québec. Je suis aussi dans la violence
conjugale, l'exploitation sexuelle. Toutes ces violences indues qui sont faites
aux femmes et aux enfants, je trouve qu'on a une conversation nationale très
fructueuse, en ce moment, sur ces sujets-là. Et donc… Mais il faut continuer
de susciter le changement de mentalité et donc, c'est ça, amener, à un moment
donné, une mobilisation, là. Tous et chacun, je le dis en violence conjugale,
puis c'est vrai aussi pour l'exploitation sexuelle, on a tous et chacun, chacun
des 8,5 millions de Québécois qui composons notre nation, on a tous une
responsabilité individuelle de refuser la violence, de refuser l'exploitation.
Et, quand on pense à
l'exploitation sexuelle, on pense spontanément aux victimes. On veut aider les
victimes. Un des axes, c'est la reconstruction des personnes victimes, mais il
ne faut jamais perdre de vue que, s'il y a des victimes, c'est parce qu'il y a
des clients, des clients abuseurs. Et ces gens-là, puis possiblement que mes
collègues vont vous en parler, on en parlait tout à l'heure, ces gens-là, les
clients abuseurs, souvent, eux-mêmes, souvent des hommes, il faut se le dire,
là, presque toujours des hommes, et ces gens-là, souvent, eux-mêmes, ont des
enfants. Ils ont des enfants chez eux, ils ont des filles, et là ils sortent de
chez eux puis ils vont acheter des services sexuels auprès d'une fille qui à
peut-être le même âge que leur propre fille. Tu sais, comment est-ce qu'ils ont
pu opérer, dans notre cerveau, cette espèce de rupture là entre deux réalités
pourtant simultanées, dire : Moi, ma fille, je n'y touche pas, mais une
autre fille, ce n'est pas grave? Ça n'a pas de bon sens, tu sais. Ça fait qu'il
faut continuer de dénoncer, d'opérer ce changement-là de mentalité et de
refuser, tous et chacun... d'arrêter de banaliser aussi. On en parlait tantôt,
malheureusement, il y a encore des choses qui sont banalisées. Et ce n'est pas
parce que la personne est majeure que c'est plus normal.
Donc, il y a tout ça qu'il
faut continuer. Puis les annonces comme aujourd'hui puis le travail comme mes
collègues ont fait, bien, ça nous permet de s'assurer que c'est toujours à
l'avant-scène et que personne ne peut passer à côté de l'importance de lutter
contre l'exploitation sexuelle de nos jeunes.
Donc, je termine là-dessus.
Et merci encore, à nouveau, à vous tous et aux autres collègues qui ont
travaillé dans ce dossier-là, les personnes qui ont présidé et aussi à mes équipes
au ministère et à mes 18... on est, entre autres, 18 ministères et organismes
à être très concernés. Donc, je l'ai travaillé avec eux, ce qu'on vous présente
aujourd'hui. Merci beaucoup. Merci à mes équipes au ministère, on fait beaucoup
de choses, c'est parce que j'ai d'excellentes équipes avec moi. Donc, un grand
merci à tout le monde. Et je cède la parole à Christine.
Mme
St-Pierre
:
Merci. Merci, Mme la ministre. Alors, bonjour à vous tous et à vous toutes.
Merci de nous inviter au lancement de ce plan d'action, parce qu'effectivement
ça a été un travail qui a laissé la partisanerie de l'autre côté de la porte
pendant qu'on a travaillé pendant la Commission sur l'exploitation sexuelle des
mineurs. Et le seul parti qu'on avait, c'était le parti des victimes et,
aujourd'hui, bien, on continue sur cette même lancée.
Je veux saluer aussi mes collègues de
l'Assemblée nationale. Moi, pendant la commission, j'avais le titre de
vice-présidente de la commission. Nous sommes le comité directeur de la
commission. Et je remercie aussi l'équipe du ministère qui a travaillé à
l'élaboration de ce plan d'action. Oui, aller chercher la collaboration de
18 ministères et organismes, c'est tout un boulot, c'est un travail
colossal, et je peux dire qu'ils ont vraiment, vraiment bien travaillé.
C'est un rapport qui a mobilisé beaucoup
de monde, qui a, je pense, éveillé la société québécoise à cette réalité, qui
est l'exploitation sexuelle, exploitation sexuelle des mineurs, mais on a aussi
travaillé sur le passage à la vie adulte et le fait qu'il y a des femmes
adultes et des garçons aussi, il faut le dire, il y a des garçons dans ce
milieu-là qui sont exploités sexuellement.
Le plan d'action est un plan qui, comme
l'a dit la ministre, comporte plusieurs actions. On va dans plusieurs domaines,
recherche, sensibilisation, éducation, répression, réhabilitation, et ça, je
pense que c'est l'importance du rapport, c'est-à-dire on ratisse très large.
C'est un édifice qu'on a construit, avec
les 58 recommandations qu'on a élaborées, qu'on a mises en place, sur
lesquelles on a beaucoup, beaucoup réfléchi, on a beaucoup discuté. Ce sont des
recommandations qui sont, en fait, oui, réalistes et réalisables parce qu'on
voulait vraiment faire en sorte qu'on puisse arriver à faire la différence. Et
je dirais que, dans le plan d'action, il y a des mesures qui sont intéressantes
et fort à propos.
Les points forts de ce plan d'action, ce
sont bien sûr les sommes supplémentaires qui ont été consacrées aux forces
policières, qui ont été annoncées l'été dernier et également dans le milieu de
la judiciarisation. Je pense que ces sommes d'argent là étaient bienvenues à
également faire en sorte qu'on ajoute des forces policières et qu'on ajoute
aussi ailleurs sur le territoire québécois.
Dans les points forts aussi, c'est le fait
que Mme la ministre a mentionné toute la question d'exploitation sexuelle des
mineurs sur les réseaux sociaux. C'est un élément qu'on n'a pas pu analyser en
profondeur dans notre mandat, le temps nous a manqué. Mais on a des
recommandations qui demandaient à aller plus loin et aller chercher de
l'expertise dans ce domaine-là. Et le fait qu'on crée une équipe pour vraiment
contrer ce phénomène, qui, on le sait, a augmenté beaucoup pendant la pandémie,
donc, c'est une bonne chose.
On a aussi des mesures qui touchent les Premières
Nations. Et le rapport... le plan d'action va encore plus loin, amène des
mesures qui vont plus loin pour ce qui est d'aller vraiment aider les Premières
Nations, accompagner les Premières Nations qui sont aussi victimes d'exploitation
sexuelle.
