(Neuf heures une minute)
Mme Massé : Oui. Bonjour,
tout le monde. Alors, aujourd'hui, on attend le dépôt de loi du ministre Dubé
concernant la fin de l'état d'urgence sanitaire. En fait, ça fait déjà un an
que Québec solidaire, plus d'un an... non, presque un an, pardon, que Québec
solidaire dit qu'une loi transitoire est nécessaire, que de gérer de décret en
décret, ça ne marche pas. On est capables de mieux que ça dans notre société
démocratique au Québec. Alors donc, pour nous, c'est clair qu'à l'intérieur de
ça ce qu'on a besoin, c'est de voir que le gouvernement ne va pas se resigner
un chèque en blanc, et qu'il va s'assurer... et les mécanismes seront clairs,
pas par adoption de voie de règlement, à l'intérieur du projet de loi. Toute la
question de la reddition de comptes, de la transparence, pour nous, ça va être
fondamental. D'ailleurs, mon collègue Vincent Marissal viendra certainement
vous entretenir dès qu'on aura eu la chance de voir le contenu de ce projet de
loi là.
Hier, le premier ministre... je lui ai
parlé d'Hydro-Québec depuis des semaines, des mois, et hier, le premier
ministre a reconnu en partie son erreur concernant l'adoption du projet de loi n° 64. Il a modifié la règle du jeu, en disant :
Parfait, puisque l'inflation sera autour de 5 %, on va moduler ça, nous
autres, puis les gens ne paieront pas plus de 2 %. En fait, c'est une
reconnaissance qu'il avait tort, qu'il a effectivement, avec l'abolition des
règles du p.l. n° 64, avec le p.l. d'adoption, sous
bâillon, du p.l. n° 64... il a changé les règles du
jeu, puis c'est nos concitoyens et concitoyennes, vous tous et toutes, qui se
trouvons à payer un tarif d'hydroélectricité attaché à l'inflation.
Alors, la manoeuvre du premier ministre,
en plus de nous faire reconnaître son erreur, à notre sens, ne va pas dans le
sens de ce qu'on proposait. Nous, ce qu'on veut, c'est un gel cette année, pas
un potentiel 2 % l'année prochaine. Ça, je vous rappelle, c'est après les
élections, l'année prochaine. C'est un gel cette année. C'est maintenant que
nos concitoyens ont besoin d'avoir de l'air dans leur vie, puisque la crise du
coût de la vie est superimportante. C'est maintenant qu'on a besoin de ça.
D'ailleurs, le premier ministre m'a
quasiment dit que je n'avais pas... je ne connaissais pas bien ça, moi, la
solidarité. On ne se mettra pas à faire un concours, mais ce que je veux lui
rappeler, c'est que les mesures qu'on propose à Québec solidaire, là, c'est des
mesures qui permettent aux gens en bas de l'échelle de pouvoir mieux affronter,
actuellement, la crise du coût de la vie. Et, puisqu'il s'est, tout d'un coup,
bien targué que, lui, la solidarité, il connaissait ça, bien, je le mets au
défi, parce que, cet après-midi, on va avoir un débat de deux heures sur la
question du salaire minimum.
Parce que vous savez qu'actuellement là,
avec la hausse de l'inflation et, etc., c'est les gens en bas de l'échelle qui
vivent le choc tarifaire le plus grand. Quand tu gagnes 28 000 $ par
année, puis ça, c'est au net... c'est au brut, pardon, là, après avoir
travaillé 40 heures-semaine, 28 000 $ par année, c'est sûr que l'augmentation
de 1 $ des fruits que tu aimes, tu l'as pas mal plus raide. C'est sûr que
l'augmentation des tarifs d'hydroélectricité, tu le manges pas mal plus raide que
les gens qui, dans le fond, bien sûr, vivent l'impact de l'inflation, mais
jamais comme nos concitoyens en bas de l'échelle, et qui ont besoin qu'on
démontre de la solidarité sociale, avec ces gens-là. Et une des façons de le
faire, c'est d'augmenter le salaire minimum à 18 $ de l'heure.
Alors, on aura le débat, après-midi, et on
parlera, tout le monde ensemble, de solidarité avec nos concitoyens qui mangent
la claque avec la hausse, actuellement, du coût de la vie.
Je laisse ma collègue Christine vous
présenter quelque chose.
Mme Labrie : Merci, Manon.