Dans les éléments, je dirais, un peu plus
faibles, mais ne le prenez pas mal, Mme la ministre, mais je dirais qu'il y a peut-être
un travail de conscientisation à faire. C'est tout le milieu de l'hébergement
touristique, également des grands événements. Nous avons des recommandations
dans le rapport qui font en sorte qu'on veut que les milieux d'hébergement
touristique fassent leur effort, et un effort vraiment soutenu, c'est-à-dire de
faire comprendre aux gens qui viennent dans leur hébergement touristique que
l'achat de services sexuels au Canada, c'est criminel.
Il y a deux articles du Code criminel qui
touchent l'achat de services sexuels : achat de services sexuels de mineur
qui entraîne une peine d'emprisonnement automatique de six mois, et ça peut
aller beaucoup plus loin, et l'achat de services sexuels aussi, même si c'est
une personne majeure. Il y a des gens qui ont encore dans leur esprit que, ah,
la personne était majeure, donc je n'ai pas commis de crime. Oui, c'est un
crime d'acheter des services sexuels au Canada, c'est inscrit dans le Code
criminel.
Et ça, je pense qu'on doit le faire
comprendre pas uniquement aux Québécois, mais aussi à tous ceux qui viennent au
Québec comme touristes. Et on sait que Montréal est une ville touristique très
importante, Québec également, mais Montréal a été qualifié de plaque tournante
de l'exploitation sexuelle au Canada. Donc, il y a un travail à faire de ce
côté-là.
Et je pense que, dans le plan d'action, on
dit qu'il faut que... ce n'est pas obligatoire, puis on invite ce milieu-là à
mettre l'épaule à la roue. Il faut que ça soit fait de façon plus forte et plus
mordante. Même chose pour les grands événements, Grand Prix de Montréal
également, les grands festivals, eux aussi doivent se sentir concernés. Le REMI
n'a pas voulu venir témoigner à notre commission, ce qu'on a déploré, parce
que — le REMI, c'est le regroupement des organismes majeurs
internationaux — parce qu'il faut aussi... pas parce qu'ils
contribuent, qu'ils les invitent à faire de l'exploitation sexuelle, mais parce
qu'ils amènent beaucoup de clientèles à Montréal et au Québec, et il y a du
tourisme sexuel.
Autre point aussi sur lequel on a attiré
l'attention de la ministre, c'est les organismes comme les CAVAC qui n'ont pas
vu l'augmentation de leur budget qui est consacré à l'exploitation sexuelle et
à l'aide des victimes d'exploitation sexuelle. Elles ont demandé aussi des
budgets non pas aux projets mais à la mission. Alors là, je pense qu'on a eu
l'écoute de ce côté-là. Il va, je l'espère... on va pouvoir avancer davantage
parce que ces organismes-là accompagnent vraiment les victimes dans leur sortie
de cet enfer-là qu'est l'exploitation sexuelle.
Dernier point, c'est la recommandation 49,
qui était, pour nous du comité, une recommandation qui était la recommandation-phare
du rapport, c'est-à-dire de créer une prestation spéciale pour les victimes qui
sont en sortie de cet enfer-là et en reconstruction. Et cette prestation-là, on
la voyait comme étant quelque chose qui allait les accompagner financièrement,
mais aussi leur permettre d'avoir du logement sécuritaire, leur permettre
d'avoir des services psychologiques gratuits. On veut que la RAMQ aussi... que
les services de psychologues soient défrayés par la RAMQ. Alors, ça aussi, je
pense que c'est un point sur lequel on n'est pas allés assez loin.
Je termine sur le fait de...
l'accompagnement des victimes, c'est tellement important. Puis on est en
contact avec des victimes. Je vous donne l'exemple d'une victime qui a dénoncé
son proxénète en 2020. Le procès va avoir lieu en avril 2022. On parle de deux
ans de procédures. Et le proxénète a renoncé à l'arrêt Jordan, donc il peut
étirer les procédures indéfiniment. Et cette victime-là, pendant ce temps-là,
bien, elle doit se reconstruire, elle doit chercher du travail, elle doit peut-être
retourner aux études. Elle doit vraiment être accompagnée et elle est en choc
post-traumatique. Alors, vous pouvez imaginer ce que ça veut dire comme efforts
pour réussir à se sortir de cela. Puis, quand elle va témoigner, c'est toujours
le traumatisme de savoir : Est-ce que je vais oublier des choses? Puis, évidemment,
le procureur de la défense, bien, son travail, c'est de faire... mettre la
victime en contradiction.
Alors, cette victime-là que je connais,
qui a deux ans... qui voit deux ans de procédures, bien, elle a dû quitter Montréal
pour sa sécurité. Elle s'est en allée vivre à l'extérieur de Montréal, en
région. Elle a deux gardes du corps, un berger allemand puis un husky. Alors,
c'est ça aussi, la réalité des victimes, et c'est pour elles qu'on a parlé
pendant... qu'on a travaillé pendant cette commission-là, c'est pour elles
qu'on parle encore aujourd'hui.
Et, merci, Mme la ministre, pour
l'invitation, parce que c'est un gros document, et il va faire certainement une
différence dans la lutte contre l'exploitation sexuelle au Québec. Je passe la parole
à mon collègue Alexandre.
M. Leduc : Merci. Merci,
Christine, merci, Geneviève. On peut t'appeler Geneviève dans une conférence de
presse? Je ne le sais pas. En tout cas. Merci pour l'invitation aussi, c'est
très apprécié.
Vous savez, il y a un an, quand on vous a
présenté le fruit de nos travaux, il y avait une forme de soulagement que tout
ce travail-là, enfin, était présenté au public, mais il y avait aussi une
petite forme d'angoisse, en tout cas, je pense, pour nous, les partis
d'opposition, de se dire : Bon, bien, maintenant, nous, notre contribution
est comme terminée. C'est dans les mains du gouvernement. Qu'est-ce qui va se
passer après ça? Est-ce que ça va être pris au sérieux? Est-ce que ça va être
appliqué? Et là, aujourd'hui, donc, un an plus tard, il y a le plan d'action,
qui était d'ailleurs une des recommandations, hein, que soit déposé un plan
d'action, et moi, ça me réjouit, je suis content de voir le travail qui est
fait en ce sens-là. Et ce qui me réjouit encore plus, c'est qu'alentour, donc,
de cette présentation-là, on a discuté de la possibilité de faire un suivi pour
qu'on puisse continuer à voir comment ça évolue, ce dossier-là.