Donc, vous le savez, on vit actuellement une très importante hausse du coût de
la vie. C'est difficile à vivre pour les familles. Hier encore, l'Observatoire
des tout-petits nous rappelait que la hausse du prix de l'épicerie, ça
compromet le développement des enfants. Et parmi les familles qui sont le plus
précarisées par la hausse du coût de la vie, il y a les parents de poupons, qui
sont obligés actuellement de se priver d'un revenu parce que le gouvernement
échoue encore, à ce jour, à leur offrir une place en services de garde. Et ça
doit être une priorité, dans le budget de la CAQ, de les soutenir.
Vous me connaissez, si je vous dis ça, c'est
parce que j'ai une solution à proposer. À Québec solidaire, on propose de créer
une prestation d'urgence pour les parents de poupons qui n'ont pas de place en
services de garde, une prestation qui serait de 870 $ par mois, soit
exactement le même montant qui est offert aux personnes qui ont une contrainte
temporaire à l'emploi, parce que de ne pas avoir une place en services de
garde, c'est une contrainte temporaire à l'emploi. On offrirait cette
prestation-là aux enfants... aux familles qui n'ont plus accès aux prestations
du RQAP, et qui n'ont toujours pas trouvé de place. On leur offrirait jusqu'à
ce que l'enfant atteigne 18 mois ou jusqu'à ce qu'ils trouvent une place,
parce qu'on sait que c'est en bas de 18 mois que c'est le plus critique,
la crise dans le réseau. On estime qu'il pourrait y avoir 10 000 familles
touchées par cette mesure actuellement, et c'est très, très urgent de leur
donner un coup de main.
Il y a un mouvement, Ma place au travail,
qui s'est formé, il y a maintenant un an, pour le demander. Ces parents-là sont
toujours sur la liste d'attente, et puis depuis un an, ils ont surtout obtenu
des belles promesses. Il y a le ministre de la Famille qui se promène partout
en se vantant d'avoir investi plus que jamais dans le réseau de services de
garde, mais la réalité, c'est qu'à six mois des prochaines élections le solde
de création de places de la CAQ, il est encore négatif. Il y a plus de places
qui ont fermé que de places qui ont été créées. C'est ça, le bilan de la CAQ,
aujourd'hui. Et la CAQ n'a absolument rien à offrir aux parents qui, en ce
moment, là, ont leur bébé déjà dans les bras, n'ont plus leurs prestations de
RQAP, n'ont pas de place en services de garde et se retrouvent, en ce moment,
parfois, dans les banques alimentaires parce qu'ils sont obligés de se priver d'un
revenu.
Moi, je trouve que c'est irresponsable de
laisser les familles tomber dans la précarité financière comme ça, alors qu'on
sait, on le sait, c'est très bien documenté, que ça entrave le développement
des enfants. Le gouvernement a été là pour offrir des mesures d'aide d'urgence
aux entreprises pendant la crise. Moi, je leur demande d'être présents aussi
pour les parents de poupons, de reconnaître qu'il y a une crise, actuellement,
pour l'accès à une place, puis de les soutenir.
Il y a des familles qui vont être ici dans
les prochains jours, samedi, pour manifester devant l'Assemblée nationale. Il y
a le budget qui s'en vient. Moi, je demande à la CAQ de répondre à leur demande,
qui remonte à un an déjà... ça fait un an cette semaine, le mouvement Ma place
au travail... puis la demande c'est de soutenir immédiatement ces familles-là.
Ce n'est pas des promesses de places dans deux, trois ans qu'on veut, c'est une
aide immédiate.
La Modératrice : On va
prendre vos questions, une question et une sous-question, s'il vous plaît.
Marc-André Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour.
Dossier nickel, peut-être, Mme Massé. Vous avez vu que l'entreprise allemande,
là, qui doit s'installer à Bécancour, bien, elle s'est fait taper sur les
doigts au Michigan. Et donc est-ce que vous croyez que c'est pour favoriser...
pour permettre à cette entreprise-là d'agir de la sorte que le gouvernement,
donc, veut hausser les émissions de... les normes nickel, là?
Mme Massé : Bien, premièrement,
c'est extrêmement inquiétant de voir qu'il y a une nouvelle entreprise qui s'en
vient sur le territoire du Québec, et que cette entreprise-là ne semble pas
être préoccupée de respecter les lois environnementales, d'un autre pays,
certes, mais en tout cas, ça soulève des questions. Mais vous soulevez la bonne
question, et je me la pose aussi, là.
Ça fait des mois que ma collègue Émilise,
de Rouyn-Noranda, mon collègue Sol Zanetti, de Jean-Lesage, dénoncent cette
attitude du gouvernement de hausser les normes de nickel. Et là tout d'un coup,
on apprend qu'il y a une entreprise qui va être accueillie sur le territoire
qui, elle, ne se gêne pas d'enfreindre les lois. La question se pose. Mais pour
nous, ce que le gouvernement doit actuellement, pour la santé de nos enfants...
c'est de remettre une norme du nickel respectueuse des poumons de nos
concitoyens, concitoyennes.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
pour vous, il n'y a pas de hasard, là?
Mme Massé : Bien, je
trouve que la question se pose réellement, mais comme je vous dis, là, pour
moi, l'objectif, c'est que le gouvernement remette une norme de nickel
respectueuse de la santé de nos enfants, et, par conséquent, si ça ne convient
pas à la compagnie dont il est question, bien, peut être qu'on pourra en tirer
des conclusions à ce moment-là.
M. Gagnon (Marc-André) : Quitte
à nuire à la réalisation de ce projet-là?
Mme Massé : Pardon?
M. Gagnon (Marc-André) : Quitte
à nuire à la réalisation de ce projet-là à Bécancour?
Mme Massé : Écoutez, si
l'économie est plus importante que la santé du monde, là, moi, je trouve qu'on
n'a pas les valeurs à la bonne place.
La Modératrice : Alain
Laforest.
M. Laforest (Alain) : Bonjour.
Qu'est-ce que vous pensez de la position de Jean Charest sur la loi 21?
Mme Massé : Écoutez, je
veux simplement rappeler à M. Charest, d'une part, que le Québec, on va
s'occuper de nos affaires. Lui, ça n'a plus l'air que c'est le Québec qui
l'intéresse. Ceci étant dit, des gens qui sont contre le port... En fait, les
gens qui ne font pas de cas avec le port des signes religieux, il y en a des
milliers au Québec. Québec solidaire en est. J'entends qu'il y a des étudiants
et étudiantes qui, eux, étudient, et elles, étudient, et qui ont crainte.
J'entends même qu'il y a des gens qui veulent quitter le Québec parce qu'elles
ne peuvent pas... des femmes qui veulent quitter le Québec parce qu'elles ne
peuvent pas enseigner au Québec. Je les comprends. On l'a dit au ministre lors
de l'adoption du projet de loi n° 21. On se retrouve
dans cette situation-là. Nous, on continue de penser que cette loi-là nous
prive, au Québec, de travailleuses, principalement, dont on a grand besoin.
M. Laforest (Alain) : Question
un peu plus... moins difficile à répondre, peut-être, quoique... L'heure d'été?
Mme Massé : Le?
M. Laforest (Alain) : L'heure
d'été? On continue, on arrête, on laisse faire? Le changement d'heure.
Mme Massé : Excuse-moi.
Avec votre masque, j'ai un peu de la difficulté... Je suis «tricky», je lis sur
les lèvres. Mais écoutez, honnêtement, M. Laforest, on n'a pas de position
de programme là-dessus. Mais ce que je peux vous dire, c'est que ce que je
comprends, c'est que de plus en plus de scientifiques nous disent qu'il serait
peut-être temps de revoir cette idée-là de changer l'heure. Alors, moi, je
pense qu'il est peut-être temps qu'on arrête d'en parler. Moi, ça fait 58 ans
que j'en entends parler, là, bien, ça fait plusieurs années que j'en entends
parler. Si on veut trancher la question, bien, qu'on mette les scientifiques
autour de la table puis qu'on tranche la question.
M. Laforest (Alain) : Êtes-vous
affectée par ça?
Mme Massé : Moi,
actuellement, c'est plus les allergies qui m'affectent.
La Modératrice : Hugo
Lavallée.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. J'aimerais vous entendre sur le projet de loi concernant l'urgence
sanitaire. Là, je comprends que vous allez offrir des commentaires un peu plus
tard, mais si vous pouviez nous faire part quand même de vos attentes de façon
générale?