Parce que vous le savez, l'année
prochaine, en octobre, il y a des élections, on ne sait pas quel gouvernement
sera en fonction, on ne sait pas quel ministre sera responsable de ce
dossier-là, on ne sait pas si, nous quatre, on va être réélus dans nos
circonscriptions respectives. Donc, comment on peut s'assurer que ce projet-là,
que ce sujet-là vive à moyen et à long terme? Et donc il y a une espèce de
suivi, un comité de suivi qui va être mis sur pied, qui va se parler à
l'intervalle d'un an pour s'assurer que les travaux continuent à avoir lieu,
que l'application des recommandations continue à être implémentée à l'intérieur
des différents ministères.
Ça, je trouve que c'est... Je veux saluer
l'ouverture de Mme la ministre, là — je vais être plus formel, cette fois-ci — je
veux saluer l'ouverture de Mme la ministre d'avoir accepté ce comité de suivi
là. Je pense que ça nous assure, donc, qu'à moyen et long terme le sujet va
demeurer un sujet actif, va demeurer véritablement une priorité nationale. Voilà.
Merci.
Mme Perry Mélançon :
Merci, Alexandre. En fait, à mon tour de remercier Mme la ministre pour son
invitation à prendre part à cette importante annonce. Je pense qu'elle a bien
cerné l'esprit transpartisan, justement, qui régnait au sein de la commission.
Et on a pris énormément notre travail à
coeur. Et je pense que... bien, en fait, je suis flattée aujourd'hui, là, de
pouvoir remettre mon chapeau de membre de cette commission-là pour le dépôt du
plan d'action.
Alors, je salue également mes collègues
qui étaient sur le comité directeur et également Ian Lafrenière, qui était avec
nous en début de commission jusqu'à ce qui devienne ministre à son tour, et
Mme Lucie Lecours également.
On a vraiment écouté des dizaines et des
dizaines d'intervenants, des témoignages très poignants. On a toujours eu en
tête les victimes quand on a fait ce travail-là. Alors, vraiment, on les
remercie, pour ceux et celles qui ont participé activement aux travaux.
Et ce qu'on a pu constater rapidement,
bien, c'est le manque d'outils à disposition d'un paquet de monde, en fait, là,
autant les jeunes, dans un contexte scolaire ou dans l'usage des médias
sociaux, mais également les parents. On en a entendu en commission, là, des
parents désemparés, là, qui voient leurs enfants sombrer dans le monde de la
prostitution sans pouvoir rien faire.
On a aussi, bon, le manque d'outils par
rapport aux policiers, aux enseignants, au personnel de la santé et les
tribunaux, les procureurs. Donc, vraiment, bien, c'est dans la coordination et
dans la formation qu'il y a beaucoup d'éléments, là, intéressants du plan
d'action qu'on nous présente. Même les hôteliers aussi doivent faire leur part
et les grands événements également. Alors, on espère qu'ils accepteront la main
tendue avec tout le matériel qui va leur être offert, là, pour diffuser.
Moi, je leur lance ce message-là
aujourd'hui. J'espère réellement que ce sera du matériel qui ne restera pas
dans la poussière et que tout le monde va vraiment réellement travailler à
combattre ce grand fléau.
Alors, évidemment, je vais m'assurer que
tout le plan soit... toutes les actions soient mises en application avec un
échéancier précis, et surtout qu'on travaille étroitement avec les groupes, parce
qu'évidemment il y a des initiatives d'organismes qui étaient excellentes, qu'on
a entendues, qu'on a analysées. On s'en est inspiré beaucoup, je pense, pour ce
plan plus global, mais il faut également les soutenir financièrement.
Et souvent ce qu'on entendait, c'est que
ce sont des initiatives qui sont portées dans du financement par appel de
projets, donc qui ne sont pas viables à long terme, mais qui ont un réel impact
sur la lutte à l'exploitation sexuelle. Alors, il va réellement falloir, là,
aller soutenir davantage à la mission. Il y a encore un peu la notion d'appel à
projets, là, dans le financement, mais j'espère réellement que les sommes
seront au rendez-vous pour le financement à la mission de ces organismes
communautaires qui font déjà un excellent travail.
Alors, je veux peut-être terminer en
saluant aussi le travail de nos collègues parlementaires qui ont permis, avec
l'adoption d'une nouvelle loi, la création d'un tribunal spécialisé. Donc, je
veux saluer également ma collègue Véronique Hivon, qui y a travaillé très fort,
pour dire que ça, c'est le genre d'action aussi très complémentaire à ce qu'on
a fait dans cette commission-ci, parce que moi, je suis heureuse de voir que
les victimes n'auront plus à vivre et revivre les horreurs qu'elles ont subies
durant leur exploitation et qu'on puisse leur trouver une voie plus simple
aussi pour aller dénoncer et mettre en prison les proxénètes qui leur ont fait
vivre ce véritable cauchemar.
Alors, on pourrait en parler encore très
longtemps, là. Je m'excuse de prendre autant de temps, mais, vous voyez, le
plan... notre rapport était vraiment très étoffé. Et, déjà, qu'on puisse
répondre à la majorité des recommandations, je suis franchement agréablement
surprise et heureuse que ce travail-là ait pu se faire en un an. On le sait,
c'est beaucoup, beaucoup d'actions à mettre en oeuvre par différents
ministères. Alors, je veux vraiment saluer le travail de la ministre et de ses
collègues, son ministère également, pour tout le travail qui a été fait. Voilà.
La Modératrice
: On
peut passer à la période de questions. On va commencer avec Jocelyne Richer, LaPresse
canadienne.
Mme Richer (Jocelyne) :
Bonjour à tous et toutes. J'aimerais savoir, en matière de répression, dans
quelle mesure, selon vous, le plan d'action va assez loin pour décourager les
clients et décourager les proxénètes. C'est sûr que c'est un projet de longue
haleine, mais est-ce que les... Quelles sont, selon vous, les mesures phares,
dans le plan d'action, qui vont avoir un impact à court terme?
Mme Guilbault :
Vous avez amené la répression, puis j'ai... C'est sûr que prévention,
répression, pour moi, c'est incontournable, puis on ne s'en sort pas, là. Puis,
dans la prévention, j'inclus la sensibilisation, communication. La grande
campagne qu'on va lancer, tu sais, ça va être bien fait. En tout cas, on essaie
que ça soit bien fait, que ça aille vraiment cibler les jeunes, et tout ça.
Mais donc, c'est ça, ça, c'est la partie
prévention. Mais, sur la répression, puisque vous l'amenez, j'ai parlé tout à
l'heure des investissements qui avaient été annoncés, au mois de juin, de 100 millions,
et l'escouade qu'on a… 100 millions, entre autres, ça a permis… On avait déjà
l'équipe intégrée de lutte contre le proxénétisme.