Mme Massé : Bien,
écoutez, il était grand temps que le gouvernement, puisqu'il est majoritaire,
nous permette, aux parlementaires, d'intervenir sur toute la question du
renouvellement des mesures exceptionnelles que permet une loi comme celle sur
l'urgence sanitaire. Ça fait depuis le mois de juin, l'an dernier, où on dit :
Le gouvernement, là, doit arrêter de gérer ça derrière des portes closes. On a
une démocratie au Québec, et c'est ici que des décisions importantes doivent se
prendre. Et dans ce sens-là, on avait proposé une loi transitoire. Là, on voit
que c'est un peu ça, mais ça arrive comme à la fin de parcours.
Alors, que le gouvernement puisse avoir
besoin des leviers particuliers... Parce que la pandémie n'est pas terminée,
là, on le voit en Europe. Je touche du bois. J'espère que ça ne va pas nous
rattraper, mais l'histoire nous a enseigné l'inverse. Ça fait que, oui, que le
gouvernement puisse avoir des outils particuliers, des outils balisés, par
contre, oui. Ça, il n'y a pas d'enjeu, on reconnaît ça.
Mais il faut, cette fois-là, que ce ne
soit pas un chèque en blanc jusqu'à je ne sais pas quand, qu'ils vont pouvoir
renouveler ça à portes closes, entre eux autres. Il y a une démocratie, elle
est parlementaire, elle est ici, et je pense que toute la question de la
reddition de comptes, à Québec solidaire, on va être très attentifs. Et s'il
n'y a pas, dans le projet de loi, rien qui nous assure... vous allez nous
entendre.
M. Lavallée (Hugo) : Concernant
la réforme du réseau de la santé, M. Legault évoquait, hier, la
possibilité de faire un peu plus de place au secteur privé. On a vu, ces
derniers temps, les cliniques médicales être mises à contribution, là, entre
autres, pour effectuer des chirurgies. Ça semble bien fonctionner. Est-ce que
ce genre de contribution là, vous pensez, a sa place, ou, sinon, qu'est-ce
qu'on fait? Quel est le problème avec ces cliniques-là, par exemple?
Mme Massé : Pour nous,
là, faire de l'argent sur ce qu'il y a le plus important pour les gens,
c'est-à-dire leur santé, ça n'a pas de bon sens. À Québec solidaire, le privé
en santé, on n'en veut pas. Ceci étant dit, les 30 dernières années, là,
ont mis à mal notre système de santé, tant en termes de conditions de travail,
que des choix qui ont été faits au niveau d'où l'argent était investi dans le
système de santé, l'organisation du système de santé. Tout ça a mis à mal notre
système public, et c'est désastreux.
Alors, oui, peut-être que, pour le moment,
ça aide d'avoir des gens du système... au niveau des entreprises privées, qu'on
embauche à fort prix. Ça vient donner un coup de main, mais là il faut être
capable de regarder en arrière, dans le rétroviseur, puis de dire : Bien,
pourquoi on en est rendus là? C'est parce qu'il y a des choix qui n'ont pas été
faits par le passé, c'est-à-dire de s'occuper de nos travailleuses à l'intérieur
du système de santé, mettre les médecins au pas, ce que M. Legault n'a pas
plus réussi que les autres avant lui, et, je vous dirais, de faire en sorte que
tout le poste budgétaire médicaments, qu'on prenne ça vraiment à bras le corps.
Québec solidaire, on a proposé
Pharma-Québec. Ce n'est pas juste pour être meilleurs que les autres, c'est
parce que ça fait des économies, qui peuvent être réinvesties dans le système
de santé. Alors, il en existe, des solutions, mais est-ce que, de façon temporaire,
on n'a pas le choix d'utiliser le privé en pleine crise pandémique? Je pense
que oui, mais ça ne peut pas continuer dans ce sens-là parce que, pour Québec
solidaire, faire du profit sur la santé des gens, ça n'a pas sa place.
La Modératrice : François
Carabin.
Mme Labrie : ...ajouter
quelque chose.
Mme Massé : Bien sûr.
Mme Labrie : Je vais me
permettre d'ajouter un exemple concret pour dire à quel point ça nous
vulnérabilise de compter sur le privé en santé. Ici... Dans ma région, à
Sherbrooke, là, il y a un GMF qui était pas mal la seule façon, pour les
patients orphelins, d'obtenir du sans rendez-vous, clinique des médecins
d'urgence. Ils ont annoncé leur fermeture il y a quelques semaines, ils vont
fermer le 31 mars. On parle de plus de 10 000 patients orphelins
par année qui consultaient cette clinique-là, qui se retrouvent devant rien. On
est complètement vulnérables, parce que c'est des décisions d'affaires. Quand
on mise sur des GMF privés pour offrir des services, le jour où eux font la
décision d'affaires de fermer leurs portes, on se retrouve avec rien. Puis là
moi, j'ai des milliers de citoyens à Sherbrooke qui ne savent pas du tout
comment ils vont faire, parce qu'ils n'en ont pas, de médecin de famille.