Donc, ces gens-là se consacrent en
permanence à essayer de, tu sais, avec le renseignement, les enquêtes, puis
tout ça, cibler les proxénètes puis faire… tu sais, c'est très imagé, là, mais
débarquer dans une chambre, puis sauver les jeunes, puis arrêter les proxénètes
en même temps. Puis ça, ça se passe. Tu sais, ce n'est pas toujours médiatisé,
mais ça se passe, ça fonctionne. Avec les 80 millions qu'on a ajoutés,
presque 80 millions, on avait 73 ressources de plus qu'on ajoutait. Puis,
là-dessus, au moment où on se parle, il y a 57 postes qui sont comblés, le
reste est en dotation.
Donc, on met plus de gens là-dessus pour
arrêter plus de proxénètes puis sauver plus de victimes. Donc, ça, ça
fonctionne. L'escouade, la toute nouvelle escouade qu'on a créée, qui n'était
pas, comme tel, dans le rapport, mais je suis sûre qu'on sera tous d'accord que
c'est très pertinent… Les pédophiles sont en ligne, les pornographes juvéniles
sont en ligne. Ils sont sur Internet et regardent des vidéos de pornographie
juvénile. Ils en distribuent. Ils en regardent, ils en distribuent. Et, pour
certains, ils en produisent.
Donc, le mandat de cette escouade-là,
puis, tu sais, c'est 16 enquêteurs qui ne font que ça à la journée longue dans
le «dark Web», et tout ça, essayer de dénicher les pédophiles puis les
pornographes juvéniles, et, sur, malheureusement, beaucoup trop de gens qui
consomment de la pornographie juvénile, essayer de trouver parmi eux ceux qui
en produisent pour pouvoir aller sauver les enfants avec qui ils sont en train
d'en produire. Ça fait que vous voyez que… Puis c'est tout un univers, ça, là.
Puis, au passage, je remercie les
policiers, parce que, quand on met de l'argent puis qu'on fait ces annonces-là,
il faut qu'il y ait des gens qui acceptent de faire ce travail-là après. Tu
sais, je le dis tout le temps, mais, imaginons-nous, toute la semaine, tu
regardes des images de pornographie juvénile, tu rentres chez vous le soir puis
tu retournes faire ça le matin, tu sais, je veux dire, il faut être très
reconnaissant envers les gens qui acceptent de faire ça.
Et donc c'est ça… Puis, dernièrement, il y
a eu une capture, là, de 26 pédophiles, 26 pédophiles qui ont été arrêtés en
même temps, pornographes juvéniles, et, parmi eux… Ce n'était pas nécessairement
dans les journaux, mais ils ont sauvé des enfants quand ils ont arrêté les 26
pédophiles. Il y a des enfants qui ont été sauvés, avec qui ils étaient en
train de produire… Tu sais, je vous dis ça, là, ça a l'air émotif, mais c'est
parce que c'est ça qui se passe dans la vraie vie de tous les jours grâce à nos
policiers, grâce au travail qu'on fait.
Puis là, après ça, je ne parle pas de la
suite. Une fois qu'ils sont arrêtés puis qu'on a sauvé les enfants, il y a
toute la prise en charge de ces petites victimes là, tu sais, ce qu'on fait
justement avec les tables de concertation, les CAVAC, ce qu'on fait avec… Tu
sais, puis, en juin dernier, on annonçait la poursuite verticale, avec mon
collègue Simon à la Justice, puis le tribunal spécialisé qui a été annoncé
aussi, qu'on est en train de créer, c'est ça. C'est de dire : À partir du
moment où la victime dénonce ou que la victime est sauvée, parce que des
petites victimes mineures, des fois, ce n'est pas elles qui vont dénoncer par
elles-mêmes, qu'il y ait toujours du soutien qui les suive d'un bout à l'autre
du pénible parcours judiciaire, toujours, idéalement, le même procureur dans
son dossier, aussi, les mêmes policiers qui vont suivre son dossier.
Ça fait que ça fait partie… tout ce qu'on
annonce qui est très théorique, des fois, là, des sommes d'argent dans des
budgets, ce que ça fait, concrètement, c'est ce que je vous décris là. Puis ça,
moi, je pense que ça fait une énorme différence. Et le fait… puis la
prévention, c'est ça, tout ce qu'on va faire comme sensibilisation. Ce que vous
nous aidez à faire, vous, les journalistes, en en parlant dans les journaux, en
reposant des questions là-dessus. Quand il y a des arrestations, puis tout ça,
vous faites des articles là-dessus, bien, ça montre qu'on est en action puis,
tu sais : Les autres pédophiles, là, surveillez-vous parce que vous pourriez
être arrêtés, vous autres aussi.
Ça fait que je dirais que c'est ça, la
conversation nationale qui est alimentée par l'ensemble de ce qui se fait, avec
le concours des médias, parce qu'on a besoin de vous pour le faire, et avec ce
qu'on va faire sur les réseaux sociaux, aussi, beaucoup.
Mme Richer (Jocelyne) : Au
sujet du processus judiciaire, justement, qu'est-ce qu'on fait pour que les
peines imposées aux proxénètes soient plus sévères, pour que ça ait davantage
un effet dissuasif? Est-ce que c'est la formation des juges? Est-ce que c'est
renforcer le Code criminel? C'est quoi, l'approche par rapport à ça?
Mme Guilbault :
Les peines… en fait, la quasi-totalité des chefs d'accusation qui peuvent être
déposés dans le cadre de l'exploitation sexuelle relèvent du Code criminel. Tu
sais, il y a le trafic humain qui relève de la loi sur les réfugiés, ou quelque
chose comme ça, là, mais, sinon, c'est tous le Code criminel, donc, et le Code
criminel relève du fédéral, ça fait que…
Puis c'est drôle que vous me demandiez ça
cet après-midi… bien, c'est drôle, c'est-à-dire c'est un hasard. Mais tout à
l'heure, j'ai parlé, j'ai eu une conversation, un premier contact informel avec
mon nouveau vis-à-vis fédéral, M. Mendicino et je lui ai glissé ça, je lui
ai dit : Tu sais… Puis on va avoir une rencontre de travail plus formelle
mais je lui ai dit, j'ai dit : Moi, que ce soit la violence conjugale,
l'exploitation sexuelle, les peines sont prévues au Code criminel, et
j'aimerais ça qu'on puisse discuter de la possibilité de peut-être sévir sur
certaines peines, entre autres proxénétisme, tu sais, traite de personnes,
achat de services sexuels, achat de services sexuels sur des mineurs.