Donc, moi, c'est ça que je trouve
problématique avec le choix de miser sur le privé en santé, puis y compris les
GMF. Hier, j'entendais le premier ministre soulever que comme si c'était la
panacée, les GMF. Bien, moi, j'en ai vu, des GMF fermer, j'en ai vu. Il y a celui-là
que je vous donne en exemple. J'en ai vu d'autres. Il y en a eu un dans
Memphrémagog aussi. Ça arrive. Puis c'est des entreprises privées. Quand ils
ferment, on n'a rien pour faire quoi que ce soit pour les empêcher de fermer.
La Modératrice : François
Carabin.
M. Carabin (François) : Je
vais poursuivre là-dessus, si on veut, là, mais peut-être pour Mme Massé.
Hier, le premier ministre a parlé d'un potentiel d'avoir 20 % de privé en
santé à l'avenir. Disons que, selon lui, c'est le chiffre à viser. Vous, vous
le prenez comment, ce chiffre-là? Puis selon vous, à l'avenir, c'est quoi le
chiffre, le pourcentage de privé en santé à viser?
Mme Massé : Ma collègue
de Sherbrooke vient de vous l'expliquer. Quand M. Legault, il fait ça,
c'est l'homme d'affaires qui se présente devant le peuple québécois, puis qui
vient dire : Nous autres, pour nos relations d'affaires, on pense que
20 % c'est un bon chiffre. Christine vient de vous donner un exemple
pétant. Moi, je pourrais vous parler des... bien d'autres, des CHSLD privés,
des RPA privées. Quand c'est des décisions d'affaires, là, ça veut dire que,
collectivement, ce n'est pas le bien commun qui guide, c'est la décision
d'affaires.
Alors, pour moi, quand M. Legault fait ça,
bien, honnêtement, est-ce qu'il est en train de dire à M. Duhaime : Oui,
je vais aller jouer dans ta talle, tu vas voir, on s'en occupe? Ou il est en
train de dire aux Québécois et Québécoises : Je baisse les bras devant un
réseau de la santé publique, au service de la population? Et qu'il ne se pose
pas la question : Je vais-tu faire du cash ou pas avec vous? Qu'ii se pose
la question : Comment je vais réussir à répondre aux besoins de mes
concitoyens?
Ça fait que nous, la réponse, vous la
connaissez, c'est de dire : Le privé en santé, il faut s'en éloigner. Il y
a des expériences communautaires, d'économie sociale, etc., qui peuvent y avoir
de la place, dans cette refondation. Mais le privé qui vise le profit pour une
poignée de monde, ça, ce n'est pas acceptable.
M. Carabin (François) : Donc,
tendre vers zéro le plus possible.
Mme Massé : Il faut tendre
vers ça, il faut tendre vers ça. On ne pourrait pas y arriver du jour au
lendemain. Ça fait 30 ans qu'ils déstructurent le système de santé. Il faut y
arriver, mais là-dessus, vous aurez nos propositions. On va arriver bien
équipés pour la campagne électorale.
M. Carabin (François) : On
vient de prendre connaissance des chiffres sur l'inflation au Canada, le prix
du logement notamment, qui subit une hausse vertigineuse, là, par rapport à
l'année dernière. Vous pensez quoi des actions entreprises, ou pas entreprises,
par le gouvernement Legault depuis les derniers mois, c'est-à-dire, pour
juguler cette hausse, qu'il fallait peut-être voir venir, là?
Mme Massé : Bien, en tout
cas, s'il ne la voyait pas venir, c'est parce qu'il est plus qu'aveugle, il est
sourd, là. Mon collègue Fontecilla, ça fait trois ans qu'il parle de crise du
logement. La ministre répond... silence radio, on en parle avec les autres ministres,
silence radio, on en parle avec le premier ministre, silence radio.
Le poste budgétaire du logement, vous le
savez comme moi, c'est le poste le plus important dans un portefeuille d'une
famille. Alors, c'est sûr que, quand on n'agit pas pour réguler la situation,
et qu'on laisse ça aller, comme on le fait au Québec, depuis plusieurs années,
bien, ça a un impact, et là c'est nos concitoyens qui l'ont dans la face.