Ça fait que c'est des choses qui sont
graves. Et souvent on se fait répondre : Bien, il existe déjà des
possibilités, dans le Code criminel, puis c'est les juges qui donnent peut-être
des plus petites peines. Ça fait que c'est un ensemble. Effectivement,
probablement, vous avez raison, il faut faire de la sensibilisation de la
magistrature, mais ça va tout ensemble.
Mme Richer (Jocelyne) : …par
M. Mendicino, justement?
Mme Guilbault :
Comment quoi?
Mme Richer (Jocelyne) :
Comment ça a été accueilli? Comment il a réagi à votre demande?
Mme Guilbault :
Bien là, je ne veux pas le mettre sur la sellette, là, parce que ça se voulait
vraiment un premier contact informel, là. Tu sais, moi, je veux dire, ça fait
longtemps que je suis dans mes dossiers, puis lui, je veux lui laisser le temps
d'arriver. Mais d'ailleurs il a parlé français, c'est quand même… Je ne savais
pas qu'il parlait français. Il a fait l'effort de parler en français tout au
long. Je pense que ça mérite d'être souligné. Mais donc c'est ça. Donc… Mais je
lui ai fait ma petite liste d'épicerie, et l'exploitation sexuelle en premier
avec la violence conjugale, mais toutes les peines du Code criminel, évidemment
les armes à feu, et les corps de police autochtones aussi. Mais, en tout cas,
là, on s'éloigne du sujet. Mais je l'ai senti très ouvert, très intéressé. Et
puis il est en train de se plonger dans les dossiers. Puis je pense qu'il sait
que c'est une évidence qu'on doit lutter tous ensemble contre l'exploitation
sexuelle parce qu'il y a des choses qui relèvent de chacun des paliers.
Mme
St-Pierre
:
Si je peux me permettre d'ajouter, on a une recommandation dans le rapport qui
est la recommandation 28, et c'est une recommandation sur laquelle on a eu pas
mal de discussions, et c'est… la recommandation recommande que le gouvernement
du Québec demande formellement au gouvernement fédéral de prendre le décret
permettant l'entrée en vigueur de la disposition autorisant l'imposition de
peines consécutives pour les trafiquants de la traite de personnes âgées de
moins de 18 ans. Alors, s'il y a plusieurs victimes, c'est une peine pour
plusieurs victimes. Là, ce qu'on veut, c'est que ça soit une peine pour chacune…
que les juges comprennent que ça ne peut pas être une peine pour l'ensemble,
mais une peine pour… Et ça, ça peut envoyer un message dissuasif, on l'espère.
Mais effectivement il faut que le gouvernement fédéral prenne sa responsabilité
dans la lutte contre l'exploitation sexuelle et surtout dans les peines, la
répression puis les peines aussi qui sont…
On a vu, dans un cas à Laval, une juge qui
a dit que la peine... pour une victime d'exploitation sexuelle mineure, c'est
un client, et la peine pour le client dans l'acte criminel, c'est six mois
automatiques. Ça peut aller plus loin, mais six mois automatiques. Elle
trouvait que c'était une peine qui était un peu cruelle et qui était
inappropriée. Alors, quel message on envoie aux victimes dans ce temps-là,
lorsque… Le dossier est allé en appel, heureusement. Mais même les juges ont
besoin aussi de comprendre l'importance d'appliquer les peines qui sont prévues
au Code criminel.
La Modératrice
: Danny
Côté, TVA.
Mme Côté (Danny) : Oui. Alors,
bien, peut-être vous entendre. Justement, dans cette commission, comment
avez-vous perçu? Vous avez parlé des réseaux sociaux. Le recrutement,
maintenant, là, dans la rue ou peut-être comme on pouvait le voir auparavant,
dans des centres commerciaux, ça a vraiment changé à ce niveau-là. Ça a été
quoi, vos constats, déjà?
Mme
St-Pierre
:
Bien, c'est-à-dire, la commission a vu qu'évidemment il y avait du recrutement
qui se faisait puis que les médias sociaux prenaient de plus en plus de place.
Mais le problème, c'est que la... En fait, semble-t-il que la COVID a comme
accentué ça. Le proxénète, il est confortablement assis dans son salon puis il
est capable de contrôler ces victimes. Alors, ça s'est sophistiqué, de là le
fait qu'on applaudisse le fait que Mme la ministre ait lancé cette équipe
spécialisée là.
Il faut dire aussi que Pornhub avec
MindGeek, dont le siège social est à Montréal, la compagnie MindGeek qui abrite
Pornhub, ça nous a comme pas mal ouvert les yeux à tout le monde, puis je pense
ça a pas mal ouvert les yeux aux Québécois aussi, que ce n'était pas à des
milliers et des milliers de kilomètres que ça se passait, mais ça se passait
chez nous, puis on avait une compagnie chez nous qui héberge un site comme
Pornhub. Ça aussi, ça a fait un petit tremblement de terre, là, qui a été
bénéfique dans la lutte contre l'exploitation sexuelle.
Mme Côté (Danny) : Puis, Mme
Guilbault, peut-être pour répondre un peu à vos confrères, consoeurs, sur l'hébergement
touristique, qu'est-ce qui est fait? Là, on voit de la sensibilisation, mais
quelle est la volonté, là?
Mme Guilbault :
Oui. Bien, effectivement, il y a des... je ne me rappelle plus par coeur, là.
D'ailleurs, j'attire votre attention sur la page 82 du plan d'action. Vous
avez une synthèse de toutes les mesures puis les recommandations auxquelles
elle donne suite.
Mais il va y avoir quand même... il y a
une grosse opération de sensibilisation qui va se faire avec tout le réseau
hôtelier. Et, dans la foulée de la campagne de communication, dont je vous
disais qu'elle va s'amorcer à l'hiver 2022, on va aussi créer un sceau, un
sceau qui... Dans le fond, c'était prévu, un peu, dans la recommandation, il me
semble, là — c'est ça — d'avoir un sceau. Donc, ça, on va
le faire. Ça fait qu'on la fait en partie. Il y a juste le caractère
obligatoire, peut-être, là, qui n'est pas là comme tel. Mais on va faire une
campagne de sensibilisation telle — puis on va créer le sceau qui va
reprendre le même visuel que la campagne de communication — que moi,
j'ai confiance que... Puis, tu sais, jumelé à tout le reste de ce qu'on va
faire, avec la conversation nationale dont je parle, j'ai confiance que ça va
avoir des effets.