Et ma conclusion, c'est que M. Legault ne
connaît pas ça, la réalité des locataires, ne connaît pas ce que ça veut dire
d'avoir une augmentation vertigineuse, pour reprendre vos termes, et de se
poser comme question, comme parent : Yeesh! Qu'est-ce que je fais? Est-ce
que je déménage? Oui, mais on est en pleine crise du logement, on ne va pas en
trouver, la hausse, c'est vrai pour tout le monde. Est-ce que... O.K., je vais
rester, mais là le 50 $, 60 $, 70 $ qu'on me demande de plus,
bien, ça va avoir des impacts. C'est-u sur la bouffe? O.K., la bouffe, ça, on
peut compresser. Le loyer, on ne peut pas compresser. C'est-u les souliers des
enfants? C'est-u... Puis là en plus, si tu es un parent qui n'a pas de place en
garderie, oubliez ça, là.
Alors, nous, on en a fait, des
propositions. Ça s'appelle le gel du loyer. M. Legault aime ça, se comparer à
l'Ontario. L'Ontario l'a fait l'année passée. Écoutez, il n'y a pas un
effondrement de l'économie là, là. Et le contrôle aussi, pas juste de geler
pour un an, mais de s'assurer, au Québec, de rétablir le rapport de force entre
les locataires et les propriétaires. Parce que là où on est rendus, les
familles qui louent... Et c'est... Je ne vous dirai pas de chiffre parce que ma
ménopause fait que j'oublie les chiffres, mais un chiffre très important de
locataires qui sont au Québec qui sont aux prises avec ces hausses-là et avec
un taux d'inoccupation, qui fait que tu ne peux pas te le relocaliser.
La Modératrice : Charles
Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles) : Oui.
Bonjour. M. Legault, hier, dit qu'il pourrait y avoir des baisses d'impôts dans
sa plateforme électorale. En tout cas, il y songe. Est-ce que vous, vous croyez
que c'est une bonne idée de baisser les impôts dans les prochaines années?
Mme Massé : Bien, ça dépend
toujours les impôts de qui, là. Non, mais sérieusement, je pense qu'à Québec
solidaire, vous le savez, la façon de répartir la richesse ce n'est pas par des
tarifs augmentés à l'inflation, comme Hydro-Québec, là. Ça, c'est une très,
très mauvaise solution. C'est par une répartition équitable de la richesse qui
est générée au Québec, et ça s'appelle l'impôt progressif.
Moi, je suis inquiète à chaque fois que
les gouvernements... Ça fait plusieurs gouvernements que je vois, là, depuis
que je suis une militante active. Le gouvernement se prive sans cesse de revenus,
alors que, dans les faits, nos concitoyens, parce qu'il n'y a pas de place en
CPE, parce qu'ils n'ont pas accès à un médecin de famille, paient autrement, et
c'est là que l'injustice devient flagrante. Parce que, quand tu travailles au
salaire minimum, là, premièrement, tu paies une bracket d'impôts très basse, tu
as droit au crédit de solidarité, pas pour rien, c'est presque... tu n'en
gagnes pas épais. Alors, ce n'est pas ces gens-là quand on dit une baisse
d'impôts. On parle des gens en haut. Mais les gens de la classe moyenne, quand
ils voient leur loyer augmenter comme ça, là... Ça, là, le gouvernement, s'il
voulait agir, c'est là qu'il faut qu'il agisse, et non pas priver l'état de
revenus, pour permettre une réelle redistribution de la richesse.
Et s'il tient vraiment à diminuer les
impôts, bien, je ne veux surtout pas que ça fasse comme son impôt foncier...
pardon, son impôt scolaire, sa taxe scolaire, où, dans les faits, cette
taxe-là, ce qu'elle a eu comme impact, c'est que les propriétaires de
multiplexes, les multipropriétaires, qui ont énormément de portes, ont vu, eux
autres, leur portefeuille, recevoir le retour de cette baisse de taxe. Les
locataires? Il n'y a pas un propriétaire qui a baissé son loyer parce qu'il a
reçu de l'argent du gouvernement avec le changement au niveau de la taxe
scolaire.
Ça fait que moi, je pense que ce n'est pas
une bonne idée et, au contraire, je pense, de redéfinir une meilleure
progressivité en impôts, c'est ce qu'on devrait viser au Québec.