C'est sûr que, tu sais, ce n'est pas figé
dans le temps aussi. À un moment donné, à mesure qu'on évolue, qu'on va se
reparler à chaque année, puis tout ça... bien, ou d'autres, là. C'est ça, on ne
sait pas l'avenir, en politique, mais il y aura d'autres gens après nous, c'est
pour ça que c'est important qu'il y ait une reddition de comptes annuelle,
indépendante de qui occupe les sièges. Et donc on ne connaît pas l'avenir, tu
sais? Si, à un moment donné, on voit que ça ne marche pas puis ça ne fonctionne
pas, on va voir ce qu'on peut faire. Mais, pour le moment, en en discutant avec
les gens au Tourisme, et tout ça, on s'est dit : Le sceau, des campagnes,
tu sais, des rencontres, de la sensibilisation, ça peut faire son effet. On est
confiants.
La Modératrice
: …
M. Bourassa (Simon) : Oui.
Bonjour. Je voulais savoir, dans le guide, là, que vous rendez public
aujourd'hui, en ce qui a trait à l'éducation, c'est quoi, les points qui
touchent particulièrement l'éducation, que ce soit autant pour les filles que
les garçons, mais à l'école, en termes de sensibilisation.
Mme Guilbault :
Il y a des contenus qui sont développés pour... qui sont en train d'être
développés pour, justement, le soutien aux profs, au personnel enseignant dans
tout ce qui se fait et ce qui se dit, là, dans la formation de nos jeunes,
entre autres au primaire, au secondaire. Il y a le nouveau cours qu'on a
annoncé dernièrement, Culture et citoyenneté québécoise, dans lequel on inclut
ces concepts-là d'éducation sexuelle... ça ne s'appelle plus comme ça, là, mais,
tu sais, éducation aux rapports égalitaires, éducation à l'utilisation des
réseaux sociaux, respect de soi-même.
Tu sais, parce que le problème, il est sur
les réseaux sociaux. Puis Christine le disait, la pandémie en plus, le temps
d'écran a dramatiquement augmenté chez nos enfants parce que c'était le
téléenseignement. Puis, tu sais, il ne faut pas se leurrer, là. Moi, mes
enfants ne sont pas encore rendus à l'école, là, mais j'imagine que ça ne
suivait pas à temps plein les cours. Puis, tu sais, ils font d'autres choses
sur Internet en parallèle : ils chattent, il y a des sites... bon. Puis
les proxénètes, ils ne se présentent pas comme tels, ils se font passer pour
des jeunes. Puis, tu sais, ça fait que c'est tellement pernicieux puis c'est tellement
omniprésent qu'il faut que ça s'enracine dans l'éducation. Puis, dans ce
sens-là, votre question est très pertinente, là. Ça fait qu'on va développer
des contenus, on inclut ça dans notre nouveau cours.
Il y a aussi des activités qui se font
avec nos policiers. Tu sais, nos policiers sont très présents dans les écoles,
donc, ça aussi, ça fait partie... Tu sais, il y a des projets comme le projet
Sexto que j'avais annoncé en tout début de mandat à Saint-Jérôme. C'est une
espèce de trousse qui avait été créée dans les écoles, tu sais, puis avec, des
fois, des slogans un peu choc, là, tu sais, Montre pas tes boules, puis
des choses comme ça. Puis là ça fait réagir, mais c'est ça, le concept.
D'ailleurs, cette trousse-là a été exportée ailleurs tellement elle est bien
faite puis que ça a bien fonctionné à Saint-Jérôme.
Ça fait que c'est un ensemble de choses
comme ça qu'on s'assure de faire pour enraciner l'importance du respect de soi
puis des rapports égalitaires très tôt dans l'éducation.
M. Bourassa (Simon) : O.K.
Puis, en terminant, est-ce qu'il y a des outils pour les parents aussi? Parce
que c'est peut-être un sujet qui est délicat à aborder. Je pense que les
parents ne sont pas nécessairement outillés non plus pour parler de ces
sujets-là ou, du moins, prévenir des situations. Donc, qu'est-ce qui est fait
pour les parents là-dedans?
Mme Guilbault :
Oui. Bien, deux choses. Premièrement, la campagne dont je parle, elle va aussi
viser les parents. Donc, il va y avoir des contenus qui vont être développés
pour les parents. Et les organismes qu'on finance, souvent... Tu sais, j'ai
annoncé 20 millions le 5 octobre. Là-dessus... En passant, là-dessus,
il y a un 8 millions pour du financement à la mission, là. Tout à l'heure,
on en parlait. Ça fait que ça, c'est nouveau. Ça, ça ne se faisait pas. Méganne
a raison, c'était juste de l'appel de projets. Puis les organismes sont tannés
de ça parce que c'est compliqué puis ça les embourbe dans la paperasse. Puis il
y en a des meilleurs que d'autres, ça fait que c'est toujours eux autres qui
obtiennent la subvention. Ça fait que, là, on va faire du... Bien, tu sais,
c'est un peu ça, là. Je pense qu'on se parle clairement cet après-midi. Ça fait
que, donc, c'est ça.
Ça fait que du financement à la mission qu'on
est en train de mettre en place, puis donc ces organismes-là, qui ont cette
expertise-là pour lutter contre l'exploitation sexuelle, pour certains, ont
l'habitude aussi de travailler aussi avec les parents, même pour la plupart,
parce que ça fait partie un peu d'un tout, là.
Tu sais, je me souviens d'avoir parlé à un
homme à Saint-Jérôme... à Longueil. Je ne sais pas si vous savez son nom.
Lucien, ça se peut-u?
Des voix
: ...
Mme Guilbault :
Oui, que lui-même a vécu ça, sa fille, une histoire, là, qui nous tire les
larmes, puis qui, lui, est dans le milieu communautaire aussi puis fait ça, ça
fait que... est très bien placé pour savoir à quel point c'est un besoin chez
les parents. Puis il y en a d'autres aussi qui le font.
Une voix
: Que personne
n'est à l'abri.
Mme Guilbault :
Et que personne n'est à l'abri. Lui-même était dans le communautaire, puis sa
propre fille a sombré. Donc...
La Modératrice
:
Valérie Gamache, Radio-Canada.
Mme Gamache (Valérie) : Bien,
j'ai besoin d'une précision, Mme Guilbault. Mme St-Pierre parlait
d'une peine pour chacune des victimes. Est-ce que c'est ça que vous avez
peut-être plaidé auprès de votre homologue fédéral?
Mme Guilbault :
Je ne suis pas allée à ce niveau de détail là parce que…
Mme Gamache (Valérie) : Mais
votre intention, là.
Mme Guilbault :
Bien, je vais lui rappeler un peu tout ce qui a été dit comme recommandations
dans le rapport, je vais porter à sa connaissance cette suggestion-là, mais,
plus globalement, je vais lui dire que je pense que l'exploitation sexuelle,
d'entre toutes les offenses, pourrait faire partie de celles pour lesquelles un
parti qui n'est peut-être pas nécessairement porté sur la répression pourrait
se permettre de l'être. Parce que, tu sais, on peut être progressistes, là,
mais, à un moment donné, le proxénétisme, ça écoeure tout le monde, même les
gens plus à gauche.
Mme
St-Pierre
:
On veut aussi que les activités de proxénétisme soient reliées à la
confiscation de produits de la criminalité. Alors, ça aussi, c'est un geste qui
doit être… en fait, c'est une demande qui s'adresse au gouvernement fédéral.
Mme Gamache (Valérie) : Quand
on parle, maintenant, de la prestation aux victimes, je comprends que ça, ce
n'est pas du tout considéré pour le moment, d'avoir des prestations qui
seraient vraiment dédiées aux victimes le temps qu'elles s'en sortent, qu'elles
subissent leurs procès. Ça, c'est rejeté, c'est écarté du revers de la main ou
ça pourrait revenir?
Mme Guilbault :
Non, non, bien, il n'y a rien qui est écarté du revers de la main. Je le disais
tout à l'heure, tout ça est évolutif. Ce n'est pas formalisé dans le plan
d'action, effectivement, ce soutien-là. Il y a déjà des choses qui se font. En
fait, le suivi qu'on donne à la recommandation 49, à laquelle vous faites
référence, c'est qu'on va mettre en place un comité interministériel pour, justement,
discuter en continu de la meilleure manière d'amener les femmes — c'est
souvent des filles, des femmes — à se sortir de la prostitution. Ça
fait que, oui, l'aspect financier, mais les autres aspects, tu sais, on veut
que ça continue, cette discussion-là sur les meilleurs moyens d'aider les
victimes.
En parallèle de ça, il y a, quand même, la
réforme de l'IVAC qui a eu lieu, là, pour l'indemnisation des victimes d'actes
criminels. Donc, désormais, les victimes d'actes criminels, dont l'exploitation
sexuelle, vont pouvoir réclamer de l'aide financière. Et donc, c'est ça, il y a
des choses qui se font. Évidemment, il y a l'aide sociale, bien que ce ne soit
pas idéal. Ça fait que, tu sais, il y a quand même d'autres mesures aussi qui
viennent soutenir les victimes. Mais il y aura, c'est ça, ce comité-là
interministériel, pour toujours s'assurer de voir comment on peut en faire
plus. Il y a aussi la loi sur l'aide aux familles et aux personnes, qui prévoit
qu'on peut, par exemple, annuler une dette ou… tu sais, certaines mesures qui
peuvent aider. Parce que, des fois, les victimes se retrouvent dans des
situations qui n'ont pas de bon sens, là, puis, tu sais, tu ne veux pas les
assommer encore plus avec d'autres problèmes. Ça fait qu'il y a ça, mais ça
pourrait aller plus loin éventuellement.
Mme Gamache (Valérie) : Puis
une petite dernière, je m'excuse, une toute petite. Moi, je me rappelle d'avoir
écrit sur la commission, puis, dès qu'on parlait des grands événements ou dès
qu'on écrivait «Grand Prix de Montréal», là, tu sais, on sentait que ça ne
faisait pas l'affaire puis que le téléphone se faisait aller. Est-ce que vous,
vous avez subi des pressions pour ne pas rendre ça obligatoire, pour ne pas
rendre ces mesures-là obligatoires pour les hôteliers et des grands événements?
Mme Guilbault :
Moi, personnellement, ils ne m'ont pas contactée, donc... Puis souvent,
l'exemple qu'on donne... La recommandation porte sur le REMI, le Regroupement
des événements majeurs internationaux. Et souvent on parle de la F1, qui est
comme un peu l'emblème, là, on dirait, de... le rendez-vous du tourisme sexuel
ici, mais il ne fait pas partie du REMI. Donc, même si on ciblait le REMI, la
F1 n'en fait pas partie. Ça fait que... Première chose.
Puis, deuxième chose, là aussi, un peu
comme le réseau hôtelier, on veut y aller avec de la sensibilisation. Puis, tu
sais, ces événements-là, souvent... bien, en tout cas, pour certains, on donne
des subventions, puis, tu sais, il y a des ententes avec le gouvernement, puis
tout ça. Ça fait que, donc, là aussi, ça doit faire partie des ententes, là, tu
sais, des discussions qu'on a avec ces gens-là. Il faut dégager une espèce
d'aura, au Québec, que tu ne viens pas faire de tourisme ou d'achat sexuel ici,
tu sais, on est «closed for that kind of business», là, tu sais? Des fois, on
dit «open for business», là, mais «not for that kind», là, tu sais? Ça fait
que... Normalement, je l'aurais dit en français, mais vous comprenez le clin
d'oeil, là.
Des voix : …
Mme Guilbault :
Non, non, mais là vous comprenez le clin d'oeil, tu sais?
Mme Perry Mélançon : Oui. Mais
d'ailleurs, ça aussi, ça faisait partie de nos recommandations pour l'affichage
dans les aéroports. Mais je comprends que c'est partie remise, parce qu'il y
avait un contexte COVID. C'est l'explication qu'on a eue, là. Mais ça aussi,
pour le tourisme sexuel qui vient, d'ailleurs, du Québec, peut-être que ce
serait bien de le regarder en comité de suivi. Mais ce serait franchement une
bonne chose aussi.
Mme
St-Pierre
:
Il y a les conversations qu'on doit avoir aussi avec les autres provinces. Il y
a une recommandation qui parle de... qu'on doit avoir une conversation avec les
autres provinces, de demander au Conseil, aussi, de la fédération que le Québec
prenne un leadership. Parce que des victimes sont amenées à Toronto, à Edmonton,
à Vancouver, on a plein de témoignages là-dessus, et c'est une réalité, on les
envoie travailler là-bas parce que, souvent, il y a la barrière de la langue,
elles ne parlent pas anglais ou, si elles parlent anglais, bien, elles parlent
anglais avec un accent, puis semble-t-il que c'est bien attrayant. Alors, il y
a des conversations qu'on peut avoir. C'est pour ça que... C'est tellement
large, mais, en même temps, on voit, là, qu'on est capables, avec tout ce qu'on
a dégagé comme idées, qu'on est capables de faire avancer et faire progresser
ce dossier-là.
La Modératrice
: On a
deux questions qui ont été transmises par Le Journal... Marc-André
Gagnon. La première question est pour Mme Guilbault : Vous dites que ce
plan répond, en partie ou en totalité, à 56 des 58 recommandations de la
commission, alors quelles sont celles auxquelles vous répondez en partie
seulement? Avez-vous des exemples?