La Modératrice : Dernière
question en français.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
juste pour être clairs, là, parce que vous dites : Ça dépend qui. Ce
serait moins pire si c'est des paliers inférieurs du système d'impôts? C'est
juste pour comprendre, là. Parce que vous avez dit : Ça dépend des impôts
de qui on baisse, mais est-ce que ça...
Mme Massé : Bien oui, parce
que nous, dans notre proposition... on va vous revenir avec ça durant la
campagne, mais les gens qui gagnent en bas de 80 000 $, là, c'est sûr
qu'on est capables d'observer qu'ils paient pour les gens qui gagnent
250 000 $, 300 000 $, 400 000 $, 1 million,
on est capables d'observer ça. Ça fait que, donc, il faut rééquilibrer
l'ensemble, pas juste baisser les impôts. C'est ce que je vous dis.
La Modératrice : Est ce qu'il
y a des questions en anglais?
M. Wood (Ian) : Bonjour, Mme
Massé. Just quickly on Dawson College. They're here today, the
students, to ask the Government
not to cancel this, the proposed expansion, which they say is not to increase
capacity, but is to deal with the capacity they have now, and open a health
clinic. Just your thoughts on that. Should this project go ahead? Even French
CEGEPS supported it and said it should…
Mme Massé :
I'm not sure I totally understand the question, but…
M. Wood (Ian) :
…should the Government go back on its decision to cancel this proposed expansion at Dawson
College? Because they said that French CEGEPs should be favored first.
Mme Massé :
Donc... c'est...
Une voix :
Abolir.
Mme Massé :
Abolir?
Une voix :
C'est par rapport au projet de Dawson
qui a été abandonné.
Mme Massé :
Yes, I know, I know... Well, you know what? For Québec
solidaire, really, the most important is to be sure that equity is at the rendez-vous. And for the CEGEPs francophone, what we can see, it's the funding,
it's not equally at the rendez-vous. So, that's why we understand why the Government, the QuébecGovernment go on that way. And you know what? I think the most is to have my
colleague…
Une voix :
Ruba.
Mme Massé :
Alexandre?
Une voix :
Alexandre or Ruba.
Mme Massé :
Or Ruba Ghazal, let's say, Ruba Ghazal,
to talk with you about it, because, as you know, my English… it's hard to me to
think and talk.
M. Wood (Ian) :
No, it's very good. The other thing I
want to ask you about is the bill on the «mesures sanitaires». Is there any
justification, does the Government have any justification in keeping some of the measures, emergency
measures? Because we understand that is probably what is going to come out in
this bill. Is there anything that is justifiable for them to keep?
Mme Massé :
I mean, yes, because the pandemic, it's
not done yet. We can see in Europe that the cases are increasing, and we know
that the… «l'histoire» teaches us that when it's happened in Europe, it's
happened a little weeks after in Québec. So, we think, in Québec solidaire, that a government
needs special tools. But in that bill, what we expect, it's to be sure that accountability
and transparency will be at rendez-vous, because, if it's not, Mr. Dubé will
find my colleague Vincent Marissal on his way.
La Modératrice
: Merci beaucoup.
M. Wood (Ian) :
Can I just ask one quick question about... You talk about housing
measures and what we have to do to help renters, right? I'm wondering if... Do
you believe that the way you are tackling housing is perhaps too insular, like,
too focused on Québec, as
opposed to the problem with housing in Canada at large? Because we know that prices in Montréal, let's say, are impacted by Toronto and Vancouver. You have issues
like foreign ownership in Vancouver and Toronto, now here, in Québec, that's, you
know… that what happens there will happen here. You know, I'm wondering if, perhaps, the question of housing needs to be something
that is discussed beyond the realms of Québec.
Mme Massé : You know what? I'm not sure of that, I'm not… agree with that,
because Québec has a special
place, a special relationship with «locataires»...
Une voix : Renters.
Mme Massé : …with renters. You know, we have the Tribunal administratif du
logement to protect them, we have different… So, it's
very difficult. And, let's say, the minimum wage here, in Vancouver, it's not
the same thing. What I know, here, in Québec, the Government can
do something and should do something to help the rental to not increase the way
that it did in the last year. And the way to do that is to freeze — I try it — is to freeze the «le coût du
loyer», and after that, it's… control it. And you know what? Control it means
to re-establish a real «rapport de force» between the landlord and the renter.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
Mme Massé :
Merci.
(Fin à 9 h 32)