Mme Guilbault :
Bien, c'est parce que, là, sur les 56, là... Je ne suis pas certaine. Il veut que
je dise, sur les 56, combien c'est en partie? Je n'ai pas ce filtrage-là, par
exemple.
La Modératrice
: Oui.
C'est parce que vous avez dit que vous répondez en partie. Alors, quelles… Je
ne sais pas, je ne veux pas interpréter sa…
Mme Guilbault :
Mais c'est que, sur les 56, il y en a qui sont en tout puis il y en a qui sont
en partie. Mais là je n'ai pas ce départage-là, par contre, là.
La Modératrice
: O.K.
Mme Perry Mélançon :
Peut-être, en fait, il y a quand même quelques actions qu'on nous a dit :
Bien, c'est déjà fait autrement. Donc, je pense, par exemple, à quand, nous, on
avait étudié la possibilité qu'il y ait des hébergements plus spécifiques pour
les victimes d'exploitation sexuelle. Parce qu'on le sait que les centres jeunesse,
c'est un problème, beaucoup de proxénètes circulent autour, attendent de mettre
la main sur des filles vulnérables déjà. On voulait que ce soit analysé. Puis,
bien, la réponse qu'on a eue, puis je me permets de le dire, mais ce n'est pas…
je ne veux pas cibler ou blâmer, mais c'est que ministère de la Santé jugeait
que c'était déjà couvert par les centres jeunesse, alors que, nous, on avait
fait le travail de se dire : Bien, est-ce que les centres jeunesse sont
réellement la bonne voie? Donc, c'est peut-être, des fois, comme ça, là,
partiellement est déjà répondu autrement. Donc, ça sera tout à analyser, là,
dans les suivis de comités.
Mme
St-Pierre
:
…d'ailleurs, à la commission Laurent, sur ce sujet-là, spécifiquement, de
sortir les filles des centres jeunesse parce que même le recrutement peut se
faire à l'intérieur des centres jeunesse. Les proxénètes sont autour, mais
à l'intérieur il y a d'autres personnes qui habitent là, d'autres jeunes femmes
qui habitent là qui en entraînent… qui entraînent des victimes.
La Modératrice
: La
deuxième question, c'est : À quoi ressemblera la campagne de communication
sur les réseaux sociaux? Quel sera le message?
Mme Guilbault :
Bien, c'est parce que je ne peux pas le dire avant que ce soit déployé. Il a
des drôles de questions, Marc-André, cet après-midi, je trouve. Mais ça va être
une campagne, comme je l'ai dit, moderne, là. Moi, je voulais qu'on ait quelque
chose, tu sais, c'est ça, de moderne, qui est sur tous les réseaux sociaux que
fréquentent les jeunes, avec, c'est ça, un message percutant dont on a espoir
que ça pourra saisir les jeunes. Parce que, tu sais, c'est tellement
frénétique, le «zapping», sur les réseaux sociaux, les pubs t'apparaissent,
puis, tu sais, tu ne les regardes même pas, puis tu es porté à vouloir
t'abonner puis payer pour ne pas avoir de pubs. Tu sais, ça fait qu'il faut
être capables de saisir le jeune. Ça fait que j'espère que ça va fonctionner.
Mme Fletcher (Raquel) : Moi,
j'ai quelques questions en anglais. Raquel Fletcher, Global
News. My first question is also for the minister. What are you most proud of in
this plan? And what do you think will be the points that will make the most
impact in the short term?
Mme Guilbault : What I am the most… the proudest of is the action plan itself, is
being able to give a follow-up to 56 recommendations out of 58, partially
or totally, but most of them totally. And I am so proud of being able to table
that today with my colleagues, because I am proud of the work that they did. I
wouldn't be tabling it if they hadn't work so hard with other colleagues, with Ian Lafrenière, with Lucie Lecours and other MNAs too who had a
participation, but they did such a huge and great work that we had to be able
to give a follow-up on that. And I was named responsible for giving this
follow-up to the report, and today we are together tabling this action plan, 37
measures who cover, like I said, 56 recommendations. There is still work
to do, because it is never over unfortunately. Sexual exploitation of minor
people and major people, but let's talk about minor people, is so dramatic, it
is so popular unfortunately, that we have to work tirelessly and together, and
we always talk about… we often talk about «transpartisan» stuff, but this is
really an example of «transpartisan» work that is as successful, and this is
because of my colleagues and their work that we are tabling that today. And I
am sure this will make a difference in the life of a lot of young people.
Mme Fletcher
(Raquel) : Another question for Mme St-Pierre. You mentioned in French some of the weak points of
this plan, can you outline them in English? And also, tell about the hopes you
have to strengthen these points.
Mme
St-Pierre
: I'm sorry, you have to speak louder.
Mme Fletcher
(Raquel) : So, my colleague is wondering, in
French you mentioned there are some weak points in this plan, but you also
expressed hopes for how we'll eventually be able to strengthen those points.
She was wondering if you could that in English?
Mme
St-Pierre
: Yes, what is… I don't like the work «weak», but this some
recommendations that we have in the report that I think that had to be more
strong… had to be stronger. For example, you we talk about tourism in Montréal, when we talk about Grand Prix or
festivals, they have to be part of this effort to make sure that we look at
this sexual exploitation like as something which is very, very sad in Montréal, very common in Montréal, because we attract people, we
attract tourism, and we have to make sure that this tourism or people who come
in Montréal know that in Canada, this is a criminal offense. So, this
is what we want. And also, the fact that the recommendation 49 is not in
the action plan, this is a committee, interministerial committee, who will look
at this recommendation. I think
that we would like to have some action for the victims herselves. They need
this support. And I think that this is a message that the minister has understood. And I think that
she will look at this… this situation. They need more support.
Mme Guilbault : And, if I may, as a complement to my answer because you asked what…
what has effect in the short term, I would like to give the example of the
squad that we created, the squad «équipe intégrée pour la pornographie juvénile
en ligne». This is an example of something that is really effective now as we
speak because this is not a recommendation strictly talking, but we created this team because this problem is
on-line. So, we have this new team of 16 people fully dedicated in
catching pedophiles on-line. And lately they caught 26 pedophiles and
saved children who were stuck in the homes of those pedophiles. So, this is an
example of how it is effective and how it works. When you put money and you
hire people, and those people are dedicated, and they accept doing that kind of
duty that is particular. And so, I want to thank them, but this is working as
we speak.
La Modératrice
:Merci beaucoup. Ça
met fin à la conférence de presse.
(Fin à 14 h 38)